De l’eau s’égouttait du plafond, signe que le tunnel avait été creusé à la hâte, et ne tiendrait pas longtemps. S’ils étaient sous le lac, la pression devait être forte, et, ici et là, Aoife voyait des poutres, des planches, qui servaient à soutenir l’ensemble. Il était assez impressionnant qu’ils aient réussi à construire ça, et Aoife commençait à se poser des questions. Tout ça était en train de les dépasser. Les enjeux étaient bien importants, et elle avait l’intime sentiment que l’armée d’araignées d’Élise n’était que la partie émergée de l’iceberg. Shad supposa alors que les mutations n’avaient pas juste pour but d’améliorer les caractéristiques des Arachnistes, mais de les transformer en hommes-araignées, à l’image des hommes-porcs de Mandus.
«
C’est sinistre... Mais hélas plausible. »
Pour l’heure, il lui était difficile d’en dire plus, car Aoife ne savait vraiment pas grand-chose, et peinait encore à rassembler les bouts, et à recoller les morceaux. Maintenant, ce qu’il fallait, c’était retrouver cette Médonée, afin de découvrir où se trouve la véritable Élise, et parvenir à sauver le royaume. Le duo avançait donc le long de la galerie.
«
Cette galerie... Je crois qu’elle date de bien plus loin que ce que le Bossu pense. »
Elle n’eut pas l’occasion d’en dire plus, car Shad, avec son ouïe fine, entendit soudain du bruit. Aoife fronça les sourcils. Elle, elle n’entendait rien, mais elle savait que les Terranides avaient des ouïes très fines, à tel point que, à Nexus, il existait certains corps militaires employant des Terranides comme éclaireurs et comme sentinelles. Aoife resta donc aussi sur ses gardes, et c’est ainsi qu’elle comprit que Shad avait perçu les vibrations d’une toile d’araignée. Devant elles, il y en avait plusieurs, invisible à l’œil nu. Pour les éclairer, Aoife modifia l’intensité de sa boule lumineuse, lui donnant des teintes bleuâtres, et permit ainsi de voir une série de toiles d’araignées.
Une grimace étira les lèvres d’Aoife, qui entendit alors, également, les bruits, et retira son épée de son fourreau en se retournant. Jaillissant du plafond, une énorme masse apparut, se posant sur le sol, ses huit pattes arachnéennes soutenant son corps massif, un torse humain sur le sommet du corps, avec une longue chevelure argentée, et des yeux rouges étincelants.
«
Oh merde... »
C’était un
Drider ! Des Drow qui, à la base, avaient subi des modifications génétiques destinés à les faire ressembler à la Déesse Lloth, la Déesse suprême des Drow, la Reine-Araignée. Les Driders étaient conçus à partir des sorts magiques des prêtresses de Lloth, et étaient souvent considérés comme des guerriers d’élite, l’ultime évolution possible pour les Drow masculins, même s’il existait aussi énormément de Driders de sexe féminin.
La massive créature s’approcha lentement, les mandibules à hauteur de son menton se frottant entre elles.
«
J’en étais sûre... Ce tunnel a été creusé par des Drow ! -
Petite futée... Petites filles curieuses... J’ai faim, si faim... La chair est agréable quand on la recouvre sous la toile, mais la chair fraîche de jeunes fiiiiiiiilles... »
Aoife déglutit alors, et fit un pas en arrière. Elle se retourna, et, maintenant que ses yeux s’habituaient à l’obscurité, put voir quelques corps situés dans les toiles... Ou, plutôt, des
morceaux de corps. Ici, il manquait un bras, ici une jambe... Mais les corps vivaient encore !
*
Les araignées se nourrissent ainsi, en prenant leur temps, maintenant leurs proies en vie grâce à leur toile... Quelle horreur !*
Le chevalier se retourna vers le Drider, qui se rapprochait lentement. Des araignées multiples descendaient du corps du monstre.
«
Regarde ses yeux, murmura Aoife.
Il est albinos... Tant pis pour la magie, prépare-toi à courir ! »
Manifestement fou, le Drider s’approchait, et Aoife lança une boule de feu vers les toiles, les enflammant, et sa boule lumineuse devint alors blanche, très lumineuse, faisant hurler le Drider, dont les yeux ne s’étaient plus habitués à subir la lumière du jour.
«
Cours, vite !! »
Le feu se répandait, enflammant les toiles, mais fragilisant aussi davantage le tunnel, plusieurs planches de bois brûlant aussi.
En conséquence, l’eau se mit à couler plus abondamment, et des craquements se firent entendre, remontant tout le long du tunnel...