Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Sturm und Drang

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Sturm und Drang

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SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 180 dimanche 09 novembre 2014, 02:06:13

Des pas passaient devant sa chambre, sans jamais s'y arrêter. Elle redoutait ce moment où se rapprochaient les bruits de bottes, et le fait qu'elles finissent par s'éloigner ne la rassurait pas. Quel trafic. Le fait d'entendre une voix féminine accompagner le militaire ne la rassurait. Et si l'une d'elle avait l'idée de la conduire à « la petite nouvelle » ? Elle se fera étriper, elle aussi. Peu importe la cible, elle ne peut imaginer subir sans rendre.

La porte s'ouvre. C'est bien la sienne. Mais elle n'arrive pas à distinguer ce qui apparaît à cette entrée. Pourtant, il y a assez de lumière, du moins le croit-elle. Expérience étrange où elle tente désespérément de voir alors que ses yeux ne le veulent pas. Elle se crispe, bien sur ses gardes.

-Prinzessin ?

Une main est posée sur son épaule. Il n'y a rien qu'elle dans la pièce, absolument rien, alors elle sursaute, s'agite.

-Scarlett.

La prise s'est affirmée. Elle ne peut qu'ouvrir les yeux pour de bon. Au-dessus d'elle, son amant, toujours nu. Il s'agenouille au pied du lit, lui dit qu'il est l'heure de se lever. Son oreiller est enfoncé, témoin du sommeil qu'il a eu cette nuit. Oui, il a bien couché près d'elle. Peu, mais il l'a fait. Elle n'a pas eu un mauvais sommeil, il pourra le jurer : La belle américaine dormait tout à fait paisiblement d'un œil extérieur.

Il lui dit qu'il faut se lever, et s'habiller. Il lui redit qu'elle est belle. L'embrasse sur le front. Il va éteindre le PC resté allumé toute la nuit, et descend dans la pièce commune.

Les américains ont déjà débarqué en cuisine. Hmf. Il se contentera, après un « bonjour » sommaire, de se verser une tasse de café et de constater qu'il reste quelques crêpes slaves, du genre pancake de l'autre côté du mur, plus relevé au goût, préparés la veille par Ekaterina. C'est un bon début. Dans une petite assiette, il met une orange, un bout de fromage, et se dirige avec le tout vers le salon.

-Si tu manges comme une pédale dès le matin, il faut pas s'étonner de perdre la guerre.

Il se sera arrêté pour prendre la remarque, en traître, dans son dos, et tente de vite refroidir ses nerfs.

-Reparlons du Vietnam ou de l'Iraq.

Il est déjà reparti.



Deux heures du matin. Il était deux heures du matin quand on réveillait Hiranuma en trombe.

Le manoir avait pris feu. Il était mineur pour l'instant, mais il se propageait vite. Il fallait sortir.



-Bon, les filles.

C'était Siegfried, un peu avant 11h, qui s'approchait des deux terreurs.

-Dis-moi, t'as pas une autre télé à installer, là ?
-Nan. Si vous voulez une télé ici, payez-la, Jack en sera ravi. Scarlett aussi. Bref. Vous parlez japonais ?
-Nope.
-On a une tête à parler japo ?
-Et moi, j'ai une tête à parler japo ?... Peu importe. Aujourd'hui je bosse, donc vos culs vont devoir se trouver une autre occupation. Par contre, si à 18h vous ne savez pas quoi foutre, il y a les clubs d'arts martiaux qui se réunissent. On a un genre de dojo, séparé en trois salles, à l'université. Si ça vous branche de venir faire une démonstration de l'efficacité des techniques de combat de votre armée chérie, les étudiants seront des adversaires à votre hauteur. Et moi aussi. L'administration m'a donné un accord de principe, je réglerai les détails cette après-midi avec la responsable. Hésitez pas à vous pointer, qu'on rigole un peu.


Il tapote sur l'un des fauteuils, puis se dirige vers la sortie. Il a sorti l'un de ses beaux costumes, a sa serviette en main. À Scarlett, il a glissé avant de partir qu'elle n'oublie pas de voir Feodora pour lui. Dans le bus, il lit un mail rédigé en anglais, d'une adresse informe. Un code pour lui dire qu'Hiranuma en chie des barres. Ca lui collera la banane jusqu'à ce qu'au soir même, où, au dojo, avec quelques judoka, à des exercices à blanc, c'est à dire sans coups portés ni réelles projections. Il tente quelques attaques de systema, et se rend compte que le krav maga reste sa discipline d'or. Il va coller une raclée aux ricains devant ses étudiants.

Il a très bien compris que ce n'est que comme ça qu'il s'imposera à eux.
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 181 lundi 10 novembre 2014, 21:05:27

Se cacher n'était pas une option et il était trop tard pour cela. L'activité du bordel s'intensifiait alors qu'elle attendait la rencontre avec son destin. Entre les rires et les échos de jouissances, elle percevait bien malgré elle des cris féminins qui ne s'apparentaient pas à une prise de plaisir. Des hommes vociféraient. Akina avait peur, et tendue au bord du lit, les yeux rivés sur cette porte, elle priait Dieu pour que personne ne la franchisse. Ses épaules étaient encore alourdies du manteau de Panntreffe, que ses doigts resserraient autour d'elle. La chaleur et le parfum qui en émanait suffisait à lui redonner prestance. Elle avait oublié de le remercier, quoiqu'on ne remerciait pas forcément un soldat du IIIème Reich pour nous avoir mené dans un bordel en qualité de prostituée. Toutefois, ce brave homme n'y était pour rien, elle aurait pu lui dire la vérité.

Le bois de la porte grinça et s'entrouvrit sur une silhouette dont elle distingua mal les traits. Le décor s'assombrit, et plus elle cherchait à le voir, moins elle le voyait. Siegfried ? Panntreffe ? Un autre ? Peut-être Grünn qui revenait lui annoncer que tout était fini.

« Prinzessin ? »

Quand enfin, elle ouvre les yeux, sur le coup c'est l'assommoir. Elle avise le visage familier de Siegfried, sa nudité. Sont-ils toujours dans le bordel ? A-t-elle échoué à le repousser ? Mais bientôt, le décor de sa propre chambre lui apparaît comme une évidence. Elle se redresse sur un coude tandis qu'elle reçoit baisé et compliment, encore sonnée par son rêve aux tons réels. D'ailleurs, elle n'ose pas prononcer un mot, de peur d'immédiatement l'épingler pour l'avoir abandonné chez le Docteur.

Au moment où elle reprend enfin ses esprits, il est déjà descendu et elle quitte la couche en quatrième vitesse. Il a raison, il faut se préparer. Elle doit avancer ses recherches au laboratoire. En bas, ils entendent la douche de l'étage, signe que dans sa précipitation, elle n'a pas fermé la porte de la salle de bain. Toujours en hâte, Akina regagne sa chambre où elle déniche une vieille tunique prune qu'elle associe à des bas noirs. On distingue clairement la limite de ses bas à l'ourlet de haut, mais qui s'en souciera ? Sur ce, elle ramasse son sac et saute dans ses bottes brunes. Avant de quitter, elle n'oubliera pas d'emporter deux ou trois échantillons des injections que s'impose Anton. Ce dernier est déjà parti, mais ses oncles eux, bien présents.

« -Putain, comment ton mec me chauffe, s'agace James.
-Je croyais que t'étais pas gay, s'amuse-t-elle en chipant une pomme trop mûre au creux de la corbeille à fruit.
-Sale garce...
-Vous repartez quand ? Cette fois, elle s'adresse à l'aîné qui a enfilé son uniforme d'Etat-Major. Et pour lui, pas question de risquer la tâche ou la déchirure avec une énième rixe, il garde son sang-froid.
-Une voiture officielle passe me chercher, j'irai ensuite prendre Jack.
-Et James ? S'inquiète-t-elle soudainement, alors qu'elle remarque qu'il n'est ni en uniforme, ni en tenue officielle.
-Il reste ici, Jack lui a demandé de veiller sur la maison.
-Quoi ?!
-Ecoute, viens, viens, exhorte John tout en la poussant vers la cuisine pour qu'ils puissent échanger à voix basse. »

Si elle n'était pas certaine de s'être bien réveillée du cauchemar allemand, voilà qui met les choses aux claires. Et le cauchemar américain lui semble pire. Plus loin, le cadet effectue les cent pas dans le salon, le sang bouillant de rage.

« -Aki, tu connais les règles Walker...Pas deux fils à la guerre, c'est comme ça. Si Jack retourne au front, James doit rester.
-Alors qu'il aille chez Grand-Pa.
-Grand-Pa n'en voudrait pas, tu sais que James a un caractère difficile. C'est la décision de ton père, c'est encore chez lui ici. »

Elle pousse un soupir.

« -A ce propos oncle John, je devais te parler. Grand-Pa aimerait me voir à Noël.
-Oui, avec ton fiancé.
-C'est le problème, il est interdit de territoire aux Etats-Unis. »

Grand blanc. La face de l'officier supérieur se referme brusquement. Lui, il a moins le sang chaud que les deux autres, mais la colère ne lui est pas étrangère. Alors, il inspire profondément.

« -Pourquoi ?
-Son grand-père était un criminel de guerre nazi...
-Bon sang... »

Dehors, une voiture klaxonne plusieurs fois.

-Je vais devoir y aller, je vais voir ce que je peux faire. Ca ne devrait pas être difficile de lui obtenir un visa.

Il lui embrasse le front, la salue une dernière fois et se précipite dehors, avec ses bagages. Un véhicule de l'armée américaine l'attendait sous les yeux curieux de quelques passants japonais.


Une heure plus tard, après avoir âprement dealé avec James au sujet de son emploi du temps, elle pénètre le laboratoire de l'équipe du Pr. Reuters. Takagi y est présent en ce jour, il a été dépêché là pour remplacer son collègue. Aussitôt, il remarque la pâleur du faciès d'Akina et s'en inquiète. Elle tentera bien de le rassurer, et lui se contentera de lui rappeler qu'il ne faut pas trop travailler et se ménager quelques pauses. Pourtant, la surcharge n'est pas à l'origine de sa fatigue. Elle a l'impression de ne pas avoir dormi de la nuit. Les images de Költz, Panntreffe et Siegfried l'agressent encore, comme si elles étaient collées à sa rétine. C'est désagréable, elle a du mal à se concentrer.  Assise devant son microscope, elle observe une nouvelle fois la substance des seringues de l'allemand. Les motifs biologiques et cellulaires s'entremêlent sous son oeil rompu à l'exercice.

« - Mr. Reuters m'a confirmé que vous travailliez toujours sur le vieillissement des cellules, l'interrompe Takagi.
-Ahm euh, oui et bien oui, réplique-t-elle en délaissant son instrument pour admirer l'un des petits flacons de substance transparente. Ce n'est pas la première fois qu'elle pense à s'en injecter. Si l'expérimentateur est en même temps le cobaye, il n'y a aucun problème éthique, n'est-ce pas ?
-Vous savez, votre obsession pour trouver un moyen qui permettrait l'arrêt du vieillissement est hautement contestable.
-Et pourquoi, cela permettrait de sauver des milliers de vie et par-dessus tout....

Elle marque une pause, et se mordille la lèvre inférieure, nerveuse.

« -Cela nous permettrait de rester plus longtemps aux côtés de ceux que l'on aime. Car partir avant eux ou les voir partir avant nous est....une véritable épreuve....
-Et il en faut, Walker-san, des épreuves. La nature a fait que l'être humain peut procréer, c'est ça la véritable immortalité. Transmettre ses gènes, son nom, insiste-il, le reste c'est de l'égoïsme. »

Finalement, elle finit par le lui accorder dans un sourire pacificateur. Il ne pourrait pas comprendre et soudainement, elle a l'impression que personne ne pourrait jamais comprendre. Elle revoit Siegfried  prononcer : « Jamais vue. ». Grimace de confusion, elle se masse la tempe.

« -Tout va bien avec Siegfried-san ? Je ne devrais pas vous poser la question mais...vous êtes quand même une étudiante que j'apprécie.
-Bien, souffle-t-elle, Nous allons nous marier. »

Sur le coup, il ne sait pas trop quoi dire.

« -Et bien, ma foi...félicitations ? A propos des résultats de votre échantillonnage.. »

Et il préfère changer de sujet.


En sortant de la faculté ce jour-là, Scarlett passe un coup de fil à Kitty. D'abord pour savoir où elle est et ensuite pour s'enquérir au sujet de Feodora. Alors qu'elle presse le pas dans la rue, la slave décroche au bout du fil :

« -Aki ?
-Oui, ca va, tu es où ?
-Je pars pour St-Petersbourg, écoute, je voulais te le dire mais si je l'avais annoncé, ton connard de fiancé m'aurait embobiné pour que je reste. Je vais rejoindre Boris.
-Connard ? Non mais attends, tu exagères.....
-Akina. La voix est plutôt froide. Il faut que tu ouvres les yeux sur ce type, vraiment. T'es pas une pute. Au final, je me demande si Siegfried n'est pas aussi horrible que Tsoukanov, voire pire. C'est le même genre... »

Outrée par la remarque, la métisse ne voit pas un passant et le peréute. Il s'excuse et elle reprend sa marche.

« -Arrête, s'il te plaît. Je ne peux pas te laisser parler de lui comme ça....
-Que veux-tu ?
-Dis à Féodora que je vais m'occuper de Tsoukanov, mais à une condition. Il vient ici.
-Tu es la meilleure, à bientôt. »

Tonalité.


A la maison, elle attendra bien sagement le retour d'Anton, assise à la table de la salle à manger. Après la dérouillée que James aura pris au Dojo, il préférera passer la nuit dehors, chez les putes et à se saouler pour sauver sa virilité écrasée. Sitôt que son fiancé rentre, elle va l'accueillir d'un baiser volé à ses lèvres. Sa veste est prise et sa serviette aussi qu'elle prend soin de ranger. Un café ? Quelque chose ? Et elle lui offre un sourire charmant, presque séducteur en se dirigeant vers là cuisine d'où elle l'apostrophe.

« Mein Herr ! Si.... »

Elle se hisse sur la pointe des pieds pour attraper le pot de café et les filtres. A l'ancienne.

« Si vous m'aviez rencontré en 1940, vous m'auriez aimé ? »

Elle aurait préféré dire "Reconnue", mais cela aurait fait trop étrange, n'est-ce pas? De toute manière, c'est débile de poser la question, se dit-elle en versant l'eau dans la cafetière.

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 182 samedi 22 novembre 2014, 20:59:53

« Douche » sera le premier mot prononcé. Il n'a pas eu le temps d'en prendre une au dojo, et commence instamment à se déshabiller. À l'offre, il n'a pas cœur à refuser. Après avoir retiré veste, cravate et chaussures, il jette le chewing-gum censé couvrir l'haleine de cigarette.

La question... est plutôt déconcertante. Comme à chaque fois, il se demande s'il doit raconter la vérité nue, ou l'arranger, de sorte à l'embellir. Quelques secondes de silence, visiblement en pleine réflexion. S'il l'aurait aimé ? Hors de question. Il y avait Maria. Même après sa mort, son souvenir était encore tenace. Et puis, il était plus dur, moins affectif, plus sadique. Pur militaire, il ne sacrifiait jamais sa vie martiale au profit de sa vie personnelle. Elle aurait été une amante, peut-être, abandonnée dans une ville, qu'il aurait sailli lors d'une nuit de passage, et rien de plus.

-En 1940, j'étais quelqu'un d'autre. Imagine-moi quand je suis ton Maître. Que je t'ordonne, te dirige et te sanctionne. Ma personnalité publique était plus proche de ça. Je ne pense pas que je t'aurais aimé, non. Baisé, sans doute, tu es magnifique. Mais je n'avais que peu de sentiments. J'ai fait exécuter mon adjoint pour une grave erreur commise en fonction. La désobéissance de trop. Dieu sait que je l'appréciais, mais... C'était un autre temps, différent. On ne compare pas les circonstances.

Sur ce mots, il l'embrasse sur le front, lui dit qu'il va se laver rapidement avant de redescendre et qu'il boira son café après. Des petits gâteaux seraient appréciables, il a besoin de sucre et de graisse.

En redescendant, il demande où est la russe. Partie, répond-elle simplement. Il sort de sa serviette (celle en cuir avec laquelle il va en cours, pas celle qu'il porte autour de la taille) un petit paquet de papier kraft, dans lequel se trouve une épaisse liasse d'argent. Avec une certaine solennité, il annonce qu'il serait temps de se séparer d'Ekaterina, qu'elle doit vivre sa propre vie. Il a extrait la somme de ses finances personnelles (ergo celles pompées du Reich) et demande à Akina de lui donner quand elle reviendra. C'est à ce moment qu'elle lui explique qu'elle ne s'est pas simplement absentée : Elle est partie pour de bon, envolée. Siegfried semble triste. Il lui dit de la rappeler, parce qu'il n'a pas le courage de lui courir après, de sorte qu'elle vienne chercher ça. C'est sa contribution pour tout ce qu'elle a subi avec eux. Elle aura de quoi refaire sa vie confortablement. Benoîtement, il se contente ensuite de prendre son goûter pré-dîner, sans savoir les mots précis qu'a prononcé la russe à son égard.

-Ce week-end, c'est atelier cuisine. J'ai dressé une liste d'ingrédients. Tu vas prendre des cours en accéléré, et bientôt tu épateras toutes tes copines.

Il est comme ça, Siegfried. Il parle de peloton militaire, puis de détournement d'argent déjà détourné, avant d'embrayer sur la popotte et les pétasses.

Siiip, une gorgée de thé, les yeux tourné vers l'espace vide laissé par la destruction de la télé.

Vraiment, quel homme.

Ils feront l'amour dans ce même salon, juste après le repas qu'il aura préparé vite fait. Sans violence, sans grande domination, si ce n'est le risque qu'il lui impose d'être découverte par le tonton qui rentre à l'improviste.



La porte s'ouvre. Akina ouvre brusquement les yeux. Elle est sur ce lit, à moitié endormie. Merde. Un soldat entre. Ses pattes de col ne sont pas nues, il y a des trucs dessus en blanc vif, et si Akina ne s'y trompe pas, ça n'est pas un simple soldat – peut-être un caporal ou quelque chose du genre. En tout cas, trop jeune pour être un gradé. Il dit bonjour. Ni timide, ni assuré, il se contente de se délester de sa ceinture, puis s'approche en ouvrant d'abord son pantalon, puis sa chemise.

-Tu t'appelles comment ?

Akina ne veut pas. Elle ne... veut... PAS. Sa chatte n'est pas au repos, elle a la vague impression d'avoir été baisée. Ah, oui, Siegfried l'a prise juste avant. Enfin... Lequel ? Sieg SS ou Sieg prof ? Ca se mélange un peu dans sa tête. Non, elle n'a pas fait de sexe dans cette chambre encore, ou alors elle ne s'en souvient pas. Et elle se souvient de son Anton comme quelqu'un d'aimant. Pas sûr que ce soit le cas lorsqu'il porte son uniforme.

-Ton nom ? Tu es étrangère ? Tu parles allemand ?

Elle l'observe s'approcher avec des yeux de biche apeurée, craintive, et ne répond pas bien évidemment. Il sourit, puis écarte un peu plus sa braguette, du style « bon ben, si on ne peut pas discuter, autant faire autre chose ».

Mais la porte s'ouvre de nouveau. L'autre salue vaguement de la main le nouvel arrivant.

-Heil, Obersturmführer.
-Il va falloir me laisser la place.
-Aaaah, désolé. J'étais là avant. Mais vous pouvez regarder, ça ne me dérange pas.


L'homme de rang prend la chose sur le ton de la rigolade. Il s'apprête à sortir sa bite face à Akina, quand le lieutenant le prend par le col, puis violemment le plaquer contre un mur. Voir Panntreffe énervé était un peu comme la pleine lune : On savait que ça arrivait parfois, mais on le ratait souvent, ce qui faisait qu'on ne le voyait qu'une fois tous les six mois.

-« Herr Obersturmführer ».
-Ja,  Herr Obersturmführer.
-J'ai dit que vous alliez me laisser la place.
-Jawohl, Herr Obersturmführer.
-Allez vous en trouver une autre.
-Sans faute, Herr Obersturmführer.


On le dégage, et il file. La porte est ensuite verrouillée par les bons soins du lieutenant.

-Faim ?


Dans sa besace, il y avait du pain, trois tranches de lard enroulées dans du papier, et un fruit. Une petite ration de soldat. Le tout est laissé à la demoiselle, pour qu'elle s'en fasse réserve.

Il s'était ensuite assis près d'elle. Pour parler. Il lui avait répété que Siegfried n'était pas méchant, que c'était juste un type qui ne transigeait sur rien. Il avait parlé de la façon dont il dirigeait ses hommes pendant qu'elle mangeait. Elle n'était pas sûre d'avoir faim, c'était flou, mais dans le doute, elle acceptait la pitance. Donc, le voilà qui conte les entraînements, la façon dont il était craint et respecté, la légende d'invincibilité qui l'entoure. Il explique qu'il n'y a qu'une partie de sa division ici, que l'autre est sur le front, détachée auprès de la troisième SS, en proie à de grandes difficultés. Siegfried doit former des nouvelles recrues, puis retourner au combat et retrouver sa troupe entière dans quelques jours, ou semaines.

Elle ne veut pas lui dire qu'elle est au courant de ce genre de choses. Elle le laisse s'étendre sur sa vie, et puis saisit un moment de silence pour sa supplique.

-Faites-moi sortir.
-Pardon ?... Mais... Vous êtes bien ici, vraiment. Pour votre travail, il vaut mieux que vous restiez ici. C'est la perspective de vous taper des SS qui vous dérange ?
-Non, c'est que... je ne suis pas... une pute, vous voyez ?


Il fronce les sourcils. N'y croit visiblement pas.

-Ici, vous bénéficiez d'une relative sécurité. Les conditions d'hygiène sont très bonnes, l'Hauptsturmführer a transmis des consignes. Il y veille. Il désapprouve cet endroit, mais...

D'un seul coup, elle pleure. C'était soudain, inattendu. Pas vraiment les grands flots, mais ses yeux s'embuent visiblement, et les larmes perlent au coin de ses yeux.

-Sortez-moi de là.

Et maintenant, il se sent coupable.

-Ecoutez... Vraiment, il n'y a qu'une personne qui ne peut faire ça. Vous savez de qui je parle.


Il ne sera pas trop resté, dira prendre ses dispositions pour qu'elle soit tranquille. En effet, personne ne viendra. Le lendemain, un planton frappera à sa porte, accompagné de Grünn, qui surveille bien qu'il n'y ai pas de geste déplacé. Le soldat transmet une note : Rendez-vous avec Siegfried, 16h. Ponctualité de mise.

Panntreffe avait expliqué la veille qu'il ne suffisait pas de la faire sortir : Elle n'avait pas de papiers, pas de statut, elle était enregistrée, et la SS note tout, et lorsque quelqu'un « disparaît » des écritures, c'est qu'on l'en a supprimé volontairement, sous peine de quoi on la recherche, on la traque, on interroge. Les SS ne tuent pas des putes à la volée et ne s'envolent pas avec elles sans que toute une commission militaire ne finisse par s'en apercevoir. Sans quelqu'un avec l'autorité nécessaire, elle ne serait jamais tranquille, quoi.

Elle n'avait pas d'autre solution que d'être confronté à son Maître, l'amour de sa vie, qui ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam, et qui se fichait d'elle comme de l'an 40... Si il était possible de dire ça ainsi vu l'époque.
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 183 dimanche 23 novembre 2014, 00:14:36

La réponse ne la déçoit pas. Enfin, elle aurait espéré – sa conscience aurait espéré plutôt, qu'il s'enligne sur un discours plein de romantisme. Néanmoins, il est honnête : elle peut au moins se targuer d'avoir cette chance-là. Savoir qu'elle ne pourrait jamais rivaliser avec Maria lui fend le cœur, et surtout l'ego, mais elle comprend qu'elle s'entête à comparer deux situations opposées. Pendant qu'il se lave, elle prépare les tasses, les gâteaux et le thé. Ne vous méprenez pas, Akina Walker n'est pas encore devenue la parfaite petite femme au foyer. Une fois le tout apprêté, elle consulte distraitement sa messagerie, sur son téléphone jusqu'à ce qu'il redescende pour aborder le sujet épineux de la russe.

« - Je vais rappeler Ekaterina, enfin tenter. Elle vous jugeait un peu durement, mais elle est comme ça vous savez. Je pense...qu'on est tous un peu comme ça quand nos rêves se brisent. »

Sauf vous. Vous c'est l'inverse, aurait-elle voulu rajouter, vous attendez de perdre votre femme, votre fille, votre patrie et votre vie pour redevenir un homme, un être humain. Et quand vous aviez tout pour l'être, et bien vous étiez une créature dépourvue du moindre jugement sentimentaliste.

C'est ton futur époux que tu juges ainsi. Tu n'es pas sérieuse. Qu'est-ce qu'il y peut si tu délires des rêves étranges.
La ferme, conscience, pas maintenant.




« - C'est quoi ça ? Demande Grünn au lendemain de sa rencontre avec Panntreffe.
-Du pain, du jambon....
-Et bien, qu'est-ce que t'as fait à Panni pour qu'il t'offre tout ça ? Saliva la prostituée. Si les conditions de sécurité et d'hygiène étaient irréprochables ici, ce n'était pas le cas des conditions de vie. Traitées en esclaves, elles avaient à peine de quoi se nourrir et vivaient des largesses de leur client. Face au visage émacié de la trentenaire, qui lui remémorait étrangement Kitty, Akina lui proposa une tranche de lard sur un morceau de pain. Merci. Alors, t'as fait quoi ? Il est difficile à satisfaire, tu sais.
-Tu l'as déjà eu ? Demanda  Walker, par pure curiosité tout en grignotant un fruit, moins vorace que sa compagne d'infortune.
-Non. Mais il est déjà venu deux fois ici. Aucune fille ne lui a plu. Je crois que c'est un de ses hommes qui ne font pas ça sans....tu sais, sans sentiment. Le pauvre. Pourtant, je suis sûre qu'une bonne pipe le déchargerait aussi bien de ce qu'il a sur le coeur que dans les couilles !

L'américaine haussa  les épaules, soudainement gêné par le tournant que prenait la conversation. Le remarquant, Grünn préféra la laisser seule en lui rappelant que le bordel ouvrait ses portes à partir de 17h00 et qu'elle aurait sans doute moins de chance que la veille, que tôt ou tard elle passerait à la casserole, comme elles toutes ici. Que le docteur Hohenheim et la caserne ne perdraient pas de temps à nourrir une bouche inutile, bien qu'ils nourrissaient peu : c'étaient autant de rations qui pouvaient partir pour les hommes au front.

Durant l'absence de la matrone autoproclamée, Scarlett réfléchit à toutes les possibilités qu'elle avait d'échapper à cet Enfer. Le réveil était le moins risqué, mais en attendant ce dernier il fallait se mettre à l'abri. Les fenêtres étaient bardées de barreaux en fonte et si elle sortait par la porte principale, elle serait immédiatement repérée par les différentes patrouilles et les soldats réguliers de la caserne. Cependant, le retour de Grünn en fin de matinée, accompagnée d'un messager lui épargna d'inutiles tentatives d'évasion. Avant de quitter le bordel, il était hors de question qu'elle rencontre le Hauptsturmführer dans cet état. Direction le bain, une des filles accepta de lui prêter un savon : coûteux aussi par les temps qui courraient. Et Grünn se chargea de lui offrir une robe de paysanne, elle n'avait rien de mieux et ne s'en excusa pas. L'habit était un peu trop grand et baillait au niveau du décolleté.

Escortée par un soldat, elle put regagner les bureaux localisés dans le château réquisitionné. Certains officiers étaient sur les dents, cela se sentait au ton employé pour faire cravacher les subordonnés.

« -Attendez là », lui ordonna le militaire, « Le HauptsturmfPührer va vous recevoir. »
« -Non, je veux le voir maintenant. »

Et avant qu'il ne puisse la rattraper, elle avait ouvert la porte du local à la volée.

« -Anton...
-Herr Hauptsturmführer, je suis navré, elle a....
-Dégagez de là, soldat, intervint Panntreffe après une rapide oeillade désapprobatrice sur Akina.»

La porte claqua sur le départ du subordonné. Ils étaient seuls au milieu de l'office au luxe. Elle, dos à la grande fenêtre, à contre-jour, sa silhouette dénotant dans la lumière relative d'une journé pluvieuse. Elle était comme le petit chaperon rouge face au loup, et se sentait impuissante, car cette impression demeurait. Heureusement que l'adjoint faisait office de chasseur.

« -Anton, » répéta-t-elle.
-Mademoiselle, vous devez vous....enfin faire preuve de plus de respect lorsque vous....vous adressez à...commença Panntreffe.
-Je ne suis pas une pute ! S'écria-t-elle en désespoir de cause. De là où je viens, je n'ai pas besoin d'agir comme une moins que rien !
-Et d'où venez-vous ? fit froidement Siegfried. »

En quelques enjambées gracieuses, la métisse s'était rapproché de son fiancé et elle lui faisait face avec tristesse. Sa main effleura celle du SS dans la plus grande indifférence de ce dernier.

« -Je vous en prie, rappelez-vous de moi...Anton, s'il vous plaît...C'est moi, Akina, Scarlett....Ceci ce...ce n'est pas réel. Vous ne pouvez pas me laisser dans un bordel, pas vous...supplia-t-elle.
-Vous tenez tant que ça à passer du bordel à l'Asylum ? »

Tout de suite, elle recula, frappée par la menace. Elle se mit à faire les cent pas sous les yeux inquiets du second.

« -Je suis une scientifique ! Oui, c'est ça....je peux vous énoncer la théorie de la relativité, vous parlez de la division cellulaire, de la séquence ADN. Vos injections...je peux vous aider.
-Panntreffe, cette femme est folle.
-Moi, je la crois. »

Le capitaine soupire. A voir la manière dont son subordonné dévore la pute du regard, il comprend que son objectivité sur le sujet a foutu le camp depuis belle lurette. Il pourrait faire l'effort aussi, de comprendre. S'il avait croisé cette tarée au détour d'un bordel, ou d'un Lebensborn (bien qu'il n'en ait jamais fréquenté), peut-être l'aurait-il choisi pour sa poitrine et son cul appétissant. Mais juste CA, rien d'autre. Surtout pas pour son esprit dérangé.

« -Sa place est dans un bordel. Ecoute, (vers Akina, assez froidement.) je n'ai pas de temps.... »

Des bruits de pas. Et le son particulièrement désagréable d'une gifle bien sentie. Oh, elle avait juré de ne plus jamais le frapper, mais là : elle le détestait. De tout son être. Elle l'aurait tué si elle avait été armée. Plusieurs balles, elle aurait même vidé le chargeur de rage. A la place, elle se contente d'une sobre claque, directement expédiée contre la figure du beau baron. Et elle était déjà prête à réitérer, main levée qu'il dut stopper en plein élan, capturant le poignet coupable.

« -Sale garce.
-Vous m'avez trahi ! Répliqua-t-elle en lui crachant à la figure, hors d'elle. »

Là, Panntreffe réagit. Il se dépêcha de séparer Scarlett de son supérieur, immobilisant les deux bras de la demoiselle dans son propre dos, pour la contraindre à reculer.

« -Ca suffit !
-Lâchez-moi ! (Puis à l'attention d'Anton.) Je vous aimais....comme pouvez-vous me faire ça... ! »
« Modifié: dimanche 23 novembre 2014, 00:24:45 par Akina Walker »

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 184 dimanche 23 novembre 2014, 02:25:03

Pour Siegfried, c'en est déjà trop. Son honneur a été souillé, cette fille est folle, il ne sait pas où elle a sorti tout cela. Et sa rage est à son comble, il a beau rester calme en apparence, elle sait, elle sait pertinemment que ce regard signifie une sentence imminente. Et pas les gentilles.

Aussi froidement qu'un Siegfried en colère, il défait l'attache de cuir et sort le Walther de son étui, pour le brandir vers elle.

-Hauptsturmführer !
-Elle a parlé d'injection. Soit est-elle folle, du genre de maladies sexuelles qui rongent le cerveau, soit c'est une espionne qui en sait trop. Dans les deux cas, je rend service au Reich.
-Hau-


Bam. Panntreffe s'était baissé, dans le doute, et Akina avait pris la balle en plein crâne. Une belle face blonde au sol, écroulée au milieu d'un bureau, dans de beaux murs qui en ont vu d'autre. Ceux-là même sont néanmoins très déçus de la conduite du prussien, et ferment les yeux de dépit. Akina n'est plus dans son corps, elle est partout et nulle part. Elle voit Siegfried calmement ranger son arme, faire signe à l'adjoint de faire débarrasser le corps et nettoyer le sang. Il s'en retourne à son bureau.

L'histoire est finie.


C'est ici qu'elle se réveille. Elle est seule dans son lit. Une petite lumière traîne en bas. Lorsqu'elle s'y rend, elle voit que Siegfried dort devant son PC, les mains sur les bras. Il bouge en l'entendant arriver. Il murmure un j'arrive, se remettant sur son travail comme si il ne s'était pas endormi devant. Gros bâillement au passage. Mouerf.

Elle mettra du temps à se rendormir, mais la fatigue l'emporte. Autre chose la traîne aussi vers ses rêves, mais elle ne saura jamais quoi. Siegfried, lui, sait. À peine rendormie, le songe la saisit de nouveau.


Elle est là, tenue par Panntreffe. Lorsque celui-ci voit que Siegfried sort son arme, il l'écarte immédiatement et se met devant elle à la place, en guise de bouclier.

-Ecartez-vous.
-Non. Mein Herr, soyez raisonnable. Il est possible qu'elle ait raison. Que vous ayez oublié. Ou qu'elle confonde.
-Ecartez... vous.
-Maria.


Le nom maudit est prononcé.

-... Dieter... Christian... Ah, les civils ukrainiens !

Il ne voit pas de quoi elle parle en dernier, mais le reste, il voit très bien, et ça ne l'énerve que trop.

-Ah, ça y est ! Il y en a un qui s'appelle Becker ? Docteur Becker ? Et les autres ont des noms à coucher dehors...

Siegfried s'avance, pousse rageusement Panntreffe qui va s'écraser sur le tapis. Akina est à sa merci, prise par les cheveux, flingue contre la joue.

-COMMENT SAIS-TU CA !?
-Je suis...
-PARLE !
-Je suis votre fiancée !


Et parce qu'il s'apprêtait à la frapper avec la crosse de l'arme, Panni s'était jeté sur lui, lui avait tordu le bras, s'était pris un violent coup de coude dans le bide, et un auxiliaire SS était rentré, ayant entendu les cris, pour venir les séparer.


Akina avait été assignée à rester dans ce bureau, sous surveillance d'un planton. Vingt bonnes minutes d'attente. Lorsque Siegfried revient enfin, il se rassied juste en face d'elle, ordonne au soldat de partir. Les voilà seuls.

-L'Obersturmführer a pris une semaine complète de cachot, et une semaine supplémentaire de corvée dans mes quartiers. Maintenant, parlez, ou vous passez au peloton d'exécution.
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 185 dimanche 23 novembre 2014, 20:06:31

« Mein Herr....Anton.... » soupira-t-elle, complètement déphasée. La rage c'était envolée au profit d'un gouffre de désespoir. Finalement, le peloton d'exécution était préférable. Elle se réveillerait à Seikusu, peut-être même dans les bras de son fiancé. Quitte à prendre une balle, elle préférait que ce soit de la main d'un illustre inconnu plutôt que de celle de Siegfried. Il avait osé.

Le cauchemar.
Alors qu'elle s'apprêta à abdiquer, ses yeux tombèrent sur ses mains tremblantes. A l'annulaire gauche trônait encore l'anneau de promesse. Années 30. Coûteux.

Ce fut comme une révélation.

« 1935. Trois tableaux sont saisis, chez un exposant d'art juif. Il dit les avoir acheté à Pragues....ces oeuvres d'art finissent ensuite dans un coffre du Reich... »

Elle parlait lentement, articulant chaque mot au fur et à mesure que les souvenirs lui revenaient.

« -Vous saviez où était ce coffre, car l'Anhenerbe auquel vous apparteniez en avait eu temporairement la garde. Vous avez raflé dedans à votre tour, tout gardé, entreposé sous surveillance. Plus tard, vous les vendrez pour m'acheter cette bague. »

Finalement, Akina délaissa son siège pour venir s'agenouiller devant lui et faire glisser ses paumes tièdes sur les genoux de l'officier.  Etrangement calme, la belle poursuivit son récit avec la peur au ventre dans le seul but de le captiver, de temporiser et d'apaiser sa colère.

« -Vous êtes né en 1914 Août, votre père était sur le front tout récent lorsqu'il a appris votre naissance. Vous vous êtes engagé dans la SS pour venger l'Allemagne, votre père et tout le reste, n'est-ce pas ? Vous êtes un cobaye pour les expériences de...comment il s'appelle, Wanka ? Et les autres. Ils ont tous leur carte au Parti.  Quand ils m'ont pris dans les baraquements, c'était votre foutre que j'avais entre les cuisses. Oui....vous n'aviez pas tort, je suis une pute. Mais la vôtre. Exclusivement. Anton, s'il vous plaît....Je sais que c'est....compliqué, mais croyez-moi.... »

On frappa deux puissants coups à la porte. Scarlett sursauta immédiatement.

« -Hauptsturmführer !
-Attendez ! Ordonna Siegfried. Peut-être que le doute s'insinuait en lui, peut-être que non. Sa froideur demeurait, rigide sur sa peau pâle. Toutefois, au fond de ses prunelles brûlait encore un peu de colère motivée par l'incompréhension. »

L'ordre fut outrepassé. Les gonds de l'entrée manquèrent de voler en éclat quand deux membres du RSHA, Amt IV section D firent irruption d'un pas militaire dans le bureau. L'un était en costume, d'un grade aisément identifiable : SS-Gruppenführer. Pas un bonjour, et le gradé fait signe à son subordonné de saisir la femme.

« -Mettez-la au cachot. J'ai deux mots à dire au Herr Hauptsturmführer, j'aimerais ensuite interroger la femme avant qu'elle ne soit transférée. »

L'américaine fut saisie par le bras et résista.

« -Non ! Non ! Qui êtes-vous !Lâchez-moi !Anton.....ne les laissez pas faire !» Elle suppliait le capitaine des yeux, effrayée.

Tant bien que mal, l'homme la traîna devant son supérieur qui se contenta d'une claque autoritaire et cinglante pour la calmer.

« -Epargne ton souffle, tu en auras besoin quand je viendrai m'occuper de toi. »

A moitié sonnée, elle disparut dans le couloir. La porte fut refermée à sa suite. Le Gruf se déganta ensuite. Il était plutôt grand, le visage émacié et les yeux enfoncés dans leurs orbites. Moins de charme que le noble Anton, un charisme plus brute et surtout un sourire carnassier qui dévoilait des dents jaunies par le tabac et la nicotine.Après les gants, il retira sa casquette. Le tout fut rejeté sèchement sur le bureau.

« -Les Temps sont durs, Hauptsturmführer. Aussi, quand je reçois un appel du SD pour me signifier qu'une pute a été retrouvée dans des baraquements, je ne me prive pas pour enquêter en personne. Me racheter en quelque sorte. »

Se racheter d'un pénible échec en France occupée Aujourd'hui, le haut-commandement pour ne pas citer Heydrich menaçait l'officier d'une mutation imminente sur le front russe, ouvert depuis quelques semaines dans le cadre de l'opération Barbarossa.  Avec l'avancée de la Werhmacht on parlait de quelques territoires occupés, conquis, d'un besoin d'une présence SS pour soumettre l'arrière-ligne, les civils : le grand merdier quoi. Et voilà qui tombait mal, la section D était en charge des territoires occupés. Mais quitte à choisir, franchement, il privilégierait la France. Le climat y était moins rude, la résistance davantage amatrice. Et puis il y avait les femmes, ah les femmes.

«-Elle est soupçonnée d'être américaine, vous savez. D'avoir maquillée son nom en Walcher pour faire plus germanique. Le fait qu'elle parle couramment allemand, qu'elle soit un peu aryenne ne peut qu'engager la piste de la cinquième colonne. »

Okay. On voyait parfaitement le délire du Gruf, notamment responsable du contre-espionnage.



Au cachot, elle retrouva Panntreffe. Ils ne partageaient bien évidemment par la même cellule, par souci de séparer les sexes. Mais leur prison était adjacente, séparée par de lourds et épais barreaux. Juste devant les portes verrouillées siégeait un soldat, geôlier de son état. A terre il y avait une gamelle d'eau, semblable à ceux qu'on offrait aux chiens. L'endroit était sombre, glacial et oppressant. Tout près de la gamelle, une femme se tenait recroquevillée, pleurant ci et là toutes les larmes de son corps. Akina blêmit en la remarquant.

« -Mademoiselle ? »

La voix de Panntreffe brisa le silence.

« -Oui, oui c'est moi. Akina. Je suis vraiment désolée....vous êtes ici par ma faute. Vous m'avez sauvé la vie....
-Ce n'est rien, j'ai l'habitude.
-Ecoutez....je dois sortir...
-J'ai déjà entendu ça quelque part....soupira-t-il en levant les yeux au ciel.
-Ces hommes...
-Gestapo, la coupa ensuite le Lieutenant assez inquiet, Le gars en costume, c'était typiquement le genre. Vous n'avez pas réussi à convaincre le Hauptsturmführer ?
-Je ne sais pas....je...il me l'avait dit. Qu'il ne m'aimerait pas, que c'était un autre homme. J'aimerais tellement...j'aurais tellement aimé qu'il ait tort. »

Elle fut interrompue par des bruits de bottes qui claquaient sèchement le dallage.. Trois Fedelgendarmes apparurent à la lumière de l'ampoule du couloir. Le géôlier ouvrit la cellule des femmes et Scarlett prit peur soudainement. Son coeur rompit l'espace d'une seconde pour repartir abruptement lorsque les Kettenhunde s'emparèrent de l'étrangère en pleurs. Alors qu'ils la retournaient, l'américaine aperçut son visage tuméfié par des heures de tortures.

Quelques secondes plus tard, dans l'arrière-cour qui jouxtait les cachots, les policiers militaires hurlèrent des ordres. On entendit le cliquetis des fusils qu'on épaulait et armait. Puis l'exécution eut lieu. Les détonations heurtèrent les tympans de la jeune étudiante qui imagina sans peine le corps criblés de balles retomber lâchement. Le calme était ensuite revenu tranquillement.

« -C'était une communiste, justifia Panni d'une voix rauque, Française. Elle devait être exécutée pour avoir participé indirectement au meurtre d'un officier allemand en France. Mais on ne fusille pas les femmes là-bas, ça ferait une mauvaise image du Reich auprès de la population, vous comprenez ? On préfère qu'elle collabore. Alors elle a été transférée ici. »

Les explications lui fendirent la poitrine d'un émoi horrifiée. Elle craignait d'être la prochaine sur la liste.

« -Allez, approchez. Venez. »

Et elle obéit, parce qu'elle avait besoin de réconfort par-dessus tout. Même si elle aurait préféré les bras d'Anton, la main tendue et prise par Panntreffe suffit à alléger sa peine. Elle lui offrit un sourire pâle qu'il tâcha de lui rendre, un peu gêné.

« -Vous avez la peau douce,  commenta-t-il.
-J'ai peur. »

Il resserra fermement ses doigts autour de la main d'Akina.
« Modifié: dimanche 23 novembre 2014, 20:11:46 par Akina Walker »

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 186 lundi 24 novembre 2014, 00:31:54

Il restera un long moment dans son bureau. Un verre offert aux quelques gradés présents, passif, désintéressé, et puis une fois seul, était resté assis à son bureau. De tout ce qu'elle lui avait dit, tout était vrai, et tout le sera. Soit elle a raison, auquel cas on nage en plein délire surnaturel, soit elle ment. Son esprit cartésien veut croire au mensonge, parce qu'il n'est pas possible de voir le futur. Mais alors que sa lassitude s'échappe par un lourd soupir, il se voit surpris d'avoir envie d'y croire.

Mais non, voyons, non. Ca ne se peut pas. D'une, parce qu'il ne se tapera pas une américaine, de deux, parce que... Parce que ! Aussitôt, il faut qu'il donne une cohérence à tout son récit. L'idée de la cinquième colonne s'impose plus naturellement. Une pute qui couche avec des officiers SS, qui leur soutire des informations. Certaines jalousement gardées, sans doute. On dit, répète, martèle aux soldats de tenir leur langue, mais le fait-on assez aux officiers ? Non, sans doute, ils n'accepteraient pas qu'on leur dicte leur conduite, trop de fierté dans les galons, qui alourdissent leur orgueil comme des baloches de cinq kilos.

Et si lui-même était dans ce cas ? Aveuglé par ses acquis ?

Il retourne finalement à ses tâches de commandement, administrant sa division comme il le faisait d'habitude.


Le soir venu, Siegfried entrait dans les geôles avec un garde SS et un auxiliaire militaire. Ravi de voir que les deux sont encore là. Son seul regard vers Akina sera glacial.

-Je n'oublie pas que tout est de votre faute.

Panntreffe, lui, s'est dressé, au garde-à-vous. Siegfried fait ouvrir sa cellule.

-C'est le moment où vous devez me présenter vos excuses pour votre conduite déplorable.

Silence de la part du lieutenant qui se contente de le regarder droit dans les yeux, impassible. Siegfried passe sa paume sur son front, glissant sur son visage, puis un court soupir, comme pour se reprendre.

-Vous êtes honnête ?
-Citez une seule fois où je ne l'ai pas été avec vous.
-Hm. Le récit de la fille paraît plausible ?
-Nein. Mais on ne peut pas écarter qu'il est imaginable. Je vous rappelle ce que j'ai vu avec vous depuis que je vous suis. Surtout avec l'Ahnenerbe.
-Je sais, je sais. Est-ce que ça vaut le coup d'outrepasser la hiérarchie ?
-Ja.
-Vous irez au peloton avec moi ?
-Jawohl, Herr Hauptsturmführer. Je ferais même un trait d'humour avant qu'ils ne tirent.
-On s'en passera.


Volte-face, Siegfried se tourne vers la cellule d'Akina.

-Qu'arrive-t-il à Maria ?
-Elle... elle meurt. Tuée avec votre fille.


De nouveau, l'incrédulité qu'il avait réussi à mettre de côté le saisit. Il voudrait la traiter de menteuse, parce qu'il refuse que ce soit le cas, partir, loin, et la laisser à son sort merdique. Sa main se crispe sur le barreau qu'il tient. Il conçoit un effort surhumain pour rester. Akina l'aide, et vient poser ses doigts sur les siens.

-Dites-moi quelque chose d'irréfutable, que quelqu'un d'autre ne sait pas. Quelque chose que seule vous devrait savoir.

Panntreffe la fixe en remettant son manteau qu'on vient de lui rendre, ainsi que sa casquette. Il y a une supplication dans ses yeux, comme si elle devait faire un effort. Elle ne trouve rien. Siegfried amorce son mouvement de départ.

-Attendez ! Vous avez un tatouage. Un A. Sur le bras.
-Tous les SS sont marqués.
-Je sais précisément où il est. … Ici.


Elle doit passer tout son bras, jusqu'à son épaule, pour poser l'index à l'endroit exact de la marque à l'encre.

-Vous aimez le whisky. Vous fumez. Vous savez valser d'une manière spéciale, celle de votre mère. Vous aimez faire mal lorsqu'il s'agit de sexe.

Il regarde autour de lui. Panni confirme d'un hochement de tête. Siegfried le fouette avec la paire de gants en cuir qu'il tient dans une main. Elle n'a plus le choix : Attrape doucement son col, le fait approcher de lui. À son oreille, elle murmure :

-Je suis votre chienne, mon Maître. Je vous respecte, vous vénère. Vous avez total contrôle sur moi. S'il vous plaît... Ne m'abandonnez pas. Je perdrais ma seule raison de vivre. Je préfère mourir sous vos coups pendant que vous vous videz en moi.


Son ton s'était durci. Il avait dit que ça ne faisait plus aucun doute qu'elle était une espionne soviétique, et qu'elle devait être instamment abattue. Traînée par son auxiliaire, elle avait beau se débattre et hurler, rien n'y faisait. On les voyait passer dans la cour, jusqu'à aller derrière une petite cabane isolée, entourée de murs et de barbelés. Dans le petit espace, la terre était battue, renversée, remuée ; les impacts de balle faisaient aisément deviner les exécutions sommaires plus discrètes que celles faites devant les pelotons.

-Allez reprendre votre garde, Werner. On s'en occupe.
-Jawohl, Mein Herr.


Il laissait Akina à genoux, et s'en allait. Elle tente immédiatement de se relever : Panntreffe lui prend le cou, la force à ne pas bouger. Derrière, un double-clic distinctif : Siegfried a posé son arme sur sa nuque.

-Comment meurt-elle ?
-... Maria ?
-Oui.
-Tuée par une bombe soviétique.


Les deux hommes se regardent.

-Qui gagne la guerre ?
-...
-Qui g...
-Pas vous.
-Pourquoi !?
-Les américains débarquent en France. Les deux fronts sont intenables pour l'Allemagne. Les soviétiques vont avancer jusqu'à Berlin. Les trentes années prochaines seront... une partition du monde entre les deux superpuissances vainqueurs.
-Je rêve !!


Il a envie de tirer. Son adjoint sait qu'il ne le fera pas, et c'est pour cela qu'il l'aide volontiers.

-... Que fais-je dans la vie ?
-Professeur. En droit. Et d'autres choses. Et un peu avocat.
-Et Panntreffe ?
-Je crois que vous l'avez exécuté.


Ils s'observent de nouveau. Des deux, c'est le prussien le plus étonné.

-Franchement, ça ne m'étonne même pas. Tôt ou tard, vous allez être jaloux de moi, Herr Hauptsturmführer.


C'était fini. On avait entendu une détonation qui avait glacé le camp entier l'espace d'une seconde, puis Siegfried était sorti seul, bientôt suivi par son bras droit, celui-ci portant sur l'épaule, comme un sac de farine, un corps inerte couvert de son manteau, pour en masquer la beauté morbide.


Il eut fallu user de deux subterfuges pour réussir à la faire passer jusqu'à la chambre de Siegfried sans que personne ne les aperçoive, mais Panni étant plus malin qu'un renard, c'était une partie de plaisir. L'officier supérieur les avait rejoint dix minutes plus tard. Tous trois prenaient une boisson chaude et un repas copieux, ration bien supérieure à ceux des soldats.

-So, so... Le Reich perd malgré tous nos efforts et notre évidente supériorité ?
-Je crois que... Ah, oui. Quelque chose que vous racontez souvent. Vos officiers sont des couards. Une fois, vous avez fait retraite, et vous en parlez encore comme d'une erreur. Comme si, si vous aviez désobéi et attaqué ou défendu, je ne sais plus, vous auriez pu vaincre. Peut-être que ça aurait changé le cours de la guerre.
-Il est fou de croire qu'on change le cours de la guerre sur une seule bataille.
-Elle a dit que vous ressassiez, mein Herr. Je crois qu'elle vous connaît bien.
-La ferme. Et... J'ai quel âge ?
-Nous venons de fêter vos cent ans.


Cent ans. Le calcul est vite fait.

-Je suis encore en vie ?
-Et en parfaite santé, avec la même apparence. C'est l'expérience dont vous êtes sujet qui vous maintient.


Il ne peut s'empêcher de sourire.

-Becker est un pur génie.

Elle voulait dire quelque chose, comme le fait qu'il regrette souvent son état immortel. Et au lieu de ça...

-Vous supportez l'équipe de Wolfsburg.
-L'équipe de quel sport ?
-Football.
-L'Hauptsturmführer s'intéresse au football ?
-Wolfsburg a une équipe !?



Ils discuteront ainsi sur l'avenir du monde un bon moment, et la scène se finit là. Akina ne saura pas trop pourquoi, comment, mais elle est plongée dans un grand flou, et se réveille. Nous sommes le matin, elle est fatiguée, pas l'impression d'avoir dormi. Siegfried est à côté d'elle, nu, dans une position totalement anarchique.


Pas de rêves les jours suivants. Comme une spectre occupant une maison : Une fois sa situation réglée avec le monde des vivants, il ne revenait plus les hanter. C'était la même chose mais dans l'univers onirique : Maintenant qu'elle avait réussi à se faire accepter auprès du faux Siegfried, plus rien ne la retenait là-bas.

Elle put donc dormir normalement. Le week-end, comme promis, stage intensif de cuisine. On ne parlera pas de la tentative complètement foireuse de s'abstenir de toute relation sexuelle : Dès 11h, samedi, les amants oisifs avaient fini par baiser dans la cuisine, et passeront le reste de la journée nus, ce qui n'arrangera pas non plus leur concentration le reste de la journée. Ils ne sortiront pas, larveront devant des films sur le PC de Sieg, qui a pris soin de s'avancer sur son travail en sacrifiant son sommeil de la veille, et n'avait donc plus aucune obligation dans le monde extérieur. Ils cuisineront beaucoup, n'en mangeront même pas la moitié, feront une dernière fois l'amour dans leur lit, et s'endormiront complètement exténués.

Même chose le lendemain.


-Si vous pouviez changer quelque chose de ce que vous avez fait à cette période, qu'est ce que vous feriez ?

La question était anodine, posée lorsqu'elle préparait une pâte salée. Lui était sur ses petits légumes.

-Je t'ai déjà parlé de ma retraite de Prokhorovka, je crois. Je commencerais par là.
-Il n'y a pas autre chose ?


Il pose son couteau. Ca demande réflexion.

-Aaah, si. Un jour, un type est venu me voir. Honte à moi, j'ai oublié son nom. Un ami de mon père, un noble prussien aussi. Il était dans la Wehrmacht. Il est venu me dire qu'il avait entendu dire que j'étais critique sur le Reich. Bon... Mon père a dû extrapoler. Enfin bref. On discute une fois, deux fois, trois fois, il fini par vouloir me faire rencontrer Oester. Un type assez sympathique. J'ai vite compris le projet : Il s'agissait d'un coup d'état militaire, ou quelque chose du genre. Ils ne me l'ont jamais dit directement. Hm.

Il reprend sa popotte.

-Un jour, on me fait rencontrer Canaris. Un grand homme. Un amiral. Et dans notre petite réunion, il me dit qu'un attentat est prévu contre Heydrich. Il me balance ça comme ça. D'eux, l'attentat ? Non, de pays tiers, il me répond. Heydrich, en ce temps-là, avait l'impression d'être un demi-dieu, du genre invincible. Les terrorises attaquaient Hitler, pas lui. J'ai sur le coup pensé que Canaris m'avait dit ça pour que je ne cherche pas à empêcher l'attentat, et même, que je fasse tout pour qu'il se déroule comme prévu. Canaris et Heydrich pouvaient pas se sentir. Bref. Canaris me dit qu'il a un autre plan : Si je veux le rejoindre, combattre avec lui, alors je dois faire en sorte de devenir le chien de garde d'Heydrich, et empêcher l'attentat au moment pile où il se déroule. Ce serait un moyen extrême pour devenir son homme de confiance : Que je sauve sa vie. Voilà. Mais si je faisais ça, ça voulait dire abandonner mes autres fonctions. J'ai refusé. Quelques jours plus tard, Heydrich se faisait tuer. Avec le recul, je me suis dit qu'au-delà des plans de Canaris, le Reich a perdu l'une de ses têtes pensantes. Bien, à ce stade-là, il faut cuire les légumes avant de les mettre dans la pâte. Donc, quelques minutes à la poêle. Ceux-là ont une cuisson plus longues que ceux-là, d'où la séparation en deux. On va donc faire ça en deux temps.
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 187 lundi 24 novembre 2014, 16:01:22

Au bout d'un moment, le geôlier avait décidé de les séparer. Il s'était mis à frapper rudement les barreaux avec le canon de son fusil pour leur signifier de s'éloigner l'un de l'autre, tout en vociférant :

« -Restez à vos places, merde ! »

A contrecœur, Scarlett voulut obéir afin d'éviter des complications inutiles lors de sa captivité – mais Panntreffe l'en dissuada, retenant sa main au creux de la sienne ce qui ne manqua pas de mettre en colère le gardien.

« -Putain. C'est toujours la même chose avec vous, Obersturmführer.
-Soldat. Vous savez que tôt ou tard, je vais sortir de là. Si je vous croise à nouveau. »

L'autre haussa les épaules avant d'opérer une prudente retraite. Ce n'était pas la première fois que Panni se prenait du cachot. En général, il ne faisait pas de problème. Il y avait une espèce de dignité à toute épreuve chez ce gars, qui agaçait fortement les chiens de garde au cachot. Et Scarlett éprouva une peine immense à savoir que le lieutenant risquait tôt ou tard d'être passé au fil de l'épée par celui qu'il servait loyalement. Elle aurait aimé le lui dire, là maintenant si ce n'était sa gorge nouée par les émois successifs.

Pour dîner, ce fut de la soupe. Ils durent rompre le contact et chacun lorgna vers le bol de bouillon gris. La jeune femme en était encore à se demander ce qui composait le repas quand Siegfried fit son apparition.  

« -Je viens pour la femme. »

Le Gruppenführer était de bien mauvaise humeur, bardé de deux Fedelgendarmes, et suivi d'un membre du SD, au losange identifiable sur sa manche. Le geôlier dut se confondre en excuse.

« -Herr Gruppenführer. Le Hautpsturmführer est passé hier dans la soirée. Visiblement, elle a avoué. Espionne soviet. Il l'a exécuté en personne.
-Scheisse. Et vous l'avez laissé faire, abruti ?
-C'est mon supérieur, Herr Gruppenführer. Je pensais bien faire. »

Le planton se ramassa une claque monumentale de la part du général.

« -Le Hauptsturmführer n'était pas habilité à s'occuper de ce cas, vous comprenez ? Enfin, vous ne comprenez pas. Parce que vous êtes con.
-Qu'est-ce qu'on fait Herr Gruppenführer ? interrogea un des deux Fedel. »

Gros blanc. On préparait ses affaires pour le front russe. Cette espionne aurait été l'occasion de prouver à Heydrich qu'il valait quelque chose à l'Ouest. Maintenant, il était trop tard pour contre-enquêter, induire le capitaine en faute, etc. Pourtant, le Gruf affirmait qu'une seule chose : ce n'était que partie remise. Puisqu'il ne comptait pas s'attarder, et encore moins périr, à l'Est.


Au réveil, elle cherche son souffle précaire. En fait, elle ouvre l'oeil sans vraiment savoir si elle l'a fermé un jour. La fatigue plombe sa nuque et des cernes acculent son regard mordoré. Anton n'est pas loin, à quelques centimètres d'elle. Lui a cette chance de dormir, de manière désordonnée, certes.

« -Mein Herr, réveillez-vous... »

Et elle lui secoue l'épaule doucement, pour ne pas brusquer son éveil.

« -S'il vous plaît Mein Herr, j'ai besoin de vous. »

Dîtes-moi que vous m'aimez, que je suis votre chienne, n'importe quoi. Dîtes-moi que c'est ça, la réalité.

Elle passera cette journée-ci à dormir, ou presque. Histoire de rattraper sa nuit chaotique. Au départ, elle est confuse. Les images se superposent dans son esprit. Un moment son Maître s'adresse à elle en anglais, dans une tenue décontractée, l'autre c'est en allemand qu'il parle : rigide dans le port de l'uniforme. Elle croit voir un acteur ressemblant étrangement à Panntreffe lors d'un film. Les cafés s’enchaînent. A l'université, le tableau n'a pas meilleure allure. Chris lui aura demandé une fois ou deux de reprendre les notes qu'elle lui a transférées, car elles sont rédigées en allemand. Je n'ai pas fait attention, excusez-moi. Ce sera-t-elle dédouanée sobrement avant de traduire.  Cependant, deux ou trois jours passent, le sommeil lui revient normalement, mais les confusions persistent de temps à autre. Quand c'est insoutenable, elle prend le prussien à partie, ouvre ses cuisses, sa bouche, son cul et encaisse. Ces moments d'extases et de douleur lui redonnent un peu de raison, à peine.

Les cours de cuisine lui occuperont au moins le cerveau et éprouveront la patience de l'ancien SS. Bilan du stage : elle s'est améliorée au sujet de faire cuire les pâtes. Le reste, ce n'est pas encore trop ça. Elle n'a pas quitté son collier de cuir du week-end, toujours prête et disponible. Si le petit discours sur Heydrich lui paraît difficile à suivre, elle note mentalement toutes les informations. Bien que ses rêves soient paisibles ces derniers temps, elle n'écarte pas l'hypothèse du cauchemar. En espérant que cela ne se reproduise pas. Elle n'aimerait pas avoir à consulter un psychologue.

« -Et pourquoi je n’achèterai pas euh, un robot-cuisine ? Ca existe, non ? La technologie au service de la femme, rien de meilleur. Je devrais peut-être songer à le mettre sur la liste de mariage. »

Elle délaisse la pâte, les mains encore poudrées de farine et passe ses bras fins autour du cou de son fiancé.

« -Pourriez-vous mettre un peu de foutre dedans, s'il vous plaît ? C'est la seule sauce que je sais comment produire... »

Ses lèvres maquillées se plaquent ensuite contre l'oreille du mâle, et elle poursuit son discours en un murmure provocant : « Je raffole de cette crème, j'aimerais la sentir avec les autres aliments, dans ma bouche, quand je mâche et j'avale. »

Si Anton a la moindre hésitation, elle aurait de grande chance d'être balayée par sa future épouse qui choit à genou, les mains croisées derrière son dos et la langue déjà apprêtée – sortie de son écrin buccal.

Au soir, pour une fois, elle monte se coucher après son amant. Des recherches sur internet la tiennent éveillée jusque tard. Les pages Wikipédia s'emboîtent, les onglet sur les biographies de Heydrich également. Parfois, elle a un rire nerveux. Vers minuit, elle reçoit un SMS de son oncle James. Il ne rentrera pas ce soir encore. Il a rencontré une pure pétasse, et il découche. Un simple Ok, have fun lui sera expédié.  Tout compte fait, elle ferme le navigateur et met en route son logiciel de biométrie en le connectant au serveur du labo. Un peu de travail, se changer les idées.

Mauvaise idée. Le panel général des données lui indique une alerte au laboratoire. Sûrement une manipulation qui a foiré. Le protocole d'urgence n'est pas engagé, mais le niveau d'alarme assez élevé pour demander une vérification sur place. Rapide coup d'oeil à sa montre. 2:00 AM.  

Avec précipitation, elle embarque sa carte labo, sa blouse qui pend toujours quelque part à portée et ses clefs de voiture. Sur la route, volant d'une main et téléphone de l'autre, elle rédige un SMS à Siegfried : « Partie à la fac. Problème au labo. Je vous aime. »




« -Voilà, Mademoiselle. Une tenue de ville correcte, des bas, des chaussures neuves.... »

Panntreffe fait l'inventaire de ce qu'il avait trouvé de sa virée expresse à Berlin. La belle américaine était assise au milieu du lit, dans la chambre du capitaine, les draps ramenés vers elle. En tant qu'auxiliaire, le lieutenant avait bien l'habitude des tâches ingrates, et vu que pour le moment il était difficile de faire sortir la dame des quartiers de l'officier, il s'était collé au shopping. Quant à Scarlett, elle émergeait difficilement. Son dernier souvenir remontait au laboratoire, à Seikusu. Le sommeil l'avait capturé vers quatre heures, face à ses machines d'analyses. L'alerte venait bel et bien d'une manipulation viciée, elle avait dû stériliser tout le matériel en catastrophe.

« -Je ne sais pas si c'est à votre taille. » poursuivit-il en auscultant la robe des yeux. Il paraissait réellement soucieux du problème. C'était plutôt qu'Akina avait passé la nuit dénudée dans la couche du Hauptsturmführer, même si celui-ci n'y avait pas dormi, et que Panni voulait absolument éviter un contact visuel trop prolongé avec elle, de peur d'imaginer ce que les draps recouvraient.
« -Quoi ? » demanda-t-elle, complètement perdue.
« -Le Hauptsturmführer va vous trouver de quoi loger, sur Berlin sans doute. Il négocie également avec l'Amt F, voir pour un Ausweis. D'ici là, vous devez rester discrète. Je vous laisse vous habiller.
-Merci Panetrèfle...
-C'est Panntreffe, corrigea-t-il le plus sérieusement du monde. »

Et il la quitta dans un sourire.

La robe était jolie. Enfin, si on occultait son aspect vintage. Elle lui alla comme un gant, près de ses courbes sans être ostentatoire, un rouge élégant, une dentelle bien travaillée qui caressait son décolleté. Dès qu'elle fut apprêtée, elle fit un rapide tour des appartements de Siegfried. Par la fenêtre, elle apercevait la grande allée du château, battue par d'incessants pas militaires et traversée par des convois de la même nature. Après quelques minutes, elle aperçut Panni et son capitaine en pleine discussion avec un autre officier. Ils se séparèrent sur un vague salut de la main.

Même si la situation semblait réglée pour elle, une part de son instinct lui disait de fuir.
Loin d'ici.

Quand le prussien retourna dans ses quartiers, ce fut pour l'heure du déjeuner. Son second ne l'accompagnait pas visiblement. Après qu'un planton eût servi le repas, le capitaine donna le signal à Akina pour qu'elle émerge de la chambre.

« -De la choucroute aujourd'hui, informa-t-il avec sobriété.
-Ce n'est qu'un rêve, vous savez. Je vais me réveiller. Ce que je vous dis là, ne changera absolument rien, n'est-ce pas ? Que je vous dise de mettre Maria à l'abri loin de Kônigsberg, d'accepter de protéger Heydrich, tout ça....ce n'est qu'un rêve. »

Elle le répéta une dernière fois avant de lorgner vers son assiette.



SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 188 mardi 25 novembre 2014, 00:01:47

-Saucisses, poitrine de mouton et cuisse d'oie. L'oie est un luxe ces temps-ci, mais près d'Hoppegarten on trouve un grand élevage familial qui fournit volontiers la SS. Mangez, vous êtes sèche.

À l'entendre parler ainsi, on croirait entendre le Siegfried qui lui fait ses leçons de tambouille. Il s'installe, l'écoute parler. Un rêve ? Oh, il prétendrait volontiers que tout est réel. Il dort très mal, il en souffre psychologiquement et physiquement, et la douleur, c'est l'indicateur que vous êtes en vie, comme on dit. Jusqu'à ce qu'elle cite Heydrich, il aura même un vague sourire au visage ; passé ce point, c'est comme si un sac de glaçon avait été vidé dans son uniforme.

-Heydrich !?

Il se concentre. L'assiette devient soudain très intéressante.

-Leopold vous a tout dit !? À moins que... je ne sois dans vos livres d'histoire ?
-Non, c'est vous qui me l'avez raconté.


Il retient ici qu'il n'apparaît pas dans la postérité, ou bien qu'il n'est pas assez connu pour qu'il soit considéré comme un personnage public. C'était prévu, de toute façon : En s'engageant comme cobaye, ses dossiers passeraient au secret, et quand un empire tombe, on détruit les secrets en premier lieu.

-C'était il y a huit jours seulement. Canaris... Il est fou. J'ai toujours entendu dire qu'il rêvait de voir Heydrich mort. Et maintenant, il veut que je le sauve. Vous savez ce que je crains le plus ? C'est que le jour où il décide de se débarrasser d'Heydrich pour de bon, il me fasse sauter aussi. Quand on supprime le Roi, on supprime sa cour avec. Il veut me placer dans la cour, et quand il me tuera, il fera sauter sa petite magouille au passage. Parce que ce qui est clair dans cette histoire, c'est que non seulement Canaris conspire contre notre Reich bien-aimé, et donc contre notre Führer, mais en plus, il a des relations avec nos ennemis directs. Ceux-là même qui ont juré de pendre tous ceux qui portaient la croix et l'aigle. Il est fou, simplement fou, je vous le dis comme je le vois.

Piochant avec modestie et dignité dans son chou garni, une pensée lui vient soudain. Et si, au lieu d'être une espionne soviétique ou américaine, elle était un jouet de l'amiral ? Pour venir tester sa fidélité à celui-ci ou sa capacité à garder son secret ? Oh, non, pire : et si Akina était l'espionne d'Heydrich ? L'entrevue avec Canaris a rappelé à Siegfried que les conspirateurs se trouvent avant tout dans nos propres rangs, et que les adversaires ont au moins le mérite d'agir de face. Les putains soviétiques et les britanniques tirent dans le torse ; les traîtres se plantent entre les omoplates. L'armée allemande, prise en son sens large, apparaissait désormais comme bipolaires : Le clan des fidèles à la nation, et le clan des fidèles au pouvoir établi. Il se forçait à garder un appétit constant.

-J'ai fait bouger Maria. Elle sera bientôt en sûreté, loin du front que vous avez décrit.

Akina peut ainsi voir ce qu'elle a provoqué : Sa femme ne mourra pas. Qui sait combien de temps vivra-t-elle ainsi ? Siegfried va-t-il la rendre immortel pour rester avec à jamais ? Il lui a dit : « La seule femme qu'il n'ait jamais aimé », avant que sa belle Scarlett ne débarque. Peut-être, dans la continuité de ce rêve, ne la rencontrera-t-il jamais. En fait, c'est même sûr.

-Heydrich est mort ?
-Oui. Un attentat en 1942. Infection, les crins de cheval dans sa voiture se sont logés dans sa plaie.


Il rit alors. Merde, c'est déjà pas souvent qu'on le voyait rire à cent balais, mais là c'était carrément exceptionnel.

-Si vous pouviez le voir se vanter. Champion d'équitation, champion d'escrime, champion de tout. Il nous a même forcé à l'écouter jouer du violon. Il joue bien, ne déformez pas mes propos. Mais... Hm.

Une pause. Perplexité.

-J'aurais dû le protéger ?
-C'est ce que vous m'avez dit.


Il ne fera plus mention de tout cela le reste du repas. Se contentera de parler d'autre chose. Mais elle le connaît bien, ses mécanismes ont peu changé à vrai dire, et elle sent bien qu'il est pensif.


Vers 17h, on lui ordonna de dissimuler ses cheveux sous une casquette de SS, et son corps relativement frêle par rapport aux autres pensionnaires de la caserne fut engoncé dans un lourd manteau. Pour ne pas trahir la tenue, ses talons étaient laissés dans un sac en toile vert, et elle dû se faire à des bottes bien trop grandes. Tête baissée, masquée par son haut col et accompagnée par Panntreffe, on l'éloigna du château, et une fois sortie de l'enceinte militaire (Panni la fit passer pour une pute privée de Siegfried auprès des gardes à l'entrée), ils purent monter dans une mercedes noire, direction le centre de Berlin.

Il lui expliqua qu'il avait trente minutes de pause, qu'il étendra à 45 minutes voire une heure, quitte à prendre une sanction. Ca ira, il a l'habitude. Il veut qu'elle reste dehors le plus longtemps possible. Ils roulent dans des rues fort tranquilles, quoiqu'un peu ternes à cause du temps gris. Ils parlent de Berlin, elle explique que dans quelques années, ça changera de gueule, et Panni, saisit d'un peu d'appréhension à l'idée de voir les bombes tomber ici, préfère vanter les mérites de la ville qui n'est pourtant pas la sienne. Et le traditionnel « Appelez-moi Leopold. Ou Leo. ».

Les sirènes retentissent soudain. Ca, c'est un imprévu. Il tape sur le siège du chauffeur pour qu'il se gare, et en descend, regardant le ciel. Il fait remarquer qu'il vaudrait peut-être mieux retourner à la caserne ; mais la vue des carcasses flottantes au-dessus de lui lui fait dire que c'est trop tard.

-Vite, descendez, descendez tous les deux.

Il remet en vitesse sa casquette, prend Akina par le bras et s'éloigne avec elle. Une vieille berlinoise l'interpelle, lui demande de l'aider à trouver un abri. Il montre le métro, et lui dit de le suivre. Ils avancent. Un léger mouvement de foule gronde. Des gens sortent progressivement des maisons pour aller là où Panni va lui-même.

-Ca arrive souvent ?
-Jamais.


On entend déjà des bombes, au loin. Le lieutenant grommelle, jure.

-La Luftwaffe est en retard pour nous prévenir, les avions sont déjà là. Putain. Un jour, Goering sera pendu, c'est moi qui vous l'assure. Ah mais... Vous êtes au courant, du coup ? Il est pendu ?
-... Pas vraiment.
-Le futur a l'air merdique.


Une autre série de bombes. Beaucoup, beaucoup plus proches. Tout le monde presse le pas.

Le bruit, c'était comme un gros « FROUF », puis le monde devient tout gris, et l'air irrespirable. Ca pue tour à tour la poussière et le goudron brûlé. Parce qu'Akina est aveugle et complètement désorienté, elle ne s'est pas rendu compte les premières secondes qu'elle n'est plus debout, mais à demi allongé sur le flanc. C'est seulement quand sa raison revient à la fin d'une violente quinte de toux forcée qu'elle sent de nouveau la gravité, son poids qui l'entraîne sur le côté, son coude qui la soutient sur un pavé. Les sensations reviennent doucement. Une choc sur sa jambe. Quelqu'un qui trébuche, pense-t-elle. Ca siffle affreusement dans ses oreilles, et elle a beau les frotter, ça ne veut pas partir. La vue revient doucement. L'air est noir, noir comme si un nuage d'encre avait recouvert le ciel. Comme si on était en pleine nuit. Il fait cependant chaud. Les immeubles brûlent. Sa jolie robe est un peu grisée par la saleté, mais quelques frottements dessus montrent que le tissu est intact et se lavera bien. Oui, ça compte, comme considération. Il faut se lever. Chercher Panni. Combien de temps est-elle restée à terre ? Ca lui semblait une seconde, mais c'est comme si des années étaient passées. Les routes sont dévastées ; du sang coule entre les pavés inégaux.

Elle dit son nom. On ne l'entend pas, dans le brouahaha. Elle hausse le ton. Quoi, aurait-il osé l'abandonner pendant son inconscience ? Elle n'y croit pas. Il est un héros, un chevalier servant – comme Sieg, mais d'un autre genre. Elle ne peut que marcher, déambuler vaguement, subissant les allées et venues diverses des habitants perdus.

Elle arrive à arrêter un jeune homme en tenue de SS. Elle demande la direction de la caserne. Quelle caserne ? La caserne ! Celle de l'Hauptsturmführer Siegfried ! Il ne connaît pas. Elle parle alors du château, avec les barbelés et tout. Ah, son visage s'illumine : Il montre une direction, puis précise finalement que ce n'est plus une caserne, juste une grosse ruine. Les bombes n'ont pas fait de cadeau.

Elle panique. Prend peur. Rêve de merde. Une nouvelle sirène, qui s'ajoute aux autres plus lointaines, retentit. Une mère avec son enfant hurle de terreur. Plus Akina marche, plus elle se croit en enfer. Ca pue, on sue, elle se rend compte qu'une espèce de bruine presque immatérielle tombe sur la ville, des cadavres de voitures, des explosions, des bâtiments défoncés, un cadavre ici, deux autres là, ça s'entasse, le sol tremble encore de nouvelles bombes, la caserne est à au moins dix minutes de voiture, autant dire qu'à pied et sans direction précise elle n'y sera pas.

Elle s'arrête dans une ruelle, ou plutôt, un espace formé entre deux allées de maisons. Il y a un calme relatif ici. Une petite explosion, plus loin. Deux hommes sortent de la façade d'une maison avec des sacs pleins d'objet, et la bousculent sans vergogne au passage en courant vers ailleurs. Chaos. Anarchie. Monde de merde.
« Modifié: mercredi 21 janvier 2015, 20:18:47 par Law »
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 189 mardi 25 novembre 2014, 01:30:15

En sortant de la ruelle, elle trébucha sur le cadavre d'un soldat allemand. Waffen-SS. La bombe n'était pas tombée loin, d'autres de ses camarades gisaient au sol, certains gémissaient encore. Par pure mesure de précaution, et motivée par l'instinct que possédait tout bon Walker qui se respectait, l'américaine subtilisa le Walther au corps sans vie. Elle avait davantage l'habitude des armes automatiques, mais mettons que comme le fait de parler parfaitement allemand, elle saurait bien se débrouiller oniriquement à manipuler le calibre.

Retour sur ses pas. Elle était décidée à retrouver Panntreffe, même s'il s'agissait de confronter un mort. Le son des bombes s'espaçaient jusqu'à ce que le calme angoissant retombe sur Berlin. Les bombardiers s'éloignèrent dans le ciel, le vrombissement des moteurs aériens avaient disparu. Alors qu'elle émergeait sur l'avenue principale où Léopold avait fait garer la Mercedes, la rumeur d'une ville martyrisée s'éleva. Les cris d'impuissance, les pleurs de douleur, les quintes de toux et les suppliques des mourants.

« -PANNTREFFE ! Hurla-t-elle aux abords de la bouche de métro. LEO ?! »

Elle s'engagea sur les premières marches, évitant les gravats et les morceaux de corps démembrés qui jonchaient l'entrée du métro. La belle se mit à espérer. Il était fort probable que la bombe les ait séparé, lui en bas, elle encore en haut. Elle pressa le pas. Les ampoules sur le quai grésillaient. La métisse pressait nerveusement le pistolet contre sa poitrine. Là encore, les réfugiés ne parvenaient pas à s'organiser, ni à se remettre du choc. Une partie du tunnel s'était effondré plus loin : le métro ne viendrait jamais.

« -Mademoiselle ?! »

Et elle se retourna immédiatement vers la source de cette voix familière. Il était étendu au sol, sur le dos et quand elle s'agenouilla à ses côtés, pour se pencher sur lui : il remarqua que la lumière sale de la station infiltrait la chevelure claire d'Akina, accentuant ses traits angéliques. Si elle commençait à comprendre qu'ils étaient désormais en 1945, à l'aube de la victoire Alliée, elle ne s'expliquait pas le fait que Léopold soit toujours là, si ce n'est par la nature onirique de leur situation. Une petite seconde d'ironie lui fit reconsidérer les choses : en espérant qu'Anton n'avait pas fait bouger Maria à Berlin où elle aurait également eu de grandes de chance de mourir par une bombe russe.

Le lieutenant semblait en mauvais état, malgré son sourire ravageur et ses yeux doux, ce charme communicatif n'empêcha pas Scarlett de s'inquiéter.

« -45 minutes, j'avais dit ? Relativisa le blessé. Ca prendra un peu plus de temps visiblement. Tant mieux. Toute minute est bonne à prendre avec vous, n'est-ce pas ?
-Léo....Les Alliés....ne bombarderont pas Berlin avec autant de violence avant 1945.
-Ce n'est qu'un rêve, non
? »

Elle arqua les sourcils, subitement paniquée en découvrant la quantité de sang qui s'échappait du ventre de Panni. Avec empressement, elle alla presser ses deux mains là où elle pensait que la plaie se trouvait.

« -Oui...un rêve...
-Vous n'allez pas me laisser mourir ?
-Jamais...
»

Ses mains baignaient dans le sang de l'auxiliaire. Le rêve devenait plutôt cauchemar à cet instant précis où elle sentait la vie de Léo filer entre ses doigts, inéluctablement.

« -De toute façon j'ai l'habitude. (Il fut interrompu par une violente quinte de toux.)
-Vous avez toujours l'habitude on dirait, sourit-elle tristement.
-N'écoutez pas le Hauptsturmführer.....
-Quoi ?
-Il va vous inventer que....
(Nouvelle toux) je suis de l'autre bord...il l'a toujours pensé je crois....
-De l'autre....
.commença-t-elle, confuse.
-C'est parce que....je n'ai jamais eu de femme, ou que je n'appréciais pas tirer un coup dans les putes. Mais je vous trouve belle.
-Attendez....
-Mon arme...

-Non, non, non...

Et elle retint la main gantée du lieutenant lorsqu'il amorça un geste vers l'étui de son parabellum. Lui, ne voulait pas agoniser des heures. Un éclat s'était fiché dans son abdomen, pourfendant grossièrement ses chairs sans toucher d'organes vitaux. C'était l'hémorragie qui le tuerait. Des heures à se vider de son sang, en admirant la fiancée de son capitaine. La lui aurait-il volée si les choses s'étaient déroulées différemment : sans doute.

-Je vais vous soigner....supplia-t-elle, mais il était plus déterminé outrepassant la poigne fragile de la blonde pour déloger le pistolet.
-Eloignez-vous.
-Non....Léopold, fondit-elle en larmes, J'ai besoin de vous. Nous devons retrouver Anton...

Le canon était posé sur la tempe de Panni.

-Je compte sur vous pour le faire. Dîtes-lui que je suis désolé pour les 30min outrepassées.
-Atten....

L'hémoglobine gicla sur le faciès souillés de larme. Il venait de se donner la mort, ou plutôt de l'accélérer. Elle hurla, déphasée. C'était le moment de se réveiller.

Et en ouvrant les yeux, elle s'apprêtait à retrouver l'espace familier du laboratoire de nanobiologie, à Seikusu. Un goût ferrailleux dans la bouche la rappela rapidement à l'ordre. Elle était lovée contre le cadavre froid du lieutenant, depuis des heures, des jours : elle n'avait pas compté. Le quai s'était vidé, mais quelques naufragés persistaient à demeurer. Ils n'étaient que des ombres dans le cauchemar. Puis un vacarme assourdissant éclata à l'entrée du métro, vers les escaliers. Des mots que l'on criait sèchement.

Des mots russes. Qu'elle comprenait parfaitement aussi.

« -Nettoyez-moi cette zone, camarades.
-Tout de suite Kaptain ! »

Les premiers cris de civils que l'on exécutait à la va vite. Pas de temps à perdre. Ils étaient quatre, sans compter leur officier : fusil d'assaut en main, ils firent le tour du quai. Le plus jeune remarqua que la blonde contre l'uniforme SS respirait toujours. Sans forme de cérémonie, il l'attrapa par les cheveux pour qu'elle se redresse.

« -Aouch !
-Regarde-moi, ordonna-t-il. »

Toujours agenouillée, elle fut contrainte de relever sa figure souillée. Malgré le sang, la poussière et les pleurs, le soldat admira la qualité et la jeunesse de sa prise.

« -Pas mal. On t'embarque. »

Où ? Dans la première ruelle à portée, dès le métro quitté. Entre deux poubelles, on la força à se coucher sur le dos. Elle résistait bien sûr, mais la poigne des quatre militaires était plus forte, rêve ou non. Ce fut l'officier qui se dressa le premier entre les cuisses maintenues ouvertes de l'américaine qui poursuit ses efforts de résistance.

« -Ca durera pas longtemps. J'ai besoin de me vider les couilles depuis deux jours. »

Un coup de feu retentit. Le capitaine soviet s'effondra sur Akina, le crâne troué d'une balle. Immédiatement, les autres font volte-face. Surpris, ils ne virent pas la rafale arriver et terminèrent leurs vies dans les poubelles.

« -Ca n'a pas duré longtemps, effectivement. »

La voix est familière. L'uniforme gris aussi. Panntreffe ? Non, il venait de mourir. Le poids du mort lui fut ôté, et une ombre encore plus familière la recouvrit : Siegfried ?


SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 190 jeudi 27 novembre 2014, 22:27:15

Ce n'est pas tant qu'elle le voit mal, c'est que son esprit a du mal à matérialiser son visage. Comme s'il baignait dans un flou permanent, comme si les yeux d'Akina se troublaient quand elle le regarde. La forme lui tend la main, et elle n'a de choix que de l'attraper. Lorsqu'elle se relève enfin, ses traits s'éclaircissent lentement. Ce sont ceux d'une homme d'un certain âge, la quarantaine bien avancée, plutôt bien conservé, genre vieux beau stéréotype. Il est dans un uniforme de SS, mais elle n'en connaît pas les galons (qui doivent être, au vu de leur raffinement, très hauts dans la hiérarchie) et il ne porte aucune médaille, pas même une croix de fer. Une STG-44 en main, premier fusil d'assaut produit au monde, une belle carrure d'athlète, une allure certaine.

À bien y regarder, il partage d'ailleurs une ressemblance avec Siegfried. C'est indéniable. On pourrait sans se tromper prétendre que si ce dernier pouvait vieillir, dans 20 ans, il ressemblerait à ça.

-Viens.

Son ton péremptoire, et le fait qu'il s'éloigne sans attendre de réponse, ne laissent pas vraiment le choix à la jeune intruse, qui se décide à le suivre.

-Vous êtes ?
-Le père.


Elle se rend compte qu'ils ne parlent pas allemand. En fait, ils ne parlent pas de langue : Ils se contentent tout deux de s'exprimer et de se comprendre. Un concept onirique, sans doute, auquel elle cesse de réfléchir juste après s'en être fait la réflexion. Tout est normal.

Ils déambulent dans les rues. C'est plus calme, soudain. Il fait jour. Le ciel est gris. L'odeur de fumée et de brûlé n'est plus si désagréable.

-... de Siegfried ?

Elle le sent sourire. Pourtant, elle n'en voit rien, mais elle sait instinctivement qu'il a un fin sourire en coin, plein de malice.

-Oui, le père de Siegfried.
-Oh. Enchantée, Dieter. Je ne pensais pas vous rencontrer ainsi.
-Contente-toi de m'appeler « Père », toi aussi.
-D'accord, père.


Elle ne réfléchit pas trop à ce qu'elle peut dire, elle semble dans un autre monde en sa présence.

-C'est... Berlin ?
-1945. Hitler vient de mourir. La guerre est finie dans une semaine. Tu sais tirer ?
-Je sais me servir d'une arme.


Il se penche vers le cadavre d'un allemand, lui arrache son Gewehr 43 qu'il colle dans les mains de sa nouvelle sidekick, et fait de même avec la ceinture utilitaire, qu'il noue autour de sa taille. « Gott Mit Uns » sur la boucle, un Walther d'un côté, des balles de l'autre.

-Prête ?

Il brandit son arme. Aussitôt, apparaissant par une rue adjacente, un groupe de soviétique se fige en les voyant. Ils brandissent leurs armes, mais l'acolyte d'Akina est plus rapide à dégainer et leur adresse une pluie de balles bien sentie, qui les fait tous se disperser et se jeter à terre. Akina est paralysée un instant ; elle voudrait se planquer, disparaître, mais n'arrive pas à bouger.

Malgré le bruit, elle entend distinctement le vieux parler.

-Tire.

Aussitôt, voilà son chargeur vide. Dressé et fier, il s'attelle tranquillement à la tâche du rechargement de son arme. Un russe se redresse, épaule son fusil. La métisse ne réfléchit plus, fait de même, et lui colle une balle dans la joue, qui va jusqu'à défoncer son oreille, lui laissant une moitié de tête. Putain, le recul était impressionnant. Son épaule est un peu engourdie par le coup.

-Bien, ma fille.

Elle n'a d'autre choix que de tirer de nouveau sur ce qui bouge, mais avec plus d'assurance. L'aîné a enfin calé un magasin plein dans son arme, et arrose de nouveau en face de lui. Les actions combinées des deux fusils ne laissent qu'un tas de cadavres au sol. Il voit qu'elle a vidé son Gewehr, lui montre très simplement comment on recharge, puis lui fait monter les ruines d'un immeuble défoncé, qu'elle grimpe sans difficulté. Elle se trouve jolie, guerrière en robe d'automne des années 30, la baroudeuse vintage, le rêve de toute femme.

Ils se posent au second étage du cadavre d'habitation, prenant place sur un fauteuil. Ils voient la rue ; la rue ne les voit pas. Ça tombe bien, une autre troupe se pointe, suivie d'un véhicule blindé lourd. Ils examinent les morts encore fumants, parlent en russe.

-Qu'est ce qu'on fait là ?...
-Tu comprendras, un jour. Chaque chose en son temps.
-"Patiente" n'est pas le mot qui me définit le mieux.


Il ne répond pas. Dans sa sagesse de vieux bonhomme, le silence en dit beaucoup plus que les mots. Les russes passent, ne les voient pas, ne les entendent pas.

-Tu as un rôle à jouer. Tu n'es pas qu'une chose. Tu es utile.
-Vous m'en voyez rassurée...
-Prend bien garde à ne pas toujours l'écouter. Surtout quand il fait une bêtise. Il a besoin de toi.
-Où est-il ?
-Actuellement ? Loin. Tu ne le trouveras pas. Mais... Il t'attend, ne t'en fais pas. Contente-toi de survivre.
-Survivre ? C'est tout ?
-Si, il a besoin que tu fasses quelque chose. Trouve Friedrich Stoffen. C'est la dernière personne dans la capitale à connaître le moyen d'ouvrir le coffre principal de la Commerzbank. Tu as une semaine.


Il se lève alors. L'un des soviétiques capte le mouvement, interpelle ses potes. Le vieux attrape Akina par le bras et la fait se dresser de force.

-Prend bien soin de mon fils. Je te fais confiance, ma fille.

Et la voilà jetée, en contrebas, roulant sur les gravats, longue descente douloureuse jusqu'à atterrir au sol, au niveau des russes. Ils épaulent leur fusil, mais l'aîné est le plus vif, et les mitraille de son arme. Ils n'ont d'autre choix que de sauter, courir, ou mourir. Akina tente de faire de même en saisissant son fusil, mais le char d'assaut se braque sur elle.

Et tire.

Elle entend l'explosion. Son corps s'envole. Ne lui appartient plus. Un planage de plusieurs mètres, où tout Berlin se mélange à ses yeux. La chute est la plus difficile. Son corps, immatériel pendant quelques secondes, retrouve tout son poids en heurtant le sol. Après quelques roulades forcées, elle parvient à se relever sans trop de mal. Le fusil n'est pas loin, elle va le retrouver. Les balles fusent, mais pas vers elle : Vers le vieux Dieter qui court vers le char. Il encaisse les rafales sans broncher, puis sauter sur le canon du char, plaque son abdomen à l'embouchure. Le char doit avoir tiré, puisqu'il explose immédiatement. La masse d'acier est percée de l'intérieur, fera même un bond en arrière pour s'écraser les quatre chenilles en l'air ; quant au vieux, il a tout bonnement disparu. Les russes autour ont été soufflés. C'est l'occasion que choisi Akina pour leur coller quelques balles tirées avec la précision d'un pur sniper. Mais elle ne peut tirer qu'une balle à la fois, et ils sont plusieurs. Les représailles des rouges la font déguerpir, se couvrir dès la première ruelle. Elle se plaque contre le mur, et attend. Ils approchent. Elle l'entend.

Elle décide alors de changer d'endroit, et court, bifurque, grimpe à une fenêtre, s'infiltre dans la maison, veut s'éloigner, disparaître à leurs yeux.
« Modifié: jeudi 27 novembre 2014, 22:33:06 par Law »
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 191 jeudi 27 novembre 2014, 23:45:34

Sa rencontre avec Dieter lui avait laissé un goût d'inachevé. Il y avait de meilleures situations pour être introduite à son beau-père, ironisa-t-elle avant de remarquer que ce n'était qu'un rêve, qu'en 1940 jamais Dieter ne l'aurait accepté ou souhaité pour son fils. Oui, elle était bel et bien en train de rêver. Et puis pourquoi avoir imagé le père si beau ? Voilà à quoi elle pensait, recroquevillée près d'une fenêtre, le fusil entre les jambes et le front appuyé dessus. En contrebas, elle entendait toujours parlé russe. Par chance, les soviétiques ne fouillaient pas les immeubles: : ils se contentaient de nettoyer les rues.

Ces fils de pute, se surprit-elle à penser. Alors bien évidemment, elle ne défendrait jamais les valeurs du Reich, mais cela valait-il réellement la peine de prendre partie pour l'autre versant, qui visiblement violait les femmes et assassinait les civils. Ils avaient tué Léopold, peut-être même Siegfried. Et tout à coup, elle comprit affreusement son fiancé. Sa haine du rouge, le deuil impossible de son épouse. Abraham Walker aurait fait pareil, Jack également.

Au coucher du soleil, elle osa une timide sortie, toujours armée. Il était impensable qu'aucune division SS ne défendît Berlin.  Alors qu'elle traversait une avenue déserté, une demi-douzain de soldats communistes firent leur apparition. En la remarquant, ils s'arrêtèrent – sourire aux lèvres. Elle comprenait à la façon dont ils la lorgnaient, qu'ils pensaient avoir trouvé la victime idéale.

Jusqu'à ce qu'elle récupèra son fusil, caché dans son dos, l'épaula et visa le crâne de l'un d'eux qui s'effondra.

« -Vous en voulez ENCORE ?
-Salope ! Attrapez-la vivante camarades ! »

C'est ça. Approchez.
Un deuxième s'écroula, salement touché à la poitrine.

Quelques minutes plus tard, la voilà qui courrait à travers les rues de Berlin, les soviets aux trousses. Plusieurs balles avaient sifflé à ses oreilles et elle s'essoufflait. Enfin, elle franchit les limites du quartier de la Chancellerie dont l'armée allemande avait encore le contrôle. En la voyant accourir vers eux, les premiers soldats SS se mirent à lui crier l'ordre de s'arrêter.

« -Les russes putain ! Leur hurla-t-elle. »

Et tandis qu'elle atteignait les rangs germaniques, on mit en route une MG 42, perchée sur une barricade solide. Les poursuivants rouges furent déchiquetés sous l'impact des balles. Le silence retomba et quand, se remettant de ses émotions, Akina dressa ses yeux : elle découvrit que l'ombre du Reichstag la recouvrait.

« -Mademoiselle, pas de civils ici. (Le ton du premier officier était catégorique.)
-Je dois trouver....Friedrich machin...Stoffen ?
-Ecout...
-Ils ont tué Panntreffe, merde !
Explosa-t-elle de colère. Ils vont gagner vous comprenez ?! Ca ne sert à rien ce que vous faîtes ! Il faut....retrouver Siegfried, lui il saura quoi faire.... »

Tous la regardaient désormais avec un air hébété. Elle se sentit obligée de préciser.

« -Le Hauptsturmführer, Siegfried ! S'agaça-t-elle.
-Le Baron ? S'éleva une voix.
-OUI, oui c'est ça ! »

Et elle chercha du regard, parmi les uniformes gris et noirs, indifféremment à qui appartenait cette voix salvatrice. Les hommes au visage éreintés s'écartèrent, et émergea Panntreffe l'uniforme poussiéreux, décoiffé mais bel et bien vivant.

« -J'ai cru que vous étiez morte ! Souffla-t-il en exprimant son soulagement par un baiser ardent, lèvres contre lèvres, la pressant contre lui. Et elle ne put s'empêcher de répondre à l'étreinte, s'y abandonnant avec envie, l'enlaçant de ses bras fébriles. »

« -Je suis le Brigadeführer Mohnke. »

L'image de Léopold s'était envolé et des rangs était sorti un homme mince, à la figure austère, mais qui semblait jeune.

« -Je défends le Reichtstag depuis deux jours, sur ordre du Führer. Vous connaissez le Hauptsturmführer Siegfried ? Je l'ai croisé avant de partir pour les Ardennes. Il est en vie ?
-Je ne sais pas....je suis sa compagne et...
-Frau Maria Von Königsberg ?
S'étonna-t-il en jaugeant sa dégaine. Il m'a brièvement parlé de vous. Je suis navrée que nous nous rencontrions dans ces circonstances. »

Il fit signe à ses hommes de tenir leur position et invita la blondinette à pénétrer le Reichstag relativement épargné par les bombardements. Alors qu'ils naviguaient dans les couloirs et les pièces sompteuses, il poursuivit :

« -Je peux vous faire évacuer.
-Vous connaissez Friedrich Stoffen ?
-Non, désolé. Le plus sûr serait d'aller au Nord de l'Allemagne, la Werhmacht y est active, le plus gros des troupes est positionnée là-bas, vous ne craindrez rien. C'est à proximité de Prinzenallee.
-Non, non. Je dois me rendre à la Commerzbank...
-Frau Von Königsberg, je ne crois pas qu'il soit prudent.... »


Elle attrapa la lanière de son fusil pour prendre ce dernier bien en main et l'exhiber sous les yeux du Brigadeführer. Au fond de ses prunelles éclatait la lueur d'une détermination froide. Elle en serrait les dents, morte de peur mais également décidée à écouter la piste offerte par Dieter.

« -Je peux y aller seule.
-Je...

-Ecoutez-moi bien. Les Alliés vont débarquer, le Reich,...c'est vous qui devriez évacuer. Vraiment, l'interrompit-elle gravement.
-Sacré caractère. »

Texan, faillit-elle répondre.

Peu de temps après, elle quittait les dernières lignes défensives du Reich à Berlin. On lui avait offert des munitions et une MG 45, qu'elle portait à bout de bras. Elle avait réclamé un véhicule, mais il ne fallait pas pousser mémé dans les orties. Toutefois, un SS lui avait fourni un plan de la ville et avait même pris la peine de tracer à la va vite le chemin pour aller à la Commerzbank.  

Après quinze minutes de marches, à croiser quelques civils hagards qui fouillaient pour un peu de pitance, elle tomba enfin sur une compagnie soviétique. Douze hommes, un véhicule d'assaut. Elle prit soin de se planquer avant qu'ils ne la remarquent, dans l'ombre d'une vitrine brisée. Là, elle déposa la mitrailleuse et patienta que les militaires arrivent dans sa ligne de mire pour saisir l'arme d'une main assurée et appuyer sur la gâchette.

Quatre hommes à terre dès le premier jet.. Cependant, l'officier comprit rapidement d'où provenait les rafales et dans un réflexe propre à tous les guerriers d’expérience, il dégoupilla une grenade et la jeta en direction du commerce. La déflagration lui coupa le souffle, l'envoyant se heurter au comptoir à quelques mètres de là. Sonnée, elle attrapa son fusil, assise au sol, les jambes étendues et écartées. Elle comptait ses balles, terriblement affectée par la douleur du choque.

« Je suis désolée....Anton, tellement désolée.... »

De ses mains tremblantes, elle épaula son fusil une nouvelle fois. Les voix ennemies se rapprochaient.

« Je t'aime tellement.... » murmura-t-elle.

« -Tu l'as eu cet enfoiré ?!
-Je crois ouais, on a pas de temps à perdre, on avance putain ! »

Et s'éloignaient désormais, la laissant avec sa souffrance. C'était son rêve, elle ne pouvait pas mourir. Alors pourquoi Léopold était-il mort alors qu'elle avait souhaité le contraire ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à retrouver Siegfried ? Pourquoi ce n'était qu'une suite de frustrations ? S'en voulait-elle à ce point ?


Perchée sur le comptoir, une radio grésillait péniblement les dernières notes de La Marche Funèbre de Siegfried. Composée par Wagner. Elle ne le savait pas, mais trouvait cette musique très reposante. Un sourire traversa ses lèvres gercées et la poigne autour de Gerwehr 43 se raffermit. Il fallait retrouver Friedrich Stoffen.
« Modifié: jeudi 27 novembre 2014, 23:51:39 par Akina Walker »

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 192 vendredi 28 novembre 2014, 02:38:46

Il semblait de plus en plus dur d'avancer. La confrontation directe était peut-être exaltante, mais elle avait ses désavantages, notamment le haut risque de mort violente et cruelle. Il fallait donc contourner, se cacher, tirer parcimonieusement ; Au final, un trajet qui aurait pris dix minutes un jour de beau soleil s'est étalé sur au moins une heure.

C'était un immense carrefour. Une statue de cavalier au centre était encore intact, si ce n'est que sa structure était amochée par quelques impacts de balle. La Kommerzbank, à l'enseigne en grosses lettres gothiques gravées à même la façade de l'imposant bâtiment XVIIIème, faisait le coin de deux larges boulevards. Ce n'est pas une horde, juste quelques escouades de soviet, mais c'est déjà beaucoup trop.

Elle éventualisa le passage en force. Mauvaise idée. Plus de subtilité ? Il faut néanmoins traverser l'avenue, ce qui est déjà trop. Peut-être faudrait-il tout simplement attendre que la nuit tombe. Elle ne tardera pas.

… Et maintenant qu'elle y pense... C'est son rêve, c'est ça ? Elle peut faire ce qu'elle veut. Il suffit qu'elle se concentre. Elle ferme les yeux. C'est mon rêve. J'en fais ce que je veux. C'est ainsi que ça marche. Plus de russe. Plus de lumière, d'aucune sorte. Inspire, expire. Visualiser l'objectif : La banque. Il faut pouvoir y entrer, et pour cela, le passage doit être dégagé. Un effort... Et elle rouvre les yeux. Le décor a chambré. Du marbre, du bois, des dorures.
Elle est dans le hall de la banque.
Un homme la bouscule, puis s'excuse aussitôt. Il lui soulève son chapeau, par ailleurs, et s'éloigne. Une activité fourmillante s'étale autour d'elle. On demande un guichetier ; une femme dit à son mari qu'il ne devrait pas jouer autant en bourse et que 1929 ne lui a pas suffit ; un prélat, tout de noir vêtu, s'éloigne avec une valise lourde, l'air digne.

Bordel. L'Allemagne dans ses grandes heures.

-Madame la Baronne ?

Elle se retourne. Un quarantenaire, complet bleu-gris, lui indique avec un grand sourire de le suivre.

-Votre procuration est valide. Venez.

Il l'emmène derrière les guichets. Un grand miroir au plafond, où elle regarde, lui montre qu'elle porte la totale : Tailleur blanc écru très élégant aux bordures et coutures noires, talons hauts dans le même style, des bas clairs, un chapeau avec une petite plume plutôt discrète et ce léger filet qui couvre un quart de son visage. Ce rouge à lèvre est ostentatoire pour l'époque – ne passe-t-elle pas pour une fille de joie ? Mais non, voyons. Elle est la Baronne von Königsberg, lui montre le papier qu'il vient de lui rendre. Une procuration pour retirer son argent.

Il ouvre la porte de son bureau. « Friedrich Stoffler - Direktor ». Bordel. Le nom a changé, se dit-elle, mais ça doit être lui, y a pas de doute. Elle se fige un instant, avant de presser le pas.

Il fait glisser vers elle une large enveloppe, qui rentrerait pile dans le sac à main noir qu'elle tient à son bras.

-Voilà, Madame la Baronne. Transmettez nos sincères sentiments de respect à votre mari.

Elle ouvre, constatant au passage ses gants de cuir d'une finesse inégalable, se dit au passage que son décolleté est trop osé pour l'époque, puis ouvre le kraft pour voir à l'intérieur deux liasses de Deutschmarks. Bon sang. Tant de fric...

-Autre chose ?
-Oui !


Elle est déterminée.

-Comment... Euh... Pouvons-nous aller voir mes effets stockés dans votre coffre ?
-Malheureusement, Madame la Baronne, nos clients ne sont pas autorisés à descendre dans le coffre. J'en suis navré.
-Je veux... juste... être sûre que tout y est bien entreposé.
-Un audit a eu lieu il y a moins de quatre semaines. Tout est en place.
-Monsieur...
-Madame la Baronne, je vous en prie.


Péremptoire mais délicat. Un vrai petit banquier. Elle pense à le charmer, un instant. Sucer jusqu'à la moëlle les informations qu'elle désire. Elle sait qu'elle est bandante ; elle sait d'ailleurs que, fringuée ainsi, Siegfried n'hésiterais pas à la défoncer dans tous les sens. Siegfried. Oui, si elle suce quelqu'un dans un rêve, ce sera lui et pas un autre.

Du sac à main, elle sort un Walther, qu'elle braque sur l'homme.

-Comment on ouvre le coffre ?
-Madame !
-J'ai dit : Comment on ouvre le coffre !?


Il se rue sur le côté, tire une discrète chaînette qui fait tinter une cloche de l'autre côté. Elle n'a d'autre choix que de se jeter sur le Herr Direktor, et de planter le canon dans sa tempe.

-COMMENT !?
-Crève !


BAM. Le coup part. Merde. MERDE ! Elle a du sang partout sur sa tenue. La porte s'ouvre à la volée, et des employés de sécurité apparaissent. Des SA. Chemises brunes. Elle n'est pas calée en histoire, mais elle a un peu lu sur la période pour espérer ne pas se retrouver neuneu devant Anton, et elle est sûre que des SA n'ont rien à foutre là. Bordel, l'un d'eux est le sosie de Röhm, empâtée, moustache, etc. C'est n'importe quoi. Ils ont des oreillettes du FBI. Ils brandissent leurs armes pour l'abattre, mais aussitôt, se prennent plusieurs balles dans la tête, par l'arrière.

Siegfried. En costume de ces années-là. Et ça lui va diablement bien.

Il rentre vite, ferme la porte derrière lui, renverse violemment une étagère pour qu'elle s'écrase devant la porte, et empêche de l'ouvrir. Il se jette ensuite sur elle, la fait s'asseoir sur le bureau.

Non, ça devient n'importe quoi. Mais putain... Ca l'excite.

Il l'embrasse avec fougue. Le feu qui l'anime est semblable à celui d'Akina. Siegfried, oui, encore, murmure-t-elle contre ses lèvres. Il arrache presque les boutons de sa veste ; dessous, le bustier subit le même sort. Les deux mains sur ses seins, il semble épris d'une folie luxurieuse inébranlable, car les battements à la porte et les hurlements ne le distraient pas. Il relève sa jupe serrée, découvre dessous l'attiral parfait de la pute : Porte-jaretelles, pas de culotte. J'ai bien joué mon coup, se dit-elle, avant de simplement s'apercevoir que c'est son rêve. On a, dans chaque cycle de sommeil, des moments d'excitation sexuelle, correspondant à des vagues où le centre de désir du cerveau se voit agité. Elle est en plein dedans. Il sort sa queue. Elle est massive. Il la pénètre avec une telle facilité. Et une telle violence... Elle est allongée brutalement sur le bureau. Le joli collier de perle est pris en main, enroulé un coup, pour faire une laisse agréable. Il la défonce. Elle hurle. Elle se sent jouir, et jouir, chaque coup de queue l'emmène très haut. C'est le meilleur moment de sa vie. On crie encore, on tape, on essaie de briser la porte, on tire dedans, par la fenêtre, elle entend les bombes tomber, la chaleur des explosions, mais elle s'en tamponne monumentalement : Siegfried est en train de la ravager, comme elle l'aime, puissamment et avec sa hargne habituelle, elle n'en fini pas de traîner son orgasmes qui dure des minutes, des heures, et à son tour il jouit, il jouit en elle, sur elle, s'épand sur ses vêtements, sur sa peau, la traite de pute, lui colle une claque, la retourne, s'enfonce directement dans son cul, nouvel orgasme de l'une, puis de l'autre, ça gicle dans tous les sens, ça gueule à s'en péter les cordes vocales, et d'un seul coup, le sol s'écroule.

La revoilà près du carrefour, en 45.  Elle est au sol. Un obus est tombé non loin, l'a soufflé. Elle est de nouveau en robe. Merde, elle qui espérait garder son petit tailleur de chiennasse de la haute société pour contenter son Maître. Elle fera sans.

Ah, ça pète autour. Il y a un pont, à une cinquantaine de mètres au bout de l'un des boulevards, et au-delà, une unité de la Wehrmacht se pointe pour le prendre d'assaut. Les russes foncent à toute allure vers le lieu. La nuit est tombée, visiblement. Elle court alors à son tour, vérifie qu'il n'y a personne derrière elle, et que ceux devant ne se retournent pas, et fonce à toute allure jusqu'à la Kommerzbank. La porte a été brisée par des explosifs. En entrant, elle voit la déchéance administrative : Des papiers partout, du sang, des cadavres. Elle a alors l'idée de presser le pas jusqu'au bureau de Friedrich. Elle se dit que c'est exactement comme sa pensée d'avant, et se trouve géniale d'avoir ainsi tout deviné, avant de se rendre compte que les deux étant un produit de son esprit, il est normal que tout soit pareil.

Dans le bureau, bordel absolu. Et pas de Friedrich, nulle part. Sur le plan de travail, elle se revoit, quelques minutes auparavant, en train de se faire prendre violemment. Elle est trempée. A-t-elle une culotte ? Non, pas le moment de penser à ça.

Putain. Et il est où, ce banquier de merde !?
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 193 samedi 29 novembre 2014, 18:48:42

Partout dans l'office, elle fouille : la rage au ventre. Ses mains consultent les dossiers épars puis de les déchiqueter de colère. Les tiroirs sont ouverts à la va-vite, et elle plonge ses doigts à la recherche des clés.

"-Les clefs! Où tu as mis les clefs putain?!" s'énerve-t-elle

Finalement, elle n'arrivera à rien. Ses bras tremblent trop, sa vision est floue car encombrée de mèches blondes et de buée de larmes. A deux kilomètres de là, peut-être plus ou moins, on s'arrache le contrôle du pont. Les bombes russes continuent de pleuvoir. Parfois, sous ses pieds, le plancher tremblent et tout autour les murs vacillent.

"Dieter, vous avez l'air d'être un super beau-papa, mais revoyez votre..." commence Akina, les dents serrées avant de découvrir un trousseau de clefs dans une armoire défoncée. Sur l'anneau sont prisonnières des dizaines et des dizaines de clés, toutes de taille et de forme différente. C'est un premier début, malgré l'ignorance de l'emplacement du coffre. L'univers onirique ne l'empêche pas d'être essoufflée et de ressentir les émois de manière percutante. C'est le mot oui, elle est percutée.

En descendant au sous-sol, le fusil prudemment tenu en main, la métisse capte d'étranges rumeurs et plus elle avance, plus elle semble reconnaître des pleurs. Des pleurs d'enfant. Alertée, elle en suit la provenance. Une salle apparaît, aux dimensions modestes avec une table en son centre illuminé par une simle lampe qui pend du plafond. L'ordre règne encore dans cette partie de l'établissement. Deux bureaux garnissent la pièce, avec sur leur surface des téléscripteurs. Sans doute que cet endroit a servi aux transactions boursières effectuées par la banque dans le plus grand secret.

"-Il y a quelqu'un?"

Les pleurs s'arrêtent. La toute blonde fait le tour des lieux, complètement confus. Elle aurait juré qu'un gamin pleurait, deux secondes plus tôt quelque part, ici. Alors qu'elle frôle l'un des bureaux abandonné, on agrippe vivement son mollet. Elle sursaute et braque le canon de son arme en direction d'une petite bouille blême. Un garçon auquel elle n'attribuerait pas plus de sept ans. Il lui est vaguement familier avec ses cheveux bruns tirés à quatre épingles.

"-Maman! s'exclame-t-il dans un sourire soulagé.

Le Gerwehr tremble, et elle hésite.

"-Tu fais erreur, je ne suis pas ta mère", articule-t-elle avec difficulté. "Peut-être que je lui ressemble. Tu confonds.
-Non, non! Maman, j'ai peur....ils vont revenir."


Elle baisse le fusil et s'agenouille à la hauteur du môme, perplexe. Il possède de grands yeux, très beaux par ailleurs, à l'éclat mordoré. Des yeux de Walker, se dit-elle. Pourtant, ses traits faciaux lui paraissent autrement reconnaissables : les lèvres fines et pincées, le teint lunaire.

"-Qui? Ecoute, je peux t'aider à retrouver ta..."

D'un coup, il se jette dans ses bras pour l'étreindre avec force et conviction.

"-Maman..."

Désespérée, elle lui enroule doucement ses bras autour du corps enfantin, parce qu'elle n'est pas un monstre et qu'à l'instar de l'espèce féminine, la providence l'a dotée d'un instinct maternel.

"-On va la retrouver, comment s'appelle-t-elle?
-Akina. Mais parfois, Père vous appelle Scarlett. "


Douche froide. Ce n'est qu'un rêve, répète-t-elle, inlassable. Mais putain, même dans un rêve c'est fichtrement douloureux. Lorsqu'ils se séparent, elle remarque un bijou familier épinglé à la blouse du petit.

"-Qui t'a donné ça?
-Père. Il me l'a offert avant de partir pour la guerre."


L'index tremblant d'Akina soulève la croix de fer et elle peut attester de l'inscription familière.

"-Comment tu es arrivé là?"

Putain, question conne. Tout cela n'est qu'un ensemble insensé et onirique. Il est arrivé là par une erreur de sa pensée, songe-t-elle. Une grave erreur, même. Elle doit faire un effort. Le coffre, ne pas s'attarder sur le môme, ce n'est qu'un obstacle de plus.

"-C'est le Obsersturmführer Panni qui m'a amené là, il m'a dit de rester à l'abri."

Non merde, il est mort dans mes bras veut-elle hurler.

"-Vous n'allez pas me punir hein?
-Non....non, bien sûr que non....tu as bien fait de te cacher.
-Père il dit toujours que se cacher, c'est pour les lâches. "


Okay. Ca suffit. Disparais gamin, je ne veux plus te voir. "Moi je le trouve mignon, enfin si on enlève le côté paternel" intervient sa conscience, aux anges.

"-Qu'est-ce que vous cherchez?
-Un coffre."


Elle n'a pas réussi à se débarrasser de l'enfant. Elle doit trop y tenir, ou pas assez justement pour l'embarquer dans une partie de son périple. Il est armé d'un Walther, trouvé au hasard au fond d'un tiroir et quand il marche il est aussi droit qu'un futur baron.

"-Ils l'ont pris...ils ont pris tous les coffres, je les ai vu.
-Qui?
-Les russes...mais je sais que ça va aller, mh. Père va gagner, c'est le meilleur Hauptsturmführer de toute la SS!"


Quelle fierté dans ce ton enfantin, et quelle naïveté. Malgré tout, elle sourit. Et quand ils émergent dans le hall dans la Commerzbank, ce sourire flâne toujours sur ses lèvres. Persistant. L'héritier, lui, a continué de parler. Sans doute plus loquace que ne l'a été son père au même âge. Il lui explique à quel point Siegfried a des blindés et des armes. Bientôt, ils franchissent les portes pour arriver dans la rue. Le jour se lève et, elle a envie de lui demander comment il s'appelle avant de se raviser. Elle connaît parfaitement la réponse.

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 194 samedi 29 novembre 2014, 19:59:07

-Wer reitet so spät, durch Nacht und Wind ?

Le gosse chantait innocemment, sa voix résonnant dans l'immensité en ruine de Berlin. Il n'y avait plus de combat, plus de mouvement. Elle était sûre d'avoir déjà entendu cette chanson quelque part, d'une voix autrement plus grave, alors que celle du garçonnet la rendait comptine.

-Es ist der Vater mit seinem Kind...

Sans doute chante-t-il cela en homme à son père. Elle se surprend à s'imaginer mère, épouse, et Siegfried en homme... normal. Garderait-il l'aura qu'il a actuellement ? Sera-t-il toujours aussi attrayant une fois dépouillé de ses oripeaux de marginal, de psychopathe, de ténébreux ?

L'enfant court sur quelques mètres et se penche sur un cadavre. Il en extrait, dans sa main, une lourde clé. Puis sursaute.

-Maman !

Une forme apparaît au beau milieu de la rue. Elle met du temps à assimiler son visage. Kenneth.

-Qu'est ce que tu fais dans ce rêve ?

Il s'approche, l'air déterminé, un petit sourire aux lèvres. Elle sent la terreur. Elle a envie de le menacer avec son arme. À peine aura-t-elle prononcé la première syllabe de son prénom qu'il est sur elle, lui prend les bras pour les tenir en arrière, l'embrassant à pleine bouche. L'arme est tombée à terre. Sa force est irrésistible.

-Qu'est ce que tu f...

Au-dessus de l'épaule de l'irlandais, elle voit un autre visage. L'héritier Hiranuma, en costume-cravate. Il tient le gosse par les cheveux, qui hurle et pleure. Il se débat, mais le japonais le remet à sa place avec une violente claque.

-HEY !

À son tour, elle s'en prend une, avant d'être retournée, mise à terre, crâne frappé contre un bloc de gravat. Etourdie, elle perd la maîtrise de ses sentiments. Elle sent qu'il soulève sa robe. La scène a un sale goût de déjà-vu qu'elle déteste. Elle ne comprend pas que ça puisse arriver ainsi. C'est SON rêve, elle doit le maîtriser.

-MAMAN !

Le gosse est allongé à côté d'elle. Un couteau est posé sur sa gorge.

Elle se rend compte qu'il a déchiré son pantalon.

Non, non, non.

-Arrêtez...

Deux viols simultanés : La mère, le fils. Elle voit les queues, ou les ressent ; elle sait qu'ils vont les pénétrer, l'un et l'autre. Ce n'est qu'une question de seconde. C'est normalement à cet instant qu'un Deus Ex Machina fait son apparition et les sauve.

Anton.
Leopold.
Dieter.
Une bombe. Des russes. Ronald McDonald.
Elle hurle, mais n'entend déjà plus aucun son. Elle préfère se faire passer dessus par toute une division de soviétiques, chiens et chars y compris.

Lorsqu'elle rouvre les yeux, elle est au cinéma. Les bandes-annonces se terminent, le film commence. Siegfried s'assied à côté d'elle et lui abandonne le pop-corn.

-Tout va bien ?

Elle acquiesce. Elle n'a pas le souvenir d'être venue jusque là. Elle repense à la fin de son rêve. Pure production de son esprit. Et son esprit doit être sacrément malade.


-Qu'est ce que tu fais ?

Je cherche un prétexte.

-Je vois pour des hôtels. J'ai bien envie de retourner à Berlin quand on aura le temps.
-J'ai mes habitudes, dans mon hôtel.
-Justement. Il faut changer vos habitudes. Et puis, vous devez arrêter de vous occuper de tout, tout le temps.


Il gobait. Ouf. Passant de nouveau derrière elle, il s'arrête, une main sur son épaule, et se penche sur l'écran de PC. Sur Google Maps, elle est en train de remonter innocemment son trajet. Au coin d'une rue, se trouve l'endroit qu'elle cherche.

-Apotheke... McDonald's... Kirche... Eglise, c'est ça ?
-Oui.
-Hmm.. Goethe-Institut... Commerzbank...


Il ne réagit pas particulièrement. Merde. Elle qui espérait un déclic. Il va falloir le titiller.

-C'est quoi une banque de commerce ? En quoi c'est différent d'une banque normale ?
-La distinction avec les autres types de banque est assez artificielle. Mais elle est spécialisée dans le prêt aux entreprises. Attention, c'est différent des investissements d'entreprise, même si justement, désormais, les banques investissent et prêtent indifféremment pour la plupart... Et, évidemment, elles assument des fonctions normales de banque. La Commerzbank est très connue en Allemagne. C'est un groupe, pas juste une « banque de commerce ».
-Oh. Et vous aviez des placements dedans ?
-Quelques liquidités, des partages de famille. Pas la bague de grand-mère, mais plutôt des titres, des parts sociales...
-Vous ne mettiez pas tout ça dans la salle du trésor du château, comme le font les nobles des romans ?
-Ahahah ! Non, nous faisions très confiance aux banquiers. Le directeur de la Commerzbank était un type très bien. On avait aussi des capitaux chez un genre d'assureur-investisseur VIP, Willi Bühne. Les riches lui confiaient leur argent et sous certains modalités, il faisait fructifier. Un type étrange, ce Willi. Arrêté par la SS. On a tout récupéré, ne t'en fais pas.
-Comment vous pouvez vous souvenir de tout ça ?
-Je suis génétiquement modifié.
-Et alors, si vous êtes si fort que ça : Comment il s'appelait, le directeur de la Commerzbank ?
-C'était un certain... Friedrich... Sto... Stofler ? Stofeln ? Tape sur Google, ça doit être ça.
-Je vous crois, je vous crois.


Il l'embrasse sur la joue, lui dit qu'il va réunir ses affaires. Il sera bientôt temps de retourner chez lui, et abandonner pour de bon l'américain squatteur – qu'ils ne voient de toute façon que très peu.


Voilà. Elle rêvait de la réalité.

Tout en faisant son cours magistral, cette question la taraudait, comme elle n'avait cessé de la tarauder depuis des heures. Comment peut-on décemment imaginer des événements dont on n'avait aucune connaissance avant qu'ils ne se matérialisent oniriquement ? Pourquoi est-ce que ça lui arrive ? Cette nuit, elle n'a rien eu. Pourquoi est-ce intermittent ? Est-ce que cette projection est sans conséquence ou change-t-elle le passé, donc l'avenir ?

Depuis dix secondes, elle ne disait plus rien. Les élèves attendaient, la regardaient.

-Oui, pardon, je réfléchissais à ce que je viens de dire. Des récents développements peuvent parfois contredire ce postulat.

Les portes s'ouvrent à la volée. Des hommes en noir, armés, entrent brusquement. Un genre de commando SS qui hurle en allemand. Elle prend peur, recule. Les SS tirent dans la foule des élèves, sans distinction. Un torrent de balles s'abat sur les pauvres étudiants innocents, et elle est impuissante, frappée, saisie, menottée, emmenée.

Stop. Elle en revient à la réalité. Elle n'a pas bougé. Soupire d'appréhension. Ca paraissait réelle.

Elle reprend son cours.


Elle aura croisé plusieurs personnes étranges dans la rue. Des européens, fringués dans un trois pièces démodé ou dans un tailleur des années folles. Elle aura vu rouler une Mercedes-Benz 320 Cabriolet B, comme celle de Sieg. Chaque fois qu'elle se retourne pour vérifier, elle se rend compte qu'elle a halluciné. Elle a l'impression d'être tourmentée, oppressée. Est-elle encore dans son rêve ? Le temps lui paraît passer trop vite, elle oublie des pans entiers de sa journée, se trouve à un endroit sans se rappeler ce qu'elle a fait les deux heures précédentes. Elle s'allonge dans son canapé. Plus ça va, plus sa vraie vie lui paraît onirique, tandis que les rêves sont de plus en plus empreints de réalité.

Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle est chez Siegfried. Une odeur de bacon grillé et d'oeuf au plat. Il fait jour.

Il apparaît, avec un plateau plein.

-American Brunch. Bon appétit, baronne.
-Si on avait un fils, tu l'appellerais comment ?


Il se stoppe. Son regard réprobateur est éloquent.

-Pardonnez-moi. Vous... l'appelleriez comment ?

Sentiment de culpabilité de la part de Siegfried. Dire qu'il la réprimande encore comme sa chienne, alors qu'elle est sa fiancée. C'est seulement après qu'arrive l'impact de sa question.

-Christian. Peut-être. Ou... Dieter. Vu que mon grand-père s'appelait Anton, on va éviter. Dans un autre genre, Wilhelm. William, si tu préfères. Comme l'Empereur. Et comme Canaris, maintenant que j'y pense. Mais... Ca, c'est uniquement si la décision me revient. Or, ce ne sera pas le cas. Je préfère que tu choisisses.

Il abandonne l'assiette pleine, et retourne vers sa cuisine. Il a d'autres choses à apporter encore.


Elle passait les hautes portes du musée. Dans le grand hall, tout le gratin berlinois était en joie. Elle reconnaissait distinctement, dans des uniformes ou des costumes, des gens qu'elle avait vu dans ses recherches internet. L'un des visages chevalins l'interpelle particulièrement : Heydrich. Tiens, il est en vie.

Elle pensait avoir Siegfried à son bras, mais celui-ci n'est plus là. Étrange.

-Où est la frontière ?

Le serveur venait de s'adresser à elle, plateau en main.

-Quelle frontière ? Avec la Pologne ?

Sa blague l'amuse beaucoup.

-Non. Avec la réalité, Baronne.

Il lui tend une coupe de champagne. Interloquée, elle s'en saisit. Le serveur disparaît.

Elle va virer tarée.
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.


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