«
Je ne peux qu’être d’accord. »
Ces types n’avaient pas l’air d’être des plaisantins, et, s’ils apprenaient que Diana n’était pas leur «
éclat de paradis », elle risquait d’avoir de gros problèmes, vu qu’ils avaient été prêts à tuer une famille juste parce qu’ils avaient croisé son regard. En arrivant dans cette dimension, Diana s’était convaincue que cette dernière ne pouvait pas être pire que les autres qu’ils avaient traversé, ce qui, en un sens, était vrai… Mais il était tout aussi vrai que rien n’était parfait, et que l’atmosphère paradisiaque de cette planète dissimulait manifestement bien des zones sombres. Ces espèces de fanatiques en étaient la preuve. Kyle n’était pas très bien loti, mais, en toute honnêteté, Wonder Woman n’était guère mieux. Lui, tout ce qu’il avait à faire, c’était se taire. Elle, elle devait se plonger dans un rôle instable. Qui était-elle sur ce monde ? Comment, même, s’appelait-elle ? Elle n’en avait aucune idée, et, au moindre faux-pas, elle risquait gros. Jocelyn et les autres chevaliers avaient beau l’adorer, Diana était bien placée pour savoir que, de l’adoration à la haine abjecte, il n’y avait souvent qu’un simple pas à franchir.
Le petit groupe arriva ainsi, en passant par le portail, dans une sorte de grand hall resplendissant et arrogant. Il était haut de plafond, avec une série d’alcôves, de colonnes, de grandes fenêtres, avec d’épais rideaux et de gros fanions, très certainement aux couleurs et aux armes du royaume d’Avalonia. Diana nota la présence de nombreux gardes en armure dorée, avec des armures rutilantes et compactes, plus impressionnantes que celles des soldats de la garnison de Mortociel.
Une double rangée de gardes devant eux, avec un homme qui s’avança rapidement vers Diana, et, tout en lui glissant son nom –
Astreïa – s’empressa de l’embrasser. Le geste la surprit tout autant que Kyle, et ce dernier, dans un élan de virilité typiquement masculin, ne put s’empêcher d’intervenir, mettant fin à cet élan. Muette de stupeur, l’Amazone n’émit, sur le coup, aucune réaction, tandis que les gardes dorés repoussèrent sèchement Kyle. L’homme devant eux leur expliqua alors que la Reine Gwyneva voulait les voir, car elle voulait comprendre pourquoi sa fille – Diana le supposait – avait entrepris de laisser un traître en liberté.
Cette fois-ci, Diana ne s’opposa pas aux entraves sur le corps de Sentinel Prime, comprenant que leur situation était complexe. Guedrys de Lion lui annonça alors qu’ils allaient bientôt se marier, tout en glissant sa main le long de son dos… Pour Diana, la situation, tendue, devenait de plus en plus ingérable. Ce dandy arrogant lui donnait des sueurs et des remontées diarrhéiques, mais… Les soldats semblaient l’apprécier, et, si elle se mettait à le repousser, elle risquait de se retrouver dans la même situation que Kyle. Et le silence circonspect de la femme n’échappa guère à Guedrys.
«
Je vous trouve bien coite, ma mie… Allons, ne me faites pas croire que cette campagne a entamé votre fougue ! »
Diana réfléchit rapidement, et sourit à l’homme, en hochant la tête :
«
N’allez point croire cela, Chevalier du Lion, ce retour m’a… Fatigué. -
Je ne peux que le croire. Vous avez laissé le Themiscyra chez ces traîtres, et même votre armure… Non pas que je vous trouve enlaidie sans, cela va sans dire… Mais je suis fort curieux de savoir les raisons de votre retour précipité. »
Ils avancèrent dans un couloir, et Diana vit alors, en grand, une vaste tapisserie la représentant… Ou, plutôt, symbolisant la Princesse Astreïa,
dans son armure militaire, une magnifique tenue dorée et rouge, avec un solide plastron. Diana l’observa silencieusement, et Guedrys fit alors des précisions :
«
Il va de soi que vous enfilerez votre armure avant de rencontrer votre Mère, la Reine serait fort contrariée de vous voir accompagnée d’un prisonnier sans votre armure officielle… Même si, en ce qui me concerne, vous voir tout court est un soulagement constant et perpétuel. »
Guedrys l’embrassa alors, à nouveau. Après le hall, ils étaient dans un couloir, toujours haut de plafond, face à une grande porte ouverte menant sur le dehors, et ce fut là que l’homme l’embrassa à nouveau, en la plaquant contre le mur. Diana soupira en posant une main sur le torse de l’homme, comme pour chercher à le repousser, avant de sentir quelque chose de dur se frotter entre ses cuisses. C’en fut cette fois trop, et elle le repoussa. Surpris, l’homme cligna des yeux, et Diana s’empressa de lui donner une raison valable :
«
Je ne souhaite pas faire attendre Mère, je dois l’entretenir d’un péril imminent, qui menace tout Avalonia. -
Quoi ?! s’exclama alors Guedrys.
Le Seigneur Noir ? »
Diana secoua la tête.
«
Je ne peux en parler qu’à la Reine. »
Guedrys hocha lentement la tête.
«
Je vois… C’est pour cela que vous avez ramené ce drôle ? demanda-t-il, en désignant Kyle.
-
Précisément. -
Désirez-vous que je fasse quelque chose, mon amour ? »
Comment est-ce que son double pouvait supporter cet homme ? Wonder Woman ne le connaissait que depuis cinq minutes, et avait déjà envie de s’en servir comme
punching ball. Néanmoins, bien décidée à ne pas faire de vagues, elle se retourna, et hocha la tête.
«
Laissez une escorte pour m’accompagner jusqu’à ses quartiers… Et laissez-moi le traître. »
Une telle requête semblait embêter Guedrys, l’homme venant se masser l’arrière du crâne.
«
La procédure ordinaire exige que nous arrêtions cet homme le temps que… -
Pensez-vous vraiment que le fait de voir ce sauvage avec moi relève d’une procédure ordinaire ?! »
Le ton agaçant et hautain de Diana sembla convaincre Guedrys, un petit sourire venant perler sur ses lèvres, s’accompagnant d’une lueur d’amusement qui brillait dans le firmament de ses yeux.
«
Non… Évidemment que non… »
Il hocha la tête, puis se retourna vers un homme, un soldat en armure, avec une longue cape rouge sombre qui filait le long de son dos.
«
Capitaine Gwylheid ! Escortez la Princesse jusqu’à ses quartiers… »
Le Chevalier se rapprocha ensuite de Kyle, et planta son regard dans le sien.
«
Quant à toi, cloporte, si jamais j’apprends que tu as porté la main sur la Princesse… »
Diana vit alors Guedrys lever la main, des éclairs crépitant entre ses doigts, sa main venant ensuite s’auréoler d’arcs électriques.
«
Tu comprendras pourquoi je suis le Chevalier au Lion ! »
L’Amazone se dépêcha ensuite de sortir, et eut un aperçu d’Avalonia.
Une cité médiévale futuriste, avec des routes pavées, des bateaux qui volaient dans les airs, de longs immeubles avec des toits pointus. Elle arriva à l’entrée d’une grande place avec une série de massives statues dessus. L’entrée de ce fort était une sorte d’entrée antique, avec un énorme parvis et des colonnes en marbre, et une bonne vingtaine de gardes le long de ce parvis.
Et, naturellement, des fanions et des drapeaux étaient plantés un peu partout, comme pour rassurer Diana sur le caractère ultra-patriotique du régime.
*
Ça commence bien…*