A la différence des Maîtres qui l'avaient possédée, jadis, Yazill était une jeune homme, fringuant, et loin d'être rassasié, constata-t-elle. La plupart du temps, ils roulaient sur le côté une fois repus, et ronflaient à peine avait-elle cillé. Plus rarement, ils faisaient venir un autre domestique pour terminer le travail, si d'aventure la petite mijaurée d'Alecto ne satisfaisait pas leurs attentes... Ils disaient "Misérable glaçon, incapable, nigaude..." A vrai dire, la plupart du temps, même si cela lui valait des corrections, elle se disait que c'était un mal pour un bien. Certes autres servantes, plus fougueuses, soucieuses de plaire au Maître, devaient subir leurs assauts sans cesse, jusqu'à vieillir prématurément, et être revendue, devenue trop fade, lorsqu'ils se lassent et ont aspiré toute leur jeunesse...
L'observant son visage lorsqu'il parlait, Alecto fit une petite grimace, qui ne dut pas le rassurer sur sa Maîtresse.
"J'ignore..." Elle s'interrompit lorsqu'une succion sur son sein la fit frémir. "...ce qu'elle en pense..." Fit-elle en haussant les épaules, sous-entendant que Yazill s'aventurait ici là où peu de visiteurs avant lui avait posé les pieds. Et bien d'autres choses.
L'Esclave supposait que Thiana Gian se fichait pas mal du bien qu'elle se faisait, ou prenait. Elle avait une vie, songea-t-elle, dissolue, ou comme parfois elle qualifiait, assumée. Les deux femmes étaient diamétralement opposée vis à vis de leur caractère, et il lui était même arrivé de soupirer à Alecto de plutôt se trouver un gigolo, afin de faire retomber ses angoisses. Naturellement, la Domestique avait eu la chance qu'il ne s'agisse pas là d'un ordre, et avait donc pu esquiver.
Le Voyageur, nu à côté d'elle, alors qu'elle essayait de percevoir dans ses gestes davantage que ce qu'il ne lui avait dit. Bien qu'elle le pense honnête, évidemment, elle ne pouvait nier que ses caresses, et ses mots, énonçaient clairement son désir d'à nouveau profiter de sa chaleur... Mais. Deux heures ?
"D... Deux heures ?" Elle fronça les sourcils, intriguée, et de sa main, releva son visage d'entre ses seins, pour plonger ses yeux bleus dans l'ambre de son regard.
"Vous voulez vous en allez dans deux heures ?" Déjà en temps normal, assez terre à terre ou premier degré, ainsi chamboulée par les moments intenses qui se rappelaient parfaitement à elle, Alecto avait tendance à ne pas se montrer bien maline.
Bien sûr, elle savait que Yazill était un homme de passage, mais elle lui avait proposé de dormir au chaud, et elle se souvenait très bien pourquoi. D'une voix un tout petit peu plus assurée, et même assez nette, elle leva l'index devant son nez.
"Yazill, je vous interdis de partir ! Vous risqueriez de tomber nez à nez avec ce balourd, et je gage qu'il aura appelé ses amis en renfort."
Hors de question qu'il prenne ce risque ! Elle était prête à l'y obliger, même ! Ah. Comment ferait-elle, puisqu'il était un puissant mage métamorphe, et qu'elle n'était qu'une pauvre esclave gracile ? En pinçant les lèvres de honte d'y songer, tant l'idée était assez indigne, Alecto prit son courage à deux mains. S'il fallait ça pour le sauver, alors qu'il en soit ainsi.
"Vous... pourrez agir ici comme il vous plaira, à votre guise, et autant que vous voulez !"
Elle voyait parfaitement dans les yeux clairs du Matou combien il semblait éperdu de sa poitrine et de son corps, au vu des caresses infinies qu'il ne savait cesser, toujours rappeler vers sa peau. Comme dernier appât, afin qu'il renonce définitivement à sortir -de toute façon il venait de se mettre à pleuvoir- l'Esclave fit glisser une de ses mains sur le ventre fin de son intime Visiteur, le caressant avec timidité, le regardant dans les yeux. Elle semblait là jouer clairement son va-tout car elle paraissait se surpasser pour réussir à le toucher ainsi.