Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Encore foiré! [Alecto Nemed]

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Alecto Nemed

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    ~Esclave de Thiana Gian~
    Petite, passe inaperçue. Cicatrices, ou traces de brûlures sous les bras, près du cou, bref, un peu cachées.
    Crédule, extrêmement pieuse, facilement impressionnable et très discrète, elle va rougir si vous continuez à la regarder ainsi !

Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 15 vendredi 29 mai 2020, 16:35:45

Ignorant totalement l'étendue des conflits qui se tramait dans ce monde immatériel dont elle ne savait rien, Alecto était trop bouleversée par ce qui venait de se passer, et ses souvenirs pénibles, qu'elle suivit d'un pas lent et hébété le Suzerain jusqu'au siège désigné, mollement. Indignée ? Furieuse ? L'Esclave cilla.
Non... Elle n'avait jamais été révoltée par la situation. Jamais enragée par tant d'injustice. Là où Serenos avait pu se défaire des chaînes qu'on lui imposait, et qu'il s'imposait lui-même sans le savoir, la jeune femme, elle, n'avait pas encore eu assez d'épreuves, d'expériences ou la force de le faire.

Elle se sentait étrangère à la haine, bien que l'injustice la touche. La Foi et les préceptes religieux l'avaient toujours endoctrinée ainsi : plus elle souffrait ici, plus elle serait remerciée par le Très Haut. Elle se rattachait à cela, dans les moments difficiles, ne pouvant se raccrocher ni à une famille, un compagnon, une figure aimante. Elle subissait... En silence.

Mais les mots qu'il avait prononcé plus tôt résonnaient à son oreille, comme s'il avait hurlé dans son tympan. Nul esclave en Meisa. Durant toute la durée du récit des périples de sa vie, douloureux et cruels, Alecto tenta de ne pas croiser son regard, profitant qu'il était perdu dans ses souvenirs, parlant en fixant ses genoux. Elle osa relever le visage pour admirer son visage. Ainsi assit, même plus grand qu'elle, il semblait moins... impressionnant. Et à s'ouvrir à elle en lui narrant son histoire, ses faiblesses, son passé trouble... Il devenait simple. Il n'était plus Roi, il n'était qu'un homme, à côté d'elle, qui osait lui conter les versants noirs de sa vie, et lui offrir les enseignements qu'il en avait tiré. L'Esclave le trouva emplit de sagesse, une sagesse un peu mélancolique, qui n'enlevait rien au charme puissant qu'elle lui trouvait déjà.

Attendrie par son histoire, troublée par les passages les plus durs, elle trembla à de nombreuses reprises, lâchant des "oh" de surprise en cachant sa bouche d'une main effrayée quand la description était trop pénible à son goût. Il faut bien avouer qu'elle était facilement choquée...
Que voulait-il dire par "hybride" ? Elle pencha la tête sur le côté, intriguée, examinant le grain de la peau de ses joues, la broussaille sombre de sa barbe, les traits mâtures de son front. Il semblait bien plus vieux qu'elle, songea-t-elle, et tout ce qu'il contait la confortait dans cette idée. Savoir qu'il souffrait mille maux de sa condition la fit frémir, tant elle était compatissante, et retint un geste d'empathie vers lui, trop intimidée.

Cependant, cet état fut craquelé lorsqu'il évoqua son "maître". Alecto ouvrit des yeux ronds, comme un petit animal pris au piège d'un collet, voyant arriver les grosses bottes du veneur. Il savait. Il savait ? Non, c'était impossible, il ne pouvait pas savoir pour sa Maîtresse, il ne savait pas lire dans les pensées et... Le pouvait-il ?
Il était un puissant mage, elle l'avait bien constaté et il le lui avait répété plusieurs fois, alors... Sa respiration se fit saccadée, alors qu'elle se demandait si Serenos n'allait pas la punir, que ce soit pour ces actes au Palais, comme ses véritables intentions. Que savait-il exactement ? Etait-ce de la torture ? Elle avala sa salive, qui lui laissa un goût amer dans la bouche.

"M... Messire, Monseigneur, je vous en supplie." Elle joignit les mains, en un geste de prière totalement dévoué. Le supplier de quoi, au juste ? Qu'il ne se lâche pas ? Qu'il ne s'en prenne pas à sa Maîtresse ? Ou peut-être, qu'il ne dise pas à Thiana Gian, si d'aventure il savait qui elle était, comme sa pathétique espionne avait été inefficace ? Cela lui vaudrait à coup sûr une correction dont elle se souviendrait... Et si elle avait sans le vouloir attiré des ennuis à sa Maîtresse ? Si Serenos était plus puissant qu'elle, allait-il lui faire du mal ? Elle fut terrifiée par cette possibilité. Malgré tout ce qu'elle avait pu subir, Alecto était une femme d'une loyauté sans borne et elle semblait aimer la Sorcière comme... comme un chien battu aime son maître.

Peut-être voulait-elle également le supplier de ne pas lui en vouloir, à elle, pauvre domestique, de lui mentir, de lui cacher la vérité. Le supplier de la trouver encore jolie et intrigante, de continuer à chercher sa compagnie. Le décevoir lui semblait un crève-cœur. Elle se mordit violemment la lèvre, longuement, et les mots sortirent de sa bouche d'une traite, alors qu'elle fermait les paupières avec force.

"Je vous ai volé ceci, Mon Roi." Et elle tira de la poche de cette robe fort inadaptée un rouleau de parchemin, provenant vraisemblablement de son bureau. Thiana Gian allait la tuer, ses colères étaient légendaires, elle détestait l'échec ou qu'on la trahisse... Car c'était bien là un acte de trahison, Alecto le savait. Elle venait de trahir sa Maîtresse adorée au profit du Roi des Trois Royaumes, elle avait outrepassé les ordres de la Sorcière.

Elle attendait le couperet, baissant la tête, tendant presque le cou comme on ferait devant un bourreau, les paupières closes, en récitant entre ses dents une prière.

Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 16 vendredi 29 mai 2020, 17:28:42

Le roi ne manqua pas de remarquer le manque de réactions de la jeune femme quand il lui parla de son droit d'être furieuse à son état. Cela étant, tout dépendait de la personne; certains étaient même bien confortables dans la vie d'esclaves, au point que certains protégeaient leur maître avec une loyauté et une véhémence à toute épreuve. Tout comme elle sembla le voir moins grand, moins sublime, il voyait comment sa psyché allait jusqu'à refuser la haine et la colère, tout à fait légitime, que les maîtres d'esclaves méritaient dû à leur cruauté.

Il sentit bien évidemment sa panique lorsqu'il mentionna le concept de maître, et se rendit compte que pour elle, cela lui semblait simplement étranger qu'il sache, mais pour lui, c'était l'évidence même. Les indices étaient autour d'elle, aussi insoupçonnable qu'elle soit. Elle était douce, gentille, docile et belle, un autre homme se serait certainement laissé berné par ces traits, ou ne serait-ce qu'aucun n'oserait croire qu’une demoiselle suffisamment maladroite pour renverser des étagères ne soit une espionne en mission d'infiltration, mais Serenos n'était pas n'importe quel homme, et ce n'était pas la faute d'Alecto, mais celle de sa maîtresse. Serenos sentait sa présence en la jeune femme, la châtiant dès qu'elle faisait un pas de travers. Sa plus grande erreur, ou malchance certains diraient, était de ne pas avoir correctement jugé la magie telle qu'elle agissait en Meisa. Mais même ça ne pouvait lui être reproché; Ayshanra et le Continent sont influencés différemment. La magie, sur le continent, semblait presque imperceptible, alors qu'en Meisa, la finesse du Voile faisait que la magie était plus aisément perceptible, autant pour les mages que pour les gens normaux, ce qui justifiait le plus grand nombre de jeteurs de sort sur Ayshanra.

Elle lui tendit alors un parchemin, admettant le crime de lèse-majesté. Le Roi regarda le parchemin, et il le reconnut instantanément; il s'agissait de ses propres écrits, mais pis encore, il s'agissait de ses recherches sur la magie noire, les sortilèges les plus vils y étaient consignés. Évidemment, ce n'étaient pas des sortilèges que Serenos lui-même comptait utiliser, mais comme une machine ou un phénomène naturel, la seule façon de contrer la magie noire est de savoir comment elle fonctionne, et donc, les sorts que Serenos connaissaient y étaient consignés. Le Roi prit le parchemin de la main de la jeune femme en jurant, avant de lui prendre la main et de relâcher dans sa peau une énergie bienfaisante, avant de repousser la jeune femme en position allongée sur le banc et de rapidement retrousser sa jupe. Là où le parchemin était le plus près de sa peau, celle-ci avait noircie.

Ce n'était pas de la colère que la jeune femme put voir dans les yeux du Roi, mais la panique; les écrits de magie noire étaient toujours corrompus, et leur influence corruptrice attaquait immédiatement ceux qui les prenaient en main sans précaution. Le Roi arracha immédiatement sa ceinture et, sans ménagement, l'enroula au plus haut de sa cuisse, sans respect pour sa modestie, car l'heure était grave. Il se pencha immédiatement sur ce problème et plaqua ses mains sur la corruption. En réponse, la forme noire se mit à se déformer, causant une douleur atroce à la jeune femme, luttant contre le magicien, avant que celui-ci ne l'extirpe, la forme passant de la cuisse de la jeune femme à son bras. Le Roi hurla, à la fois de douleur et, étrangement, d'agacement, en agrippant son bras et l'enserrant jusqu'à ce que la douleur s'amenuise.

Après quelques instants qui durent être d'une grande panique pour la jeune femme, le Roi cessa de gronder, pantelant, luttant pour reprendre son souffle. La douleur était toujours là, bien présente, mais plus comme si on était trop près des flammes ou le bras dans l'eau très chaude. Il regarda Alecto, et s'en approcha, avant de se pencher sur elle de nouveau. Si elle luttait, il ignorait ses coups pour défaire le garrot et laisser à nouveau le sang circuler. Si elle ne le frappait pas, il resta près d'elle.

"La Corruption. Elle est omniprésente, tout comme la magie, mais elle punit ceux qui s'arrogent le droit de déroger aux règles de la nature. Ce parchemin, c'est de la magie très noire, Alecto. Et vous avez bien fait de me le dire, car autrement, votre maître l'aurait récupéré sur le bateau et les marins vous auraient simplement jeté à la mer à la suite de votre décès."

Le Roi regarda la jeune femme, puis réajusta sa robe, remettant ensuite sa ceinture à sa taille. Il marqua cependant une pause et regarda la jeune femme, puis le parchemin, avant de le faire disparaitre d'un sortilège, le renvoyant d'où il venait.

Il posa une main sur la cuisse de l'esclave, là où existait désormais une tâche foncée en croissant de lune, comme une nouvelle tache de naissance, là où le parchemin avait été le plus longtemps en contact malgré les mouvements, et il la regarda dans les yeux.

"Je vous aurais bien dit que vous méritez une punition exemplaire pour votre crime, Alecto, mais cet incident nous aura appris une chose, chacun; à vous, ne touchez jamais aux affaires d'un magicien si vous ne l'êtes pas vous-même. À moi; que je dois redoubler de vigilance quant à mes recueils magiques. Je croyais que les sortilèges de protection auraient suffi, mais que ce soit par un don inné ou par intervention d'un mage fort puissant œuvrant dans l'ombre, vous avez ignoré toutes mes protections. Cela dit, vous méritez une correction."

Il laissa peser un lourd silence entre eux, avant de lui prendre le visage dans ses mains et de plaquer un baiser sur les lèvres de la jeune femme. Le baiser avait pour but de rassurer la jeune Alecto; elle ne serait pas blessée ou malmenée. Il veillerait sur elle, pour un temps. Le baiser se brisa après quelques bonnes secondes, laissant le Roi libre de finir ce qu'il allait dire.

"Votre punition sera de rester au palais, pour quelques jours. Ne serait-ce que pour m'assurer que la corruption ne s'est pas propagée et que vous ne subissez pas de séquelles. Vous allez passer énormément de temps avec moi, Alecto, que cela vous plaise ou non."

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 17 vendredi 29 mai 2020, 18:24:53

Les larmes de douleur coulaient encore le long de ses joues quand elle tenta de se redresser lentement. Qu'avait-elle fait ? Alecto avait pensé voir sa dernière heure arriver. Lorsque le Roi l'avait agrippée, en jurant, elle était persuadée qu'il allait la frapper, se venger de ce crime, lui faire regretté d'avoir osé lui dérober ses affaires. Il faut dire qu'elle n'avait aucune espèce d'idée de ce qu'elle avait volé. Elle s'était contentée de prendre un rouleau au hasard dans la bibliothèque, en se disant que, puis il semblait vieux, plus sa Maîtresse le trouverait intéressant...

Elle était loin de s'imaginer ce qui allait se passer.
Allongée, à demi-nue, elle avait hurlé de sa voix si souvent basse, d'un cri strident et viscéral. C'était un type de douleur qu'elle n'avait jamais ressenti... Une douleur magique. On l'avait frappé, à mains nues, ou avec divers objets adaptés ou non aux punitions corporelles des esclaves. On l'avait brûlé, on l'avait ébouillanté, aussi. On avait brisé son cœur, également. Détruit les objets auxquels elle tenait, éloigné des gens qu'elle avait pu aimer... Mais rien ne ressemblait à la souffrance ésotérique qu'elle découvrait. C'était intenable. A côté, le sang qui cessait de circuler dans sa jambe était juste un petit effleurement.

Ces grands yeux horrifiés et embrumés virent avec effroi Serenos qui luttait contre cette corruption qu'elle n'aurait jamais soupçonné. Elle craignit pour lui, alors même qu'elle souffrait encore... Mais peu à peu, le Roi parut réussir à "maîtriser" cette magie noire, et ne sembla plus en ressentir les effets, au moins d'extérieur. De nouveau penché sur elle, Alecto sanglota en songeant qu'elle méritait une bien pire punition, et qu'il devait être furieux contre elle. Par sa faute, il avait été blessé, elle avait attenté à la vie d'un Souverain de trois royaumes entiers...

Déglutissant difficilement, sans opposer la moindre résistance, docile et trop choquée pour faire quoi que ce soit malgré le malaise immense qu'elle ressentait d'être dans cette position, la jupe retroussée sous Serenos, l'Esclave acquiesça très lentement, pour faire comprendre qu'elle entendait ses explications.

Elle ignorait totalement tout ceci... La ... La magie, bénéfique ou non. Elle avait grandi presqu'en ermite, dans le Monastère. Elle n'avait été éblouie que par la Sorcière qui était désormais sa Maîtresse, et comme le savait Serenos, tenante d'une magie encore différente sur le Continent. Alecto s'en voulait énormément, et se sentait coupable de tant de crimes, divers, qu'elle attendait un châtiment. C'était légitime. Tout acte avait des conséquences, elle était fautive de trop de maux pour ce jour. Le Roi allait la faire enfermer, enchaîner, et elle serait surement pendue, ce qui serait une agonie plus douce que périr petit à petit dans une cellule étouffante sans nourriture.

Il parla de correction. Elle hocha la tête, pour lui donner raison, résignée. Elle devait payer ses actes, c'était ainsi. Elle le savait, et l'acceptait, même. Peut-être que des coups de fouet, ou un emprisonnement ici, était plus doux qu'un châtiment de sa Maîtresse ?

Jamais elle n'osa porter le regard sur son visage royal, et encore moins jusqu'à ses yeux. Elle avait bien trop honte pour cela.

Mais alors qu'elle s'efforçait de tourner la tête, les deux mains du Monarque encadrèrent son visage, et elle sentit sa bouche se presser contre la sienne.

Il lui fut impossible de comprendre ce qui se passait. Elle s'attendait à être punie, et Alecto ressentait désormais un brasier consumer ses lèvres, sa mâchoire s’ankylosa, et tout son corps s'électrisa. Le parfum naturel du Souverain emplissait son nez et sa gorge. C'était la plus délicieuse, la plus exceptionnelle correction qu'on lui eut jamais promis... Jamais l'Esclave n'avait ressenti pareille sensation de plénitude. Son corps cessa de frémir, et même la douleur se calma, le temps de leur étreinte.

Lorsqu'il se détacha d'elle, Serenos reprit son discours, mais la Domestique eut toutes les peines du monde à l'entendre. Ses oreilles bourdonnaient, et il lui semblait que son cœur battait directement dans ses tympans. Il lui parut encore plus magnifié, voyant ses lèvres bouger quand il déclamait la sentence royale. Elle était béate, les yeux grands ouverts.

"O... Oui Mon Roi."

Elle avait parlé sans même s'en rendre compte, et ce fut après avoir entendu sa voix, lointaine, qu'elle parut s'éveiller de ce songe. Cillant à coups vifs, elle réalisa alors ce qu'il venait de dire.

"D... Rester ici ?" Un hoquet lui échappa, elle s'attendit à recevoir une décharge électrice dans les reins, mais rien ne vint. "Majesté, je... Je ne peux pas... C'est. Vous savez, ma Maîtresse... Elle. Elle va constater mon absence. Qu..." Oh, elle était angoissée à l'idée que la Sorcière s'impatiente et ne la punisse, à distance, ou non, d'ailleurs. Mais en réalité, ses grands yeux bleus ne paraissaient pas aussi terrifiés qu'avant : elle avait même l'air... soulagée.

Rester. Rester ici quelques jours. Avoir la chance d'être en sa compagnie encore. Vivre dans cette bulle un temps. Elle se dit que, même rester dans l'ombre de Serenos serait un privilège. Qu'elle pourrait se contenter d'attendre à une fenêtre, dans l'espoir de le voir passer au loin, se nourrissant de son existence, même lointaine. Parfaitement émue, Alecto soupira longuement, révélant ses véritables sentiments.

"Je vous promets de vous êtres utiles, Votre Altesse. Je vais... je vais me racheter, je vous le jure." Quelle clémence, quelle bonté... Pour l'Esclave, le Roi était un Saint, désormais, c'était certain. Elle posa soudainement sa main sur son genou, sans vraiment réfléchir à son geste.

"Je vous promets de vous servir, Mon Roi. Accordez-moi votre Pardon, je vous en conjure."

Serenos I Aeslingr

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 18 vendredi 29 mai 2020, 19:14:06

Elle semblait soulagée, heureuse. L'épreuve qu'elle venait de subir allait assurément rester un bon moment dans sa mémoire, mais il n'était pas pressé; il savait prendre son temps. Il avait appris que les émotions fortes et négatives nourrissaient la corruption, autant qu'elle nourrissait la magie, c'était donc peut-être une bonne chose que la jeune femme de piété qu'elle était ne puisse contenir de haine ou de colère, cela voulait dire que dans les faits, la corruption ne risquait pas de revenir, mais il voulait avoir une excuse de la garder ici.

Malgré tout, elle n'était pas tranquille. Visiblement, sa maîtresse était quelqu'un de terrifiant à ses yeux. Il lui sourit doucement, alors qu'elle paniquait.

"Je lui enverrai un message lui disant que vous êtes mon invitée," lui dit-il d'une voix réconfortante. "Même elle ne pourra pas s'en prendre à vous. Si elle veut venir vous réclamer, elle se présentera d'elle-même. Entretemps…"

Le Roi retira une des chaines qui adornaient son cou, et la passa autour de celui d'Alecto. Accroché à la chaine se trouvait un petit médaillon, avec un oiseau noir qui ouvrait les ailes.

"Ce médaillon vous protégera de ses réprimandes. Ce n'est pas un collier, ni une laisse; si vous tenez à partir, je ne vous retiendrai pas, mais je refuse qu'elle s'arroge le droit de faire valoir ses droits de maîtresse tant que vous êtes sur mon territoire. Tant qu'à m'être utile…"

Il réfléchit un moment. Il n'avait que rarement assigné des tâches à qui que ce soit en dehors de l'armée, et comme il ne connaissait rien de l'esclave, ce serait irresponsable de sa part de lui donner un poste de domestique, sachant les dangers qui sillonnaient son château. Non, il devait la garder près de lui. Elle ne savait pas se battre, donc garde du corps serait trop dangereux. Il était immunisé à la plupart des poisons, donc goûteuse ne lui serait d'aucune aide. Après quelques secondes, il eut une idée qu'il, très immodestement, trouvait géniale.

"Je sais!" s'exclama-t-il avec un sourire rayonnant. "Vous pourriez être ma compagne."

En Meisa, il existait plusieurs rôles dans la haute société pour les femmes. Épouses et mères, bien sûr, comme partout ailleurs, mais quand il y avait une reine, elles se faisaient assigner des dames de compagnie, qui veillaient à leur bien-être, à leur amusement, et aidait également ces jeunes demoiselles à développer les talents nécessaires à prendre leur place dans la société. Une compagne, en revanche, était une dame de compagnie pour le Roi, lorsqu'il n'y avait pas de reine. À l'instar de celle-ci, elle accompagnait le Roi où qu'il aille, incluant dans les bals et banquets, prenant la place que la Reine aurait prise si elle était là. Contrairement à la Reine, cela n'engageait en rien la compagne à partager la couche du Roi dans le sens sensuel du terme. C'était normalement un traitement réservé aux maîtresses royales, mais comme celles du Roi étaient, pour la plupart, désormais mariées ou avaient quitté le château pour de nouveaux horizons, il n'y avait plus personne pour remplir ce poste.

Évidemment, Serenos savait qu'elle n'était pas de cette société, alors il lui expliqua calmement ce que ce rôle signifiait, pour la rassurer. En d'autres termes, pendant les prochains jours de son séjour, elle serait l'assistante exclusive du Roi et ne quitterait pas sa présence sauf si elle le désirait ou s'il le lui demandait de lui-même. Elle aurait la même légitimité que n'importe quelle femme de la cour à s'instruire, et cultiver son jeune esprit, ce qui, pour le Roi, l'aiderait peut-être à apprendre à se protéger des gens qui pourraient l'abuser dans l'avenir. Elle aurait accès à l'Arcanum sous la supervision du Roi, et aura même l'obligation d'être occasionnellement égoïste avec les attentions de son compagnon.

On pourrait se demander pourquoi le Roi allait aussi loin pour une inconnue. La réponse est toute simplement; deux raisons bien évidentes. La première; il savait qu'il apprécierait sa compagnie, et deuxièmement, il s'ennuyait terriblement dans sa solitude. Être Roi, disait-il, est quelque chose d'excessivement pénible, et comme aucune femme de la cour ne trouve grâce à ses yeux, il n'a jamais considéré de se remarier pour alléger le fardeau de la couronne. À un moment, ses nobles voulaient qu'il considère de se marier à la Reine de Nexus, mais ce plan était tombé à l'eau avec sa disparition, et il était absolument hors de question qu'il se marie à une des conseillères de régence; il soupçonnait certaines d'entre elles d'être beaucoup plus vieilles que lui.

"Je vous rassure; vous n'avez peut-être aucune expérience en tant que femme de la cour, mais cela n'a que peu d'importance. La compagne n'a aucun pouvoir politique, et je ne vous infligerais pas des banquets protocolaires pour vous embarrasser, à moins que vous ne désiriez apprendre. Ce n'est peut-être que temporaire, et vous voudrez peut-être retourner à vos obligations, mais je crois que ce sera une belle expérience pour vous. Et puis…"

Il posa une main sur celle de sa nouvelle amie, qu'elle avait négligemment posé sur son genou, et la posa contre sa joue rugueuse et barbue. Pour certains, le Roi semblait presque sauvage dans ses traits, mais pour d'autres, il était un homme qui n'aimait pas la caresse du rasoir, tout simplement. Ce geste, évidemment, était plus qu'une démonstration d'affection; c'était une illustration de son privilège en tant que compagne, si elle acceptait.

"Je ne peux m'empêcher d'imaginer la tête rouge de jalousie que tirerons tous ces idiots de nobliaux quand ils vous verront."

Qui dit que le Roi était sans humour?

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 19 vendredi 29 mai 2020, 22:28:04

Pénétrer dans l'Arcanum était déjà en soi une grâce qui l'avait comblé à un point qu'elle n'aurait pu imaginer possible. Cette fois, Serenos lui offrait plus qu'un lieu légendaire où elle se sentait sereine. Il lui proposait un poste... Non content de lui avoir annoncé qu'en ses royaumes, l'esclavage n'était pas autorisé, il l'élève sur un simple coup de tête à un rang que jamais elle n'aurait imaginé pour espéré. Par ailleurs, elle ignorait sans doute qu'une telle fonction existait, tant les problématiques et les protocoles de Cour lui étaient étrangers.

Voir le Roi s'exclamer et sembler très heureux de sa trouvaille, quant à son utilité sur les prochains jours le métamorphosa. En plus d'un Monarque un peu grave même si bienveillant, il semblait un peu plus jeune quand il souriait ainsi. Alecto le trouva charmant. Son sourire fut communicatif, et elle se prit à tirer ses lèvres d'une manière joyeuse, bien qu'encore intimidée. Elle ne cessait de toucher le médaillon qu'il lui avait offert, comme le plus beau des trésors protecteurs.

Mais soudain, elle se rendit compte qu'en effet, être Compagne était un rôle compliqué, et peut-être dangereux ? Elle le regarda intensément pendant qu'il lui expliquait les rudiments de ces nouvelles fonctions provisoires. Alecto faisait un effort de concentration extrême, son visage reflétant sans doute une expression assez idiote d'intensité, pour tenter de mémoriser tout ce qu'il récitait. Comment faisait-il pour se souvenir d'autant de choses si spécifiques ? Lorsqu'il évoqua les subtiles mais importantes différences entre les Maîtresses Royales et les Compagnes, la Domestique ne put s'empêcher de rougir et baisser les yeux.

Il l'avait embrassée, elle avait encore son emprunte frémissante sur ses lèvres, tant qu'elle se mordit furtivement pour se remémorer. Alecto se demandait ce que cela pouvait bien représenter pour un Roi ? Sans doute pas grand chose... Elle se sentit idiote d'avoir pris ce geste comme quelque chose d'exceptionnel, mais cette légère ombre au tableau fut bien vite chassée par la voix envoûtante de Serenos.

Acquiesçant souvent en silence, lorsqu'il détaillait ses missions, l'Esclave pris peur de n'être pas du tout à sa place, elle ne put s'empêcher de murmurer.

"Et... Et si je vous causais du tord, involontairement ? Pensez-vous qu'on m'acceptera ?" Elle se mordit l'intérieur de la joue de manière assez mal à l'aise.

Elle avait peur d'être gauche, un poids, voire un boulet pour lui. Aurait-il des adversaires politiques pouvant se servir de cette nouvelle lubie, pour lui nuire ? Le protéger lui semblait désormais important, même si naturellement... Elle en serait parfaitement incapable. Que pourrait-elle faire pour agir quant à la sécurité du Monarque ? Rien, bien sûr. Pleurer, trembler, et pour sûr, prier.

Avec un léger sourire timide, levant ses grands yeux clairs pour fixer les siens, la petite Esclave osa alors caresser la joue barbue qu'il l'avait invité à effleurer, et son cœur accéléra encore, exprimant un profond émoi du fait de ce contact. Elle lâcha même un rire cristallin, à sa remarque, son pouce glissant avec une audace toute relative, mais pour elle vraiment très ambitieuse, sur sa joue.

"J'espère ne pas vous faire honte alors, Sire..." Était-ce vraiment réel, tout ceci ? Rêvait-elle ? Prise d'un soupçon finalement, elle le regarda d'un drôle d'air, en fronçant les sourcils.

En réalité, cela ressemblait peu à ses songes habituels. Ils étaient emplis de souvenirs imprécis et durs. Elle battit des cils. Et s'approcha légèrement de lui pour l'observer de plus près, gardant le plus longtemps qu'elle y sera autorisée sa main sur son visage, trop heureuse de ce contact qui faisait accélérer son pouls.
Assurément, elle ressentait trop de choses pour qu'il s'agisse d'un rêve... Son pouce s'approcha timidement de ses lèvres.

"J... Vous me faîtes trop d'honneur, Votre Altesse." Elle se sentait irrésistiblement attirée vers elles, fascinée. En se rendant compte qu'elle s'avançait vers le Roi, Alecto sursauta et reprit sa place en saisissant le médaillon offert. Pour tenter de se rattraper, comme si elle était coupable de quelque offense, la jeune femme souffla bien vite : "Je pourrai également vous faire la lecture ? Ou écrire vos courriers ? Décorer quelques lettres galantes peut-être ? Je... j'ai appris l’enluminure, Majesté, et mes Maîtres ont toujours apprécié mon trait."

Serenos I Aeslingr

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 20 vendredi 29 mai 2020, 23:31:22

"Et... Et si je vous causais du tort, involontairement ? Pensez-vous qu'on m'acceptera ?"

L'idée même qu'elle puisse lui causer du tort arracha un sourire enjoué au souverain. Honnêtement, il doutait que même si elle tentait, elle pourrait lui causer assez de problèmes que cela aurait un impact significatif sur l'entièreté des problèmes qu'il avait déjà.

"Si personne ne vous accepte, je vous accepterai." Dit-il avec une inébranlable certitude dans la voix.

Il sentait le trouble en elle, cette peur de faillir, mais elle devrait comprendre qu'à moins de commettre une bourde monumentale d'ordre quasi-cosmique, il était assez improbable qu'il perde pied; il était assez solide pour pouvoir entretenir cette relation et maintenir sa position en tant que Roi. Évidemment, il n'était pas impossible que quelqu'un cherche à exploiter cette opportunité, car le Roi prenant une compagne que nul n'avait jamais vu pouvait être vu comme un attachement surprenant et aisément exploitable, mais Serenos préférait ne pas s'en faire à moins que la situation ne change. Ce n'était pas de l'insouciance, loin de là, mais une évaluation des risques. Si la jeune femme était une pratiquante de la magie, alors oui, là, il s'en ferait et prendrait des précautions, mais la seule chose qu'il ne parvenait pas à comprendre et à élucider à son sujet, c'était comment elle avait passé outre ses défenses, et à sa réaction, elle ne le savait pas elle-même, peut-être qu'elle ne s'en était même pas rendue compte.

"J'espère ne pas vous faire honte alors, Sire..."

Ces mots éveillèrent quelque chose en lui. Il prit un instant sa main dans la sienne, et posa un baiser sur sa paume, avec douceur.

"Ne vous faites pas de souci, Alecto. Accordez-moi votre confiance." Répondit-t-il avec cette même assurance, lui accordant un nouveau sourire.

Ils s'observèrent encore un moment. Même que la "domestique" s'approcha de lui, la main posée sur la joue du Roi, caressant sa peau rugueuse de son pouce, puis sur sa lèvre inférieure. Le Roi la laissa faire, pour qu'elle explore ce que le rôle de compagne lui donnait comme liberté.  Il ne fit aucun geste, fasciné par le développement de la situation et, honnêtement, le suspense à lui seul provoquait un sentiment d'alerte en lui, comme si tout d'un coup, de milliers de différents scénarios se déroulaient dans sa tête.

"J... Vous me faîtes trop d'honneur, Votre Altesse." Lui dit-elle, en un souffle, un souffle qu'il, par la proximité, parvenait à sentir contre son visage.

Encore quelques centimètres. Elle y était presque.

Encore!

Le cœur du Roi battait dans sa poitrine, il pouvait l'entendre dans ses propres oreilles. Lorsqu'elle fut assez près, le Roi s'inclina pour venir réceptionner ce baiser qu'elle semblait lui promettre, mais elle se ravisa en se remettant en place, nerveusement. Elle tenta de lui dire quelque chose, lui demandant si elle pourrait lui faire la lecture, comme pour essayer de le distraire, mais comme elle finissait sa phrase, le Roi lui avait déjà attrapé la main. Ses yeux plantés dans les siens, le Roi posa un baiser sur la cicatrice sur son poignet. Il fit tourner la main d'Alecto dans la sienne, puis en posa un autre sur l'éraflure sur son avant-bras, sans décrocher leurs regards.

"Alecto."

Il se repositionna sur le banc, un pied au sol, un genou sur le siège, la regardant toujours, en se penchant sur elle, relâchant ses mains pour les poser de chaque côté de la belle, la coinçant sans l'emprisonner entre le dossier et l'appui-bras.

"Si vous acceptez d'être ma compagne," dit-il en s'approchant d'elle. "Vous pouvez me faire la lecture, écrire mes lettres, vous pouvez peindre mon portrait, vous pouvez me gifler, ou m'appeler par mon prénom si tel est votre désir."

Il se pencha davantage et cette fois, il posa sur les lèvres de la jeune femme un véritable baiser. Sa main droite quitta le siège, se posant sur la joue de la jeune femme, puis glissa sur son épaule, dénudant sa peau, et posant un baiser sur son épaule, puis son cou, avant de reculer et la regarder dans les yeux. Comme il le lui avait expliqué, le rôle de compagne n'était pas un rôle qui nécessitait que la jeune femme se donne au Roi, c'était un poste qui faisait d'elle une forme de dame de compagnie. Elle était parfaitement libre, et elle savait maintenant qu'il tenait parole, mais il avait vu ses regards, ses comportements, et il croyait qu'il pouvait considérer qu'elle pourrait, en fait, nourrir la même attirance envers lui qu'il semblait ressentir envers elle.

Il brisa le baiser, puis lui en donna un autre, puis un dernier, avant de se reculer un peu et la regarder dans les yeux, sa main glissant sur son épaule pour venir rejoindre sa main et se lier à elle, croisant les doigts aux siens. Il y avait une sincérité dans ses gestes, une franchise. Ce n'était pas que du désir, bien sûr, et c'était beaucoup trop tôt pour parler d'amour, mais il y avait une attirance, et une envie de lui offrir son affection qu'il ne pouvait plus simplement réfuter.

"Vous pouvez même m'interdire de regarder avec convoitise une autre que vous tant que vous serez au palais, et je satisferai cette demande, car ma compagne ne sera jamais seconde à aucune autre dame. Demandez, ma compagne, ce que votre cœur désire, et si je le puis, j'exaucerai ce désir. Enfin... seulement si vous m'appelez également par mon prénom."

Par ces mots, il entendait évidemment qu'elle doive pouvoir se sentir à l'aise de lui demander de reculer, si elle le voulait, ou de poursuivre. Elle pouvait lui demander de lui montrer le château, même, ou de l'escorter jusqu'à son lieu de repos. Compagne, pas servante. Compagne, pas maîtresse. Elle était la Compagne de Serenos, et dans cette forme d'intimité, elle avait le droit à ce qu'elle désirait.

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 21 samedi 30 mai 2020, 00:32:57

Ce serait mentir que d'affirmer qu'elle n'avait pas imaginé un tel élan de la part du Monarque. Ses épaules massives penchées sur elle, son visage barbu contre le sien, la brûlure de sa bouche contre ses lèvres, sa peau... Le brasier de ses pommettes, sa gorge et sa colonne vertébrale s'était remis à l'emplir et à la foudroyer, immédiatement. Comme un irrépressible appel qu'elle ne savait expliquer, Alecto glissa ses doigts dans la jungle de ses cheveux sombres, se laissant aller, même, quel courage !, à lui rendre son baiser avec toute l'étendue de sa dévotion.

Le feu du baiser sur son épaule la fit se cambrer et ouvrit de grands yeux, manquant un battement de cœur. L'odeur de sa peau lui semblait envoûtante, entêtante même. Etait-elle sous l'emprise d'un sort ? Oh non, elle le pensait incapable d'une telle fourberie. La nouvelle Compagne se laissa aller totalement à cette étreinte inespérée et la sincérité qu'elle percevait la faisait frémir d'émotion.

Beaucoup de sentiments se heurtaient dans son petit crâne, et Alecto se demandait ce qui serait le plus dur pour elle... le gifler, ou l'appeler par son nom ? S'il le réclamait, pourrait-elle seulement refuser ? Non pas qu'il l'y oblige non, mais elle-même n'avait jamais osé contredire la parole d'une personne plus puissante qu'elle. Et... il fallait avouer que 90% des gens qu'elle avait croisé dans sa vie avait ce statut. On ne peut décemment pas désobéir à un Roi ! Mais de là à le frapper ? Elle aurait été paniquée à cette idée, si elle n'était pas trop occupée à se consumer.

Avait-elle souvenir d'avoir jamais embrassé un homme qu'elle désirait ? Même aucun homme, ou femme d'ailleurs, qu'elle n'ait pas trouvé effrayant ou repoussant ? Aucune personne l'y ayant contrainte ? C'était donc ainsi, l'électrique volcan de l'attraction et de l'émoi ? Quel délice. Pouvait-on imaginer plus douce sensation ?

Elle se serait perdue corps et âme si Serenos n'avait pas brisé leur étreinte, pour mieux y revenir, plus empressé. Elle passa ses bras autour de son cou avec maladresse, comme pour le retenir le plus possible, étonnée elle-même de son culot. La toute récente Compagne le lâcha cependant, se noyant dans ses yeux avec une expression de plénitude embrasée à l'intérieur de ses iris azur.

"C'est que... Sire... Monsei... euh." Elle pinça les lèvres, gênée d'être aussi bouleversée, sans réussir à parler. Son regard la perturbait et la proximité de son visage l'empêchait de se concentrer sur ce qu'elle voulait lui dire.

"Jamais il... ne me viendrait à l'idée de vous interdire... quoi que ce fut." Balbutia-t-elle, le souffle court. Ses joues la brûlaient et un picotement qu'elle jugea d'impur fourmillait sur l'intérieur de ses cuisses.

Pour tenter de reprendre pied, Alecto se contracta pour enfouir son nez dans ses cheveux qui retombait autour de son visage penché sur elle, et parler plus bas, à son oreille. Ainsi, elle savait qu'elle n'aurait pas à subir la tentation de son regard, de ses lèvres, et du magnétisme qu'il avait sur elle. Même si, bien sûr, se trouver si proche de lui, presque collée, était à lui-seul une source d'affolement. Elle ferma les yeux.

"Pouvez-vous... m'accorder..." Elle inspira l'odeur de sa chevelure involontairement et manqua de perdre le fil de ses pensées. Celles-ci revinrent cependant, comme un couperet la ramenant à la réalité. "M'accorder votre Pardon, Votre Ma... Sé.. Sérénos."

Alecto avait la sensation d'avoir blasphémé. Jamais elle n'avait appelé par son prénom un Maître, un homme-libre et encore moins un Monarque. Cela lui coûta énormément, et elle trembla, redoutant presque une gifle pour la punir de son impudence. Conditionnée ainsi, il lui faudrait beaucoup de temps avant de pouvoir se sentir à l'aise avec cette toute nouvelle proximité voire... cette égalité qu'elle n'avait jamais connu.

Comme beaucoup de dévote, la Domestique vivait dans la culpabilité d'exister... Et obtenir le Pardon du Roi était la première étape vers son chemin de rédemption. Il lui était indispensable pour, ensuite, pouvoir espérer demander pardon à Dieu.

Serenos I Aeslingr

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 22 samedi 30 mai 2020, 01:06:54

Les baisers reprirent de plus belle lorsque les bras d'Alecto se refermèrent sur lui, enlacant son cou, comme pour le retenir, ce qui enflamma davantage la passion de cet homme. Elle tenta de parler, mais comme elle cherchait ses mots, le Roi lui donna un peu plus de tendresse en venant cueillir un autre baiser sur ses lèvres fraiches comme la douce caresse du printemps. En réponse à son étreinte, le Roi passa sa main libre dans le dos de sa belle et l'attira contre lui, approfondissant et prolongeant ce baiser chargé de tendresse, mais le brisant de nouveau quand elle tenta de parler, lui disant qu'elle ne désirait pas l'arrêter, ou le priver de sa liberté, ce qui, quelque part, amusa mais également frustra le Roi, car la voir démontrer ne serait-ce qu'une pointe d'égoïsme à son égard aurait flatté l'égo de l'homme.

Elle vint alors se nicher contre sa tête, brisant le contact de leurs lèvres et de leur regard. Le Roi se retrouva donc pressé contre sa tête, les lèvres de la jeune femme murmurant sa requête au creux de son oreille, lui demandant de lui accorder son pardon, et suivit cette demande par la prononciation de son prénom. Elle se crispa un peu contre lui, il sentit à quel point elle était alarmée par ce qu'elle percevait être de l'impertinence, mais en tout gratification, le Roi recula de quelques centimètres, levant leurs mains liées dans une douce étreinte, resserrant légèrement sa prise.

"Je vous pardonne, Alecto." Dit-il d'un ton doux, et chaleureux. "Bien sûr que je vous pardonne."

Comme pour sceller ce pardon et l'officialiser, il revint à l'assaut de sa bouche et l'embrassa, sa langue s'infiltrant doucement dans la bouche d'Alecto et se joignit à la sienne pour l'engager dans une tendre valse.

De quoi lui pardonnait-il exactement? Il ne saurait dire. Peut-être qu'elle voulait son pardon pour s'être infiltrée dans son bureau, de s'être blessée, d'être une espionne, de ressentir une attirance pour une personne qui n'était pas sa maîtresse, d'avoir accepté d'être sa compagne, ou tout simplement d'avoir prononcé son nom, mais le Roi lui pardonnait l'intégralité de ses fautes et, s'il avait été dans son pouvoir de le faire, tous ses péchés.

Quant à ces péchés, Serenos était ce qui était de plus loin d'être un ecclésiaste, donc il n'avait aucun réel pouvoir sur eux, d'autant qu'ils n'appartenaient pas à la même confession et ne vénéraient pas le même Dieu. Le Roi de Meisa n'avait qu'un seul et unique souverain immatériel, et contrairement à ce que beaucoup pourraient croire, il ne s'agissait pas de la magie, mais sa raison; et même parfois, il pêchait envers celle-ci en se laissant dévorer par ses passions.

La main du Roi glissa doucement de la main de sa compagne pour caresser ses bras, puis ses épaules. Même s'il aurait voulu être quelqu'un de plus réservé, contrôlé, le Roi était tenté de consommer la jeune femme, et ce désir sauvage était des plus difficiles à mater, surtout parce qu'Alecto était un délice de douceur, de vulnérabilité, que sa nature brutale ne désirait que dévorer voracement, comme la bête qui se cachait dans tout homme, mais il avait donné sa parole; nul n'était esclave en Meisa, pas même esclave de ses passions.

 Il brisa doucement leur baiser, puis se redressa doucement pour retirer sa veste et sa tunique, se retrouvant torse nu devant la jeune femme. Il lui prit doucement les mains et les posa contre la peau chaude de son torse, contre ses cicatrices. Les blessures ne le privaient en rien de son intégralité physique, mais lui donnait un air sauvage, aguerri, le genre de physique que l'on s'attendait d'une brute qui pillait les villages et violentait les femmes qu'il y trouvait. Pourtant, il radiait de lui une dignité indéniable; il n'était pas ce genre d'homme.

Le Roi se laissa tomber sur un genou, et s'empara du pied de sa belle, défaisant doucement ses sandales pour elle, et dans ce geste lui prouva qu'elle n'était pas inférieure à lui. Il posa un baiser tendre sur ses petits pieds nus, avec respect et tendresse, avant de remonter les mains et lui caresser les jambes, puis les cuisses, remontant jusqu'à ses hanches, sous sa robe, caressant sa peau avec douceur et révérence, lui laissant toute la liberté de l'arrêter si tel était son désir. S'il savait une chose sur les esclaves, c'était qu'il était très difficile pour elles de montrer une résistance, donc il était nécessaire d'être à l'écoute des signes de refus qu'elles pouvaient montrer, que ce soit un resserrement des cuisses, une tension des muscles, parfois même un gémissement de protestation que, pour leur survie, elles tentaient de faire passer pour des chants de plaisir.

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 23 samedi 30 mai 2020, 12:16:07

Le Pardon Royal obtenu, le corps d'Alecto se détendit d'un coup, un immense soulagement la gagnant. Elle souffla tout doucement une grâce à Dieu, reconnaissante de sa Clémence, et les baisers qu'ils échangèrent ensuite semblèrent plus légers. La gravité dont elle faisait parfois preuve, qui passait souvent pour un regard extérieur pour de la crainte -et bien que ce fut le cas également- s'était un peu allégée.

Bien sûr, la désormais Compagne continuait de trembler, frémir, et pincer les lèvres avec ferveur à chaque fois qu'une partie du corps de Serenos la frôlait et elle vibrait à chaque fois qu'il l'embrassait. L'attrait qu'elle percevait dans ses étreintes la bouleversait, ne pouvant encore y croire totalement. Tout ceci semblait irréel, un peu comme ce lieu magique dont elle n'aurait jamais pu rêver. Le Roi se montrait doux et délicat, bien qu'il ne put réprimer totalement le désir qui assurément avait pris possession de lui, et Alecto s'en trouvait tout à la fois flattée et paniquée. Aveuglée par son propre émoi et le bouillonnement intérieur qui la laissait brûlante, elle n'avait plus aucune notion de temps ou d'espace.

Se laissant porter, il faut l'avouer, sans être véritablement moteur de la situation, son instinct reprenait les rênes, cependant. La Domestique se découvrait la force et l'étonnante facilité avec laquelle ses mains caressait les joues et timidement ses épaules, surprise par ses propres capacités, et presque fière de ces ridicules mouvements mal assurés.

Soudain, Serenos se découvrit, veste et chemise au sol, et il fut impossible pour Alecto de ne pas écarquiller les yeux au moment où sa main guidait la sienne sur son torse. Elle parut grelotter, alors qu'elle bouillait, confuse de l'observer dans cette nudité brusque, à laquelle elle ne s'était pas attendue. A quoi songeait-elle, alors ? Oh, bien sûr, elle l'avait imaginé, en rougissant intérieurement.
Elle avait nu nombre de bustes d'hommes, et de femmes, dans le plus simple appareil. Cependant, au delà des contextes des quartiers d'esclaves dans les grandes Maisons où elle avait servi, qui la laissaient toujours mal à l'aise de pudeur, Alecto n'avait touché que des peaux souvent très immaculées, et jamais de son plein gré.

Le torse du Roi était constellé des souvenirs de ses batailles et des douloureuses épreuves qu'il avait affrontées. A mesure qu'il lui en faisait la carte en guidant sa main, la jeune femme examinait le grain de sa peau, la forme de ses cicatrices, les renflements de traces de morsures... Elle souffrit, légèrement, en songeant aux douleurs qu'il avait pu ressentir, pleine d'empathie. Il devait être si brave, pour avoir pu endurer tout ceci, et rester si digne, et bon. Son affection pleine de compassion s'en trouva décuplée, bien que ce ne soit pas son sentiment premier lorsqu'elle effleurait sa poitrine.

A mesure que le Monarque délassait ses sandales, la Compagne sentait sa respiration s'accélérer. Elle était assez naïve, mais pas idiote. Pas totalement du moins. Le feu en elle consumait tout sur son passage, faisant tomber ses barrières avec une désopilante facilité, mais il résidait une forteresse... Sa Foi. Elle avait été éduquée parmi les Soeurs, et à mesure que les mains de Serenos remontaient sur ses jambes aux genoux anguleux et fins, à mesure que sa gorge commençait à émettre de très discrets gémissements timides, alors, un sentiment pernicieux revenait.

Sa notion manichéenne de la vie en prenait un sacré coup. Était-ce... bien, ce qu'elle faisait ?
Alecto ne pouvait nier le désirer. Aimer ses caresses, et même souhaiter davantage. Elle n'avait pas souvenir d'avoir déjà ressenti un tel attrait, qui lui donnait la fougue nécessaire pour oser les demander par un langage corporel discret.
Quand les doigts du Roi effleurèrent ses hanches striées de cicatrices, elle se crispa soudainement. Impossible de ne pas le ressentir, Serenos était bien trop à l'écoute de sa Belle pour l'ignorer. Naturellement, ses précédents Maîtres et Maîtresses n'en avaient jamais tenus compte. Alors, elle ne s'attendait pas à ce qu'il réagisse, si ce n'est pour accentuer sa prise, comme ils l'avaient fait tous, excité par sa résistance.

A sa grande surprise, le Roi des Trois Royaumes se stoppa dès qu'elle plissa les yeux d'une manière évidemment mal à l'aise. Le visage d'Alecto exprimait un étrange mélange de souffrance, de convoitise frustrée, et de peine. Son esprit lui refusait ce que son corps réclamait. Elle n'osa pas le regarder dans les yeux, de peur de le décevoir, trop habituée à avoir été frappée si elle avait l'air de ne pas apprécier les assauts de ses amants.

Resserrant les cuisses sans s'en rendre compte, elle se mordit la lèvre, confuse. Elle s'en voulait, de manière violente, même. Elle s'en voulait de ne pas réussir à dépasser la peur, les mauvais souvenirs. Elle en avait tant envie... Tout son être brûlait, et sa respiration courte n'en était qu'un des nombreux signes. Mais elle en était incapable, du moins, pour le moment.

"Majesté je..." Il lui faudrait du temps avant que son prénom ne lui vienne naturellement, pour sûr. Que lui dire ? Pardon ? Que ce n'était en rien qu'elle n'avait pas confiance en lui, ou qu'elle n'éprouvait pas un puissant et viscéral désir pour lui ? Se donner au Roi était actuellement une pensée égale à un coup de marteau dans son crâne, qui résonnait dans tous ses membres. Mais elle avait trop de questions morales en tête, qui l'en empêchaient.

Penaude, un peu craintive et surtout, terriblement frustrée, ses lèvres tremblèrent.

"Je n'ai... je n'ai pas l'habitude..." Comment exprimer ses blocages sans se sentir idiote ? Le décevrait-elle ?
"C'est que. Oh, Sire..." Un flash dans sa tête lui ordonna bientôt de parler. "Il n'y... a pas de. De Temple de l'Ordre ici, n'est-ce pas ?"

Prier. Demander le Pardon Divin, faire pénitence. Au plus vite. Chercher les réponses dans la jeûne, ou la lecture de textes religieux. Demander l'aide du Très Haut. S'abîmer dans la nature réconfortante des vieilles pierres au parfum d'encens. Retrouver une sécurité émotionnelle que, toujours, ces lieux avaient réussi à lui procurer. En somme... fuir. Fuir son désir, le feu ardent de son cœur, l'appel de son corps.

Alecto fit l'erreur de relever les yeux vers son visage et laissa échapper un soupire en le contemplant. Son buste nu la fit rosir, elle sentit sa gorge sèche. "Que Dieu me vienne en aide" murmura-t-elle en l'admirant avec dévotion.

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 24 samedi 30 mai 2020, 14:29:53

Comme il l'avait pressenti, ce ne fut pas sa voix qui lui indiqua son refus, mais les messages discrets de son corps. Serenos avait eu nombres d'aventures par le passé qu'il reconnaissait la plupart des signaux qu'un ou une partenaire pourrait lui opposer en signe de refus, ou même en signe de réceptivité. Il y avait quelque chose dans le regard d'Alecto qu'il n'aurait pu rater, mais le resserrement de ses cuisses acheva de le convaincre que c'était là qu'ils mettraient fin à cette danse.

Était-il frustré? Bien sûr qu'il était frustré. Il était un homme, ses sens étaient tous rivés sur Alecto et les promesses de ses bras, et le voilà qui se les faisait refuser. C'était la même frustration qu'un enfant qui croit qu'il allait recevoir un morceau de chocolat, et qu'au final, le chocolat ne voulait pas se fai… vous savez quoi? On laisse tomber les métaphores. Mais contrairement aux enfants, Serenos était capable de contrôler ses pulsions et ses émotions à un certain degré, donc il s'arrêta net et ne fit pas la tête. Au contraire, il regarda le visage d'Alecto, qui tentait d'éviter son regard.

"Majesté je...
-Serenos.", la corrigea-t-il d'une voix très douce.

Il se releva lentement, expirant cette frustration hors de lui, pour récupérer son calme.

Comme il l'avait expliqué à la jeune femme, la magie se nourrissait des émotions, mais cela ne venait pas sans risque. Les émotions négatives telle la frustration, la colère ou la haine étaient, en essence, véritablement dangereuses pour un mage de sa trempe, aussi, il était important de savoir relâcher ses émotions. Les réprimer ne les laissait pas aller, et contribuait même à les développer, donc les magiciens apprenaient très tôt à accepter que certaines choses étaient hors de leur contrôle et qu'y attacher une trop vive émotion n'en valait probablement pas la peine.

"Je n'ai... je n'ai pas l'habitude..."

Elle tentait bien de lui expliquer, mais elle peinait, il le voyait bien. C'était difficile d'outrepasser ses propres émotions et son éducation d'esclave. Parler ainsi à quelqu'un d'un rang social plus élevé que le sien, bien qu'elle ait été élevée au rang de compagne royale, devait aller à l'encontre de tous ses instincts.

"C'est que. Oh, Sire... Il n'y... a pas de… De Temple de l'Ordre ici, n'est-ce pas ?"

"Si."

Le Roi se pencha et récupéra ses vêtements, calmement, pour se rhabiller et confirmer à la jeune femme qu'elle n'aurait plus rien à craindre; il ne la forcerait pas à satisfaire ses désirs. Il mit à nouveau un genou en terre et s'apprêta à lui remettre ses sandales, mais il remarqua l'état pitoyable de celles-ci. Si ces sandales avaient été belles, cela n'était pas depuis qu'elles avaient été rapiécées. Il les jeta sur le côté, refusant d'imposer à sa compagne de ce genre de choses. Il préférait la soulever dans ses bras et la porter de lui-même.

Alors qu'il refermait son emprise sur elle, il la souleva de terre. Il s'ensuivit d'un long silence au courant duquel le Roi et sa compagne traversèrent les couloirs de marbre et de pierre blanche du palais royal. Ils grimpèrent quelques marches, puis ils se retrouvèrent devant une grande porte de bois de cerisier. Elle était condamnée, mais le Roi, d'un geste des doigts, arracha les planches avec la magie, les posant contre le mur pour éviter que quelqu'un ne marche dessus, puis poussa la porte avec le pied.

À l'intérieur, il y avait effectivement une chapelle. Elle avait dû être somptueuse à une époque, mais il était clair que le Roi en avait fait enlever toutes les parures, l'or et les œuvres d'art que ses prédécesseurs croyants avaient utilisé autrefois pour décorer les lieux. C'était poussiéreux, il y avait des crottes de vermine un peu partout, et surtout cette pièce n'était pas bien éclairée, donc Serenos fit un autre geste pour elle; d'un mouvement de la main, il écarta la poussière pour qu'elle puisse poser les pieds au sol et libérer ses bras. D'un autre geste, il fit apparaitre un sac de toile, et l'ouvrit. Aussitôt, toutes les poussières, immondices, insectes et toiles d'araignées furent attiré par le sac, et une fois qu'il fut bien plein, Serenos le scella et le fit disparaitre avec son contenu.

Il redressa ensuite les deux bancs, puis il fit apparaitre quelques planches de bois, et tira un couteau de sa ceinture, commençant à tailler le bois devant elle.

"À une époque, expliqua-t-il tout en travaillant, la doctrine de l'Ordre était enseignée et même que la famille royale de Meisa pratiquait avec ferveur cette Foi. Le Grand Pontife et moi-même sommes liés par le mariage de la princesse Ariel et de son petit-fils, le prince Cyril."

Il souffla sur le bout de bois, marquant une pause, dans son monologue, puis il reprit.

"Mais le Grand Pontife avait des ambitions grandioses pour ses arrières petit-enfants. Il me menaça de m'excommunier si je ne nommais pas mon petit-fils, Agravain, comme successeur. J'ai refusé, naturellement. De toute façon, le pouvoir en Meisa ne se transmet plus vraiment ainsi; le Roi nomme son Roi-Servant parmi sa descendance, et le Conseil du Peuple et le Haut Conseil donnent leur approbation, pour éviter qu'un mauvais Roi ne soit placé à la tête du pays. Donc, le Grand Pontife m'a excommunié. Mais voilà; je ne crois pas qu'un mortel possède réellement un quelconque pouvoir divin. En fait, je ne crois pas en un dieu, ou aux anciens dieux. S'ils se souciaient de nous, ce monde n'aurait pas de guerre, d'esclaves, de crimes ou de meurtres; tout le monde vivrait dans une béatitude complète et éternelle. Est-ce que des êtres, divins de surcroit, qui laissent de telles abominations se répandent méritent d'être vénérés et adorés? Je ne crois pas."

Et voilà pourquoi Serenos était connu comme un hérétique. Alecto n'était assurément pas la première personne à qui il avait fait ce discours auparavant, mais comme ils allaient passer beaucoup de temps ensemble, tous les deux, il fallait qu'elle sache qui il était.

Après ce discours, Serenos leva son travail et utilisa la magie pour réunir tous les morceaux. Devant la jeune femme se trouvait maintenant le symbole de l'Ordre Immaculé, ou du moins telles que les Meisaens l'avaient vénéré auparavant; une étoile à huit pointes, désignant les huit valeurs primordiales de l'Ordre, avec un cercle central qui représentait le Divin. Il s'approcha d'un socle et déposa le symbole, le fixant à l'intérieur. Il alluma ensuite toutes les bougies pour que la lumière soit dans toute la pièce, avant de sortir d'un coffre scellé les manuscrits et écrits saints qu'il ne voulait pas lire ou conserver. C'était de très vieilles éditions du livre saint, mais au moins, celles-ci étaient écrites à la main, par de vrais croyants, et non par une machine à impression comme l'Ordre avait l'habitude de les faire depuis qu'il s'était propagé jusqu'à Tekhos. Il se tourna vers Alecto et s'approcha d'elle avant de lui caresser doucement la joue et poser un baiser sur son front.

"Je vous attend dehors, ma chère compagne. Je ne crois pas que votre Dieu apprécierait de me voir dans son lieu de culte, après toutes ces années.", dit-il avec la plus grande tendresse, avant de refermer la porte derrière lui et s'adosser contre le mur opposé.
« Modifié: samedi 30 mai 2020, 14:51:15 par Serenos Sombrechant »

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 25 samedi 30 mai 2020, 15:47:05

Durant tout ce chemin parcouru dans ses bras, Alecto eut le temps de retrouver une respiration quasi-normale. Bien sûr, être portée ainsi par son Roi était une profonde source d'émoi, mais la barrière des vêtements retrouvés, et surtout, la perspective de se diriger vers un lieu de culte, arrivaient à baisser sa panique, et ses frustrations. Plus ils s'approchaient, et plus elle soufflait lentement, expirant savamment pour tempérer ses ardeurs. Loin d'avoir la maîtrise du Monarque, Alecto bénéficiait cependant de nombreuses années d'apprentissage de la méditation, du retour au calme, et du maintien de ses émotions. Savoir tout cacher à l'intérieur était une qualité, lorsque l'on est Esclave. Cela évite des ennuis, toujours.

Elle n'aurait su décrire son soulagement lorsqu'elle constata l'existence de la Chapelle à l'intérieur de la forteresse. Une grâce souffla entre ses lèvres, sans qu'on sache si elle louait Dieu, ou Serenos. Sans doute les deux... Impressionnée par ses dons, le regardant agir et malaxer la réel comme bon lui semblait pour rendre aux lieux un semblant de faste, la Compagne fut surprise de le voir travailler le bois, alors qu'il aurait pu sculpté la matière par sa simple pensée et ses pouvoirs. Son regard se perdit dans ses gestes, sur ses mains habiles qui transformaient le matériaux brut en un symbole qui lui était cher.

Son cœur se mit à battre plus fort quand l'étoile fut en bonne place, illuminé des cierges. Cette petite pièce avait quelque chose de chaleureux pour elle, malgré la nudité des murs et les circonstances. Cependant, le discours de Serenos firent passer une ombre sur le visage clair de la jeune fille. Il y avait beaucoup d'informations à saisir, là dedans... Il avait évoqué des choses qui, naturellement, la mettait mal à l'aise. Parmi elle, l'évocation de sa descendance. Elle savait parfaitement qu'il était bien plus âgé qu'elle, évidemment. Mais... vieux comment ? Cela pouvait paraître absurde à beaucoup, mais pour Alecto, croyante, connaître à quel moment de vie une personne se trouvait semblait important. Même si Dieu pouvait rappeler quiconque à lui comme bon lui semblait.

Sa relation avec le Pontife était hostile, il l'avait déjà exprimé peu de temps avant. Elle acquiesça en silence d'abord, en l'écoutant avec attention, dans une attitude contrite. Il paraissait logique qu'elle soit mal à l'aise d'entendre des dires négatifs sur les représentants de l'Ordre. Mais là encore, en tant que Sœur d'un petit couvent de campagne, Alecto savait en son fort intérieur que les Hommes étaient, en effet, corruptibles et pêcheurs. Il n'était pas étonnant, dès lors, que même un Pontife puisse aimer et chérir le pouvoir, se perdre dans les intrigues politiques viles, et en oublier ses réelles fonctions. Il serait jugé en son temps, songea-t-elle, sans jamais oser le prononcer à haute voix, ou couper la parole du Monarque.

La fin de son discours lui serra le cœur.
Elle savait bien que certains ne reconnaissaient pas la Souveraineté de Dieu sur tout ce qui vit. Alors qu'elle faisait une très discrète moue désapprobatrice, elle se souvint alors parfaitement de l'attitude à adopter. Tout s'éclaira. Elle lui sourit d'un air étrange, plein de dévotion, assuré, même. Elle n'osa pas le contredire, mais ils auraient très certainement l'occasion d'avoir d'autres discussions ensemble, à ce sujet... S'il le souhaitait. L'Esclave avait du mal à se dire qu'elle était considérée comme son égale, mais il faudrait qu'elle s'y fasse. L'inconnu était effrayant mais... terriblement attirant.

Alors qu'il quittait les lieux, elle s'inclina, comme un réflexe, en murmurant.

"Merci, Monsei... euh. S... Serenos." C'était si dur. Elle pinça les lèvres en se redressant, se tournant pour observer l'étendue de son petit domaine. Elle était seule, pour la première fois depuis sa rencontre avec le Roi.
En se signant avec délicatesse, elle s'agenouilla devant l'autel, les flammes jouant sur son visage. Elle mit un moment avant de s'habituer à leur caresse, et leva le menton pour dépasser le symbole étoilé. Alecto aimait les représentations, elle les chérissait comme il se devait. Mais elle Savait qu'elle s'adressait à ce qui n'était pas matériel, ni représentable. Alors, comme elle le faisait depuis toujours, quand elle priait, elle perdit son regard sur le plafond avec une adoration extrême.

Sa voix changea, peut-être était-elle audible de l'autre côté du mur, mais elle ne s'en souciait. Une voix suave et pourtant dénuée de sensualité. Une voix une grave, comme celle des litanies.

"Qu'il me soit donné, Seigneur, de résister à la tentation que les Mortels m'imposent. Et s'il ne Vous en convient pas, qu'il me soit donné, Seigneur, de déceler Vos signes afin d'obtenir votre Pardon.

Je Vous en supplie, bonté infinie, Dieu, Père tout-puissant, ne me livrez pas à la perdition, moi votre créature.
Prêtez-moi Votre main, Seigneur, et arrachez-moi au lac profond de mes péchés. Relevez-moi de ma chute, illuminez mon aveuglement, misérable que je suis.

Vous voyez et Vous êtes témoin que je veux répudier toutes mes fautes, et obéir à Vos saints commandements. Mais de moi-même je ne puis rien, et il n'est rien dans ma chair qui soit bon."


Elle prit une profonde inspiration, et souffla lentement. Peu à peu, elle se sentait apaisée. Lorsque sa voix s'éleva à nouveau, ce fut en un chant non dénué de mélodie, mais cela restait un psaume religieux, qu'elle récitait par chœur.

"Sauve-moi, ô mon Sauveur,
Toi qui as sauvé mon âme,
Sauve ma chair de la flamme
Qui me gâche ta Saveur !

Sauve-moi des tentations ;
Chasse de moi les pensées
Perverses et insensées,
D’un souffle de ta Passion !"


Alecto frissonna. Tout bas, elle murmura : "Protègez le Roi Serenos, ô Tout Puissant, même s'il Vous nie. Il n'est pas Homme plus humble et plus digne de Votre Lumière. Qu'il me soit donné de le chérir selon Vos préceptes sans ..." Elle déglutit. "... sans abîmer mon Âme."

Après un silence, elle rajouta timidement, honteuse. "Protégez Thiana Gian, ô Très-Haut Saint Père, des douleurs et des ténèbres où elle navigue. Permettez-moi de demander son Pardon, pour tout le mal que je lui ai fait."

Elle ferma les yeux, et inspira à nouveau doucement, les mains sur les genoux, paumes vers le ciel.

"Seigneur, Vous êtes mon Rédempteur. Par mes actes, je ferai pénitence." D'un geste sans faille, elle saisit un cierge, qu'elle pencha en soulevant sa robe, jusqu'à faire couler la cire brûlante sur sa cuisse. Elle serra la mâchoire et les poing, mais ne se plaint pas, n'émit aucun cri de douleur. La cire liquide se solidifia au contact de sa peau et après quelques minutes, elle la gratta en plissant les yeux pour résister à l'envie de gémir, tant elle souffrait.

Replaçant la bougie à sa bonne place, elle se redressa avec peine, avec une moue meurtrie, mais se signa plusieurs fois.

Quand elle ouvrit la porte de la Chapelle, son visage était celui d'une Sainte. Elle irradiait de cette Foi qui la caractérisait, son cœur apaisé, bien que sa cuisse vibrant de la brûlure qui grignotait encore un peu sa peau.

Serenos I Aeslingr

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 26 samedi 30 mai 2020, 17:28:18

Adossé contre le mur de pierre, toujours en effervescence en raison de la puissance de ses émotions primales, le Roi eut largement le temps de méditer sur lui-même et de réaffermir son contrôle sur son corps et ses pensées. Comme la prière, la méditation était un moment de contemplation, mais plutôt que de confier ses troubles à un souverain de pensées, la méditation n'avait aucune connexion avec le divin; elle permettait à l'homme de réfléchir, et c'était le devoir de l'homme de chasser son trouble par lui-même. L'exercice n'avait dû prendre que quelques minutes, mais l'impatience du Roi étira ces minutes, lui donnant l'impression qu'elles duraient des heures.

La religion était un concept assez étranger pour Serenos. À travers l'immatériel, il avait côtoyé des esprits infiniment puissants et dangereux, mais tous obéissaient à une nature bien précise et ne pouvaient pas s'en déroger comme bon leur semblait. En fait, certains mages les invoquaient pour les pousser à réaliser une tâche, mais lorsqu'ils étaient forcés d'agir contre leur nature, ou étaient laissé trop longtemps à la merci des forces corruptrices de la nature, ils devenaient ces créatures semi-matérielles que les hommes ne parvenaient jamais à contrôler, devenant dangereux et nécessitant de l'aide pour regagner leur forme originelle ou, si cela n'était plus possible, leur accorder le repos.

Lorsque sa compagne ressortie, il n'était que d'autant plus clair à quel point il y avait une différence entre eux, du moins dans les yeux du Roi qui pouvait percevoir par-delà le monde physique. Comme une chaleur solaire sur sa peau, il sentait sur elle cette énergie, cette manifestation puissante qui habitait chaque personne qui s'adonnait sincèrement à sa foi. Elle devait avoir été touchée, par sa sincère soumission à son Dieu, par un esprit de la foi. Lui, en revanche, ne réagissait pas à cette lumière, ni ne la craignait. En le Roi, il n'y avait que souffrance et ténèbres dans son âme, et en la voyant si rayonnante, il se demanda même à quel point il avait sombré dans la déchéance et l'incrédulité.

Comme les historiens le disaient et le diront toujours, Serenos n'était pas un homme de foi. Peut-être était-ce que les épreuves qu'il avait subies l'avaient, finalement, coupé des êtres qui contrôlait ce monde, au point qu'il était irréconciliable. Peut-être était-ce parce qu'il avait vu, de ses propres yeux, ce que les fidèles étaient près à faire pour témoigner leur soumission et leur adoration à ces êtres immatériels. Chasse de sorcières, bûchers des hérétiques, bûcher des savoirs, destruction de créatures magiques à la gloire du Divin, tous ces actes et bien plus faisaient que Serenos n'y voyait là aucun divin, seulement les actes méprisables d'une catégorie de personnes qui n'avaient rien trouvé de mieux pour se rassembler et baigner dans la médiocrité et la haine de soi que d'adorer un être qui, au final, n'en avait strictement rien à faire de leurs gestes, mais qui ne cessait de gagner en puissance grâce à eux.

Le Roi regarda la jeune femme. Elle ne pouvait pas lui cacher ce qu'elle s'était infligée pour démontrer sa foi et réclamer le pardon de son Dieu; il sentait sa douleur, et pour cela, il était crispé d'une rage maîtrisée; il ne pouvait pas condamner ce qu'elle faisait. Après tout, même sa magie demandait parfois qu'il sacrifie une part de lui-même, que ce soit du sang ou de la chair, ou même d'encaisser une douleur inimaginable. Ces rituels existaient, et il n'avait pas le droit de s'y opposer, même s'il abhorrait plus que tout de voir cette femme souffrir. La soigner lui passa évidemment par l'esprit, mais il soupçonnait que si elle ne lui avait pas demandé son aide, c'était parce qu'elle voulait porter ce fardeau, ne serait-ce qu'un peu plus longtemps, pour expier ses 'péchés'. Il ne pouvait donc pas s'interposer, au risque de la vexer et de la blesser dans sa foi; elle le prendrait comme une preuve qu'il ne respectait pas ses croyances, qu'il ne la respectait pas, et bien que le temps les séparant du moment de leur rencontre se comptait sur quelques heures, il n'y avait rien en Serenos qui souhaitait lui montrer un manque de respect.

Il se racla la gorge.

"Nous avons encore à parler, je crois, Alecto."

Il s'approcha de sa compagne et, sans démontrer la moindre frayeur devant l'énergie ésotérique qui l'habitait, il lui prit la main. Il prit le temps de converser avec elle pendant qu'ils marchaient. Il lui raconta donc un peu plus sur lui; son âge, notamment. Contrairement à ce qu'il pouvait avoir l'air, le Roi avait déjà bien entamé la cinquantaine, ce qui revenait, en terme meisaen, à une trentaine d'année. Les hommes et les femmes de Meisa vivaient beaucoup plus vieux que le commun des mortels, et l'apex de leur vigueur perdurait de la trentaine jusqu'à près d'un siècle, où ils commençaient à décliner. Il lui parla également de ses enfants, au nombre connu de huit, donc six légitimes et deux bâtards, mais refusa obstinément de parler de sa défunte épouse hormis qu'elle était décédée. Il était également grand-père par quatre de ses enfants. Il lui expliqua qu'en ces termes, il était en fait l'égal d'un nexusien de sang noble, qui avait ses premiers enfants vers ses seize ans, et ses premiers petits-enfants quelque part dans sa trentaine. Si elle avait des questions, évidemment, il lui répondait. En contrepartie, il gardait ses questions pour plus tard.

Bientôt, à force de discussions, il posa les mains sur une grande porte décorée de parures d'argent, serties de pierres d'onyx, dans une mosaïque qui représentait le symbole royal de sa famille; le sombrechant, un oiseau semi-mythique dont certains prétendaient que la vue signifiait une mort imminente, ou une grande victoire, ce qui correspondait fort bien à l'histoire des Trois Royaumes; sans Serenos, il n'y aurait plus de Meisa, ni de Terres du Nord; il n'y aurait que l'empire.

Lorsque le roi ouvrit la porte, la jeune femme se retrouva devant une grande chambre, somptueuse, munie d'un balcon qui lui donnait une vue parfaite sur la face sud de la ville, et sur la mer. Le Roi regarda les servantes qui s'affairaient à l'endroit, et il leur dit quelque chose dans sa langue natale. Elles s'inclinèrent poliment devant le Roi, puis passèrent près de sa compagne et lui prirent les mains pour l'emmener derrière un paravent. Avec une douceur qui devait sans doute lui faire plaisir, les servantes l'aidèrent à retirer sa robe abîmée, puis la firent assoir dans le bain, ne lui laissant que comme seul accessoire le collier du Roi. Si elle opposait une résistance, elles lui expliqueraient qu'il était important pour une jeune demoiselle de se laver, surtout dans un pays chaud, en raison des maladies. Elles l'arrosèrent alors d'une bonne dose d'eau tiède, puis lui lavèrent les cheveux en la baignant de compliment, admirant cette chevelure si noire et soupire, lui demandant même si elle n'avait pas un parent venant de Meisa, comparant même leurs propres cheveux aux siens, l'une étant brune très foncée, l'autre d'un noir pâle.

Une fois les cheveux propres, les jeunes femmes commencèrent à la frotter vigoureusement avec des éponges savonneuses, la libérant de la poussière et des quelques traces de cire qui restait sur ses genoux. L'une d'entre elle alla même jusqu'à lui frotter vigoureusement le visage, commentant que le maquillage de la belle refusait de s'enlever, avant que sa collègue ne lui flanque une petite claque derrière la tête.

"Ce sont ses couleurs naturelles, imbécile!"
"Mais il suffisait qu'à l'dire!" bougonna l'autre.

Évidemment, c'était en bonne camaraderie. Une fois la jeune femme bien propre, elle fut autorisée à sortir. Les servantes l'examinèrent soigneusement, et si elles remarquaient des blessures fraîches, elles y mettaient de la pommade ou de l'onguent, dépendant de ce qui était nécessaire, puis elles lui firent passer une nouvelle robe. Comme elle n'était pas meisaenne, elles lui firent passer une longue robe blanche avec des broches noires. Le tissu était très fin, permettant une aération facile, mais donnait presque l'impression d'être nue pour la même raison. Cependant, on ne voyait pas au travers, à moins d'étirer le linge. Les servantes passèrent près d'une heure à traiter la nouvelle Compagne du Roi comme leur petite poupée personnelle, la dorlotant et lui faisant sentir des parfums, la parant de bijoux, avant de décider que le plus simple était le plus élégant, lui donnant quelques colliers d'argents pour habiller son décolleté mais elles s'arrangèrent pour que le collier du Roi ne soient jamais caché. Elles lui passèrent également un bracelet d'argent au bras, sous l'épaule, avec un Sombrechant, lui expliquant de ne jamais l'enlever; c'était la preuve que le Roi l'avait choisie comme compagne.

Une fois leur œuvre terminée, les servantes s'éloignèrent pour regarder la jeune femme.

"Oh, comme j'aimerais être belle comme elle!"
"Oh, tais-toi donc, tu es magnifique."
"Mais regarde-la, un peu! Tout ce qu'elle porte lui va tellement bien!"
"Bah, j'espère bien, c'est nous qui l'avons pomponnée!"

La seconde flanqua une petite claque sur les fesses de la première, leur arrachant un rire, avant qu'un toussotement du Roi ne les rappelle à l'ordre.

"Oh, attendez un peu, sire, il y a si longtemps qu'on n'a pas eu l'occasion de dorloter quelqu'un comme ça! Vous refusez même qu'on vous coupe les cheveux et taille la barbe!"
"Vous savez ce qu'ils vous disent, mes cheveux et ma barbe? Elles vous disent zut, voilà."

Les servantes ricanèrent comme des gamines, avant de prendre la nouvelle Compagne par les bras et la présenter au Roi, l'annonçant d'un grand 'tadah' remplit de fierté. Il sembla à la fois satisfait et, soyons honnêtes, un peu fier du résultat, récupérant immédiatement le sourire qu'il avait perdu plus tôt. Les servantes prirent le temps de s'excuser, avant de laisser le Roi et sa compagne. L'homme s'approcha d'elle, et la regarda dans les yeux, et posa une main douce sur la joue de sa belle.

"Maintenant… J'aimerais que vous me parliez encore de vous. Parlez-moi de votre foi, de ce qu'elle signifie pour vous, et ce qu'elle signifie pour nous. La Foi de l'Ordre est pratiquée différemment de pays en pays, avec seule règle l'adoration d'un dieu unique, mais certaines Églises interdisent la consommation de certains aliments."

Alecto Nemed

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 27 samedi 30 mai 2020, 21:38:02

La longue palabre du Monarque avant d’arriver en cette pièce lui relatant les détails de sa descendance avait été pour elle une grande source d’intérêt. Elle ne l’avait jamais interrompu, bien sûr, mais avait plusieurs fois hoché la tête. Il lui faudrait plusieurs jours pour se souvenir des prénoms, ou des liens de parenté, et que dire des lieux et couloirs ? Tout donnait le tournis.

Alecto n’avait jamais été très coquette, mais c’était sans doute parce qu’elle n’en avait jamais eu l’occasion. Il fallait bien avouer qu’un Monastère n’était en rien un lieu de fantaisie, ni de vanité. Au contraire, tout cela y était banni, proscrit, et passible de réprimande sévère, surtout pour la petite fille qu’elle était. Elle n’avait jamais eu donc le loisir de développer ce trait, se satisfaisant de vêtements propres, et confortables, du moment qu’elle ne jetait pas le déshonneur sur les Sœurs en affichant des tenues rapiécées ou souillées. Tout bijou était là aussi interdit. Elle vivait pour la prière, et aucun signe extérieur n’était toléré par ces Moniales. Après tout, cela lui allait très bien, puisqu’elle ne connaissait aucune autre façon de vivre.

Ensuite, ses années de servitudes… Hé bien, elle n’eut jamais à choisir ses vêtements. Soit ces Maîtres avaient à cœur de la vêtir comme ils la trouvaient satisfaisante, ou efficace, et surtout, pour qu’elle fasse surtout honneur à leur Maison. Après tout, l’on choisit son cheval pour qu’il reflète son pouvoir ou sa haute distinction. Il en était de même pour tout ce qu’on possédait, humain, animal, ou mobilier. Pour Alecto, c’était donc devenu coutumier. Naturellement, elle trouva parfois des atours qui lui plaisaient, et se rendit compte qu’une robe simple, souvent parme ou violette, la faisait se sentir plus élégante… Mais c’était tout.

Quand elle œuvrait dans une famille où de nobles jeunes filles résidaient, elle commença à les trouver élégantes. Leurs vêtements soyeux et leurs broderies distinguées firent briller ses yeux, au début. Elles semblaient si fière, si belles là dedans. Et tous ces bijoux ! Son petit cœur d’adolescente avait commencé à ressentir de l’envie pour toutes ces choses… Avant qu’elle ne se demande à quoi tout cela lui servirait. Les plus fins tissus seraient déchirés et abîmés par ses tâches, et les parures encombreraient. Finalement, elle estima qu’elle n’en avait pas besoin.

Dans l’une des dernières demeures où elle siégeait, l’Esclave eut l’occasion de confirmer ses pensées. Le Maître la parait de dorures afin qu’elle soit charmante et clinquante pour ces prestigieux invités. Elle se sentait gauche, alourdie, et on la regardait d’un drôle d’air. Cela la rendit mal à l’aise… Il faut dire que chez Thiana Gian, cette dernière la voulait également pleine de bijoux et de petites chaînes, afin d’embellir son Auberge. Alors, après tout, elle s’y conformait, les retirant avec soulagement le soir venu.

Ainsi choyée, et devant la bonhomie des deux servantes qui étaient aux petits soins pour elle, Alecto avait des étoiles dans les yeux. Elle s’était laissée faire avec un plaisir gêné, tant elle avait l’habitude d’être de leur côté à elle… C’était très gênant de se laisser frotter, nue dans l’eau, mais… Finalement… C’était extrêmement agréable. La Compagne songea qu’en réalité, peut-être que tout dans cette Forteresse était ainsi : un peu intimidante, un peu douloureuse mais toujours extrêmement attirante et délicieuse.

Elle n’osa pas trop parler aux deux femmes mais sourit, et rit plusieurs fois à leur remarque, rougissant lorsqu’elles vantaient sa beauté. Voyaient-ils tous ici avec des yeux étranges, que personne n’avait jamais vu en elle autre chose qu’une domestique quelconque ? Ces compliments gonflaient son cœur et elle avait envie de leur sauter au coup, pour toutes les grâces qu’elles lui offraient. Même si, en réalité, tout venait du Roi. Lui sauter au cou était également une envie furieuse mais…

De nouveau devant lui, métamorphosée, elle se mordit la lèvre, mal à l’aise qu’on l’admire ainsi. Elle était toujours une petite souris, dans son esprit, un petit ver de terre… Se savoir couverte d’un regard qu’elle savait chaud et honnête la changeait beaucoup. On ne comptait plus les fois où, nue, elle avait dût être examinée par une Maîtresse concupiscente qui évaluait la marchandise.

“Je… Vous plais-je, Sir… Serenos ?”
Petit frisson avec un goût de blasphème.

Désormais vêtue comme la Compagne Royale qu’elle était désormais, Alecto caressa son médaillon avec tendresse, en esquissant un petit sourire pour Serenos. Il venait de lui demander plus d’informations sur sa Foi. Ses yeux pétillaient d’une lueur passionnelle, alors. Même son attitude sembla s’ouvrir, elle qui avait les épaules souvent tombantes, comme pour s’excuser d’exister. Personne ne lui demandait jamais de parler d’elle, mais personne n’avait jamais fait d’elle sa Compagne. Se risquant à embrasser la main du Monarque qu’il avait posé sur sa joue, comme si elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer la chaleur que cela lui procurait, elle cilla.

“J’ai été élevée dans un tout petit Monastère de Nexus, dans la campagne. Là bas, les Sœurs vivaient simplement… et... “ Elle ne savait pas pourquoi, mais il lui semblait important de lui narrer ceci pour débuter ses explications. Même si cela lui crispait la gorge. Sans s’en rendre compte, elle grattait au dessus du tissu le bandage qu’on avait apposé sur sa cuisse.

“Et je me destinais à cette vie. Je… Euh. Dans notre Temple, nous louons et chantons Dieu Unique et Tout Puissant, qui est notre Sauveur à tous, que l’on croie en Sa Lumière, ou non. Les… les êtres qui... “ Elle échangea un regard gêné avec lui. “Les êtres qui Le nient n’ont simplement pas encore ouvert leur cœur, et les yeux. Les plus humbles seront récompensés lorsque Dieu les rappellera à Lui, et plus nous vivons d’épreuves, plus nous prouvons notre Foi.”

Un regard pénétrant fixa alors les yeux du Monarque. Une intensité franche qui était rare chez Alecto.

“Je n’ai jamais douté de Son existence, Il me guide, Il est mon Berger. Sa présence m’a aidé dans mes épreuves, Majes… Serenos. Je suis des préceptes simples : charité, amour, compassion, humilité. Je ne jalouse pas mon voisin, comme je ne le blâme pas pour ses péchés. Seul Dieu est notre Juge tout puissant… Je mange ce qu’il m’est donné de goûter, avec modération et pondération, et remercie le Très-Haut de le l’accorder.”

Elle savait qu’elle devait en parler. Parler de ce qu’elle faisait. Mais elle se mordait la langue, craintive. Il était prévisible qu’il désapprouve ses gestes de piété. En avalant difficilement sa salive, le cœur battant, elle fit un effort effroyable pour tout de même exposer ses dérives.

“Je pratique, comme mes Sœurs, le Chemin de Rédemption. Afin d’endurcir ma chair faible et viciée, je fais pénitence afin de demander le Pardon Divin.” Instinctivement, elle passa ses doigts sur le tissu sous lequel elle sentait le bandage. “Je… peux également jeûner ou rester enfermée en prières, pendant plusieurs jours, si ma Maîtresse me l’autorise, afin de mettre à l’épreuve ma Foi.”

La jeune femme baissa les paupières, espérant encore une fois ne pas trop décevoir son Roi. Elle lâcha la main sur sa joue pour lui permettre de se retirer, s’il en avait envie, comme si elle s’y attendait. Le sujet d’après serait sans doute encore plus douloureux.

“... En… En tant que pécheresse, je. Je dois combattre les pensées impures qui… qui peuvent… parfois… me hanter, et me détourner de Lui.” Ses joues se marquèrent de rouge. Elle avait honte d’avouer ressentir ce type de sentiments, alors qu’elles étaient parfaitement naturelles. Cependant, on l’avait fort bien conditionnée à cela, et elle se destinait jadis à une vie chaste et silencieuse… Alors, avoir du désir pour lui, assez pour avoir le cran de le toucher, de frémir ou de gémir, voire ressentir du plaisir… C’était un acte très contraire à ce qu’elle avait appris. Et pourtant…

Serenos I Aeslingr

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Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 28 samedi 30 mai 2020, 22:31:37

“Je… Vous plais-je, Sir… Serenos ?”
"Oui, ma douce Alecto."

Par suite de cela, il lui demanda plus d'informations sur sa foi. Elle sembla ravie qu'il y prenne un intérêt, mais de son côté, c'était pour se préparer mentalement à ce qui pourrait lui être opposé comme argument sur base de Foi. Et aussi savoir ce qu'il devait se préparer à envisager. Il comprit donc que l'essentiel de la vie de la jeune femme était celle d'une esclave; toujours donner à son prochain, sans jamais penser à elle-même. Elle lui parla également de son dieu, le Dieu Vengeur, le Dieu Jaloux, le Dieu Châtiant. Le Dieu qui guide ses fidèles, mais délaisse les profanes. Il était exactement comme le Roi le voyait de ses yeux de jeune homme. Et le voir loué ainsi par sa belle Compagne lui brisait le cœur. Il n'aimait pas l'idée qu'elle accepta ces châtiments qu'elle ne méritait pas. Il n'aimait pas l'idée qu'elle se voit comme une pêcheresse parce qu'elle était humaine, parce qu'elle désirait des choses pour elle-même, comme n'importe qui d'autre.

Lorsqu'elle parla de ses désirs, il ne put s'empêcher de lui démontrer qu'elle avait tort, sa main caressant tendrement la joue de sa belle. Il l'attira plus près, et leurs lèvres se rencontrèrent de nouveau, dans un baiser tendre, puis d'un second. La main libre du souverain se posa sur la cuisse, là où elle s'était elle-même brulée. Il posa un genou en terre, devant elle, et posa un baiser dessus, avant de se relever, plantant ses yeux bleus dans les siens, toujours aussi avare de ce contact visuel.

"Je suis un pêcheur, Alecto. Un hérétique, un profane, un ennemi de la Foi, et cela se résume par une chose; j'aime la vie. J'aime les gens. J'aime rire. J'aime m'amuser. Si votre Dieu a créé tout cela, a créé les hommes en leur accordant le droit de choisir, alors, un choix ne devrait jamais être un péché. Ce qui prive un autre de sa liberté, de son libre-arbitre, voilà ce que j'appelle un péché."

Le Roi lui prit la main, croisant les doigts aux siens, avant de l'emmener vers le grand balcon pour profiter de la vue, de l'air et des derniers rayons de soleil. Se plaçant derrière elle, il enroula ses bras autour du corps de sa belle et jeune compagne.

"Regardez."

Il montra la ville du menton.

"Dans cette ville, presque personne ne vénère les Dieux. Nos enfants grandissent sans craindre le regard d'un être suprême. Les femmes grandissent sans croire que leurs amours seront punis. Les hommes vivent, ma douce Alecto, si purement, s'adonnant à leur passion. Certes, la pauvreté existe toujours, certes, parfois, il y a des disputes, mais chaque homme, chaque femme, chaque enfant ne vise qu'une seule chose; son bonheur, et celui de ses proches. C'est l'Ecclésiarque Matthieu qui, un jour, a dit que pour être près de Dieu, il faut être le plus près possible du concept des Premiers-nés, le premier mâle et la première femelle de la création. À cet homme, et à cette femme. À cet homme, et cette femme, il ne donna qu'un ordre; soyez féconds, et leur donna le libre arbitre. Matthieu nous enseigne que ce concept de fécondité surpasse le concept de la conception des nouvelles générations; Dieu aurait dit à ses créations de viser la réussite. De promouvoir l'amour les uns des autres. Selon le paradigme de Matthieu, ce n'est pas tant que la volonté de Dieu n'est pas tant impénétrable qu'elle a été incessamment compliquée par des générations sur des générations de gens qui voulaient donner utiliser le concept de la divinité pour avancer leur propre dessin. Le concept de soumission, de pénitence, de péché, tout cela n'aurait été créé que pour punir ceux qui avaient un comportement que ces fondateurs religieux n'aimaient pas."

Il posa un baiser sur l'épaule nue d'Alecto.

"Quel mal y a-t-il pour une femme d'en aimer une autre? D'un homme d'en aimer un autre? Certes, ils ne sont pas féconds au sens de la reproduction et de la multiplication de l'espèce, mais ils sont heureux, et leur vie est remplie de chaleur. Quel mal y a-t-il à la magie, ce n'est qu'une force qui vit en nous, qui a été créé à même les mains du Tout Puissant et qui coexiste avec nous. Quel mal y a-t-il pour Alecto, la jeune sœur, de rechercher son propre bonheur? D'être belle, désirable? D'être intelligente et intéressante? Je défis tous et chacun de me dire pourquoi vous, plus que n'importe qui d'autre, mérite de souffrir."

Il regarda la grande cité d'Eist'Shabal, ce joyau dont il était si fier.

"Pourquoi devrions-nous être puni, si nous ne faisons de mal à personne?"

Par ce discours, Alecto pouvait comprendre sa rengaine envers le divin; ce n'étaient pas les Dieux qu'il haissait, mais l'institution. Ces gens qui avaient perverti une chose qui aurait pu unir tous les peuples et en avait fait une arme pour punir les autres, leur faire du mal. Serenos aimait simplement les mortels, du plus profond de son cœur, à l'image que Dieu prétendait aimer les hommes; tant qu'ils recherchaient le bien et l'amour, ils seraient aimés de lui. Évidemment, cela voulait également dire que ceux qui ne vivaient que de haine, qui cherchaient à s'enrichir sur le dos des autres, qui n'avaient que leur propre bien en tête n'étaient pas aimé, parce que ces êtres ne voulaient pas être aimés. Il ne posait pas nécessairement ces questions à Alecto, mais elle pourrait se sentir légitime de répondre à ces questions en accord à sa propre foi, et elle en avait le droit; rien dans la voix de Serenos ne la laisserait supposé qu'il s'attaquât à elle ou à ses croyances.

Alecto Nemed

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    ~Esclave de Thiana Gian~
    Petite, passe inaperçue. Cicatrices, ou traces de brûlures sous les bras, près du cou, bref, un peu cachées.
    Crédule, extrêmement pieuse, facilement impressionnable et très discrète, elle va rougir si vous continuez à la regarder ainsi !

Re : Encore foiré! [Alecto Nemed]

Réponse 29 dimanche 31 mai 2020, 01:18:32

En observant la Cité au soleil couchant, Alecto frissonna par sa grandeur. Elle avait toujours préféré les villages, cela allait mieux à sa nature discrète, cherchant la quiétude. Malheureusement, dès l'âge de raison, on l'avait forcée à gagner les grandes arcades d'une ville au Temple bien trop grand pour elle... Sans doute, inconsciemment, son sentiment de sécurité en campagne, venait simplement du fait que ses ennuis avaient commencé en ville.

Les paroles du Roi étaient sages et réfléchies. Il avait eu bien des années pour y songer, pour s'essayer à cette philosophie, et parfaire sa façon de penser. Aucun mouvement ne vint ébranler l'attitude de la nouvelle Compagne, et si elle frissonnait, c'était uniquement à son contact, quand il caressait ses bras.

Ô Dieu, qu'il avait été une source de tentation, quelques minutes auparavant, lorsqu'il l'avait embrassé, plusieurs fois, à nouveau. Elle avait pris ces baisers pour une marques de pardon, comme s'il ne lui en voulait pas d'être ce qu'elle est. Sa bouche était sans doute la chose la plus douce qu'il lui eut été donné de toucher, et elle ne se souvenait pas avoir apprécié quelque chose d'avantage que ceci. Ce frôlement répété et insistant, l'intensité qu'elle percevait, et l'imposante dignité du Monarque dans chacun de ses gestes.

Elle était impressionnée par le charisme magnétique et sage qu'il dégageait. Sans qu'il ne puisse le voir, Alecto souriait avec adoration, en regardant la ville en contrebas, lorsqu'il parlait. Sa voix lui semblait la musique la plus mélodieuse jamais entendue. Et encore, ce parfum, son odeur, dont elle s'abreuvait à chaque inspiration profonde. C'était envoûtant. L'Esclave avait osé lui avouer la vérité, mais il était naturel qu'il lui exprime son point de vue. Ne prenant en aucun cas ses mots pour une plaidoirie, elle hocha lentement la tête.

"Vous avez raison, Mon R..." Elle pinça les lèvres et un léger rire perça sa bouche. "Serenos."

Naturellement, qu'il avait raison.
Qui était-elle pour juger les croyances d'un autre ? Alecto leva les mains pour caresser, d'abord timidement d'un doigt, ses avant-bras sur elle.

"Je ne juge ni ceux qui n'ont pas ma Foi, ni ceux qui enfreignent les lois religieuses érigées par des êtres faillibles."

Murmura-t-elle, avant de se retourner pour lui faire face. Son regard exprimait une profonde bonté, humble, et pure. Dans cette belle robe blanche, aux bijoux simples, ses mots semblaient avoir même toute leur légitimité.

Ses paumes vinrent encadrer le visage barbu du Monarque, dont elle effleurait les joues de ses pouces, un sourire discret mais sincère aux lèvres. L'intensité de son regard était tourné dans le sien, y plongeant avec la retenue dont elle savait faire preuve, mais s'y perdant avec dévotion.

"Ma Foi m'a relevée lorsque j'étais à terre... Elle m'a guidé lorsque j'errais dans les ténèbres... Lorsque la seule force à ma survie n'était que cet Espoir. Une lueur ténue, qui ne me fit jamais défaut."

L'une de ses mains glissa contre son cou, contre sa nuque, légèrement frémissante.

"Vous... Vous êtes une épreuve, Mon Roi."

Sa bouche s'approcha, centimètres par centimètres, mais elle déposa la pulpe de ses lèvres contre sa pommettes, portée par son discours dans des gestes qu'elle n'oserait que peu effectuer en temps normal. Elles tracèrent un sillon de baisers appuyés jusqu'à son oreille. Bien des femmes pouvaient user de ces stratagèmes pour aguicher leur amant... Alecto ne semblait pas agir volontairement de manière sensuelle. Elle ne faisait que suivre ce que son cœur lui dictait. Du moins... si tant que celui-ci réussirait à museler ce que son corps, lui tentait d'hurler.

"Il me faut apprendre à suivre ma Foi avec vous, sans me trahir."

En d'autres circonstances, loin de cette conversation religieuse, sans doute, Alecto n'aurait jamais osé parlé autant, et ainsi. Mais pourtant, elle se permettait de continuer, chuchotant à son oreille, la bouche contre son lobe.

"... Et trahir ce que vous êtes. Vous m'êtes..."

Elle s'interrompit soudain, prenant conscience de ce qu'elle allait prononcer, et sa voix perdit de son éclat assuré, pour trembloter.

"Vous... m'êtes très cher, Serenos. Je me plierai aux lois et coutumes de votre Royaume, et vous rends grâce pour la bonté dont vous me témoignez... Je suis votre Obligée, Mon Roi."

Sous-entendait-elle qu'elle puisse renoncer à sa Religion si tel était son souhait ? Assurément, non. Mais elle savait également taire ses opinions, sachant que rien, ni personne, ne pourrait lui retirer son credo. La Foi était ainsi, insaisissable, personnelle, comme son trésor caché.

A chaque fois qu'elle articulait "mon roi", le timbre de sa voix exprimait une révérence pleine de passion. Son Roi. Son Roi dont l'essence de ses cheveux pénétrait son nez avec délice, et dont elle se nourrissait avidement à chaque respiration. Était-ce un poison, un sort, le plus pur des opiums ?


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Tags : romance