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Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

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Zorro Wolfen

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Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

vendredi 19 avril 2019, 13:01:12

Nexus.
Cœur du continent du même nom. Centre économique et politique, lieu de résidence de la famille royale.
Cité-état tentaculaire d’une taille inconcevable où se mêle dans un chaos indescriptible tout ce que ce monde offre d’origines ethniques et sociales, où tout se vend, de la simple bague au palace, en passant par pléthores d’objets rares et d’êtres vivants.
Nexus, enfin.

Après plusieurs semaines de voyage à travers le continent, Zorro arrivait à son but.
Epuisé, affamé, il avançait tant bien que mal dans la foule de plus en plus dense qui se pressait autour de lui, véritable marée vivante qui ondulait entre les étals des innombrables commerces et autres bâtiments qui la dominaient. Une mer tourmentée où chaque boutique devenait un récif redoutable, chaque porche un nouveau courant et chaque place une brève accalmie au milieu de la tempête.

Perdu au milieu de ce magma bouillonnant, submergé par les odeurs émanant des corps en sueur et des épiceries ou des tavernes, le mercenaire tentait sans succès de se repérer, s’attirant un regard noir et méfiant de la part des passants qu’il bousculait ou des boutiquiers qu’il interrogeait.
Il faut dire que son aspect n’avait rien d’engageant. Malmené par plusieurs jours d’errance et de nuit au clair de lune, il était maculé d’une épaisse couche de poussière et dégageait un puissant fumet rance. La barbe épaisse qui lui mangeait le visage, ses vêtements et son armure usés jusqu’à la corde et l’épée ternie par l’usage qui dépassait de son épaule achevaient de lui donner l’apparence d’un vagabond ou pire, d’un truand de grands chemins. Le genre de personnage qui n’attire guère la sympathie.

Poussant un profond soupir de lassitude, le sang-mêlé pénétra dans une énième boutique, s’attirant un nouveau regard méfiant du marchand. Sur les étals surchargés s’étendaient divers accessoires de beauté, rasoirs, parfums, maquillages, ainsi qu’un large choix de vêtements en tout genre. Tâtant la bourse rebondie qu’il dissimulait, le rôdeur hésita. Il préférait économiser au maximum les deniers qu’il avait amassé, ne sachant ni combien de temps il devrait rester pour trouver une école de magie, ni combien dedans il devrait y rester, mais d’un autre côté, retrouver une apparence convenable serait indéniablement un atout de taille dans ses recherches …
Avec une grimace résignée, il se plongea dans les rayonnages d’habits, à la recherche de quelque chose dans ses moyens qui pourrait lui convenir.

Une poignée d’heure plus tard il ressortit de l’établissement de bains qu’il avait trouvé. La barbe taillée, le corps propre et légèrement parfumé, il avait troqué ses vieux habits pour un ensemble de cuir et de lin neuf dans les tons noirs et rouge, réhaussé de touches argentées, de nouvelles bottes sans fioriture mais solides et confortables, une cape de voyage qu’il portait sous le bras avec un petit paquetage d’objets utiles et une armure de cuir qu’il avait acheté d’occasion.

Le pas alerte, se sentant plus frais et plus léger – tout comme sa bourse – qu’à son arrivée, il se dirigeait vers une auberge relativement bon marché qu’un habitant, nettement plus affable devant sa nouvelle apparence, lui avait chaudement recommandé.

Alors que le soleil se couchait, teintant les nuages d’or et de pourpre, il arriva en vu du Cochon Dorée, un établissement modeste dans une ruelle proche d’une place où quelques heures plus tôt se tenait un marché composé essentiellement d’herboristeries et petits alchimistes.
Il poussa la porte de bois doré, faisant sonner un petit carillon. Quelques clients étaient attablés dans la salle chaudement éclairée, qui regardèrent le nouvel arrivant avant de reprendre leurs conversations. Avisant une table inoccupée dans un coin proche de l’entrée, non loin d’une autre table occupée par une femme apparemment seule, il s’y dirigea, adressant un signe au patron, un homme sec à la moustache fournie, salua d’un geste courtois sa voisine et s’installa à la dernière table de tel sorte à pouvoir embrasser toute la salle du regard sans être bloqué par le mur.

Un instant plus tard une serveuse s’approchait, une beauté blonde au visage marqué de cicatrices de petite vérole qui louvoyait entre les tables avec l’adresse que confère l’habitude. Zorro passa sa commande – pichet d’eau et ragoût avec du pain de seigle – et attendit qu’elle revienne avant de l’interroger alors qu’elle s’apprêtait à repartir.

- Excusez-moi damoiselle. Sauriez-vous où je pourrais trouver un logement pas trop cher, ou s’il reste une chambre ici ? Et sauriez-vous aussi où puis-je trouver un endroit qui enseigne la magie ? J’ai entendu dire qu’il y en avait dans la capitale mais j’avoue être quelque perdu …

La jeune femme marqua un temps d’arrêt, sans doute surprise par la courtoise inhabituelle du client, et répondit au sourire navré du mercenaire par un timide sourire en secouant la tête.

- Je vais me renseigner monsieur. Mais peut-être que monsieur Gérand pourra vous répondre mieux que moi …

Sur quoi elle s’éloigna, laissant l’hybride en tête à tête avec son repas.
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Yukka

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 1 mardi 30 avril 2019, 16:51:57

J'expire fortement par le nez, pas réellement ravie de me tenir devant l'une des grandes entrées de la ville. Si j'avais été un taureau en colère, ou encore un démon, pour sûr, de la fumée sortirait de mes narines. Cela ne me ravit pas d'être ici, pas le moins du monde. Nexus n'est en rien plaisante pour la Nunaat solitaire que je suis. Une véritable termitière, aux allées bondées, aux races variées, avec son lot d'esclavagistes et de machos en tout genre. Là où je vais, je ne passe pas inaperçue, à mon plus grand regret. Aussi bien par ma peau bleutée, ma grande et forte allure, ma longue queue, qu'avec le bruit de mes sabots claquants sur les pavés. Les regards peuvent bien se retourner sur moi, tant que l'on ne vient pas m'ennuyer, rien n'arrivera. Mais...Suis-je bête ? Je suis à Nexus.

Cette foule m'irrite. J'ai du mal à supporter les autres, à force de vivre seule. Mais ce n'est pas plus mal ainsi, quand je vois les immondices qui déambulent les rues de la ville, encore plus dans les tavernes. Je me suis fait violence pour venir jusqu'ici. Non pas que j'en avais extrêmement besoin, mais il me faut parfois monnayer mes services de mercenaire, ainsi que mes potions et onguents. J'ai passé mon après-midi sur ce marché, empli de personnes de ma trempe, herboristes, ainsi que de petits alchimistes. J'ai pu y échanger des plantes, qu'il est rare de trouver à Nexus, et ai pu ainsi remplir un peu plus ma bourse de cuir. Voilà qui faisait plaisir.

Le ciel avait pris de magnifiques teintes, de cuivre et de sang. Oui, j'ai tendance à voir du sang partout. Mh. Je ne vais pas faire de vieux os et profiter d'être en ville et d'avoir la bourse pleine pour prendre une chambre. Encore non loin du marché, mes yeux, sans iris ni pupille, cherchent après les enseignes présentes tout autour. Et ils sont irrémédiablement attirés par celle du Cochon Doré. Les narines dilatés, j'essaie d'en percevoir des odeurs. J'espère que la nourriture y est bonne, et qu'il y aura une chambre de libre. Et aussi qu'on ne viendra pas m'ennuyer.

D'un pas décidé, je m'y dirige et franchis la porte, grimaçant lorsque j'entends tinter ce carillon au niveau de mes oreilles, juste au dessus de l'entrée dorée. Moi qui voulait passer inaperçue, c'est raté...Détendant mes jambes pour paraître plus grande, j'essaie d'être impressionnante. C'est une barrière : être craint plutôt que d'attirer les emmerdeurs, ça m'a aidée plus d'une fois. Aux grands maux, les grands remèdes. Mais mes sabots claquant sur le parquet, je suis aux antipodes de la discrétion. Je soupire fortement. Tant pis. Foutu pour foutu...

Quelques personnes sont présentes dans l'auberge. Certains scellent leurs lèvres pour taire leurs paroles, quand d'autres les ourlent comme si j'étais leur prochaine proie. Allez vous faire foutre. Comme si des mâles comme vous pouvaient me toucher. Dans vos rêves. La mine sévère, le nez retroussé, j'avance jusqu'au comptoir pour commander à manger, ainsi qu'une bonne chope de bière brune, et une chambre pour la nuit. Je ne compte pas m'éterniser dans ce taudis qu'est Nexus, mais je veux bien profiter d'une bonne couchette et d'un putain de bain. J'ai quatre, cinq couches de crasse à dégager de ma curieuse peau.

L'aubergiste, pas bien épais, me désigne une table libre, dans le fond de la pièce, me promettant de rapporter mon repas. Je lui dépose les quelques écus pour payer ce que je dois, avant de rejoindre cette table lointaine, les regards suivant ma course, et les langues se déliant pour s'échanger des murmures. Lourdement, je me laisse tomber sur la chaise, alors que la serveuse m'apporte mon repas et ma bière dans un plateau.

- Merci.

C'est loin d'être dit de façon agréable, mais je ne vais pas la bouffer. C'est une serveuse, elle a probablement l'habitude des clients grognons, autant que les pervers. Entamant mon ragoût à l'aide de ma cuillère en bois, je m'affale quelque peu sur ma chaise, en profitant pour délacer mes jambes. L'endroit est plutôt calme, malgré les regards incessants et les petits murmures. Je les vois, je les entends, mais je fais comme si je n'y prêtais pas attention, bien qu'intérieurement, j'ai bien envie de hurler un coup pour que cela cesse.

Mon envie est arrêtée net par l'arrivée d'un grand brun, le paquetage sous le bras, propre...Commun en cette ville, j'imagine. Mes yeux d'un blanc immaculé se dérobent de cette vision, retournant à mon plat, sans vraiment grande faim. Une grognement traverse mes lèvres à peine entrouvertes. Le bougre s'est installée au plus près de moi, et même si je parais de mauvaise foi car c'est la seule table libre qu'il reste, j'aurais préféré ne pas être embêtée de trop près. Et ce, même s'il n'a pas l'air...

J'arque un sourcil, la cuillère au bec. Qu'est-ce que j'entends ? Il semblerait que mon voisin cherche une école de magie. Celles qu'on peut trouver à Nexus sont...Je ne saurais dire, en vérité, car je n'y ai pas mis les pieds mais, de ce qu'on en raconte, elles sont excessivement chères et réservées à l'élite. Il est loin d'être l'élite, le gaillard. Mph. D'un souffle des narines, je ferme un instant les yeux, rouvrant les paupières pour mieux l'observer. Je retire cette cuillère en bois et l'agite vers lui, d'un geste nonchalant.

- Pour quelle raison cherches-tu une école de magie?

Ma question sera peut-être sans réponse, mais sait-on jamais. Après tout, il n'a pas l'air d'être une mauvaise personne, mais les apparences sont souvent trompeuses. Croisant les jambes, je viens prendre une bouchée, agitant une nouvelle fois ma cuillère vide vers lui, parlant la bouche pleine.

- Y'a de sales rumeurs qui tournent sur les écoles de magie de la ville. Je n'irai pas, à ta place. Mais justement, je n'suis pas un foutu bonhomme. J'pourrais possiblement t'en conseiller une, mais cela dépend de ce que tu recherches exactement.

Je hausse les épaules, perplexe. Je ne lui fais pas confiance, et si je devais l'amener à Lenwë, je devrais faire attention à mes arrières...Mais je ne suis pas encore à ce point-là, alors calme-toi, Yukka.
« Modifié: vendredi 19 juillet 2019, 11:39:51 par Anéa »

Zorro Wolfen

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 2 dimanche 02 juin 2019, 23:36:00

La serveuse venait de partir, laissant Zorro seul avec son repas qu’il entama comme s’il n’avait rien mangé depuis plusieurs jours ; ce qui n’était pas loin d’être vrai ; quand une voix s’éleva de la table voisine.

- Pour quelle raison cherches-tu une école de magie ?

Le mercenaire tourna la tête vers la jeune femme qu’il avait salué quelques minutes plus tôt et qui continuait sur sa lancée, agitant vers lui une cuillère en bois qu’elle venait de vider de son contenu.

- Y'a de sales rumeurs qui tournent sur les écoles de magie de la ville. Je n'irai pas, à ta place. Mais justement, je n'suis pas un foutu bonhomme. J'pourrais possiblement t'en conseiller une, mais cela dépend de ce que tu recherches exactement.

Avalant sa bouchée, il prit le temps de s’essuyer les lèvres, profitant du délai pour détailler plus en profondeur sa voisine.

Sa tenue, légère mais sans vulgarité, laissait voir une peau bleutée aux reflets satinés sous laquelle semblait rouler des muscles puissants. Grande, sans doute autant que lui voire plus, elle avait un visage étonnement doux malgré ses sourcils froncés et ses grand yeux laiteux dans lesquels se reflétait la lueur sanguine des lanternes illuminant l’endroit. De sa chevelure aussi bleue que sa peau pointaient deux grandes cornes, comme un reflet des grandes jambes semblables à celles d’une chèvre que la jeune femme avait étendues sous sa table.

Le voyageur haussa mentalement un sourcil curieux. Il avait déjà eu l’occasion de rencontrer des êtres similaires dans son monde natal, des faönus. Malheureusement leur race était déjà presque éteinte avant même l’arrivée du Tyran, et les rares survivants se terraient pour la plupart au plus profond des forêts ou au cœur des montagnes. Il se demandait s’il en allait de même pour cet univers.

Il reposa sa serviette, l’examen n’avait duré qu’un instant, et répondit sincèrement à la question qu’on lui avait posé, omettant toutefois de parler de son voyage entre les mondes. Lui-même ne savait pas encore vraiment traiter cette information, alors autant que le moins de monde possible soit au courant…

- Je … me suis récemment découvert certaines capacités, et j’aimerais comprendre comment elles fonctionnent. Histoire de ne pas faire de conneries, vous comprenez ?

Sur quoi il se leva, emportant avec lui son écuelle presque vide et son pichet d’eau, et alla s’asseoir à la même table que la simili-faöna, ignorant tant le regard qu’elle lui lança que ceux, envieux ou narquois, des autres clients. Il avait parfaitement conscience que son geste n’était pas des plus courtois, mais il n’entendait absolument pas entretenir une conversation en parlant d’une table à l’autre. Néanmoins il s’installa à une distance suffisante pour pouvoir discuter normalement sans que sa voisine ne se sente trop envahie.

- Je vous demande pardon pour cette intrusion. Au fait je m’appelle Zorro, dit-il en lui tendant la main.

Puis saisissant le pichet, il le proposa à sa compagne, bien que sa chope fusse manifestement encore remplie, avant de se servir lui-même et de reprendre une cuillérée de ragoût.

- Vous parliez de sales rumeurs ? C’est-à-dire ? Et m’en conseiller une ?

Autour d’eux des chuchotements se faisaient entendre au milieu des rires gras et des conversations légères, plus nombreux et persistants depuis que Zorro avait rejoint l’hybride. Chuchotements qu’il choisit délibérément d’ignorer.

Croisant les jambes sous sa chaise, contrairement à son habitude, il observa la demoiselle, attendant qu’elle réponde. Lui-même n’avait pas répondu à toutes ses questions, mais il ne savait pas s’il pouvait lui faire confiance et il préférait attendre un peu. Après tout, la téléportation était peut-être commune en ce monde, il n’en savait rien, mais il doutait fort qu’il en soit de même pour un déplacement entre les mondes ! 
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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 3 vendredi 19 juillet 2019, 18:15:37

Ne crois pas que je ne vois pas ton regard, humain...Ou quoique tu sois d'autre. Je comprends bien que tu me détailles. Ces yeux, je les reconnais. Ce sont ceux qui me dévisagent, ceux qui me voit comme une curiosité. Ce n'est pas nouveau. J'ai l'habitude de ce genre de choses, et cela continuera encore et encore. Je finis par hausser les épaules, mentalement, lasse de voir que ça ne changera jamais.

Pour quelle raison lui ai-je finalement adressé la parole ? Ce n'est pas dans mon habitude de tailler le bout de gras avec des personnes de cette ville, ou même autre part d'ailleurs. Je suis une solitaire. C'est mon train-train quotidien de rester muette, ou de me parler à moi-même, penser tout haut, ce genre de choses...Je ferme un instant mes paupières, plus longuement que si elles battaient l'air naturellement, puis mon regard se repose sur mon interlocuteur. Je balaie mes pensées de grognon d'un revers de la main imaginaire, puis me concentre de nouveau sur lui.

S'il a piqué ma curiosité, ce n'est que parce que mes fines oreilles ont tiqué sur les mots « école de magie ». Lenwë n'est pas un endroit comme les autres. Cette académie repliée dans le fin fond des montagnes de glace regorge de livres et d'hommes savants, prêts à tendre la main à ceux qui le souhaitent, ceux qui en ont besoin. Miuggrayd avait pris bien soin de moi quand j'ai perdu tous mes êtres chers, que j'étais animée par une vengeance folle. Je le suis toujours mais comme l'on dit, c'est un plat qui se mange froid. Je sais prendre mon temps pour ce genre de choses. Un siècle de plus ou non, cela viendra tôt ou tard.

Mais revenons à nos moutons. Le gaillard m'explique qu'il s'est découvert des pouvoirs mais ne voudrait pas que cela impacte sur les autres, et surtout, ne les blesse. Le croire ou non, dans tous les cas, il souhaite apprendre à les maîtriser, au moins pour son propre bien. Mais si c'est pour une mauvaise cause...À moi d'y déceler la vérité. Et quoi de mieux que d'apprendre à se connaître ? Un fin rictus étire le coin de mes lèvres un instant, un si bref moment, puis s'efface quand je le vois approcher avec sa nourriture. Et merde...

Au moins, il a la courtoisie de se tenir à distance. Mes jambes restent à leur place, allongées pour que je puisse me reposer de la longue marche que j'ai eu à faire pour arriver jusqu'ici. Qu'importe sa présence, cela ne changera pas ce que je suis, et comment j'agis.

Il se présente et me tend sa main. Je l'observe, grogne puis laisse échapper un soupir. Sois polie, Yukka, pour une fois. Je lui attrape la main, la secouant avant de me retirer de cette étreinte. D'un simplement mouvement, j'approche la cuillère en bois de mes lèvres et avale une bouchée de mon ragoût, répondant en mastiquant, un brin sèche.

- Yukka. Enchantée, tout ça...

Je finis ma bouchée et me lèche brièvement la lèvre supérieure, attentive à ses gestes et ses mots. Je refuse gentiment d'un geste de main lorsqu'il me propose un peu de sa boisson. J'en ai déjà assez avec la mienne. Autant qu'il la garde pour lui. Après tout, il a payé pour ça.

Je l'inspecte. Il a cette allure de l'homme à qui on peut faire confiance, mais méfiance. L'habit ne fait pas le moine, et lui...Il semble avoir vécu plus qu'il ne laisse paraître. Le corps qui dit cela, ou peut-être cette aura sage que je ressens étrangement. Oui, voilà...Il est étrange.

- Tu n'as pas l'air de connaître vraiment Nexus. Ni d'être un homme de ville.

Mon nez frise, brièvement mécontente. Il serait mercenaire, cela ne m'étonnerait même pas. Je ne compte plus les hommes qui s'en vont à la recherche de contrats ici et là, allant trouver le moindre petit sou, afin de concrétiser leur rêve d'une vie légèrement plus confortable...Ou autre chose.

J'inspire profondément, avant de répondre à ses questions.

- On dit que les écoles de Nexus ne sont réservées qu'à l'élite. J'veux pas dire que t'as l'air d'un plouc. Juste d'un type paumé.

Je m'ose un léger sourire. Une simple moquerie, rien de méchant en soi. Il disparaît quand je reprends mon sérieux.

- Je connais une école, lointaine, dans les montagnes glacées. Mais je n'aimerais pas y emmener une mauvaise personne. Tu comprends?

Je me saisis de ma chope, prenant une grosse lampée et d'en sortir un magnifique rôt. Je n'ai pas été élevée comme une dame. Je ne suis pas une dame.

- Je ne te connais pas. Je ne sais pas si je peux avoir confiance ou non. Mais si tu veux prendre la route avec moi pour y aller, ça sera long, très long. Et dur aussi. Autant dire que ce sera une première étape pour savoir si tu es digne de cette école.

Moi, tenter de le dégoûter ? Peut-être...Même si Lenwë pourrait être l'endroit qu'il lui faut, Wolfen pourrait très bien être une pourriture. Autant se méfier...

Zorro Wolfen

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 4 dimanche 12 avril 2020, 22:15:13

Si les yeux laiteux de la jeune femme ne reflètent aucune émotion, il n’en va pas de même pour son visage, particulièrement expressif. De même que son attitude renfermée, pour ne pas dire agressive. De toute évidence Yuuka, puisque tel est son nom, est une solitaire, et même une solitaire renfrognée. En un sens elle renvoyait à Zorro l’image que lui-même dégageait, il y a plusieurs années de cela, lorsqu’une vie de combat et de violence l’avait fâché avec le monde entier.

Amusé malgré lui, il retient un demi sourire qui aurait assurément était mal vu par son interlocutrice, plongeant le nez et sa cuillère dans son ragoût lorsqu’elle commente son apparence, dissimulant un bref rire dans un bruit d’éclaboussures. Hé bien ! Peu commode la demoiselle. Cette discussion promet ! Néanmoins, elle avait mis dans le mille, il n’avait rien d’un citadin. A vrai dire, il n’avait même rien d’un natif de ce monde, mais ça, il était peu probable qu’elle s’en aperçoive dans l’immédiat.

Reprenant contenance, le mercenaire l’écoute avec attention lui parler des écoles de Nexus, ne dissimulant nullement une affreuse grimace lorsqu’elle mentionne leurs prix et leur caractère élitiste. Certes, il s’en doutait. Il n’en demeure pas moins que voire ses craintes confirmées n’est jamais quelque chose d’agréable.
Plus agréable cependant, et plus intéressant, fut d’apprendre qu’elle connaissait elle-même une autre école. L’ouïe sensible de l’hybride perçut sans mal les infimes variations dans la voix de sa compagne de tablée ; de toute évidence, elle avait elle-même fréquenté cette fameuse école et semblait même la considérer comme son foyer, ou quelque chose d’approchant. Un foyer qu’elle comptait bien défendre et dont elle semblait déjà regretter l’évocation, cherchant à le dissuader d’accepter une offre qu’elle n’avait de toute manière pas émise.

Songeur, Zorro ne répondit pas immédiatement, en profitant pour prendre quelques lampées supplémentaires de ragoût et s’humecter le gosier. A quelques tables de là une dispute était sur le point d’éclater entre un homme bedonnant à la forte odeur de vinasse et un maigrichon nerveux à l’odeur non moins forte, le gros se moquant ouvertement des performances érotiques du malingre, insinuant qu’il devait sans doute avoir autant de mal à lever son membre qu’à « lever une belette ».

-Je doute que cette école soit aussi loin que l’endroit d’où je viens, répliqua-t-il finalement, avec un sourire étrange et un regard lointain. Néanmoins tu as l’air d’y être attachée, et je comprends ta réticence. Donc permet-moi déjà de te remercier de m’en avoir parlé.

Il s’interrompit le temps de terminer son plat, la cuillère en bois raclant contre le fond du bol.

-Pour le reste, tu as vu juste. Je suis en effet un type complètement paumé. Mais si je puis me permettre, tu n’as pas l’air d’être beaucoup plus à l’aise que moi.

Il fut coupé dans sa plaisanterie par un éclat soudain. A la table du gros et du petit, ce dernier venait de se lever et avait frappé la table de toute la force de son poing maigrelet, faisant face à son camarade qui le regardait d’un air plus moqueur que jamais dont la voix s’éleva dans le silence soudain.

-Calme-toi Hardy et rassied-toi. Tiens rebois un verre, ça te fera du bien …

L’air toujours aussi furieux, Hardy obéit pour boire sa chope d’une traite, renversant plusieurs gouttes de bière dans son col.
Reprenant la conversation là où elle s’était interrompue, l’aventurier poursuivit, lançant un dernier regard méfiant vers les deux compères.

-Toujours est-il, tu ne sais pas si tu peux me faire confiance. Et c’est réciproque. Mais j’ai vraiment besoin de trouver un lieu d’apprentissage. Un bon. Alors laisse moi te prouver que tu peux me faire confiance en cours de route. Et si jamais tu te méfies toujours, alors tu pourras m’abandonner en chemin. Ca te va ?

Avant que Yukka ne puisse répondre, un raclement de chaise tout proche se fit entendre et Hardy, suivi de près par son compagnon, s’approcha de la table des deux hybrides d’une démarche pour le moins vacillante. Plein de la folle assurance des outres à vin, il s’assit sans aucune gêne sur la table elle-même, repoussant assiettes et verres avec maladresse avant de se pencher vers la Nunaat, de poser une main sur son épaule et de lui souffler son haleine avinée en plein visage alors que le gros se plaçait derrière Zorro. Ce dernier, observant la demoiselle avec attention, cru y apercevoir une lueur de mauvais augure. Très mauvais augure.

-Sa…Salut ma biquette. Hey, tu sais qu’t’es pas mal en fait vu de près. Je pourrais presque oublier que t’as des pattes à la place des jambes. En fait, je peux complètement l’oublier ! Le regard aviné et lubrique de l’homme se posa sur la poitrine bleutée, largement visible dans son armure, la détaillant avidement.
-D’après mon pote Lor’rel ici présent, les femmes comme toi, à moitié bestioles et attifées comme des catins, sont des vraies chaudasses. Ca te dirait pas de laisser tomber ton pouilleux là et de v’nir avec moi, que j’te montre ce qu’est un vrai homme et c’qu’on peut faire avec ta belle paire de loches ?


Cette fois Zorro en était sûr, les choses risquaient de très mal tourner. En particulier pour Hardy. Alors que celui-ci tendait la main vers la poitrine de Yukka, il se leva et l’emprisonna dans une poigne de fer, stoppant net le geste du maigrichon.

-Monsieur, à votre place, je ne ferais pas ça. Je comprends tout à fait votre intérêt, mais il me semble que vos avances déplaisent fortement à la dame ici présente. A plus forte raison que vos manières ne sont guère celles d’un gentilhomme. Nul doute cependant que cela est dû à l’excès de l’excellente bière brassées ici. Néanmoins à votre place, je m’arrêterais là, avant qu’un malheur ne survienne.

Le sourire aimable et le ton léger du mercenaire contrastait de manière frappante avec la force qui enserrait le bras de Hardy. Celui-ci se mit à trembler, lorsqu’une main large comme une assiette se posa sur l’épaule du rôdeur et que la grosse voix de Lor’rel ne se fasse entendre.

-C’est moi où tu viens de menacer mon ami, l’avorton.

Sans se départir de son sourire ni de son ton aimable, Zorro rétorqua.

-Nullement, je le prévenais tout simplement. Maintenant si vous pouviez me lâcher et partir tout les deux, je vous en saurais gré. Je m’en voudrais de vous faire du mal, malheureusement il n’y a généralement pas d’autre moyen que la violence pour faire lâcher prise à un homme aussi imposant que vous…

Tout se passa en un éclair. Fouetté par l’insulte sous-jacente, qui n’en était pourtant pas une, Lor’rel leva haut sa main libre dans l’intention manifeste d’assommer Zorro et de le battre comme plâtre. Sa main n’eut jamais l’occasion d’atteindre le mercenaire. Il y eu un mouvement flou, un bruit de courant d’air et l’instant d’après Lor’rel était à terre entre deux tables, un peu plus loin, se tenant le ventre et la gorge, un mince filet de sang coulant de son nez brisé, incapable de reprendre son souffle. Zorro n’avait pas lâché Hardy. Il se tourna vers lui, tout bienveillance effacée de son visage, son regard vert brillant d’une flamme sinistre. Son ton était froid comme la glace lorsqu’il parla au maigrichon.

-Comme je le disais … Dégagez. Tout les deux. Maintenant.

Il libéra Hardy qui aida Lor’rel à se relever et déguerpit sans demander son reste.
Zorro se tourna vers Yukka, ses yeux redevenus normaux.

-Je vous demande pardon, je me doute fort que vous auriez pu vous en sortir seule, mais je voulais éviter le bain de sang et les cris que vous sembliez prête à faire naître. Sans grand succès ma foi …

A cet instant le tenancier arriva à leur table, l’air soulagé et satisfait, essuyant ses mains dans son tablier.

-Je vous remercie Monsieur pour votre intervention et votre retenu. Faut pas leur en vouloir à Lor’rel et Hardy, se sont de bons gars, mais quand ils ont trop bu, ils deviennent un peu compliqué à gérer. La dernière fois, j’ai dû appeler la garde civile, il y a eu de la casse. Il se gratta derrière la tête, l’air de réfléchir. Ecoutez, je sais pas si vous aviez prévu de rester ici pour la nuit messieurs dames, mais si le cas, permettez moi de vous offrir la chambre. J’insiste. Prévenez-moi quand vous aurez fini votre repas.

Le repas, déjà bien entamé, se termina sans autre incident. L’altercation avait calmé les esprits, même si les ragots allaient bon train. L’aubergiste les mena finalement à une chambre.
La pièce était douillette, petite mais confortable. Une malle pourvue d’un cadenas permettait d’y ranger ses affaires, un petit bureau avec un tabouret se trouvait sous la fenêtre et, comble du luxe, une petite pièce attenante servait de douche privée. Un lit deux places trônait au centre de la pièce, face à un miroir. Zorro ne put retenir un sifflement appréciateur. Il n’avait pas souvent eu l’occasion de voir une telle chambre dans une auberge bon marché ! Puis il se tourna vers la nunaat.

-Bon et bien je crois que je vais te la laisser. Si vous voulez bien me conduire à la mienne monsieur. Rassurez-vous, quelque chose de plus simple me conviendra tout à fait !

Une expression gênée se peignit sur le visage de l’aubergiste, qui se mit à se tordre les mains.

-C’est que voyez-vous, c’est la dernière qu’il me reste. Et puis je pensais que vous … Enfin vous voyez …

Rougissant, il se tordit encore les mains puis disparut sans ajouter un mot. Légèrement gêné, le voyageur se tourna vers sa compagne de fortune avec un grand sourire.

-Bon bah je vais dormir par terre, je vous laisse le lit. Au moins n’aurais-je pas de caillou dans le dos !
« Modifié: dimanche 12 avril 2020, 23:43:36 par Zorro Wolfen »
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Yukka

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 5 samedi 25 avril 2020, 04:12:14

Il était rare que je me mette à discuter avec ne serait-ce qu'une seule personne quand je mettais un pied à Nexus. Le mutisme était ma discipline préférée dans ce genre de cas. Cette ville me donne envie de gerber...En plus de donner de l'herpès si on s'amusait à écarter les cuisses.  Mais bon, il fallait bien y aller pour trouver quelques fournitures que je trouvais nulle part ailleurs. Mais alors, comment expliquer que je vienne à parler de ce que je sais de la magie à un parfait inconnu ? Sincèrement, je n'en sais strictement rien. Peut-être qu'au fond, je cherchais réellement à l'aider ? Ou peut-être qu'il me rappelait une certaine Nunaat, jeune, qui ne savait que se battre, à l'ancienne, contre ses frères, comme on le lui avait appris dans sa tribu, et rien d'autre. Peut-être qu'au fond, elle se reconnaissait en lui, toute aussi perdue qu'elle a pu l'être. Ou que je le suis maintenant. Après tout, depuis la disparition des miens, je ne fais qu'errer entre Lenwë et le reste de Terra. Mais pourquoi ? Mon but a toujours été d'apprendre, toujours apprendre plus, pour mieux accomplir ma vengeance. Détruire ces monstres qui ont anéanti les miens...Rien que d'y penser, j'ai cette amertume qui me remonte de ma gorge, et me la serre un peu au passage. Mon repas ne me laisse qu'un goût âpre sous mon palais.

Tss...Tu n'es qu'un autre parmi tant d'autres, n'est-ce pas, Zorro ? Un autre homme avide de pouvoir afin de liquider ceux qui lui barrent la route ? Ou alors, tu cherches à être puissant juste pour t'attirer toutes les minettes du monde, que toutes les femmes soient à tes pieds ? Avoue-le. Dis-moi tout. Ça nous fera gagner du temps. Je n'aurais pas à être déçue, comme cela. Je n'aurais pas à te faire confiance plus qu'actuellement. Je pourrais faire le chemin du retour jusqu'à l'académie en solitaire. Comme d'habitude. Et je le vois ton sourire, ce petit sourire en coin que tu as alors que tu grailles. Tu penses l'avoir fait en douce ? Je ne suis pas idiote. Tu te moques de moi, n'est-ce pas ? Dommage. Tu pars avec un point en moins. Je me méfie de toi. Tu as beau être un homme plein de charme, on dit toujours de se méfier des belles gueules. Et cela, même si tu as l'air sincère, ou sans problème. Les hommes sont capables de cacher bien des choses, et on ne m'y prendra pas.

Mon sourcil se hausse au dessus de mon œil gauche. Lui venir de plus loin encore que Lenwë ? Tu m'intrigues, bougre d'âne. Mais...Ah. Moi qui pensait l'interroger davantage, j'ai l'impression qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert, et je déteste ça...Dans un grognement, je lui prouve mon mécontentement, aussi signifié par mon nez plissé et mes sourcils froncés. Je t'ai à l'oeil, bonhomme. Comme ceux que tu as derrière toi, et qui font trop de bruit pour moi. J'suis venue dans une auberge pour me reposer, loin du brouhaha des ruelles. Je pensais, même si nous sommes à Nexus, qu'on n'entendrait pas des hommes se plaindre ou raconter ENCORE leurs fabuleux exploits avec les dames. Pauvres taches que vous êtes. Vous me dégoûtez...

Mon attention revient sur mon voisin de tablée. Au diable les péquenauds qui mesurent leurs queues. Au moins, celui à côté de moi a l'air plus finaud. Perspicace, ce Zorro. Venant finir ma chope dans une dernière gorgée, je l'écoute attentivement avant de prendre le temps de lui répliquer quelques mots, tout en hochant de la tête.

- Et bien, c'est vrai qu'on n'se fait pas confiance, et c'est normal. Ton idée me plaît bien. On f'ra le chemin, mais si en route, tu m'casses les noix, je t'abandonne. Ca s'ra notre contrat.

Je hausse les épaules. Pas besoin de poignées de mains pour qu'on soit d'accord. Je crois qu'il a compris et moi aussi. Nos paroles se suffisent à elles-mêmes. Mais je m'attendais pas à ce que les culs terreux de tout à l'heure se ramènent vers nous, un en particulier. Il fait le malin, ça commence. Et putain, il prend ses aises, le connard ! Et vas-y que j'écarte les assiettes et qu'il s'approche de moi. Les sourcils froncés, encore et encore...Et si mes yeux pouvaient changer de couleur, alors ils seraient d'un rouge vif. T'approches pas, mon gars, ou j'te jure que j'te fais la peau. Il ose. IL OSE ! Mon regard crie qu'il retire sa saleté de main de mon épaule. Et son souffle, j'prends de l'alcool dans le sang rien qu'en le reniflant.

Je bouillonne. Porc. PORC ! J'vais t'égorger et tu vas crier ! Tu vas hurler comme une tapette et répandre ton sang sur le parquet de cette taverne pour avoir osé me traiter de chaudasse, de bestiole et de biquette. J'vais sortir tes tripes et te pendre avec ! J'te pèlerai le jonc et donner des bouts aux chiens ! Je laisse tomber ma cuillère sur la table, mes doigts serrés à en former des poins d'acier, les veines saillantes et les jointures blanchissant sous la pression. J'vais l'envoyer valser à l'autre bout de la taverne et je...

Ah. Bordel, Zorro, tu m'as pourrie mon élan et ma joie de lui casser la gueule ! Ma surprise est tout autant visible que par mes sourcils haussés. J'allais lui broyer la main avant qu'il ne la plonge dans ma poitrine, ce gros dégueulasse. Mais il l'a arrêtée avant que je ne fasse quoique ce soit...Et il le dit de façon si...simple et légère ! Ca n'empêche pas à l'autre lourdeau de se ramener et de menacer le beau brun. Attends. Merde...J'ai dit « beau » en parlant de Zorro ? Chier...C'est pas l'moment ! J'dois me lever pour...Ah beh non, même pas besoin ! C'est qu'il est extrêmement rapide ! J'ai rien vu ! Et son regard...Woah. C'est...Je...Hum, reprends-toi un peu ! Je fais mine d'être naturelle, pas impressionnée, mes deux mains se joignant l'une l'autre pour donner un semblant d'applaudissements qui ne durent que quelques secondes, pour ne pas dire deux.

- Et bien, on peut dire qu't'es vif comme garçon. Et oui, j'aurais pu l'faire moi-même, avec plus de blessures et d'éclaboussures de sang par ci, par là. Mais l'tenancier m'aurait foutue dehors si ça avait été le cas. Tiens, en parlant du loup...

D'un geste du menton, j'indique à Jo la Castagne que l'aubergiste arrive vers nous...Soulagé, dirait-on. Ah bah, il peut l'être. Cela aurait été un véritable carnage avec moi. Remerciements et blabla, voilà ce que tient le tavernier pour Zorro. Une chambre ? Ah, pour moi aussi ? Bien sûr que j'veux ! Bon sang, un vrai lit, pour une fois, ça ne me fera pas de mal ! Une belle promesse ! J'en finis mon repas assez rapidement, même si je n'en ai plus trop l'appétit. On ne gaspille pas, et les journées seront bien longues et dures pour arriver jusqu'à Lenwë.

Ainsi se finit la soirée, avec l'aubergiste, nous grimpons à l'étage et à la fameuse chambre dont il nous fait cadeau. En y entrant, j'me sens un peu à l'étroit. Il est vrai que je suis plus grande que la moyenne, mais bon...On va faire avec ! Et...Merde. Je rêve. Un lit double. Un seul putain de lit double. Ahooon...Je me masse les tempes quelques secondes. Il a cru qu'on allait se sauter dessus ou qu'on était ensemble.

- Tu m'as pris pour une catin, l'tavernier?

Je grogne un peu, mais bon, il veut être gentil, et il se sent redevable pour les deux péquenauds, surtout envers Zorro. Et Zorro doit me suivre demain pour prendre la route. Peut-être aussi qu'il veut s'excuser pour les lourdingues. Je ne sais pas. Je soupire fortement. J'ferais avec. L'aubergiste s'excuse de n'avoir qu'une chambre de libre, puis nous laisse en nous souhaitant la bonne soirée. Zorro, lui, se tourne vers moi pour dire qu'il dormira par terre. Autant, j'suis pas une catin, autant, j'suis pas une sans-coeur. C'est d'un ton neutre que je lui balance des mots doux.

- C'est bon. C'est ta dernière nuit dans un véritable lit avant un long moment, alors profites-en. Tu prends un coin, et j'prends l'autre. Mais attention...

Je me tourne vers lui. J'me montre peut-être plus sèche, mais au moins...

- Mais attention à toi. Si tu fais un truc de travers, j'te jette contre l'mur à coups d'sabots.

Un bref sourire en coin, mais au fond, je n'en rigole pas. Une main baladeuse, ou même tout son corps, et ça sera un gros coup dans son cul et il ira voler à l'autre bout de la pièce. Il est prévenu.

J'en dépose mon sac à dos dans un coin proche du lit. Je vérifie que tout y est et puis je me redresse en étirant tout mon corps.

- J'vais en profiter pour me décrasser. Même avertissement. Pas d'yeux qui viennent en douce, ou tu d'viendras aveugle. Gabiche ?

Direction cette petite pièce attenante. L'eau qui coule, moi qui me défait de mon armure et de mon arme que je laisse, malgré tout, à portée. Ces gouttes qui ruissellent sur mon corps dessinent des sillons, marquant ma peau de sa crasse présente. Le bloc de savon dans les mains, je le passe dans mes cheveux, contre mes cornes, sur mes courbes, jusqu'à atteindre mes sabots. L'eau n'est plus très nette et c'est bon signe. Adieu nuits dans la paille, journées à patauger dans la boue, fatigue de semaines à vagabonder. Bonjour à une Nunaat toute fraîche, prête à passer une nuit des plus paisibles. Je sors de sous l'eau, m'ébrouant un peu avant de passer une serviette et me défaire de l'humidité sur mon corps. Je m'enroule dedans et me redirige vers la chambre.

- C'est libre, si t'as b'soin. Mais t'as l'air tout propre. Ah, au fait, avant de partir d'main, on fera des réserves. En tant normal, je n'en fais pas des masses, mais je préfère être prévoyante. J'sais pas si t'es un estomac à quatre pattes ou pas.

Je retourne vite fait dans la salle d'eau, prenant mon armure et une autre serviette que j'humidifie. Revenant dans la chambre, je les dépose sur le bureau, m'installant sur la chaise, et toujours enroulée dans ma serviette, je nettoie mes protections avec le tissu humide. C'est toujours mieux que rien. J'suis pas bien bavarde, mais si l'autre veut jacasser, je peux toujours lui répondre.

- Ah oui ! Et choisis ton côté de lit aussi.

Zorro Wolfen

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 6 dimanche 10 mai 2020, 20:45:03

- C’est bon. C’est ta dernière nuit dans un véritable lit avant un long moment, alors profites-en. Tu prends un coin, et j’prends l’autre. Mais attention …

Poussant la galanterie un peu loin, le mercenaire allait rétorquer que ça ne le dérangeait pas, voire même que cela l’arrangeait ; après tout il avait passé la plus grande partie de son existence sur les routes, par tous les temps, au point que rien que le fait de dormir au sec, au chaud et sans racine pour lui chatouiller les côtes était déjà un luxe. La réplique de Yukka lui en ôta la possibilité. En revanche elle lui arracha un demi-sourire amusé. Non pas qu’il se moqua d’elle ou la pensa incapable de l’éjecter dans le mur d’un coup bien placé. Au contraire même, il prenait son avertissement tout à fait au sérieux. Simplement son franc parlé l’amusait. Et son bref sourire en coin ne lui avait pas échappé.

Il opina du chef et suivit la Nunaat dans la pièce. Alors qu’elle disparaissait dans la salle d’eau, après un énième avertissement, Zorro s’affala dans un coin du lit, laissant tomber ses maigres possessions à côté de celles de la jeune femme. Il s’étira longuement, son dos produisant un discret craquement puis retira ses bottes avec un soupir de soulagement. Même s’il avait pu se reposer quelque peu dans les bains, la fatigue accumulée de plusieurs semaines de voyage se faisait ressentir, sans compter le reste des suites de sa grande téléportation. Il avait beau dire, une nuit dans un vrai lit lui ferait effectivement le plus grand bien !
Arrangeant un peu la position des oreillers dans son dos, il se laissa aller contre la tête de lit, les mains croisées derrière la nuque, les yeux clos, se laissant doucement glisser dans un état semi-méditatif qui lui permettait tout à la fois de relâcher ses muscles fatigués et de rester pleinement conscient de son environnement.

Venant de la salle d’à côté, il pouvait distinctement entendre le clapotis de l’eau qui coulait. Dans cet état méditatif, il percevait même la différence entre le son des gouttes qui s’écrasaient directement sur le sol et celui, plus doux, amorti, de celles qui tombaient sur le corps de sa colocatrice. Lentement une image, imprécise mais ô combien évocatrice, se formait dans son esprit, une image toute en courbes voluptueuses et en muscles délicatement sculptés. Il battit des paupières au moment où le bruit s’arrêtait, s’arrachant volontairement à sa rêverie, légèrement surpris. Il avait certes remarqué que les mœurs étaient autrement plus relâchées dans ce nouveau monde que dans le sien, mais il ne pensait pas que cela l’affecterait. Du moins pas si rapidement.
Il s’ébroua et se releva au moment où Yukka sortait de la salle d’eau, enroulée dans une serviette qui, si elle dissimulait l’essentiel, laissait apparaître de larges pans de sa peau bleutée, brillante comme un pâle saphir sous l’effet de la douche. Lui indiquant que la place était libre, elle re-disparut le temps de récupérer son armure et son arme, laissées dans la douche avant d’aller s’assoir devant le bureau et d’entreprendre de les nettoyer.

Avec un grognement inintelligible Zorro s’étira de nouveau puis pénétra dans la pièce encore humide, ses vieilles affaires à la main. Après une brève hésitation, il retira sa chemise, dévoilant un torse musclé, sec et tanné par une vie au grand air. De nombreuses cicatrices marquaient son corps, récentes pour la plupart, la plus impressionnante partant du sommet de son épaule et courant en biais jusqu’au creux de son coude, souvenir d’une récente escarmouche avec une horde de sales bestioles fouisseuses et retorses. Malheureusement pour le mercenaire, il ne disposait pas de la même faculté de guérison que sa défunte mère. Ce qui ne l’empêchait pas de cicatriser et de guérir bien plus rapidement que beaucoup, même si certaines blessures laissaient des marques sur son corps, comme celle qui lui avait value sa cicatrice à l’œil.

Sifflotant à mi-voix, un pain de savon à la main, l’aventurier lavait ses vieilles affaires, armure comprise, grimaçant devant les tâches les plus récalcitrantes et éclaboussant copieusement autour de lui, l’air rempli de petites bulles aux reflets irisés. Sa tâche accomplie, il suspendit le tout à une corde prévue à cet effet. Il faisait bon à l’extérieur, et plus encore dans leur suite ; d’ici à leur départ, tout serait sec et prêt à être emballé.
Finalement il sortit de la pièce, la chemise sur l’épaule, toujours humide de son vigoureux nettoyage. La Nunaat avait pris les deux seules serviettes, aussi n’avait-il pu s’essuyer. Mais à vrai dire, cela ne le dérangeait pas ; il sécherait bien assez vite et en attendait, l’eau sur son torse lui faisait du bien.

Revenant vers son sac, il fouilla dedans un instant jusqu’à trouver de quoi s’occuper de son épée. La lame, trouvée dans de vieilles ruines, de facture ancienne mais de qualité présentait malgré tout quelques tâches de rouilles et d’usure et, surtout, avait grand besoin d’être affûtée. S’asseyant au même endroit qu’un peu plus tôt, le marquant implicitement comme "son" côté du lit, le buste tourné vers sa compagne de chambre, il observa attentivement l’arme avant de commencer à passer une pierre dessus.
Pendant un moment, on entendit plus que le bruit lancinant, hypnotique, de la pierre aiguisant la lame, mêlé au discret squiiik squiiik que faisait Yukka en passant la serviette humide sur son armure. Concentré sur sa tâche, Zorro ne levait pas les yeux mais alors que son épée retrouvait lentement un fil digne de ce nom, son esprit était tourné vers la jeune femme. Il se demandait qui elle était vraiment, et ce qu’elle faisait seule. Puis surtout pourquoi elle lui avait parlé de cette école et d’où elle-même la connaissait. Son parfum lui parvenait, odeur légère dominée par le savon qu’elle avait utilisé puis par l’odeur légèrement musquée de sa peau et de sa fourrure légère. En allant plus loin, il percevait les senteurs discrètes de plusieurs variétés de plantes, une odeur typique des herboristes et autres personnes habituées aux herbes. Plus loin encore, il sentait une odeur affreusement familière, métallique et qui restait sur la langue, aisément reconnaissable après une vie à combattre. De toute évidence, la jeune femme n’avait pas eu une vie facile. Etrangement cependant, et ce malgré ce malgré toutes ces questions, il était enclin à lui faire confiance. Même si cela n’excluait pas une certaine prudence …

Après un dernier passage de la pierre sur la lame, il l’observa puis, satisfait de son travail, se leva, avançant vers le bureau où l’herboriste travaillait toujours, et posa la pierre à côté d’elle.

-Je ne sais si ton arme en a besoin, mais si tu veux utiliser ma pierre, n’hésite pas. En plus elle est neuve !

Sur quoi il retourna s’allonger dans le lit, le dos appuyé contre le mur, les jambes étendues sur le matelas.

- Dis-moi Yukka, je me demandais … Hmmm non rien, oublie. J’allais te demander où se situe, grossièrement, cette école dont tu as parlé, mais tu ne sais pas encore si tu peux te fier à moi.
Un silence, puis il reprit.
- En revanche, je suis curieux de savoir comment tu l’as découverte, si cela ne te dérange pas.

La machine était lancée. Zorro ignorait si la jeune femme répondrait à toutes ses questions mais il entreprit de la questionner délicatement sur ses origines ou ses aventures. Il veillait à ne pas se montrer trop intrusif et n’insistait jamais si elle ne répondait pas où se montrait évasive, de telle sorte que, loin de ressembler à un interrogatoire, ce qu’elles n’étaient pas, ses questions ne soient que la discussion d’une personne qui cherche à connaître un peu mieux son interlocuteur. Ou son interlocutrice en l’occurrence. Il marqua un intérêt poli pour la race dont elle était issue, parlant d’être semblables qu’il avait lui-même rencontré il y a fort longtemps, mais ne creusa pas plus en profondeur, sentant confusément qu’il y avait là une histoire obscure et douloureuse.
En retour il lui parla de lui, répondant sans gêne à ses questions, mais gardant sous silence sa capacité spéciale, tout comme le fait qu’il venait d’un autre monde, éludant les questions sur ces sujets. Néanmoins, que ce soit à cause de ses questions ou de certaines remarques, la Nunaat pouvait sans grand problème soupçonner que Zorro n’était pas originaire de Terra. Soupçonner, mais pas en avoir la pleine confirmation.

Le temps passa, le soleil laissant progressivement place à la lune et aux étoiles. Les bruits provenant de la grande salle plus bas s’éteignirent peu à peu alors que l’éclairage public s’allumait. On entendit quelques clients monter les escaliers pour se rendre dans leur chambre puis le silence se fit.
Allongé sur le côté, un œil ouvert l’autre fermé, la tête appuyée sur son bras, Zorro observait les reflets de la lune sur les murs de la chambre, l’esprit ailleurs. Un léger poc se faisait parfois entendre, de plus en plus rarement, provenant de la pièce où ses affaires terminaient de sécher. Contre son dos, il sentait la chaleur de la jeune femme. Le lit, quoique confortable, s’était avéré plus étroit que prévu, manifestement plus prévu pour un couple, et même un couple physiquement très impliqué, que pour deux personnes qui ne se connaissaient pas quelques heures plus tôt et n’envisageaient guère de se rapprocher plus dans l’immédiat. Tant et si bien qu’ils avaient mis un moment avant de trouver une position convenable avant de finalement s’installer dos contre dos, collés l’un à l’autre, la queue de la demoiselle placée tant bien que mal entre leurs quatre jambes.
Le mercenaire ignorait complètement dans quelle tenue se trouvait sa compagne de chambre. Lorsque le moment était venu, supposant qu’elle ne dormirait pas en armure, une chose généralement très inconfortable, il avait fermé les yeux et ne les avait rouverts que lorsqu’elle s’était emmitouflée dans la couverture. Pour sa part il était resté torse nu, vêtu de son seul pantalon dont il avait retiré la ceinture.
Respirant profondément, ignorant la douce odeur féminine qui vint en profiter pour lui titiller le nez, il glissa lentement dans cette transe profonde qui lui faisait le plus souvent office de sommeil.

Ce furent les premiers rayons de soleil qui le tirèrent du sommeil. Ouvrant les yeux, il aperçut tout d’abord une masse de cheveux sombre, avant de sentir sous son bras la taille de l’hybride. De toute évidence, il s’était retourné dans sa transe et avait prit la jeune femme dans ses bras.
Délicatement il se détacha d’elle et se leva avant d’entreprendre silencieusement quelques exercices d’assouplissement matinaux, tâchant de ne pas la réveiller et espérant, si elle savait qu’il l’avait tenu ainsi, qu’elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Après tout, cela avait était involontaire et inconscient, même si la sensation qui lui restait était agréable. Il n’allait pas tarder à terminer ses exercices lorsque la jeune femme se redressa à son tour. Tordu dans une position tarabiscotée, il la salua et poursuivi son activité avant de finalement se rhabiller, prêt à déjeuner puis à aller faire des provisions, comme prévu. Même si contrairement aux appréhensions de Yukka il n’était pas un estomac sur pattes, pouvant se passer d’un vrai repas plusieurs jours durant quand la situation l’exigeait, et pouvait tout à fait chasser ou se contenter de racines, il était d’accord pour dire qu’il est toujours bon d’avoir des rations sur soi. De plus, il lui manquait encore quelques ustensiles utiles à un long voyage, notamment un duvet, toujours plus confortable qu’un tas de feuilles ou d’herbes sèches …
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Yukka

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 7 dimanche 17 mai 2020, 23:17:35

Cela risque d'être compliqué d'oublier sa compagnie alors que je suis en simple serviette dans la chambre, sans rien en dessous, mais je vais faire en sorte de me concentrer sur autre chose. Je ne veux pas qu'il croit qu'il va y avoir plus entre nous ce soir. Yerk, rien qu'à l'idée, j'en ai des frissons désagréables dans le dos. Assise sur un tabouret à côté du bureau, non loin du lit, j'ai pourtant tout le loisir de le voir se déshabiller et d'admirer ses cicatrices. Ce n'est pas nouveau pour moi d'en voir sur un corps mais...Donc toi aussi, ta vie ne se résume qu'à des voyages et des combats ? Nous ne sommes pas si différents, finalement ? Mmh...J'avais déjà remarqué cette cicatrice sur ton beau visage, et ça n'enlève rien de ton charme...Que...MERDE ! Putain, Yukka ! À quoi tu penses encore ? C'est sérieux ! Je me sens si honteuse de penser tout ça...Si honteuse que je sens le rouge me monter aux joues. Ce n'est qu'un homme, et les hommes sont tous les mêmes : ils ne sont là que pour chercher à amadouer et planter leur bite entre des cuisses. T'avais oublié ça, ma vieille ? T'es qu'une abrutie de Nunaat.

Je peste contre moi-même, la mâchoire serrée et les narines détendues pour expulser ma rage d'une certaine manière. Je dois me reprendre. Je me reconcentre alors sur le nettoyage de mon armure. Elle a beau ne pas être imposante et recouvrir tout mon corps, ce bout de métal n'en reste pas moins dégueulasse. Alors j'ai piqué une serviette de plus dans la salle de bain et je l'ai humidifiée pour retirer toute cette boue que j'ai accumulé lors de mon dernier voyage jusqu'à Nexus. J'en ai pris des trombes d'eau dans la figure et des terrains impraticables. On aurait pu croire à des sables mouvants à certains endroits, mais j'ai de bons yeux, et de bons réflexes. Je tombe pas facilement dans un piège. En plus de cette boue séchée sur mon armure, des gouttelettes de sang, pour ne pas dire quelques traînées. Un voyage n'est jamais tranquille. JE ne suis JAMAIS tranquille. Entre les hommes qui me prennent pour une curiosité à baiser, ou une femme sans défense, ceux qui me prennent pour une Terranide et qui pense pouvoir faire de moi un bon toutou à son pépère...C'est usant.

D'ailleurs, il est bien usé ce tas de ferrailles. Je demanderai à Miuggrayd de m'aider à trouver quelqu'un pour m'en confectionner une autre. Je me penche un peu pour attraper mon fameux compagnon de route, ce sac de cuir qui n'est pas à ses débuts malheureusement. Je l'entrouvre pour trouver cette petite fiole au liquide orangé, l'ouvrant puis en déversant un peu sur la pointe de la serviette humide. Avec précaution, je fais passer le tissu sur le métal en faisant des cercles, sans oublier le moindre recoin. Elle doit au moins tenir jusqu'à Lenwë, et elle tiendra.

Tiens, il est déjà là et propre ? Un de mes sourcils se hausse un peu plus au dessus de mes yeux, surprise de voir que j'étais autant prise dans mon nettoyage, que je n'ai même pas entendu ce bougre prendre une douche. Attends...Il est encore tout trempé ? Merde, il n'y avait que deux serviettes ? La conne que j'suis. Désolée, je n'ai pas fait attention...Mais impossible de t'en passer une désormais. L'une est dégueulasse, l'autre est sur moi, et tu peux toujours rêver pour que je l'enlève devant tes yeux. Ou alors, je te les crève avant...

À son tour de faire l'entretien de son armement. Continuant le mien, je lève parfois mon regard sur lui, en face de moi. Cette peau encore brillante de l'eau de la douche...Il a du charme, c'est indéniable, et il doit en faire tomber des minettes...Non, Yukka, arrête-toi ! Cela en devient ridicule. Je relève la tête, les cheveux qui sèchent en pagaille, quand Zorro s'approche de moi. Qu'est-ce qu'il va faire ? Ah. Un autre sourcil haussé et j'observe la pierre qu'il me tend puis qu'il laisse à côté de moi. Un geste appréciable mais pour le coup, pas nécessaire, du moins, pas pour ma hache. Arme dont je me saisis enfin, après avoir posé l'armure propre sur le bureau, et passe un coup de serviette humide dessus. Adieu gadou, adieu sang pourpre. Il ne manque plus qu'un peu de magie mais je vais m'abstenir. Je ne sais pas de quoi tu es capable, cher Zorro, et je ne voudrais pas que tu ai un avantage sur moi s'il s'avère que tu es un mécréant. Ce n'est qu'après que je dépose ma hache, pour farfouiller une nouvelle fois dans mon sac et sortir mon sécateur, utilisant enfin la pierre de Zorro pour affûter les bords tranchants, la tendant à son propriétaire une fois fini.

- Merci.

Je viens ranger mes affaires dans mon sac alors que Zorro semble vouloir me parler. Je lui lance un regard interrogatif, puis au final, lui réponds le plus simplement du monde.

- En effet, je ne te dirais pas où se trouve l'académie. Tu feras le chemin avec moi, c'est tout. Et je ne compte pas y amener un connard ou un manipulateur qui ferait des dégâts là-bas, compris?

Lenwë, c'était la seule maison qui me restait depuis des siècles. Zorro est sous ma responsabilité, et s'il n'est qu'un enculé de première qui veut du mal à ma maison, s'il en fait, je me sentirais...Comme cette fois-là. Un soupir s'échappe de mes lèvres alors que cet éphèbe continue de me harceler avec ses questions. Autant lui dire. Si je connais Lenwë, c'est parce que Miuggrayd m'y a amené alors que j'étais à l'article de la mort. Et pourquoi étais-je dans cet état ? Je ne peux avouer ça à un étranger. Cher Zorro, je ne fais que te tolérer, même si tu es beau comme pas possible, et même si tu as l'air honnête, c'est une blessure qu'il n'est pas bon d'ouvrir, surtout quand il s'agit d'une autre personne que mon sauveur et ami. Contente-toi de savoir que je suis une Nunaat, cette créature incroyable, grande et forte, qui pourrait t'apprendre bien des choses. J'en aurais presque un sourire sur le coin des lèvres, mais quand il me dit avoir vu des êtres similaires dans son pays, je peine à le croire. Bien des Nunaats ont traversé Terra. Certains ne sont jamais revenus, il est vrai, mais dans tous les cas, ils restaient de mon clan à l'origine, même après des siècles d'existence. C'était une fierté. Alors...D'où viens-tu ? Méfiance et curiosité se mêlent en mon âme.

Vient alors le moment d'aller dormir. Je grogne un peu, le temps de voir que cet homme s'installe dans le lit et se mette de dos. Je vérifie qu'il ne joue pas aux cons avec moi, puis fait tomber la serviette qui entourait mon corps nu, au sol, avant de finalement disparaître sous la couverture de notre couche. Dos à lui, je joue un instant avec ma queue pour qu'elle se retrouve entre nous, sans pour autant gêner personne. Je n'ai pas envie de me retrouver coincer sous son gros cul.

- Bonne nuit.

Puis, doucement, je ferme les yeux et mon esprit s'embrume...Un épais brouillard m'empêche de voir correctement autour de moi. Je peine à distinguer où mes sabots me portent. Aucun son. Où suis-je ? Je renifle fortement. Pas une odeur. Pas un brin de vent ne vient frotter sur mon visage, ni même agiter mes cheveux. Rien du tout. Que du vague autour de moi. Les bras en avant, je cherche à tâter quelque chose. En vain. Toujours rien. L'angoisse me monte. Je suis totalement seule au monde. Pas un insecte qui vole, ni d'oiseau qui chante. De fleurs qui poussent, ni même de pluie qui tombe...Encore toute seule, comme cette nuit-là. Je rêve, n'est-ce pas ? Ça ne peut être que ça...Pense à autre chose, Yukka, ou réveille-toi ! Rien ne change...Vite, je dois...Ah ! Je sursaute alors que j'entends un son parvenir de derrière moi. Pourtant, je me retourne et il n'y a rien. Une nouvelle fois, je l'entends derrière moi et encore une fois, rien. J'vais devenir folle ! Ce n'est qu'après plusieurs dizaines de secondes de silence que le son me parvient un peu mieux aux oreilles. Yukka...On m'appelle ? C'est...Un frisson parcourt mon dos, mais il est loin d'être désagréable. J'y ressens une douce chaleur, comme si on m'enveloppait, alors qu'à mon oreille, on susurre encore mon nom...

Mes yeux papillonnent un instant avant que je ne me rende compte que je délirais en plein rêve, et que je suis enfin revenue à la réalité. Bordel, c'était quoi ça ? Tiens, l'autre n'est plus dans le lit ? Je sens un courant d'air froid dans mon dos, comme une absence. Il s'est tiré, la queue entre les jambes ? Je me redresse dans le lit, gardant précieusement la couverture contre moi, vu que j'suis nue. On sait jamais, si l'autre barbu est enco...Merde, il est là. Il fait des exercices d'assouplissements, dirait-on. Je ricane un brin, le toisant de là où je suis.

- Tu t'entraînais à détaler le plus vite possible ? C'est raté, t'es vu, gamin. M'enfin, ça s'rait bien que t'ailles à la douche, juste histoire que je mette mon armure. J'ai pas envie qu'tu m'vois à poil, au risque que tu y perdes la vue.

Je crois que t'as compris, mon coco. J'attends qu'il se carapate dans l'autre pièce pour fouiller dans mon sac, et y trouver une culotte de coton, avant de mettre tout ce qui est mon armure, maintenant propre et brillante. Enfin, je réunis toutes mes affaires pour ne rien oublier. Mes cheveux qui vont dans tous les sens ? Je m'en fiche. D'une voix plus imposante -enfin je crois-, j'appelle Zorro.

- C'est bon ! Tu peux r'venir, le gringalet. Tu ne risques pas de perdre tes yeux.

Je l'attends patiemment, en profitant pour mettre mon sac sur le dos, ainsi ma hache. C'est bon ? Il est prêt. Allons-y. Nous avons du chemin à faire, mais avant ça, nous devons prendre quelques vivres. Sait-on jamais ! Descendant les escaliers, je jette un œil dans la taverne, observant s'il y a encore les deux guignols d'hier soir. Pas de cons en vue. Nous saluons le tavernier, avant de sortir d'ici. Il a beau y avoir du soleil à cette heure, je sens cette lourdeur dans l'air. Le ciel sera capricieux dans la journée, ou bien est-ce juste l'air infect de cette ville qui me titille les narines ? À voir les gens qui passent, j'en ai déjà mal au crâne, mais il faut bien se rendre sur le marché voisin et ses boutiques attenantes pour trouver ce que je souhaite. Ce qu'on souhaite.

C'est d'un pas lourd que je me suis une petite troupe, un essaim de commères avec des paniers à la main. Mes sabots claquent sur les pavés et je me fais facilement remarquer. J'en ai l'habitude. Je n'ai pas envie de faire attention, mais je garde mon air de grincheuse. Ça éloigne les connards et les emmerdeuses. Enfin, en temps normal, ça le fait. Mais ça n'a pas empêché les abrutis d'hier soir de me chercher des noises. Je reste muette. J'ai pas l'habitude d'avoir une compagnie. Tu vas devoir faire avec, mon cher éphèbe. Ah, nous arrivons au marché...Heureusement, il est tôt et il n'y a encore que peu de monde, et j'en remercie les dieux pour une fois. Cela m'évitera de vouloir éviscérer un tas de nigauds. Je pointe plusieurs étals à mon nouvel ami.

- Si tu veux acheter des trucs, vas-y. J'vais chercher ce qu'il me faut de mon côté. Si jamais, on se retrouve ici quand on a fini.

Qu'il soit d'accord ou non, dans tous les cas, j'avance sans lui vers un étal de maraîcher. Je guette les quelques fruits et légumes qu'il possède, d'un air dubitatif.

- Combien pour une tresse d'ail, et trois oignons jaunes ?

- Trente cuivrées pour la tresse et douze pour les oignons, ma p'tite dame!

- Vendu.

Fouillant dans mon sac puis dans ma bourse de cuir, je pars à la recherche des pièces de cuivre, et déleste le prix demandé au marchand, venant récupérer mon dû pour l'installer au chaud dans mon sac. Je regarde dans les allés, un peu plus grande que les autres, à la recherche de nourriture plus consistante. Ah ! Voilà d'la bonne bouffe : un charcutier. Avançant vers lui, j'inspecte ses biens un instant, histoire de voir si ça vaut le coup. Ses viandes n'ont pas l'air suspecte, je ne pense pas risquer une intoxication et de vomir partout. Ça serait con de vomir sur Zorro alors qu'il sent le propre !

- Trois allers-retours de votre saucisse de sanglier.

Je ne lui demande pas le prix. Je sais que ça va me coûter, mais on ne chasse pas des masses dans les neiges qui recouvrent les montagnes vers Lenwë. Ca sera de la saucisse de secours. Comme pour le maraîcher, je prends les cuivrées qu'il a besoin en échange de ses fameux mets, les rangeant avec soin dans mon sac. Et à dire vrai, à sentir la bonne odeur, j'ai bien envie de croquer un bout, mais on va se retenir. Il n'est pas question de céder à la tentation, comme avec Zorro...Putain ! Mais qu'est-ce que je viens de penser encore ?! Bordel, j'ai les hormones qui batifolent ou quoi ? Pff...Ridicule. Agacée, je m'en retourne au début du marché, patientant après le futur élève de l'Académie.

Mh...Les gens me regardent de travers, encore et toujours. Vous n'avez jamais vu une beauté pareille, je parie ! Et bien, moi aussi ! Je ricane toute seule de mon absurdité, les bras croisés sous ma poitrine. Attendons que le grand brun revienne ici, et espérons qu'on ne vienne pas me faire chier. Mh...Peut-être que j'aurais dû prendre aussi du romarin et de la sauge-ananas...Tant pis, je me débrouillerai avec ce que je vais trouver en forêt.

Zorro Wolfen

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 8 mercredi 27 mai 2020, 23:31:53

Gamin ! Elle l’avait traité de gamin ! Cela faisait des années que personne n’avait donné ce qualificatif à Zorro et ce pour une bonne raison : il était tout simplement nettement plus vieux que bien des personnes de sa connaissance. A vrai dire, il était même plus âgé que ce que sa mère n’avait jamais été. Loin d’en prendre ombrage, ce mot fit sourire le mercenaire alors qu’il terminait d’enfiler ses bottes.

Habillé, prêt à partir, il observa sa compagne de chambrée d’un air tranquille, attendant qu’elle s’habille à son tour, la trouvant presque touchante avec ses couvertures chastement remontées sur sa poitrine … avant de rougir devant sa remarque. Oups ! A force de vivre seul ou avec des compagnons de route très proches, il en avait oublié quelques règles de savoir-vivre. Sans plus attendre, il fila dans la salle de bain, le temps que la nunaat soit prête avant de l’accompagner au-dehors de l’auberge, non sans avoir salué le tenancier de l’établissement.

Dehors, le jour était encore jeune et l’air frais, en dépit des lourds relents de pollution suintant des pavés de la ville. Malgré cela, la place du marché était déjà bondée. Du moins le paraissait-elle aux yeux du mercenaire, bien peu habitué à une telle densité et aux villes aussi démesurée que Nexus. Suivant une Yukka absolument muette et manifestement déjà énervée, Zorro en profita pour observer furtivement les environs, commençant déjà à s’orienter dans le labyrinthe de ruelles et de bâtiments gargantuesques.
Il en profita aussi pour tendre l’oreille, à l’affût de rumeurs et autres racontars, vieille habitude d’aventurier à la recherche de contrats juteux ou de travail. En vain cependant ; la plupart des discussions qu’il captait tournant autour de Yukka. Il faut dire que la jeune femme n’était pas particulièrement discrète, avec sa grande taille, son armure, ses sabots qui claquaient sur le pavé et sa beauté, inhabituelle mais indéniable. Elle aurait pu pourtant passer plus inaperçue, si elle s’était départie de son attitude de va-t’en-guerre. De cela, Zorro en était absolument certain.

Alors qu’il vagabondait dans ses pensées, sa guide s’arrêta brusquement pour lui désigner quelques étals avant de partir de son côté faire ses achats.
Laissé à l’abandon, le Loup soupira en secouant la tête, un léger rictus aux lèvres. Le voyage promettait avec une telle compagne ! Il espérait qu’elle se détendrait un brin en cours de route. Peut-être une fois en dehors de la ville. Lançant un dernier regard à la grande silhouette, il s’enfonça à son tour parmi les étals, à la recherche de ce qui lui manquait pour le long voyage qui s’annonçait.

Arrivé depuis peu, il n’avait qu’une idée très vague des prix de ce qu’il recherchait. Errant à travers les boutiques, il regardait de partout, notant les tarifs exposés, écoutant les gens négocier, bref, s’imprégnant du marché local.
Plusieurs longues minutes s’écoulèrent ainsi, fastidieuses et épuisantes. Finalement Zorro émergea de la foule et se dirigea vers le point de rendez-vous convenu, la bourse infiniment plus légère, pour ne pas dire vidée, mais prêt à affronter la route. Outre un duvet chaud et confortable âprement négocié, il avait aussi fait l’acquisition d’un sac d’occasion pour y ranger ses affaires, de cordes, d’un kit de survie basique comprenant allume-feu, briquet et silex, fil de pêche et premiers soins, auxquels s’ajoutaient les inévitables rations – pain de voyage et viande séchée, agrémentés de fruits secs, une outre remplie pour l’heure d’un vin léger et d’une cape de voyage. Il n’avait pu s’empêcher d’acheter, petit luxe, un baudrier neuf, simple et robuste qui lui barrait maintenant la poitrine, lui permettant de porter sa lame dans le dos plutôt qu’à la taille, et une lame de chasse. Il avait longuement hésité à prendre un arc, bien plus pratique pour chasser, mais le prix prohibitif l’en avait dissuadé. Au besoin, il pourrait toujours en fabriquer un.

Arrivant à l’entrée du marché, il aperçut la silhouette de Yukka et son adorable air revêche qui semblait l’attendre depuis déjà un moment. Un sourire étira ses lèvres. S’il pouvait ne serait-ce que la faire sursauter au moins une fois …
Avec l’aisance que procure une longue pratique, il se fondit dans la foule, disparaissant presque comme par magie. Furtivement il se glissa de groupe en groupe, louvoyant entre les ombres, pratiquement invisible, et contourna la jeune femme, réapparaissant dans son dos en croquant une pomme, chapardé contre une pièce en passant devant un étal de fruits.

- J’suis prêt, on y va quand tu veux.

Il risquait fort de le regretter plus tard, mais il n’avait pu s’empêcher de parodier le ton de l’hybride, ses yeux brillants d’une malice enfantine.

Plusieurs heures plus tard, les deux compagnons sortaient enfin de la ville à proprement parler, retrouvant avec soulagement l’air plus pur de la campagne.
Le nez en l’air, les yeux fermés, Zorro poussa un profond soupir de soulagement puis sans un mot emboîta le pas à sa guide. Ils marchèrent ainsi toute la journée, échangeant à peine quelques mots, avançant d’un bon pas.
La route défilait sous leur pas, d’un jaune poussiéreux, tranchant avec le vert des plaines environnantes, comme une balafre sur le visage de Dame Nature. Loin, très loin, sur la ligne d’horizon se découpait la forme torturée, teintée de bleu, d’une grande chaîne de montagne, à peine dissimulée par les collines alentours et les nombreux bosquets qu’ils croisaient.
Ce fut dans l’un de ces bosquets, alors que le soleil couchant colorait le ciel de ces milles et une nuances qui inspirèrent et inspireront pendant encore des siècles de nombreux artistes, qu’ils dressèrent le premier campement, un peu à l’écart de la route, sous les branches hautes d’un chêne.
Afin d’éviter de piocher dans leurs réserves, Zorro partit en chasse pour revenir à peine une heure plus tard, tenant à la main deux beaux lapins déjà vidés et apprêtés, ainsi qu’une grosse poignée de ce qui ressemblait à des carottes sauvages.

- Lapins carottes ce soir, cela te convient ? Tient d’ailleurs ça me fait penser … Tu as un régime particulier ?

Nulle méchanceté dans la question, juste de la curiosité. Il avait, à plusieurs reprises, rencontré des gens qui, pour des raisons éthiques, religieuses ou purement biologiques, ne pouvaient s’alimenter de certaines choses, voire refusaient même de les voir. Autant éviter un impair !
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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 9 mardi 23 juin 2020, 03:17:45

Prenons notre mal en patience. Peut-être ai-je fait mes petites courses trop rapidement ? Peut-être aurais-je dû traîner des sabots un peu plus longtemps dans le marché, histoire de jouer les humaines, un peu comme ces petites bourgeoises agaçantes, et arriver en retard au point de rendez-vous ? Mais...Pourquoi je pense ainsi ? Ces pensées sont tellement ridicules. Tellement pas moi... Pourquoi irais-je changer ce que je suis pour quelqu'un que je viens à peine de rencontrer ? Qui plus est, un homme. Non pas que j'ai honte de moi, mais serais-je en train de réfléchir à tout ça car j'essaie de lui faire bonne impression ? C'est si...stupide. Je suis écoeurante...

Un grognement reste coincé dans le fond de ma gorge. Ce genre de réflexions me fait sourire jaune. C'est terrible. Il y a de quoi me faire perdre la tête à réfléchir de la sorte. Cela m'ennuie...Mes doigts finissent alors sur mon front, plus précisement sur mes sourcils, que je me mets à masser comme pour faire effacer toutes ces pensées puériles et sans fond. C'est là que je remarque que l'on me regarde. Haussant un sourcil, mes yeux laiteux fouillent autour de moi mais rien...Avant de baisser la tête et de tomber nez à nez avec un gamin. Ce n'est pas commun, à dire vrai. D'habitude, les enfants regardent de loin, avec leurs parents, souvent la mère, qui leur tirent le bras pour les éloigner de l'horreur que je suis. Pourtant, ce gamin, à la touffe blonde coiffée n'importe comment, se tient juste à côté de moi. J'en viendrai à me coincer la tête et me blesser la nuque tellement il est haut comme trois pommes. Il est presque...mignon, mais...Sa façon de me détailler me dérange. Certes, dans ses yeux innocents, je ne vois pas de dégoût, seulement de la curiosité. Mais est-ce qu'il va arrêter un peu, là ? Je croise les bras sous ma poitrine, histoire de l'impressionner et qu'il se tire enfin. Et ça a l'air de fonctionner...

- Gn !

Je sursaute alors, et par réflexe, je me retourne avec le poing serré et un peu levé, prête à frapper, avant de comprendre qu'il s'agit d'une mauvaise blague de ce nigaud. Quel fils de pute, putain. J'ai failli lui refaire le portrait ! J'ai la main qui picote à trop serrer les doigts, les dégourdissant peu de temps après. Quel abruti...Grognant vers lui, je lui fais un signe de tête pour qu'il me suive, et en avant l'aventure !

Haaa, que j'aime enfin partir de cette ville putride ! Les bois, les champs, les montagnes, il n'y a rien de mieux dans la vie. Ici, l'air est frais et sans aucune impureté. Le calme ambiant est une vraie source de bien-être, même le chant des oiseaux n'est pas dérangeant. Mes sabots battent les pavés des routes principales, puis la terre un peu rougeâtre des sentiers sinueux. Ils soulèvent la poussière sans jamais s'en soucier, sans jamais s'arrêter. La route se fait dans un silence presque de mort. Quelques mots sont échangés, mais sans plus. Tant mieux. Cela me fait des vacances. Mais bientôt, le Seigneur Fournaise s'éclipsa au loin pour laisser tendrement sa place à la demoiselle Crépuscule, accompagnant d'une douce main sa Majesté d'ombre.

- Arrêtons-nous là pour aujourd'hui. Y'a b'soin de grailler et d'se reposer.

Nous dérivons alors du chemin pour s'enfoncer un peu dans le bois et prendre place sous un chêne. Le gamin se décide alors à aller chasser. Bien. Je ne moufte pas. Ca lui fera les pieds, et puis, on va voir ce qu'il rapporte, ce con. En attendant, je vais m'occuper du feu. Je reviens vers le chemin pour prendre quelques pierres et dresser le contour de notre futur cuisine. C'est déjà un bon début, même si les pierres ne sont pas égales. Je pars ensuite à la recherche de branchages secs, de différentes tailles, ainsi que des branches de résineux. En effet, les épines prennent facilement feu. Je reviens, déposant ce que j'ai pu trouvé pour former l'ossature du feu et en laisser de côté pour l'entretenir pour plus tard dans la nuit. Me délestant de ma hache en la laissant au sol, j'ouvre mon sac et sors mon couteau et utilise une des pierres que j'ai pu ramené pour tenter de faire des étincelles. Y'a des moments, j'me dis que j'aurais dû aussi apprendre à manipuler la magie du feu. Cela pourrait m'éviter de longues minutes à allumer un peu, voire pire dans les montagnes enneigées. Je pourrais peut-être demander à Miuggrayd. C'est toujours bon d'apprendre.

Les flammes prenant enfin possession des épines puis des plus petits branchages, je le laisse faire sa vie, plantant sur deux extrémités du contour en pierres de branches plus longues, avec une troisième que je laisse de côté, ayant au préalable taillée une extrémité en pointe pour pouvoir cuire ce que Zorro ramènera. S'il ramène quelque chose ! Parce que c'pas dit, même s'il s'est proposé...En attendant, je m'assieds au sol, dos contre le tronc de ce chêne qui nous sert de toit. Inspectant mon sac, en plus de mon couteau que j'ai déjà en main, je cherche ce mouchoir en tissu que mon ami m'a offert lors d'un de mes précédents passages à Lenwë. Pliant la jambe droite, j'ai le visu sur le dessous de mon sabot. A l'aide de mon couteau, je viens gratter la terre incrustée, en plus des caillasses coincées. Faut bien que j'me cure les sabots. Il peut arriver que des choses bloquées en dessous me provoquent des blessures plus importantes. Je me souviens d'une fois où j'avais marché sur du verre brisé, sans le savoir, et qu'un bout avait fini par s'enfoncer dans ma chair, sans que je la sente réellement.

Alors que je m'occupe de moi, j'entends un bruit à côté. Aux aguets, je fais attention. J'ai toujours ma hache à côté, mais je suis déjà armée du couteau si jamais. Mais c'est le grand brun qui revient de sa chasse, avec deux lapins. C'est plutôt pas mal, surtout qu'il a pris des accompagnements avec la viande.

- C'pas mal. Ca f'ra de quoi rogner.

C'est plutôt bon, le lapin. Juste un peu chiant à déguster. Y'a peu de chair en général, alors il faut prendre le moindre morceau sur les os. J'ai pas à les nettoyer. Je lui montre le bâton taillé en piquet pour qu'il empale les lapins et les mette au dessus du feu, qui tient le coup. Par contre, je ne m'attendais pas à la suite. Vraiment ? Il me prend pour quoi, au juste ? Je grogne, finissant de nettoyer mon premier sabot, passant le mouchoir sur la partie sombre. Un fin sourire orne mes lèvres pulpeuses l'espace d'une seconde, et je viens lui répondre d'un ton tout à fait sérieux.

- J'mange d'tout, mais j'suis plutôt une viandarde. Quand j'peux, j'prends d'l'humaine, mais je l'aromatise avec quelques plantes, sinon, c'pas bon.

Gardant mon couteau, mon autre main fouille dans mon sac de voyage, en sortant quatre fioles. Puis, je reprends mes soins sur mon autre sabot encore dégueulassé. Sans même le regarder...

- Estragon, basilic, persil et laurier sauce. Si tu veux plus de goût dans t'bouffe.

Qu'il fasse aussi un peu la popote. J'suis pas d'humeur à la faire. Ah et...Puisque j'y suis.

- Et toi, t'as un régime particulier ? Ah, et aussi, tu as des pouvoirs, des capacités ? Enfin, des trucs qui pourraient t'être utile pour quand on atteindra les montagnes. Pas envie d'te retrouver façon glaçons là-haut, par exemple.

Je hausse les épaules. Pas que je m'en soucie réellement, mais ça me ferait chier de le perdre si près du but et d'avoir fait tout ce chemin pour rien finalement. Une fois le deuxième sabot curé et lustré, je repose le couteau dans mon sac, observant cet homme dont je ne sais pas grand-chose finalement. Croisant les bras sous la poitrine, mes yeux le détaillent un peu...Peut-être un peu trop, en réalité. Je me pince les lèvres, à moitié énervée et...troublée ?

- C'est quoi ces capacités dont t'as peur, parce que tu les maîtrises pas ? C'est histoire de savoir, d'pas être surprise durant le voyage, si tu vois c'que j'veux dire.

J'ai...Un peu plus chaud. C'est l'feu, ou bien...c'est le fait que je n'arrive pas à dévier mon regard de lui ? Conneries d'hormones, j'suis sûre.
« Modifié: mardi 23 juin 2020, 12:55:27 par Anéa »

Zorro Wolfen

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 10 dimanche 05 juillet 2020, 23:00:25

Le feu crépitait joyeusement dans le silence de la forêt, projetant sa lumière mouvante sur les troncs élancés tout autour des voyageurs, robe éthérée d’or et de ténèbres qui ondoyait au gré de courants d’air capricieux.

Accroupi juste à côté, Zorro épluchait les carottes qu’il avait trouvé en attendant que Yukka lui réponde. Une réponse qui lui fit hausser un sourcil. Il dévisagea la jeune femme longuement, se demandant si elle essayait de se payer sa tête ou non. L’ombre d’un sourire flottant sur les belles lèvres violettes lui apporta la réponse qu’il cherchait, faisant naître une étincelle amusée dans son regard d’émeraude.

Sans réagir, il termina de débiter les racines orangées en lamelles assez fines. Sortant un couteau de sa ceinture, il incisa légèrement la viande en plusieurs endroits et y glissa les lamelles avant de l’embrocher sur la baguette que la nunaat lui avait désigné. Ce n’était pas du grand art, mais à défaut de pouvoir faire quelque chose de plus élaboré, cette méthode lui permettrait de faire cuire le tout ensemble et d’obtenir un vague substrat de ragoût. Il déplorait en son for intérieur le manque d’aromates divers pour améliorer un peu leur repas quand Yukka sortit quatre fioles différentes de son sac. Estragon, basilic, persil et laurier. A croire qu’elle avait lu dans ses pensées ! Avec un franc sourire il la remercia et s’empara des herbes avant d’en mélanger une partie de la saupoudrer sur la viande et de les lui rendre.

- Et toi, t'as un régime particulier ? Ah, et aussi, tu as des pouvoirs, des capacités ? Enfin, des trucs qui pourraient t'être utile pour quand on atteindra les montagnes. Pas envie d'te retrouver façon glaçons là-haut, par exemple.

Surpris, Zorro releva les yeux de sa broche. Face à lui la jeune femme le dévisageait avec l’air un peu pincé de la personne qui regrette déjà d’avoir parlé. Avec son expression butée, le mercenaire la trouve étrangement attendrissante, un peu comme une enfant sauvage. Attendrissante mais aussi séduisante, avec ses yeux laiteux qui reflètent la lueur du feu, ses sourcils finement dessinés et les ombres qui hantent son visage à la peau couleur glacier.

- C'est quoi ces capacités dont t'as peur, parce que tu les maîtrises pas ? C'est histoire de savoir, d'pas être surprise durant le voyage, si tu vois c'que j'veux dire.
- Oh Yukka ? Tu te fais du souci pour moi ? C’est touchant !

Il laissa passer un instant de silence à peine troublé par le bruit des gouttes de graisse grésillant sur le feu. Une douce odeur de viande rôtie emplissait l’atmosphère, avec une touche subtile apportée par les carottes et les herbes. Un vent léger souffla, faisant bruire les feuillages. Enfin le mercenaire se décida à répondre.

- Après tout, tu as le droit de savoir. Puis comment pourrais-tu me faire confiance, si moi-même je ne t’accorde pas la mienne de confiance. Pour faire simple, tu ne risques pas de me voir transformé en glaçon. Les contrées froides, j’en ai exploré plus que ma part au cours de ma longue vie, et le froid ne m’a jamais dérangé en aucune manière. Quant à ces autres capacités …

D’abord hésitant, puis avec un peu plus d’assurance au fur et à mesure de son récit, il raconta à la nunaat les circonstances de son arrivée sur Terra. Sans entrer dans les détails, sans lui raconter toute sa vie, il lui narra les derniers évènements de sa vie. Comment il s’était retrouvé sur Terra, sans rien connaître de ce monde. Il lui parla des enfants, qui l’avait aidé, de son périple jusqu’à Nexus. Il lui parla aussi, évidemment, de son pouvoir, de sa faculté à se téléporter, qui semblait avoir disparu mais qu’il sentait encore confusément en lui. Avec des mots simples, pour ne pas s’embrouiller lui-même, il tâcha de lui expliquer comment sa capacité fonctionnait. Il lui parla de son origine, probable mélange de magie elfique, antique et démoniaque.

De fil en aiguille, emporté par le récit, il lui présenta son monde d’origine, à la fois si semblable et si différent de celui-ci. Il lui décrivit les plus beaux paysages qu’il avait vu, montagnes plus hautes que le ciel, entourée d’une mer de nuages ; océans d’un bleu si changeant, si majestueux que l’âme semblait pouvoir s’y perdre à jamais, vaste plaines et forêts profondes, abritant des ruines mystérieuses, gardiennes d’un lointain passé et des étendues de glace du Grand Nord où soufflait éternellement un vent de tempête et qui pourtant étaient habitées par des peuples nomades.
Accompagné par le fumet de la viande qui cuisait, il parla aussi des peuples qu’il avait rencontré, des Fluets, une espèce humanoïde de toute petite taille, passé maitresse dans les arts culinaires ; des elfes et des lycans, dont il était issu ; des Faunus, une race dont la nunaat était le reflet fidèle, à l’exception de la couleur de sa peau.

Initialement, il avait prévu de ne parler que brièvement, ne souhaitant pas assommer sa compagne. Son vieux défaut l’avait rattrapé, il s’était mit à parler tant et plus, ne s’interrompant que le temps de déguster son lapin à la chair croustillante, parfaitement cuit et ne manquant que d’un tout petit peu de sel. Finalement la nuit était tombée et la lune déjà haute dans le ciel lorsqu’il s’interrompit.

Le silence s’installa, étrange, pesant après cette longue période de narration. Au loin, dans la plaine, le chant des cigales s’éleva, puissant, presque violent, comme si les insectes chanteurs cherchaient à rattraper le temps que le conteur leur avait volé.
La gorge sèche, Zorro prit une gorgée dans sa gourde avant d’adresser une grimace contrite à sa compagne.

- Désolé, je ne pensais pas tant parler. Je voulais juste te répondre, et te permettre de me connaître un peu mieux. Si tu veux, pour me faire pardonner, je prends le premier tour de garde ce soir. Ca te va ?
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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 11 mercredi 22 juillet 2020, 14:04:10

Cela faisait un moment que la nuit était tombée. Seules les flammes du feu que je venais d'allumer nous éclairaient. Des ondulations flamboyantes parsemaient nos corps, exhibant dessus une danse des plus agréables. Assise près du chêne, armée de mon bon long bâton, je remue les braises pour garder le feu correctement, afin de garantir la future cuisson de notre repas. Je reste muette. J'ai pas bien envie de parler. Je ne suis pas des plus bavardes et je crois, de toute façon, que le gamin l'a bien remarqué. Ce n'est pas bien grave. Cela doit se voir sur ma tronche, avec cette moue des plus...plates. Je hausse les épaules intérieurement, continuant de jouer avec ma branche, alors que mes yeux laiteux viennent le fixer en train de préparer les lapins. Il les aromatise avec ce que je lui ai déposé à côté de lui, et...Zorro utilise TOUTES les herbes dessus et dedans...Cela risque d'être assez...étrange comme mélange, mais soit. Je ne lui ai pas précisé quoi mettre. Moi qui le pensait doué en cuisine, j'ai des doutes à l'instant. À défaut d'avoir des récipients pour les faire mijoter, il a l'astuce de fourrer les lamelles de carottes dans la chair des lapins. Pas folle, la petite guêpe !

Pendant que le gringalet empale les lapins pour le mettre à rôtir, je prends soin de rouvrir mon sac à dos et d'y ranger les petits bocaux de condiments, refermant ma besace par la suite. Pour couper au silence, je lui renvoie sa propre question. Après tout, je ne le connais pas. Je ne sais pas comment il fonctionne, ni ce qu'il bouffe ou pas. Si ça se trouve, il est allergique aux cacahuètes...Enfin, si, je sais une chose : ce mec aime taquiner, et ça me gave. J'aime pas qu'on se foute de ma gueule. P'tain...Connard.

- “ Gngngn, c'est touchant ! “. Mon cul, ouais...

J'vais te faire manger tes dents, sale gamin ! Un long silence s'installe, et j'en ai rien à foutre. Mon regard est porté sur la viande qui cuit, mon odorat titillé par ce délicat fumet d'herbes aromatiques. Le temps de quelques secondes, je ferme les yeux, mon corps caressé par la fine brise, et je profite de ce silence comme si je me remettais d'une rude épreuve. Il faut dire que je n'ai guère l'habitude d'avoir de la compagnie, en particulier lors d'un voyage, et qui plus est, avec un homme à mes côtés. Il est charmant, c'est idéniable, mais je ne plierai pas, si c'est ça que tu attends, Zorro. Je peux me montrer patiente, quand il s'agit de débusquer la véritable personnalité des gens qui m'entourent. Ne me déçois pas.

D'ailleurs, je lui ai posé une question dont il ne semble pas voul...Ah si. J'ai parlé trop vite. Rouvrant les yeux pour les poser sur lui, je tique sur l'un de ses mots. “ Ma longue vie “ ? Serais-tu plus âgé que tu n'en as l'air ? Après tout, j'ai bien presque trois siècles à mon actif, alors il serait tout à fait possible qu'il en soit de même pour toi. Mais tu n'es pas Nunaat. Qu'es-tu réellement, Zorro ? Je me penche pour défaire les lapins de leur piquet en proie aux fortes braises, leur chair bien brûne désormais. J'en tends un au grand dadais, puis en garde un pour moi. J'attends quelques longues secondes, que la viande refroidisse très légèrement, avant d'arracher un bon morceau de chair de lapin avec mes dents. Je ne fais pas dans la dentelle. J'suis pas une de ces femmes au caractère alambiqué de la Haute de Nexus. J'ai vécu avec mes frères pendant longtemps, j'ai pris leurs habitudes, et puis, bordel, quel pied de pouvoir croquer à même la chair sans se soucier du bien-paraître. Et puis, ce mélange d'herbes et de carottes est finalement bon, surtout parfumé. Quand il n'y a plus assez de chair pour l'arracher à coups de dents, j'arrache des parties du lapin pour pouvoir en rogner les os. On ne peut pas gâcher un tel mets, surtout quand ce n'est pas moi qui suis allée le chasser.

Alors que je me délecte de mon repas, j'écoute avec attention ce que débite Zorro, et je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à ça. Je reste muette, aussi bien parce que je suis là à manger, concentrée sur ma tâche, et je ne voudrais pas l'arrêter en si belle lancée. Mais...Son histoire, sa vie, c'est un putain de bordel ! Haussant un sourcil, le fixant en train de déblaterrer de manière si passionnée, il me donne l'impression de faire face à un fou, un de ces hommes qui semblait avoir vu une créature divine, ou alors qui avait pris un sacré coup de soleil sur le haut du crâne. Ce qu'il me raconte me parait invraisemblable mais...Miuggrayd m'avait déjà parlée d'un monde parallèle au nôtre, avec beaucoup trop d'humains. Peut-être venait-il de là ?

- On pourrait croire à une mauvaise histoire juste pour m'impressionner...Mais j'ai envie de croire que tu me dis la vérité. Ils pourront peut-être quelque chose pour toi, à l'Académie.

Je récupère les os nus de la moindre trace de chair, les réunissant en un petit tas pour m'en séparer après. Attentive, je souris en coin. À mon tour de me moquer.

- Beaucoup trop bavard, gamin. J'ris si demain, tu n'as plus d'voix.

Je donne un léger coup de poing sur le haut de mon buste, lâchant un gros rot par la même occasion. C'était délicieux, et c'est ma façon de lui dire merci. Et si ça lui plait pas, bah, je l'emmerde. Je me redresse, me fichant éperduement d'avoir de l'herbe collée derrière mes cuisses ou mes mollets. Je prends les os de mon lapin et m'éloigne un peu pour gratter la terre au pied d'un buisson pour enfouir les os. Je rebouche le trou formé par mes doigts pour qu'il apparaisse le plus naturellement possible. Me redressant, j'époussette mes mains en les frottant l'une à l'autre, avant de revenir vers Zorro.

- J'te laisse faire la même chose avec ton r'pas. Le feu subira le même sort quand on partira. J'tiens pas à avoir des esclavagistes au cul durant not' voyage.  Et va pour qu'tu fasses la première ronde.

Les bras en l'air, je m'étire un long instant, faisant craquer mon dos. Un soupir satisfait s'échappe d'entre mes lèvres charnues. Haa, ça fait du bien. Fixant mon compagnon de voyage, je fais un petit geste du menton vers lui.

- Reste là et finis ton r'pas. J'vais pisser.

Sans attendre sa réponse, je m'éloigne de nouveau du camp, de plusieurs buissons et arbres. J'voudrais pas que ça sente l'urine alors qu'on est près du feu. Enfin à bonne distance, j'inspecte les environs de mes yeux laiteux, sur le qui-vive quant aux bruits qui m'entourent. Rien ne semble suspect. Alors je me déshabille et viens faire mon affaire. Une fois fait, je retourne alors au camp. Dans un mouvement lourd, je me laisse tomber au sol, le dos contre le chêne. Croisant les bras sous ma poitrine, je fixe cet homme qui me colle aux basques depuis Nexus.

- Fais pas le gentleman. Ne fais pas toute la garde pour faire genre, et réveille-moi quand c'est mon tour. Si tu l'fais pas, j'te pèterai les dents et c'est de la purée que tu devras bouffer.

Gesticulant un instant, roulant des épaules pour prendre place, toujours assise, je scelle mes paupières et décide de me plonger dans le monde du néant, ou des songes. Je sens mon nez piquer vers le sol, mais je n'ai plus la force de me relever.

*
*   *

Qu'avait-il dit, déjà ? Dans son histoire, Zorro disait qu'il y avait d'autres personnes comme moi. Ils ne s'appelaient pas Nunaat mais...Étaient-ils réellement identiques ? Est-ce que...Non, je ne dois pas. Non, ils ne sont plus. Ils sont tous morts. Il n'y avait aucun survivant. Cette neige, ce blizzard...Je m'en souviens comme si c'était hier. Ces rivières pourpres qui maculaient cette robe d'un blanc nacré. Celui de mes frères, de mes pairs...De tout mon clan. Je ressens encore ce froid ignoble me geler l'échine, alors que je suis une Nunaat. La seule et dernière des Nunaat...Des perles d'immense tristesse roulent sur mes joues pâles, alors que je sens ma gorge se serrer et pourtant hurler mon désespoir. Cette fois-ci, ce moment-là, tout est encore si frais en moi...Je ne dois pas. Alors pourquoi essaies-tu de raviver cette flamme d'espoir, gamin ? Pourquoi ?

Zorro Wolfen

Créature

Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 12 mercredi 19 août 2020, 00:53:26

La gorge toujours aussi sèche après sa longue – trop longue – histoire, le Loup Noir bu une nouvelle gorgée au goulot de sa gourde, répondant à la nunaat d’un simple haussement d’épaules. Au final, même si cela avait été le but recherché, peu lui importait qu’elle le croie ou non. Du moment qu’elle acceptait de le conduire à sa fameuse école. A vrai dire, au fil de son récit, lui-même avait trouvé que certains évènements étaient par trop fantastiques. Pourtant, tout était vrai ; et en plus il en avait omis une partie !

Il l’observa rassembler ses os de lapin parfaitement nettoyé en un petit tas et haussa un sourcil lorsqu’elle se moqua de lui. Non sans un certain à-propos d’ailleurs. Pour toute réponse, il lui tira la langue puis dissimula un sourire amusé en rongeant allègrement un de ses derniers os de lapin, n’ayant rien à envier à Yukka quant à l’expertise de son nettoyage.
Le rot que poussa la jeune femme, en revanche, le prit par surprise. Il ne s’en offusqua pas, le prenant même pour un compliment et une récompense pour le repas, mais il avait tout simplement perdu l’habitude de ce genre de manière, surtout pour une femme. Là d’où il venait, seul les Doergard, un peuple d’êtres de grandes tailles vivant pour la plupart dans les montagnes, sous terre, et d’habiles artisans, avaient coutume de roter à la fin d’un repas. Et les coutumes étaient sacrées chez eux, au point que l’absence de rot était vu comme un outrage abject. Et personne ne voulait outrager un Doergard. Et encore moins UNE Doergard.

Perdu dans de lointains souvenirs de l’époque où il avait vécu au sein de ce peuple, Zorro regardait sa compagne de route du coin de l’œil, s’amusant de la voir tenter de lui apprendre comment se comporter en pleine nature, lui qui y avait passé l’immense majorité de son existence. Néanmoins son inquiétude était fondée, et ne reposait pas uniquement sur la venue de bêtes sauvages. Des esclavagistes … Rien que le mot fit grincer les dents du mercenaire. Il détestait cette engeance, ces djarls – ces fils d’asticots putrides – qui faisaient commerce d’être pensants. Il en avait déjà croisé dans ce monde, et il avait dû se faire violence pour ne pas libérer leurs prises. Cela n’aurait rien apporté de bon à qui que ce soit. A moins de tuer les marchands de chair, et il s’y refusait. Pas sans une bonne raison.

Un craquement sonore éclata dans la nuit, le ramenant à l’instant présent, et il jeta un œil à son guide qui s’étirait, ne pouvant s’empêcher de remarquer ses formes voluptueuses et le dessin parfait de ses lèvres violettes. Le commentaire qui suivi l’arracha à sa contemplation.

- Reste là et fini ton repas. J’vais pisser.

Un simple hochement de tête en guise de réponse. De toute manière la jeune femme s’était aussitôt éloignée, disparaissant dans l’obscurité.
Tout en rongeant son dernier os, le mercenaire tendit l’oreille pour suivre son trajet, surveillant les alentours rien qu’à l’ouïe, grand avantage de son hybridation que ses sens redoutablement affûtés, et détourna son attention lorsqu’il entendit le froufrou très léger mais caractéristique de vêtements que l’on enlève. S’il aimait admirer le corps des femmes lorsque celles-ci le lui permettaient, il n’était pas un voyeur, ni un « écouteur », et ne comptait absolument pas le devenir. Ni ce soir ni jamais.

Alors que Yukka vaquait à ses occupations, il rassembla à son tour ses ossements et les pics à brochettes improvisés, brisant ces derniers en plusieurs morceaux, et alla enterrer le tout un peu plus loin.
Profitant d’être debout, il déambula autour du campement, agitant les bras pour se réveiller. Ils avaient été sur la route toute la sainte journée et il en avait plein les pattes, mais il savait très bien que s’il se laissait aller maintenant, son premier tour de garde serait un véritable enfer. Quatre heures et peut-être plus à rester assis en tournant le dos à la lumière déclinante du feu, à scruter les ténèbres en tâchant de faire le moins de bruit, de ne pas bouger, sans autre compagnie que les ronflements de ses compagnons de route et la douceur de l’air nocturne. Il connaissait plus d’un soldat expérimenté qui avait succombé à l’appel du sommeil. Le plus souvent au pire moment, bien évidemment !

Il venait de retourner s’asseoir auprès du feu quand l’irascible nunaat revint et s’installa contre le chêne, soulevant un petit nuage de poussière. Elle semblait épuisée, plus encore que lui-même. Il avait bien fait de lui proposer de prendre le premier tour. A ce propos …

- Fais pas le gentleman. Ne fais pas toute la garde pour faire genre, et réveille-moi quand c’est mon tour. Si tu l’fais pas, j’te pèterai les dents et c’est de la purée que du devras bouffer.

Vraiment charmante …

- Ne t’inquiète pas. Je ne suis pas suffisamment fou pour ce genre d’idiotie. Tu dois te douter maintenant que ce n’est pas ma première garde.

Il n’avait pas fini de parler qu’elle piquait du nez et s’endormait, lui arrachant un rictus jaloux. Lui qui mettait toujours de longues minutes à s’endormir et à apaiser son esprit. Avec un discret soupir il lança une poignée de terre sur le feu, assez pour en diminuer l’intensité sans l’éteindre vraiment, laissant son regard se perdre au-dessus sans vraiment le voir.

Subtile anamorphose que celle de la chaleur déclinante du foyer, qui déformait, transformait le paysage derrière elle, faisant paraître la nuit encore plus étrange, plus secrète. Plus mystérieuse.
Tâtant le sol autour de lui, Zorro fini par se lever et alla s’installer à la limite du cercle lumineux, un bout de bois de bonne taille entre les mains. Il se dégagea un espace confortable entre deux racines et sortit un petit couteau de sa botte. Il en testa le fil du gras du pouce puis, satisfait, entailla le morceau de bois, confiant la surveillance des alentours à son ouïe et son odorat. La lame, affûtée, pénétra sans difficulté la matière tendre, enlevant avec maîtrise de petits copeaux qu’il prenait soin de rassembler à ses pieds. Ils lui serviraient plus tard à raviver le feu au moment de réveiller Yukka.

Une fois lancé, alors que sa sculpture prenait doucement forme sous ses mains habituées, il laissa son regard errer au hasard. Immanquablement, il finit par se poser sur la jeune femme endormie, et ses pensées se tournèrent vers elle. Elle l’intriguait. Réellement. Outre son apparence qui le faisait s’interroger sur les liens qui existaient peut-être entre son monde et celui-ci, c’était la jeune femme en elle-même qui éveillait sa curiosité. Qui était-elle, d’où venait-elle ? Comment avait-elle eu connaissance de ce lieu où elle le conduisait ? Et surtout pourquoi paraissait-elle si … si seule, si solitaire ? Et si triste ? Car il n’était pas dupe, il savait pertinemment ses airs revêches et son attitude agressive n’étaient rien d’autre qu’une protection. Lui-même les avait utilisés autrefois.

Alors qu’il se questionnait, il remarqua qu’elle tremblait et s’agitait dans son sommeil, les sourcils froncés, les paupières agitées de tremblements saccadés, manifestement en proie à quelque cauchemar. Il hésita. Devait-il la rejoindre, essayer de la rassurer quitte à prendre le risque de la réveiller ? Ou devait-il la laisser seule aux prises avec ses pensées, ne pas risquer de froisser sa fierté ? Ce fut l’apparition d’une minuscule larme au coin des paupières bleutées qui le décida.
Rassemblant les copeaux de bois, il se releva et se dirigea vers elle, ramassant au passage sa couverture dans son paquetage. Doucement, il en enveloppa la jeune femme et lui murmura des paroles apaisantes à l’oreille. Peu à peu elle se calma, que ce soit grâce au poids de la couverture, aux mots ou la présence du mercenaire ou grâce à sa force de caractère. Un doux sourire se peignit sur le visage de Zorro, et il demeura près d’elle, continuant de sculpter son morceau de bois qui ressemblait maintenant à l’ébauche grossière d’un loup en pleine course.

La nuit avança lentement, bruissant des mille et un petits bruits de la forêt, à peine perturbée par le doux crépitement du foyer. Parfois, Zorro jetait une poignée de copeaux dessus pour ne pas le laisser mourir complètement, puis il reprenait son travail, la sculpture gagnant peu à peu en précision et en réalisme, allant jusqu’à figurer les ondulations de la fourrure de la bête sous le souffle de sa course imaginaire. De temps en temps un bruit différent des autres lui parvenait. Il dressait alors la tête, les yeux fermés, à la recherche de son origine, mais ne trouvant rien, il reprenait sa garde silencieuse.

Finalement vint leur de réveiller Yukka. Il avait un petit peu dépassé le temps imparti, absorbé par son œuvre, mais au moins avait-il fini sa sculpture. Il la posa près du feu et raviva ce dernier, le loup de bois semblant soudain prendre vie dans les ombres dansantes des flammes dorées, puis il secoua délicatement l’épaule de sa partenaire.

-Yukka ? C’est à ton tour de monter la garde.

Patiemment, il attendit qu’elle émerge des brumes du sommeil et qu’elle s’installe, puis il s’enroula dans sa couverture, s’étendit sur le dos, les bras sous la tête, et ferma les yeux.
Comme d’habitude, il mit de longues minutes à s’endormir. Puis finalement, bercé par le craquement du feu, il plongea dans le sommeil. Et comme d’habitude, ses rêves furent peuplés de visions sanglantes, entrecoupées de bref moments de douceurs, comme l’avait été sa vie jusqu’à présent.
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Yukka

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    Description
    Dernière des Nunaat. Herboriste solitaire, un brin bagarreuse.
    Interdiction de l'appeler Biquette.

Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 13 mercredi 14 octobre 2020, 00:54:28

Mes sourcils se froncent sombrement. Il fait si clair...Je ne peux être que dans un rêve. Rien autour ne me rappelle la forêt où je me suis arrêtée avec cet énergumène. Non. Je sais pertinemment que je rêve. Je suis cette Yukka, cette pauvre Nunaat, totalement seule au beau milieu de ce champ de bataille...Que dis-je ? Cela ne ressemble rien à une guerre. Je suis face à cette scène macabre que je connais par coeur, aujourd'hui. Cette neige, qui était immaculée jusqu'ici, est profondément souillée du sang de mes semblables, de mon père, de mes frères. Ils se sont défendus, c'est certain, mais il n'y a que mon souffle et le vent montant pour troubler le silence morbide de cette funèbre découverte.


Mes yeux se brouillent. Ma gorge se noue. Un hurlement cassé quitte, tant bien que mal, mon gosier, résonnant dans ce sinistre vide. Toute ma colère, toute ma détresse se perdent contre les parois glacées situées non loin de là. Pourquoi ? Pourquoi suis-je encore là ? Je n'ai plus de force. Mes jambes me lâchent, tombant à genoux près du corps sans vie de mon père. Le blizzard, qui s'était alors éteint comme s'il le faisait pour que je découvre tout ceci, revient plus qu'avant. J'ai presque l'impression qu'il essaie d'exprimer ma peine. Il fait terriblement froid, mais qu'importe, je resterai ici...Je ne veux pas me retrouver seule...


Tout est sombre autour de moi, comme si l'on m'avait bandée les yeux...Pourtant, je sais pertinemment que c'est parce que la vie me quitte. Le trépas me tend les bras et veut m'offrir à ce monde de ténèbres. C'est donc ça, la mort ? Vais-je revoir mes amis, mon père, mes frères ? ...Maman ? Une chaleur m'envahit alors, tendre, presque timidie au début. Réconfortante, j'ai l'impression qu'elle m'enferme dans une bulle pour me protéger...Peut-être suis-je à Lenwë, à l'abri du moindre danger ? J'entends une voix...Miuggrayd, c'est toi ? Cette voix...Elle m'appelle...


Dans un sursaut, j'ouvre les yeux. Tout en même temps et par instinct, je serre mon poing droigt, prête à cogner. Il me faut quelques secondes pour que mes yeux ne voient plus trouble, pour comprendre où je suis, en quelle compagnie et surtout le pourquoi de ce réveil brutal. Zorro...Toute cette neige, je le savais...Grmblr...Ce n'était qu'un rêve, ou un cauchemar. Desserrant les dents et le poing, je me détends un peu avant de soupirer. Je sens quelque chose d'inhabituel sur mon corps. C'est quoi ça ? Une couverture ? Sérieux ? Il a cru que j'étais une pauvre demoiselle qui avait facilement froid ? P'tit con, va. Plus vite qu'il ne le faut, je me redresse en étirant mon corps au passage. Je lui rends avec gentillesse sa couverture...Non, hein, je lui balance à la tronche, grognon.


- J't'ai rien d'mandé, gamin. J'connais pas l'froid.


Fouillant dans mon sac, je sors ma gourde et prends quelques gorgées d'eau. Je laisse le brun se foutre dans sa couverture et commencer à roupiller tranquillement. En balayant le campement des yeux, je remarque des copeaux de bois, ou tout du moins, des restes éparpillés ici et là. Mon regard se porte davantage sur un petit objet près de notre feu. M'accroupissant pour voir davantage cette chose, je prends enfin conscience qu'il s'agit d'une petite sculpture en bois, un loup plus précisemment. D'une légère moue sur le visage, je dois dire qu'il est plutôt doué, le bougre. Je jette un coup d'oeil vers lui, et remarque qu'il semble avoir du mal à s'endormir, mais j'vais rien dire. Cela m'arrive parfois. P'têtre qu'il ne me fait pas confiance aussi, et je ne peux pas lui en vouloir si c'est le cas. Délicatement, je me saisis du loup en bois, et vient l'y déposer dans mon sac en même temps que ma gourde, puis referme le tout.


D'un pas que je souhaite plus léger qu'à l'accoutumée, je fais le tour de notre campement. J'inspire profondément, et j'épie le moindre mouvement. Mes yeux laiteux  s'habituent à l'obscurité, ou du moins, la semi-pénombre qu'offre le feu de camp. Mon ouïe et mon odorat sont aussi en alerte au moindre son incongru, ou à la moindre odeur suspecte. Le reste de la nuit avance tranquillement. C'est limite si je ne m'ennuie pas à attendre le lever du jour, et que la belle au bois dormant daigne sortir de ses songes. Un coup d'oeil vers lui me fait remarquer qu'il est enfin dans un sommeil profond. Mh...À bien l'observer, il n'est pas...moche. Ses mâchoires assez carrées lui donnent un air de...En fait, je ne saurais pas dire, mais il est attirant. Je soupire, le temps de cette réflexion, et d'une autre encore.


- Tu as beau m'avoir racontée cette histoire capillotractée, que je crois d'ailleurs...Je sais pertinemment que tu ne m'as pas tout dit. Cette cicatrice qui barre ton beau visage, elle n'est pas arrivée là par hasard.


Je pense avoir parlé de manière bien trop basse pour qu'il ne m'entende, mais j'ai pensé tout ce que j'ai dit. Mes joues rougissent, je crois. J'ai une drôle de chaleur qui me prend la tête. Je n'aime pas les mensonges, mais je n'aime pas vraiment les secrets non plus. Pas que je ne comprends pas, puisque je garde moi-même des choses, je ne peux le nier, mais là où il y a des secrets, il ne peut y avoir totale confiance. Je te crois, M'sire Wolfen, mais je n'ai pas entièrement confiance. Tu es encore un inconnu pour moi, comme beaucoup de personnes. Je ne sais pas si tu gagneras ma confiance plus tard, si je saurais m'appuyer sur toi sur le chemin jusqu'à Lenwë. J'espère juste que tu ne me poignarderas pas dans le dos, car crois-moi, je saurais rester debout pour te démembrer et te transformer en glaçon.


Un son de branche cassée, de passage dans la végétation, vient me sortir de mes pensées. Je me redresse rapidement. Le corps tendu durant une seconde, je me saisis de ma hache, et tant pis si celle-ci est trop imposante. La magie de glace fait son effet et m'offre cette armure lorsque je déplois la hache pour le combat, elle-même recouverte par endroits de couches gelées. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un éclaireur pour le compte d'un esclavagiste mais on n'est jamais trop prudent. Sur le qui-vive, j'avance vers le bruit, de plus en plus précis. Il n'a l'air très lourd. Les yeux plissés, je m'avance délicatement dans la forêt en direction du bruit et en écartant quelques feuilles, j'arrive à distinguer une touffe de fourrure...Un loir. Un putain de loir est en train de bouffer des champignons pour s'engraisser, bien que je le trouve assez gros comme ça. Il pourrait faire un repas...Non, même s'il est gras, je ne vais pas le tuer. Ce serait encore plus chiant à bouffer qu'un lapin. Reprenant une posture plus droite, je reviens au campement sous des pas lourds. La nuit passe et de temps à autre, je me surprends à chantonner sans sortir un mot. Le feu se meurt petit à petit...


L'aube se lève au loin, et les premières lueurs transpercent le toit feuillu de la forêt. J'en profite pour me lever et étirer mes membres, les bras en l'air jusqu'à obtenir un petit craquement qui me soulage de tout ce temps de garde. Attrapant un sabot, j'échauffe mes cuisses et genoux, les chevilles aussi, puis réitère les mêmes mouvements sur mon autre jambe. M'approchant de Zorro sous sa couverture, je me mets à son niveau pour venir le bousculer au niveau de l'épaule. Gentiment, mais quand même assez pour qu'il se réveille. Intérieurement, je me moque. Peut-être que cela se voit sur mon visage ?


- Debout, la belle au bois dormant ! R'mue ton cul, faut qu'on bouge.


Je me retourne pour prendre les pierres du contour de notre feu pour les balances au hasard plus loin. De coups de mes sabots, j'éteins ce qu'il peut rester du feu, puis gratte de sol de mes sabots pour labourer la moindre trace humaine qui pourrait conduire des esclavagistes à nous. D'un, ça me ferait bien chier. De l'autre, je ne voudrais pas conduire ces saloperies sur le chemin de l'Académie. Je me saisis de mon sac, y prend ma gourde et me délecte d'une gorgée d'eau. La rangeant, j'observe Zorro en lui disant quelques mots.


-  On va avancer jusqu'à un point d'eau. J'en connais un tranquille plus loin. On devrait y être en fin de journée. On pourra remplir nos gourdes et se décrasser aussi. Et oui...T'sens le fauve.


Je ne dois pas sentir la rose non plus, mais ça, je vais bien m'en passer de le signaler. Un bon bain, même s'il est frais, sera parfait. Surtout après une très longue journée de marche. J'attends que le bonhomme fasse son baluchon et en avant pour plusieurs heures à traîner les sabots pour avancer un peu plus vers Lenwë. Miuggrayd aura sûrement des réponses. Il en parlera avec les autres dirigeants et professeurs de l'Académie. Ils trouveront une solution pour l'étrange cas de notre ami...Mh. Notre inconnu.


*
**
***


Des hauts résineux aux plaines herbacées qui venaient leur chatouiller les genoux, les paysages défilèrent sous les yeux des deux compagnons. La route était des plus tranquilles. Par quelques fois, ils rencontrèrent des paysans en train de labourer leurs champs après la récolte, ou bien des bergers en train de guider leurs bêtes pour de plus verts pâturages. Il s'agissait pourtant de Yukka et de Zorro, deux mercenaires, marqués par les aléas de la vie, extérieurement, intérieurement aussi. Pensez-vous qu'un voyage comme le leur allait être des plus reposants ? Que neni. Si jusqu'ici, ils avaient eu la paix, elle ne durerait pas longtemps. Au loin se forme un petit nuage plus grisâtre que les autres, à la fois pas très épais mais à un point précis. Peut-être à neuf mille pieds ? Une odeur de bois brûlé vient chatouiller les narines de nos aventuriers. Quoi de plus normal ? Ne serait-ce qu'un simple feu de forêt...ou bien autre chose ?

Zorro Wolfen

Créature

Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 14 samedi 05 décembre 2020, 19:48:33

La lueur rougeoyante du feu de camp dansait sur les arbres entourant le campement des voyageurs, créant un spectacle d’ombres et de lumières sur les hauts troncs. Elle perçait les ténèbres ou les rendait plus profondes par contraste, et caressait le visage endormi de Zorro, s’infiltrant sous ses paupières jusqu’à son esprit agité de rêves angoissants.


Il court, court comme jamais il n’a couru. Autour de lui, les arbres vieux comme le monde brûlent dans un rugissement furieux qui semble vouloir s’en prendre aux dieux eux-mêmes. Les branches séculaires s’embrasent comme de vulgaires brindilles, craquantes et gémissantes, avant de céder sous le poids des demeures arboricoles qui y reposent, leurs élégantes architectures elles aussi en proie aux flammes infernales.
Tout autour de lui, des tisons ardents tombent des nues comme une pluie d’or lumineux. Mais il ne s’en soucie pas. Il ne s’en soucie pas, tout comme il n’adresse qu’un bref regard embué aux corps ensanglantés qui gisent au sol, lacérés, mutilés, démembrés et parfois pire encore, avant de les oublier, concentré sur sa tâche.
Soudain le temps semble ralentir. Le grondement des flammes s’amenuise jusqu’à cesser complètement. Leur incandescence s’efface pour laisser place à une obscurité complète. Elle est là, juste un peu plus loin, debout, vaillante, affrontant à elle seule des hordes de créatures issues des ténèbres environnantes. Des créatures de griffes et de sang, à la carapace noire comme le rire du Chaos. Elle est là, juste à quelques pas. Et malgré tout ces efforts, plus il avance vers elle, plus elle s’éloigne. Il crie, tente de la prévenir de ce qui arrive, mais pas un son ne s’échappe de sa gorge serrée. Pourtant elle semble l’entendre. Elle se retourne et le regarde, souriant tristement alors que des griffes traverse soudain son corps de part en part dans un jaillissement écarlate. Un filet rouge coule de ses lèvres. Avec difficulté, elle articule quelques mots qu’il n’entend pas. Si seulement … Si seulement …



Un craquement sec le tira brutalement du sommeil. Reprenant aussitôt conscience, il garda les yeux clos, guettant les bruits de la nuit, le corps apparemment détendu mais la main prête à jaillir vers sa dague, dissimulée sous la couverture qui le recouvrait. L’oreille tendue, il perçu vaguement le claquement furtif des sabots de Yukka qui s’éloignait avant de revenir quelques instants plus tard, nettement moins discrètement. Imperceptiblement, il se détendit et se réinstalla plus confortablement sur le sol dur. Le sommeil ne revint pas, et il passa le reste de la nuit dans un état de transe méditative presqu’aussi reposante, bien qu’il n’ait jamais atteint le niveau de maîtrise de cette technique qu’avaient les elfes pur-sang de son monde natal.

Alors que l’aube se levait, dardant ses rayons dorés à travers les frondaisons que le feu n’éclairait plus, il flottait dans cet état second jusqu’à ce que le contact de la main de la nunaat sur son épaule ne l’en tire complètement.
Il cligna des yeux et s’étira alors qu’elle se moquait de lui. Il ne releva pas, occupé à boire au goulot de son outre pour soulager son gosier sec comme le désert et effectua quelques exercices rapides tandis qu’elle démontait le camp, prenant soin de dissimuler leur passage. Avait-elle peur que quelqu’un les suive ? Avec un haussement d’épaules, il ramassa ses propres affaires, roula sa couverture et s’étira une dernière fois.

- On va avancer jusqu’à un point d’eau. J’en connais un tranquille plus loin. On devrait y être en fin de journée. On pourra remplir nos gourdes et se décrasser. Et oui … T’sens le fauve.
- Un bain tu dis ? Excellente idée, ça nous fera le plus grand bien, répliqua-t-il, le regard brillant, en accentuant légèrement le nous.


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Plusieurs heures plus tard, ils avaient laissé derrière eux la forêt qui avait abrité leur nuit, marchant maintenant d’un bon pas dans une vaste plaine aux herbes hautes et légères, doucement agitées par un souffle de vent qui caressait agréablement leur visage exposé au soleil estival. Un ciel d’un bleu azuréen sans le moindre nuage au-dessus de la tête, ils avançaient en direction de la forêt qui se profilait à l’horizon, dressant sa masse vert sombre comme un îlot au milieu du vert plus tendre des prairies. Ils croisèrent quelques paysans affairés, qui la faux à la main, qui transportant d’immense paniers en osier. Cette vision tira un sourire nostalgique au mercenaire : quelque soit le monde, il semblait que les paysans soient toujours égaux à eux-mêmes. Il fut tiré de ses souvenirs par le mêlement d’un tout jeune mouton venu renifler Yukka avec curiosité avant de déguerpir en sautant à travers les hautes herbes, appelé par son berger, faisant pouffer Zorro de rire.

- Il semblerait que tu ais un bon feeling avec les animaux.

Aucune moquerie dans sa voix, pas plus que dans son regard.

- Il y a un proverbe par chez moi qui dit en gros ceci « Qui les animaux aiment bien, porte bonne âme et heureux dessein ». Va savoir pourquoi, je trouve qu’il te va bien.

Et il accéléra avant que le belle jeune femme ne puisse répliquer.


L’après-midi avança, apportant avec lui quelques nuages cotonneux plus que bien venus. Ils continuaient leur marche dans un silence relatif jusqu’à ce qu’une odeur de bois brûlé parvienne à leur narine. Redressant la tête en crachant le brin d’herbe qu’il mâchonnait, Zorro remarqua le filet de fumée grise qui serpentait dans le ciel à quelques distances des deux vagabonds. Le sang-mêlé jeta un œil à sa compagne de route qui visiblement avait aussi aperçu cette fumerolle.
Ils poursuivirent leur route quelques brefs instants, le mercenaire nettement moins serein qu’un instant plus tôt lorsque soudain il se redressa, l’air sombre, tendu.

- Ce n’est pas un feu de forêt !

Comme pour confirmer ses dires, un cri s’éleva des bois et une silhouette émergea d’entre les arbres non loin. Elle s’arrêta, comme perdue ou éblouie, puis se mit à courir dans leur direction, visiblement affolée. Un instant plus tard, trois autres silhouettes apparaissaient, visiblement plus grandes. Ils s’arrêtèrent aussi un bref instant avant de désigner la première silhouette en faisant de grands signes du bras et de commencer à courir. Sans réfléchir Zorro accéléra, oubliant presque la présence de Yukka.


Le temps sembla s’étirer, encore et encore. Alors que le combattant se rapprochait de la première forme, il s’aperçut qu’il s’agissait d’une jeune fille, probablement guère plus de seize années humaines. Il remarqua aussi la tâche de sang qui maculait sa tunique crème, alors que son odeur métallique lui parvenait. Derrière elle, se rapprochant de plus en plus, venaient trois hommes. Armures de cuir de bonne qualité quoique marbrées de sombre, lames diverses brillantes, un arc élancé, le visage mangé par une barbe courte ou un masque, des liens et menottes pendant à leur ceinture. Ils avaient l’air de ce qu’ils étaient. Des marchands d’esclaves. Zorro accéléra encore de son mieux.

Un peu plus loin, la jeune fille trébucha, manqua de tomber, se rattrapa de justesse, reprit sa fuite paniquée alors que les trois brigands gagnaient du terrain. L’archer s’arrêta soudain, banda son arc long, décocha après avoir visé un très bref instant. Le trait sombre fendit le ciel dans un vrombissement sinistre, droit vers sa cible. Le Loup Noir se jeta en avant. Sa lame siffla hors de son fourreau. Une poignée de mèches châtains volèrent dans les airs alors que la fuyarde tombait. Il y eu un ding sonore, une brève étincelle et quelque chose partie se perdre dans les champs en tourbillonnant alors que Zorro poursuivait sa course. Il passa entre les deux premiers brigands, leurs lames claquant derrière lui sans lui causer de tort et il fonça à la rencontre de l’archer. Ce dernier, un homme maigre au visage couvert d’un foulard rouge, le crâne rasé, laissa tomber son arc au sol et défeurra son sabre, un fauchon court à la garde incurvé.
Un arc de cercle brillant fendit l’espace et l’esclavagiste para de justesse la lame du mercenaire. Il ne put cependant éviter son poing, qui s’abattit comme le tonnerre sur sa pommette. Son visage se déforma, sa mâchoire craqua, sa pommette émit un bruit de mauvais augure et il décolla du sol pour s’étaler dans la poussière à quelques pas de là, inconscient, à tout du moins.

L’action n’avait duré qu’un bref instant. Le regard brûlant d’une fureur froide, Zorro se retourna, prêt à en découdre avec les deux voyous restants. Il les repéra un peu plus loin, là où il les avait laissés. L’un était à terre, immobile. L’autre était aux prises avec Yukka. Le temps que le mercenaire arrive, son arme fut réduite en morceaux par un coup puissant de la splendide guerrière et il commençait à bleuir sous sa poigne de fer jusqu’à tomber inanimé à ses pieds. Zorro n’aurait sû dire s’il avait ou non entendu sa nuque craquer. Et il avait d’autres préoccupations. Avec un signe de tête à l’attention de sa fière compagne, il revint à l’endroit où il avait poussé la jeune fille.
Elle y était encore, une flaque rouge s’élargissant sous elle. Doucement, il la souleva, grimaçant en voyant l’état de son dos. Elle n’aurait même pas dû pouvoir courir comme elle l’avait fait. Alors qu’il la soutenait, elle battit des paupières, le regard déjà obscurcit.

- Les autres … Le... Le village. A l’aide.

Elle se mit à trembler violement alors que ses lèvres bleuissaient.

- J’ai froid …

Son corps se crispa soudainement puis se relâcha dans un dernier soupir. Délicatement, l’hybride lui ferma les yeux en la reposant à terre avant de planter son regard d’émeraude dans celui de Yukka.

- Tu sais comme moi qu’il faut y aller, n’est-ce pas.

Ce n’était pas une question. Impossible de s’y tromper.


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Trois minutes plus tard, après avoir couru à travers bois en direction de l’incendie, un village dévasté apparut à travers les futaies. Les petites maisonnettes en bois avaient pour la plupart cessé de brûler même si quelques flammèches subsistaient. Des habitants ils n’y avaient traces, si ce n’était les quelques cadavres gisant à même le sol gluant de sang. Il n’y avait pas un bruit, pas même un souffle de vent pour troubler le silence de ce charnier. L’attaque avait dû être foudroyante, imprévue.

Au milieu des innombrables traces de pieds et de sabots, deux profondes ornières parallèles tranchaient le sol, clairement visible, suivant une piste qui semblait se diriger vers les montagnes.
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#A1A9D1


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