Bon, le mot d’ordre actuellement était la patience hein, prendre sur soi et attendre l’opportunité de se sauver. Mais ça, c’était plus facile à penser qu’à faire. Évidemment, dans l’équation il y avait ce cher Georges, et il était aussi collant qu’un prétendant bizarre qui ne vous lâche pas. Bon, baaaaaah, faut jouer le jeu hein, discuter et rire avec lui, le tout en continuant de boire mine de rien et en grignotant des beignets au miel, rester naturel comme si de rien n’était. Soit, elle savait faire ça, même très bien, beaucoup trop bien même. Et un petit sourire par-là, un rire par-ci, une taquinerie de l’autre et un secouage de la tête à un moment donné, ouais, elle savait bien y faire la belle louve, qu’on y verrait que du feu tant elle était douée. Ha le pipeautage, ça avait au moins ses bons côtés dans ces moments-là hein !
Et après une heure de discutaille, Georges abandonna un instant Onyx, prétextant aller chercher un nouveau pichet tout en lui sommant encore en plaisantant de pas se sauver pour aller voir son Jules, qu’ils avaient encore tant de choses à se dire. Petit sourire, hochement de tête, promesse qu’elle attendra sagement, la même rengaine, avant qu’il se sauve et lui laisse le temps de respirer, mais surtout de penser ! Mais, c’est autre chose à la place qui vint l’empêcher de faire carburer sa petite tête : la voix de Siegfried dans son dos. Ha bah tiens, il était là Jules ! Blague à part, aussitôt cela penser, elle ne pensa plus à rien, écoutant attentivement ce qu’il lui chuchoter.
… Elle était tombée dans un piège, oui, ça, elle l’avait deviné. En revanche, elle ne se doutait pas que ce cher Georges avait un lien avec tout ça. Putain de hasard et destin de… T’as vraiment un humour de merde ! Bon bon bon, on se calme. Pas le temps de pester, pas le temps de penser à dix milles trucs à la fois et sûrement pas le temps de répondre quelque chose de trop long. Bien, faisons au plus simple et mine de rien. Venant prendre un beignet au miel sur la table, elle s’apprêta à l’avaler, tout en chuchotant tout bas pour que ce soit juste audible pour son partenaire un simple « Ok. » , avant de se fourrer le beignet dans la bouche et l’avaler, tout en l’entendant se sauver aussitôt.
Au loin, elle put entendre des gens râler bien fort, la faisant se retourner doucement comme tous les autres clients attablés, regardant le tavernier et George gueuler après un type qui sortait de la taverne sans se retourner. Elle n’en montra rien, car ça risquait de la trahir dans ce joyeux bordel, mais cela l’amusa, comprenant que le beau brun avait dû faire une connerie. Et la jolie noirette comprit très vite laquelle, voyant Georges revenir en pester trempé, ce qui fit hausser le sourcil de la demoiselle.
« J’ai l’impression que tu as eu un petit accident… »
« C’est la faute de cet abruti là, il regarde pas où il marche ou quoi ? Il m’est rentré dedans et ça a tout renversé, il s’est même pas retourner l’enfoiré va ! J’ai dû recommander un autre pichet à cause de ce connard en plus ! »
« Mince… Ça va aller ? »
« Aller de ? »
« Bah, t’es trempé, quasiment. Donc, ça va aller, ça ne te gêne pas ? Je veux dire, tu n’as pas besoin de te changer ? »
Clignant des yeux le temps de traiter l’information, ce cher George reprit son sourire de commercial, venant s’installer à la table et resservir le verre de la louve, secouant la tête en riant.
« Ho non c’est rien, t’en fais pas ! Il fait tellement chaud que ça va sécher de toute manière ! Je me changerais plus tard à la fête, ne t’inquiète pas ! »
« La fête ? »
« Oui, la fête ! D’ailleurs, je voulais te demander… Je sais que tu m’as dit que tu devais rejoindre ton Jules ce soir, mais, ça te dirait pas avant de le rejoindre de passer faire un tour avec moi ? »
« Ho… Je ne sais pas… C’est que on devait récupérer non alliance pour notre mariage, comme je te l’ai dit, et… J’ai peur que ce soit fermé après… Et qu’il s’inquiète de ne pas me voir arriver... »
Oui, elle avait déjà préparé le terrain en disant un peu plus tôt qu’elle devait aller récupérer des alliances, annonçant qu’elle se devait se marier, au cas où. Peut-être une sorte de pressentiment, se disant que peut-être il l’aurait aperçu dans le quartier là-bas, qui n’était pas si loin d’ici. Mais ça, c’était avant de savoir qu’elle était tombée dans un piège, et qu’il était directement impliqué dans le merdier dans lequel elle se retrouvait avec son binôme. Du coup, autant garder la version des alliances et du mariage, même s’il y avait sûrement un risque pour que lui ou un autre de leur confrérie de tarés les ai suivi elle et Siegfried dans la journée, sachant peut-être qui ils étaient.
Dans le doute, autant continuer à jouer sur ce registre. Mais, la lueur qu’elle aperçut dans le regard de George lui fit froid dans le dos, ainsi que le sourire qu’il esquissa, qui était légèrement malaisant. Cela dura à peine quelques secondes, mais, cela suffit à donner des sueurs froides sous ses vêtements. Mais Georges reprit aussitôt un sourire amical, venant à pousser le vice jusqu’à venir poser sa main sur la sienne sur la table, ce qui obligea Onyx à jouer le jeu de la demoiselle surprise et gênée, mais intriguée par son geste, tout en l’écoutant parler comme si de rien n’était.
« Allons, ça sera juste un petit détour, ça sera rapide. Je te le promet, tu n’as pas à t’en faire. Ça sera amusant, puis, il y aura de la musique et de la danse, toi qui aime ça, tu vas quand même pas refuser hein ? »
Ouais, j’aime ça, mais pas en l'occurrence. Il me prend pour une idiote ou quoi ? Bon, ça tombe bien, jouons un peu les idiotes mais pas trop, car après tout, il me connait un peu l’enfoirée. Bon, poursuivons alors, de toute façon, j’ai pas trop le choix, faut que je joue le jeu a dit Siegfried.
« Tu crois qu’on peut m’acheter avec de la musique et de la danse ? »
« Non, c’est vrai. Je sais que tu es du genre à ne pas te faire acheter si facilement. Mais si je te dis qu’on a des beignets au miel… »
« Il y en a ici aussi ! »
« Oui, mais si je te dis qu’il y a aussi des pêches au miel. Et qu’il y a plein de choses à boire et à manger, et… »
« … Tu me prends pour un estomac sur pattes ?!? »
« Non, bien sûr que non. Mais je sais que t’es une gourmande, j’ai de très bons souvenirs là-dessus ! »
« Certes, mais tu ne m’auras pas avec ça non plus. »
« Aller, s’il te plait. On vient de se retrouver, ça fait 10 ans qu'on ne s'est pas vu, puis... Écoute, ce que je te propose. C’est que, tant pis, on abandonne le pichet plein ici et tout ce qu’il y a. Je règle, et on fait un saut rapide à la fête, d’accord ? Comme ça, tu pourras en profiter un peu avant de rejoindre ton Jules, ça te va ? »
« Mmmmh… Bon, c’est d’accord. Mais je reste pas longtemps. »
Et là, un sourire des plus ravis se dessina sur le visage de Georges, venant à prendre la main de la louve avec ses deux mains, avant de venir lui faire un baise-main.
« Merci, je suis vraiment heureux que tu aies accepté. Tu verras, tu le regretteras pas. Bon, on y va alors ? »
Et ni une ni deux, l’ancien collègue alias un des connard de la bande de fou furieux de ce soir se leva de la table, suivit d’Onyx, qui attrapa ses affaires et le suivit sagement jusqu’au comptoir. Une fois sa note réglée, Georges salua le tavernier et invita la belle louve à le suivre, ce qu’elle fit gentiment, tout sourire. Et une fois dehors, elle marcha à ses côtés en se laissant guider par lui dans les rues, bougeant un peu partout tout en continuant à discuter mine de rien, à parler du passé et tout ça, faisant rire la brunette, qui intérieurement se demandait où tout cela allait finir par mener.