«
Elle est belle, est belle, ma Barbare ! Voyez ces yeux de braise ! -
Deux gladiateurs pour le prix d’un ! Observez ces bestiaux ! Vous cherchiez des gardes du corps ? Vous êtes servis ! -
Des Terranides dociles dans mon chenil ! Formés à la ferme, ils sont obéissants et très câlins ! Venez voir mes Terranides, venez les voir ! »
Les vendeurs raffolaient de slogans racoleurs et de hurlements vociférants pour attirer à eux la masse grouillante d’individus se promenant dans les étals de la foire aux esclaves d’Ashnard. Ce grand marché s’organisait régulièrement une fois par semaine, le Samedi et le Dimanche, et attirait généralement un grand-nombre d’Ashnardiens. La capitale impériale, après tout, était l’endroit le plus fortuné de l’Empire. Entre les hauts-fonctionnaires impériaux exerçant leurs fonctions au Palais Impérial, les militaires hauts-gradés, les marchands, les nobles et les bourgeois, les esclavagistes et les guildes d’esclaves trouvaient toujours un public vaste et riche. Les guildes esclavagistes ramenaient des esclaves affluant de tous les coins de l’Empire, et, quand on savait la taille immense de l’Empire, on pouvait espérer avoir un nombre riche et varié d’esclaves.
Mélinda avançait le long des allées. La foire se trouvait sur une grande place circulaire, la Place de la Victoire, avec, en son centre, une grande statue impériale représentant un soldat à cheval, épée brandie en l’air, le regard fièrement levé vers le ciel. Il y avait des gardes dans des tours de pierre à proximité, entourant cette dernière, ainsi que des patrouilles. Les gardes impériaux étaient reconnaissables par leurs épaisses armures noires intégrales. L’esclavage était l’un des secteurs économiques fondamentaux de l’Empire, de son commerce. Les esclaves, très souvent des prisonniers de guerre ou des criminels, se retrouvaient dans les mines ashnardiennes, les grandes carrières de pierre, les fermes, et les grandes industries, où ils se tuaient à la tâche.
La vampire s’avançait donc, en compagnie d’une femme, une petite femme nerveuse à la longue chevelure brune, qui veillait à ne pas trop s’écarter d’elle. Elle rougissait à chaque fois que des gens se collaient à elle en marchant, et allait alors s’appuyer contre le bras de sa maîtresse, la gorge sèche.
Ayumi Nasegawa, dans ne tenue décontractée, était tout, sauf décontractée. Extrêmement timide, et potentiellement agoraphobe, se retrouver au milieu d’une telle mêlée l’inquiétait énormément, et, quand Mélinda s’écartait de plus de cinq mètres, elle se ruait vers elle.
«
Il y a… Il y a beaucoup de gens, Maîtresse… -
C’est une foire, Ayumi, c’est normal qu’il y ait du monde. »
Mélinda s’avança à travers la foire, jusqu’à finir par voir des cages avec des esclaves à l’intérieur, très peu vêtus, avec un collier autour du cou et une laisse. Le regard d’Ayumi s’attarda sur eux en rougissant… Puis sur une femme. Ayumi écarquilla les yeux, et elle s’arrêta sur place.
«
Hum ? Qu’est-ce que tu as, Ayumi ? »
Ayumi la regarda, puis regarda à nouveau une cage, et tendit son doigt.
«
Elle… C’est… Non… Mais… »
Perdue dans ses pensées, Ayumi clignait des yeux à plusieurs reprises.
«
C’est… C’est Elisia ! -
Qui ? »
Ayumi la regarda, et précisa :
«
C’est… Elle est au club de natation de Mishima… Une fille… Très discrète… -
Et avec de gros nichons. »
Ce commentaire fit rougir encore plus Ayumi. Intriguée, en se demandant ce qu’une Terrienne pouvait bien faire ici, Mélinda s’avança vers elle.