[Mission GUN] La Tech-13

***** Black-Reaf, Base régionale du GUN, Salle de Br²iefing *****

Le colonelle Walker faisait face aux trois soldats convoqués. Il les dévisagea tour à tour, brièvement, puis fidèle à lui-même, commença à faire les cent pas. Walker, c’était le genre froid et direct, le plus pur produit d’une longue carrière militaire. Du haut de ses 40 ans et de ses presque deux mètres, il avait une sérieuse tendance à faire flipper les jeunes recrues. Humain chauve, balafré, musculeux... ici à Black-Reaf, tous le connaissait. Il avait sut donner au secteur un semblant de sécurité, autant que l’on pouvait le concevoir pour une région frontalière exposée aux incursions du sinistre Docteur. Bref, Walker, c’était un monument. Quand c’était lui qui donnait les ordres, c’était forcément du sérieux.

« Bien, débutons. Notre service d’espionnage n’est visiblement pas aussi incompétent que je me plais à le dire, puisqu’ils nous ont trouvé de quoi nous amuser. Pas de chance, c’est tombé sur vous. C’est tombé sur vous, parce-que je pense que vous ferez l’affaire. Voici le topo. »

La salle était baignée dans la pénombre. En face des trois soldats s’alluma l’écran. On y vit l’image aérienne d’une installation d’envergure dont la structure futuriste ne laissait aucun doute sur l’identité du propriétaire. C’était du Eggman tout craché.

« Voici la Tech-13, labo-prison expérimental de notre savant fou préféré. A l’intérieur de ces murs, bon nombre de couillons qui se sont cru être des héros servent maintenant de cobayes à de vrais enfoirés de scientifiques. Les instances dirigeantes voient d’un mauvais œil le fait qu’Eggman cherche à diversifier ses armes. La robotique semble ne plus lui suffire. En l’espace de deux ans, il a multiplié par dix ses projets de recherche en génétique, biologie, chimie... La Tech-13 concentre une partie importante de ses efforts du moment. Problème : c’est une forteresse impénétrable. C’était, devrais-je dire. »

L’image changea. On vit désormais l’entrée d’un tunnel à demi caché derrière des rochers. Walker reprit.

« On sait désormais que la Tech-13 a une faille dans ses défenses. Battit sur l’ancien site d’un village hybrides, des souterrains courent sous le complexe. On les a cartographiés. L’un de ces tunnels passe à proximité des évacuations de la Tech. Vu l’endroit, vous devriez pouvoir perforer la paroi sans que cela soit détecté. Une fois dans les évacuations, l’infiltration doit être possible. »

La carte des tunnels apparut un court instant. Puis, plus rien. Puis, elle revint. Le colonel jeta un regard assassin à celui qui gérait l’affichage. Le concerné, un hybride chat très stressé, formula des excuses muettes pour cette petite erreur de manipulation. Voilà, c’était sûr, il allait se faire engueuler juste après. Walker reprit.

« Votre objectif principal est l’élimination des chercheurs à la solde d’Eggman. Ils ont à eux-seuls plus de valeurs que tout le matériel. Nous en avons identifiés trois, les trois principaux. »

Trois photos apparurent à l’écran. Il y avait un vieil homme, l’air farfelu, une femme blonde très sexy et un hybride écureuil dément jusqu’aux bout des poils. Sous chaque photo, il y avait leur nom : Dr Merrel, Miss Mady et Red-Nutz.

« Votre objectif secondaire est de voler leurs travaux et de les rapporter pour que nous puissions en profiter. Vous serez envoyé sur place à bord d’un de nos avions furtifs et déposé dans une zone calme, proche des tunnels. Nos ingénieurs vous ont préparé un robot-perceur qui vous aidera pendant la première partie de votre joyeuse balade. Vous aurez aussi la carte des tunnels, les photos de vos cibles et pour le reste, vous êtes grands, à vous de faire votre sac. L’avion furtif reviendra vous chercher... si y’a quelqu’un à rechercher. Dernière chose... »

Walker s’immobilisa et fixa le trio.

« Si vous êtes prit, je vous conseille de vous donner la mort avant de tomber entre les mains de ces malades. Des questions ? » 

Avant toute chose présentation de mon équipe : (Les couleurs seront celle utilisés pour les dialogues de chaque personnage)

Nom : John C. (Il veut pas qu'on connaisses son nom de famille complet)
Race : Humain
Sexe : Homme
Age : 36
Description physique : Assez grand et assez costaud, il a les cheveux noirs coupés courts et des yeux marrons. Il porte en général une veste sans manche de couleur marron et un t-shirt à longue manche de couleur noir. Son pantalon est de la même couleur que la veste et lui permet de se déplacer assez facilement.
Point fort : John est un très bon tireur, il peut toucher d'assez loin.
Point faible : Il est pas tout seul dans sa tête. Suite à une ancienne mission, il a une espèce de clone neurale dans la tête. Il l'a appelé Harvey. Harvey peut se montrer n'importe où, n'importe quand. Harvey peut aussi l'aider, comme le piéger... Généralement il essaiera de lui donner de mauvais conseils.

Nom :  Sarah
Race : Hybride (Mi-femme – Mi-caméléon)
Description physique : Sarah est pas très grande, une chevelure sombre et des yeux sombre également. Elle porte en général une tenue légère conçue spécialement pour son pouvoir qui lui permet de se fondre dans le décor et donc de devenir totalement invisible.  Ses vêtements lui permettent de rester habillée lors de ses changements.
Sexe : Fille
Age : 30
Point fort : Sarah est une experte du corps à corps, ce qui va très bien avec son pouvoir.
Point faible : Si elle utilise trop souvent son pouvoir (4 fois en un espace de 2h), elle s’évanouie pendant une douzaine d’heure.

Nom : Jack Former
Race : Humain
Description physique : Jack n’est pas quelqu’un de très costaud et assez grand. Blond aux yeux marrons. Il porte en général une tenue légère qui lui permette malgré tout de résister à certaines munitions.
Sexe : Homme
Age : 27
Point fort : Jack est un génie de l’informatique. Il peut pirater tout et n’importe quoi du moment ce qu’il sait ce qu’il doit faire.
Point faible : Jack a peur des armes, il en porte une par obligation s’il doit pouvoir se protéger mais s’il peut éviter de s’en servir, il évitera…

                  

******

Le trio se connaissait déjà, lorsqu’ils furent tous les trois appelés, ils ne s’attendaient pas à travailler ensemble sur une mission aussi dangereuse. Après tout, ils étaient tous les trois les plus aptes pour cette mission. Sarah était sûrement la plus discrète, pour ce genre de mission d’infiltration, elle était la bienvenue, et sous tous les points ! Jack était l’intello par excellence, s’ils devaient ouvrir une porte, il était le meilleur. Et enfin John, s’il doit abattre un ennemi de loin sans se faire repérer, il sera le meilleur.

S’ils avaient été choisis pour cette mission, c’est qu’ils avaient un certain taux de survies et de chance. Ils écoutèrent le briefing, sans broncher, sachant qu’avec le colonel, un faux mouvement et ils ne partiraient pas en mission. Et s’ils revenaient vivants, ils seraient considérés comme des héros. Après tout, les inventions du Dr Eggman n’étaient pas considérées pour être des inventions pour le prix Nobel de la paix. John s’avança à la fin du briefing, il était déjà habillé pour partir, tout comme ses collègues, ils devaient juste choisir leurs armes. Mais avant ça, John devait demander quelque chose.

« Autorisation de se donner la mort avec classe et de faire un maximum de dégats avec du C-4 ?! »

Jack eut un frisson. Lui qui avait peur de tout ce qui était armes, s’il devait choisir la mort, ce serait au soleil et de vieillesse, et pas avec une explosion…

John reprit la parole, « Possibilité d'avoir un moyen de vous contacter pour l’extraction dès la fin de la mission ?! »

Sarah n’avait pas bronchée du tout.

John aperçut son « ami » Harvey, du coin de l’œil, en train de siroter une orangeade à côté de celui qui gérait les affichages des photos. Devant le colonel, John ne fît aucune remarque concernant le clone neurale. 

Jack prit les trois photos et les rangeas dans une petite sacoche, au moins il serait le seul à s’encombrer avec ça…

Ils avaient tous déjà choisis leurs armes mentalement.

Sarah prendrait un katana, l’arme avec laquelle elle était le plus à l’aise au corps à corps, et un pistolet automatique équipé d’un silencieux et une bonne dose de munitions. On sait jamais…

John prendrait un M-16, équipé d’un silencieux également, d’un pistolet automatique comme Sarah, toujours équipé d’un silencieux. Et la dose de munitions, bien entendu.

Jack quant à lui prendrait simplement un pistolet automatique équipé d’un silencieux, pour se défendre, ce n’était pas lui le spécialiste du combat. Il savait pourquoi il était là, et ce n’était pas pour ses performances au combat.  S’ils étaient autorisés à emportés du C-4, c’est lui qui le prendrait.

Walker esquissa un sourire sur sa face taillée au couteau. Il aimait trois choses, la discipline, le courage et les explosions. Aussi, ce ne fut guère une surprise qu’il réponde en ces termes :

« Accordé soldat. Le Docteur ne se gène pas pour nous faire péter à la gueule le moindre de ses robots endommagés. C’est la moindre des choses que de lui rendre la politesse. Sinon, vous pouvez toujours contacter la base. Vous serez en relation avec l’opérateur Nyx mais je ne serais pas loin au cas où. Quand vous serez sur le chemin du retour, avertissez Nyx pour qu’il envoie l’avion vous chercher. Et si jamais il y a des imprévus, on pourra se concerter pour aviser. Toutefois, notez deux choses. Un, le signal risque de ne pas passer partout. Deux, à chaque fois que vous prendrez contact avec la base, il y a un risque que la Tech-13 ou une autre structure ennemi détecte le signal. Evitez donc d’être trop bavard. La radio, c’est pour la fin ou en tout dernier recours. »

Sur ce, le colonel mit fin à la réunion, invitant le trio à se préparer pour ensuite gagner la piste d’envol où attendait déjà leur appareil. L’hybride chat chercha à se faire tout petit, mais ce ne fut pas suffisant car déjà, c’était lui qu’on appelait.

John, Sarah et Jack voyagèrent deux heures durant à bord du Spectre, l’avion furtif. Au dehors, c’était encore la nuit noire. Au-dedans, tout était spartiate. La carlingue tremblait, on était mal assis, mal éclairé, même pour un engin de l’armée, ce n’était pas terrible. Côté positif, c’était l’absence de bruit. C’était à peine si on distinguait le murmure des réacteurs. Le trio connu, une fois de plus, le stress de l’attente. Même furtif, le Spectre pouvait être repéré. Il ne faisait alors aucun doute que la mission prendrait fin avant même d’avoir vraiment débuté. Mais, heureusement, tout se passa bien. La DCA d’Eggman resta tranquille.

« On arrive » dit enfin le pilote. « Deux heures, c’est le temps qu’il me faut pour revenir vous chercher. Pensez-y. Bonne chance. »

Peu après, le Spectre atterrissait. L’avion était petit, maniable, tout autant que discret. Le trio sortit, accompagné du fameux robot perforateur sur lequel il allait pouvoir compter. C’était une machine basique avec juste assez d’intelligence artificielle pour accomplir des ordres simples. Par contre, juché sur ses deux chenilles, c’était un tout –terrain de qualité et sa perceuse démesurée laissait présager de son efficacité.

Le Spectre s’en alla. C’était toujours la nuit. L’endroit était désolé, aride. Rien que du rocher, du sable et quelques mauvaises herbes. Plus loin, à bonne distance, on pouvait deviner dans l’obscurité l’élévation rocailleuse où était perchée la Tech-13. Aucun signe d’ennemi à proximité. L’entrée des tunnels ne devait pas être loin à en croire la carte des militaires. Le début de la mission allait se résumer, si tout ce passait bien, à une simple balade souterraine. L’endroit à atteindre était indiqué... non vraiment, c’était facile. 

John eu l'autorisation qu'il voulait, faire tout péter si ça c'était nécessaire. C'est ainsi que Jack eut une charge en plus dans son sac, une dose assez puissante de C-4 pour faire péter plusieurs zones dans le labo du Dr Eggman. Ils avaient pris avec eux la possibilité de faire péter le C-4 à distance et pour pimenter le tout, John avait sur lui un capteur qui permettait, si le bouton pour tout faire péter à distance venait à disjoncter, à faire sauter le C-4 à distance également au moment ou le cœur de John cesserait de battre ou si le capteur était retiré de son torse. Il avait tout installé avec ses coéquipiers et préférait que ce soit lui qui prenne que ses alliés, s'il pouvait les sauver. Harvey en avait même profité pour essayer de l'en empêcher.

« Ne fais pas ça, John !
- Je croyais que c'était ce que tu voulais ?
- Plus maintenant, je suis à l'aise dans ta tête, j'ai pris mes bases, je veux RESTER !
- Et bien pas moi, j'en ai marre de t'entendre... Et à moins que tu décides de faire tout petit, je vais te faire sortir de là à coup de C-4»

Évidemment sur le coup il avait oublié qu'il était entouré de Sarah et Jack. Ils n'avaient pas très bien compris ce qu'il disait, vu qu'il parlait seul, mais là dessus, ils ne dirent rien. Ils avaient acceptés sa décision. Et à moins que John se prenne une balle dans la tête dès l'entrée dans la base, il n'y avait aucun risque qu'ils n'y passent tout les trois avec cette idée suicidaire. Et John était prêt à se donner la mort si c'était nécessaire...

Une fois dans l'appareil qui les emmènerait sur place, ils décidèrent tous de se reposer, d'être le plus en forme possible pendant la mission. C'était le mieux pour chacun. Deux heures pour l'extraction, ce serait largement suffisant à partir du moment où ils auraient fait chaque objectif de la mission. Jack avait tout ce qu'il fallait pour les accomplir, les photos des scientifiques à abattre, la carte des tunnels, le C-4 à poser et suffisamment de places pour emporter les plans d'Eggman.

Arrivé sur place ils découvrirent leur dernier coéquipier, le robot perceur. Ils l'observèrent quelques secondes avant de se mettre en route et de pénétrer dans les tunnels. Chacun était sur le qui-vive. John derrière, ne lâchait pas son arme et observait chaque endroit. Harvey essayait de le titiller, mais John s'était décidé à l'ignorer. Jack marchait à côté du robot, l'observant, passionné par ce joujou. Sarah quant à elle restait en avant, observait chaque nouveau couloir qui se formait au fur et à mesure qu'ils avançaient. Elle était des plus observatrices et vu sa rapidité d'attaque avec son katana et son pouvoir, elle était la mieux placés pour être en avant.

Au bout d'un moment sans croiser d'ennemis, ils se posèrent côte à côte pour discuter en marchant, le plus discrètement possible. Quitte à être ensemble durant cette mission, autant participer avec envie. Le robot perceur continuait en avant.

«Vous pensez quoi de cette mission vous deux ? Mission suicide ou pas ?
- Pour moi dès qu'on a eu le briefing, c'était courus d'avance. Si on en revient vivant, il nous manquera un ou deux membres... Vous avez entendu le colonel sur sa dernière phrase "Si il y a quelqu'un"... Et à ton avis, pourquoi j'ai demandé du C-4 ?»

Pour John tout ça paraissait logique, mais c'est vrai que pour ses coéquipiers peut-être pas, il n'en avait parlé à personne. Sarah était silencieuse. Elle continuait de fixer devant elle.
Jack réfléchissait à la réponse de John, il n'avait pas vraiment pensé à la possibilité de mourir. Certes ça ne lui fait pas très peur, mais un peu quand même... Surtout s'il doit mourir dans d’atroce souffrance, au moins s'il doit faire péter les explosifs et crever dans l'explosion, il est clair qu'il ne sentira rien. Mais une fois le C-4 posé en lieu sur, plus ils avanceront dans le labo, plus ils auront de chances de ne pas être pris dans l'explosion... Au final un seul risquerait sa vie à ce moment, c'est John.

« Tu est donc prêt à te donner la mort si j'ai bien compris ? Ne le fait bien qu'en dernier recours, si tu dois nous faire repérer, fait le d'une manière plus intelligente.
- T'en fais pas pour ça, je sais ce que je fais et ce que je dois faire... Si je m'en sort, je retirerais ces capteurs et ferait de toute façon tout péter... »

Là dessus ils s'arrêtèrent de parler pour se concentrer sur la progression, reprenant leurs prudences du départ, tout le monde savait ce que John voulait dire. Autant crever en faisant des dégats et que crever et ne pas laisser de traces de son passage. Au moins ce monde, ou du moins Eggman, ce souviendrait de ce trio. Et John en souriait d'avance...

Après quelques minutes de silence ou seul Jack les guidait par moment grâce au plan, le trio arriva devant le coin à percer. Ils donnèrent l'ordre au robot perceur de faire ce pourquoi il était envoyé avec eux. John se plaça assez loin et se mit en position de visé, prêt à tirer au moindre geste de quelqu'un qu'il ne connaissait pas au moment où le trou serait assez grand pour faire apparaître un visage. Sarah et Jack n'avait pas eu besoin de parler avec John pour comprendre, l'entrainement que chacun avait subit suffit, ils se placèrent derrière lui, pistolet automatique en main et se mirent à couvrir l'endroit d'où ils venaient... On ne sait jamais...

Le trio, après le pesant silence d’une longue marche dans les sombres galeries, lieu totalement désert au demeurant, trouva le vacarme du robot perceur assez insoutenable. Walker était-il fou de leur avoir donné un engin pareil ? On allait sans doute les entendre jusqu’à la lune avec ça ! Bien sûr que non. L’espace confiné amplifiait les sons mais les épaisseurs de roc les étouffaient à coup sûr. En plus, le robot fut assez rapide. Sous ses efforts, la paroi fut perforée en moins de dix minutes. Il lui fallut plusieurs minutes de plus pour agrandir le trou, assez tout du moins pour que chaque membre de l’équipe puisse s’y glisser.

L’engin avait dégagé de la poussière, de la chaleur, ainsi qu’une odeur de brûlé assez désagréable. Mais tout ça, ce n’était rien en comparaison de ce qu’il y avait de l’autre côté. Les évacuations de la Tech-13 étaient tout bonnement ignobles. Le trio découvrit ce qui pouvait être assimilé à un égout. Une large galerie présentait sur ses côtés d’étroits passages où l’on pouvait marcher alors qu’au centre une rivière d’immondices s’acheminait vers une destination inconnue. La dite rivière devait compter dans sa composition des choses assez classiques : excréments, urines, déchets alimentaires et domestiques divers. Mais il n’y avait pas que ça. Il y avait sûrement aussi des produits dangereux, acides, toxiques, rejets infâmes du laboratoire. L’odeur qu’elle dégageait piquait les yeux et le nez, en plus d’inciter à vomir son repas de la veille. De surcroit, il faisait près de 45 degrés, l’enfer.

Même entrainé aux conditions extrêmes, les militaires ne devaient pas trop s’attarder dans les évacuations, sans quoi ils en souffriraient significativement. Mais ils n’avaient désormais plus de carte pour les guider. Ils pouvaient soit suivre le conduit dans le sens du courant, soit au contraire remonté ce dernier.

Il ne semblait pas y avoir de présence ennemi. La galerie était faiblement éclairée par de rares veilleuses rouges fixées au plafond. Mis à part cela, peu d’autres appareillages étaient visibles. Quelques tuyaux courraient sur les murs, ici un boîtier, là, des crochets à l’usage mystérieux...

Le trio observa lentement le paysage changer. Passant d’une roche a une espèce d’égout mal  ventilé et sans climatisation ! John haussa un sourcil, Sarah eut un mouvement de recul et Jack ne bougea pas. Son teint vira du blanc au vert. Il était sur le point de rendre son petit déjeuner de la veille… John donna rapidement l’ordre au robot perceur de s’éloigner du trou le plus possible.

John fixait l’évacuation totalement dégueulasse, Harvey était en train de nager, en maillot de bain, dans le fleuve. Il s’avança, Sarah et Jack le suivirent. Jack tomba à genoux, totalement HS. Sarah s’approcha de lui. Harvey cria alors. Heureusement, John était le seul à l'entendre.

« Allez, rejoins moi John !
-   Oh commence pas toi ! (Il parlait assez fort pour que seul Sarah puisse l'entendre une fois à côté de lui)
-   Quelque chose ne va pas John ?
-   Non rien, laisse tomber. On doit pas trainer ici, il fait une chaleur intenable. Soit on s’enfonce dans l’enfer. » Il désigna la route par laquelle s’enfonçait le courant du fleuve « Soit on essaie de s’en éloigner. Techniquement les déchets s’enfoncent, on devrait plus essayer d’aller vers la source des déchets »

John et Sarah parlait lentement en essayant de faire le moins de bruits possible. Elle s’était rapprochée de John au moment de lui parler. Les deux transpiraient à grosse goute. Ils n’allaient pas tenir très longtemps. Jack se redressa pour se rapprocher d’eux, il avait suivi la conversation du mieux qu’il pouvait. Il était vraiment pas bien.

« Je suis d’accord avec John. On devrait s’éloigner le plus possible et trouver la source de tout ce bordel. Cette merde doit venir de quelque part, et à mon avis les gens qui les foutent là dedans seront au bout... Je m’occupe de retenir la route pendant notre course pour le retour.»

Ils étaient tous d’accord. Ils partirent alors dans le sens contraire du courant en courant, essayant de s’éloigner le plus possible de cette chaleur…

L’évacuation s’avéra vite être un vrai dédale, labyrinthe fétide où la Tech-13 vomissait ce qu’elle avait digéré. Les voies se multipliaient, se ressemblaient, ne laissant au trio que peu d’indice sur l’éventuelle bonne route à suivre. Seul le sens du courant restait un cri taire utile et, peut-être aussi, la taille des conduits. Les militaires finirent par réaliser que plus ils remontaient ce fameux courant, plus ils avaient de choix sur la direction à suivre, plus les galeries étaient petites. Il n’y avait donc pas une seule source d’émission de déchets, mais plusieurs. Quoi de plus logique ? La base était d’une taille conséquente. Par contre, il ne devait y avoir qu’une seule évacuation en fin de parcours, un fleuve immense qui au cours de son infâme cheminement avait concentré en lui toutes les rivières qui, elles-mêmes, avaient canalisés tous les ruisseaux. La photo aérienne de la Tech-13 revint en tête de l’intello de service. On y voyait un important lac à proximité. Et ce lac était affreusement pollué. C’était sans doute là que terminait le fleuve immonde.

Quoi qu’il en soit, remonter le courant était une bonne décision. Il fallait entrer dans la base, pas en sortir. Et il y avait vraisemblablement non pas une mais plusieurs bonnes routes. Peu importait où précisément le trio allait, il finirait forcément par trouver un accès quelque part. Ce fut en effet le cas.

Ils courraient depuis un long, très long quart d’heure quand ils aperçurent trois choses sujettes à attirer l’attention. La première était un tuyau perforant le plafond qui, tout d’un coup, déversa une masse de chair grumeleuse dans un flot de liquides poisseux. Cette masse de chair avait un visage, car c’était un cadavre. Le peu de temps qu’il fut possible de l’apercevoir ne suffit pas à déterminer s’il s’agissait d’un homme ou d’un hybride. C’était dire à quel point il était difforme. Le cadavre sombra dans la rivière, désormais si peu large qu’on pouvait sauter par-dessus. La deuxième chose était une échelle de fer plaquée au mur de béton de la présente galerie. Elle conduisait à une porte en hauteur. Elle portait une inscription mais impossible de lire à cette distance. La troisième chose était un mouvement, plus loin, au bout de la galerie. Quelque chose venait, elle portait une lampe blafarde assez forte, un vrai phare. Il s’agissait à coup sûr d’un robot et il semblait de belle taille, aussi grand qu’un humain, facilement. Il était lent. Dans peu de temps, il arriverait au niveau de l’échelle, mais peut-être était-il possible d’y monter avant que ce soit le cas. Sinon, s’il fallait ce cacher, c’était assez facile, l’avantage d’être dans un labyrinthe. Quelques pas en arrière et hop, il y avait une voie où disparaitre. Enfin, il restait toujours l’option offensive, attaqué en premier.

Les militaires étaient enfin arrivés à destination. Cependant ils ne savaient pas comment réagir. Un robot arrivait d’assez loin, devait-il commencer à attaquer ou devait-il se cacher ? C’était une mission d’infiltration et leur mission ne consistait pas à abimer les droïdes du savant ! Il y avait plusieurs possibilités, soit le robot monterait à l’échelle, aucun des militaires ne savaient si ce robot en était capable, et il leur serait alors impossible de fuir s’ils montaient aussi, soit il continuerait dans le labyrinthe et alors ce serait plus facile pour eux de l’éviter s’ils se cachaient là-dedans.  La décision la plus sûr et souvent celle qui peut mettre un membre de son équipe en danger… Quitte à devoir perdre un gars, autant qu’il en reste deux. Sarah et John voyait que Jack supportait mal cette chaleur… De plus il était choqué par le cadavre qu’il venait de voir tomber dans le fleuve…

D’un mouvement de la main, John fît signe de s’éloigner le plus possible de l’échelle, de s’enfoncer un minimum encore dans le labyrinthe et de se cacher le temps de laisser passer ce robot.

Jack avait de plus en plus de mal à supporter cette chaleur, le robot devait se bouger, ils s’enfoncèrent dans un coin sombre du labyrinthe, le plus loin possible, là où ils pourraient voir le robot passer sans être vu par cette lampe.

John se remit en position de tir, au cas où le robot passerait dans leur coin, il était prêt à tirer et à monter le plus rapidement possible à l'échelle, son équipe le suivrait…  Si le robot continuait sans les voir, ils fonceraient tout les trois directement en haut de l’échelle pour inspecter la porte, Jack devrait tenir encore quelques minutes. Sarah écoutait attentivement pour entendre le mieux possible les bruits de pas du robot.

Le robot ne marchait pas, il roulait. Les agents du GUN entendaient de plus en plus clairement ce son de chenille grinçante, cliquetis menaçant. Le robot passa bientôt devant eux. Ils purent alors mieux le voir. C’était un mini char d’assaut, aussi lent que lourd. Le modèle était classique, connu de tous les soldats présents. C’était une S.T.6, pour Sentinelle Terrestre version 6. Attaquer cette chose revenait à se suicider. Elle tirait aux missiles et au lance-flamme. Elle était blindé, vulnérable uniquement aux explosifs ou aux très gros calibres. Toutes les sentinelles étaient conçues pour la surveillance et l’élimination d’intrus. Cette S.T.6 n’était sans doute pas la seule à errer dans les évacuations.

Fort heureusement, le robot continua tout droit, ne remarqua rien. Il n’était pas équipé de beaucoup de capteurs. Il détectait à vue et au son uniquement. Bientôt, lui et sa lumière avaient disparu. La voie vers l’échelle était libre. La porte à laquelle elle conduisait portait la mention suivante :

Secteur l2

C’était écrit en grosses lettres capitales, sur une plaque de fer. Mais dessous, écrit cette fois à même la porte par un simple feutre furtif, il y avait d’autres mots :

Red-Nutz, chez toi, tout est petit : ta taille, ton autorité, ton talent, même ta bite.

Une fois devant la porte, ils restèrent un petit moment devant en l’observant et en repensant à ce robot. Heureusement qu’ils n’avaient pas tentés le diable avec ce char d’assaut, ils y seraient resté.

« Secteur l2 » et en dessous, le nom d’une de leurs cibles apparaissait. Red-Nutz. Bien, ils ne devaient pas être loin de ce scientifique… Certaines personnes n’avaient pas l’air de l’apprécier, soit, peut-être que si le trio tombait dessus, ils pourraient convaincre cette tierce personne de les conduire jusqu’à lui… Avec un peu de chance cette personne ne les tuerait pas. John ouvrit la porte et passa le premier prêt à tirer sur n’importe quoi… Sarah en second, toujours attentive par son environnement. Et Jack, toujours malade par cette chaleur, en dernier. Il avait sortis la photo de Red-Nutz après avoir vu la photo pour voir lequel des scientifiques il s’agissait, lui aussi pensait que ce scientifique n’était pas loin, peut-être que derrière cette porte se trouvait un des labos...

Le groupe se retrouva dans un couloir d’aspect plus conventionnel. Murs gris métallisés, sol blanc plastifié, plafond bétonné avec néons. L’éclairage, quelque peu verdâtre, était correct et surtout, au grand soulagement des soldats, notamment de Jack, odeur et température redevenaient très supportables.

La porte menant à l’évacuation occupait l’extrémité du couloir. Ce dernier avançait sur quelques dizaines de mètres. A gauche, deux autres portes. Le symbole qu’elles arboraient indiquait que c’était les toilettes hommes et femmes. Au bout du couloir, une intersection. On pouvait aller à gauche ou à droite, mais pour savoir où cela menait, il fallait s’avancer.

Il y avait de l’activité dans les parages. Bruits de pas, éclats de voix, rien de précis, rien d’excessivement proche. Par contre, de l’intérieur des toilettes hommes, quelqu’un tira la chasse.

Après avoir pénétré dans le couloir et mis un espace suffisant entre l’évacuation et les militaires, Jack se mit à retrouver sa forme petit à petit, n’ayant plus mal au cœur. Il était soulagé, une dizaine de minutes de plus et il se serait évanouie, et ses compagnons auraient vite suivis…

Sarah observait chaque mettre du couloir. Maintenant, ils savaient où était les toilettes, s’ils avaient un endroit où se planquer, ils savaient où aller, s’ils devaient fuir, pareil, l’évacuation serait leur seul moyen de fuir de toute manière… A condition de ne pas tomber sur le char…

Ils restèrent sur place quelques instants, chacun réfléchissant à la meilleure façon d’agir, jusqu’à ce que la chasse d’eau des toilettes pour homme les mis en alerte. D’un même geste le plus silencieusement possible, ils partirent tous dans les toilettes pour femme, sans claquer la porte, une fois  à l’intérieur Sarah en fît rapidement le tour, observant chaque bas des toilettes, pour s’assurer qu’il n’y avait personne à l’intérieur. Si jamais quelqu’un était présent, une balle en pleine tête avec le silencieux et le tour est joué.

John resta à côté de la porte, légèrement entre-ouverte, de sorte qu’on ne le remarque pas si facilement, pour regarder qui en sortirait. Il avait rangé son fusil et prit son pistolet automatique silencieux. Quelque fois que ce soit une de leur cible, on ne sait jamais… En tout cas, dès que l’homme sortirait, John avait l’intention de foncer dessus, de le braquer de son arme pour qu’il comprenne qu’il faut fermer sa gueule, et de se planquer avec lui dans les chiottes pour homme… Il pourrait très bien avoir des infos sur les scientifiques et sur les plans et il ne fallait pas cracher dessus... Jack restait en arrière, attendant le moindre mouvement de ses collègues...

Dans les toilettes pour femme, il n’y avait personne. L’endroit n’avait rien d’extraordinaire. Niveau propreté, c’était même mieux que bon nombres de toilettes publiques, voir même bon nombres de toilettes chez le GUN. Incroyable quand on songeait à l’horreur des évacuations.

Celui que John aperçut sortir des toilettes pour hommes était un hybride rat. Rien à voir donc avec l’une des cibles. L’individu faisait 1.20 m environs, une taille ordinaire pour un hybride adulte. Pelage gris, maigrichon, il portait une blouse blanche ainsi que des bottes et des gants en plastique noir. Prit par surprise, le rat ne résista pas quand John passa à l’action. Docile, effrayé, il se laissa entrainer en baragouinant d’une petite voix vacillante :

« Ne tirez pas, ne tirez pas ! J’veux pas de problème ! J’ai rien fait ! »

Le militaire, une fois caché avec son captif, remarqua que ce dernier avait également un badge fixé sur le haut de la blouse. On pouvait y lire :

Witz
Sous-Assistant de Red-Nutz
L2-125

John essaya de se planquer le mieux possible dans les chiottes, de faire en sorte que si quelqu'un entrait à l'intérieur, on les voyait pas tout de suite. Sarah et Jack arrivèrent derrière, Sarah recommença une nouvelle inspection de chaque chiotte et une fois terminé elle se plaça à côté de Jack, sans discuter à chaque extrémité de la porte d'entrée pour couvrir John.

John quant à lui, continuait de pointer son flingue sur le haut du crâne du rat. Prêt à tirer au moindre faux mouvements.

« Bien, Witz.» Il tapota le badge du bout du doigt «Tu tiens à ta vie. C'est déjà pas mal. Un cri, un faux mouvement, et ce petit joujou va enfoncer une balle dans ton crâne. Et si tu veux une preuve que je ne plaisante pas, je peux t'en donner une, mais tu risques de plus pouvoir bouger. J'ai quelques question à te poser, si tu y réponds correctement, je te laisse la vie sauve. Si tu me mens, si tu te tente quoi que ce soit, je te retrouverai et je te ferai exploser la cervelle avant de la faire bouffer à ta famille, si tu en as une, puis j'irai les dépecer vivant avant de les donner à bouffer à des fourmis rouge.»

John était des plus sérieux et était le plus effrayant possible. C'était chose facile, le type était déjà effrayé, avec ces paroles, ça n'en serait que plus effrayant. Il devrait avoir les informations facilement avec ce type. La deuxième partie de la mission était beaucoup plus facile que la première... C'était pas prévu comme ça, mais aucun des militaires n'était là pour réfléchir à la suite, seul les actions actuels signifiaient quelque chose...

John en profita pour retirer la blouse du rat avant de l'envoyer à Jack qui la réceptionna. John avait un plan, peut-être pas parfait, mais cette blouse servirait, et il fallait pas la tacher de sang.

« J'ai quelques questions. Premièrement : on recherche ton chef, Red-Nutz, et deux collègues à lui. Dr Merrel et Miss Mady. Connais-tu un moyen de les rejoindre sans se faire repérer par d'autre mec de ton genre ? »

John avait déjà une idée de comment il pourrait agir, mais ce mec était tout seul, et eux ils étaient trois et il avait besoin de ses collègues pour la suite...

Sarah avait sorti son katana, au moindre type qui pénétrerait dans le toilette, elle le chopperait...

Pour avoir peur, Witz avait peur, peut-être un peu trop d’ailleurs. Ses réponses en devenaient... confuses.

« Mais... mais... des types comme moi, y’en a, y’en a partout ! Et y’a même des types pas comme moi ! Heu... heu... j’veux pas de problème, hein. J’suis nouveau, tout nouveau ! J’ai pas touché aux cobayes, moi ! Ha, eux... mon patron, je sais pas... enfin si, je sais où il est : au labo. Mais des fois, il est pas là. C’est l’chef de secteur, dès fois y’a des trucs que pour les chefs. Et j’usis pas un chef, donc j’sais pas, moi. Merrel, c’est le secteur 1. C’pas mon secteur, j’connais pas. Moi, c’est secteur 2. Et Mady, c’est la super-grande-chef. Elle dirige tout ici. Elle est tellement chef que je sais même pas où elle bosse. Heu... voilà,j’tout dit. J’peux partir ? J’dirais rien, hein. Le GUN, c’est cool. Vous faites un super job, héhé. Heu, j’peux partir ? »

Sous la blouse, Witz portait un pantalon noir et une chemise blanche. Pour l’instant, au dehors, il n’y avait rien à signaler.