Faire entendre raison à la fille de Bruce et Selina Wayne ? Ah, bon courage ! Helena n’était pas une Wayne pour rien ! Le père de Karen lui avait toujours dit qu’il n’avait jamais rencontré homme plus buté et plus déterminé que Bruce. Une fichue tête de mule qui n’écoutait jamais ce qu’on lui disait, et qui, à sa manière, avait toujours eu sa place au sein de la
Justice League. Qu’il ne soit pas doté de super-pouvoirs n’y avait rien changé, et personne n’avait jamais douté de sa position ici. Quant à Selina... Le fait qu’elle soit la seule femme ayant toujours réussi à échapper au détective, et à lui tenir tête, était en soi suffisant pour dire que les deux se ressemblaient énormément. Alors, forcément, venant de la part d’Helena, il fallait s’attendre à ce qu’elle ne reste pas longtemps en place. Karen essaya de l’inciter à rester se reposer, mais sans trop y croire, et elle ne put guère obtenir un sursis qu’en demandant à la femme si ce qu’elle avait dit était...
Sincère. Car, en effet, cet aveu l’avait troublé plus que de raison.
Helena confirma donc, et Power Girl se surprit à sourire rêveusement, en sentant son cœur bondir dans sa poitrine. Ainsi donc, Helena l’aimait... D’un amour fort et virulent, une révélation qui changeait désormais bien des choses... Et ce d’autant plus que cet amour était entièrement réciproque. Karen souriait donc rêveusement, puis Helena se rappela à la réalité.
«
Oui, bien sûr... Mais, tu sais, je ne pense pas que ce soit si prudent que ça de se ruer dans la gueule du loup... »
Helena avait, de plus, du mal à tenir de bout, et Karen dut donc l’aider à se tenir, ainsi qu’à enfiler son costume. Elle n’allait tout de même pas arrêter le Procureur en chemise médicale ! Une fois prête, Huntress se colla à Power Girl, qui glissa une main dans ses cheveux... Et l’embrassa rapidement sur la bouche, un baiser aussi rapide qu’inattendu, qu’elle justifia ensuite en lui faisant un clin d’oeil :
«
C’est pour te porter chance ! »
Power Girl s’envola ensuite. Elle aurait pu mettre Huntress sur son dos, mais elle choisit de la tenir entre ses bras, juste pour sentir leurs costumes frotter entre eux, ou leurs seins s’enfoncer mutuellement, se pressant les uns contre les autres... Il ne fallait pas oublier que Karen était une grande perverse ! Elle vola donc vers l’appartement du Procureur Atokushi, et se posa sur la terrasse, près de sa piscine privée. Pour un serviteur de l’État, l’homme avait un patrimoine considérable. Karen ignorait que le service public payait assez bien, a fortiori quand le pays était en récession économique, amenant le Premier Ministre Abe à rehausser le salaire minimum et les retraites pour relancer la consommation (elle l’avait entendu ce matin à la radio).
Atokushi ne tarda pas à arriver, avec une séduisante jeune femme, qui fila rapidement. Karen resta en retrait, tandis qu’Huntress se mit à dialoguer. Un dialogue de sourd... Les hommes de loi ne se laissaient pas facilement décontenancer, et le Procureur se moqua gentiment d’elle, tandis que Power Girl, silencieuse, la laissait faire... Jusqu’à ce que le bâton d’Helena ne vienne assommer le Procureur.
«
Voilà qui met un terme à la négociation... » nota ironiquement Karen.
Elle décroisa les bras, et usa de sa vision à rayons X pour inspecter les lieux. Elle nota alors la présence d’un coffre-fort en plomb derrière un grand tableau, près de la cheminée.
«
j’ai trouvé quelque chose... Enfin, c’est peut-être quelque chose. »
Difficile à dire... Touit comme elle était convaincue que cette approche directe n’était pas la bonne approche contre un homme de la trempe d’Atokushi. Cependant, elle savait qu’Helena aurait refusé de l’écouter, et, dans l’idéal, Karen préférait rester avec elle. Elle s’approchait donc du tableau, une
belle peinture à l’huile, et décrocha le tableau. Un coffre-fort digital se trouvait derrière, et les lasers de Karen frappèrent la serrure, faisant fondre les composants.
Sa main ouvrit ensuite ce dernier... Et un vertige la saisit alors qu’une lueur verte se mit à irradier dans la pièce.
«
Oh m... ! »
De la
kryptonite ! Il y avait un morceau de kryptonite verte dans le coffre. Karen sentit immédiatement ses forces la quitter, ainsi qu’une torpeur la saisir... Et, quand Helena se rapprocha, Atokushi s’était alors relevé, et, contre toute attente, vint la saisir par le cou, la soulevant comme une plume, pour la balancer contre le mur opposé, la femme passant derrière le canapé. Avec son costume en moins, il était en chemise, mais une lueur rouge brûlait dans ses yeux.
«
Pauvre idiote... Tu crois vraiment que tout cela ne concerne que des Yakuzas ? Un simple trafic de stupéfiants ? Ah ! Pourquoi donc crois-tu que j’ai fait appel à toi, Huntress ? Il y a beaucoup d’autres super-héros dans cette ville qui, contrairement à toi, n’ont pas besoin de se cacher ! -
Aargh... -
Je m’étais préparé à votre venue... Je savais que Power Girl viendrait vous sauver les fesses, et que votre colère vous amènerait ici. Ha, vous êtes si prévisibles ! »
Atokushi se mit à marcher, tandis que Karen tentait de ramper sur le sol, cherchant à essayer à la maudite kryptonite. La main du Procureur se saisit du canapé, et il le balança de l’autre côté, l’envoyant rebondir contre le vestibule. Une force surhumaine... Et ses bras étaient brièvement devenus entièrement noirâtres.
«
J’ai mis cet appartement sous surveillance, petite sotte... D’ici quelques heures, la police émettra un mandat d’arrêt contre toi et ta petite copine pour m’avoir agressé... Huntress... Quel nom à la con pour une fuyarde ! »
Une fuyarde ? De quoi parlait-il ? Malgré sa douleur, Karen arrivait à l’entendre...
Et la révélation d’Atokushi jaillit, comme une bombe :
«
Pensez-vous vraiment à être les seules à être parties d’Earth-2 ? Mon Maître n’aspire qu’à une chose... Y retourner. Et c’est une tâche à laquelle vous allez contribuer. »