Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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[Terminé] Encore foiré! [Alecto Nemed]

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Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

[Terminé] Encore foiré! [Alecto Nemed]

mercredi 27 mai 2020, 19:27:06

La crypte royale était auparavant l'endroit où tous les Rois de Meisa étaient ensevelis, un lieu de recueillement pour leur descendance, pour s'inspirer de la sagesse des hommes qui y reposaient. Autant dire que cela fut la première chose que le souverain des Trois Royaumes s'empressa de renouveler; tous les anciens Rois furent arrachés à leurs tombeaux et réemménagés dans la Crypte des Anciens Rois, sur le flanc du mont Elivitan. La Crypte Royale était maintenant le lieu de repos d'une seule personne, la défunte épouse du Roi, Laryë, fille d'Ulrik, et mère des princes de Meisa. Son tombeau, scellé à la fois par des mécanismes de verrouillage basés sur les coffres forts des Enfouisseurs et par des sortilèges, assuraient à la jeune reine un repos imperturbable, hormis pour les fois où son époux, le Roi Serenos, venait se recueillir.

Parce qu'il ne souhaitait pas à sa femme d'être enfouie sous terre, elle qui aimait tant le soleil et le ciel, le Roi avait fait réaménager une part de la forteresse pour permettre le soleil, dès midi, de baigner ce lieu de lumière, ses rayons se reflétant dans les petits bassins encerclant le grand sarcophage et illuminant le dôme de pierre qui avait, autrefois, été habité par ses ancêtres.

Comme Serenos insistait pour prendre lui-même soin de la tombe de sa défunte épouse, aucun serviteur n'y était jamais entré. Le Roi s'était levé très tôt pour faire son devoir, à commencer par désherber le petit jardin floral qui entourait les bassins et le sarcophage. Pendant qu'il remplissait cette tâche, il ne pouvait s'empêcher de parler à sa femme. Il lui disait les dernières nouvelles, les accomplissements de leurs enfants, voire la naissance de petit-enfants, lorsque cet événement se produisait. Puis, à l'aide d'un pinceau, il nettoyait les gravures qui couvrait le grand sarcophage, chassait les toiles d'araignées qui s'y formaient. Ce jour-là, il n'était pas nécessaire de repeindre les fresques dessinées, mais c'était parfois une tâche à laquelle il s'adonnait.

Une fois le nettoyage du tombeau terminé, le Roi se posa sur le banc parallèle au sarcophage et s'adossa dessus, laissant sa tête retomber vers l'arrière.

Vous souvenez-vous, très cher, de cet été que nous passâmes dans la région du Lanfrost, dans votre terre natale? Nous avions passé nos journées à marcher dans les grandes forêts, dans ce silence qui nous était coutumier? Ah, si seulement j'avais trouvé le courage de parler. Nous aurions pu passer ces précieuses minutes à en apprendre plus sur l'autre, et peut-être me serais-je rendu compte plus tôt de l'attachement que je vous portais.

De la main, le Roi de Meisa caressa doucement le sarcophage. Pour éviter qu'un nécromancien ne s'aventure à utiliser des sortilèges pour ramener sa femme à la vie sous forme de mort-vivant, le sarcophage possédait de puissantes protections magiques contre ces sorts, mais il devait admettre que parfois, ne serait-ce que pour s'entretenir avec sa défunte épouse et pouvoir tourner la page une bonne fois pour toute, et effacer ses regrets. Certes, le Roi ne s'était pas privé d'aventures à la suite de la mort de sa femme, et on pouvait difficilement qualifier leur relation d'harmonieuse et aimante, considérant leur personnalité différente, mais le roi ne pouvait s'empêcher de penser que si sa femme et lui s'étaient rendu compte, beaucoup plus tôt, de l'affection que le Roi lui vouait, peut-être qu'elle ne serait pas morte en lui laissant ces regrets et ces non-dits. Mais tel n'était pas le destin des hommes; utiliser la nécromancie était un sacrilège pour ceux qui avaient mérité le repos éternel, et si quelqu'un avait mérité la béatitude de l'après-vie, c'était bien celle qu'il considérait comme son égale.

Comme l'après-midi s'annonçait, le Roi jugea bon de se remettre au boulot, et se releva de son siège. Il grimpa hors du tombeau et referma la lourde porte de pierre, illuminant temporairement les sceaux magiques qui la protégeait pour y faire quelques ajustements et vider un peu de son pouvoir dans le sceau, pour le renforcer davantage. Alors que ses jambes manquèrent de lui faillir, mais une Sœur l'agrippa et l'aida à reprendre son équilibre.

"Pardonnez-moi, Seigneur."
"Tu n'es pas en faute, Sœur. Je te remercie."
"Puis-je vous faire escorte, Seigneur?"
"Non. Ta compassion est la bienvenue, mais elle n'est pas nécessaire. Merci beaucoup."

Il réaffirma sa posture et la force de ses jambes, et reprit sa marche, reprenant graduellement des forces. Dépenser de la magie en cette quantité donnait l'impression de s'être précipité à toute vitesse sur une longue période, le laissant physiquement exténué pendant quelques minutes. Pour cette raison, il prit son temps pour monter les marches et traverser son palais, jusqu'à atteindre son bureau. Il ouvrit alors la porte, avant de voir que son bureau était maintenant un indescriptible bordel.

"Mais qu'est-ce que…"

Une pile de papier tomba encore, et un petit oiseau mécanique marcha devant lui en piaillant bruyamment.

Le roi regarda autour, avant de tirer sa lame d'une main, se préparant mentalement à un assassin caché dans le bordel, avant de s'avançer dans la pièce. Grâce à la magie, il fit passer sa vision, normalement photosensible, à une vision thermique, lui permettant de percevoir les ondulations de chaleur et percevoir un individu caché. Il vit donc, coincée entre les rayons de sa bibliothèque privée, une forme de vie. Une femme. Il faillit se mettre en colère, puisque son bureau était strictement interdit à quiconque sans son autorisation, mais il avait quand même des priorités; la vie d'une jeune femme surpassait l'importance d'engueuler, et comme ses bibliothèques étaient très lourdes, le Roi savait qu'elle ne survivrait pas longtemps à la pression. Il s'empressa d'agripper les rayons et les relever, les plaquant de nouveau contre le mur, avant de repousser les livres et aider la demoiselle hors de la pile de livre.

"Est-ce que vous êtes blessée, mademoiselle?" demanda-t-il, en bon gentilhomme. Il l'engueulerait certainement plus tard, mais pour le moment, son bien-être était plus important.

Il la regarda de la tête au pied, et sût immédiatement qu'elle n'était pas une des servantes qu'il connaissait; il n'aurait certainement pas manqué de remarquer une telle beauté. Peut-être était-elle nouvelle? Peut-être, oui. Enfin, c'était encore incertain, peut-être qu'elle était une invitée? Mais si elle l'était, pourquoi s'était-elle aventurée dans le bureau du Roi? Tant de questions, si peu de réponses.

"Qui êtes-vous?"
« Modifié: mardi 04 juin 2024, 19:50:05 par Serenos I Aeslingr »

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 1 mercredi 27 mai 2020, 20:20:25

Il y avait les jours désagréables où elle devait subir les gestes déplacés des clients de l'Auberge de Thiana Gian, servir à boire aux ivrognes, et leur rappeler qu'il était interdit de vider ses tripes sur le comptoir. Il y avait les jours terribles où elle devait, seulement armée d'un balai, chasser des rats gros comme des chats, en pleurant d'angoisse, tant ces rongeurs lui faisaient horreur. Il y avait les jours harassant où elle devait tirer un chariot emplit de victuailles diverses, afin de les rapporter en cuisine et permettre à l'Auberge d'offrir des plats délicieux à un prix modique à la viande soûle qui y résidait, et nourrir les Filles qui y oeuvraient.

Et il y avait des jours pires encore. Les jours terrifiants où Thiana Gian lui confiait pour mission de sortir de la ville, loin de tout ce qu'elle connaissait et qui la sécurisait, ou de suivre un inconnu à bonne distance, se fondant si bien dans le paysage... Ces jours où la Sorcière lui intimait d'ordre d'en apprendre plus sur un adversaire, un potentiel ennemi, ou juste un mauvais-payeur. Où habitaient-ils, leurs activités, étaient-ils armés ou sous bonne garde ? Quand cela restait dans le quartier de l'établissement, Alecto prenait parfois plaisir à effectuer ces missions, il est vrai. Epier ses voisins était un vice qu'elle avait du mal à refréner.

Mais... Mais pénétrer des Palais... Jamais encore sa Maîtresse n'avait été si ambitieuse. C'était ce type de journée. Un jour qui la rendait si anxieuse, qu'elle n'avait pas dormi de la nuit. Le voyage avait été angoissant pour elle, qui avait peur de tout, même de son ombre, mais Thiana avait grassement payé une caravane. Au pied de la forteresse, il avait finalement été plus facile que prévu d'entrer... Alecto passait souvent pour n'importe quelle servante... Les voilages et les parures appréciées de sa Maîtresse avaient été troquées contre une robe simple de lin blanc, brodée de beige, aux motifs floraux, que seul quelques fils bleus rehaussaient. Rien n'indiquait qu'il s'agissait d'une robe faite sur-mesure pour elle, à moins d'être connaisseur.

A l’intérieur, là encore, tous la prirent pour une servante. Et, lorsqu'un rare curieux le lui demanda elle fut extrêmement soulagée de ne pas avoir à mentir, elle qui était assez médiocre dans ce domaine "Je suis une domestique, Messire". Et on la laissa en paix. Thiana Gian n'avait pas été extrêmement précise sur le but de sa visite au Roi de Meisa... Et cela la terrifiait. Cependant, pour en apprendre plus sur le Monarque, il n'y avait pas trente endroits à fouiller : sa chambre ou son bureau.

Très intimidée, comme parfaitement curieuse, de pénétrer la chambre d'un Souverain, Alecto avait cependant choisi la solution la moins risquée : le bureau. Il lui fallut de longues heures pour réussir à le localiser, et encore de nombreuses pour parvenir à y entrer sans se faire prendre.

Mais les choses ne s'étaient pas passées comme prévu, évidemment. Sa maladresse avait encore fait des siennes... L'Esclave s'était retrouvé dans une situation très embarrassante, et elle sentit les larmes monter à ses yeux dès qu'elle entendit qu'on entrait dans la pièce, se sentant piégée. Elle allait mourir, c'est sûr ! L'arrivant allait la tuer ! La TUER !
Mais, au lieu de périr, elle se sentit secourue... N'en croyant pas ses yeux, la jeune fille leva lentement ses pupilles claires vers le visage sévère de son sauveur et...

Que Dieu lui vienne en aide... C'était le Roi ! Thiania Gian lui avait montré une gravure, c'était lui, c'était assuré. Cependant, l'expression de l'homme qui lui faisait face n'était pas aussi effrayante que ce qu'elle s'était imaginé. Portant les yeux avec inquiétude sur sa ceinture, à l'affût de toute chose pouvant la blesser, Alecto pinça les lèvres en un visage gêné. Que répondre ? Mentir était exclus, elle savait néanmoins que sa Maîtresse lui avait commandé d'avoir recourt à tous les moyens pour préserver sa couverture... Un insistant dilemme se jouait encore en elle, chose très habituelle. Elle avait toujours mille questions à se poser, peser le bien, le mal... Les risques, surtout.

Alors, elle balbutia d'une petite voix aiguë, terrifiée, et encore meurtrie par la bibliothèque qui l'avait enserrée.

"Je... je suis une... euh. Une domestique, Monseigneur." Ses pommettes se constellaient de tâches rouges, et elle baissa les yeux, très impressionnée par le Monarque.

Puis, sursautant, elle s'inclina en une révérence qui révélait qu'elle avait déjà eu, de nombreuses fois, à courber l'échine, certes, mais pas devant un Roi... plutôt devant des gens qui la voulaient plus bas que terre.

"Vous m'avez sauvé, Votre Majesté, mille merci, que Dieu vous protège." Murmura la jeune fille, son ton un peu plus assuré, et surtout, emplit d'une piété sans borne.

Serenos I Aeslingr

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 2 mercredi 27 mai 2020, 20:57:32

En la voyant regarder sa ceinture et son arme, le Roi rengaina son épée; il n'avait pas l'intention de tuer quelqu'un avec une arme, surtout au-dessus de ses précieux livres. Il respectait la vie, comme beaucoup, mais ces livres étaient tous les réceptacles d'un savoir à valeur inestimable, et les abîmer aurait été une perte qu'il n'était pas prêt d'accepter. D'une main, il l'aida à descendre de la pile de livres, remarquant au passage l'inconfort dans lequel elle était. Peut-être que les livres lui avaient brisé quelque chose? Il n'était pas un guérisseur, il aurait été difficile pour lui de le deviner si elle ne parlait pas.

"Je... je suis une... euh. Une domestique, Monseigneur."

Cette phrase, pour autant qu'elle soit fausse en ce qui concernait le Roi, n'était pas un mensonge en lui-même. Alecto était effectivement au service de quelqu'un, mais pas du Roi, mais cela sembla suffire pour le monarque; il ne détecta pas la supercherie, bien que la nervosité de son interlocutrice était palpable. La jeune femme était visiblement paniquée, et probablement effrayée, mais le Roi comprenait bien sa réaction; il n'avait pas le visage le plus amical qu'il aie vu, et peut-être qu'elle était juste nouvelle, et donc sa réputation n'avait rien pour aider la jeune demoiselle à se détendre en sa présence; qui pourrait se relâcher devant une personne que le peuple surnommait le Roi Dément, après tout.

La jeune demoiselle ne semblait pas plus confortable, voire même blessée, même si elle s'empressa de le remercier pour son aide. Sa politesse plût au Roi, si sa mention de Dieu ne sembla pas avoir l'effet escompté; le souverain n'était pas un fidèle de l'Ordre Immaculé ou du Dieu Unique, et compte tenu des rapports plutôt glaciaux entre le Roi et les églises ou les cultes, il ne se montra ni reconnaissant pour la bénédiction de la jeune femme ni réceptif à ces mots, mais cela n'empêcha pas le souverain des trois royaumes de se montrer calme et mesuré; il n'était pas un antithéiste, contrairement aux rumeurs, il était simplement un homme qui n'avait aucune affection pour les deux, ni ne reconnaissaient leur autorité sur sa vie et sa destinée.

"Il est formellement interdit aux domestiques d'entrer dans mon bureau sans y être convié, mademoiselle." Dit le Roi d'une voix ferme, suffisamment grave pour qu'elle comprenne la situation dans laquelle elle était; elle avait été trouvée dans un endroit où elle n'aurait absolument pas dû être. Quelle conséquences l'attendaient?

Il posa doucement une main dans le dos de la jeune femme, puis une autre sous ses jambes pour la soulever de terre et l'escorter hors du bureau. Il jeta un bref coup d'œil à la serrure; comment cette jeune femme a-t-elle réussi à passer outre de ses protections magiques? Il savait que certaines personnes n'étaient pas affectées par les sortilèges et que certains voleurs avaient des outils particuliers leur permettant de percer des protections magiques, mais dans ce cas, la protection se détruisait; ses sens lui disaient pourtant que le sortilège était bien intact. C'était comme s'il avait ignoré la jeune domestique et lui avait permis d'entrer. Enfin, il n'allait pas se mettre à interroger une porte; il allait simplement devoir s'en occuper plus tard.

Il descendit les marches, jusqu'à ce qu'ils atteignent le pied, là où les domestiques et les gens du peuple avaient le droit de circuler. Le souverain la déposa sur la troisième marche, avant de descendre et de passer une main sur la jambe de la jeune femme. Ses sens le prévinrent d'une blessure, donc il usa de la magie pour réparer les dommages, puis remonta les doigts jusqu'au genou, mais ne s'aventura pas plus haut; que ce soit une domestique, passe encore, mais elle restait une femme, et une femme n'avait pas à subir les attentions d'un homme qui lui était étranger.

"Vous avez des blessures. Laissez-moi m'assurer que vous n'avez rien de grave."

Après tout, une blessure était pratiquement un arrêt de mort si on ne possédait pas l'argent suffisant pour faire déplacer un magicien, et un salaire de domestique ne suffisait pas à couvrir ce genre de dépenses, alors ils devaient faire bien attention.

"Vous avez un nom?" demanda-t-il alors qu'il lui inspectait les bras.

Encore une fois, il trouva une entorse au poignet, probablement qu'il avait été écrasé par les livres et tordus. Il prit le poignet entre ses mains et souffla dessus. Une chaleur se rependit dans le bras de la jeune femme alors que la magie curatrice endormait sa douleur et réparait les dommages fait. Il lui fit signe de relever les bras pour tâter ses côtes. S'il en trouvait une de cassée, il la répara d'un sort.

"Il m'est probablement inutile de me présenter, mais je suis Serenos. Je suis le souverain et seigneur de ce château. Je ne vois que rarement des domestiques venant du Continent. Vous êtes arrivée depuis longtemps?"

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 3 mercredi 27 mai 2020, 21:37:15

Thiana Gian avait raconté un peu de choses, sur le Roi qu'elle lui voulait pour cible de sa quête de renseignements, et parmi celles-ci, qu'il était, en effet, un Roi Fou.

Cependant, Alecto se demandait si sa Maîtresse n'était pas extrêmement mal renseignée. Dans le cœur naïf et plein de bonté de la jeune femme, l'attitude du souverain n'avait rien d'aliéné, ou de terrible. Si elle n'avait pas en tête les effroyables risques encourus pour avoir espionné sa personne, l'Esclave l'aurait trouvé charmant, même. Il agissait avec douceur, et une fois l'arme rangée au fourreau, elle se sentit légèrement moins angoissée. Evidemment, son caractère aussi peureux qu'une souris ne se satisfaisait pas de son comportement de gentilhomme, poli, même empathique, et elle restait largement intimidée.

La timidité fut mâtinée d'un tremblement ému, quand elle sentit le contact du suzerain qui la souleva. Déjà, parce que c'était bien la première fois qu'un Roi échangeait une parole, et bien plus encore, avec elle. Jamais elle n'aurait pu espérer tel privilège, elle, ver de terre, et lui, étoile... Enfin, parce qu'il était rare, voire nouveau, dans la vie d'Alecto, qu'un être humain lui témoigne de la prévenance et de la délicatesse. Oh, la Sorcière n'était en rien agressive, mais... Il n'était pas bon de l'agacer, ou de la décevoir.

Y songer la frit frémir, à moins que ce ne soit, soudainement, la main du Monarque sur son genou ? Ses joues se mirent à chauffer, et se teinter de rouge, alors qu'elle baissait humblement les yeux, gênée. Elle se dit alors qu'il allait finalement agir telle que le font tous ceux qu'elle avait côtoyé. L'utiliser, pour leur plaisir, la seulement différence serait peut-être sa douceur ? Mais, là encore, elle fut désarçonnée. Sans réussir à retenir un hoquet de surprise, la Domestique sentit la magie irradier ses muscles endoloris, les blessures se rétablir... Il... il la soignait ?

Elle resta bouche-bée, cillant longuement, incrédule. Sa gorge un peu sèche par son expression de carpe tonna une voix plus éraillée, alors qu'il lui demandait à l'ausculter pour s'assurer qu'elle soit en pleine forme.

"Je... b... Bien-sûr, Monseigneur."

Qui était-elle pour refuser, au delà des bons sentiments du Roi ? Ceci-dit, Alecto ressentait petit à petit les bleus, entorses, foulures se résorber, à mesure que les paumes glissait contre son corps douloureux. N'ayant jamais eu le loisir de se plaindre, l'Esclave, résiliente, avait toujours su taire ses maux, souffrant en silence. Sa Maîtresse, lorsqu'elle l'avait secouru, avait bien entendu soigner les affres infligés par ses précédents propriétaires, mais... Thiana Gian n'était ni un Roi, ni un homme charismatique, sûr de lui, qui imposait le respect immédiatement, tout en se montrant extrêmement correct avec elle.

Inconsciemment, son cœur s'accélérera, et le rose ne quitta pas ses joues. Son regard bleu, si clair, suivait avec gêne les mouvements du Souverain, et elle balbutia à nouveau, après un colossal effort pour trouver à ne pas mentir.

"Hé bien... On me nomme Alecto, Monseigneur, et je suis ... euh..."
Elle se mordilla l'intérieur de la joue, intimidée.

"Je suis arrivée ce matin, seulement."

Tout à coup, elle se sentit défaillir, et ses yeux furent remplis de larmes.

"Je suis désolée d'avoir pénétré dans votre bureau, votre Majesté, j'ignorai que c'était interdit. Je vous demande votre noble pardon, votre Altesse."

Elle voulut à nouveau se pencher en une courbette, amorçant un mouvement brusque pour s'aplatir au sol, comme elle en avait eu l'habitude jadis.

Serenos I Aeslingr

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 4 mercredi 27 mai 2020, 22:17:15

"Hé bien... On me nomme Alecto, Monseigneur, et je suis ... euh... Je suis arrivée ce matin, seulement."

"Alecto…"

Serenos marqua une pause, réfléchissant. Ce n'était pas un nom commun en Meisa, et sur le continent, seulement quelques régions l'utilisaient couramment. Notamment quelques bourgades religieuses.

"Dans le vieux Lofretin, Alecto signifie 'yeux clairs', ou en scimezi, 'a lecto' veut dire 'le livre'. Je crois que la version Lofretine vous sied davantage. Un très beau nom. Vous venez donc du continent? Du Nexus, peut-être?

Car oui, il était peut-être appelé le 'Roi Fou', Serenos n'était pas seulement qu'un fanatique de guerre et de violence, c'était également un homme cultivé, un savant et un érudit, et un très grand amateur des civilisations disparues depuis plusieurs siècles, qu'elles soient originaires du continent d'Ayshanra ou même du Continent Nexo-ashnardien. Le Lofretin était un très vieux dialecte du peuple à l'époque où les Anciens Dragons régnaient encore sur le monde et tyrannisait le peuple, alors que le scimezi était une langue un peu plus secrète, propre aux humains qui s'étaient réfugiés dans les montagnes à l'époque de la Magepeste alors que la magie était devenue complètement folle.

"Je suis désolée d'avoir pénétré dans votre bureau, votre Majesté, j'ignorai que c'était interdit. Je vous demande votre noble pardon, votre Altesse."

Elle tenta encore une fois de s'incliner devant le roi, mais alors qu'elle s'apprêtait à se pencher, la tête du Roi rencontra la sienne, et dans un poc bien sonore, leurs têtes se heurtèrent. Le Roi lâcha malgré lui un juron et se tint le crâne, se frottant vivement la tête pour faire circuler le sang. Après quelques secondes, la douleur s'estompa, et le Roi leva la tête vers la jeune femme, avant de lâcher un petit rire et lui caresser le front. Amusé, mais conscient que cet impact n'était pas agréable, il lui demanda si elle allait bien, avant de la regarder plus intensément et remarquer ses nombreuses cicatrices.

Cette fois, son sourire s'estompa et il leva une main pour faire tomber la manche de la robe de l'épaule de la jeune femme. Le roi releva les yeux vers les siens, leurs regards bleus se croisant pendant un moment, avant que le Roi ne lui adresse un sourire navré et, comme pour s'excuser de l'avoir regardée ainsi, remonta la manche, avant de glisser une main contre sa propre veste et d'en défaire les trois premiers boutons, montrant son torse parsemé de cicatrices similaires. Des brulures, des lacérations, des perforations, des reliefs qui laissait deviner qu'il avait, au moins une fois, été mordu par une créature massive. Même avec la magie, il n'était pas possible d'éviter les cicatrices; la magie accélérait le processus de guérison, elle n'effaçait pas les conséquences de l'imprudence du blessé.

La raison pour laquelle Serenos se montrait ainsi était qu'en Meisa, comme dans beaucoup de pays, il était abominable pour une femme d'être blessée ou d'arborer des cicatrices, car cela, dans certaines cultures, endommageait leur beauté. Serenos, en réponse à cette philosophie, voulait rassurer la jeune femme en lui montrant ses propres cicatrices, pour qu'elle sache qu'un Roi, un homme qui est bien au-delà de sa station, était bien plus 'laid' qu'elle ne l'était.

Alecto, si elle avait pris la peine de lire quelques livres d'histoire avant de se pointer au pays, savait probablement que le Roi de Meisa avait participé à une grande guerre et était reconnu pour avoir mené ses hommes au front, mais également d'avoir survécu à la torture Arane, qui était, à l'époque, l'une des contrées qui, comme Ashnard aujourd'hui, avait développé des techniques extrêmement cruelles de torturer des gens, et cela sans parler des nombreux ingénieurs qui passaient leur temps à inventer de nouveaux procédés et mécanismes pour minimiser les dommages tout en maximisant la douleur, permettant des séances beaucoup plus longues.

Le Roi reboutonna son haut.

"Je ne vous en tiendrai pas rigueur, Alecto, pour cette fois. Seulement, il y a une raison pour laquelle ce bureau n'est pas permis au public. Vous imaginez bien ce qui aurait pu vous arriver si je n'étais pas allé dans mon bureau? Vous auriez pu mourir! Et qu'y faisiez-vous?"

C'était l'occasion pour Alecto d'admettre la véritable raison de sa visite, ou de mentir au Roi. Évidemment, comme elle venait d'arriver, il n'était pas impossible qu'elle y soit entrée par hasard, et en tant que domestique, peut-être s'était-elle dit qu'il fallait faire le ménage, mais elle pouvait tenter l'excuse qu'elle s'était perdue, ou même d'essayer de le distraire pour qu'il arrête de l'interroger ainsi. Le souverain, évidemment, ne savait pas grand-chose de la sorcière qui avait envoyé la jeune femme; il était préoccupé par des affaires qui surpassaient de loin une aubergiste pratiquant la sorcellerie, mais cela ne voulait pas dire qu'il ignorait son existence, juste qu'il ne s'y arrêtait pas parce que, jusqu'à maintenant, elle gardait hors de ses affaires.

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 5 mercredi 27 mai 2020, 22:42:56

Thiana Gian avait bien spécifier que le Roi était sans pitié. Tyrannique... c'était le mot qu'elle avait employé. Mais dans son intelligence, elle avait certainement évité toute description poussée à sa petite servante, qui aurait pris bien trop peur... Était-ce seulement nécessaire ? Son discours cultivé avait fini de convaincre la jeune femme qu'il était un homme loin des racontars, elle s'en trouvait même séduite... Il était ainsi pour Alecto, parler de livre ou de divinité, et elle était charmée... Non pas que ça lui arrivait, avant ce jour, d'ailleurs.


Lorsque leurs deux crânes se choquèrent, la Domestique se confondit en excuses, toutes lancées trop vite pour être parfaitement audibles ou cohérente. Elle avait blessé un Souverain ?! Elle avait meurtrit un sang si bleu ?! Soulagée par le rire du Roi, elle souffla lentement pour éviter de s'évanouir.

Encore emplie de crainte, mais admirative désormais de ce que dégageait le grand homme, Alecto fut prise de tremblement lorsque sa main vint révéler la peau de son épaule, faisant vibrer sa robe. Elle s'était rendue compte, dès son arrivée, à quel point sa tenue était inadaptée en ces contrées, mais le manque de temps, comme la pudeur, lui avaient interdit d'adopter les coutumes vestimentaires du lieu. Elle avait rougi, d'ailleurs, à chaque corps dénudé qu'elle avait pu croiser sur sa route. Et cela faisait beaucoup...

Au moment où les deux azurs se rejoignirent, l'Esclave ouvrit la bouche, comme hypnotisée. Il était si facile de l'impressionner, mais souvent, c'était par la menace et l'intimidation physique. Là, et bien qu'elle ressentait une puissance extrême provenant du Roi, elle percevait un respect honorable, qu'elle découvrait, et qui émanait de sa personne.

Quand il retira lentement, un à un, les premiers boutons de sa tunique, elle fut prise d'un début de panique. Tournant les yeux à droite et à gauche, espérant peut-être pouvoir demander de l'aide, et imaginant déjà mille possibilités où elle n'était qu'une proie à sa merci, Alecto battit des cils quand elle se rendit compte qu'il stoppait son geste. Mieux encore, il révélait simplement une partie de peau... des constellations entières de balafres et de poinçons, cicatrices et traces de morsures imposantes... Elle comprit. Lui aussi portait les stigmates des douleurs endurées durant de nombreuses années, comme elle. Elle se rendit compte que c'était ce qu'il avait observé chez elle, à l'instant. Ses marques... Nombreuses, fines cependant, loin des héritages guerriers du Souverain.

Elle baissa les yeux comme une enfant prise en faute, quand il lui remémora la périlleuse aventure dans son bureau, et se sentit honteuse désormais, d'avoir eu à courroucer, voire décevoir ce si bon Roi.

Enfin, vint le couperet. Avec horreur, la terreur envahit son grand regard translucide. Il lui serait impossible de s'en sortir désormais. Tortillant ses mains, la chaleur de son corps augmenta sensiblement, et elle se racla la gorge. Tout son corps trahissait sa délicate posture. On ne pouvait imaginer pire menteuse...

"On. On dit que... Vous possédez des ouvrages anciens et rares, votre Majesté." Était-ce faux ? Assurément non, les monarques avaient tous des bibliothèques mystiques, loin d'être à la portée du premier paysan venu. Cependant, évidemment, ce n'était en rien la raison pour laquelle Alecto était ici... Espérant s'en sortir avec sa conscience, plissant les yeux dans une expression désolée, elle évitait son regard.

"Et je... J'aime les livres, Votre Altesse." Ce n'était pas non plus faux. Elle s'en sortait plutôt bien. Une seconde, elle eut envie de pleurer et tout révéler... Mais penser à la punition de sa Maîtresse lui infligea une profonde décharge électrique dans le dos, et elle retint son élan de franchise.

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 6 mercredi 27 mai 2020, 23:22:02

Il ne manqua pas de remarquer qu'elle semblait paniquée à ses gestes. Son manque d'expression faciale le sauva d'avoir l'air complètement alarmé, ce qui aurait pu confirmer les craintes de la jeune demoiselle. Cependant, voir ses cicatrices sembla la rassurer, car la panique disparut de ses yeux bleus. Il lui sourit tout simplement alors qu'elle semblait comprendre la situation, soulagé lui-même de voir qu'il ne l'avait pas terrorisée.

Cependant, cela ne changea rien à la question qu'il se devait de lui poser, et il vit alors dans ses yeux une résurgence de frayeur. Ah, donc elle savait, ou du moins comprenait, qu'elle n'était pas censée être dans son bureau. Elle lui parla alors qu'elle avait entendu parler de sa collection, des livres anciens et rares qu'il possédait, et cela n'était pas un mensonge; le Roi possédait effectivement une riche collection de livres rares, mais nombreux traitaient de sujets occultes qu'il n'était pas bon pour les gens non-préparés de poser les yeux dessus.

Elle lui 'avoua' que son intérêt, sa raison pour être entrée, n'était que son amour pour les livres, et Serenos sentit une certaine compréhension, une sympathie, grandir en lui; comme il était bon de rencontrer quelqu'un qui s'intéressait aux vieux ouvrages. Cela lui changeait de ces idiots qui ne voulait que lire des œuvres guerrières pour apprendre de meilleures façons de trucider leur prochain. Alecto venait de dire les meilleurs mots possibles pour que Serenos lui accorde son intérêt, presque comme si elle venait de prononcer un sortilège de charme.

"Eh bien, Alecto, puisque vous vous êtes infiltrée dans mes quartiers au risque d'être arrêtée…"

D'une main, le Roi l'aida donc à se relever, puis lui fit signe de le suivre, sans poursuivre sa phrase, laissant planner le doute chez la belle demoiselle quant à son destin. Il ne l'emmena pas dans son bureau, Alecto put le comprendre rapidement, parce qu'il l'emmenait dans l'aile ouest, s'éloignant donc des escaliers qui l'aurait emmenée vers son premier objectif. Les couloirs défilèrent pendant leur marche, et le Roi conserva un léger sourire, jusqu'à ce qu'ils atteignent une grande porte de fer, que le Roi poussa, laissant l'esclave de sorcière entrer à l'intérieur avant de l'y suivre.

Éclairée par un soleil artificiel autour duquel tournait des centaines de petites sphères représentants les planètes, la jeune femme se retrouva dans une très grande pièces, une autre bibliothèque, pour être plus exact, mais encore une fois, cela ne semblait pas être une bibliothèque normale; l'air ambiant y était lourd en magie, même pour une personne qui ne possédait pas le don. Des tomes de tous les sujets flottaient dans les airs, attaché avec des chaines pour les empêcher de se perdre, et personne ne s'en occupait. Les rayons, contrairement à la bibliothèque du bureau, étaient solidement cloués au sol, les empêchant de bouger. Comme personne ne s'y trouvait, Alecto pouvait nettement entendre la respiration du Roi derrière elle; sereine, maintenue, et pourtant présente, signalant que, dans cette grande bibliothèque, il n'y avait qu'eux deux. Peut-être cela la terrifierait, mais Serenos ne pouvait prévoir les réactions de tous; il était un puissant pratiquant de la magie, mais il était loin d'être un devin, ou d'être omniscient.

Le Roi de Meisa, derrière elle, posa les mains sur les épaules de celle qu'il croyait n'être qu'une autre domestique, et la fit avancer devant lui, jusqu'au lutrin, ou reposait un énorme livre.

"Ceci est un Arcanum, c'est un lieu de recherche et d'érudition. Mon père, le Roi Talion, en avait fait une bibliothèque où il enfermait tous les livres, ainsi que leurs auteurs, qu'il jugeait dangereux. Des traités de philosophie, des histoires, des contes. Certains traités de magie y sont également. Quand j'ai pris le pouvoir, je l'ai fait ouvrir. Malheureusement, les grands esprits que mon père avait faits enfermer dans l'Arcanum ont quitté notre monde avant que je n'arrive. Pour apaiser leurs esprits, j'ai protégé leur savoir et leurs enseignements. Tristement, je n'ai pas trouvé de gens qui accordaient une valeur aux livres, et donc personne n'est entré dans l'Arcanum, hormis moi et ses défunts prisonniers, depuis plus de trente ans."

Il regarda la jeune femme, de ses grands yeux profonds et doux. Il faillit ajouter avant vous, mais cela aurait été peut-être trop direct pour la jeune demoiselle qu'il venait de rencontrer. Après tout, elle ne savait rien de lui, et il ne savait rien d'elle. Pour quelle raison se montrait-il aussi ouvert? Peut-être était-il aussi volage que sa réputation le disait? Peut-être cherchait-il à la séduire et ainsi découvrir la vérité? N'était-il pas le Roi de Meisa? N'avait-il pas l'habitude des espions et assassins?

Il y avait de nombreuses explications pour le comportement de Serenos, mais cela resterait un mystère qu'il se fera un plaisir de conserver pour un moment, jusqu’à ce que la jeune femme trouve une façon d'entrer dans sa confidence.

"Il est dangereux de lire des livres provenant de ma bibliothèque personnelle. Vous avez eu de la chance, Alecto, qu'aucun ne se soit ouvert sous vos yeux. Certains sont enchantés pour causer des dommages magiques aux lecteurs profanes, et cela résulte au mieux d'un aveuglement temporaire, et au pire d'une mort douloureuse. Certains parchemins, je n'ose moi-même pas lire, car certains ont été créés pour causer la destruction de l'environnement immédiat du lecteur, et comme mon environnement immédiat, c'est mon château… Enfin, bref."

Il prit doucement un des nombreux livres volants et le déposa dans les mains de l'esclave.

"Si vous le désirez, quand vous vous prendrez l'envie de lire, je vous ouvrirai cette bibliothèque. Et y lire en ma présence."

Il lui offrait même de la compagnie.

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 7 jeudi 28 mai 2020, 08:54:39

Si Alecto avait une représentation personnelle et intime du Paradis, elle s'y trouvait désormais... A mesure qu'elle était entrée dans l'Arcanum, son comportement tremblant, presque voûté, et peureux, avait mué petit à petit. De manière visible, son corps se redressait, son cou s'étirait pour observer au mieux les très hauts murs aux rangées d'ouvrages, et son regard s'agrandissait.

Ses yeux pétillaient désormais, émerveillée. Jamais elle n'avait vu autant de livres. L'Arcanum, plongé dans le calme et le silence doux de la connaissance, vide de toute âme hostile, qui lui était ouvert sans retenue... C'était la première fois depuis longtemps qu'elle ressentait un drôle de sentiment, agréable, et chaud. Qu'est-ce que c'était, déjà ? Elle avait du mal à mettre des mots sur ce qu'elle percevait, tant qu'était rare.

La sérénité des lieux apaisaient l'Esclave, bien qu'elle ait sursauté lorsqu'elle avait senti les mains de Serenos sur ses épaules, et craint son courroux avant de découvrir où il la conduisait. Les yeux emplis d'étoiles, la jeune femme n'arrivait pas à retirer son regard des étagères, tournant sur elle-même avec une admiration presqu'enfantine. C'était merveilleux... Bouche-bée, elle avait sur les lèvres un sourire béat.

Celui-ci disparut quand le Roi la mit en garde sur les nombreux ouvrages dangereux de sa bibliothèque personnelle. C'était largement suffisant pour qu'elle frémisse, et pose ses iris sur lui, d'un air coupable. Elle s'en voulait désormais, c'était certain, d'avoir fait une telle bêtise... Bien sûr, c'était nécessaire, puisque sa Maîtresse le lui avait ordonné, mais... Mais à présent, causer tout ennui ou peine, ou juste désagrément à cet homme si cultivé, si honorable, lui semblait un acte horrible.

Elle acquiesça avec vigueur, pinçant les lèvres et murmura.

"Je vous promets que je  ne recommencerais pas, Monseigneur."

Puis, la tentation de reporter son attention et son émerveillement sur les livres, se fit plus forte. Elle leva le nez encore, et son visage clair reprit cette même expression bienheureuse, peut-être simplette d'extérieur.

"Oh..." Les derniers mots du Roi la firent ciller, alors qu'elle lâchait d'adoration des ouvrages pour reporter ses yeux azur sur lui. "Vous... vous autoriseriez à rester ici et..." Elle n'en croyait pas ses oreilles. "et à... lire certains livres ?" Son cœur battait la chamade.

Prise d'un élan jovial d'une reconnaissance fougueuse, Alecto fondit sur l'énorme ouvrage du lutrin, en caressa la couverture avec délicatesse, inspirant le parfum envoûtant des vieilles pages et du cuir... Et repartant derechef, tournant les talons et courant jusqu'au Roi, s'agenouillant en lui prenant la main, qu'elle colla contre sa joue. Elle était humide de larmes et sa voix exprimait une profonde gratitude. Elle lâcha, d'un coup, d'une voix vive.

"Oh votre Majesté ! Merci ! Merci mille fois ! Vous êtes un grand homme Sire, quoi qu'en disent les rumeurs, elles sont fausses, vous êtes ..." Elle baisa le dos de sa main. "Vous êtes un Saint, votre Altesse !"

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 8 jeudi 28 mai 2020, 15:00:43

S'il l'avait emmenée ici, c'était évidemment parce qu'il se doutait que cela lui ferait plaisir, donc il s'attendait bien sûr à une réaction pour le moins enthousiaste, mais la jeune Alecto sembla plus qu'un peu excitée à la vue de cette bibliothèque; elle était prise d'une telle émotion que Serenos se demanda pendant un bref moment s'il n'en avait pas un peu trop fait. Parfois, cela arrivait; il voulait faire une bonne action, de temps en temps, et le récipient de cette bonne action ne parvenait simplement pas à accepter ce geste, parfois le refusant avec véhémence, parfois accusant le Roi de chercher à les manipuler pour gagner quelque faveur que ce soit, parfois ils prenaient même la fuite, et pourtant, le Roi ne nourrissait aucun plan néfaste pour ces gens; il avait juste envie de voir le sourire des gens, car parfois, le bonheur d'autrui lui apportait une certaine joie.

Alecto se mit à frétiller de partout, peut-être un peu alarmée, en lui demandant si elle pouvait vraiment lire ces livres. Le Roi ne put s'empêcher de rire un peu, en se disant qu'il ne l'aurait pas emmenée dans un tel lieu si son intention n'était que de lui en mettre plein la vue pour ensuite lui dire que cette bibliothèque lui serait interdite. Cela lui semblait être un comportement un peu trop puéril et mesquin, et puis il ignorait qui était Alecto, donc il n'en était pas encore à un point où il la taquinerait, gentiment ou pas. La jeune femme, regardant l'Arcanum et le lutrin pour le consulter brièvement, s'empressa ensuite de revenir vers le Roi et se mettre sur les genoux, lui prenant la main et y pressant sa joue. Encore une fois, le Roi ne put s'empêcher d'apprécier le grain fin de la peau de l'espionne. Elle le remercia, faisant preuve d'une gratitude qui faisait bien plaisir au souverain, mais lui donna le titre de Saint, ce qui le fit s'esclaffer un peu malgré lui.

"Jeune Alecto," lui dit-il en se mettant à son tour sur ses genoux, retournant doucement la main pour lui caresser la joue avec délicatesse. "Je crois que les livres d'histoire peuvent prouver que je suis loin d'être un saint. Je crois même que le grand Pontiff de l'Ordre Immaculé m'a un jour déclaré un hérétique après qu'une altercation un brin houleuse lui attira une bonne gifle de ma part."

Il marqua une pause, se rendant compte que pour une continentale, pieuse de surcroît, ce genre de discours pourrait être offensant, voire déplaisant, donc il essaya de rattraper le coup.

"Cela ne veut pas dire que j'ai quelque chose contre les religieux. Ma foi est envers les mortels plutôt que les dieux, tout simplement. Et votre reconnaissance est très appréciée."

Il regarda la jeune femme, encore une fois, tout en lui caressant la joue du pouce, avec un mouvement un peu attendri. Le contact prolongé, cependant, bien qu'il fût doux et chaleureux, ne manqua pas de lui procurer un détail qu'il avait, jusque-là, raté, peut-être dans son engouement ou parce qu'il voulait l'ignorer; il y avait de la magie, chez cette femme.

Les magiciens, et même tous les êtres vivants à un certain degré, avaient tous quelque chose qui s'appelait une signature magique. Une signature magique, comme son nom l'indique, était une marque laissée par un magicien lorsqu'il utilisait son art, que ce soit sur une personne ou près d'une personne. Dans le corps de la jeune Alecto, par exemple, il pouvait aisément détecter sa propre signature magique, car il venait de la guérir. Mais derrière, il ressentait également une autre puissance, et elle ne correspondait pas à la force vitale de la jeune domestique. Il ne s'agissait pas d'un parent, et à la vue de l'interaction de cette énergie avec le corps d'Alecto, elle n'était pas nécessairement amicale non plus. C'était une énergie dominante, trahissant l'intention du jeteur de sort, et contrairement à la signature de Serenos, qui s'estompait rapidement puisque l'énergie même d'Alecto chassait cette marque, celle de l'autre jeteur de sort y était forte, présente, et l'habitait de façon presque constante parce qu'Alecto passait énormément de temps avec cette personne.

Le Roi fut intrigué, pendant un moment. Cette femme était arrivée ce matin, puis s'était infiltrée dans son bureau, et avait été en contact avec un jeteur de sort sur une longue période. Serenos pensa à l''interroger immédiatement, mais ne dit pas un mot à ce sujet. À la place, il prit la main de la demoiselle et l'aida à se remettre sur ses jambes, tout en la bombardant discrètement de sa propre énergie magique, chassant celle de la sorcière et rendant l'usage de la divination plus ardue, avant de guider la jeune Alecto vers le lutin. Se plaçant derrière elle, il se rendit compte qu'il la dominait d'une bonne tête et demie; elle lui sembla petite, fragile, délicate. Les bras musclés du Roi se levèrent de chaque côté d'Alecto, lui bloquant toute retraite, et il fit lentement tourner les pages du grand livre.

"Dites-moi, Alecto. Qu'est-ce qui vous intéresse le plus? Cette bibliothèque contient des traités de philosophie, des contes et légendes, des recueils et des journaux. Peut-être être vous intéressée par la magie?"

Il posa une main sur l'Index et projeta une infime dose de son pouvoir dans le livre. L'encre noire se mit à briller d'une lueur bleutée, et il entendit une chaine remuer. Prenant de nouveau la jeune femme par la main, il l'entraina dans la bibliothèque, en direction du bruit de chaîne, et après quelques secondes, ils trouvèrent son origine; un livre flottait hors du rayon et gigotait, faisant claquer et chanter sa chaine. Le Roi s'avança vers le tome, qui se laissa soudainement tomber à son contact, et il retira la chaine, avant de le montrer à sa jeune compagne.

"Tous les livres fonctionnent ainsi. Il est impossible de trouver quoi que ce soit dans l'Arcanum sans avoir le Don, donc il est nécessaire que je sois auprès de vous pour vous guider. Les livres ne peuvent pas quitter ce lieu en raison des enchantements, je vous préviens à l'avance; je ne voudrais pas que vous vous blessiez en voulant en emporter un pour le lire ailleurs."

Le roi remit le livre à sa place, attachant la chaine de nouveau, puis revint vers Alecto.

"Ce savoir peut être vôtre, Alecto."

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 9 jeudi 28 mai 2020, 17:25:21

Ignorant tout des réelles motivations de Serenos, Alecto prenait toutes ces gracieuses gentillesses comme un don désintéressé, et plus il multipliait les grâces, plus elle tombait sous son charme. Facilement manipulable, incapable de penser à mal, et surtout, incapable de songer qu'il pouvait être faux, ou double, elle le prenait pour ce qu'elle voyait uniquement en extérieur : un homme cultivé, un mage puissant et protecteur, un roi comme on pouvait en rêver.

Sa condition d'Esclave depuis plusieurs années l'avait entraîné loin de la connaissance, malgré un début d'existence très studieux. Elle aurait été elle-même très érudite si la vie de l'avait pas arrachée à sa destinée pieuse... Jamais elle n'y pensait, pour éviter de ne fondre en sanglots, et se contentait d'endurer, en bonne Croyante. C'était une épreuve, qui jugeait les Humbles et les Braves. Selon elle, elle était née pour souffrir, pécheresse, mais fervente et convaincue que ses nombreux sacrifices, volontaires ou imposés, seraient récompensés. Comment survivre sans songer que tout ceci avait un réel sens ?

Le discours que le Roi lui offrit concernant le Pontife ne la fit pas sourire, naturellement, bien qu'elle ne semblait pas désapprouver, ou être choquée. Elle se contenta de souffler très bas, comme pour elle même, une phrase qu'il semblait aisé de répété de tête "Seul Dieu peut nous juger". Pour l'Esclave, la justice des hommes était une chose... Même une sentence prononcée par un Haut représentant de l'Ordre... Mais les hommes restaient corruptibles et pêcheurs... Seule la sentence divine lui importait réellement.

Durant tout l'instant du contact de la main altière sur sa joue humide, instant qui lui sembla durer un temps infini, Alecto ne put que s'abîmer dans le regard bleu roi du Monarque. A chacune de ses phrases, Serenos gagnait encore plus l'affection de la jeune fille crédule et impressionnable. La Bonté qu'il lui témoignait était si nouvelle, qu'elle ne pouvait s'imaginer qu'il en usait pour la questionner, et connaître la vérité. Lui mentir, d'ailleurs, ou plutôt lui cacher légèrement la vérité, devenait de plus en plus douloureux en elle.

Totalement hermétique à toute forme de magie, ignorante de ces domaines, la Domestique ne percevait rien de ce qui se jouait sur ce plan.

Quand elle se retrouva face à l'imposant ouvrage sur le piédestal, encadrée de part et autre des bras puissants du Guerrier Souverain, l'épiderme d'Alecto frémit, et elle se rendit compte que ce contact, certes gênant, devenait agréable... Du moins, la sensation de confusion timide devenait-elle moins puissante, au fur et à mesure, que l'envie presque irrépressible désormais, de chercher à maintenir ce contact.

"Je... J'ai surtout lu des ouvrages de Théologie, Votre Majesté..." Murmura-t-elle en fermant les yeux, inspirant d'un air béat, tournant légèrement le visage vers son bras droit. "La... La magie m'effraie..."

Elle lui trouva un parfum agréable, mêlé aux effluves des reliures usées et vernies. Sans vraiment s'en rendre compte, elle respira plus vite, et son émoi fut fort heureusement coupé par le Roi.

Il l'entraîna vers un livre indocile, dont le bruit de chaîne la faisait trembler, et elle perçut tout de suite la menace sous-jacente. Ces livres, comme tout ce qui semblait faire partie de l'entourage du Monarque, étaient emplis de sorts, protections, incantations... Secouant vivement la tête, ses pommettes se teintèrent de rose.

"Je vous promets de ne plus enfreindre vos règles, Sire." Fit-elle en avalant difficilement sa salive, et déviant son regard fixé sur cette main qui avait emprisonné la sienne à de nombreuses reprises. Sa morale personnelle brûlait sa gorge d'avouer la vérité, mais sa loyauté envers sa Maîtresse était supérieure à toutes les consignes qu'on pourrait lui dicter, en bonne Esclave, savamment élevée. Des années de travail et d'humiliation pour en arriver à un parfait résultat : Alecto était docile, obéissante, et soumise. Elle savait sacrifier ce qui lui était cher pour exécuter un ordre.

Fort heureusement, les derniers mots de Serenos la firent sourire à nouveau, de cette expression d'émerveillement, presque enfantin. Elle se mordit la lèvre inférieure en levant les yeux sur les rangées de parchemins.

"Les avez-vous tous lu, Monseigneur ?" Il lui semblait impossible de pouvoir avoir lu tout ce que contenait l'Arcanum. Mais en elle, elle espérait qu'il lui répondrait par la positive, tant elle l'admirait déjà, et le trouvait déjà exceptionnel.

"Lequel est votre préféré ?"
« Modifié: jeudi 28 mai 2020, 17:34:38 par Alecto Nemed »

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 10 vendredi 29 mai 2020, 00:02:01

"Je... J'ai surtout lu des ouvrages de Théologie, Votre Majesté… La... La magie m'effraie..."

"Ce qui fait déjà de vous une femme plus intelligente que beaucoup de gens que j'ai eu le malheur de connaître."

"Les avez-vous tous lu, Monseigneur ?"

"Tout lu? Non, assurément pas. Bien que j'en eus lu une bonne part, certains sujets me dépassent, et puis, je dois bien travailler, régner."

Cela ne l'empêchait pas d'avoir une connaissance quasi-encyclopédique sur une multitude de sujet.  La jeune femme semblait lui faire confiance, et il était naturel de ne pas en abuser immédiatement; s'il se montrait trop empressé, il risquait de l'effrayer et de la faire se refermer comme une huître. Néanmoins, cela ne voulait pas dire qu'il oubliait la possibilité qu'elle ne lui cachât des choses, mais il n'était pas pressé; après tout, il y avait bien des façons de l'empêcher de partir pour quelques jours. Serenos espérait cependant ne pas avoir à recourir à ce genre de méthodes pour qu'elle aille de l'avant et admettre ce qu'elle faisait là, en vérité.

Pour le moment, le Roi jouait le jeu. Il la trouvait fascinante. Elle était belle, polie et intelligente, ce qui était déjà un mérite en soi. Contrairement aux femmes de la Cour, qui avaient été éduquées et qui se pavanaient devant lui comme si elles cherchaient à provoquer un incident diplomatique, la jeune Alecto restait humble. Sa beauté, assurément, elle ne l'ignorait pas, mais il ne lui viendrait même pas à l'idée de s'en servir pour manipuler le Roi; encore une nouvelle des plus rafraîchissantes.

"Lequel est votre préféré?"

"Parmi tous? Une œuvre du philosophe mage Erastus vei Ogidae, un traité sur la magie et son lien avec notre vie, qui m'a apporté un grand réconfort dans un temps de ma vie où je me sentais… abattu par ce pouvoir."

La magie était une chose très dangereuse, autant dans son existence passive que dans sa pratique, et beaucoup de jeunes mages devaient affronter un conditionnement rigoureux pour éviter de souffrir comme le Roi souffrait; harassé par la Corruption, cette force qui punissait les usagers qui, dans leur hubris, s'arrogeaient le droit de défier les lois de la nature. Est-ce que Serenos était un homme mauvais? L'Ordre dirait que oui, mais très rarement le Roi usa de son pouvoir pour causer du mal à autrui, bien au contraire, mais cela restait que la nature avait ses règles, et lorsqu'on dérogeait à ces règles, il était normal qu'il y ait une conséquence, et dans le cas de Serenos, c'était de sentir ses os s'enflammer au moindre sort, ses muscles se déchirer et son esprit être mis à vif.

Il posa doucement une main sur celle de la jeune femme, et la releva doucement à la hauteur de ses yeux, avant de doucement laisser la magie passer entre leurs mains, jusqu’à ce qu'un petit orbe de lumière bleutée se manifeste, à peine luminescent, pas suffisamment pour la terrifier, se souleva de sa paume, lui donnant une douce sensation de picotement alors que la magie du Roi la traversait puis apparaissait dans sa main.

"Selon Ogidae, il y a deux formes de magie. La magie innée, et la magie qu'on apprend. En accordance avec ce principe, je suis du premier type. Cependant, comme tous les magiciens, j'ai appris à manipuler ce pouvoir pour le manifester, à force d'études, de pratique et de méditation. La magie peut faire beaucoup de choses, des choses terribles, mais aussi, elle est omniprésente dans la vie des Terrans; nos âmes, nos pensées, nos muscles, l'air que nous respirons, tout produit et consomme de la magie. Tous comme nous ne sommes ni mauvais ni bon à la naissance, la magie n'est ni mauvaise ni bonne; elle existe, tout simplement."

Il prit la main de la jeune femme, et la sphère bougea doucement au gré de ce mouvement, et il attira doucement la main de la jeune femme pour la poser contre sa poitrine, et la lueur disparut en lui.

"La magie nous connecte à un niveau que peu s'en rend compte. Quand nous sommes tristes, heureux, ou terrifié, la magie se nourrit de nous, et en se nourrissant, elle nous prodigue avec cette force qui nous donne la possibilité de faire des miracles."

Il relâcha doucement sa main.

"La peur nous apprend à se méfier. Il est saint de craindre la magie. Mais comme tout ce qui peut nous effrayer, une fois que nous connaissons et comprenons ces choses, elles nous semblent moins dangereuses. Comme le chasseur qui ne craint plus le loup, ou le forgeron qui ne craint plus les flammes; ils ont appris à se garder, et à s'en protéger. Leur méfiance persiste, mais ils ne les craignent plus. Tout comme présentement, vous me craignez peut-être, mais qu'à force de me parler, vous ne vous sentez plus en danger."

Il se pencha sur elles, de sa grande carrure, et posa une main sur sa joue, avec tendresse.

"Est-ce que vous me craignez, en ce moment, Alecto? Vous êtes seule, avec le Roi Fou, dans une grande bibliothèque, dans son royaume. Il ne vous connait pas, il vous pense une domestique. Peut-être a-t-il des intentions malhonnêtes?"

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 11 vendredi 29 mai 2020, 09:08:12

Bien qu'Alecto ait déjà vu et eu affaire à la magie, d'autant depuis son service auprès de Thiana Gian, cette fois, c'était différent. Très différent. Durant toute la démonstration de Serenos, le battement de coeur de l'Esclave, étrangement, fut ralenti. En se perdant dans la contemplation de cette sphère d'énergie qui se reflétait dans ses grands yeux, elle ressentait une sorte d'apaisement, mais surtout, une profonde fascination.

Les sortilèges de sa Maîtresse étaient souvent usés pour remplir des contrats, et finalement, Alecto ne la voyait pas souvent à l'oeuvre, car cela la terrifiait. Impressionnée par le pouvoir de cette Sorcière, elle avait assimilé tous ceux qui en usait à des personnes dangereuses. Le discours plein de philosophie du Roi la captivait. Plus il parlait, plus elle buvait ses paroles, les entendant résonner dans son esprit naïf.

Sa paume contre la poitrine du monarque accéléra son pouls, et ses yeux quittèrent l'orbe pour s'abîmer dans les yeux bleus de Serenos. Sa main trembla légèrement d'émoi, et ses joues chauffèrent, avant que ne soit rompu ce contact qui la laissa confuse. Tournant légèrement le visage pour accompagner le mouvement de la main du Roi sur sa joue, inspirant sans s'en rendre compte le parfum de sa peau, elle se surprit à répondre dans un souffle.

"Je vous crains, Monseigneur, comme je crains quiconque a droit de vie ou de mort sur moi, en un claquement de doigts, et qui a la justice des hommes pour lui..." Elle sursauta de son audace, et pinça les lèvres.

"P...pardon Sire."

Alecto leva le menton pour percevoir sur l'expression du visage de Serenos une réaction. Mais, de cette voix dénuée de confiance en elle, elle balbutia de nouveau.

"Je... Je."

Maintenant qu'il le soulignait... elle se demandait si elle était vraiment en sécurité ? L'Arcanum lui avait semblé être la pièce la plus sûre qu'elle ait visité depuis des années, et son sentiment de sérénité était-il faux ? Avait-elle à se méfier, alors que le Roi semblait si bon, si honnête, si compréhensif ? Elle ouvrit la bouche et la referma, et son regard allait de droite et de gauche, pour observer autour d'elle, cherchant frénétiquement une source d'inquiétude.

Mais la seule personne présente avait sa main sur sa joue, en une posture qu'elle trouvait bienveillante, protectrice. Quand elle reposa ses iris sur son visage, Alecto secoua très lentement la tête et sa voix exprima un profond respect, teinté d'adoration.

"Je vous crois incapable d'intentions malhonnêtes, Votre Majesté." Pauvre petite esclave... si naïve...

Serenos I Aeslingr

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 12 vendredi 29 mai 2020, 12:32:13

"Je vous crains, Monseigneur, comme je crains quiconque a droit de vie ou de mort sur moi, en un claquement de doigts, et qui a la justice des hommes pour lui..."

Ces mots semblèrent le surprendre. C'était si direct et révélateur sur la personnalité et également l'ignorance de la jeune femme des mœurs et coutumes de Meisa, mais aussi de ce qu'elle ressentait devant chaque personne qui était d'un rang social plus élevé qu'elle avait dû rencontrer par le passé. Certes, Serenos était le Roi, et incidemment l'homme le plus puissant de ces contrées, avec trois royaumes à sa botte et la vie de plusieurs milliers, voir millions de gens, entre ses mains, mais il était quand même jugé déshonorable, pour le Roi, de faire du mal à une personne désarmée. Non seulement était-il surpris, mais légèrement mal à l'aise; il ne s'était pas attendu à ce genre de réponse; attendant la suite de ses paroles, les yeux du Roi restèrent figés sur la jeune femme, son visage conservant, malgré sa surprise, une apparente bienveillance et douceur; qu'il le soit vraiment ou s'il s'agissait d'une manipulation, c'était ouvert à la subjectivité de chacun.

Évidemment, elle se rendit compte de la teneur de ses propos, et se confondit en excuses. Confondre était peut-être un grand mot, mais cela adoucit un peu l'effet de ses paroles sur le Roi; elle ne cherchait pas à le choquer. Devant ce comportement, la main du Roi se pressa sur sa joue, pour la réconforter, mais il conserva un moment de silence pour lui laisser le temps de se recomposer, de se détendre. Elle était nerveuse, mais à la suite des paroles de Serenos, cela démontrait également son instinct de survie; elle regardait dans toutes les directions, comme si elle cherchait la plus proche sortie, et elle tenta de dire quelque chose, comme pour trouver une manière d'apaiser le souverain. Il sentait qu'elle était nerveuse, et peut-être l'était-il aussi. Ah, tant de questions, tant de suppositions, voilà ce qui rendait chaque rencontre si intéressante; ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes, une heure, tout au plus, et en ce moment, la jeune Alecto accaparait toute la fascination, la curiosité, l'attention même du souverain le plus puissant d'Ayshanra, le tout juste pour sa petite personne.

"Je vous crois incapable d'intentions malhonnêtes, Votre Majesté."

Qu'il n'ait aucune méprise; Serenos était flatté de la confiance de la jeune femme. Si rares étaient les gens qui accordaient aussi aisément leur confiance à une personne qu'elles ne connaissaient pas, encore pire pour une femme envers un inconnu. Elle avait raison sur un point, et un point uniquement; Serenos n'était pas un homme malhonnête. Il était subtil, il était intelligent, il était stratège, et en temps de guerre, il était capable d'une terrifiante duplicité, mais il n'était pas un homme malhonnête; il était assurément l'un des rares souverains qui ne se prétendaient pas un parangon de vertu.

Et le Roi était également un homme, qui se trouvait présentement une très belle jeune femme qui lui accordait toute sa confiance, son respect et, il le sentait, son adoration. Ne pas en profiter, même en sachant qu'elle cachait des choses, peut-être une carrière d'assassin politique, qui sait, il savait qu'elle était entre ses mains, presque littéralement.

Il se pencha alors sur elle, un peu plus.

"Et pourtant, vous devriez vous méfier, Alecto."

Son visage se rapprocha encore un peu, sa main se glissant doucement dans la chevelure de la jeune esclave, venant soutenir sa tête.

"Parce que, honnête ou non, il est des choses chez vous qui attisent mon intérêt. Mon appétit. Votre vulnérabilité, votre beauté, ces choses que vous luttez pour maintenir secrètes…"

Une main vint s'enrouler autour des hanches de la jeune femme, lui coupant toute retraite, et les lèvres du Roi frôlèrent les siennes. Mais il s'arrêta complètement, devant la jeune femme, avant de reculer et de lui sourire, un sourire plein de tendresse et de compréhension. Il la relâcha doucement, non pas comme un fuyard ou un plaisantin, mais comme l'honorable personne qui reconnaissaient les limites franchies, et qui se retirait respectueusement d'une situation qui pourrait être malvenue. Il resta malgré tout devant elle, légèrement penché, la dominant de sa carrure.

"Mais vous avez raison sur un point; je n'ai pas de mauvaise intention à votre égard. Il est vrai que, dû à ma position, je pourrais en profiter pour obtenir tout ce que je désire, mais cela gâcherait le début de cette histoire, notre histoire. Vous m'intriguez, Alecto. Je veux en savoir plus sur vous, au moins autant que vous en savez sur moi."

Il n'y avait plus de secret entre eux; il savait qu'elle n'était pas sa domestique, il savait qu'elle lui cachait des choses, mais il n'avait que cure de ce genre de secrets; il se moquait éperdument de savoir qui l'avait envoyée ou ce qu'elle était venue faire dans ce palais, et il était clair, également, qu'il ne la laisserait pas repartir vers son maître sans avoir été complètement satisfait dans sa curiosité et son désir de la connaître.

Alecto Nemed

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    Petite, passe inaperçue. Cicatrices, ou traces de brûlures sous les bras, près du cou, bref, un peu cachées.
    Crédule, extrêmement pieuse, facilement impressionnable et très discrète, elle va rougir si vous continuez à la regarder ainsi !

Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 13 vendredi 29 mai 2020, 14:48:05

Tous s'enchaîna beaucoup trop vite pour que la petite Esclave puisse comprendre quoi que ce soit. En une seconde, son adoration fut percutée par la panique, elle même mêlée à un intense frisson qu'elle ne contrôla pas. En elle, se jouait désormais une bataille qu'elle découvrait... et qui la terrifiait autant qu'elle la faisait vibrer. Le Roi avait été si près d'elle, si proche, son corps au contact du sien, sa main sur sa taille et... et ses lèvres...

Totalement chamboulée, la jeune femme avait été incapable de faire quoi que ce soit. Et, même si elle l'avait voulu, l'imposante carrure du monarque l'en empêchait. Contrainte, elle avait conscience qu'elle ne pouvait pas s'enfuir, pas bouger et... pas résister. Incapable de le faire, non seulement par l'emprisonnement physique, mais également par cet émoi qui la faisait rougir et brûlait sa gorge, faisait palpiter ses veines et écarquiller la rétine.

Totalement prise au dépourvue, ce qu'elle ressentait était antagoniste, chaotique. Elle était terrifiée parce qu'il venait de dire, pétrifiée parce qu'il disait qu'elle devait se méfier de lui, et ... Et terriblement attirée par lui. Jamais elle n'avait ressenti pareille attirance, et jamais on ne lui avait soufflé ces mots. Ouvrant de grands yeux, sa voix éraillée par la peur et la confusion bégaya "...B... Beauté ... ?"
C'était bien la première fois qu'on lui faisait un tel compliment. Les ivrognes de l'Auberge avaient des gestes déplacés tous les jours, ils la sifflaient, mais quand ils lui parlaient, ce n'était jamais en ces termes. Et inutile de dire que ces précédents Maîtres l'avaient plus souvent insultée que flattée. Il était arrivé que certains lui disent qu'elle était une "bonne fille" quand... après qu'ils aient été satisfaits, c'est vrai. Mais là, cela semblait différent... dans le cœur d'Alecto, résonna une fierté qu'elle se croyait incapable de ressentir. Quel bonheur de savoir que le Roi estimait son visage agréable. Elle se sentait soudainement spéciale, secrètement, chérissant ces paroles autant que le souffle de sa bouche si près de la sienne... Elle ferma les yeux et inspira lentement. La tension dans son corps se multiplia quand elle fit pénétrer la fragrance de sa peau dans ses narines...

...Mais l'instant d'après, son parfum s'éloignait.

Un pincement au cœur, mais aussi presque soulagée, en réalité. Fortement gênée par la soudaine proximité, réalisant ce qui venait de se passer, et sans doute, malgré elle, imaginant d'autres choses encore, elle sentit ses pommettes la brûler, et elle ses frotta comme si elles étaient en feu. Relevant ses iris claires vers le Monarque, elle lui offrit un léger sourire, intimidé, mais émerveillé, peut-être flatté.

"Je suis désolée de vous causer quelque... trouble, Monseigneur." Débuta alors l'Esclave, penaude. En effet, dans l'éducation très religieuse d'Alecto, les femmes n'étaient qu'une tentation, fautives toujours, de tous les maux. L'une était laide ? C'était de sa faute. L'autre était jolie et s'attirait les attentions perverses des hommes ? Encore sa propre faute... Elle avait été trop conditionnée pour penser autrement. Des années d'éducation pieuse parmi les Sœurs, puis des années de soumission faisaient d'elle une femme parfaitement lobotomisée. La Piété n'arrangeant rien.

"Que... que vous plairait-il de savoir, Sire ?" Elle pinça les lèvres, récitant intérieurement une prière. Il lui faudrait l'aide de Dieu pour réussir à se tirer de ce mauvais pas mais... Son cœur lui dictait tant d'être sincère ! Soudain, un éclair douloureux lui vrilla l'échine, et elle retint un hoquet. Sa Maîtresse venait de se rappeler à elle, et elle sentit comme des aiguilles percer sa gorge. L'Esclave murmura avec difficulté.

"Je suis... je suis orpheline, Votre Majesté, j'ai été élevée chez les Sœurs de l'Ordre, et ait suivi le cursus pour y entrer à l'âge requis. Et..." Elle avala sa salive avec peine, détournant les yeux pour tenter de cacher qu'ils se remplissaient de larmes. Elle évitait toujours de songer à cette époque, et à ce qui avait suivi. Mais Serenos avait réclamé d'en savoir plus sur elle... Elle se sentait obligée de lui obéir. C'était un Roi. Et elle, une Esclave.

"Et... ensuite j'ai. L'on m'a vendue... Et..." Il était extrêmement délicat de réussir à ne pas mentir. Elle avait de longs instants de silences douloureux. "Et je suis désormais servante."

Rien n'était faux, après tout... Elle essaya de reculer d'un pas, puis l'Esclave prit une profonde inspiration pour déclarer d'une voix fataliste.

"Pardonnez-moi, mon Roi, mais la vie d'une personne telle que moi... n'est pas si plaisante à entendre."

Serenos I Aeslingr

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 14 vendredi 29 mai 2020, 15:41:19

Elle avait été visiblement très ébranlée par ses gestes, une réaction acceptable lorsqu'un homme que l'on ne connaissait pas nous faisait des avances en moins d'une heure. Mais il sentit quelque émoi en elle, un émoi noyé par une culpabilité malsaine. Elle alla même jusqu'à se blâmer de susciter l'intérêt du Roi, s'excusant comme si elle avait le moindre contrôle. Oui, elle était attirée par lui, et le Roi le ressentait à travers ses gestes, la rougeur de ses joues, son regard fuyant et la manière que ses doigts bougeaient en essayant vainement de chasser ces couleurs honteuses.

Elle s'ouvrit alors à lui, et dès qu'elle lui demanda ce qu'il voulut savoir, il sentit l'emprise de la maîtresse. Cette fois, ce fut la rage qui prit le cœur du Roi, et à l'insu de la jeune femme, il se manifesta de toute sa puissance à cette personne. Un cri d'une très grande ampleur, puissant comme un tonnerre, résonna dans tout l'immatériel, se manifestant sous la forme d'un énorme oiseau noir. Le bras du Roi agrippa la jeune femme, protecteur, alors qu'elle lui déballait son histoire, pendant que son esprit s'engageait dans une forte procédure d'intimidation à l'égard de sa maîtresse. Son emprise se resserra lorsqu'elle se mit à pleurer, se remémorant ces souvenirs douloureux. Serenos n'était que trop familier avec cette peine, cette douleur. Ce sentiment que l'on n'était qu'une commodité en ce monde, au même titre qu'une babiole, qu'on se passe d'une main à l'autre. Cette honte, cette impuissance. Lorsqu'elle tenta de reculer, le Roi raffermit son étreinte sur elle.

Après quelques moments de silence, le Roi libéra un bras et lui releva le menton, plongeant de nouveau son regard dans le sien.

"Vous avez le droit d'être indignée. Vous avez le droit d'être furieuse, d'avoir peur, de parler ou de ne rien dire. Vous êtes en Meisa, et sur l'honneur du Roi que je suis, nul n'est esclave, encore moins dans mon palais."

Il savait que cette sorcière l'entendait au travers d'Alecto, et cela était un défi qui lui était adressé. Tant qu'Alecto serait en Meisa, elle était sous sa protection, et la moindre tentative de la traiter comme une esclave sur son territoire risquait de courroucer l'homme qui détenait sa servante; pas seulement un Roi, pas seulement le souverain des Trois Royaumes, mais le sorcier de guerre Serenos. Évidemment, Serenos était parfaitement au courant des risques; il existait en ce monde des êtres, des magiciens beaucoup plus puissants que lui, mais il ne se faisait non plus aucune illusion sur sa propre force; dans l'immatériel, tant qu'il était en Meisa, il était l'équivalent d'un petit soleil, grâce à la puissance combinée des magiciens qui lui avaient voué allégeance et qui, par ce lien, lui accordaient une part de leur propre pouvoir.

Il attira lentement la jeune femme vers un grand siège de la bibliothèque, et brouilla magiquement toute communication entrante et sortante entre la magicienne et sa servante, avant de prendre place avec Alecto. Une couverture se manifesta alors, et il la posa sur les genoux de la servante.

Il prit un moment de silence, regardant devant lui, en réflexion, avant d'enfin reprendre la parole, regardant les genoux de la jeune femme alors qu'il se remémorait son passé.

"J'ai connu un grand nombre d'esclaves. J'en ai possédé beaucoup, à une époque. J'en ai été un, également, pendant longtemps. Je n'étais qu'un enfant lorsque mon père me vendit, pour la paix, à l'Empereur d'Aranie."

Serenos lui raconta alors une partie de son histoire. Même si l'Empereur était un homme bon, ses fils et ses sujets ne l'étaient pas nécessairement. Il avait été régulièrement battu par ses précepteurs, humilié et violenté par le fils cadet de son gardien parce que le physique des jeunes Meisaens avaient un aspect plus féminin, plus fragile, et il s'arrogeait le droit de l'utiliser et l'abuser comme bon lui semblait. Ce fut aux mains d'une personne qui n'était qu'à peine plus qu'un gamin qu'il avait reçu ses premières cicatrices, et personne ne le défendit, sauf l'Empereur. Il lui raconta son endoctrinement aux valeurs impériales, à un point où son esclavage ne lui semblait plus être tel; il était normal, après tout, que nous remboursâmes nos bienfaiteurs. Il avait tué, au nom de l'empereur, il avait commis des actes abominables sans le moindre cas de conscience.

"Puis, ce fut la guerre. Je fus esclave de la guerre pendant plus de vingt ans. Je tuais comme un autre repassait le linge de ses maîtres. Tout mon savoir, toutes mes connaissances, mes aptitudes que j'aurais pu utiliser pour faire le bien, je m'en servais pour prendre des vies. Tout comme vous, Alecto, vous servez de vos magnifiques mains, votre intelligence et vos talents pour plaire à une personne que vous savez pertinemment n'éprouvera aucune reconnaissance. Lorsque la guerre fut terminée, et les rebellions mâtés, je ne savais plus que faire de moi-même. Régner? Je ne savais pas comment on dirigeait un pays. Guérir? Personne ne me laissait même les toucher. J'étais haï. Méprisé. Et finalement, après le décès de la reine, je compris à quel point il était grave d'être esclave, que ce soit d'une personne, d'une idéologie ou d'une émotion; parce que pour la première fois de ma vie, je n'avais pas un maître, une guerre ou un ennemi à blâmer; je n'avais que moi. Aujourd'hui, mes abus de magie me coûtent des douleurs atroces. Mon corps est celui d'un hybride, voyez-vous, et bien que ma part humaine soit intact, ma part… eh bien, différente, me donne accès à un grand pouvoir, mais à un coût."

Il regarda la jeune femme, à nouveau.

"Je ne sais pas ce que votre maître vous a envoyé chercher ici. J'ignore même si votre mission a été complétée. Pour être honnête, je n'en ai rien à faire. Mais après vous avoir écoutée, Alecto, je ne pouvais vous laisser repartir sans savoir que quelqu'un a un passé encore plus immonde que le vôtre."

Il prit de nouveau la main d'Alecto dans la sienne, entremêlant ses doigts massifs, à les siens, plus fins, plus doux, mais qui, comme ses propres mains, avaient été rendues rugueuses par le travail rigoureux. Lui par la guerre, elle par le ménage et la cuisine. Il la regarda dans les yeux, examinant sa réaction.


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Tags : romance