[FINI] Le Talisman et la Louve [Shad Hoshisora]

Maître de l’Air, Hastur le rappelait en déclenchant le chaos dans la région. Ses multiples tornades n’étaient pas que des tornades d’air, mais également des tornades magiques, générant et diffusant des arcs électriques meurtriers. Avancer sur cette plaine avec ce chaos ambiant n’était pas une tâche aisée, et Knaël générait autour d’elle un bouclier magique, marchant en compagnie de Shad. Le bouclier était régulièrement attaqué par des cohortes de grains de sable qui se fracassaient sur le dôme, le faisant osciller. Dominant les cieux, Hastur imposait aussi sa domination sur les Légions. Knaël pouvait voir de multiples tirs fondre sur le Grand Ancien, provoquant d’impressionnantes explosions, mais qui, à l’échelle d’Hastur, étaient probablement aussi dangereuses que des piqûres de moustiques. Pour la Nephalem, ce spectacle était impressionnant. Elle qui avait déjà affronté un Colosse ne pensait pas pouvoir un jour trouver créature si grande et si impressionnante, et pourtant... Elle comprenait mieux pourquoi les légendes disaient que la simple vue d’un Grand Ancien pouvait vous faire perdre la raison, car une telle créature défiait, justement, la raison. Dominant la zone, Hastur se répandait dans les Cercles Infernaux, une menace si grande qu’il parvenait à mettre en échec les Légions Infernales. Les Anges avaient affronté ces monstres à une époque où ce peuple était à son apogée, et avec le soutien de panthéons entiers, d’immenses civilisations futuristes... Et, même avec toute cette cohorte, ils n’avaient jamais pu gagner autrement qu’en bannissant les Grands Anciens.

Un bannissement qui allait devoir se réitérer maintenant. La Nephalem vit plusieurs Byahkees fondre vers elles, et son bouclier explosa. Elle serra les dents, et leva la main, puis envoya, elle aussi, ses propres éclairs, foudroyant les monstres, avant de frapper avec sa lame, et de s’avancer.

« Allez, vite ! Vers la cité ! »

De R’lyeh, il ne restait plus grand-chose, mais la cité était toujours là. Hastur avait démoli la montagne, laissant apparaître des tours sinistres au milieu du vortex par lequel Hastur était arrivé. Le duo se rapprocha donc, voyant des tentacules tout autour d’eux. D’énormes tentacules qui formaient comme de profondes veines déformant le sol, et qui remontaient à la surface, tous reliés à Hastur. Les Byahkees poussaient continuellement le long de ces énormes furoncles noirs qui poussaient sur le sol.

C’est à ce moment-là, alors que les deux femmes commençaient à avancer, qu’Hastur continua à attaquer. Plus le temps passait, et plus sa magie était en train de croître, donnant lieu à la formation de colossales super-tornades. Knaël serra les dents en voyant les tours restantes s’envoler, déracinées du sol, elle-même étant happée. Elle sentit la force de la tornade l’attirer, tout comme Shad, et frappa alors le sol, répandant autour d’elles un sort magique qui eut pour effet de renforcer la gravité. Un plan... Un plan pour rejoindre le Portail...

« Accroche-toi ! »

L’immense tornade tournoyait au milieu du champ de bataille, et la Nephalem avait agrippé la main de Shad, son autre main étant posée sur le sol, maintenant tant bien que mal son sort, tandis qu’elles pouvaient entendre le hurlement de centaines de démons soufflées par la force de la tornade. Hastur massacrait sa propre armée sans hésitation, et le spectacle était singulier... On pouvait voir des milliers de corps en mouvement, tournoyant autour de la tornade, ou s’y dirigeant sans pouvoir rien faire d’autre que remuer les bras.

Knaël, quant à elle, continuait à maintenir son sort, tant bien que mal, la seule chose les empêchant, elles aussi, de s’envoler. La pression qui s’exerçait autour d’elle, aussi bien magique que physique, était terrible, mettant ses nerfs à rude épreuve... Quand, soudain, la super-tornade se volatilisa. Tous les éléments semblèrent alors se calmer, et Knaêl reprit son souffle.

*Que... Que vient-il de se passer ?*

Au milieu de la plaine, des dizaines et des dizaines de démons qui avaient été balancés par la tornade se relevèrent, au milieu de la poussière et des cendres. Hastur avait-il donc épuisé toutes ses forces en jouant ainsi avec les éléments ? On aurait aimé le croire... Mais, dans les secondes qui suivirent, les démons, surpris, purent voir des grains de sable se déplacer.

Knaël, secouée, s’était relevée à son tour, et avisa le décor autour d’elle. De R’lyeh, il ne restait quasiment plus rien, mais une tour était toujours là... Ou, plutôt, la moitié d’une tour. Sans rien dire à Shad, elle se mit à courir, et grimpa l’escalier, avec un affreux mauvais pressentiment. Tout autour d’elles, des grains de sable étaient lentement en train de s’élever, formant des filaments qui filaient vers une position éloignée, près d’Hastur. Knaël, elle, grimpait les marches, et arriva en hauteur... Où elle put voir ce qui s’annonçait, tandis que des cors de guerre résonnèrent auprès des Légions, et que d’immenses boucliers vinrent à se former.

« Oh non... »

Elle jeta un regard vers les nombreux démons dispersés dans la plaine, et qui se mirent soudain à courir ou à voler, tentant de faire marche arrière, de revenir vers les lignes principales. Knaël se retourna alors précipitamment vers Shad, et sauta rapidement en contrebas.

« Il faut s’abriter, vite ! »

Elle s’élança le long des rues restantes, jusqu’à sortir de R’lyeh... Et Shad put ainsi voir d’elle-même ce qui s’approchait, et qui expliquait pourquoi le sable s’envolait autour d’elles.

Un véritable mur de sable poussé par le vent !

« C’est un cyclone magique... »

Jadis, quand la magie était à l’état sauvage, qu’elle abondait sur Terra, ce genre de cyclones pouvaient parfois survenir. Ils étaient d’une terrible intensité, et, depuis que la magie avait été canalisée sur Terra, par le biais des Dieux et des multiples tours de magiciens, ce genre de phénomènes n’arrivaient plus... Mais, quand un Grand Ancien était là, les choses ne se déroulaient pas comme on pouvait s’y attendre. L’énorme mur de sable se rapprochait, comme un ultime moyen de balayer les Légions Infernales. Les démons coincés dans la plaine se reçurent le mur de plein fouet, et furent balayés en hurlant, s’envolant dans les cieux, où les tempêtes cauchemardesques les broyèrent en mille morceaux.

Knaël comprit rapidement qu’il n’y aurait aucun abri, et elle généra autour d’elle un bouclier, tout en serrant Shad contre elle. Tout le sable volait autour d’elles... Puis le mur les heurta, et le bouclier explosa, renversant les deux femmes.

Elles étaient au cœur de la tempête, une tempête rouge. Les nuages étaient des nuages noirs enflammés, et cette immense tempête de sable, ce khamsin monstrueux, donnait une atmosphère d’apocalypse.

« Sh...D ! Bou... ! »

Impossible de s’entendre parler, le sifflement du vent coupait tout. Les grains de sable fouettaient son visage, son armure, comme de multiples coups de fouet, et des éclairs meurtriers cisaillaient l’atmosphère, s’abattant violemment sur le sol.

Mais le Portail, lui, était maintenant à proximité... Restait maintenant à l’atteindre et prier pour que le talisman mette fin à ce cauchemar...

Jamais ô grand jamais l’idée de se séparer de Knaël en cet instant aurait traversé l’esprit de la Louve.  Restant prêt de la Nephalem, la Terranide profitait également du bouclier qu’elle produisait, se protégeant ainsi en partie de la colère d’Hastur. Mais même ce dernier n’était pas suffisamment puissant pour résister au courroux du Grand Ancien et bon nombres de fois, la Louve le vit vaciller, prêt à se briser. De plus, ce bouclier ne risquait pas de les protéger de la super tornade qui venait droit vers elles et qui, allaient sans nul doute les emporter et les broyer dans les tempêtes naissant en son sein. Et ces tentacules ! Ces tentacules présentes tout autour des deux femmes et qui ne cessaient de «  cracher » leurs monstres abjects !  Par chance, les Byankees ne les attaquèrent pas, fonçant vers les légions démoniaques, mais cela ne voulait absolument pas dire que les deux femmes étaient sans danger. La super tornade approchait et aucun repli n’était possible. Les multiples grains de sables soufflés par le vent et impactant le bouclier de Knaël finirent également par le briser, laissant les deux comparses démunies face aux assauts venteux. La Louve sentit les grains de sables lui fouetter le visage mais plus que tout, elle sentit la tornade l’attirait  vers elle, manquant de l’arracher du sol.

Cependant la Nephalem avait d’autre tour dans son sac. Utilisant un sort de gravité, elle leur permis de ne pas être toutes deux entraînées et soufflées par la tornade. Restant près d’elle, se tenant fermement à Knaël, la Louve ne pouvait qu’observer les éléments qui se déchainaient autours d’elle tout en espérant que le sort de gravité qui les maintenait au sol ne se rompt pas. Levant la tête, l’Okami se mis à déglutir, voyant les dizaines de corps se faire happer par la force de la super tornade, certains corps se faisant même démembrer dans ce tourbillon infernal. Sans le sort de la Nephalem, elle connaîtrait le même châtiment.  Puis, soudainement, plus rien, le calme après la tempête. Mais un calme qui n’annonçait rien de bon. Stupéfaite, comme bon nombre de démons, la Louve observait les grains de sables qui s’élevaient dans les airs et filaient tels de filaments vers un lieu unique, proche du Grand Ancien. Shad suivait Knaël jusqu’au pied de la tour mais ne monta pas avec elle, l’attendant simplement. Elle ne put voir ce que la Nephalem avait vu mais la Louve compris de par sa réaction que cela n’annonçait rien de bon. Rejoignant son alliée une fois que cette dernière sauta  à terre et vociféra qu’il fallait se mettre à l’abri. Suite à quoi, un grognement se fit entendre :

« Oui mais où ? Il n »’y a pas de…. »

Sa phrase mourut au fond de sa gorge tandis que le regard de la Terranide se posait sur l’imposant mur de sables qui s’était formé et qui déboulait maintenant sur eux à pleines vitesses, détruisant et tuant tout sur son passage. Il y’avait bien les lignes à l’arrière où de multiples boucliers furent érigés mais les atteindre en si peu de temps était impossible.  Béni soit le bouclier de la Nephalem ! Serrée contre elle, la Terranide ne pouvait que prier pour que ce dernier tienne, voyant les éléments qui se déchaînaient. Elle priait intérieurement pour que leur protection tienne le coup, elle devait tenir ! Cependant que pouvait faire un simple bouclier magique contre la puissance d’un Grand Ancien ? Le bouclier magique explosa et les deux femmes subirent les assauts du vent et du sable. Aussi rapidement qu’elle le put, Shad releva un morceau de tissu au niveau de sa bouche et de son nez afin de  protéger ses voies respiratoires. Avec autant de grains de sables, il aurait été simple de mourir par asphyxie.  Par chance, bien vite, tout sembla se calmer. Ou du moins, les deux femmes étaient au cœur de la tempête, dans l’œil du cyclone, précisément dans la partie la moins dangereuse.  L’Okami put observer le sable tourbillonnant tout autour d’elles, les nuages noirs crachant leurs éclairs et ce vent ! Ce vent soufflant si fort qu’il était impossible de tenir une conversation sans hausser la voix tel qu’avait fait le démon auparavant !

« Sh...D ! Bou... ! »

Se retournant vers Knaël, la Terranide inspecta rapidement du regard l’endroit où elles se trouvaient, notant la présence de l’autel qu’elles devaient atteindre. Avec toute cette atmosphère d’apocalypse, Shad ne l’avait même pas remarqué ! Sur le coup, elle ne sut dire si Knaël lui demandait de se mettre à l’abri ou tout simplement de rejoindre l’autel. Mais elle opta pour la seconde solution. Hochant la tête en signe d’affirmation, l’Okami se dirigea vers le dit autel,  profitant du fait que son emplacement actuel dans la tempête lui permettait de se mouvoir sans être éjecté par les vents.  Une chance également qu’il n’était qu’à quelques pas !  Arrivant à l’atteindre, la Louve décrocha le talisman de son cou et le remit au même emplacement où elle l’avait inséré plus tôt pour invoquer Hastur en ce monde.  La réaction ne se fit pas attendre :  Le médaillon s’imbriqua dans la pierre de l’autel, s’y enfonçant de quelques centimètres, émettant un lueur cramoisie, une pulsation qui explosa soudainement, créant un véritable faisceau de lumières qui culminaient à plusieurs centaines de mètres, visible malgré la vague de sable. Et, tel des insectes attirés par la lumière meurtrières les Byankhees se mirent à voler vers se faisceaux afin de s’y faire réduire en cendre. Une bonne nouvelle ! La Terranide se tourna vers Knâel et tenta d’hurler par-dessus la tempête assourdissante :

« Renv ! »

Un choc. Un horrible choc. Arrêt de la respiration, brisement des os, douleur. Violente douleur qui se répandit dans tout le corps de l’Okami. Elle ne l’avait pas vu, elle n’y avait plus songé à force d’en voir partout, mais une tentacule d’Hastur venait de s’élever du sol et l’avait frappé de plein fouet au niveau du plexus, lui coupant à la fois son souffle et brisant plusieurs côtes, envoyant la Terranide valser quelques mètres plus loin vers un mur en ruines. L’impact fut brutal et la Lycane cracha du sang, ne pouvant que s’affaler sur le sol, des débris du mur en ruine tombant sur son corps. Tout autour de l’autel, d’autres tentacules se mirent à s’agiter, cherchant à le détruire mais le faisceau de lumière semblait empêchait le Grand Ancien d’y parvenir. La vision de Shad se troubla, elle ne distinguait plus que quelques silhouettes avant que l’inconscience ne la prenne. Au moins, elle avait réussi à faire sa part du travail.

Pouvait-on vaincre un Grand Ancien ? Le tuer ? Si on admettait que la vie et la mort formaient un cycle infini et éternel, alors toute créature vivante était, par définition, susceptible de mourir. Mais, s’il fallait envisager des créatures immortels, alors les Grands Anciens seraient probablement les plus proches qui soient. Les Anges et les Anciens Dieux avaient tenté de les tuer, mais aucun n’avait réussi. Hastur était de la trempe de ces monstres ancestraux, ces anciens dictateurs aux pouvoirs cosmiques.


« Elle se réveille... »

Plusieurs jours venaient de passer depuis l’Éveil. Une terrible attaque, imprévue, qui avait laissé d’innombrables cadavres. Les palais se reconstruisaient, les Légions se repeuplaient. L’Enfer ne serait pas l’Enfer s’il était immuable, et se reconstruire était une habitude pour eux, pour les démons. L’Éveil d’Hastur déclencha une telle onde de pièce que même les Cieux le perçurent. Ce combat fut suivi depuis les Cieux, et tous virent la manière dont Hastur avait été vaincu, tous virent la puissance du talisman. Un cône bleu avait jailli, perçant les nuages, perçant les dimensions, un cône si intense qu’on l’avait vu rayonner sur Terra.

Personne n’avait encore vraiment compris ce qui avait eu lieu, et les démons en étaient encore à panser leurs plaies. Quand les démones annoncèrent que Shad reprenait ses esprits, il y eut d’autres mouvements. La Terranide avait été déposée dans une chambre, couchée dans un lit, et ce fut dans cet état qu’Onyxian vint la voir.

« Et bien... Pour une simple Terranide, tu attires bien l’attention, ma chère Shad. »

On pouvait voir, sur les traits tirés d’Onyxian, que la Succube avait également souffert. Devant les questions légitimes que Shad pouvait se poser, la Succube lui parla rapidement :

« Quand tu as enclenché le talisman, une terrifiante magie en a émergé... Nous avons continué à nous battre, à soutenir le sort. Des centaines de magiciens œuvrant de concert... Ça ne manquait pas d’ironie ! On passe notre temps à se taper dessus, mais, face à la fin des temps, toutes les petites querelles sont oubliées. »

Même les démons pouvaient se montrer philosophes à leurs heures perdues.

« Ton talisman... »

Onyxian lui jeta alors l’objet. Fissuré, il tomba sur le corps de la femme, à hauteur de sa poitrine. Et, comme Shad put le constater, Onyxian avait pu le tenir sans aucune difficulté.

« Différents mages l’ont examiné sans succès... Toute l’énergie magique de ce talisman s’est épuisée, ce n’est plus qu’une vulgaire breloque... Sans vouloir te vexer. »

Une breloque qui leur avait sauvé la vie, une breloque qui avait permis de sceller Hastur, de le renvoyer dans son monde. Dire que la partie avait été serrée fut un euphémisme. Les Cercles Infernaux avaient bien failli s’effondrer cette fois, et cette attaque confirmait ce que beaucoup pressentaient : les Murs dimensionnels s’effondraient de plus en plus.

« Je n’ai pas l’habitude de le dire, alors, estime-toi chanceuse... Mais merci. Sans toi et ton talisman, nous n’aurions rien pu faire. »

L’Okami se réveilla une douleur sourde au niveau de ses côtes, un bandage recouvrant une partie de son anatomie. Combien de temps était-elle restée inconsciente ? Au vue de l’agitation qui régnait en dehors,  la Louve supposa que cela devait bien faire quelques jours. Tu parles d’un coup de tentacule, elle ne risquait pas de l’oublier celui-là. Posant une main à son front, bon sang, voilà qu’elle avait le droit à une migraine ! Elle releva son regard vers Onyxian qui  arrivait, les traits du visage fortement tirés. Elle aussi, elle en avait bavé pendant cette confrontation avec Hastur.

« Et bien... Pour une simple Terranide, tu attires bien l’attention, ma chère Shad. »

Une simple terranide..Oui sur le coup, ce terme était approprié. Parfaitement approprié même. Depuis qu’elle avait utilisé la puissance du talisman, la Louve avait l’impression d’avoir perdue la petite partie démoniaque qui était en elle. Oh ce n’était pas une grande perte, car ce n’était après tout par sa véritable nature, non il s’agissait plus d’une « délivrance » aux yeux de la Terranide. L’utilisation de l’artéfact avait dû avoir un coût et ce dernier était une partie de son être, mais cela ne faisait ni chaud ni froid à la lupine. Elle se releva un peu dans  le lit pour mieux faire face à Onyxian.

« Que…s’est-il passé ? Je me souviens juste avoir mis le talisman et puis…plus rien. »

Elle était parfaitement en droit de savoir ce qui était arrivé non ? Par chance la Matriarche du clan Magoa lui fit un rapide résumé. Un immense cône de lumière bleue….voilà qui était loin d’être banal et habituel !  Elle tenta d’imaginer la chose mais se doutait que ne l’ayant pas vu, elle risquait de ne pas se l’imaginer correctement. Quoi qu’il en soit, le conflit semblait être fini et l’Enfer panser à présent ses plaies.

« Ton talisman »

L’objet lui fut envoyé et la Terranide baissa son regard vers ce dernier fendu en son centre.  Vider de toute magie, voilà la raison pour laquelle Onyxian avait réussi à le manier alors qu’avant, cela lui était impossible. La Lycane referma ses doigts autours du talisman qui aux yeux de la succube n’était plus qu’une babiole et le mis autour de son cou.

« Breloque ou non, cela reste un présent. »

Et rien ne l’empêchait d’aller voir Elise pour lui demander quelques nouvelles runes de protection. De toute manière, elle devait aller la voir, cela serait donc fait en même temps.  Une pierre deux coups en somme. Et sans qu’elle ne le remarque, comme si le talisman avait réagis à sa porteuse, une petite lueur cramoisie, avait fait son apparition, semblant marquer que l’objet n’était pas aussi vide qu’il l’avait laissé présagé face aux mages ausculteurs.  Face au remerciement d’Onyxian, qui comme cette dernière l’indiquait était un fait rare, la Louve hocha tout simplement la tête. Après tout avait-elle autre chose à dire ou à rajouter ? Regardant à gauche et à droite, elle observa les environs du regard avant de reporter son attention sur Onyxian.

« Qu’en est-il d’Alastar ? La dernière fois que je l’ai vu il était en mauvaise posture et…a-t-on des nouvelles de Flagg ? »

FLagg, c’était un être que la Terranide avait du mal à cerner mais elle était sûre d’une chose, il était loin d’être réellement de leur côté. Non, c’était un mage qui œuvrait pour les Grand Ancien quoi qu’il en dise ou qu’il tente de faire croire le contraire. Mais sur l’instant, ce qui préoccupait les pensées de la Louve était l’état du Diablotin qui avait quand même était ramené inconscient et en sang au sein de sa demeure.

« Alastar s’est remis plus vite que toi... Ne t’inquiète pas pour lui, mon imbécile de frère se porte bien. »

Onyxian n’avait aucune raison de mentir sur ce point. Le Diablotin avait été blessé durant ce terrible combat, un combat qui rentrerait dans les annales. Ce n’était pas tous les jours qu’un Grand Ancien se réveillait. L’attaque d’Hastur avait été aussi foudroyante que dévastatrice, ravageant les Enfers, d’un bout à l’autre. Une attaque si féroce qu’elle en avait totalement changé la morphologie d’une région. Là où des montagnes et des volcans se dressaient jadis, il n’y avait maintenant plus qu’une vaste plaine cendrée. Un pouvoir qui défiait la Nature... Onyxian n’était pas facilement impressionnable, et, pourtant, face à Hastur, elle avait tremblé. Les Grands Anciens étaient réputés pour être les créatures les plus puissantes de toute la Création, et cette réputation, en réalité, semblait tout à fait méritée. L’onde de choc d’Hastur s’était faite ressentir jusque dans les Cieux, à tel point que des Anges avaient été aperçus dans les Limbes et le Purgatoire, aux portes de l’Enfer, afin de se renseigner, et de comprendre ce qui s’était passé.

La Matriarche savait qu’ils avaient eu chaud, et que le moment des questions était venu. Ce n’était très certainement pas Shad ou Alastar qui avaient réveillé Hastur, et, concernant leur périple, Le Diablotin avait déjà dit tout ce qu’ils avaient fait. Lucifer... Lucifer était directement impliqué, mais son Palais avait été détruit, et le Prince se terrait quelque part. Une cachette qui ne durerait pas éternellement, à coup sûr. Il se cachait juste le temps que la tempête passe, le temps que cette soudaine coalition entre les Grands-Princes ne disparaisse, car, en Enfer, la paix n’est jamais éternelle. Deux autres énigmes se posaient donc... Ce mystérieux « Champion du Roi Cramoisi », cet homme vêtu de rouge... Les démons n’avaient pas retrouvé son corps, et avaient fouillé toute la région environnante. Il avait tout simplement disparu.

Et, enfin, il y avait cet autre homme, ce Flagg.

« De Flagg, je ne sais pas grand-chose... Juste que les Anges le recherchent aussi. Son nom ne semblait pas totalement étranger à certains Grands-Princes, mais ils n’en ont guère fait étalage. J’ignore ce que cet homme est, ce qu’il faisait là... J’en sais presque encore moins que toi, en réalité. Toute cette merde m’est tombée sur la gueule sans que je ne demande rien depuis que j’ai eu l’impensable générosité de t’héberger. »

Il y avait du reproche dans ce qu’elle disait. Onyxian n’était pas une femme généreuse, et encore moins altruiste, et voyait tout selon son propre intérêt. Or, Shad ne lui avait effectivement apporté que des soucis. On aurait pu gloser longtemps sur l’ingratitude légendaire des démons, a fortiori des Succubes, mais il y avait, pour l’heure, d’autres urgences.

« Néanmoins, Alastar a expressément désiré te voir... Je crois qu’il souhaite t’appliquer sa propre thérapie. Quand tu seras pleinement disposée... C’est lui qui te trouvera. »

On ne s’en rendait pas forcément compte, mais, chez Onyxian, le seul fait d’autoriser Shad à dormir ici, ou à rencontrer par la suite Alastar, était une forme de remerciement... Même si elle ne le disait pas explicitement. Avec Onyxian, il fallait continuellement jouer avec les silences et les non-dits.

« Si j’avais pu éviter tout cela, je l’aurais fait.  Ne croyez pas que tout ce qui est arrivée m’aie particulièrement ravie…. »

Et qui le serait ? Qui serait heureux d’avoir été poursuivi pour un artéfact ? Qui serait heureux d’avoir dû combattre un Grand Ancien ? D’avoir risqué maintes fois sa vie alors qu’il aurait pu rester à vivre une petite existence tranquille ? Ce n’était pas de sa faute si le champion du Roi Cramoisi avait posé un tel boxon.  Mais à présent, tout se réparait, même s’il restait beaucoup de trous dans l’histoire. Surtout concernant celui qui se faisait passer pour un être nommé Flagg. Pour la Louve, il était fort possible qu’elle le recroise un jour ou l’autre mais d’un côté, elle n’était pas pressée de lui faire face, d’autant plus qu’elle savait sa défaite irrémédiable si cela devait arriver. Flagg était puissant, incroyablement puissant et seul un fou ou un inconscient irait le sous-estimé. Mais pour le moment, il n’était pas dans les parages et c’était tant mieux.

« Néanmoins, Alastar a expressément désiré te voir... Je crois qu’il souhaite t’appliquer sa propre thérapie. Quand tu seras pleinement disposée... C’est lui qui te trouvera. »

Ha ça, cela aurait fortement étonnée la Terranide qu’elle quitte les Enfers avant de revoir une dernière fois le Diablotin ! Elle arqua cependant un sourcil quand Onyxian fut mention d’une certaine thérapie propre à son cher frère. Bien que quelque peu septique et curieuse à ce sujet, la Louve en avait néanmoins quelques idées mais préféra se taire. Après tout, elle verrait bien au moment venu.  Un fait qu’elle nota également était qu’il patientait qu’elle soit complétement rétablit. Gentil le Diablotin !  Sur le coup, la Louve se demanda bien combien de temps elle était restée inconsciente.  Un jour ? Deux ? Peut-être plus ? Qui sait ? Au moins elle était en vie, et c’était le principal. En vie et avec une désagréable sensation de faim. Quand on passait des mois à ne plus ressentir la faim, la soif et la fatigue et qu’on recouvrait ses sensations subitement, cela avait de quoi déstabiliser en premier lieu.  Une chance qu’elle avait gardé ses habitudes de sommeil et de repas même si cela ne lui avait été pas nécessaire pendant un temps. Posant une main sur son ventre, elle soupira pour oublier cette désagréable sensation avant de  s’adresser à Onyxian :

« Alastar peut venir quand bon lui semble. Je quitterais les Enfers directement après. »

L’Okami le sentait, mieux valait qu’elle parte une fois son entretien avec Alastar terminée. Car même si la Matriarche des Magoa faisait preuve d’une extrême hospitalité envers la Terranide, cette dernière savait qu’elle ne devait pas en abuser. De plus, elle savait qu’Onyxian lui nourrissait une certaine rancœur après tout ce qui s’était passé et qu’elle ne devait aspirer que retrouver à son train tain quotidien. Comment aurait-elle pu la blâmer ?  Il ne resterait plus qu’à attendre  Alastar.

Trop d’actions pour ce pauvre Alastar... Le Diablotin était un amant fougueux et énergique, mais clairement pas un guerrier. Aurait-il été noble qu’il aurait clairement fait partie de la noblesse de robe, plutôt que de la noblesse d’épée. Il aimait courtiser les dames, être poursuivi par des maris furieux en laissant les femmes étalées sur le lit, un sourire rêveur sur le visage... Mais affronter des araignées géantes, des Grands Anciens, des mages tarés dans des forts souterrains abandonnés... Beurk ! Le Diablotin était bien content d’être rentré chez lui, mais avait également dû être soigné... Et, chose incroyable, Onyxian s’était montrée douceavec lui. Il s’était attendu à se faire fouetter jusqu’au sang après ses bourdes, mais la Matriarche avait vraiment eu peur que, cette fois, son imbécile de petit-frère se fasse tuer. L’Incube avait été blessé à R’lyeh, et avait été alité plusieurs jours... Sans sexe ! Et, sur le coup, il savait que ce coup-là venait d’Onyxian, comme pour le punir de ses bêtises.

Alastar allait maintenant mieux. Les démons cicatrisaient plus vite que les humains normaux, et il laissait à Onyxian le soin de s’occuper de cette histoire. Qu’un Grand Ancien soit revenu à la vie n’était clairement pas quelque chose d’anodin. L’Enfer avait tremblé sur ses fondations, mais le Diablotin ne se faisait pas d’illusions. Déjà, les Grands-Princes Infernaux se divisaient entre eux sur la gestion de la crise. Situation classique... Bienvenue en Enfer, zone où l’unité était inconcevable !

Le Diablotin n’en avait donc cure... Enfin, tant qu’il pouvait continuer à culbuter des femmes... L’égoïsme naturel des démons était chose terrible, mais, pour être exact, il fallait concéder que la situation actuelle le préoccupait. Des évènements sinistres étaient en train de se jouer, impliquant les Grands Anciens, et l’Incube se sentait concerné, car c’était son avenir qui était en jeu.

*Ça, et le droit de culbuter des femmes...*

Le Diablotin était remis sur pied, et remarchait dans les coursives du Palais. Depuis les fenêtres, la grotte n’avait pas changé. L’Enfer était tellement habitué au chaos et à la destruction qu’il se reconstruisait très vite. L’homme se rapprocha de la chambre de Shad, et toqua à la porte. Poli, il attendit ensuite quelques secondes, puis poussa la porte, et entra.

« Salut, Shad... »

Elle avait eu droit à une belle chambre, avec un balcon donnant sur l’un des jardins du Palais... Un jardin rempli de plantes aphrodisiaques et d’arbres tentaculaires. Il y avait toujours une ou deux personnes qui étaient coincées dans les branches tentaculaires de ces arbres très particuliers.

« Je sais que tu dois partir bientôt, retourner... Sur Terra et tout... Mais je me suis dit que ce serait dommage de partir sans que nous nous voyions une dernière fois. »

La queue caudale d’Alastar se déplaça soudain, tenant quelque chose enroulée en elle.

« Les démons ne sont pas doués pour témoigner leur reconnaissance, mais je pense que tu méritais ça... »

Une bouteille de vin se posa sur le lit.

« Il vient de la cuvée du Château Grands-Pierres, à Nexus.... Un vin rouge fameux, tu peux me croire. Je ne te raconte pas le nombre de femmes que j’ai saoulé avec ce vin pour les culbuter ensuite dans la chambre de leur époux... »

Cette phrase amena sur Alastar un sourire insolent et moqueur.

« Non, je plaisante... Comme si j’avais besoin de ça pour draguer une femme ! Enfin... Cette bouteille est mon premier cadeau, Shad. Le second... Hum... »

Il se désigna alors, toujours aussi sûr de lui :

« C’est moi ! »

L’Incube était décidément incorrigible...

La Louve s’était levée de son lit et positionnée au niveau de la fenêtre de la chambre qui lui avait été gentiment prêtée par Onyxian.  Accoudées sur le rebord de la dite fenêtre, elle observait les jardins tentaculaires du Palais Magoa, sachant pertinemment qu’elle devrait partir sous peu. Mais avant son départ, la Lycane devait encore attendre la visite d’Alastar. Pour l’heure, la Terranide ne portait qu’une fine robe rouge en soie, légèrement transparente par endroit, cette transparence permettait de voir les quelques bandages qu’elle avait ici et là sur son corps. Autant dire que sa petite virée à Ry’leth ne l’avait pas laissé indemne. Glissant ses doigts contre l’un de ses bandages, elle frissonna en sentant son corps se rétracter par réflexe sur la petite pointe de douleur qui le traversait. Mieux valait être prudent et ne pas  se retrouver dans une nouvelle mêlée ces prochains jours. Elle soupira avant de relever ses oreilles entendant des coups distincts à la porte, se retournant, elle put voir dans l’embrassure de la porte le Diablotin qui fit son apparition, la saluant.

« Salut Alastar » lança t’elle le plus simplement du monde.

Quittant son poste d’observation, la Louve vint le rejoindre, approuvant  sur ses paroles quand il parla de son départ. Oui, elle n’allait pas tarder à partir, et le fait de se revoir une dernière fois n’était pas une idée qui lui déplaisait. Penchant légèrement sa tête sur le côté comme un chien curieux, la Louve observa le Diablotin qui lui présentait un petit cadeau d’adieu, devinant que la bouteille, à présent posée sur le lit, ne devait pas être à la portée de tous. Comment se l’était-il approprié ? Secret d’incube dira-t-on. Et lorsque le dit incube se présenta comme deuxième cadeau, un rire lui échappa. Oh rien de moqueur loin de là ! Un rire de bien être dira t’on.

« Et je serais ton repos du guerrier cher Alastar ? » minauda t’elle en s’approchant du lit, attrapant la bouteille et se dirigeant vers une table où deux coupes dorées étaient présentes. Elle versa  un peu de liqueur cramoisie dans chacune d’entre elle et en tandis une au Diablotin :

« Tu ne m’en voudras pas, si je te propose de partager ce vin hm ?  J’ai aussi quelques petits amuses gueules, j’ai aucune idée de ce que c’est, mais c’est vachement bon. Je suis sûre qu’il y’a un peu d’aphrodisiaque vu l’endroit où j’me trouve mais..J’pense que t’auras besoin de ça pour m’avoir hein ? »

Faisant cogner doucement sa coupe contre la sienne, la Louve but quelques gorgées de vin. Fameux. Un délicieux nectar, un met fabuleux.  Attrapant une sorte de petite pique, elle la planta dans l’un des amuses bouches et le porta à ses lèvres, s’en délectant avant de l’avaler. C’était là un produit qu’elle n’avait jamais goûté, l’aspect était quelque peu ragoûtant mais le goût était divin. Ou plutôt infernal.  Et puis quand on ressentait à nouveau la faim, on ne chipotait pas sur des petites bricoles quand on pouvait la rassasier.  Regardant le Diablotin, elle plissa un instant ses yeux, sa queue s’agitant d’une manière joueuse derrière son dos, un sourire taquin s’affichant sur son minois. Portant la coupe de vin à ses lèvres, elle en avala  de nouveaux quelques gorgées mais en garda une partie en bouche. S’approchant d’Alastar, la Louve passa une main derrière sa nuque pour attirer ses lèvres contre les siennes, les scellant pour l’embrasser et faire couler doucement la liqueur vers la gorge du Diablotin. Se détachant de lui tout en restant relativement proche, elle le questionna :

« Et maintenant ?  Tu es mon cadeau de remerciement et je dois te remercier pour l’aide que tu m’as apportés…on fait comment ? On oublie tout cela et on passe juste une bonne soirée où je te laisse les rênes ? »

Ou comment dire à Alastar qu’il pourrait faire ce qu’il voudrait d’elle. Du moins dans une certaine limite, mais de ce côté-ci, l’Okami lui faisait confiance. Peut être un peu trop confiance même, mais qu’importe ! Ce serait un « au revoir » qu’elle ne risquait pas d’oublier de sitôt.

Alastar avait toujours des anecdotes à raconter, et la manière dont il avait obtenu ce vin en était une fameuse. C’était à un mariage, une fête de mariage, à laquelle Alastar avait choisi de se joindre. Un mariage assez simple, entre des fermiers et des paysans, et toute la coopérative agricole s’était cotisée pour ce mariage, achetant du vin de la cuvée de Grands-Pierres. Un mariage dans une grange transformée pour l’occasion, avec tout ce qu’on pouvait trouver : un bal de danse, un concours dans la porcherie consistant à ramener les cochons... Et la tradition de la  pantoufle jetée à l’eau. Une femme jetait une pantoufle, et son amant devait le retrouver... Ou le premier homme, si la femme était célibataire. Une tradition locale... Alastar avait beau être un démon, il aimait ces manifestations de joie et de plaisir. C’était des moments comme ça qui vous faisaient apprécier les humains. Il avait couché avec une femme dans la grange, après une danse magnifique, où il s’était fait passer pour un jeune marchand rempli d’argent. Il avait séduit une femme, défié sa famille au gwynt, un jeu de cartes stratégique très en vigueur à Nexus, et avait couché avec elle au milieu des bottes de foin, à l’étage, juste au-dessus du banquet, banquet où il avait mangé du délicieux poulet, chantonnant, gai comme un pinson. Cette femme était la servante du seigneur de Grands-Pierres, Sire Moley. Cette fête se situait sur ses terres, et Moley avait envoyé sa fille. Sire Moley, malgré sa fortune, était assez proche du peuple, et avait donc envoyé sa fille, une belle blonde... Après avoir couché avec sa page, Alastar avait couché avec les deux, sur une barque le long d’un lac près de la grange. Sa récompense avait été un accès simplifié vers la cuvée de Grands-Pierres.

Comme dit, Le Diablotin avait toujours des anecdotes à raconter, mais, en ce moment, il observait surtout Shad.

Onyxian lui avait visiblement offert une robe, belle et sensuelle, transparente par endroits, mais suffisamment pudique pour ne pas être totalement transparente, contrairement à d’autres robes. Non, les parties transparentes étaient relativement anodines : ses hanches, son ventre... Mais rien qui ne soit pas agréable à regarder. Qu’Onyxian lui offre une telle robe était aussi le signe qu’elle la remerciait pour ce qu’elle avait fait. Même les bandages allaient bien à la Louve, et, quand elle proposa de trinquer ensemble, un fin sourire éclaira ses lèvres.

« Ma foi, trinquons donc... À notre héroïne infernale ! Et à mes premières cicatrices... »

Alastar exagérait, car son corps avait déjà fait disparaître ses cicatrices, mais la formule trahissait une vérité certaine. C’était la première fois qu’Alastar s’était autant battu, qu’il avait été grièvement blessé, et avait affronté des monstres terrifiants. Autant de combats qui avaient démontré qu’il n’était pas un courageux guerrier, mais bien un simple séducteur, un flagorneur qui savait se débrouiller à merveille avec le sexe et les mots, mais qui était incapable de manier une épée, ou de croiser le fer. Tout dans la « soft power », rien dans la « hard ».

Ils burent donc un peu, tandis que Shad semblait avoir gagné en assurance. La Louve lui semblait plus assurée d’elle-même, moins hésitante, et plus déterminée... Ou alors avait-elle toujours été comme ça, et Alastar ne l’avait pas vu... Quoi qu’il en soit, il appréciait ce changement, et se surprit à sourire quand elle s’approcha de lui, conservant le vin dans ses lèvres. Ils échangèrent un baiser humide, comme une jouissive promesse sur les évènements à venir.

« Hum... Une bonne soirée... Tu comprends, je ne voudrais pas que ta dernière impression des Enfers soit celle d’un chaos sans nom... Même si, fondamentalement, c’est bien à cela que se résume l’Enfer. »

Alastar vait déposé son verre, et sa queue caudale vint alors se déplacer, caressant la jambe de Shad, filant sous sa fine robe, remontant près de sa culotte.

« Tu sais que ces robes ont des avantages ? Elles sont si fines et si relevées qu’elles sont pensées pour qu’on puisse coucher avec... Notamment lors de cérémonies et autres... Je ne peux que remarquer qu’elle te va à la perfection. Tu peux la garder, si tu veux. Si Onyxian te l’a laissé, c’est qu’elle te l’a donné... »

Sa voix se faisait sensuelle, son front venant taper contre le sien. Ses mains filèrent sous la robe de Shad, et il sourit en constatant qu’il s’agissait aussi d’une culotte faite par les Succubes... Soit avec quelques attaches discrètes sur le côté. Habiles, ses doigts les défirent, et la culotte tomba rapidement, glissant le long de ses jambes.

« Tu m’as surpris, Shad... Et ce n’est pas peu dire. Je suis heureux de t’avoir rencontré, ma chérie... Mais sache bien que, quand on rencontre une fois Le Diablotin, on le retrouvera toujours, tôt ou tard... »

Il l’embrassa à nouveau, tout en se déplaçant un peu, allant plaquer Shad contre le mur, son sexe venant taper contre ses cuisses... Un membre assoiffé et tendu, signe d’une puissante érection naissante...

Et du cadeau d’adieu que Shad avait bien mérité !

Le droit de rester dans une  belle chambre, une robe de belle faction offerte et un remerciement, fait rare, de la part d’Onyxian ; la Louve pouvait se considérer comme extrêmement chanceuse de connaître tout ceci. Mais pour l’heure, elle se fichait bien de ces présents et comptait bien passer une petite soirée agréable en compagnie du Diablotin, qui, en toute vérité, l’avait également largement méritée avec tout ce qu’il avait fait. Sentant son appendice caudal caresser l’une de ses jambes, la Louve vint frotter cette queue baladeuse avec la sienne, ne le repoussant pas, tremblant un peu d’anticipation. 

« Tu sais que ces robes ont des avantages ? Elles sont si fines et si relevées qu’elles sont pensées pour qu’on puisse coucher avec... Notamment lors de cérémonies et autres... Je ne peux que remarquer qu’elle te va à la perfection. Tu peux la garder, si tu veux. Si Onyxian te l’a laissé, c’est qu’elle te l’a donné... »

Souriant, la Louve vint poser ses bras autour du Diablotin, apposant par la suite ses lèvres contre les siennes pour un chaste baiser, un simple effleurement des lèvres. Posant son front contre le sien, elle planta son regard dans le sien. Ses doigts vinrent un peu masser la nuque du Diablotin tandis que la Louve affichait un léger sourire, ses yeux bleus pétillants de malice :

« Je me ferais une joie de la garder dans ce cas. C’est un très beau cadeau de sa part. »

Oh ça, elle pouvait s’estimait heureuse la petite ! Sentant les doigts agiles de l’Incube proche de la culotte que ses consœurs succubes lui avaient offerte, la Terranide se colla instinctivement plus contre le corps de son amant cramoisi, sentant la seconde d’après le sous-vêtement glisser le long de ses jambes et choir sur le sol. Bougeant ses pieds, la Louve chassa l’opportun vêtement afin que ce dernier ne vienne pas la gêner pour la suite des évènements.  Répondant en premier lieu au baiser d’Alastar, la Louve se mis  à reculer en même temps qu’il avançait pour se déplacer, sentant bien vite son dos percuté un mur de la pièce et son membre tendu tapait contre sa cuisse. Un membre déjà bien érigé et pleins de vigueur.  Passant la pointe de ses doigts dessus, la Louve vint mordiller le cou d’Alastar tandis que ses doigts se refermaient avec plus d’assurance autours de son vit, le caressant.  Elle remonta ses mordillements le long de sa mâchoire, déposant un baiser contre ses lèvres avant de remonter vers son oreille pour la mordiller, finissant par susurrer au creux de cette dernière :

« Et ce sera  un grand plaisir de te revoir Alastar. »

Le mordillant encore quelques secondes, ses doigts continuant à monter et descendre sur sa verge, la Louve se laissa choir à genoux devant le Diablotin, son visage  se retrouvant face  à son membre turgescent.

« Hé. » ne put-elle  s’empêcher de lancer spontanément.

Posant ses mains de part et d’autres du bassin de l’incube, la Terranide se mis à souffler son air chaud contre le gland pendant quelques secondes histoires de l’attiser un peu. Puis relevant ses yeux vers ceux du Diablotin,  elle darda sa langue qui se mit à lécher le membre,  avec précaution du haut vers le bas.  Ses mains entre temps caressaient ses cuisses, les griffant de temps à autres passant de l’extérieur de celles-ci à leur intérieur, frôlant ses bourses par intervalles réguliers. Finalement, elle approcha plus ses lèvres et engloba son membre, le faisant coulisser contre sa langue, taper contre son palais et tout cela, sans quitter Alastar des yeux !  Sa bouche se mis à imprimer un léger mouvement de va et vient, avançant et reculant contre son vit qui prenait de plus en plus de place dans sa petite cavité chaude et humide. Au fil des  secondes, le rythme s’accélérait pour soudainement ralentir considérablement. Oui, la Louve jouait avec lui, appréciant sentir ses réactions, un peu de pré-sperme coulant d’ores et déjà de son méat.  Finalement, elle se détacha de lui, remontant tout en l’embrassant sur le ventre et le torse, scellant pour finir ses lèvres aux siennes à nouveau.

« Tu es un sacré démon Alastar. »

Sa queue vint frotter de temps à autre le sexe érigé et à présent couvert de salive du Diablotin pendant que la Louve caressait les joues de ce dernier, finissant par avancer son corps à nouveau vers le sien,  se collant contre, ses lèvres retrouvant leurs consœurs pour un baiser passionné.

C’était avec un plaisir non dissimulé qu’Alastar reverrait, par la suite, cette étonnante louve. Shad était un petit bout de femme très fascinant, et, en l’embrassant, en la plaquant contre le mur, en sentant son tendre corps doux et chaud, le goût de ses lèvres, il sentit son érection revenir à la charge, tapant contre les cuisses de la femme. Le Diablotin ne comptait guère s’embarrasser de formalités avant de la prendre, mais Shad ne l’entendait visiblement pas de cette oreille, et, le surprenant, repoussa l’homme, avant de se mettre à genoux… Comme si cette robe lui donnait une assurance supplémentaire en matière sexuelle. Chacun des doux mots de la femme résonnait le long de ses oreilles. Alastar n’était pas avare de mots en matière de sexe, car il savait toute leur importance... Et, plus il rencontrait Shad, et plus elle lui plaisait. Ses mordillements avaient été particulièrement délicieux, notamment, ce qui fit qu’il ne tarda pas à lui en faire la remarque, alors que sa bouche se rapprochait de son sexe :

« Tu te transformes en vampire, Shad ? J’aime ça... J’ai connu une Ashnardienne, une fois, qui aimait mordre les gens... C’était délicieux... »

Alastar était un Incube conciliant, et qui n’était clairement pas contre une bonne fellation. Quel homme aurait été contre ? Shad vint alors le sucer amoureusement, et les mains d’Alastar se crispèrent sur ses cheveux. Il sentait la femme remuer la bouche contre sa hampe de chair, qui se mit à grossir et à enfler, sa queue se durcissant généreusement. Il frémit quand elle se mit à le griffer. Shad avait compris que, avec un amant comme Alastar, la douleur n’était pas un luxe redoutable, mais clairement un plus agréable et appréciable.

« Haaa, ma petite coquine... Suce-moi bien, ma chérie... »

Ils l’avaient bien mérité ! Après avoir affronté un Grand Ancien, c’était même bien là le minimum de ce que le brave Diablotin pouvait demander. Il sentait la bouche de la femme filer le long de son sexe, remuant dessus, l’engloutissant généreusement, amenant ce sexe à se déplacer de haut en bas sous les mouvements de la femme, sa bouche délicieuse filant le long de son sexe, ses dents venant le mordre. Ses mains caressaient les cheveux de la femme, se crispant parfois dessus, frottant ses oreilles pointues.

Et puis, cette magnifique fellation se termina progressivement. Espiègle, Shad ralentit le rythme, non sans avoir recouvert, au préalable, la queue du beau diable de sa salive. Une belle érection ornait désormais le membre de l’homme, qui répondit au baiser de la femme, son membre durci se frottant contre les plis de sa robe. À son tour, il se mit à mordiller ses lèvres, enfouissant l’une de ses mains dans ses cheveux, tirant sur sa lèvre inférieure, avant de jouer avec sa langue, pendant un long et vorace baiser, où les deux amants se frottèrent et s’embrassèrent goulûment.

« Hmmmm... »

Rester avec une érection ne dérangeait pas particulièrement Alastar, qui avait appris la patience entre les mains d’Onyxian. Il trouvait, au contraire, que cette sensation était relativement agréable... Quand on bandait comme une vache, on se sentait pleinement vivants, tous les sens aux aguets, et il continua à embrasser Shad, avec ferveur, jusqu’à mettre fin à son baiser à son tour, et à lui mordiller, également, le cou.

Il lui fit ainsi un suçon, avant de se mettre à descendre.

« À mon tour, ma chérie... Je veux que tu me couvres de compliments pendant que je te lécherai ta délicieuse fleur... Dis-moi ce qui me rend exceptionnel, flotte mon orgueil d’Incube... »

Avec un sourire sur les lèvres, Alastar alla ainsi se glisser entre les jambes de la femme, et fila sous le rebord de sa robe, afin de lécher son sexe, posant ses deux mains sur les fesses de la femme, une main par fesse, venant ainsi tendrement et fermement les presser, le tout en léchant goulûment ce sexe, enfonçant sa généreuse langue dans son antre.

Le Diablotin se faisait plaisir !

Répondant avec plaisir au baiser du Diablotin, la Louve laissait ses mains allaient dans ses cheveux, emmenant sa tête à rester proche de la sienne et ainsi leurs lèvres scellaient pendant quelques secondes. Elle pouvait parfaitement sentir son membre dur et à présent humide de salive frotter contre les plis de sa robe, touchant de temps à autre la peau de ses cuisses. De l’assurance…Il était vrai que Shad en avait pris depuis sa première rencontre avec Alastar, mais avec tout ce qui leur été tombé dessus, il était normal qu’elle soit un peu plus confiante en elle non ?  A son grand regret, leur baiser prit bien trop rapidement et elle observa le Diablotin se reculer avant de s’abaisser et de voir sa tête filer entre ses cuisses. Une main contre le mur pour se maintenir et l’autre contre la tête de l’incube, la Lycane retenait difficilement des soupirs de bien-être, caressant le sommet crânien du Diablotin qui attendait d’avoir maintes compliments de sa part.

« Haa tu …. Tu es magnifique Alastar….Un incube incroyablement dou…putain c’est bon….doué…et…mmeerde tu sais bien que c’est pas mon genre de dire cela ! »

Pauvre Alastar qui attendait des compliments, de voir son orgueil gonflé à bloc ! Mais parler ainsi était pour la Louve contre-nature et tenter de se forcer à le faire n’apporterait à rien à ses yeux.  De plus même si ses lèvres refusaient de lui parler comme il l’attendait, celles du bas « parlaient » à leur place en laissant couler un petit fluide de cyprine démontrant que l’Incube faisait un excellent travail plus bas. Quoi de plus normal pour un démon du sexe après tout ?  Tremblante contre lui, sa main se crispant plus contre sa tête, l’Okami l’encourageait à continuer, tentant de  reprendre :

« Tu es ..un amant parfait Alastar….Caresses-moi, embrasses-moi, prends-moi, fais ce qu’il te chantes... »

S’arrêtant, elle fit soudainement reculer le Diablotin en apposant une petite poussée avec sa main, se laissant par la suite tombée à sa hauteur, l’embrassant, goûtant en même temps sa propre saveur avant de poser son front contre le sien, le souffle court, la respiration légèrement saccadée et le cœur battant à tout rompre. L’embrassant une seconde fois, elle se détacha par la suite de lui, se rendant vers le lit avec une démarche chaloupée et féline, prenant les bretelles de sa robe et la laissant tomber le long de son corps, se mettant complétement à nue. Sa queue battant doucement, elle tourna son regard vers le Diablotin, souriant d’un air espiègle :

« Viens me faire goûter à tes talents Alastar. Après tout, tu l’as bien mérité, non ? »

Et elle aussi ! Elle n’allait pas cacher que cette partie de jambe en l’air allait également lui faire plus que plaisir !  Surtout avec un tel partenaire !

Avait-il entendu Shad jurer ? Alastar en fut tout amusé, souriant en coin, tout en allant lécher l’intimité de la jeune femme. Une intimité parfaitement épilée, soit par elle, soit par les succubes ayant veillé sur eux pendant leur sommeil. Le démon posa ses mains sur les cuisses de la femme, et aventura sa langue. Il aurait pu glisser un doigt en elle pour accompagner son organe lingual, mais il choisit de rester au stade du simple cunnilingus, sans pénétration digitale... Il avait déjà fait jouir des femmes en se servant juste de sa langue, et c’était ce qu’il comptait faire encore, tout en savourant les quelques mots de Shad... Sa main posée sur ses cheveux, ses doigts venant frôler ses petites cornes, ou, peu à peu, les multiples gémissements et soupirs qu’elle se mit à pousser. Tout le corps de la Louve témoignait d’une forte tension qui n’attendait qu’à se diluer. À bien des égards, Alastar considérait le sexe comme une thérapie médicale, permettant de soigner les gens, de soulager leur corps. Quand on savait bien faire l’amour, on en ressortait avec une sensation parfaitement apaisée, et un sentiment de bien-être qui ne pouvait que faire du bien, au corps comme à l’esprit.

En gros, Alastar était un médecin ! C’est ce qui expliquait pourquoi ses cibles préférées étaient souvent de jeunes femmes frustrées. Elles étaient les proies les plus faciles à avoir, et souvent les plus talentueuses. Les vieilles filles avec des fantasmes terribles, les ménagères frustrées par des maris gras du bide et mous du slip... C’était l’archétype des clientes d’un Incube, même s’il y avait quantité d’autres femmes... Comme Shad. La belle était loin d’être vierge, et très perverse. Elle se tortillait contre le corps d’Alastar, qui s’amusait à nicher sa langue dans sa grotte, léchant ses parois. Talentueux, Alastar prenait tout son temps, sans pour autant la négliger, car sa langue partait régulièrement à l’assaut de son bouton de plaisir, tandis que ses ongles pointues griffaient légèrement les cuisses de Shad, se déplaçant pour frotter son aine, une zone très sensible du corps humain.

En retour, Shad gémissait et soupirait, peinant à retenir ses élans fougueux. Sa mouille affluait dans la bouche d’Alastar, qui la buvait goulûment, s’en régalant. Il sentait le beau corps de la femme se crisper contre le sien, chassant au loin leurs mésaventures à R’lyeh, ce mage noir, les duplicités de Lucifer... Tout cela disparaissait devant un plaisir bien simple, et bien égoïste : le sexe. Alastar s’y plongeait avec délice, sans aucune hésitation, léchant encore et encore le sexe de son amante. Il aurait pu la faire jouir comme ça, en réalité.

« Hmmm-hummm... » soupirait-il lentement.

Suçant et avalant sa mouille, l’Incube continuait à jouer avec elle... Quand elle finit par l’écarter, par le repousser. Les lèvres pleines de son nectar, Alastar se retrouva sur les fesses, et vit rapidement Shad se défaire de sa robe, avant de s’approcher, toute tremblotante, toute excitée, toute... Toute impatiente. Autant que lui ! Autant que lui, ce pauvre bougre, qui avait été sucée par elle, et dont la queue restait toujours aussi érigée.

« Oui... Mes talents... Tu aimes jouer avec le feu, Shad... »

Il se releva alors rapidement, et s’approcha d’elle, usant de ses muscles pour la soulever. Le corps de Shad heurta le mur, provoquant un choc sourd, et il la pressa contre lui, une main sur ses cheveux, l’autre sur son dos, venant alors voracement l’embrasser. Son mât caressait entre-temps son bassin, et il mordilla sa lèvre, tirant dessus, tout en ramenant son corps en arrière, puis à nouveau en avant, le dos de Shad venant à nouveau tambouriner contre le mur. L’une de ses mains se déplaça dans la foulée du creux de son dos pour empoigner l’une de ses belles petites fesses, et il continua à la « frapper », son membre venant heurter sa peau, pour se redresser, le baiser se poursuivant.

La langue d’Alastar jouait avec celle de Shad, et il sentait les seins de cette femme, comme deux tisons ardents, s’enfoncer contre son torse. Heureux et épanoui, il l’embrassa pendant un long moment, avant d’aller lécher son cou, et de la mordre légèrement, optant pour un suçon intense.

« Hm... Dis que tu veux que je te baise, Shad... Dis que tu veux sentir ma grosse queue labourer ta petite chatte... »

Il l’avait entendu jurer, et il avait tellement adoré ça qu’il était bien normal qu’il lui demande de réitérer...

Les joies insondables de la luxure !

 Fébrile et impatiente, voilà les caractéristiques qui définissaient la Louve en cet instant.  Elle n’apposa aucune résistance quand le Diablotin la souleva, allant automatiquement enroulé ses jambes autours de son bassin pour s’y créer une petite accroche et surtout pour les rapprocher encore plus l’un et l’autre. Lorsque son dos percuta une première fois le mur légèrement plus froid que sa chaleur corporelle, la Lycane frissonna et resserra plus son étreinte, n’attendant visiblement qu’une chose, que le coït débute. Mais, le perfide incube ne semblait guère l’entendre de cette oreille et c’est avec une certaine fourberie qu’il se mit à bouger, faisant frapper son mât de chair contre l’entrée humide de la Terranide sans pour autant y rentrer, sa poitrine s’écrasant contre son torse cramoisi et son dos frappant le mur selon le rythme imposé par Alastar.  Sentant les lèvres de ce dernier se glisser dans le creux de son cou, la Louve frissonna et pencha légèrement sa tête sur le côté offrant à son partenaire un accès totale à sa gorge.

« « Hm... Dis que tu veux que je te baise, Shad... Dis que tu veux sentir ma grosse queue labourer ta petite chatte... »

« Hmm….va…chier…Alastar…. »

Le supplier de la prendre ? Et surtout de cette manière ? Jamais ! Et pourtant ! L’Okami n’en pouvait plus d’attendre, son bas-ventre était brûlant d’envie, son fourreau n’attendait que la venue de l’épée qui pourrait le combler, le remplir. Griffant doucement les épaules et le haut du dos du Diablotin, la Lycane gémissait légèrement contre lui,  les mouvements qu’ils faisaient contre elle ne faisant qu’attiser son envie toujours grandissante.  D’un côté, la Lycane ne voulait pas s’abaisser à parler ainsi, ou plus précisément, elle ne se reconnaîtrait pas. Mais d’un autre, ses plus simples instincts primaux l’assaillaient de toutes parts. N’avait-elle pas le droit de se laisser un peu aller, de se déconnecter de la réalité après ce qu’il venait de se passer ?  Si, bien sûr que si.  Agacée, la Louve se mis à bouger par à-coup son appendice caudale, les poils légèrement hérissés sous une colère  source d’une légère indécision. Et puis…Le moment qu’Alastar attendait arriva enfin.

« Haa bon sang…Arrête de me faire miroiter Alastar…Prends moi…Prends moi avec ta grosse queue…Prends moi comme tu l’as déjà fait…Je sais que tu en as tout autant envie….Alors putain….baises moi. »

Elle avait posé son front contre le sien, son regard croisant celui de son partenaire, ses jambes se serrant un peu plus contre le bassin de son amant.  Sa supplique qui au début  n’aurait jamais dû être dictée avait été énoncé sous l’effet de l’envie. La Lycane voulait tout simplement oublier un peu ce qui leur été arrivé sur le coin de la figure quelques heures plus tôt, juste laisser le sexe annihiler l’angoisse des évènements passer et ne laisser place qu’à un pur instant de délice et de bonheur où seuls les sensations primaires du plaisir étaient rois.

C’était le domaine de prédilection du vil Diablotin, le moment dans lequel il se sentait revivre : le sexe... Ou, de manière plus précise, le désir sexuel. Narguer ses partenaires, les frustrer, les exciter, jouer avec eux, jouer avec leur nervosité, leur impulsion, et avec ce manque qui grandissait et croissait en elles. Il avait toujours aimé faire ça, car c’était ainsi qu’il pouvait affirmer sa domination. Sis a force ne lui permettait pas de se révolter contre la puissante Onyxian, il utilisait cette frustration chez les autres femmes... Mais Le Diablotin n’était point un être cruel. C’était même tout le contraire ! Ce qu’il voulait, c’était voir ses amantes admettre ce qu’elles étaient, admettre ce que lui-même appelait leur « part de saloperie », dans le sens où il était convaincu que, tout comme les mâles, les femelles avaient, en elle, un fond de sauvagerie bestiale, primale, une part animale profonde, qui avait survécu à toutes les évolutions sociétales, à toutes les tentatives de rationalisation et d’élévation spirituelle de l’Homme, une part inhérente à tout être vivant... Et que le sexe aidait à révéler. Il jouait donc avec elle, la titillant en flattant sa peau avec sa verge. Lui, il avait envie d’elle, Alastar ne le niait pas... Mais lui avait manifestement plus d’expérience qu’elle dans ce domaine, ce qui, en réalité, n’avait rien de surprenant. Il était un démon de Luxure, lui, le sexe était son domaine !

Shad se pressait contre lui, et il voyait qu’elle hésitait. C’était amusant. Amusant de voir combien le simple fait de parler de manière sale pouvait être plus humiliant que le fait d’agir de cette manière. Les mots avaient un poids, un poids qui pouvait parfois être lourd, et ça, Alastar le savait bien. Ce n’était que dès qu’une femme se mettait à s’insulter grossièrement qu’on savait qu’elle serait prête à tout. Et Shad, elle, hésitait. Le brave Incube le voyait dans ses yeux, et en souriait même légèrement, continuant à maintenir le corps de Shad contre elle. La délicate Louve alla griffer son torse, raffermissant son emprise sur son corps, avant de finir par parler, par abattre ses cartes. Alastar aurait encore pu jouer avec elle... Mais il n’était pas cruel.

Dans un sourire, il l’embrassa alors sur les lèvres, un baiser symbolique, dont le but était de la satisfaire.

« Mais bien sûr, ma belle... »

Joignant le geste à la parole, le terrible Incube remua alors. Son bassin partit en arrière, puis fila en avant, et s’enfonça dans la chair de Shad. La Louve sembla alors se contracter toute entière autour de sa queue, et lui-même retint son souffle pendant quelques secondes. N’oublions pas que le démon avait frôlé la mort dans cette maudite ville, à R’lyeh. Pour lui, coucher maintenant, c’était comme une renaissance... Signe que les esclaves et les démones du clan Magoa avaient du souci à se faire pour les prochains jours à venir. Alastar soupira alors lentement, en retrouvant cette sensation, cette divine et jouissive sensation de rentrer dans le corps de cette femme, et de se mélanger avec elle.

« Oh ouii... »

Ça... Ça, c’était l’une des plus belles choses dans tout le Multivers ! Son corps remuait contre elle, et il y allait de plus en plus vite, usant de ses muscles, le corps de Shad tapant contre le mur.

« Griffe-moi... Hum... Si tu veux que j’aille plus vite... »

Loin de restreindre l’Incube, la douleur contribuait, au contraire, à l’exciter... Comme tout le monde, en fait. Dans un rapport sexuel, la douleur était un moteur, vous forçant à aller plus vite, et lui accélérait le rythme, continuant à faire ce que Shad souhaitait, et lui aussi, par la même occasion : la baiser.

Bien profondément.