L’hôtel particulier Nishimoto avait été fermé il y a de cela quelques années. Pendant des éons, cet hôtel avait été jadis un hôtel de renom, accueillant des réceptions et des invités venus de tout le Japon. On disait même que plusieurs Premiers ministres y avaient dormi, avant que, suite à un incendie survenu au début des années 1990’s, il ne soit fermé. L’incendie, officiellement d’origine accidentelle, avait en réalité été déclenchée par un clan yakuza rival à celui qui possédait cet hôtel, le clan Guramu. L’incendie avait révélé une série d’importantes malfaçons, et un procès complexe avait eu lieu, qui ne s’était terminé qu’en 2007, pour aboutir à un désistement d’instance, après plusieurs expertises, contre-expertises, et des dossiers énormes comprenant des milliers de pages. La municipalité avait décrété l’hôtel insalubre, et, depuis lors, ce dernier était fermé, englué dans de nouveaux procès entre les héritiers pour savoir quoi en faire, le tout sous la houlette de clans yakuzas qui n’étaient guère pressés de voir la situation se terminer. Nishimoto était donc un hôtel abandonné, situé dans les alentours de Seikusu, dans les collines, entouré de mauvaises herbes.
Mais l’hôtel n’était pas vide, ni abandonné. On entendait de drôles de bruits la nuit, et on disait que ceux qui entraient n’en ressortaient jamais... Des racontars de jeunes garçons, mais, en ce moment, il y aurait bien quelques individus qui auraient un avis contraire. Roulant lentement à travers les sentiers forestiers, un van remontait la piste usagée menant à l’hôtel, dans un véritable décor de film d’horreur. Une nuit noire s’était abattue sur la région, et aucun éclairage n’émanait de l’hôtel. Le van roulait lentement, au pas, et se gara devant l’entrée de l’hôtel.
On mit le frein à main, et les deux hommes encagoulés en sortirent, portant des gants noirs, des bottes noires, des pantalons en cuir, et de lourdes vestes. Ils ne dirent pas un mot en sortant, et ouvrirent l’arrière du van, où une jeune femme avait été attachée. Qu’elle soit réveillée ou non ne changerait rien pour eux. Elle avait un sac sur la tête, ainsi qu’un
gag-ball sur les lèvres, et, pour plus de sécurité, un bandeau noir sur les yeux. Ils la regardèrent lentement, observant ses longues jambes fuselées, puis s’observèrent entre eux, la respiration courte...
«
Elle sera parfaite pour la Reine... -
Oui, parfaite... »
Ils étaient sur cette proie depuis plusieurs semaines, maintenant, et, si la jeune fille aurait pu voir le van, elle y aurait vu quantité de photographies d’elle, signe qu’ils l’espionnaient. L’un d’eux sortit une seringue hypodermique de sa poche, et injecta dans le cou de la femme un puissant anesthésiant, avant de l’emmener à l’intérieur de l’hôtel.
...Un enfer vert dans lequel un corps flottait, comme une sorte d’eau verdâtre... On vit Yuni Nanasawa ouvrir les yeux à un moment, son corps nu flottant dans une sorte de cocon verdâtre et chaud. Un bref regard, un bref réveil, qui lui permit de voir, peut-être, une main crochue se poser sur l’une des couches du cocon, une main qui appartenait à un corps épais et violet, qui avait, sur les lèvres, un sourire amusé...
...Un tentacule planté dans sa bouche, d’autres à hauteur de ses seins, des tentacules qui luisaient d’une étonnante lumière... Puis le sommeil et la fatigue, qui reprirent leurs droits...
Ils avaient capturé Yuni dans le parc. Une capture facile. Elle était à la sortie, attendant devant le feu rouge, quand le van s’était arrêté pile devant elle. La porte latérale s’était ouverte sur l’un des deux, et il s’était rué sur elle, main sur sa bouche, la balançant à l’intérieur. Le van n’avait même pas été au point mort, et les piétons avaient eu à peine le temps de tourner la tête qu’ils virent le van démarrer sur les chapeaux de roues. La femme s’était un peu débattue, avant que la seringue ne se plante dans son cou, et ne l’envoie dormir.
Elle se réveilla dans une chambre, couchée dans un lit chaud et confortable, avec un lustre au-dessus d’elle, éclairant une pièce dont le mobilier semblait sortir du siècle dernier. Une véritable
chambre victorienne, magnifique et luxueuse, conformément à l’hôtel Nishimoto. Il avait été initialement conçu par des Occidentaux anglais, et le style victorien caractérisait l’architecture de l’hôtel, ainsi que le mobilier.
«
Tu te réveilles enfin, ma chérie ? »
Une voix émanait de sa droite, depuis un fauteuil, où une femme était posée.
Une singulière beauté, dans une étonnante combinaison moulante qui semblait sortir d’un film de science-fiction, et qui lui fit un léger sourire amusé.
Yuni avait-elle déjà commencé à noter quelques différences ? Comme la taille de sa poitrine ? Ses seins avaient grossi, tirant sur sa chemise de lycéenne. Elle portait son uniforme scolaire, mais ce dernier semblait étrangement trop petit pour elle, comme si elle avait poussé prématurément.
«
Je m’appelle Sarah Kerrigan, ma chérie... Et j’espère que tu as bien dormi... »