Non, la belle louve n’y croyait pas ou cela lui semblait tellement risible, c’était pas possible qu’un jeune homme puisse avoir des vues sur elle, hein ? Pourtant, après ce que Siegfried lui avait dit, elle avait quelques doutes. Puis, il fallait le dire, qu’avec la mise en scène qu’il venait de lui offrir, les doutes ne pouvaient que s’amplifier. Et en prime, il prenait un malin plaisir à la narguer là, oui oui oui ! Elle entendait très bien son timbre de voix taquin qui la fit plisser doucement des yeux, l’écoutant parfaitement la chercher sur le terrain de ses sens plus développés que les humains.
« C’est… Différent, ça… Ça n’a rien à voir avec ça… Je… Heu… »
Oui, elle ne savait pas quoi lui répondre à ça. Dans un sens, il avait raison : elle ne voyait pas ça, et le pire, c’est qu’elle ne le voyait jamais ! Oui, elle ne s’en rendait jamais compte quand on lui tournait autour, enfin, sauf quand c’était fait de manière loin d’être subtile, très bourrine ou sans tourner autour du pot. Et cela lui avait valu quelques situations embarrassantes, il fallait le dire, notamment avec d’anciens collègues ou même des anciens voisins. Non, elle avait beau avoir des sens hyper développés et un instinct qui ne lui faisait presque jamais défaut (comme un sixième sens), ça, quand elle tapait dans l'œil de quelqu’un, elle ne le voyait pas. Pourtant, elle était pas si innocente sur certains plans mais, ouais, il y avait des choses qu’elle ne captait pas toujours, peut-être parce quelque part elle se disait qu’une telle abomination comme elle ne méritait pas vraiment d’attirer l’attention, alors qu’elle faisait souvent tout pour la chercher paradoxalement, surement un reste de son enfance qu’elle n’a pas réussi à se défaire.
M’enfin, notre demoiselle aux grandes oreilles devait être drôle malgré elle en ce moment. Surtout avec sa réponse qui avouait sans le dire « Ouais, je suis pas douée et myope comme une taupe pour ce genre de chose ! », et son petit minois qui était presque enfantin : des yeux plissés, les sourcils froncés, la bouche en cul de poule qui fit légèrement bouger son petit nez et ses oreilles sur sa tête remuèrent très brièvement et rapidement, venant indiquer comme toujours son agacement mais dévoilant ainsi sa légère gêne dans cette situation.
Après cela, Onyx retrouva une expression plus classique, venant lui faire hausser doucement un sourcil en regardant son binôme quand il reprit la parole, avant de se mettre à cligner des yeux plusieurs fois en rougissant légèrement, venant jeter des coups d’oeil rapide sur elle, se demandant si sa tenue n’y était pas pour quelque chose et n’attirait pas trop les regards, pourtant, elle était persuadée que non, c’était du simple, efficace et classe, bah oui, attendez hein ! Puis, attends une seconde… C’est normal qu’il soit chamboulé ce pauvre petit gars vu ce qu’il a en face ? Attends… Il est entrain de dire que je suis jolie, c’est ça ? Relevant son regard vers son binôme, la demoiselle le regarda avec ses joues légèrement rosies, clignant des yeux toujours surprise tout en restant silencieuse, se questionnant donc. Non, il y avait aucun moyen qu’il lui dise une chose pareille, pas lui, impossible. En revenant à la réalité, elle secoua doucement la tête à la négative en se laissant tomber dans sa chaise, fermant les yeux en apportant son verre à ses lèvres, prenant la parole entre deux gorgées d’une voix amusée.
« Ha les hormones, je les avais oubliées celles-là ! C’est vrai qu’elles doivent y être pour beaucoup dans tout ça, tu m’étonnes qu’il soit chamboulé, le pauvre petiot… C’est mignon n’empêche, mais… Les filles de son âge sont tout de même plus aptes à son zieutage je pense, et potentiellement à la déchambouller. »
Soufflant du nez amusée, la demoiselle but encore quelques gorgées de sa bière, rouvrant doucement ses jolies mirettes écarlates en regardant dehors, un air quelques peu pensifs au visage, se rappelant de l’époque où elle devait avoir le même âge que ce jeune homme et des misères qui lui étaient tombés dessus. Mais elle fut sortie de ses songes, pouvant entendre après un petit moment Madame Bondeni revenir avec leurs plats toute joyeuse, ayant visiblement gagné la bataille contre son mari.
« Et voilà vos plats jeunes gens ! Pardonnez-moi pour l’attente, ça a été plus long que prévu, mais c’est une vraie tête de mule ! »
Depuis la cuisine on pouvait entendre la voix de Monsieur Bondeni qui maugréait à cause de ce que venait de dire sa femme, son petit fils riant gêné en comprenant apparemment le dialecte de son grand-père avant de filer en cuisine pour lui parler, sûrement pour lui demander de se calmer ou quelque chose comme ça. Mais vu que le grande-père hurlait encore plus, sa femme marmonna quelques chose avant de souhaiter un bon appétit à nos deux exorcistes et retourner en cuisine, partie pour un second round chantant.
Devant eux se trouvaient deux magnifiques assiettes bien garnies, de tendres brochettes de boeuf grillées à la perfection, offrant une belle couleur caramélisée et dont le juteux de la viande se laissait deviner dans son jus qui dégoulinait dans l’assiette, dans laquelle se trouvait un nid de pâtes fraîches légèrement striés par le fait d’avoir été sauté dans la poêle, accompagné par des champignons sautés bien dorés et brillant d’huile d’olive à la lumière, le tout délicatement parsemé de basilic fraîchement ciselé et parfumant. Autant dire que l’aspect tout comme l’odeur donnait envie, et qu’après avoir avaler ça, ils allaient devoir peut-être faire un peu de marche ou digérer dans un coin, ici à boire de la bière peut-être ou autre, dans tous les cas, le temps commençait à filer mais il n'était pas encore l’heure, même si elle approchait à grand pas à mesure de filer.
Dans tous les cas, en attendant de savoir la suite, il était temps d’entamer le plat principal pour eux, le tout arrosé de bière brune, en attendant la fin du repas, animé ou non de blablatages en plus de l’animation qui leur parvenait toujours depuis la cuisine.