La lueur rougeoyante du feu de camp dansait sur les arbres entourant le campement des voyageurs, créant un spectacle d’ombres et de lumières sur les hauts troncs. Elle perçait les ténèbres ou les rendait plus profondes par contraste, et caressait le visage endormi de Zorro, s’infiltrant sous ses paupières jusqu’à son esprit agité de rêves angoissants.
Il court, court comme jamais il n’a couru. Autour de lui, les arbres vieux comme le monde brûlent dans un rugissement furieux qui semble vouloir s’en prendre aux dieux eux-mêmes. Les branches séculaires s’embrasent comme de vulgaires brindilles, craquantes et gémissantes, avant de céder sous le poids des demeures arboricoles qui y reposent, leurs élégantes architectures elles aussi en proie aux flammes infernales.
Tout autour de lui, des tisons ardents tombent des nues comme une pluie d’or lumineux. Mais il ne s’en soucie pas. Il ne s’en soucie pas, tout comme il n’adresse qu’un bref regard embué aux corps ensanglantés qui gisent au sol, lacérés, mutilés, démembrés et parfois pire encore, avant de les oublier, concentré sur sa tâche.
Soudain le temps semble ralentir. Le grondement des flammes s’amenuise jusqu’à cesser complètement. Leur incandescence s’efface pour laisser place à une obscurité complète. Elle est là, juste un peu plus loin, debout, vaillante, affrontant à elle seule des hordes de créatures issues des ténèbres environnantes. Des créatures de griffes et de sang, à la carapace noire comme le rire du Chaos. Elle est là, juste à quelques pas. Et malgré tout ces efforts, plus il avance vers elle, plus elle s’éloigne. Il crie, tente de la prévenir de ce qui arrive, mais pas un son ne s’échappe de sa gorge serrée. Pourtant elle semble l’entendre. Elle se retourne et le regarde, souriant tristement alors que des griffes traverse soudain son corps de part en part dans un jaillissement écarlate. Un filet rouge coule de ses lèvres. Avec difficulté, elle articule quelques mots qu’il n’entend pas. Si seulement … Si seulement …
Un craquement sec le tira brutalement du sommeil. Reprenant aussitôt conscience, il garda les yeux clos, guettant les bruits de la nuit, le corps apparemment détendu mais la main prête à jaillir vers sa dague, dissimulée sous la couverture qui le recouvrait. L’oreille tendue, il perçu vaguement le claquement furtif des sabots de Yukka qui s’éloignait avant de revenir quelques instants plus tard, nettement moins discrètement. Imperceptiblement, il se détendit et se réinstalla plus confortablement sur le sol dur. Le sommeil ne revint pas, et il passa le reste de la nuit dans un état de transe méditative presqu’aussi reposante, bien qu’il n’ait jamais atteint le niveau de maîtrise de cette technique qu’avaient les elfes pur-sang de son monde natal.
Alors que l’aube se levait, dardant ses rayons dorés à travers les frondaisons que le feu n’éclairait plus, il flottait dans cet état second jusqu’à ce que le contact de la main de la nunaat sur son épaule ne l’en tire complètement.
Il cligna des yeux et s’étira alors qu’elle se moquait de lui. Il ne releva pas, occupé à boire au goulot de son outre pour soulager son gosier sec comme le désert et effectua quelques exercices rapides tandis qu’elle démontait le camp, prenant soin de dissimuler leur passage. Avait-elle peur que quelqu’un les suive ? Avec un haussement d’épaules, il ramassa ses propres affaires, roula sa couverture et s’étira une dernière fois.
- On va avancer jusqu’à un point d’eau. J’en connais un tranquille plus loin. On devrait y être en fin de journée. On pourra remplir nos gourdes et se décrasser. Et oui … T’sens le fauve.
- Un bain tu dis ? Excellente idée, ça nous fera le plus grand bien, répliqua-t-il, le regard brillant, en accentuant légèrement le nous.
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Plusieurs heures plus tard, ils avaient laissé derrière eux la forêt qui avait abrité leur nuit, marchant maintenant d’un bon pas dans une vaste plaine aux herbes hautes et légères, doucement agitées par un souffle de vent qui caressait agréablement leur visage exposé au soleil estival. Un ciel d’un bleu azuréen sans le moindre nuage au-dessus de la tête, ils avançaient en direction de la forêt qui se profilait à l’horizon, dressant sa masse vert sombre comme un îlot au milieu du vert plus tendre des prairies. Ils croisèrent quelques paysans affairés, qui la faux à la main, qui transportant d’immense paniers en osier. Cette vision tira un sourire nostalgique au mercenaire : quelque soit le monde, il semblait que les paysans soient toujours égaux à eux-mêmes. Il fut tiré de ses souvenirs par le mêlement d’un tout jeune mouton venu renifler Yukka avec curiosité avant de déguerpir en sautant à travers les hautes herbes, appelé par son berger, faisant pouffer Zorro de rire.
- Il semblerait que tu ais un bon feeling avec les animaux.
Aucune moquerie dans sa voix, pas plus que dans son regard.
- Il y a un proverbe par chez moi qui dit en gros ceci « Qui les animaux aiment bien, porte bonne âme et heureux dessein ». Va savoir pourquoi, je trouve qu’il te va bien.
Et il accéléra avant que le belle jeune femme ne puisse répliquer.
L’après-midi avança, apportant avec lui quelques nuages cotonneux plus que bien venus. Ils continuaient leur marche dans un silence relatif jusqu’à ce qu’une odeur de bois brûlé parvienne à leur narine. Redressant la tête en crachant le brin d’herbe qu’il mâchonnait, Zorro remarqua le filet de fumée grise qui serpentait dans le ciel à quelques distances des deux vagabonds. Le sang-mêlé jeta un œil à sa compagne de route qui visiblement avait aussi aperçu cette fumerolle.
Ils poursuivirent leur route quelques brefs instants, le mercenaire nettement moins serein qu’un instant plus tôt lorsque soudain il se redressa, l’air sombre, tendu.
- Ce n’est pas un feu de forêt !
Comme pour confirmer ses dires, un cri s’éleva des bois et une silhouette émergea d’entre les arbres non loin. Elle s’arrêta, comme perdue ou éblouie, puis se mit à courir dans leur direction, visiblement affolée. Un instant plus tard, trois autres silhouettes apparaissaient, visiblement plus grandes. Ils s’arrêtèrent aussi un bref instant avant de désigner la première silhouette en faisant de grands signes du bras et de commencer à courir. Sans réfléchir Zorro accéléra, oubliant presque la présence de Yukka.
Le temps sembla s’étirer, encore et encore. Alors que le combattant se rapprochait de la première forme, il s’aperçut qu’il s’agissait d’une jeune fille, probablement guère plus de seize années humaines. Il remarqua aussi la tâche de sang qui maculait sa tunique crème, alors que son odeur métallique lui parvenait. Derrière elle, se rapprochant de plus en plus, venaient trois hommes. Armures de cuir de bonne qualité quoique marbrées de sombre, lames diverses brillantes, un arc élancé, le visage mangé par une barbe courte ou un masque, des liens et menottes pendant à leur ceinture. Ils avaient l’air de ce qu’ils étaient. Des marchands d’esclaves. Zorro accéléra encore de son mieux.
Un peu plus loin, la jeune fille trébucha, manqua de tomber, se rattrapa de justesse, reprit sa fuite paniquée alors que les trois brigands gagnaient du terrain. L’archer s’arrêta soudain, banda son arc long, décocha après avoir visé un très bref instant. Le trait sombre fendit le ciel dans un vrombissement sinistre, droit vers sa cible. Le Loup Noir se jeta en avant. Sa lame siffla hors de son fourreau. Une poignée de mèches châtains volèrent dans les airs alors que la fuyarde tombait. Il y eu un ding sonore, une brève étincelle et quelque chose partie se perdre dans les champs en tourbillonnant alors que Zorro poursuivait sa course. Il passa entre les deux premiers brigands, leurs lames claquant derrière lui sans lui causer de tort et il fonça à la rencontre de l’archer. Ce dernier, un homme maigre au visage couvert d’un foulard rouge, le crâne rasé, laissa tomber son arc au sol et défeurra son sabre, un fauchon court à la garde incurvé.
Un arc de cercle brillant fendit l’espace et l’esclavagiste para de justesse la lame du mercenaire. Il ne put cependant éviter son poing, qui s’abattit comme le tonnerre sur sa pommette. Son visage se déforma, sa mâchoire craqua, sa pommette émit un bruit de mauvais augure et il décolla du sol pour s’étaler dans la poussière à quelques pas de là, inconscient, à tout du moins.
L’action n’avait duré qu’un bref instant. Le regard brûlant d’une fureur froide, Zorro se retourna, prêt à en découdre avec les deux voyous restants. Il les repéra un peu plus loin, là où il les avait laissés. L’un était à terre, immobile. L’autre était aux prises avec Yukka. Le temps que le mercenaire arrive, son arme fut réduite en morceaux par un coup puissant de la splendide guerrière et il commençait à bleuir sous sa poigne de fer jusqu’à tomber inanimé à ses pieds. Zorro n’aurait sû dire s’il avait ou non entendu sa nuque craquer. Et il avait d’autres préoccupations. Avec un signe de tête à l’attention de sa fière compagne, il revint à l’endroit où il avait poussé la jeune fille.
Elle y était encore, une flaque rouge s’élargissant sous elle. Doucement, il la souleva, grimaçant en voyant l’état de son dos. Elle n’aurait même pas dû pouvoir courir comme elle l’avait fait. Alors qu’il la soutenait, elle battit des paupières, le regard déjà obscurcit.
- Les autres … Le... Le village. A l’aide.
Elle se mit à trembler violement alors que ses lèvres bleuissaient.
- J’ai froid …
Son corps se crispa soudainement puis se relâcha dans un dernier soupir. Délicatement, l’hybride lui ferma les yeux en la reposant à terre avant de planter son regard d’émeraude dans celui de Yukka.
- Tu sais comme moi qu’il faut y aller, n’est-ce pas.
Ce n’était pas une question. Impossible de s’y tromper.
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Trois minutes plus tard, après avoir couru à travers bois en direction de l’incendie, un village dévasté apparut à travers les futaies. Les petites maisonnettes en bois avaient pour la plupart cessé de brûler même si quelques flammèches subsistaient. Des habitants ils n’y avaient traces, si ce n’était les quelques cadavres gisant à même le sol gluant de sang. Il n’y avait pas un bruit, pas même un souffle de vent pour troubler le silence de ce charnier. L’attaque avait dû être foudroyante, imprévue.
Au milieu des innombrables traces de pieds et de sabots, deux profondes ornières parallèles tranchaient le sol, clairement visible, suivant une piste qui semblait se diriger vers les montagnes.
Dans le village dévasté, l'air était lourd. Lourd de cette odeur pestilentielle de sang et de mort. Lourd de la terreur des villageois massacrés, de la soif de carnage de leurs assaillants. La forêt, le vent eux-mêmes s'étaient tues, plongeant les lieux dans un silence angoissant, comme la crypte de quelque cruel animal, à peine éclairés par la lueur sanglante des feux qui brûlaient encore.
Alors que Yukka éteignaient ces quelques incendies, empêchant les flammes de se propager au reste de la forêt, Zorro marchait parmi les décombres, errant au milieu des cadavres mutilés et des maisons effondrées. Et sous son regard éteint se rejouaient des scènes semblables, vues tant et tant de fois qu'elles finissaient par se fondre dans un brouillard grisâtre. Des scènes auxquelles il n'avait jamais su s'habituer réellement.
Il ne cherchait pas de survivant. Le silence inhabituel qui régnait en ces lieux, l'odeur qui dominait… Cela lui suffisait pour savoir qu'il n'y en avait aucun. Du moins pas ici.
La tête penchée, le pas lent, il observait les traces au milieu du chaos, cherchant à comprendre comment s'était déroulée l'attaque. Qui, combien, pourquoi. Parfois il s'arrêtait, examinant une piste, ou retirant d'un corps l'empan humiliant d'une flèche brisée. Autour de lui, la plupart des morts étaient soit des personnes âgées, soit des hommes. Les femmes et les enfants n'étaient guère présents. Et il n'était pas très difficile de deviner ce qui leur était arrivé.
L'attaque avait dû être fulgurante. Les agresseurs, une bonne vingtaine, étaient arrivés en milieu d'après-midi, à l'heure où les hommes, épuisés, rentrent de leur dur labeur. Quelques cavaliers, une poignée d'archers et le reste à pied. Des hommes durs, violents et sanguinaires, à l'image des trois qui étaient sortis de la forêt devant la nunaat et le mercenaire.
Ils n'avaient laissé aucune chance aux villageois. Les maisons incendiées, les vieillards, inutiles, éliminés, toute résistance réprimée par le fer et le sang. Un carnage éclair et unilatéral…
Il revint vers sa compagne alors que celle-ci poussait un profond soupir.
-Ca pue … Mais c'est par-là qu'on doit aller, alors autant faire d'une pierre deux coups, non ?
Il répondit d'un bref grognement. Puis sans attendre plus longtemps, il se mirent en route, suivant les traces clairement visibles du chariot et des brigands.
Ils marchaient ainsi de plusieurs minutes, concentrés, lorsque Yukka brisa le silence qui s'était installé, sa voix résonnant étrangement entre les arbres dense. Zorro haussa un sourcil et laissa échapper un sifflement entre ses dents, couverts par le souffle agacé de sa compagne.
Pas une question de justice hein ? Juste empêcher ces monstres d'arriver jusqu'à chez toi ? Allons Yukka, cesse de jouer les cyniques. Je ne dis pas que tu ne veux pas effectivement protéger ton foyer, mais tu cherches autant que moi à faire s'abattre la justice sur le crâne de ces ordures.
Et même si je te connais mal, j'ai bien vu que tu manifestais une rage inhabituelle, violente, lorsque tu as affronté les deux esclavagistes tout à l'heure. Parce qu'il s'agit sûrement de foutus esclavagistes !
Alors quelque chose me dit que même si ce n'est pas pour les villageois, tu cherches tout de même la justice pour toi. La justice, et la vengeance.
Mais il garda tout ça pour lui, se contentant de lui adresser une grimace peu convaincue et un bref hochement de tête. Et tant pis si son expression dubitative froissait la jeune femme ! De toute manière, elle n'avait pas l'air de croire elle-même à ses propos …
Ils poursuivirent leur route.
La piste, qui menaient toujours plus loin vers les montagnes, était maintenant plus ouvertes, les arbres plus espacés, le sol plus rocailleux et une pente légère commençait à se faire sentir. Sans y être totalement, ils approchaient des premiers contreforts des massifs tout proches.
Au-dessus de leurs têtes, la lune se cachait timidement derrière un voile sombre, enveloppant le monde dans un linceul ténébreux. Ils continuaient de suivre la piste, avec plus de difficultés, quand soudain, au détour d'une crevasse, une dizaine de points lumineux en entourant un plus gros percèrent l'obscurité. Là, un peu plus bas, se dressait le camp des ravisseurs.
D'un même mouvement, l'herboriste et le mercenaire s'accroupirent, l'homme nettement plus bas qu'elle et s'approchèrent un peu plus, aussi furtivement que possible.
Alors qu'elle exposait sa proposition, Zorro jeta un œil à sa compagne, avec un sourire à moitié moqueur.
-Pour la discrétion, je ne dis pas, tu es une femme remarquable. Dans tout les sens du terme, ajouta-t-il, charmeur. Mais pour ce qui est de porter secours aux autres, c'est exactement ce que tu t'apprêtes à faire !
Il détourna le regard, observant la configuration des lieux, la maisonnette, les tentes, les feux, l'emplacement de la cage.
-Le souci c'est que si on fonce dans le tas, ils risquent fort de se servir des prisonniers comme otages. Tu as beau ne pas être du "genre à porter secours", je doute que tu veuilles aggraver leur situation. Laisse-moi une minute …
En silence, il fixa intensément le campement en contrebas, remuant les lèvres sans bruit, comme s'il calculait, ou planifiait. Finalement il se tourna vers sa compagne.
-Voilà ce que je te propose. Je vais m'infiltrer dans le camp, par derrière, et essayer de libérer les villageois, discrètement. Toi, tu te planques derrière le bosquet là-bas. Dans … Six minutes, tu lances l'assaut. Soit la plus bruyante possible. Utilise le feu, la glace, tout ce que tu veux. Si tu peux, incendie les tentes et la baraque. Je veux que ça pète comme un feu d'artifice. Ca couvrira la fuite des prisonniers. Si j'ai le temps, j'en profite pour libérer les chevaux et les faire charger. Ca ajoutera à la confusion. Dans tous les cas, je te rejoins en les prenant à revers. Tu es prête ?
Avec cet air d'assurance et d'autorité qu'il avait à l'époque où il était leader de commando d'éclaireurs dans son ancien monde, il planta son regard d'émeraude dans les yeux de lait de Yukka, attendant qu'elle soit sûre, puis il se releva, à moitié courbé.
-Au fait, tu devrais arrêter d'être aussi cynique. Et surtout… Ne meurs pas.
Avant qu'elle ne puisse répondre, il avait disparu dans les ombres.
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La première sentinelle ne vit absolument rien venir. Elle marchait dans le noir, peu attentive, en sifflotant. La morsure glacée d'une lame fut la dernière chose qu'elle perçut.
La seconde n'eut pas beaucoup plus de chance. Elle s'était éloignée pour soulager sa vessie. Elle n'avait pas fini quand la mort vint l'emporter.
La troisième fut plus attentive. Une ombre à la lisière de son regard l'alerta. Elle se leva, suspicieuse, sortant son poignard du fourreau. Un bref mouvement, à sa droite. Elle fendit l'air de sa lame. Son bras fut brutalement bloqué. Un choc violent à la tempe l'étourdit. Un second lui fit perdre l'équilibre. Puis ce fut le noir.
Deux hommes se tenaient devant la cage aux esclaves, regardant les femmes aux frusques déchirées qui s'y blottissaient, apeurées, cherchant à rassurer les quelques enfants. Dans le regard des hommes brillaient une lueur malsaine, avivées par le vin et un sentiment de supériorité.
-Bonnes prises cette semaine !
-Ouais, on a bien bossé ! Tu crois qu'le chef nous laisserait en avoir une ou deux avant de …
-J'sais pas. P't-être.
-Tu choisirais laquelle toi ?
-Hmmm … La gamine là. J'les aime bien plus jeunes …
-Ouais mais laisse tomber, le patron voudra pas. Valent trop chers.
-Pas faux. Celle-ci al
-Bonsoir messieurs.
Les deux bandits se retournèrent, surpris, clignant de leurs petits yeux stupides pour essayer de distinguer la silhouette qui se découpait à contrejour.
-Que … ?
Son crâne percuta violement celui de son compagnon, les envoyant tout les deux au pays des songes.
-Sales ordures...
Avançant vers la cage, Zorro se retint de cracher sur les corps étendus. A la place, il saisit une torche allumée et éclaira son visage, souriant aux prisonniers pour les rassurer.
-Pas d'inquiétudes, nous sommes venus vous aider, mon amie et moi.
Au même instant, un terrible vacarme retentit à l'autre bout du campement.
-Quand on parle du loup … Voilà les renforts. Il va falloir faire vite. Fuyez aussi loin et rapidement que possible ! Et écartez vous un instant.
Le mercenaire leva haut sa lame et en abattit le pommeau sur le cadenas qui fermait la cage. Celui-ci se gondola. Un second coup, et il tomba au sol, la porte s'ouvrant dans un grincement stridant.
-Allez-y. Fuyez ! Vite !
Dès que les villageois seraient sortis, il foncerait vers l'enclos des chevaux avant de filer aider Yukka. Il fallait faire vite : aussi formidable soit-elle, à une contre trente ou quarante, elle n'allait pas pouvoir tenir éternellement !