Le spectacle était à la fois puant et sinistre. Depuis le cadavre décapité de l’Arachniste, une réaction chimique et magique incroyable se produisait. Dans l’estomac de l’homme, une araignée était en train d’éclore, et, comme un Xénomorphe, commença à planter ses griffes et ses dents dans la chair du cadavre, déchiquetant la peau de l’intérieur, s’en servant aussi pour grossir. Si Aoife regardait le spectacle, elle verrait ainsi une déchirure se former à hauteur du nombril, remontant jusqu’à la poitrine, créant une ligne sombre et écarlate, d’où des pattes émergèrent rapidement, remuant furieusement, se tortillant dans les airs, recouvertes de sang, de morceaux d’organes, de bouts de veines, et même de sucs intestinaux. La créature piaillait furieusement, mais Aoife n’eut guère l’occasion d’admirer ce macabre spectacle longtemps, car elle avait fort à faire avec le second Arachniste.
La créature bondit vers Aoife, et l’une de ses pattes la fouetta au visage, l’envoyant heurter le mur. Aoife réagit ensuite, envoyant son coude en arrière, et frappa le monstre à la tempe, faisant reculer l’Arachniste. Son épée siffla ensuite, et trancha l’extrémité de sa patte, répandant un sang verdâtre sur le sol. Maintenant qu’elle pouvait voir l’Arachniste de près, elle réalisait combien, sous sa capuche, l’homme était laid.
*
Je crois n’avoir jamais vu vision si repoussante, en réalité...*
Son visage n’était plus qu’un amas de yeux noirs globuleux se dressant au-dessus d’une bouche semblant minuscule, et d’un nez qui disparaissait au milieu de ces yeux noirs. Une araignée avait classiquement quatre paires d’yeux, exactement comme l’Arachniste. Les études tekhanes sur la vision des araignées avait permis de démontrer que ces paires d’yeux remplissaient des fonctions différentes. La paire centrale disposait d’une vision très précise, permettant même à certaines araignées de distinguer les ultraviolets, ou, pour les Arachnistes, sans aucun doute de voir dans la nuit, en discernant les mouvements.
L’Arachniste, malgré sa patte coupée, cracha furieusement, envoyant son venin vers la Nexusienne, qui bondit sur le côté, évitant la charge... Et aperçut alors une araignée sortir du cadavre, près de Shad.
«
Merde... SHAD, at... ! »
Trop tard ! L’araignée, faisant la taille d’un petit enfant, cracha de multiples filaments de toile, à hauteur des jambes de Shad, la renversant sur le sol, et en cracha immédiatement d’autres, venant former autour de son corps un épais sac de toiles.
*
Shad, merde !*
Hélas, Aoife était bien en peine de venir l’aider. L’Arachniste l’attaqua encore, et elle envoya son pied dans son ventre, le poussant dans l’eau, où il s’étala dans un grand *
SPLATCH* ! Elle reporta ensuite son attention sur l’araignée, et vit que cette dernière filait le long du couloir, traînant Shad derrière elle, après avoir répandu un venin anesthésiant en la mordant. Aoife tenta alors de les rattraper, mais, depuis l’eau, un filament de toile la saisit à la cheville, et l’envoya s’étaler sur le sol, puis elle tomba dans l’eau, et sentit les mains griffues de l’Arachniste s’agripper à sa nuque, serrant fortement son cou, sa gueule sinistre approchant ensuite d’elle pour la mordre.
Concentrant alors sa magie, Aoife le repoussa à l’aide d’une décharge d’Air, puis se releva, en réalisant que, pour poursuivre Shad, elle allait d’abord devoir se débarrasser de ce monstre...
Quand le cocon se brisa, Shad se retrouva la tête suspendue en bas, les toiles arrivant à hauteur de son ventre. Elle était dans une grande pièce sombre, et, peu à peu, le temps qu’elle reprenne ses esprits, elle put constater qu’il s’agissait... D’une grande salle à manger. Elle, ,et les autres cocons, étaient suspendus au-dessus d’une grande table de réception, le tout plongé dans la pénombre, les volets recouvrant les épaisses fenêtres. Au bout de quelques instants, une porte s’ouvrit sur la gauche, libérant un rai de lumière, une silhouette féminine faisant claquer ses talons sur le sol, en répandant un puissant parfum sensuel et sauvage.
«
Je suppose que tu dois te poser un certain nombre de questions... Où suis-je ? Qui te parle ? Pourquoi ne suis-je pas morte ? Qu’est-ce qu’on me veut ? »
La femme avait une épaisse chevelure blonde, et, soudain, le cocon de Shad s’abaissa, l’amenant peu à peu à hauteur de la mystérieuse femme, qui tendit sa main, partiellement gantée de vert, et avec de longs ongles griffus, qui caressa son visage, glissant sur les lèvres et les yeux de Shad.
«
Je m’appelle Charlotte Witter, et, pour le dire simplement, je suis actuellement la Maîtresse des Arachnistes, dont tu vois, autour de toi, les futurs novices prêts à rejoindre ma secte... Et à me servir aussi de garde-manger. Maintenant, sois une gentille petite Terranide, comme toutes les autres, et dis-moi... Où. Est. Élise ?! »