Mélinda avait l’impression qu’Alice et Laura avaient dû fumer quelque chose de fort avant de venir ici... Et, si elle n’avait pas vu Asako se transformer, ni sentit son sang de dragonne, elle aurait effectivement pensé qu’on se payait sa tête. Mais la vampire, malgré son apparence, était une femme plusieurs fois centenaire, ce qui faisait qu’elle réfléchissait très vite. Il y avait quelque chose de louche ici... Que ce soit le fait de voir Laura Kinney, cette timide et belle lycéenne, en savoir autant sur elle, ou tout simplement de voir Asako, une femme dont Mélinda n’avait jamais entendu jusqu’à présent, manquer de se transformer en dragon. Néanmoins, il allait y avoir des explications à donner.
Asako, penaude, jura de ne plus se transformer, avant de faire un câlin à Alice, puis de se retourner vers Mélinda, où elle s’excusa... Avant de parler d’un homme que Mélinda connaissait...
Victor von Nefarius, un puissant seigneur-vampire ashnardien, qui avait ses propres sectes sur Terre, notamment par le biais de l’un de ses fils,
Robert Nefarius. Les Nefarius étaient un puissant clan vampirique ashnardien, un clan très cruel et très violent, versé dans des arts sombres, mais qui avaient, au sein de l’Empire, une solide influence. C’était un très vieux clan, composé d’individus puissants, des mages-vampires comme Robert Nefarius. Entre ce nom dans la bouche d’Asako surprit Mélinda, qui fronça les sourcils, geste qui n’échappa guère à Alice.
La Princesse, elle, était ravie de voir que les choses allaient mieux, mais, quand Asako parla de Nefarius, et des sévices que la jeune Asako avait visiblement subie, elle sentit son cœur se serrer. Laura, elle, resta imperturbable, la colère pointant notamment en elle. Elle aussi, elle avait été un cobaye d’expérience, un rat de laboratoire entre les mains d’HYDRA. Mélinda se pinça les lèvres, puis Asako expliqua alors que la faiblesse de Nefarius était le soleil... Sauf qu’elle ignorait ce qu’était le soleil.
Une transition parfaite pour Alice, qui s’éclaircit la gorge, et choisit, non pas de lancer la discussion sur Nefarius, mais plutôt sur le soleil.
«
Lève la tête, Asako... Tu vois cette grosse boule lumineuse au loin ? C’est ça, le soleil... C’est une gigantesque, immense, boule de feu qui flotte dans l’espace, à des millions de kilomètres de nous ! On appelle ça une ‘‘étoile’’. Si elle paraît si petite, c’est parce qu’elle est très éloignée de nous, mais, tu vois, si on devait comparer, face à la surface totale du Soleil, la Terre est minuscule. C’est... Euh... »
Baissant les yeux, elle trouva rapidement deux cailloux, un petit, et un gros, et les souleva.
«
Pour comparer, si ce petit caillou devait être de la taille de la Terre, ce gros, là, serait de la taille du Soleil. -
Et certains vampires sont sensibles aux rayonnements ultraviolets émis par le Soleil... Généralement ceux qui sont versés dans l’art de la magie noire, comme les Nefarius. Mais ce n’est pas mon cas, Asako. Tu vois ? Je suis dehors, sous la lumière du jour, et je ne fonds pas sur place... Mais oui, les Nefarius sont des individus extrêmement méchants, ma petite. »
Prenant des risques, Mélinda se rapprocha d’Asako, et posa ses mains sur ses épaules... Et lui fit alors un câlin, en déposant un bisou sur sa joue.
«
Mais moi, je suis gentille... Je suis de la même race que Lord Nefarius, mais je ne suis pas du tout comme lui. Ici, dans mon manoir, tu es à l’abri, Asako. Plus personne ne te fera de mal, j’y veillerais. Et, si tu ne me crois pas, tu peux demander à Alice, elle te dira que je suis une personne de confiance. »
C’était plutôt paradoxal, émanant d’une esclavagiste... Mais Alice savait que Mélinda avait ses facettes. Elle était perverse et, à bien des égards, cruelle, mais elle n’était pas
mauvaise. Il lui arrivait fréquemment de
forcer les gens, de les violer, mais elle savait aussi quand il ne fallait rien tenter, et rester calme. Elle était un ensemble de paradoxes, avec lesquels Alice avait appris à gérer. Laura se déplaça alors.
«
Je vais tout vous expliquer, Mélinda... Alice, de ton côté, je pense que tu devrais rester avec Asako, il y a des tas de choses à lui dire et à lui montrer... »
Alice acquiesça. Elle aussi, elle avait des questions, mais, pour l’heure, elle devait s’occuper d’Asako. Elle glissa ses mains dans celles de la jeune fille, et lui sourit ensuite.
«
Alors, que souhaites-tu voir, Asako ? Notre chambre ? La piscine ? La salle à manger ? Le jardin ? Le manoir de Mélinda est très grand, il y a plein de choses à faire ! Ou alors, je peux te parler du Soleil... Je suppose que, pour toi, ça ne doit pas être simple à comprendre... »
D’une manière ou d’une autre, Alice sentait déjà qu’elle allait avoir besoin de faire la professeur avec Asako...
Il fallait bien la former, cette petite !