Mélinda et Vanillia n’étaient pas les seules à baigner dans le bonheur.
Motoko les observait avec une lueur émerveillée. Avec une lueur dansante dans les yeux, elle assistait à un mariage
vampirique. Que ce soit sur Terre ou sur Terra, ils étaient extrêmement rares, et, pour Motoko, qui était une très vieille vampire, c’était un vrai plaisir. Motoko était une ancienne vampire, qui avait été emprisonnée pendant des siècles par des fanatiques, hostiles aux vampires. Ils l’avaient enfermé dans des cryptes, qui s’étaient peu à peu transformées pour devenir les souterrains du lycée Mishima. Les filles de Mélinda l’avaient retrouvé, soigné, et l’adaptaient progressivement à ce nouveau monde. Motoko avait rejoint Mélinda, autant par nécessité que par survie. Elle travaillait volontiers pour Mélinda, et voyait donc ce mariage avec une grande émotion, car, non content d’être un acte d’amour, il était aussi les premiers pas vers un
clan… Et Motoko ne pouvait qu’espérer que ce clan serait solide.
Akira, elle,
dans sa belle robe chinoise rouge fendue, observait ce spectacle avec une lueur profonde dans les yeux. Sans aucun doute était-elle contente pour sa mère. Les deux femmes avaient eu un long passé trouble. Au début, Akira avait haï Mélinda, et s’était aussi haïe elle-même. Mélinda l’avait kidnappé, violé, torturé, et, plutôt que de la tuer, l’avait transformé en vampire. Il avait fallu des mois et des mois pour qu’Akira accepte de la voir, et encore plus pour qu’elle comprenne que la transformer en vampire n’avait pas été une malédiction, mais bien un don. Maintenant, ce passé d’hostilité semblait appartenir définitivement et irrémédiablement au passé, et elle devait probablement se réjouir d’avoir une autre vampire au sein de la famille, si belle, et de la perspective de rejoindre un clan.
Alice, de son côté, était assez éloignée de ces histoires de clans. Mélinda lui avait confié sur le lit ce qu’elle comptait faire, et, tout en la pénétrant, avait expliqué qu’elle voulait envisager des accords commerciaux avec Sylvandell, ainsi que bénéficier de la protection militair e du royaume. Un clan, c’était une autre paire de manches qu’un harem. Mélinda allait devoir affronter d’autres ennemis que les marchands de corps ashnardiens. Elle allait devoir affronter les autres clans, les nobles, et allait pouvoir s’étendre davantage à l’échelle de l’Empire, en diversifiant ses activités. Et, pour cela, elle allait affronter de plus grandes menaces, des menaces pour lesquelles sa guilde serait insuffisante. Il lui fallait donc des soutiens, des appuis, et elle avait immédiatement pensé à Sylvandell. C’est donc en pénétrant Alice dans sa chambre à coucher que cette dernière avait accepté. Elle lui avait soufflé qu’elle en parlerait à son père, car Sylvandell avait toujours besoin de nourriture. Alice connaissait donc l’histoire de ce clan, mais ce n’était pas à ça qu’elle pensait en ce moment. Elle pensait surtout à cette union, à l’amour, qui vibrait entre les deux femmes. Il était là, palpable et puissant. Alice, qui avait une sainte horreur des mariages politiques (un destin qui aurait pu l’attendre, et qu’elle voyait comme de sordides tractations), était donc heureuse de voir ces deux femmes se faire l’amour, et s’unir. La Princesse était accompagnée par sa femme, qui, après bien des hésitations, avait choisi de conserver son apparence normale.
Sakura observait donc aussi la forme, dans une succulente apparence formienne, et Alice savait qu’elle allait avoir du mal à rester stoïque. Sous cette forme, Sakura était plus perverse, car elle ne se contentait pas que de prendre l’apparence d’autres espèces, elle en incorporait aussi les traits et les caractéristiques… Et les Formiens étaient d’énormes pervers.
Et, pendant ce temps, les deux principales intéressées s’embrassaient tendrement. Vanillia avait posé chacune de ses douces et magnifiques mains sur ses joues, puis se blottit contre elle, et l’embrassa. C’était en théorie un simple baiser formel, mais, de la part des deux femmes, il ne fallait pas s’attendre à un vulgaire frottement de lèvres. Ainsi, Mélinda posa sa main sur les cheveux de Vanillia, et répondit à son baiser, yeux clos. Le sang les entourait, et, malgré ce décor glauque, le spectacle était empreint de romantisme… Un romantisme vampirique. Vanillia caressait ses joues, Mélinda ses cheveux, et elles s’embrassèrent ainsi, pendant de longues secondes, ne pensant à rien d’autre qu’à ce baiser. Mélinda soupirait de plaisir, et, alors que le baiser commençait à s’étirer, Samara se racla la gorge.
«
Oh… Désolée… Mais il ne faut pas nous proposer un vulgaire baiser comme si ce n’était rien… »
Mélinda avait commencé à baisser sa main le long du dos de la femme, et sa remarque suscita quelques sourires polis.
«
Bien… Nous allons maintenant passer à l’essentiel… Le transfert de sang. »
L’Archimage se tut pendant quelques instants, laissant le temps aux personnes de comprendre. On y approchait enfin : le cœur de ce mariage.
«
Cette partie du mariage constitue de fait la dernière, mais aussi la plus importante. Chacun des vampires doit se tenir face à l’autre, et doivent se mordre mutuellement, à la base du cou. Il s’observera alors une réaction chimique dans laquelle le sang de l’un va aller dans le corps de l’autre, et inversement… Concrètement, les deux sangs vont se mélanger, et le mariage sera alors, non seulement célébré, mais aussi consommé. Mélinda, dans la mesure où elle est la demanderesse, mordra la première… Vanillia la mordre ensuite… Et, si rien n’est spécifié à ce sujet, les épouses peuvent bien sûr se dévêtir… »
Mélinda sourit lentement, puis, choisissant cette option implicite, retira sa robe de cérémonie. Akira alla la récupérer, tandis que Motoko prit celle de Vanillia. Toutes les deux nues, elles se regardèrent encore, puis Mélinda remonta ses mains le long des bras de la femme, et les posa, à son tour, sur ses belles joues.
«
Penche la tête de côté, ma puce… »
La vampire pouvait sentir l’érection de Vanillia, et elle approcha ses dents de son cou… Puis, dans un frisson de plaisir, elle la
mordit.
Maintenant, les choses sérieuses pouvaient commencer.