« … chassez mes démons », je n'ose y croire ; c'est la première fois qu'une paroissienne mêle autant le sacré et le cul. Car, au fond de moi-même, je sais très bien que la religion n'a plus rien à voir là-dedans. Enfin si, puisque j'offre le bonheur, mais quand même pas comme on me l'a enseigné.
De toutes celles que j'ai connues, Marguerite correspond à l'expression « le vice sous la pureté ». Dieu me pardonnera de dire que « on lui donnerait le Bon Dieu sans confession » comme le dit l'expression, et malgré certains décolletés bien surprenants dans sa tenue de paysanne.
Mais, une fois franchies ces barrières qui ne demandent qu'à se lever, c'est tout simplement incroyable. Elle se donne sans retenue, au point que je ne sais plus si c'est par dévotion ou par excitation.
Mais elle conserve une âme bonne, des gestes délicats, comme de m'essuyer le visage luisant de sa mouille. Avec le napperon de l'autel ! Je ne sais pas si ça relève du blasphème ; la question n'a jamais été posée en séminaire.
Je replonge avec délice dans cette offrande, ma langue explore avec douceur. Même si ses jambes tremblent un peu, je veux prendre le temps de faire monter ses soupirs pour qu'ils soient en écho aux vieilles pierres, et qu'ils expriment dans mon église la plus belle des mélodies.
Je sais que le plaisir s'empare peu à peu d'elle. Ses mains ont emprisonné ma tête. J'en sens parfois l'insistance pour que je continue, pour que j'arrête, pour que j'accélère. J'en sens parfois presque la griffure sur mon crâne dégarni par l'âge. Oui, moi si vieux et pervers, elle si jeune et fraîche.
Elle qui ose même prendre l'initiative, alors que je la sentais de plus en plus vaciller sur ses jambes. Mais quelle initiative ! Car c'est pour s'allonger sur un banc, carrément sur celui du premier rang réservé aux élites, à la place précisément de l'épouse du directeur de l'école – une vieille bourgeoise coincée soit dit en passant -, et m'offrant un spectacle divin.
Oui, divin ! Car, si Dieu a voulu m'offrir l'image de la beauté terrestre, c'est exactement cela. Marguerite, sainte innocente pécheresse, étendue nue sur feu le napperon de l'autel, les cuisses écartées sur son sexe aussi bien dessiné que luisant de mouille, et relevées tenues par ses mains pour m'en faciliter l'accès.
Une posture d'offrande ! Je bande de nouveau si fort, que je pourrais la prendre ainsi, et vraiment me libérer en elle. Elle était si brûlante sous ma langue, que ma queue rentrerait aisément, et que la jeune paroissienne ne demanderait pas davantage que d'être ainsi bourrée sur ce banc que je sais grinçant. Mais non !
Me traverse pourtant le fantasme qui, à presque chaque mariage me prend, juste avant de prononcer la bénédiction d'union nuptiale. Celui de savoir ce qu'il y a sous la robe de mariée, et même de lui offrir la dernière baise avant la vie maritale. Marguerite est plus ou moins sur cette place dédiée, elle serait sublime nue sous sa robe blanche.
Je me garde ça pour le jour où elle trouvera un villageois à marier. Pour le moment...
« Marguerite, tu es l'oeuvre de Dieu, et je vais t'honorer pour chérir son oeuvre », lui dis-je en reprenant ma posture. Mais, cette fois, je lève ses jambes sur mes épaules, je passe mes mains entre le napperon et ses fesses pour les tenir soulevées, et je reprends de plus belle mon ouvrage.
Le plat de ma langue se plaît à explorer, goûter, échauffer.
La pointe de ma langue se plaît à enrouler ce petit bouton de chair, qui n'est pas instrument du vice, mais expression du plaisir divin.
Marguerite bouge des hanches, ondule, gémit.
J'aime entendre son souffle saccadé, ses soupirs montant, ses petits cris qui en appelleront d'autres et résonneront dans toute l'église.
Je veux lui offrir ce plaisir, à elle seule, pour elle, au nom de Dieu qui est Amour.
Je me fie à ses mouvements, à ses tensions, à ses vibrations.
Parfois, ses jambes emprisonnent presque ma tête, et je ralentis un peu.
Parfois, je sens comme une moindre tension, et j'accélère sans retenue.
Mais, quand ses mains se crispent sur le pauvre napperon martyrisé, quand ses jambes se tendent à me faire mal aux épaules, quand ses cris se font désordonnés à être plus aigus que la plus aigüe des notes du vieil orgue, alors j'accélère autant que je peux, quitte à manquer d'air, comme un déshydraté voulant boire à la source tout le liquide qui lui est offert.
Marguerite n'est plus une simple paroissienne venue se confesser, mais l'expression du bonheur quand elle jouit. Je voulais cela pour elle, rien que pour elle. Je pourrais la prendre à ce moment précis, me satisfaire en elle, mais non.
Je me relève doucement, écartant ses jambes délicatement, la regardant encore agitée de soubresauts sur ce banc qui n'aura plus tout à fait la même teneur à la prochaine messe.
« Marguerite, après l'expiation de tes péchés, Dieu t'a offert tout son amour ».
Je redeviens l'homme d'Eglise, même si mon sexe est tendu sous ma tenue d'office.
« Mais je vois qu'il fait nuit. Si tes bêtes sont déjà rentrées, tu peux venir te reposer au presbytère. Tu auras de quoi te laver si tu le souhaites, et j'ai même de quoi dîner ».
Il manque une certaine dimension à cette invitation, quand même. Ça fait trop genre « je t'invite dans ma piaule, tu te douches et on remet le couvert » !
Alors j'ajoute : « Ce sera aussi l'occasion de voir tes activités d'entretien de l'église ».