Un petit en pleine nuit [PV maelie]

Dans les bas fonds de Nexus, il régnait un calme angoissant la nuit, les bandit et autres malfrats attendaient en silences pour faire leur manigance tandis que les passant se faisaient le plus discret possible pour passer inaperçu. Sauf que cette nuit, le silence était perturbé par des cris, des cris de foule en colère visiblement. Lucas courait à toute allure dans les rues de la ville, son maître était mort, sans famille ni collaborateur pour réclamer la possession de l'adolescent.

N'ayant plus de protecteur puissant, une dizaine de personnes, fanatisés par une secte prêchant la lumière absolue, décidèrent qu'il était temps pour le jeune homme de disparaître de la surface de ce monde. Ils le prirent donc en chasse, armés de lance rudimentaire pour la plupart, certain autres n'avait que leur faucille ou un long couteau. Lucas avait peur, il voulait les semer mais ils étaient nombreux.

La foule criait, on entendait des "à mort le monstre!" ou des "pour la lumière, pour la lumière!" L'avantage qu'avait l'esclave sur eux c'est qu'il y voyait plutôt bien de nuit même s'il faisait sombre. Sauf qu'il ne connaissait pas la ville, il termina coincé dans une voie sans issue. Voulant faire demi tour il se trouva nez à nez avec ses poursuivants qui bloquait totalement le passage formant une phalange rudimentaire.  L'un d'eux sorti du lot, il était âgé mais richement vêtu, ce genre de personne ne s'aventurait que très peu dans les bas fonds. Il brandissait une dague sertie de rubis dans la main droite et dans la main gauche, un drôle de symbole en argent, il le brandissait comme si ça allait le protéger de la petite chose qu'il menaçait:

-Tu as assez vécu démon, aujourd'hui vient l'heure de ta purification!! Vois le symbole béni par la lumière qui t’empêche de nous approcher!


Il avançait lentement mais surement, il était à une vingtaine de mètre de sa cible qui restait tout au fond de la rue, le regard paniqué...

-Laissez moi tranquille!! Je vous en prie laissez moi!! dit il avec les larmes qui coulaient sur sa joue.

Soirée d'ennui. Assise mollement sur une petite chaise en bois, dans la chambre d'auberge qu'elle occupait depuis quelques semaines, Anastasia ressentait une sorte de lassitude, sans pour autant être prise d'une réelle fatigue. Elle n'avait pas la moindre envie de lire, ni de se coucher. Encore moins d'aller se mêler aux ivrognes en bas. Alors elle tapotait la petite table devant elle avec ses doigts, et elle regardait à travers les carreaux ternes de sa fenêtre d'un air absent. Ça n'était de toute façon pas comme s'il y avait quoi que ce soit d'intéressant à regarder : la vue était bouchée par une imposante façade sans fenêtre, qui, avec le mur de l'auberge, prenait en étau un petit cul de sac sordide. Rien de bien réjouissant.

Le bruit d'une agitation parvint soudain à ses oreilles; Tiens, ça crie dehors... pensa-t-elle distraitement. Ça n'était pas la première fois qu'il se passait des choses effrayantes, dehors. Nexus n'était pas non plus au top, niveau sûreté. Mais bon, cette fois, quand même, on pouvait dire qu'il y avait du peuple en action. Ça cavalait, ça gueulait à pleins poumons. Les cris s'approchèrent de plus en plus ; ils éclataient dans la nuit avec une puissance sauvage et Maelie, de derrière sa fenêtre, protégée par les murs d'une taverne remplie d'honnêtes poivrots, sentit un frisson de d'appréhension la traverser. Il y avait des hommes dehors, ou plutôt des animaux, prêts à en découdre. Prêts à détrousser leur prochain, le laminer sous leurs semelles, ou peut être l'égorger, qui sait ? Plus qu'à moitié hommes, impossibles à raisonner.

Bientôt, les cris furent si proches que la jeune froussarde dut se rendre à l'évidence : la troupe venait de s'engouffrer dans la voie sans issue, juste sous sa fenêtre; prise par une curiosité inquiète, elle colla son visage au carreau pour observer. Une petite silhouette était acculée, mais elle ne voyait pas bien, de là où elle était... les hommes portaient des lances, et l'un d'eux s'avançait couteau en main. Le ventre de la succube se noua soudain ; Putain. Elle ouvrit sa fenêtre, sans réfléchir, faisant hurler les vieux gonds rouillés. Les hommes levèrent la tête vers elle, une seconde, puis retournent à leur sujet d'attention principal : le lynchage à venir. Elle restait bouche bée devant cette foule, maintenant relativement silencieuse ; aucun mot ne voulait sortir de sa bouche. Que leur dirait-elle de toute manière ?

Elle jeta à regard à la future victime : un jeune garçon, un blondinet en larmes. L'homme avançait d'un pas sûr, sa lame à la main. Maelie déglutit, ses paumes agrippant furieusement le rebord de la fenêtre.

"Laissez moi tranquille!! Je vous en prie laissez moi!!"

Ça n'était pas possible. Pas tolérable. Ils ne pouvaient pas. On ne tue pas un enfant qui pleure. On ne touche pas à un enfant. Seule sa raison l'empêcha de sauter à travers l'ouverture de sa fenêtre, du deuxième étage, directement sur le pavé, pour prendre l'adolescent dans ses bras. Mais si elle ne pouvait pas sauter, elle pouvait au moins crier.

"L-laissez le !... Bande de fils de putains, je vous ordonne de foutre le camp !!"

Oui, rien que ça. Sa voix avait résonné dans l'atmosphere nocturne, stridente, et elle les pointait maintenant de son doigt accusateur, depuis sa fenêtre. Tremblez, brutes !

L'homme qui semblait être le gourou de la secte regarda Maelie d'un regard dégoutté. Il se dressa et lui parla:

-Comment oses tu nous parler de la sorte sale catin! Infidèle et ignorante de surcroît. Tu n'as pas idée du geste que nous somme sur le point d'accomplir, nous allons libérer le monde d'un démon, d'une créature envoyée sur terra pour semer la mort et la destruction! Une créature qui détruit aussi bien les corps que les âmes avec son corps contre nature qui attire sur lui toute la luxure des vivants! Sois témoin de notre gloire, infidèle. Peut être qu'ainsi tu verra la lumière et que tu te joindra à nous. Je sais qu'il est dur de sortir des ténèbres mais tu ne t'en sentira que mieux..."

Son regard transpirait le fanatisme, certains de ses fidèles ponctuèrent son discours par des louanges à "la lumière". Le gourou se retourna vers Lucas:

-Prépares toi à mourir monstre. Ce que nous faisons, nous le faisons pour la lumière! Nous le faisons pour la salut de la race humaine, la seule et unique race pure de ce monde!! puis il repris sa marche.

Certains des individus barrant la sortie c'étaient rapprocher pour lancer des pierres au garçon, lui était assis au coin du mur, recroquevillé sur lui même et pleurait en répétant sa demande de pitié.

Quelqu'un passait à ce moment là, un terranide, une femme-chat. Horrifiée elle tenta d'appeler du secours:
-A la gaar....*arrgh*" 

Un des fidèles lui planta sa lance dans la poitrine, elle tomba raide morte. Le sang coulait, le corps sans vie de la terranide était souillé par les crachas des fanatiques présents.

-Etre impure, tu ne méritais bien pire qu'une mort rapide. Mais la grande clémence de notre frère t'as permis de ne presque pas souffrir, tu en as de la chance.... dit il en regardant le cadavre.

Lucas assistait à la scène, bouche bée il ne put rien dire, il se contentait de regarder le corps d'une femme qui a tenté de l'aider. Son regard changea, il passa de terrorisé à énervé mais toujours avec des larmes qui coulaient abondement...

-Pourquoi vous avez fait ça, vous n'aviez pas le droit!!!

Au moins, elle était fixée, ces hommes n'avaient rien de simples voyous. Le fait d'être une femme, d'être innocente... rien ne la sauverait si elle se mettait en travers de leur chemin. Ces hommes étaient prêts à tuer, de sang froid. Elle tremblait de tous ses membres, il lui semblait qu'elle allait défaillir. Intervenir. Elle devait intervenir. Elle n'avait pas le droit de rester ici à regarder. L'homme continuait d'approcher sa proie, et sa peur ne faisait qu'augmenter, comme si elle était elle même en bas, prête à être poignardée. Et quelque part, elle l'était. Lorsque le gourou ne fut plus qu'à un mètre de sa victime, elle n'eut plus le choix : elle enjamba l'encadrement de sa fenêtre et se laissa chuter. La troupe dirigea son regard vers la jeune fille qui tombait, droite comme un I, s'attendant à la voir et l'entendre s'écraser sur le pavé ; mais seuls ses vêtement s'entassèrent, en boule, au pied du mur.

Au même moment leur leader, frappé à la tête par une quarantaine de kilos animés par la vitesse d'une chute de deux étages, heurtait le sol dans un bruit sourd. Dans la piscine déserte de Seikusu, une jeune fille rousse et nue faisait un plat monumental, pénétrant l'eau dans une position qui l'aurait surement tuée si elle avait, à la place, rencontré un sol dur à la réception.

Sonnée l'espace d'un instant, elle fut bien vite ramenée à la réalité par la froidure de l'eau qui l'enveloppait. Elle se mit à battre des jambes pour repasser en position verticale, et se téléporta pour la troisième fois, entre le jeune homme et ses agresseur. Leur guide gisait face contre terre, immobile ; ce n'était pas ce dont la rouquine se souciait pour le moment. Ce qui comptait était de sauver le garçon. Elle céda tout de même à sa première impulsion, qui avait été de le prendre dans ses bras (ce qui avait l'avantage de masquer sa face avant à l'attroupement d'hommes armes, sauvant quelque peu sa pudeur).

"Ne t'inquiète pas, je vais te sortir de là..."

Qu'est-ce qu'il était frêle... la compassion de que la jeune femme éprouvait pour lui n'en fut que renforcée. Elle l'enlaça un peu plus fort. Elle n'avait pas la moindre idée de la manière dont elle comptait s'y prendre. Elle ne pouvait que lancer une nouvelle injonction aux agresseurs :

"Vous... ne le toucherez pas !"

Elle fait un bond en avant et s'accroupit près du corps inerte pour ramasser le poignard, qu'elle brandit devant sa dizaine d'adversaires. Elle se voyait mal les affronter vraiment, et s'ils la chargeaient, elle ne pourrait sûrement... que se dégonfler. Elle espérait simplement que la résistance qu'elle venait de leur opposer les ferait battre en retraite, même si elle n'avait pas beaucoup d'espoir à ce sujet. Et la face avant de son corps, rendue écarlate par sa mauvaise réception dans la piscine, n'était pas pour renforcer sa crédibilité.

Lucas restait ébahis devant l'action de cette parfaite inconnue qui était là, nue comme un ver contre tous les hommes furieux, seulement armée d'une dague. Le saut qu'elle avait fait ne l'avait pas mise au meilleur de sa forme, mais comment avait elle fait? Elle était là, ensuite ailleurs et maintenant elle était là... En tout cas elle avait réussit à sécher net le prêcheur qui gisait au sol, nuque brisée par l'impact. Et Lucas alors? Il restait recroquevillé sur lui même, n'osant pas bouger...Mais attendez, une femme vient comme ça l'aider alors qu'elle ne le connait pas? Elle tue et le protège? Serait-ce possible?
il dit d'une voix étouffée, des étoiles dans les yeux...

-maîtresse...

Dans sa tête, cette personne était sa nouvelle maîtresse, enfin!! Il avait retrouvé une raison de vivre, quelqu'un à servir.
Les fanatiques étaient furieux de voir leur chef réduit ainsi à l'état de cadavre par une impure, une impure sorcière en plus. Certains insultaient Maelie, d'autres lui lançaient des pierres...
Lucas se mit entre eux et sa nouvelle maîtresse, il se prit des cailloux sur la tête et l'abdomen, il en perdit l'équilibre à un moment...Il se servit de son corps comme bouclier humain tandis que certains fanatiques avançaient lentement, hésitant, comme impressionnés/effrayés par le jeune homme...
 Un projectile, plus gros que les autres le mis mal, il tomba dans les bras de Maelie, du sang coulait un peu de sa joue éraflée...
Il s'adressa à Maelie d'une voix un peu faible, d'un souffle court:

-Ordonnez moi...maîtresse...ordonnez moi de me mettre en colère...de vous protéger..

Comme elle aurait du s'y attendre, la situation dégénéra immédiatement. Les hommes ne semblaient toutefois pas oser l'approcher directement -preuve qu’ils n'avaient surement pas vraiment compris quel était son pouvoir, et se contentaient de la lapider. Elle se recroquevilla sous la salve de pierres qui fondait sur elle ;

"Non... non... AAAH !!"

Chaque impact sur sa peau nue lui arrachait un cri de douleur. Elle avait laissé tomber son arme dans un tintement de métal, et elle protégeait maintenant son visage et sa tête avec ses bras, obligée de reculer jusqu'au petit homme. Celui-ci s'interposa à son tour entre elle et les projectiles. Tel un poussin sorti de l’œuf qui s'attachait à la première figure présente, voilà que le garçon l'appelait "maitresse" ! Pauvre petit...

"Ordonnez moi...maîtresse...ordonnez moi de me mettre en colère...de vous protéger..."

Il avait perdu la raison. Il ne pouvait pas affronter ces hommes lui-même !... Ils étaient impuissants, de toute façon. Quoi qu'ils tentent, ils étaient piégés. Lui, était piégé. Elle, avait toujours le choix d'être lâche. Voyant le sang qui coulait sur le visage de son protégé, elle pivota pour se trouver à nouveau en première ligne et le couvrir encore un peu. Elle avait commencé à sangloter, elle s'en rendait seulement compte. Son corps  tressaillait chaque fois qu'un cailloux imprimait sa dureté sans sa chair, et se visage larmoyant grimaçait un peu plus, mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner le jeune homme à son sort. Il le faudrait bien, pourtant. Plus elle attendait, plus elle repoussait l'échéance de sa trahison, plus cela serait difficle.

"Je suis désolée... désolée..."

Elle le couvait, l'ayant entrainé jusque contre le mur. Mais il fallait l'abandonner, maintenant. Elle ne pouvait plus rien pour lui. Elle écrasa ses lèvres contre le front de l'enfant et renifla, tentant de rassembler son courage.

"Je te jure que-"

Un caillou heurta sa nuque. La jeune fille resta suspendue dans une relative immobilité pendant une fraction de secondes, puis son corps s'affaissa, inerte. Quelques pierres vinrent encore frapper ses membres inconscients, ainsi que le jeune homme à nouveau à découvert, puis la grêle de roche se tarit. Visiblement, le moment d'achever les victime était venu, et, d'un accord tacite, les hommes avançaient tous ensembles, d'un pas décidé, armes à la main. L'un d'entre eux ramassa la dague qui gisait sur le pavé. Plus personne ne parlait : il semblait que l'exécution allait se faire en silence.

Lucas vit sa maîtresse se faire caillasser, elle tomba au sol. Il paniquait, il la secoua, encore et encore sans même faire attention à se qui se passait derrière...

-Non non maîtresse!! Reveillez vous maîtresse je vous en supplie ne me laissez pas tout seul!

Il pleura à nouveau sur le corps inerte de Maelie, puis il se retourna, le regard  mauvais. Il était fou de rage, en colère comme il ne l'avait jamais été. Pour lui, 2 personnes étaient morte ce soir, à cause de lui (même si il n'y avait qu'un mort en vrai). Il venait à peine de retrouver un nouveau maître qu'elle était déjà au sol à cause de fanatiques...Il n'avait pas su la défendre, il avait échoué...

-Je vous avais dit de me laisser tranquille!! Vous avez fait du mal à ma maîtresse et vous allez payerrrrrr! *roaaaaaar* " hurla t'il à en cracher ses poumons. La fin de sa phrase fut ponctuée par un rugissement furieux de bête. 

Cette fois ci il ne se retiendrait pas, il se laissa envahir par l'afflux de force qu'il sentait en lui. Son corps se transforma sous le regard effrayé des attaquants. A présent le gentil petit bonhomme était un loup garou de 2m10, pelage noir, crocs de plusieurs centimètres, mâchoire puissante,  griffes acérées...Sans attendre il laissa sa furie meurtrière faire rage, sautant dans la mêlée, il trancha la gorge du premier qui lui passait sous la patte. Il agrippa ensuite un autre pour le lancer violemment contre un mur, un *crac* se fit entendre quand sa tête heurta la construction. Il souleva deux autres à bout de bras, ils imploraient pitié et s'excusaient mais leur supplication s'acheva quand la bête broya leur crâne respectif dans sa puissante mâchoire. Les autres subirent un sort similaire, que ce soit par les griffes où par les crocs, pas un seul ne survécu, la rue n'était à présent qu'un endroit où entrailles sang et os décoraient les murs. Il était désormais seul, rugissant à la fois de rage et de tristesse. La pluie commençait à tomber, cela allait laver un peu de sang.

Une fois sa soif de sang assouvie, il retourna vers sa maîtresse, écrasant le crâne d'un agonisant au passage. Il sentait son odeur, elle vivait! Elle était en mauvais état certes mais elle était vivante. Il la souleva doucement en faisant bien attention de ne pas la blesser et escalada le mur pour retourner dans la chambre d'où elle venait.

Une petite chambre moyenne mais celons lui qui vivait sur de la paille quand il avait de la chance, c'était le luxe. Il ferma la fenêtre, posa délicatement Maelie sur son lit puis, se sentant un peu à l'étroit, redevint humain. Il allait prendre soin d'elle comme on lui avait appris à faire, c'était rudimentaire mais mieux que rien. Il avait la bouche ainsi que le reste du corps couvert de sang, ses mains surtout. Il y avait même des restes de chairs sous ses ongles. Il arracha un bout de drap "propre" dans le placard pour s'essuyer sommairement les mains et le corps. Ses dents étaient encore rouge mais il lui fallait prendre soin de sa maîtresse. Il alla chercher une bassine d'eau qu'il mit à chauffer sur un feu qu'il avait trouvé dans la battisse. Ensuite il s'empressa de remonter et ouvrit la porte de la chambre de Maelie. Le tout sans avoir prit la peine de se couvrir le corps étant de donné que ses habits avaient été détruits durant sa transformation.
En ouvrant la porte:
-Me revoilà maîtresse, vous êtes réveillée?

La lumière frappa à nouveau sa rétine, ; elle se mit à cligner des yeux. La douleur. Dans le crâne, dans les muscles, sous la peau. Elle gémit. Le gamin, les hommes... pourquoi était-elle dans son lit ? Bon dieu. Elle roula sur le côté se soustrayant à ses draps, et se mit sur pieds, malgré la douleur qui lui tiraillait la cuisse, et elle boitilla jusqu'à la fenêtre ; plus aucun bruit. Elle se pencha pour regarder... le spectacle la remplit d'angoisse. Des corps sont étendus, en bas, une dizaine de corps...

"Me revoilà maîtresse, vous êtes réveillée?
-Oh mon dieu ! Tu..."

Son cœur fit un bond dans sa poitrine, et elle se retourna brusquement vers le garçon ; le... la jeune fille ? Elle aurait juré qu'il s'agissait d'un mâle, mais sa nudité ne laissait plus aucun doute sur son sexe... sa nudité ? Quoi encore ?! Où étaient passés ses vêtements ?! Anastasia elle même se souvint qu'elle était nue, et cacha ses parties intimes avec ses avant-bras.

"Tu... comment... qui a fait ça ?... En bas..."

Elle se dirigea vivement vers ses vêtements et les enfila à la hâte. Elle écoutait simplement une peur instinctive qui lui disait de ne pas rester dans les parages. Elle ne comprenait pas bien ce qui les avait sauvés, si elle devait remercier la chance ou un quelconque allié, elle ignorait aussi comment la justice de Nexus considérerait une pareille boucherie. Dans tous les cas, la fuite lui semblait l'option la plus sûre. Elle avait enfilé son pantalon de toile noire et son pull en laine blanche.

"Prend de quoi t'habiller dans mon armoire, faut' pas rester ici !"

Déjà, à l'extérieur, les clients de l'auberge étaient sortis pour constater l'étendue du carnage, et commençaient à s'agiter. La succube essayait de réfléchir rationnellement. Dans l'absolu, elle ne craignait plus rien, elle pouvait disparaitre à tout moment. Encore une fois, c'était le petit... la petite, qui était en danger.

Lucas, en fouillant dans le meuble, pouvait trouver une quantité assez respectable de vêtements fabriqués à Nexus ; des robes, des pantalons, des pulls, même une chemise. Les sous vêtements, en revanche, venaient du japon.

"Il faut qu'on fasse comme si on ne comprenait pas ce qui arrive en bas... on se mêle à eux, et puis... si des qu'on peut, on disparait. Non, c'est suspect. On remonte. Ou alors, on se rend directement, on leur explique ?... Vite, dépêches toi ! Ah, tiens, met ces bottes... tu chausses du comb... nan rien. Montre tes pieds ? Bah, elles sont à peine trop grandes pour toi... Putain, on fait quoi ?"

Anastasia avait chaussé des souliers en bec de cane et passé un grand manteau marron sur ses épaules, alors qu'elle était prête à descendre jouer les innocentes, mais maintenant... elle se prit la tête entre les mains, pendant plusieurs secondes, incapable de se décider, son visage figée dans une moue proche du désespoir.

"Tu as vu ce qui est arrivé ?"

Elle lança un regard de biais à l'enfant. Elle n'était pas sûre de vouloir savoir ce qui était arrivé.

Lucas à peine arrivé voyait déjà sa nouvelle maîtresse s'agiter, elle avait peur et pas besoin d'avoir des sens de loup garou pour le sentir. Elle courait partout, ne pouvant plus faire de phrase complète. Il posa sa bassine au pieds du lit, et tenta de calmer sa maîtresse, cependant il ne pouvait pas aligner plus de 3 mots sans qu'elle ne lui coupe la parole. Il ne désobéissait jamais à un ordre venant de son maître, ainsi donc il alla regarder dans l'armoire afin d'y trouver les vêtements dont Maelie parlait.

Il y avait de tout mais le jeune homme jeta son dévolue sur une jupe qui allait lui servir de robe vu qu'elle était trop grande pour lui. Il l'enfila et fit un tour sur lui même avant d'estimer qu'elle lui allait à peu près. Il voyait Maelie paniquer de plus en plus. A nouveau il tenta de lui parler mais elle était trop paniquée pour l'écouter. Il la laissa donc terminer son discours et la vit se prendre le visage dans les mains.

Enfin, du silence, il prit sa maîtresse par la manche et l’entraîna vers le lit. On aurait dit un enfant tirant sa mère par la manche pour lui faire une surprise.

-Calmez vous maîtresse, calmez vous. Nous sommes en sécurité, allongez vous, il faut vous reposer. Je vais m'occuper de vos blessures, j'ai fais chauffer de l'eau et j'ai du tissus propre. "

Il fit un grand sourire à Maelie, un sourire content, comme si servir la succube le rendait heureux. Sans même attendre une réponse, il trempa le tissus dans l'eau fumante et grimpa sur le lit. Celui ci était haut même pour une personne de taille normale (alors pour Lucas qui était assez petit n'en parlons pas), il dû s'y prendre à 2 fois pour y arriver. Il se mit à genoux aux cotés de sa maîtresse puis commença à nettoyer les plaies qu'elle avait au visage. Celles de Lucas avaient elles déjà cicatrisées pour la plupart, il n'y en avaient qu'une ou deux qui restaient pour le moment.

- Si vous pouviez éviter de bouger maîtresse, je ne voudrais pas vous faire mal. Et pour vous répondre, oui j'ai vu ce qu'il s'est passé en bas; c'est moi. Je vous ai protégée d'eux." dit il d'un air tout se qu'il y avait de plus normal. Comme si le sang ou l'horreur d'un combat sanglant ne l'affectait pas.

"Arrête de m'appeler comme ça, je ne suis pas ta m..."

Elle poussa un soupir. S'il l'appelait maitresse, sous doute serait-il obéissant, ça lui faciliterait la tâche. Elle avait d'autres soucis pour l'instant que de mettre les choses au clair à ce niveau là, même si elle trouvait étrange d'être considérée comme une supérieur.

Elle ne pouvait pas descendre avec lui dans cette tenue, il attirerait trop l'attention... elle aurait pu choisir sa tenue elle même, mais elle craignait de toute façon que son manque de sens commun le rende dangereux pour lui-même, s'ils se mêlaient à la foule. Dépitée, elle laissa tomber son manteau sur le sol, fit sauter ses chaussures de ses pieds, et alla refermer la fenêtre et la porte. Ceci fait, elle décida de suivre les instruction de la jeune fille. Elle ne se sentait pas vraiment en sécurité, mais elle ne trouvait rien de mieux à faire que rester dans sa chambre et attendre, comme une honnête citoyenne. Elle se força à répondre au sourire du jeune homme... zut, il... elle avait vraiment un visage masculin ! Et sa voix, c'était vraiment celle d'un adolescent ! Elle monta sur le lit avec lui/elle et retira son pull, gardant seulement son soutien gorge, et dévoilant son torse chétif et harmonieux, dont la douce féminité était quelque peu entamée par les marques que les projectiles avaient laissé. Des hématomes avaient déjà commencé à apparaitre, principalement dans son dos, et certains impact avaient écorché l'épiderme et laissaient apparaitre des petites parcelles de chair sensible à vif.

Le petit nettoya les plaies de son visage avec attention (en réalité, elle n'avait qu'une plaie, au front, mais une goute de sang avait fait son chemin jusqu'au menton). Il semblait tellement... dévoué. Elle ne le connaissait même pas, et c'était la première fois qu'elle avait l'occasion de regarder son visage en détail, mais il était déjà si... gentil ? Oui, c'était surement le mot. Il semblait goûter un réel bonheur à rendre service. L'émotion noua la gorge d'Anastasia ; il était si maigre. Lui aussi avait quelques marques (pas autant qu'elle, mais tout de même).

"Si vous pouviez éviter de bouger maîtresse, je ne voudrais pas vous faire mal. Et pour vous répondre, oui j'ai vu ce qu'il s'est passé en bas; c'est moi. Je vous ai protégée d'eux."

Elle s'allongea sur le ventre pour laisser l'accès à son dos, tout en réfléchissant, le visage enfoui dans les bras. C'était peut être vraiment lui. Qui d'autre ? Et puis, si ces hommes voulaient absolument sa mort, il y avait peut être une raison. Elle se demanda soudain si elle avait à une créature dangereuse ; non, non. Pas cet adorable garçon. Quoi qu'il fut, il n'était sûrement pas mauvais.

"Si jamais quelqu'un... venait par ici, tu te cacheras sous le lit, d'accord ?"

C'était toujours mieux que rien.

"Comment tu t'appelles ? Moi c'est Anastasia."

Au moins, peut être qu'un prénom l'aiderait à savoir si elle parlait à un garçon mal-formé ou à une fille.

-Si jamais quelqu'un... venait par ici, tu te cacheras sous le lit, d'accord ?

-Je ferais selon vos désires maîtresse.

Puis, une fois qu'elle s'installa sur le ventre, Lucas commença a nettoyer son dos, elle était bien plus marquée à cet endroit qu'au visage. Il dû aller chercher un autre bout de draps déchiré, le mouiller aussi et l'appliquer sur les différentes plaies de la succube. Il y mettrait vraiment beaucoup de soin, la douce chaleur de l'eau réchauffait le dos de la maîtresse nouvellement nommée.
Le médecin en herbe ne fit pas attention à la période d'intense réflexion dans laquelle était coincée Maelie. Il se contenta de faire son travail avec attention, douceur et précision. N'hésitant pas à masser délicatement les zone endolorie avec ses mains trempée dans l'eau fumante. Elles étaient douces, et expertes dans les caresses/massages, cela se sentait quand on était entre ses mains. Cela allait faire beaucoup de bien à la blessée qui demanda le nom du loup garou:

-Comment tu t'appelles ? Moi c'est Anastasia.

- Lucas, je m'appels Lucas, maîtresse."

Pas d'insultes, ni de coups. Pour des débuts avec un nouveau maître ça se passait plutôt bien. Puis il enchaîna d'une voix étouffée qui devint un peu plus gaie à la fin:

-Je...je suis désolé pour tout à l'heure j'aurais du être plus fort...Mais je travaillerais bien, je serais un bon esclave vous verrez.

La jeune fille se détendait sous les attentions de son nouvel esclave, bien que de nouveaux problèmes ne cessaient de s'imposer à son esprit : elle ne pourrait garder son protégé ici éternellement, il allait falloir qu'elle le fasse sortir... peut être même qu'elle lui fasse quitter Nexus. Il allait falloir qu'elle trouve une explication pour les draps déchirés. Il allait falloir... qu'elle explique au frêle esclave qu'elle ne pouvait pas être sa maitresse.

Elle finit par se redresser, un peu à contre-cœur, tant les soins de jeune garçon la soulageaient, puis elle se pencha vers lui, pour poser sa main sur sa joue.

"Écoutes... tu peux rester avec moi, pour l'instant, mais je ne suis pas ta maitresse. Je ne veux pas faire de toi un esclave. D'accord ?"

Elle avait pris la voix la plus douce possible, craignant de le blesser, lui qui avait l'air de tenir tellement à la servir... mais elle ne pouvait tout de même pas posséder un esclave, qui plus est un enfant, fut-il complètement consentant et demandeur. Pour illustrer son propos elle prit le morceau de tissu dans la main de Lucas et alla le tremper dans l'eau chaude, pour s'occuper de lui à son tour. Elle avait encore des blessures cachées sous son pantalon, mais elle n'avait pas envie de profiter plus de la générosité du petit sans rien donner en retour, et une certaine pudeur la retenait de se dévêtir plus... elle épongea donc à son tour les blessures du garçon, commençant par son visage et ses épaules.

"Tu... tu es très maigre. Tu étais mal nourri par ton ancien maitre ?"

L'envie de l'enlacer, qu'elle avait ressenti plus tôt, lui revenait. Elle se retenait cependant, se contenant de poser doucement sa main gauche sur le bras de Lucas, tandis que le main droite frottait doucement les plaies et les nettoyait.

"Écoutes... tu peux rester avec moi, pour l'instant, mais je ne suis pas ta maîtresse. Je ne veux pas faire de toi un esclave. D'accord ?"

Son regard resta le même, comme si il ne comprenait pas ce que disait la dénommée Anastasia. Pour lui il était évident que c'était sa nouvelle maîtresse, qu'il allait la servir jusqu'à se qu'elle le vende ou qu'elle meurt. Il ne réagit donc pas, il se laissa même faire quand elle commença à laver ses plaies. Pour la première fois, on prenait soin de lui, c'était agréable, il sentait les gouttes d'eau perler sur sa peau.
Il ferma les yeux et profitant de se moment de détente que lui accordait sa maîtresse. Pour lui c'était tout simplement exquis même si ce n'était pas grand chose quand on y pense. Il poussa un petit gémissement de satisfaction.
Tu... tu es très maigre. Tu étais mal nourri par ton ancien maître ?

Il ouvrit les yeux et répondit le plus naturellement du monde:
-Mon ancien maître? Il me nourissais un peu plus que les autres personnes que j'ai servis dans ma vie. J'avais le droit à un pain dur entier en..euh...

Il se mit à regarder ses doigts en se parlant à lui même, le jeune homme ne savait pas compter. En conséquence il tenta d'utiliser ses doigts pour exprimer ses pensées:
-En tout ça de nuits" Dit il en montrant ses 10 doigts. Un pain dur pour 10 jours en bref.

"-Je devais me débrouiller pour boire, dès qu'il pleuvait j'allais dehors avec un bol que je laissais sous la pluie. C'était un maître pas trop méchant comparé aux autres. Il me frappais peu et me demandais rarement de le satisfaire avec mon corps...Mais de toute façon je suis un esclave et je dois obéir peu importe comment on me traite." Il disait cela en regardant Maelie dans les yeux, d'un naturel déconcertant.

Est-ce qu'il avait compris ? Rien n'était moins sûr. Il ne semblait pas altéré dans sa conduite, aussi Anastasia songea qu'elle ne devait pas insister. Cela faisait peut-être parti des choses qu'il n'était pas prêt à entendre. Se retrouver sans maître, quand on avait vécu comme lui, peut être était-ce effrayant ? Elle le garderait sus son aile un moment, le temps qu'il... qu'il aille "mieux". Il ne semblait pas aller si mal, si on en croyait l'expression de son visage, mais sa maigreur et son attitude servile racontaient bien autre chose. Son récit nouait la gorge de la succube. Une partie d'elle refusait de croire que c'était possible. Il n'avait pas pu manger aussi peu tout ce temps. Personne ne pouvait être cruel au point de traiter un esclave de cette façon. Et son... entre les jambes... il n'avait plus de... elle imaginait toutes sortes d'opérations horribles qu'il avait pu subir, pour elle ne savait quel motif. Mais non, c'était surement une malformation de naissance. Elle ne voulait pas envisager l'autre possibilité. Et il lui avait bien semblé distingué un début de sexe féminin, lorsque Lucas était nu.

Il fallait surtout qu'elle le nourrisse, elle en ressentait comme le besoin urgent. Elle ne voulait pas descendre chercher à manger maintenant, trop peureuse d'attirer l'attention, mais elle s'attendait à le voir s'effondrer à tout instant. Depuis combien de temps n'avait-il pas avalé son fameux morceaux de pain ? Elle sauta du lit et passa la tête dessous, pour en retirer une valise, fermée par un cadenas à code (sécurité cruciale utile qu'elle ne verrouillait jamais). Elle l'ouvrit, faisant apparaitre un tas d'objets fabriqués sur terre. Des livres écrits en russes, des stylos, un déodorant, un balladeur mp3 et une paire d'écouteurs, une trousse de secours... et deux paquets de fraises tagada. Parce que sur Terra, on ne fabriquait pas de fraises tagada, et qu'elle avait eu peur que cela lui manque cruellement.

"Tiens !"

Elle jeta le paquet devant lui et replaça la valise sous le sommier, avant de le rejoindre sur le matelas. Réalisant que l'emballage plastique pouvait être un peu déroutant pour un enfant de ce monde, elle le prit et l'ouvrit elle même.

"Mange en, c'est des bonbons !"

Elle même en prit un et le glissa dans sa bouche. Pour la démonstration, et aussi parche que ch'est trop bon putain.

[ +1 pour le et aussi parche que ch'est trop bon putain. qui m'a bien fais rire xD]

"Tiens !"

Lucas eu des yeux énormes en voyant le paquet de bonbons. Mais par tous les diables qu'était-ce? Il n'avait jamais vu ou entendu parler d'une chose pareil, ça faisait du bruit quand on le touchait, il y avait du rouge et du blanc. Étrange petite chose. Puis Maelie ouvrit le paquet, laissant s'echapper une odeur totalement inédite pour l'odorat du loup garou de poche. Ça sentait bon, terriblement bon! Un peu peu comme le sucre, le sucre en grande quantité, mais il y avait aussi une forte odeur...d'autre chose qu'il ne connaissait pas.

"Manges en, c'est des bonbons !"

-Des...des bonbons?

Il approcha sa tête du paquet et imita sa maîtresse. Il prit une fraise tagada et la porta à sa bouche...Quand sa langue entre en contact avec la friandise, il eu des étoiles dans les yeux, il resta figé quelques instants. C'était la meilleur chose qu'il avait eu l'occasion de manger de toute sa vie! Il mâcha toute la petite boule rose jusqu'à l'avaler, laissant de temps à autres apparentes ses dents tachées de sang de fanatiques.

-Hum c'est génial!!

Il eu un grand sourire sur le visage, il tendit la main pour se resservir, il en prit un le porta à quelques centimètres de sa bouche avant de brusquement s’arrêter, comme s'il avait fait une bêtise et qu'il venait de s'en apercevoir. Regardant Maelie d'un air soumis, il reposa le bonbon dans le paquet, attendant d'être à nouveau autorisé à en prendre un... Il se lécha les babines(enfin, les lèvres sous cette forme) pour ne perdre aucune occasion d'avoir le goût du bonbon en bouche.

Pendant ce temps ça s'agitait à l’extérieur, la milice était arrivée et commença à poser des questions à la foule. L'avantage des bas fonds c'est que quand il se passait quelque chose, la règle était celle du: "je ne sais pas, je n'ai rien vu je n'étais pas là".