Aleksandra avait rejoint, il y a plusieurs mois, une nouvelle maison, une nouvelle famille. Une famille humaine a son grand damn. Elle n’avait pas vraiment à s’en plaindre cependant. Déjà ce n’était pas son genre de se plaindre mais surtout, la famille qui avait décidé de l’acheter n’était pas méchante. La mère de famille, celle qui chapeautait la maison, le personnel, était gentille avec elle et tout était fait pour que la jeune esclave ait confiance en eux. Mais ça ne changeait rien, même plusieurs mois après, elle était toujours très nerveuse avec les autres et souvent, lorsque les gens levaient la mains près d’elle, que ce soit agressivement ou non, elle avait le réflexe de rentrer sans tête entre ses épaules, en espérant éviter un coup ou bien au moins ne pas trop en souffrir.
La famille se composait, d’après ce qu’elle avait pu comprendre, de cinq personne. Trois enfants, dont l’un n’était pas bien apprécié de sa maîtresse. L’ainée passait parfois dans le manoir mais évidemment, l’esclave n’avait pas fait sa connaissance, elle avait à l’occasion servir du thé à elle et à son maître mais aucune parole ne lui avait adressée. Il y avait aussi le premier fils mais celui-ci apparaissait très rarement dans les conversations, à la limite une remarque cinglante de la part de la maîtresse de maison. Et enfin, le cadet. Celui qui ne possédait pas les faveur de la maîtresse, celui que l’esclave côtoyait le plus souvent, celui dont elle avait le plus peur.
Ce jour là, Aleksandra avait travaillé, comme d’habitude, d’arrache-pied pour que l’on ne puisse rien lui reprocher. Ses expériences précédentes lui ont montrer qu’un léger écart pouvait lui priver de pain pour toute une journée. Elle avait principalement veiller à ce que les lits soient parfait, le bain de maîtresse a la bonne température a la bonne heure et son thé suffisamment sucré. Le maître n’était pas encore rentré et Aleksandra se trouvait non loin du salon, dans la bibliothèque, occupée à faire les poussières, elle ne pouvait pas ranger les livres puisqu’elle ne savait évidemment pas lire. C’est alors que sa maîtresse l’appelait dans le salon. Elle abandonna rapidement son travail pour se présenter, inclinant légèrement le dos, comme à chaque fois qu’elle se présentait devant sa maîtresse, son coeur battait plus fort et son corps tremblait légèrement. Elle aurait pu apprendre a la connaitre et à lui faire confiance mais une forme de méfiance et de peur subsistait.
-Oui Maîtresse ?
Dit-elle en inclinant légèrement le dos, ses mains dans ses gants, jointes devant son tablier de servante. Son dos, parfaitement droit, elle regardait le sol, la tête légèrement baissée. On aurait facilement pu la comparer à une enfant que l’on grondait, pourtant sa maîtresse parlait d’un ton neutre, ni méchant ni gentil, simplement neutre. Elle écouta attentivement ce que sa maîtresse lui disait, acquiesçant de la tête pour signifier qu’elle comprenait ce qui lui était dit. Jusque là, rien de bien compliqué. Simplement faire son travail de tous les jours tout en portant une attention particulière au fils cadet, celui que sa maîtresse n’appréciait pas, et suivre les instructions des autres serviteurs du manoir.
C’est à ce moment qu’elle sentit ses joues se faire écraser par les doigts de sa maîtresse, sa voix s’était faite plus dure, plus sévère et en accord avec ses mots, plus menaçante. L’esclave tremblait de plus belle, osant encore moins lever les yeux. Elle devinait le regard noire que sa maîtresse devait lui jeter. Sa terreur allait de plus belle en comprenant qu’elle serait maltraitée si jamais elle venait à échouer à l’ordre que sa maîtresse s'apprêtait à lui donner.
-Oui Maîtresse, personne n’en saura rien et j'agirai selon vos ordres.
Sa voix était aussi tremblante que son corps et ses yeux avaient pris le risque de remonter jusqu’au regard bleu mais terrifiant que lui jetait sa maîtresse. Immédiatement après la fin de sa phrase, elle abaissa son regard, fuyant de nouveau celui de sa maîtresse. Sa tête avait légèrement disparue entre ses épaules. Le ton sévère et menaçant que sa maîtresse avait soudain adopté suffirent à lui faire comprendre qu’il valait mieux obéir et réussir.
Elle se trouvait dans l’attente de la suite, de ses ordres, craignant le pire. Que devait-elle faire qui nécessitait une telle menace et surtout une telle discrétion envers son propre maître ?