En confiance, et pour le coup, ignorant encore les arrière-pensées du bonbon rose, Kara se contorsionna pour retirer son soutien-gorge coloré et le replier sagement pour le mettre dans un des sacs. Au prix de la dentelle, il fallait en prendre soin, estimait-elle.
Aussi put-elle enfiler la robe, s’étonnant de la vivacité des cliquetis de l’appareil, et levant un sourcil, lui tournant le dos, un peu, tordue pour jeter un œil à Lissandre.
« Tu… t’attends pas que je sois habillée ? » Elle eut une seconde de battement, avant de soupirer d’un air moqueur.
Quelle idiote, avait-elle oublié à qui elle avait affaire ? Il était évident que la petite Française n’allait pas laisser passer l’occasion de la shooter pendant qu’elle dévoilait de la peau, enfin ! Kara fit une petite moue, que l’appareil dut capter, et d’une main, cacha sa poitrine alors que la robe était à sa taille.
« T’en manques pas une, hein… » Gronda-t-elle sans vraiment de conviction, assez amusée.
Lissandre devait sans doute jubiler de la voir un peu gênée, essayant de ne pas trop en montrer, mais, fatalement, il fallut qu’elle se dévoile pour terminer d’ajuster la robe, ses seins nus au travers de la gaze étaient devinables à souhait. Dans un premier temps, Kara n’y prêta pas attention, trop occupée à boutonner sa tenue, estimant même qu’elle tombait vraiment bien.
C’était la différence avec des vêtements de luxe, le tombé parfait, la matière douce… Elle se sentit bien, étrangement, et quand elle fut, pensait-elle, sûre qu’on ne voyait rien de trop intime, la petite working girl se tourna complètement face caméra. Euh, face à Lissandre. Pour tapoter d’un doigt sur sa propre joue, comme une midinette pensive.
« Alors alors… » Eclata de rire à sa remarque. Amateurisme, quel compliment ! « Hé sois indulgente, tu te doutes bien que c’est la première fois que je suis euh… modèle ? »
C’était un bien grand mot pour ce qu’elle pensait faire, tout de suite. Parce qu’elle se sentit assez maladroite, ne sachant comment elle devait poser. Fallait-il qu’elle soit sexy ? A la petite évocation de chaleur, Kara plissa les yeux, s’approcha de son amie et observa la partie de son visage qui n’était pas caché par l’appareil photo.
« Comment ça ‘chaleur’ ? » C’était louche, tout ceci, surtout dans la bouche de Lissandre, mais elle avait clairement insinué qu’elle devrait jouer avec la fontaine, sans doute une lubie dans son imagination de créatrice ! Kara se prêta au jeu, s’avança vers la pièce d’eau, et se cambra pour prendre le liquide dans ses mains en coupe, et venir faire glisser les gouttes sur son visage, et fatalement, entre ses seins…
Elle se sentit immédiatement ridicule. Ca semblait classe, dans sa tête mais… Elle était loin d’être aussi assurée et sexy que les mannequins des magazines. Alors avec un soupir, elle sembla abandonner d’office, peu combative.
« Roh, désolée, je suis vraiment pas douée. »
L’excitation sexuelle de Lissandre, sur ce coup, n’avait pas été communiquée à Kara, qui avait plutôt l’impression d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine. Pourtant, elle se pensait jolie dans cette robe, songea-t-elle en baissant la tête pour se regarder… Et constater la transparence. Aussitôt, elle releva les yeux vers la Blondinette.
« Ah, je vois ! Quelle coquine, non mais… Tu savais, hein ? Avoue tout ! »
Hilare, parce que finalement, passé le choc de se dire que Lissandre voyait ses tétons, c’était moins alarmant que se balader dans la rue dans cette tenue, la jeune femme lança une gerbe d’eau dans la direction de la petite Pile Rose. Avant de sursauter.
« Oh merde, l’appareil. » Elle s’élança, pour constater qu’elle visait très mal, et que l’objet n’avait rien. Mais l’eau ruisselait sur le latex. Quelle tricheuse. Kara grimaça et fronça le nez, faussement mauvaise de son échec, avant de revenir à la fontaine.
« Bon, tu veux que je me rafraichisse, c’est ça ? » Allons, ça ne devait pas être si dur de prendre la pose… Pieds nus, se demandant si c’était autorisé, une seconde, elle enjamba le bord, pour venir patauger, et se pencha… Jusqu’à soulever plein d’eau au-dessus de sa tête. Le tissu sec laissait déjà voir pas mal de détail de son anatomie, et désormais, il commençait à être trempé…
« Comme ça, c’est bien ? »