«
Euh... Non, je ne tiens pas à le revoir, inutile de te donner cette peine ! »
Une réponse un peu trop précipitée, avec une certaine rougeur notable sur les joues. La jeune Aoife se mordilla doucement les lèvres. Femme au caractère trempé, elle avait toujours placé son sens du devoir et de l’honneur avant tout, ce dont ce vil Incube avait su profiter. Quand elle l’avait surpris en train de coucher avec cette femme, il était revenu la voir, alors qu’elle était dans une chambre, et ils avaient, effectivement, fait l’amour. En vain, elle avait essayé de le repousser, et, quand Shad avait glissé qu’il était un «
très bon amant », elle avait songé à leurs ébats.
Ce diable d’Incube l’avait pris dans tous les sens possibles. Elle aussi, elle avait perdu sa virginité anale avec lui, et il avait continué à coucher avec elle, jusqu’à ce qu’elle s’effondre dans ses bras. Au réveil, l’Incube était parti, en laissant une rose rouge dans un grand verre. Aujourd’hui, elle conservait toujours cette rose, repensant généralement avec amusement à ce souvenir.
Shad désigna alors un panache de fumée visible au loin, et Aoife fronça les sourcils.
«
Nous sommes dans une région sécurisée, des brigands seraient surprenants... »
Il ne s’agissait effectivement pas de brigands, mais d’une colonne de troupes militaires qui remontaient vers La Redonnière. Aoife et Shad s’écartèrent prudemment sur le côté, les laissant passer.
«
Il va falloir s’habituer à ce spectacle, ma chère. »
La vision de soldats risquait en effet de devenir routinière ici.
Plusieurs jours après...Les deux chevaux chevauchaient tôt le matin, après un voyage qui avait amené Shad et Aoife à se reposer dans des auberges. Partout, les informations sur le front se répandaient, et, avec effroi, Shad et Aoife avaient vu que les villages environnants s’étaient progressivement vidés, les villageois fuyant à l’annonce de l’arrivée d’araignées. Ainsi, après les soldats, elles aperçurent des colonies de réfugiés remontant vers les grandes villes du royaume. Les routes, cependant, n’étaient pas aussi sûres que ce qu’Aoife pensait, et, régulièrement, elles durent affronter des brigands ou des monstres.
Cependant, en approchant de Koldoue, Aoife eut une vision d’horreur.
Immense, des camps de réfugiés se dressaient tout autour de la ville, et les portes de Koldoue étaient closes. Aoife et Shad se mélangèrent aux gens, et comprirent vite que, devant l’afflux de personnes, la ville avait fermé les portes, et traitait chaque demande d’asile dans des camps insalubres.
«
C’est ridicule, on ne va pas passer des semaines à attendre ! »
Elle avait beau être un chevalier de Nexus, ceci ne lui conférait aucun statut particulier, vu qu’elle n’avait, avec elle, aucun document officiel faisant office de passe-droits. Alors, Aoife et Shad commencèrent à se renseigner sur une certaine «
Médonée ». Hélas, les officiers publics n’avaient guère envie de discuter, et la plupart des gens étaient des réfugiés désespérés. Aoife avança au milieu des tentes, voyant des lieux de culte dressés de manière sauvage, et finit par apprendre que certains gardes offraient des passe-droits.
«
Toutes les garnisons sont occupées à surveiller les réfugiés, leur expliqua ainsi un sergent.
Ceci fait que nous n’avons pas assez d’hommes pour sécuriser la région. »
Le sergent, qui les accueillit dans sa tente, leur parla ainsi d’un village abandonné, s’appelant
Sarkith.
«
Nos hommes soupçonnent qu’Éric-le-Bossu s’y est réfugié. C’est un criminel notoire qui dirige une bande de pillards. Des types dangereux, et peu recommandables. Alors, voilà mon offre... Rapportez-moi sa tête, et je vous filerais la prime qui pèse sur sa tête... Ainsi qu’un passe-droit. »