La bibliothèque du lycée de Mishima était un grand établissement scolaire et éducatif. Elle était considérée comme l’une des plus grandes bibliothèques scolaires du Japon, car elle incluait, non seulement la bibliothèque du lycée, mais aussi celle de l’université de Mishima. L’appeler «
bibliothèque du lycée » était donc en soi une erreur, et il était sans doute plus judicieux de l’appeler «
bibliothèque éducative ». Elle se situait le long du campus de Mishima, et s’étalait sur plusieurs étages, à travers des rangées interminables d’étagères, de tables de lecture, et de petites salles aux étages pour les travaux collectifs. Il y avait également des maquettes ici et là, des bornes d’ordinateurs, et on trouvait aussi bien d’épais pavés et des essais scientifiques que des DVD de détente, afin d’appréhender la culture occidentale. Plusieurs DVD étaient ainsi des films occidentaux très en vogue, comme «
Very Bad Trip ».
Il y avait tout le temps des élèves, et ce d’autant plus que la bibliothèque ouvrait aussi le soir, fermant ainsi avant Minuit, compte tenu du fait que beaucoup d’étudiants couchaient dans les dortoirs du lycée, soit un bâtiment proche du lycée. Mélinda n’avait donc pas été surprise d’apprendre qu’Hikiko passait sa soirée à étudier à la bibliothèque, afin de se mettre à niveau.
Connaissant un peu le système éducatif japonais, la belle vampire savait que ce dernier était très élitiste. Les étudiants japonais travaillaient d’arrache-pied pour pouvoir réussir à entrer dans les lycées, mais aussi pour réussir les concours d’admission aux universités, qui détermineraient leur avenir professionnel, et détermineraient s’ils seraient des ratés ou feraient partie de l’élite. Hikiko était en retard, et avait du mal à suivre en cours. Mélinda le savait très bien, car Hikiko avait, parmi ses professeurs, une esclave de Mélinda, qui venait tout droit de son harem de Terra, afin de lui servir d’espionne auprès des professeurs :
Sochiya-senseï, qui s’appelait Kikuno. Mélinda voulait qu’Hikiko soit ici ce soir, et, pour ça, elle avait chargé Sochiya de lui mettre une mauvaise note, dans une matière où, habituellement, elle recevait des bonnes notes. Elle avait aussi chargé Kikuno d’être sévère envers Hikiko, de lui dire qu’elle devrait mieux travailler si elle voulait réussir ses examens finaux, d’exploiter son sentiment d’infériorité pour qu’elle s’enterre à la bibliothèque. Si Kikuno avait eu des remords à faire souffrir ainsi une innocente élève timide et adorable, elle n’en avait pas fait part à sa Maîtresse. Kikuno était née esclave, et le premier sien qu’elle avait tété était celui de Mélinda. Elle était sa mère spirituelle, son amante et sa Maîtresse, celle qui l’avait défloré en la prenant de partout. Contester ses ordres n’était même pas une option théorique.
De toute façon, Mélinda faisait souffrir Hikiko pour son bien-être. Elle voulait avoir une nouvelle servante qui lui lècherait les pieds, et elle avait déjà tous les arguments pour faire d’Hikiko sa petite poupée. Mélinda était venue sur Terre pour obtenir des esclaves, après tout, pour s’enrichir, que ce soit pour les envoyer ensuite dans son harem sur Terra, ou pour s’en servir ici pour monter un discret petit empire. Son regard s’était porté il y a quelques semaines sur Hikiko, et elle avait utilisé ses ressources et son influence pour en savoir plus sur elle. L’enfance d’Hikiko avait eu lieu à Osaka, soit à proximité de Seikusu. Une petite fille adorable, sans histoire. Elle avait appris pourquoi ses parents l’avaient envoyé à Seikusu en consultant le dossier scolaire d’Hikiko. Son père était un homme d’affaires, et elle soupçonnait un homme dur, qui voulait beaucoup de sa fille, et qui était tellement déçu de ses piètres résultats qu’il avait décidé de l’envoyer dans un lycée bien réputé au niveau de l’admission des élèves à l’université. Mélinda avait aussi appris, en consultant les archives du journal, la notice nécrologique de sa grand-mère, Yamada Natsuki. Sa mort avait coïncidé avec la chute des notes d’Hikiko, formant ainsi un autre angle d’attaque.
Mélinda s’avançait ainsi dans la bibliothèque, recensant ce qu’elle savait sur Hikiko, tout en la cherchant le long des allées.
*
Petite souris, petite souris, où te caches-tu ?*
Il était 23h30, et il n’y avait quasiment personne dans la bibliothèque... Du moins, à part elle, et une pauvre petite femme isolée qui allait avoir sous peu la chance de sa vie.