Alice déglutit quand Asako avoua à Niriko que, en temps normal, elle aurait dû lui souffler dessus... Diable ! Elle ignorait ce qui était arrivée à Asako, mais elle était sûre que sa Maîtresse ne l’avait pas envoyée à Seikusu sans raison. Comment une telle femme aurait pu survivre seule ? Asako était come un bébé avec des pouvoirs meurtriers. Elle n’avait aucun sens de l’ironie, ce qui, en soi, se justifiait par son manque de culture... Quelque chose dont Alice allait devoir s’occuper rapidement ! Pour l’heure, relâcher Asako dans la ville conduirait tout droit à un désastre ! Durant tout son
speech, Niriko la regardait, interloquée, avant de regarder brièvement Alice, comme pour se demander si les deux lui faisaient une blague. Elle était habituée à ce que sa Maîtresse ramène des filles bizarres, mais là... Elle pensait bien avoir décroché la palme d’or !
Une fois les assertions d’Asako terminées, Niriko la regardait silencieusement, un léger silence venant s’installer entre les filles :
«
Euh... -
Niriko est une gentille fille, Asako, elle plaisantait ! »
Alice lui fit un sourire, et reprit rapidement :
«
C’était de l’ironie... Ça consiste à... Euh... Dire quelque chose qui n’est pas vrai, mais dont la personne en face sait que ce n’est pas vrai, et qui a pour but de détendre l’atmosphère... Entre autres. »
Expliquer l’ironie à une femme qui pensait qu’une piscine était une baignoire...
*
Tu as du courage, ma fille !*
Comprenant rapidement la futilité de sa démarche, Alice se pinça les lèvres, et reprit rapidement :
«
Je t’expliquerai... Sache juste que Niriko n’est pas mauvaise, et... C’est pas une baignoire, cette étendue d’eau, c’est une piscine. On y va pas pour se laver, mais... Pour s’amuser, se détendre, sentir l’eau sur son corps, se couler entre amis... Enfin, plein de trucs, quoi ! Les baignoires sont dans des salles de bains dispersées dans le manoir. »
Niriko avait les sourcils froncés devant Asako, et posa une main sur le bras d’Alice, pour se rapprocher d’elle, afin de murmurer à voix basse :
«
Tu la sors d’où, cette nana ? -
Je t’expliquerai, Niriko, mais il faut être très gentille avec elle... Enfin, Mélinda t’expliquera, mais... Fais passer le mot, je ne veux pas qu’elle tombe sur une brutasse comme Clara sans que cette dernière ne soit informée. Asako prend tout au premier degré, et sa culture est très réduite. »
Niriko hocha la tête, visiblement guère convaincue, mais elle ne viendrait pas remettre Alice en question sur l’inculture d’Asako.
«
Okkaaayyy... »
Niriko choisit de s’écarter, non sans continuer à observer Asako, d’un air un peu méfiant, puis se retourna ensuite. Alice, elle, retenait son souffle. Les choses auraient pu bien plus mal se passer, et elle nota alors que son cœur battait nerveusement la chamade. Asako Minami lui était tombée dessus à la plage, et Alice se sentait maintenant un peu responsable d’elle. Le seul problème, en l’état, viendrait de son ancienne Maîtresse, une femme dont Alice avait toutes les raisons au monde de douter de la sympathie, vu l’état dans lequel Asako se trouvait, ce qu’elle avait subie, et le manque de culture criard dont elle faisait preuve. Avait-elle au moins conscience d’être sortie de l’endroit où elle était ? Vu qu’elle prenait le Soleil pour une grosse ampoule, Alice se demandait même si elle avait un jour vu le ciel, avant d’être libérée du centre où elle se trouvait... La Princesse était-elle vraiment habilitée pour éduquer Asako ? En temps normal, elle aurait pu confier ça à Mélinda, mais elle sentait bien que la jeune fille était particulière, atypique, et, en toute sincérité, elle ne voyait pas à qui d’autre confier Asako. Le fait qu’elle soit Sylvandine semblait en effet avoir un impact sur Asako, et c’était d’ailleurs en raison de cet impact que les deux femmes se trouvaient là.
Après l’épisode avec Niriko, Alice sourit à Asako.
«
Asako, il ne faut pas dire aux gens que tu as envie de leur souffler dessus, même si tu ne comptes pas le faire... En fait... Il ne faudrait même pas que cette idée te vienne en tête ! Tu as fait peur à Niriko... Si tu souffles sur les gens, ils seront morts, tu comprends ? Ils ne se relèveront plus, ils ne parleront plus jamais... Alors, il faut que tu oublies l’idée de souffler sur les gens, tu ne dois le faire que pour te protéger, si quelqu’un t’agresse... Mais en évitant de tuer. Si on t’agresse et qu’on veut te faire du mal, ne souffle pas très fort... »
Alice ignorait si c’était clair, mais, avec Asako, il valait mieux préciser le plus possible.
«
Quant au gâteau, c’est... C’est comme un biscuit. C’est quelque chose qu’on donne aux gentilles filles. »
En regardant autour d’elle, Alice vit que Niriko s’était rapprochée d’une autre fille, couchée sur un transat, avec un maillot de bains deux pièces roses, et un livre entre les mains...
Shii ! Shii tourna la tête vers Alice et Asako suite aux propos de Niriko, et Alice la salua de la main.
«
Shii ! Est-ce que tu peux venir ? J’ai besoin de toi ! »
Parmi toutes les esclaves de Mélinda, Shii était l’une des plus timides... Et aussi l’une des plus intelligentes. Une vraie tête, la première de la classe au lycée, mais dont la timidité forte avait été la brèche par laquelle Mélinda avait pu la soumettre, et en faire son esclave. Cependant, Mélinda ne comptait pas faire de Shii une prostituée du harem. Il y avait fort à parier qu’elle envisageait plutôt de l’utiliser sur le long terme pour s’implanter davantage dans la ville.
Belle et délicate, Shii se rapprocha donc.
«
Coucou, Alice. -
Salut, Shii ! Je... Je te présente Asako. Elle... Elle vient d’arriver à Seikusu, et... Elle ne connaît pas grand-chose, et je pourrais avoir besoin de toi pour la cultiver. -
Oh... Euh, ouais, bien sûr ! Salut, Asako ! Je m’appelle Shii, je suis honorée de te rencontrer ! »
Elle lui fit un grand sourire ravissant, et lui demanda ensuite :
«
Alors, Asako, tu veux savoir quoi ? »
Alice ne dit rien, mais elle, elle avait la réponse à cette question...
*
Tout.*