Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Spider-Woman

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Welcome To The Jungle ! [Validée]

dimanche 14 juillet 2013, 01:05:40

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NOTE INTRODUCTIVE

Je tiens à prévenir d’emblée que cette fiche ne reprend pas la biographie de Jessica Drew : d’une part, je connais pas des masses l’histoire des autres Spider-Women, et, d’autre part, j’ai trouvé plus intéressant, pour ce personnage, d‘inventer une autre histoire.

Pour cette fiche, j’ai adopté une présentation consistant à la découper en épisodes, un peu comme un comic. Il s’agit donc d’une sorte d’histoire qui se prolongera dans mes RP. Pour les paresseux, un résumé sera inclus en bas de cette fiche, sous forme de glossaire.

Veuillez noter que cette fiche s’inscrit comme un préambule aux aventures de Jessica Drew, une sorte d’introduction.

J’aurais bien aimé l’appeler « Jessica Drew », mais ce pseudonyme est malheureusement déjà pris.

J’espère que vous en apprécierez la lecture.

Et j'offre un câlin à celui qui aura réussi à tout lire =)




#001 : "A SPIDER IN MY BRAIN..."


Elle courait sans s’arrêter, se rappelant toutes les étapes. La passerelle en bois avait été son premier objectif, et elle l’avait atteint, filant au-dessus de la rivière avec la cascade, en ne regardant pas en arrière. Surtout pas. Elle ne voulait pas regarder derrière elle, et elle courait, filant dans la forêt. Les arbres étaient méchants, sinistres, trop grands. Difformes, ils cherchaient à la stopper. La forêt était avec lui, mais elle les battrait. Elle avait réussi à surmonter sa peur en passant par le trou dans la clôture. Toutes lui avaient dit qu’elle n’avait aucune chance. Mais ce n’était pas ce qu’elle pensait. Elle était courageuse et intrépide, et elle connaissait le chemin à prendre. Suivre la grande étoile qui brillait dans le ciel, son guide immortel, contre lequel il ne pouvait rien. Quand elle ne savait plus où aller, elle cherchait un endroit dégagé d’où elle pouvait revoir, à travers les feuillages des arbres, la grande étoile, le guide silencieux et nocturne. Elle reprenait alors sa course, mais la forêt était traîtresse.

Son pied heurta une racine, et elle tomba sur le sol, se foulant la cheville, déchirant sa jupe blanche, roulant par terre. Secouant la tête, elle se redressa, et reprit sa course effrénée. Elle respirait lourdement. Sa poitrine lui faisait mal, et des mèches de cheveux rebelles avaient trop souvent tendance à se plaquer contre ses yeux. Elle devait les retirer, en continuant à courir. Elle finit par grimper un petit talus, et vit enfin ce qu’elle cherchait.

Le chemin gris et dur. Elle se posa dessus, épuisée, et tourna la tête à gauche et à droite. Au loin, elle voyait de grandes tours lumineuses qui brillaient furieusement. Là-bas, elle obtiendrait de l’aide. Assurément. Mais il fallait encore y aller, car l’endroit était éloigné. Très éloigné. Elle se mit donc à marcher, en suivant le chemin gris et dur, quand elle perçut dans son dos de vives lumières. Elle se retourna, plissant les yeux, établie, tandis que deux grosses lampes se rapprochaient en bourdonnant furieusement. C’était un engin similaire à celui qu’il y avait dans la ferme, et il s’arrêta face à elle. De soulagement, son cœur battait la chamade, mais elle sentit alors une présence dans son dos.

Elle n’eut pas le temps de penser quoi que ce soit qu’une main se posa sur ses lèvres. Elle poussa un cri de panique.

« Tu me déçois beaucoup, lâcha l’homme. Où donc cherchais-tu à aller ?
 -  Huuumm !! »

Elle mordilla dans sa peau, et il sembla s’énerver, en raffermissant sa prise.

« Je fais tout ce que je peux pour toi, j’essaie de t’éduquer, de bien t’élever, mais tu te refuses à obéir... L’obéissance est une vertu cardinale, martelait-il, tu comprends ce mot ? Je n’aime pas faire ça, mais tu ne me laisses pas le choix. »

Elle continuait à gémir, sentant des larmes couler sur ses yeux.

« Oh non, non, Charlotte, ne pleure pas... Les larmes et les gémissements seront pour plus tard. »


*
*  *

« Et si tu me racontais ta journée, Jessica ? »

La voix de la femme était apaisante, comme les images qui défilaient autour d’elle, ou le fauteuil dans lequel elle était allongée. Mais son regard fuyant témoignait de la difficulté qu’elle avait à en parler. Elle ne voulait pas spécialement parler de cette journée, mais elle savait que Maman Carol serait fâchée... Et, si Maman Carol était fâchée, Maman Kelly ne lui donnerait pas sa visiosphère. Elle ne voulait pas que ça arrive, mais, d’un autre côté... Elle ferma les yeux, laissant s’échapper plusieurs secondes, avant que la doctoresse ne reprenne.

« Tu as été à l’école, n’est-ce pas ?
 -  O-Oui... réussit-elle à dire. Comme tous les jours...
 -  Et tu as fait quoi à l’école ?
 -  Ben, j’ai fait du dessin et j’ai appris mes leçons. »

Elle parlait lentement, sans trop rien dire, essayant de ne surtout pas repenser à ce moment.

« Tu as eu un cours de dessin, reprit la femme.
 -  Oui...
 -  Et ça s’est bien passé ? »

Jessica ne dit rien, n’arrivant pas à parler, les joues rouges. Dans sa tête, elle repensait à cette salle... Il fallait dessiner quelque chose, et elle avait entrepris de faire un beau dessin de sa maison. Elle était à côté de Danielle, son amie, qui dessinait aussi, et Danielle lui avait donné un coup de coude pour qu’elle regarde ce qu’elle avait dessiné. Alors, Jessica s’était penchée...

« Tu sais que ce que tu as fait est très grave, n’est-ce pas ?
 -  Oui... Mais j’ai pas voulu le faire, je sais pas ce qui s’est passé... Je vous assure que je ne voulais pas !
 -  Je ne suis pas là pour t’accuser, Jessica, okay ? Je sais que tu ne voulais pas blesser Danielle, que tu n’avais pas, à l’origine, d’intention malfaisante, mais le fait est qu’elle s’est retrouvée à l’infirmerie, et qu’elle a eu très peur... Tous tes camarades ont eu très peur, y compris tes mamans.
 -  Mais je voulais pas, je vous le jure ! »

Un léger silence s’installa, suite aux propos de Jessica. La doctoresse ne disait rien, et Jessica avait encore envie de pleurer. Elle avait des espèces de ventouses contre le front. Elles l’énervaient, mais elle n’avait pas le droit d’y toucher. Autrement, la doctoresse se fâchait. Elle pensa à ce dessin, ce dessin affreux.

« C’est son dessin, n’est-ce pas ? C’est ça qui t’a énervé ? Non, pardon... Qui t’a effrayé ? »

Elle ne dit rien, mais hocha la tête de haut en bas. Jessica ne pouvait pas voir la doctoresse, mais elle savait que elle, elle pouvait la voir. Elle serrait nerveusement ses petits poings, tandis que, dans sa tête, le dessin se formait à nouveau. Elle ferma les yeux, essayant de le chasser, mais c’était plus fort qu’elle. Et, quand elle revit l’image, son cœur se mit à s’emballer dangereusement. Elle avait planté son crayon dans la main de Danielle, parce qu’elle allait terminer son dessin.

Il représentait une araignée. Une belle et longue araignée.

Aujourd’hui, Jessica avait six ans.




#002 : "WE'RE GOING TO SEND THEM A MESSAGE !"


« Nous faisons ce qui est nécessaire, c’est aussi simple que ça. Ce n’est pas une question de Bien ou de Mal, ces notions sont bien trop fluctuantes pour qu’on s’y accorde. C’est le dévouement qui est important, tu comprends ? »

Il ne répondit pas, se contentant d’hocher la tête. Les deux hommes avançaient le long des baraquements. Ils étaient plongés dans l’obscurité. Aucune fille n’avait le droit de veiller quand l’heure du couvre-feu sonnait. Il fallait respecter les règles. Lislee ne les avait pas respectés. Celle qui ne respecte pas les règles encoure des sanctions, c’est aussi simple que ça. Ils s’avançaient le long de l’allée. L’homme qui parlait était âgé, mais toujours vigoureux. Celui à côté de lui portait dans une main une carabine, qu’ils se servaient pour abattre le gibier qui s’approchait de la ferme. La menace hostile, extérieure. Le gibier... C’était exactement ce qui convenait.

« Manuel est prêt ?
 -  Il est dans le van, il n’attend plus que nous la déposions.
 -  Parfait. »

Elle avait vraiment cru qu’ils ne la verraient pas... Une sale petite journaliste, qui venait fouiner, qui venait perturber son exploitation. C’était elle qui avait du inciter Lislee à s’enfuir. Mais, dans le fond, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il avait été négligent dans la sécurité. Une erreur qu’il ne referait plus. Ils se dirigeaient vers une grange où aucune fille n’avait le droit d’entrer, et sortit de sa poche intérieure une clef, avec laquelle il ouvrit la lourde serrure de la porte du hangar. La porte s’ouvrit dans un couinement, et une odeur nauséabonde lui agressa les narines.

Ce qu’il restait de la journaliste était suspendu à des chaînes, enfoncées dans sa chair rougeoyante. Des moustiques entouraient son corps sanguinolent. Il contempla silencieusement ce qu’il restait du cadavre. Il savait comment Manuel faisait. Il incisait, au centre. Il avait toujours aimé les dissections. Petit, il passait son temps à tuer les rats et les autres animaux sauvages de la ferme, puis à aller dans son laboratoire, et à les découper, arrachant les organes, les inspectant, essayant d’en comprendre le sens... Avec cette fille, il avait fait pareil. Il l’avait ouvert avec un scalpel, puis avait mené ses recherches.

« Détache-là. »

L’homme se rendit près d’un levier, et appuya dessus. Les chaînes relâchèrent le cadavre, qui tomba sr le sol, dans un bruit d’explosion molle. Silencieusement, l’homme la glissa ensuite dans une housse, s’aidant de gants imperméables. Il ne tremblait pas en la portant, puis en la traînant dehors, vers le van.

« C’est bien, fils. Ne t’occupe pas de la saleté là-dedans, les filles feront le ménage demain. »

L’homme hocha la tête, puis fourra le corps à l’arrière du van.

« Tu es sûr qu’elles ne remonteront pas jusqu’ici ?
 -  Ai-je un jour commis une erreur ? répliqua-t-il, légèrement contrarié de voir son fils remettre en doute ses choix. Nous allons leur envoyer un message. »

Il avait bien senti le ton contrarié de l’homme, et préféra ne pas insister. Il se dirigea vers Manuel, et lui rappela où il devait déposer le colis. Dans un squat des Caligulas, un quartier de Tekhos Metropolis.

Ou plutôt un ghetto.


*
*  *

« C’est bon, hein ? Tu l’as mérité... »

Jessica ne répondit pas, car elle savait qu’il n’était pas poli de parler la bouche pleine. Sa langue glissait sur sa belle glace à la fraise, alors que les deux femmes marchaient dans l’un des parcs de Tekhos Metropolis, vers l’aire de jeux. Comme à chaque fois, c’est Maman Kelly qui l’avait prise dans ses bras, la portant en lui faisant un gros bécot, et en lui demandant comment sa journée au collège s’était passée. Elle lui avait expliqué qu’elle avait eu un 18 à son contrôle de maths, et que c’était la meilleure note de toute la classe. Pour la récompenser, Maman Kelly avait décidé de lui acheter une glace, et Jessica avait presque bondi de plaisir. Elle adorait les glaces !

« Est-ce qu’on ira encore voir Madame Holler ?
 -  Pas ce soir, ma puce. »

Jessica fut rassurée. Depuis des années, elle allait voir Madame Holler... Depuis ce qu’elle avait fait à Danielle, en fait. Mais, plus le temps passait, et plus les rendez-vous s’espaçaient, ou se raccourcissaient. Jessica n’en parlait pas trop, car c’était un sujet perpétuel de dispute entre Maman Kelly et Maman Carol, la deuxième insistant pour que Jessica continue à être suivie par Madame Holler, alors que Maman Kelly était plus réservée. Jessica n’aimait pas que ses mamans se disputent à cause d’elle, elle se sentait toujours coupable. Elle goûtait donc à sa glace avec appétit, jusqu’à rejoindre l’aire de jeux. Il y avait des toboggans, des cages, des filets, et tout ce qui faisait plaisir aux enfants.

Jessica avait toujours été une jeune fille dynamique, épuisante. Le genre de bébé qui courait dans tous les sens, et qui aimait faire des caprices quand ses mamans lui refusaient de la chantilly. À la maternité, Jessica avait été très gourmande. Kelly devait voler des biberons à la nurserie pour la satisfaire, et, dès l’âge de un mois, Jessica avait goûté avec joie à la crème chantilly. Une image dont les deux mères se souvenaient encore très bien. Kelly avait apporté la cuiller, et Jessica l’avait timidement léché, avant de la gober d’un seul coup, s’en mettant sur le bout du nez, avant de joyeusement taper dans ses mains. Elle avait toujours été gourmande, et, étrangement, elle avait toujours eu la phobie des araignées. Certes, l’arachnophobie était une phobie courante, très courante à Tekhos, mais, chez Jessica, elle était excessive, disproportionnée. La seule vue d’une araignée, dès qu’elle était bébé, la terrorisait, et, même au-delà de ça, la simple représentation visuelle d’une araignée était horrible. Carol et Kelly avaient du lutter contre ça, en mettant dans toute la maison des gadgets spéciaux répandant un gaz inodore faisant fuir les araignées, mais il arrivait toujours que des petites bestioles s’y faufilent. À cette fin, elles avaient même acheté un chat, qui avait été éduqué pour chasser les araignées.

Sur le toboggan, Jessica jouait avec joie, se lançant dans des odyssées incompréhensibles pour Kelly, qui l’observait avec un certain ravissement. Carol était une mère très exigeante, et Kelly, elle, l’était bien moins. Il n’était pas bien difficile de déterminer qui menait le couple à la baguette des deux. Carol était celle qui travaillait. Quand elles s’étaient rencontrées, Kelly avait un petit travail comme secrétaire, mais elle avait démissionné quand elle était tombée enceinte, et n’avait plus cherché à en retrouver un... Pas tant que Jessica serait si petite. Carol amenait de l’argent, et Kelly maintenait le ménage propre. C’était une manière de se répartir les tâches.

« Regarde, Maman, je vole, je vole !! » s’extasiait Jessica en rigolant.

Kelly tapa joyeusement dans ses mains.

« C’est bien, ma puce ! »

Aujourd’hui, Jessica avait dix ans.




#003 : "DO YOU WANT TO GO TO THE CALIGULAS ?"


Quand le métro passait, on avait l’impression qu’un tremblement de terre se répandait. Ce n’était vraiment pas un endroit que l’inspecteur Dufy aimait aller. Mais le boulot vous forçait souvent à vous rendre dans les bas-fonds de Tekhos Metropolis. De l’autre côté de la ligne de métro, entre les sombres nuages, on pouvait voir les gratte-ciel du cœur de la ville. Elle souffla sur sa cigarette électronique, puis se décida à sortir de sa voiture, avançant vers le terrain vague où le cadavre avait été retrouvé.

Il y avait deux camions blindés des forces d’intervention, qui étaient surtout là pour repousser les badauds. Ceux qui n’étaient pas dans la rue regardaient nerveusement, depuis leurs fenêtres, cette présence policière, agressive, venant de l’autre monde. Pas le leur. Dufy portait un trench-coat supposée la protéger de la pluie. Elle jeta sa cigarette au sol, puis s’avança vers les cordons de sécurité. Les policières en armure étaient nerveuses. Aucune femme digne de ce nom n’aimait se promener dans les Caligulas, ce ghetto infâme et sinistre. Ce n’était qu’une succession de bâtiments abandonnés, d’entrepôts pourris, d’immeubles miteux rongés par la drogue, la moisissure, et les termites. Toute femme qui s’y aventurait avait toutes les chances de se faire sauvagement violer, torturer, et enterrer vivante.

Les Caligulas faisaient partie des quelques ghettos où la municipalité avait regroupé tous les mâles, la minorité sexuelle de Tekhos Metropolis. Comme il était indécent que des mâles se promènent dans les beaux quartiers, on avait pour coutume de leur trouver des logements sociaux ici. C’était un ghetto où la police avait du mal à imposer sa loi, l’État étant très mal perçu par les hommes. Comment s’en étonner ? Ils n’étaient que des bêtes sauvages, des animaux guidés par leurs pulsions primitives. Dufy le pensait sérieusement, comme bon nombre de Tekhanes, et elle craignait qu’une nouvelle émeute n’éclate dans les Caligulas. La tension était à son comble.

Le cadavre retrouvé ici était le cinquième d’une sinistre série qui n’avait rien d’habituel avec les meurtres habituels survenant dans les Caligulas. La presse avait d’ores et déjà donné un nom à ce psychopathe : le « Chirurgien fou ». Le mode opératoire du Chirurgien consistait à attacher ses victimes avec des sangles, puis à ouvrir leur ventre à l’aide d’un scalpel. Il faisait preuve d’une très grande précision chirurgicale, ses mains tremblant peu, et on ne relevait, sur les victimes, aucune trace de pénétration, de sperme, ou ce genre de choses. Tous les mâles étaient marqués à la naissance, en raison de leur degré de dangerosité naturelle. Des traces de sperme auraient permis de remonter la trace du Chirurgien, mais ce salopard était talentueux.

« Vous voilà, Dufy ! lâcha la lieutenante Bornell.
 -  J’ai fait aussi vite que j’ai pu, Madame.
 -  Je vous préviens, ce n’est pas beau à voir. »

Le cadavre avait été isolé dans une tente, qu’on avait dressé autour de la scène de crime. La tente était à côté d’un pont, et certains témoins affirmaient avoir vu un van gris s’arrêter le long du pont, avant qu’un homme ne balance le cadavre en ouvrant une housse. Il n’y avait aucune caméra de sécurité sur le pont, et les témoignages étaient contradictoires, résultant de camés et de junkies. Pour les uns, il était maigre. Pour les autres, gros. Mais tous s’accordaient sur la présence d’un van gris métallique, comme ceux que les boucheries utilisaient pour transporter de la viande. Un van frigorifique, en somme. C’était leur seule véritable piste, et Dufy avait utilisé les ressources de la police pour, en tenant compte de l’heure approximative du décès, grâce aux autopsies, essayer de trouver les différents vans frigorifiques des sociétés de boucherie en circulation. Elle avait étendu ses recherches à toute société susceptible d’employer ce genre de vans, et avait obtenu de nombreux résultats, qui s’affinaient au fur et à mesure que le nombre de morts augmentait.

Dufy se rapprochait de la tente. Les TIC se baladaient le long du terrain vague, à la recherche d’indices, ainsi que sur le pont. On retrouverait sûrement les mêmes traces de pneus. Des pneus classiques pour des vans de ce genre. Toute la difficulté, la réelle difficulté, était que l’enquête devait avoir lieu dans les Caligulas, mais qu’il était très difficile d’y entrer. Les témoins et les pistes se refroidissaient, par solidarité masculine envers l’étranger. Dufy avait l’intime conviction que les Caligulas savaient qui était le Chirurgien, et qu’il se protégeait à l’intérieur du ghetto.

« Vous avez relevé son identité ? »

Bornell hocha la tête, donnant quelques explications. La première victime avait été une journaliste. Il n’y avait aucun lien apparent entre les victimes, et la dernière était une simple étudiante en criminologie.

« Les médias vont se lâcher... Quelle foutue merde... grognait Bornell.
 -  La réponse est là-dedans, Madame. Dans ces immeubles délabrés. J’en ai l’intime conviction, le Chirurgien se cache à l’intérieur. J’ignore s’il est natif des Caligulas, mais il ne pourrait pas balancer toutes ces victimes sans qu’on ne sache qui il est.
 -  Alors, il va falloir convaincre le commissaire-major d’autoriser une intervention armée pour appréhender Ballas. »

Ballas était un humain, un trafiquant de drogue, un marchand d’armes, et chef de l’un des plus puissants gangs de rues des Caligulas, qui allait jusqu’à mettre leurs tags hors du ghetto. Ballas saurait des informations sur le Chirurgien, mais il ne les communiquerait jamais. Retranché dans son bunker, le seul moyen de le déloger était d’envoyer une force de frappe, ce à quoi le maire, les Sénatrices, et le commissaire-major, étaient réticents.

Pendant ce temps, l’enquête n’avançait pas.

En deux ans, c’était la cinquième victime, et le rythme s’accélérait.


*
*  *

« ...En 1742, le Professeur Silverstone réussit à obtenir du Sénat les crédits nécessaires à la poursuite de ses théories. Ce sont ces dernières qui ont permis à Silverstone d’inventer le moteur à explosion, faisant partie de cette vague de chercheurs et de scientifiques qui ont réussi à moderniser notre État... »

C’était un cours soporifique.  Vraiment ! Jessica avait beau être attentive, elle s’ennuyait royalement. Au sein du lycée Meadrow, chaque journée était organisée par thème. Aujourd’hui, le Jeudi, le thème du jour était l’Histoire. Tous les cours de la journée étaient liés à l’Histoire. Hier, il s’agissait des sciences naturelles, et, avant-hier, des sciences sociales. Les cours d’Histoire se distinguaient en plusieurs catégories : Histoire de l’art, Histoire de la société tekhane, Histoire du monde... Et, en ce moment, c’était un cours barbant : Histoire de la science. Les disciplines étaient nombreuses, et ce cours-ci ne durait que quelques semaines. Son objectif était d’apprendre comment la civilisation tekhane avait réussi à se développer par rapport aux autres.

Tous les élèves étaient assis, prenant des notes sur un pupitre. Il s’agissait d’une espèce de terminal d’ordinateur, avec un écran tactile. Jessica notait soigneusement. Le terminal donnait accès au réseau interne du lycée, l’Intranet local, d’où chaque élève avait une messagerie, et pouvait accéder aux ressources pédagogiques ou administratives du lycée. Tandis que la prof’ parlait, Jessica se retenait de bailler... Lorsqu’elle reçut un message. Il émanait de Beth, l’une de ses copines, et elle l’ouvrit rapidement, avant de voir un message :

« REGROUPEMENT CE MIDI !
Et t’as pas les moyens de refuser !
»

Elle ravala brièvement son sourire, afin que la prof’ ne le voit pas, et continua à noter. On était Jeudi... Les filles avaient sûrement un plan pour passer la soirée Vendredi. Pour le coup, Jessica était impatiente de savoir de quoi il s’agissait.

*
*  *

« Les Caligulas ? s’exclama-t-elle, confuse.
 -  C’est un endroit très sympa, rétorqua Beth, assise sur le banc.
 -  C’est un regroupement d’hommes ! objecta Jessica.
 -  Tu ne m’apprends rien, là, trésor... »

Elles formaient un groupe de cinq filles, dont Jessica était la dernière arrivée, Beth étant la leader officieuse et reconnue de leur clan. Maman Carol n’aimait pas Beth, ce qui, pour Jessica, était justement une excellente raison d’aller vers elle. Le plan de Beth était d’emmener ses copines aux Caligulas, car elle y avait été la semaine dernière avec sa sœur aînée, qui était à la fac’. Toutes les filles connaissaient ces quartiers d’hommes, qui étaient les banlieues de Tekhos Metropolis, des endroits dangereux et mal famés. Combien de fois Maman Carol lui avait dit que, si elle couinait trop longtemps, elle finirait aux Caligulas ?

« Mais les mâles sont dangereux ! C’est ce que Madame Tichiry nous explique !
 -  Cette grosse vache ridée ? souffla Beth en secouant la tête. C’est grotesque ! »

Il était vrai que Madame Tichiry était vraiment moche. Elle était âgée, ridée, avec un ventre énorme, et les filles passaient leur temps à se moquer d’elle. Mais, pour autant, la perspective d’aller aux Caligulas inquiétait un peu Jessica.

« Et pourquoi tu veux qu’on y aille, d’abord ?
 -  Parce que c’est cool ! C’est vrai qu’il y a des coins craignos, ouais, mais y a aussi pas mal d’endroits sympas. Des boîtes de nuit, des bars... Et, crois-moi, les mecs, ça a rien à voir avec toute ce que ces frigides en disent.
 -  Ça veut dire quoi, ça ? »

Beth se contenta d’un petit sourire malicieux.

« Je préfère te laisser la surprise.
 -  J’ai pas dit que je viendrais...
 -  Tu fais ta timide, Jess’ ? Ça ne te ressemble pas vraiment... »

Jessica eut une petite mine boudeuse. Au fond d’elle, elle savait toutefois qu’elle avait envie de voir ce fameux quartier, dont on lui disait tant de mal. Et puis, contrairement à ce que sa mère disait, Beth n’exerçait pas du tout une mauvaise influence sur elle. Elle était intelligente, drôle, vivace... Même si Jessica la soupçonnait de l’avoir fait. Bien sûr, elle ne devrait rien dire à ses parents. Mais ce ne serait pas la première fois qu’elle leur mentirait, après tout.




#004 : "THEY SEEM TO BE LIKE US..."


Elles l’amusaient. Il aimait la manière dont elles le surnommaient. Le Chirurgien. Ça lui donnait une certaine authenticité, une certaine crédibilité. Elles l’amusaient, elles, elles et leurs efforts pathétiques de le comprendre, de le neutraliser, de l’appréhender, de le poursuivre. Ils avaient tendu un appât, et, empêtrées dans leurs clichés, dans leurs fantasmes, dans leur sexisme, elles avaient mordu à l’hameçon, plongeant dedans. Les Caligulas. Le Chirurgien n’était pas considéré comme un psychopathe isolé, mais comme quelqu’un qui tuait dans les Caligulas. Ça faisait une différence, ça donnait à ses crimes une dimension politique. Il aimait ça. Il contribuait au bonheur de sa famille, et, parallèlement, il était sur les feux de la rampe. Lui, l’incompris, le rejeté. Il n’y avait pas plus grande fierté qu’il pouvait en tirer, et il espérait que ça continuerait. Il n’y avait bien sûr aucune raison que ça s’arrête.

Les Caligulas étaient un endroit qu’il n’aimait pas, mais c’était conforme à toutes les villes. Il préférait la bonne odeur de la campagne, la compagnie des animaux à celle des humains. Les humains grouillaient comme de sinistres cafards répugnants, et ils l’effrayaient. Il n’osait pas l’admettre, mais c’était la vérité. Il ne supportait pas qu’on le touche. Il était ainsi, avec ses petites manies. L’homme avançait lentement à travers les ruelles poussiéreuses, évitant les toxicos qui jonchaient le sol, les types qui buvaient comme des trous, les dealers à la sauvette. Il se dirigeait vers un immeuble délabré, qu’il connaissait bien, et ouvrit la porte d’entrée. Le hall d’entrée était rempli de boîte aux lettres explosées, de tags insipides, et d’une odeur de crasse dégueulasse.

Comment pouvait-on vivre dans une telle odeur ? Tous ces gens puaient. Rien que pour ça, il aurait aimé tous les tuer. Mais il ne devait pas se laisser aller. Enfonçant profondément les mains dans ses poches, il s’avança vers un escalier, l’ascenseur n’étant plus qu’une ruine rouillée, et le gravit, deux par deux. Dans l’escalier, un homme noir, avec une cagoule sur la tête, et des yeux exsangues, lui proposa un fix’. Il suffit d’un regard pour le faire taire. Il ne répondit pas, et se contenta de monter au troisième étage.

Quand il avait tué la journalise, il avait compris quelque chose d’important. Il avait compris pourquoi ça bloquait quand il essayait de le faire. En la découpant, en ouvrant son ventre, en voyant l’intérieur de son corps, en l’entendant gémir, la supplier, il avait ressenti le frisson. Une caresse le long de son corps, et, alors qu’il continuait, et qu’elle n’exprimait plus que de la douleur, il s’était lâché. Pas en elle, non. Ce n’est pas qu’il avait peur que la police le retrouve (pour lui, elles appartenaient à un autre monde, et elles ne pouvaient rien contre lui), mais il trouvait ça répugnant de le glisser dans une femme. C’était tout, et c’était aussi simple que ça. Il était un agriculteur, pas un animal. Pas comme elles, pas comme ces salopes qui se croyaient supérieures à lui. Il leur donnait une leçon.

Dans le fond, c’était peut-être un peu politique. Mais il n’y avait pas que ça. Ce sentiment de puissance, c’était comme une drogue. Il voulait encore le retrouver, encore le sentir. C’était plus fort que lui.

Il s’avança le long d’un couloir sinistre. Trois des quatre ampoules étaient mortes, et il s’avança vers une porte, et tapa lourdement contre cette dernière. Il entendit cinq ou six déclics, avant que toutes les serrures ne s’ouvrent, et la porte s’ouvrit. Il lut la peur habituelle dans les yeux de l’homme. Il tenait une arme dans sa main, mais la rangea bien vite.

« Tu en as ? » demanda-t-il simplement.

Il hocha la tête lentement. C’était un petit blondinet.

« Au Squeezie. Cinq filles... Des citadines, bien éduquées. Tu n’auras qu’à faire ton choix. »

Il était content. C’était tout ce dont il avait besoin.


*
*  *

Elles y étaient. La station de métro les avait déposé à quelques blocs d’ici, et elles avaient marché, Beth en tête. Carol croyait que sa fille allait passer sa soirée chez Luna, une autre amie que Carol ne considérait pas, fait exceptionnel, comme une « voyou ». Elles avançaient vers une espèce de tunnel poussiéreux, la fumée des égouts s’échappant par des canalisations. Depuis cet endroit, on pouvait voir, en hauteur, d’énormes et élégants gratte-ciel. Tekhos Metropolis dominait de toute sa hauteur ce tunnel d’accès. Elles auraient pu passer par les ponts menant aux Caligulas, mais elles tenaient à éviter d’attirer l’attention. Ce tunnel était plus discret, même si, pour le coup, il était carrément flippant.

« T’inquiètes, Jess’, je te protègerai... »

Les filles parlaient entre elles, amusées, impatientes. Jessica, de son côté, avait attrapé son portable, afin d’envoyer un message rassurant à Kelly.

« Tu te grouilles le cul, ou quoi ?!
 -  Ouais, ouais, deux secondes ! »

Elle appuya sur « Envoyer », puis remit son portable dans sa poche arrière, et entreprit de suivre ses amies. Le tunnel était assez sinistre, avec une vieille odeur d’égout qui remontait. Il y avait essentiellement des portes de maintenance, et quelques  clochards. Jessica vivait dans l’un des beaux quartiers de Tekhos Metropolis, et elle n’avait jamais rencontré de mendiants... Dieu, qu’ils étaient moches ! Et ils puaient ! Ils dormaient contre des cartons, comme des animaux ! Nerveuse, elle se blottissait contre le dos de Beth, en osant à peine regarder les clochards.

« Mais c’est sinistre, par ici ! s’épouvantait-elle.
 -  ’Te fie pas à l’apparence des choses, trésor... »

Facile à dire... Le groupe sortit toutefois du tunnel, pour arriver dans des rues étroites, n’ayant rien à voir avec les grandes rues de la ville.

« Mais tu nous emmènes où ?! s’agaçait Jessica.
 -  Déstresse, ma vieille, on dirait que t’as jamais fait le mur ! »

Si jamais Carol apprenait ça, Jessica prendrait cher... Elle préférait ne pas penser à cette éventualité. Tout se passerait bien ! Beth avançait d’un pas déterminé, et il y avait déjà moins de clochards. Par contre, les bâtiments étaient vraiment sinistres. Gris, métalliques, rapiécés, avec des câbles électriques noirâtres nus qui pendaient le long de gros tuyaux, ils donnaient vraiment le ton.

« C’est là... Prépare-toi à voir un endroit cool, Jess’... »

Le peu qu’elle avait vu n’avait pour l’heure rien de cool. Beth se dirigea vers une porte colorée, avec une inscription au-dessus. « SQUEEZIE ». Le « Squeezie » était l’un des bars les plus branchés des Caligulas, ce qui n’était pas peu dire, vu l’atmosphère générale qui se dégageait de l’endroit. Beth se dirigea vers le comptoir, et Jessica remarqua que le bar se découpait en plusieurs parties : un tripot, une salle de danse, et un autre endroit, plus réservé, qui était le club de strip-tease. Il y avait quantité d’hommes, qui les observaient silencieusement, ce qui ne rassurait pas énormément Jessica. Les filles s’assirent à une table, commandant un peu d’alcool, avant qu’un ami de Beth ne les rejoigne : Marco.

« Bonsoir, les filles !
 -  Yo, Marco ! » s’exclama Beth.

Jessica apprit que Beth avait entendu parler du « Squeezie » par le biais de Marco. Il se présentait comme une espèce de coursier, faisant des livraisons à l’extérieur des Caligulas. Il était originaire du ghetto, et n’avait jamais oublié ses racines. En réalité, il ne pouvait pas vivre « dehors », dans la ville.

« Les flics passent leur temps à me contrôler, c’est atroce ! Sans aucune raison légitime !
 -  Tu es un mâle, c’est normal, avait rétorqué Jessica. Vous êtes bien plus dangereux que nous autres, les femmes... »

Jessica regardait Marco, qui l’observa silencieusement.

« Et d’où sors-tu une aussi brillante conclusion ?
 -  Il suffit de voir l’état du monde. Partout où le mâle est le sexe dominant, il y a la guerre. Ashnard, Nexus, et l’Histoire ne manque pas... C’est une question de gènes, ça a été prouvé.
 -  Prouvé ? Prouvé mon cul, ouais ! Toutes ces conneries sur le gène criminel, sur la propension du sexe masculin à la violence, c’est de la connerie de comptoir ! »

Jessica découvrit rapidement que Marco était quelqu’un d’enflammé, de passionné, et aussi intelligent. Dans ses pauses, il passait beaucoup de temps à lire, prenant des livres à l’une des bibliothèques municipales de Tekhos, la bibliothèque des Caligulas étant particulièrement dangereuse. Jessica et Marco passèrent une bonne partie de la soirée à se disputer, ce qui était une manière de se prouver qu’ils s’attiraient. Le groupe se rendit ensuite dans le club de danse, où Beth trouva un ami de Marco : Stan, un beau blondinet séducteur.

« Alors, Princesse ? Toujours convaincu par notre bestialité ? »

Elle fit la moue, sans répondre. Ils étaient assis à une table, revenus dans le bar, près de la porte ouverte menant au club de danse. La piste était enfumée, et on pouvait entendre les accents de la musique électronique qui en sortait. Jessica aimait bien danser. En réalité, elle aimait bien tout ce qui, physiquement parlant, lui permettait de se dépenser, ayant toujours été une femme très active. Cependant, elle devait bien admettre qu’il y avait, dans la danse, une sorte d’enchantement qu’elle ne trouvait pas forcément en faisant du sport.

Les deux buvaient du Jet, une sorte de boisson gazeuse noirâtre légèrement alcoolisé. Jessica s’humecta les lèvres, secouant la tête en faisant remuer ses longs cheveux noirs.

« ’Te fous pas de moi... J’suis pas une Princesse...
 -  Ça m’empêche pas de le dire. »

En réalité, Jessica trouvait que les mâles étaient assez différents de ce que ses mères, ou ses profs, lui en avaient dit. À les entendre, les Caligulas n’était qu’un baisodrome malsain, où une fille avait toutes les chances du monde de se faire violer. Mais Marco n’avait pas essayé de la coincer contre un mur, et se montrait particulièrement incisif, en lui expliquant que le fort taux de criminalité aux Caligulas trouvait plutôt ses explications dans la société, que par rapport à de vaseuses théories pseudo-scientifiques sur la propension des hommes à la violence. Elle devait bien admettre que ce n’était pas idiot, d’autant plus qu’elle s’était elle-même déjà faite ce genre de réflexions.

« Il commence à se faire tard... Je devrais te ramener à la sortie du quartier, avant que les transports en commun ne s’arrêtent. »

Jessica n’avait cependant pas envie de partir. Elle pouvait rester ici toute la nuit, ses mères croiraient juste qu’elle s’était endormie chez son amie. Elle secoua la tête, disant qu’elle préférait encore rester ici un peu. Marco haussa les épaules, nullement dérangé à cette idée. Elle se releva, et alla voir Beth, qui discutait avec d’autres membres de leur groupe. Quand elle s’approcha, elles s’esclaffaient.

« Dis-moi, Jess’, on se demandait... Tu trouves pas que Stan a un beau cul ? »

Prise en traître, l’intéressée rougit, légèrement gênée, et tourna la tête vers Stan. Il était penché sur le comptoir, avec un pantalon en cuir qui moulait son postérieur. Elle répondit par un « Euh... » éloquent, mais il en fallait plus, comme toujours, pour arrêter Beth.

« Lindsay se disait toutefois que Marco avait un très beau cul aussi...
 -  Et il a l’air de beaucoup t’apprécier ! » renchérit Lindsay.

Jessica n’en fut que plus gênée encore, et secoua la tête.

« Allons, on n’est pas venues ici pour...
 -  Tu t’es déjà tapée un mec, Jess’ ? » la coupa Beth, en la regardant sérieusement.

Un nouveau silence, qui amena Beth à hocher la tête.

« C’est largement différent de coucher avec une nana, même une qui s’est fait implanter des couilles. T’as qu’à essayer avec Marco, tiens...
 -  Beth ! »

Les filles gloussèrent, mais Jessica ne trouvait pas ça drôle. Beth se releva alors, et posa ses mains sur les épaules de sa copine.

« J’déconne pas, Jess’. Je suis même foutrement sérieuse ! »

En un sens, c’était encore pire. Jessica rougit encore, se mordillant les lèvres. Elle avait maintenant la conviction que Beth n’était plus vierge, mais... Elle ne se sentait pas prête à franchir le pas.

« Jess’ ?
 -  C’est... Écoute, j’ai pas envie de...
 -  Y’a que les nonnes du couvent qu’ont pas envie, ma grande... Et encore, mon expérience m’amène à émettre des réserves sur ce point. »

Son expérience ? Qu’est-ce que c’était censé vouloir dire, exactement ? Jessica avait un peu peur de savoir ce que Beth voulait dire par là. Elle se sentait affreusement gênée, avec l’impression que tout le monde l’observait. Le sexe n’aurait pourtant pas du la choquer autant que ça, car elle plaisantait volontiers avec ses copines... Mais, là, Beth ne déconnait pas. Et, pire, elle voulait qu’elle le fasse avec un mâle ! Pour Jessica, c’était presque une forme de zoophilie, comme si on lui demandait de coucher avec un singe. Certes, Marco était un garçon adorable, mais, de là à... Et, comme cette pensée venait lui traverser l’esprit, elle vit que le regard de Beth avait légèrement changé. À se demander si elle n’était pas télépathe, tiens ! Jessica secoua la tête, et se retourna, cherchant n’importe quelle excuse.

« Je... C’est un mâle, Beth ! Comment peux-tu ?
 -  Putain, Jess’ ! Sorte-toi ces conneries que tu regardes à la télé, merde ! Les mâles sont pas des animaux sauvages ! Est-ce qu’il y en a un qui a essayé de te mettre la main au collier ? »

Elle devait bien admettre que ce n’était pas le cas, mais ce n’était pas pour autant qu’elle se sentait toujours pleinement rassurée. En réalité, tout ça l’effrayait un peu, mais elle ne voulait pas admettre qu’un mâle lui faisait peur.

« Je... Et puis, de toute manière, je ne pense pas que je l’intéresse... »

Beth pencha la tête sur le côté, sceptique à en crever. Elle connaissait ce regard. Ce foutu regard qui semblait dire qu’elle savait qu’on se foutait de sa gueule. Beth avait toujours été d’une honnêteté à toute épreuve, ce qui expliquait pourquoi elle avait du mal à avancer à l’école.

« Tu te fous de moi ? Il a passé toute la soirée à reluquer ton cul ! »

Elle se mit instantanément à rougir, secouant la tête de droite à gauche.

« Et je le comprends, t’as un de ces culs... »

Leur conversation s’interrompit par le retour de Marco. Il proposa à nouveau à Jessica de danser, et la seconde partie de la soirée fut légèrement plus différente de la première. Jessica s’attachait à observer chaque détail du corps de l’homme, de son anatomie. Il se rasait proprement le visage, et n’avait donc pas de ces affreuses barbes collantes qui piquaient, comme le disait si bien Carol. Mais est-ce qu’il matait vraiment ses fesses ? Elle n’arrivait pas à lire son regard. C’était vrai qu’elle avait un si joli cul ? Elle se souvenait encore quand Polly, une amie, lui avait claqué les fesses une fois, en lui faisant un clin d’œil des plus lubriques.

« Il se fait tard...
 -  Hum ? J’ai pas entendu, excuse ! »

Marco se fendit d’un sourire, un beau sourire charmeur révélant ses belles dents blanches, et il reprit. Ils étaient assis au bar, et elle buvait encore du Jet. Beth était partie avec Stan en hauteur, et cette soirée semblait magique... Interminable. Jessica s’était souvent éclatée avec Beth, mais jamais à ce point. Il n’y avait aucune patrouille qui venait, et le bar semblait ne jamais devoir fermer. Les Caligulas ne ressemblaient vraiment pas à un ghetto sinistre !

« Tu veux que je te raccompagne à la sortie du quartier ? »

Elle réfléchit brièvement, et secoua la tête.

« J’veux rester ici encore un peu ! »

Il sourit, en haussant les épaules.

« C’est toi qui voit ! rétorqua-t-il. Mais le dernier métro s’arrêtera dans une heure !
 -  Alors, je serais prisonnière ici...
 -  Seule et sans défense... Tu penses survivre ?
 -  Sans défense ? Mais j’ai mon chevalier servant ! »

Et elle avait décidé de rester ici. Le bar ne désemplissait pas, mais, avec la soirée qui se poursuivait, une clientèle différente entrait dans le bar. Des individus assez louches, peu recommandables. Marco lui proposa de monter à l’étage, et ils se retrouvèrent dans une chambre. Jessica était légèrement ivre, mais pas assez pour ne pas voir ce que l’homme voulait faire... Et ce qu’elle désirait faire.

Ce fut la deuxième partie de la soirée. La bonne soirée se transforma en une espèce de rêve. Beth était dans la chambre juste à côté, et Jessica savait très bien ce qu’elle faisait avec Stan... La même chose qu’elle allait faire avec Marco. Ce fut elle qui referma la porte, et lui qui l’embrassa. Le premier baiser... Pas le premier de sa vie, mais le premier qui n’était pas une fin en soi, mais le commencement de quelque chose. Elle s’attendait à tout et à n’importe quoi. Souffrir, éclater de rire, pleurer comme une hystérique, le voir partir, avoir des problèmes techniques, qu’il la trouve décevante, qu’elle soit frigide... Mais la nature était bien faite, et il n’y eut rien de tout ça.

Jessica perdit sa virginité avec bonheur. Elle dormit contre le torse de Marco, et se réveilla aux premières lueurs de l’aube, avec une furieuse envie d’uriner. Elle enfila rapidement un débardeur, et une culotte. C’était une petite chambre, et les toilettes étaient au palier. Elle sortit prudemment, heureuse, un peu perdue, mais malgré tout heureuse. Et, quand elle sortit, elle vit un homme s’avancer dans le couloir, filant vers l’escalier. Il portait des gants en cuir, un long manteau, un chapeau, et une sorte de boîte métallique renfermant des outils. Il dut entendre le bruit de la porte qui claquait, car, en s’approchant de l’escalier, il s’arrêta, se retourna, et la regarda.

Ses yeux... Comment les définir, comment les décrire ? Ils semblaient... C’était comme si on avait donné à un humain les yeux d’un mort. Ils n’exprimaient rien. Des yeux froids, sinistres, dénués d’âme, dénués de passion. Il la regardait comme il aurait pu regarder un vieux pneu crevé abandonné sur le coin de la route.

Puis il descendit. Légèrement surprise, Jessica resta sur le couloir, sentant comme un frisson la parcourir, avant de remarquer que la porte de la chambre de Beth était entrouverte, et qu’une odeur assez exécrable s’en échappait.

« Beth ? »

Jessica se rapprocha de la porte, qui s’ouvrit d’une pulsion...

La première chose qu’elle nota fut ce rouge. Ce rouge écarlate et vif, qui décorait les murs, le plafond, le sol, inondait totalement le lit. Elle crut à une sorte de peinture trash un peu gothique, mais, ensuite, elle remarqua une espèce de poupée ouverte en deux au milieu du lit. De solides sangles immobilisaient ses bras et ses jambes, et on avait attaché avec des espèces de clous ses lambeaux de peaux contre le lit. Elle vit ensuite, sur le sol, une série de trucs ensanglantés, avec des espèces de machins enroulés autour... Jessica ignore encore à ce jour si elle a crié avant de tourner de l’œil.
« Modifié: dimanche 07 décembre 2014, 02:34:53 par Spider-Woman »
DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Spider-Woman

E.S.P.er

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 1 dimanche 14 juillet 2013, 01:05:56

#005 : "WHAT HAVE CROSSED YOUR MIND ?"


C’était une question de doigté avant tout. Il le savait, et il se connaissait. Il savait que, dans ce genre de situations, il n’arrivait pas à contrôler. Ses mains tremblaient nerveusement, comme celles d’un artiste. Il se voyait un peu comme une espèce de pianiste. Un pianiste qui tremblerait des mains serait un très mauvais pianiste, et lui était un virtuose. Avant chaque récital, il prenait donc une seringue. Elle contenait un produit spécial, qui avait pour effet de ralentir le rythme cardiaque, et ainsi stopper les tremblements. Être concentré, c’était important. Fondamental, même. Il ne pouvait pas se permettre de rater son tracé, ce serait... Ce serait comme une trahison envers ses propres croyances !

Elles ne voyaient en lui qu’un vulgaire déséquilibré. Il savait bien comment elles l’appelaient. Le « Chirurgien ». Ce nom était grotesque, ne voulait rien dire. Ce qu’il faisait, ce n’était pas de la chirurgie, non. Elles ne comprenaient pas, elles ne voulaient pas comprendre. Et eux n’étaient pas différents. Ils voyaient en lui un animal politique, ils voyaient en lui un martyr, une sorte de guide spirituel, d’être qui, par ses actions, apportait un message d’espoir. Ce n’était pas faux, car il véhiculait bien un message. Mais ce n’était pas celui-là.

Elle gémissait, se débattait. C’était inutile, les sangles l’immobilisaient. Mais il aimait la voir ainsi, il aimait quand elles se tortillaient, quand elles gémissaient, quand elles pleuraient. C’était comme une confession, un requiem où elles avouaient leur faute. Comprenaient-elles qu’il leur offrait une chance de rédemption ? Qu’il les transcendait ? Non, non, il n’était pas le « Chirurgien », il était un artiste. Et quel est le rôle de l’art ? Cette question, qui l’avait longuement taraudé, trouvait ici sa réponse. Ce n’était pas de montrer la beauté, mais d’offrir un autre regard, une perspective différente des choses, afin de faire réfléchir, afin de stimuler le sujet. Et lui offrait une perspective.

Elles se croient belles. Elles se croient magnifiques quand elles tortillent des fesses, quand elles vous regardent avec leurs longues jambes, qu’elles glissent leurs mains dans leurs longs cheveux, quand le soleil glisse sur leur peau comme mille diamants. Mais cette beauté n’était qu’un artifice, qu’une silhouette, une illusion et un mensonge. Ses mains gantées s’enfonçaient dans sa chair, et il sectionnait, proprement, avec son scalpel, indifférent aux jets écarlates qui venaient maculer sa combinaison. Tant que ses lunettes de protection n’étaient pas atteintes, l’essentiel était sauf. Il trancha, un petit coup sec, et l’entendit gémir. Elle était endurante. Tant mieux. Il attrapa cet organe gluant, dégoulinant de sang, et le souleva, le caressant du bout des doigts, puis la regarda.

Ensuite, il y retourna, et il continua.


*
*  *

« Voilà, Jessie… Du chocolat chaud. Attention, c’est brûlant.
-    Merci… »

Elle attrapa timidement le gobelet en plastique. Il était chaud, en effet, mais, à ce stade, elle s’en moquait bien. Tête baissée, assise sur un siège, elle le but machinalement, fonctionnant au ralenti, comme un robot. Même quand la police lui avait dit que ses mères arriveraient, elle n’avait pas senti un sursaut. Beth… Elle se forçait à ouvrir les yeux, à penser, car, à chaque fois qu’elle laissait son esprit vagabonder, elle revoyait le cadavre démantibulé de son amie. Ce ne pouvait pas être Beth ! C’est parfois ce qu’elle se disait, mais sans grande conviction. Au fond d’elle-même, elle le savait : Beth était morte. Morte ! Comment était-ce possible ? Comment sa meilleure amie avait-elle pu mourir juste à côté d’elle ?!

« Tes parents arriveront dans une demi-heure… lâcha la flic.
-    Okay… » répliqua-t-elle.

Elle n’était plus dans le night club, mais dans l’un des postes de police des Caligulas. Un endroit assez sinistre, avec d’épais barreaux aux fenêtres, des grilles, et des gens qui couraient dans tous les sens. Une vive agitation régnait, et Jessica sentit des larmes revenir. Elle renifla fortement en secouant la tête, étreignant son gobelet. La femme devant elle s’était présentée comme l’inspectrice Dufy. Elle était face à elle, dans un long trench coat.

« Tu veux bien me dire ce que tu as vu ? »

Ça, elle ne le pouvait pas… Rien que d’y repenser… Ce sang, tout ce sang… Elle se rappelait d’une scène semblant sortie des profondeurs infernales, avec d’énormes tâches de sang maculant tout autour d’elle. Elle secoua la tête, et crut entendre l’inspectrice soupirer.

« Ça fait rien, Jessie… »

Elle allait se retirer, quand Jessica releva la tête.

« Je l’ai vu… »

L’inspectrice s’arrêta net, et se retourna. Elle ne dit rien, car elle savait de qui Jessica parlait. De qui d’autre ?

« Il est… Trapu… Et il portait une grosse boîte à outils, avec un long manteau dissimulant un… Une espèce d’uniforme de protection chantier. »

La femme ne notait rien, et Jessica se concentrait, revoyant la silhouette, la silhouette qui la dévisageait avant de descendre l’escalier. Elle se fiait à son expérience des séries policières, espérant presque, naïvement, que sa description rappellerait quelque chose à Dufy, et que, d’un bond, elle trouverait le nom.

« Il a une taille classique, et… Ses yeux, ils… Ils sont froids, totalement… Totalement inexpressifs, et, et… »

Elle n’acheva pas, poussant un nouveau sanglot, et secoua la tête. Dufy se rapprocha, et posa sa main sur son épaule.

« Hey, t’en fais pas, Jessie, tout va bien, okay ? Je retrouverais ce salopard… »

Elle hocha la tête, en sentant à nouveau les larmes venir, et ferma les yeux. Au bout d’un moment, Dufy retira sa main, et la laissa seule, seule avec ses larmes, et avec son chagrin.

*
*  *

« Les Cali’... Mais qu’est-ce que tu foutais aux Caligulas, Jess’ ?! »

Sur le banc, elle ne disait rien, tête baissée, observant parfois le décor par la fenêtre. Le soleil se levait tranquillement, éclairant toute la ville. La voiture de Carol venait de quitter les Caligulas par l’un des ponts y conduisant. Les Cali’, c’était comme une sorte d’île au milieu de Tekhos Metropolis, rejointe par des tunnels de service, comme celui que Jessica et Beth avaient emprunté, ou par des ponts surplombant des rivières. Un soleil matinal qui éclairait les tours de verre. Carol était en fureur. Quand elle avait appris que sa fille se trouvait dans les Caligulas, elle avait foncé sur place.

« Carol... essaya d’intercéder Kelly.
 -  Non, Kelly ! Tu prends toujours sa défense, mais, là, c’est trop ! Putain, les Cali’, quoi ! C’est un trou à rats rempli de violeurs, de toxicos, et de tarés ! Tu as trahi ma confiance, Jess’ ! Mais à quoi est-ce que tu pensais ?! »

Elle ne disait rien, essayant de retenir ses larmes. Des trois, Carol avait toujours été la plus autoritaire, celle qui travaillait, celle qui faisait tourner le ménage en apportant de l’argent. Jessica le savait, à force. Devant Carol, Kelly s’écrasait toujours. Elle n’aimait pas Carol. En ce moment, elle aurait même été jusqu’à dire qu’elle la haïssait. Si seulement elle avait eu au moins le quart du courage de Beth, elle aurait pu lui dire d’aller se faire foutre... Mais la simple évocation de Beth suffisait à lui donner encore envie de pleurer.

Marco avait naturellement filé, mais elle ne lui en voulait pas. Elle savait qu’il reviendrait auprès d’elle. S’il avait été là, les flics l’auraient embarqué. C’était elle-même qui avait insisté pour qu’il parte. Elle voulait aussi rester seule avec le cadavre de Beth, et ne voulait pas qu’on la voit s’effondrer devant son corps massacré.

« Ça aurait pu être toi, Jess’ ! Je savais que Beth ne t’apporterait que des ennuis, et...
 -  Elle est morte ! »

Carol se mordilla les lèvres, et tourna la tête vers elle.

« C’était une délinquante ! Elle prenait de la drogue ! Et on dit même qu’elle forniquait avec des hommes ! Comment est-ce que tu as pu te laisser embrigader par cette fille ?! »

Jessica sentit la colère lui monter au nez. Elle fronça les sourcils en regardant Carol, retenant ses larmes.

« Carol, arrête... lâcha Kelly en la tenant par l’épaule. Je t’en prie... »

Carol soupira, regarda Kelly, puis Jessica. Ce n’était pas dans son genre d’arrêter, ça, Jessica la connaissait suffisamment pour ça. Carol se mordilla les lèvres, et repoussa Kelly, en poursuivant, brandissant un doigt vers sa fille :

« Notre fille a été retrouvée aux Caligulas ! Elle nous a menti ! Et, pire que tout, elle y était avec Beth. Je t’avais dit de cesser de la fréquenter, je t’avais dit que cette petite peste n’apporterait que des ennuis, et je...
 -  Elle est MORTE, Maman ! J’ai vu son corps, je l’ai vu massacrée. Elle est morte, morte, morte, MORTE ! » explosa-t-elle.

Elle se mit à pleurer encore, et s’enfonça contre le siège arrière. Carol déglutit, puis se concentra sur sa conduite. Jessica, elle, observa le paysage.

Et, alors que la voiture roulait, elle crut voir quelqu’un sur un toit, une sorte de silhouette sombre. Le soleil l’empêchait de la voir, de discerner les formes précises de cet individu, et elle reçut comme un appel dans sa tête, une sorte de message silencieux qui voyagea au milieu de ses pensées.

*L’Heure approche...*




#006 : "DO YOU ONLY KNOW WHO YOU TRULY ARE ?"


L’enterrement avait été triste. Une semaine s’était écoulée depuis que l’oraison funèbre avait été prononcée, et Jessica y repensait toujours. Beth avait été sa meilleure amie, une confidente, quelqu’un qui l’avait aidé en n’importe quelle circonstance. Elle l’avait soutenu pendant des années. C’était un peu comme la sœur qu’elle n’avait jamais eu. Tandis que la prêtresse récitait l’oraison, Jessica s’était dit que, si Beth avait été là, elle aurait certainement trouvé ça chiant à mourir. Il est vrai que Beth avait toujours été indisciplinée, c’est ce qui faisait son charme.

Kelly et Carol étaient venues, sur insistance de Kelly. Initialement, la seule idée d’aller à l’enterrement de Beth, une moins-que-rien qu’elle ne pouvait pas supporter, et qui avait exercé une mauvaise influence, faisait horreur à Carol, mais Kelly, tout en étant soumise, savait aussi comment raisonner Carol. Il était important pour Jessica que ses mères la soutiennent, et ne cherchent pas à la juger pour les erreurs qu’elle avait pu faire. Jessica voulait bien le croire, et, même si elle ne l’avait pas dit, sentir ses mères à côté d’elle l’avait aidé, lui avait fait plaisir. Même si ça ne ressusciterait jamais Beth, c’était toujours ça de fait.

L’ambiance était tendue à la maison. Carol pardonnait difficilement à Jessica d’avoir erré dans les Caligulas, et, fort heureusement, ses mères ignoraient qu’elle y avait perdu sa virginité. Elle conversait beaucoup avec Marco, et elle devait d’ailleurs aller le voir. Pas dans les Cali’, non, mais dans la ville. Marco vivait certes aux Caligulas, mais il travaillait hors du ghetto. Elle n’avait pas honte de s’afficher avec lui. Beth aurait levé des doigts à l’encontre de toutes les femmes qui les observaient. Jessica n’en avait pas le courage, mais elle n’hésitait pas à l’embrasser. Marco la comprenait, car il connaissait bien Beth, et, pour être honnête, il était son seul rayon de soleil en ce moment. Ça faisait affreusement cliché, mais elle avait le sentiment qu’il était le seul capable de la comprendre. Ses parents étaient deux sales connes bornées qui ne comprenaient rien.

Jessica continuait à avancer le long des rues, quand elle entendit du bruit dans son dos. Elle s’arrêta sur place et se retourna, ses longs cheveux noirs flottant le long de sa tête. Il n’y avait personne. C’était une rue silencieuse, avec un trottoir blanc, des immeubles petits. Elle observa les toits en fronçant les sourcils, sans voir qui que ce soit.

*Ça y est, je deviens dingue...*

La femme se retourna, et recommença à marcher... Quand elle entendit à nouveau du bruit. Elle se retourna encore, plus rapidement, et vit devant elle un homme. Elle poussa un petit cri de surprise. Il portait un vulgaire pagne, et ressemblait à une espèce de sauvage... Si ce n’est qu’il avait sur le corps de longues lignes blanches le traversant, ressemblant à s’y méprendre à des traits magiques et à des peintures rupestres :


« Qui... Qui êtes-vous ?! »

L’homme avait la tête baissée vers le sol, et la releva lentement, en observant la femme.

« Celui qui doit te guider, Jessica Drew, répondit-il. Celui qui doit t’indiquer qui tu es. »

Jessica fronça les sourcils. Elle se disait qu’elle était tombée sur un dingue, mais son intuition lui soufflait que cet homme était tout, sauf un cinglé. Il l’intimidait, sans qu’elle ne puisse se l’expliquer. L’homme l’observait.

« Je... Euh... Vous allez bien, Monsieur ? »

Il ne répondit rien, et ouvrit la main. Dans le creux de cette dernière, Jessica vit une araignée apparaître. Une monstrueuse araignée noire. Elle sentit l’air la manquer, et écarquilla les yeux, en voyant la bestiole.

« Elle t’effraie, n’est-ce pas ? Je le sens... L’arachnophobie est une phobie particulièrement répandue, mais, chez toi, elle a toujours été excessive... Oh, elle l’est chez bien des personnes, mais, chez toi, la vue prolongée d’une araignée peut aller jusqu’à te plonger dans un état de catatonie... Tes mères l’ont bien comprise, et ont conçu un environnement aseptisé, afin de s’assurer que tu ne croises jamais plus une seule araignée... »

Elle n’osait pas parler, ni même bouger, toute son attention fixée sur l’araignée. Elle était énorme, noire, menaçante, avec ses pattes qui remuaient... Et l’homme, lui, continuait à s’avancer, sans crainte. Curieusement, elle entendait sa voix, alors que, normalement, elle ne percevait absolument rien.

« Je sais que tu veux retrouver celui qui a tué ton amie... Et l’Heure approche, jeune femme. L’heure de la Convergence... Il est temps pour toi de découvrir ton héritage, Jessica Drew... Tu n’as pas peur des araignées. Pas vraiment. Tu es issue d’elles. »

Sa main se rapprochait, et elle avait envie de partir. De fuir, de courir... Mais rien ne venait. Comme si ses jambes étaient figées, bloquées. La main se rapprochait d’elle, et l’araignée se posa sur sa tête...

C’en fut trop pour Jessica...

*
*  *

« Qu’est-ce qui peut justifier la peur exacerbée que chacun ressent pour une araignée ? Elle est commune à chaque être, et sous bien des degrés divers. Elle est instinctive, primaire, fondamental. Certains la surmontent, d’autres ne peuvent la dépasser, et, à chaque fois qu’ils la voient, chaque fois qu’ils voient cette créature, ils ressentent en eux une peur ancestrale, lointaine, inexplicable. Comment l’expliquerais-tu, Jessica ? »

Elle ne se l’expliquait pas. Elle ne la comprenait pas. Elle était attachée, ficelée sur une toile, dans un abîme noirâtre, et ne voyait rien. Impossible de tourner la tête. D’où venait ces bruits ? Ces sons ?

« L’arachnophobie est une phobie féminine avant tout. Ce n’est pas un hasard, le sexe féminin est l’hôte parfait de l’araignée, qui est le sexe dominant de cette espèce. Bien sûr, cette règle n’est pas sans exception, mais le Totem a toujours choisi des femmes. »

De quoi parlait-il ? Elle ne comprenait rien. Elle avait envie de parler, mais aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche. C’était comme si sa gorge était asséchée. Devant elle, elle crut alors discerner de nombreux yeux rouges, comme s’il y avait une série de miroirs éclatés devant elle. Dans l’obscurité, son cerveau s’emballa, se mettant à imaginer un immense corps velu autour de cette tête d’yeux, avec de longues pattes noirâtres qui se découpaient dans l’obscurité. Elle sentit ses frissons revenir, et essaya de se débattre, de s’agiter.

« Tu n’es pas la première que le Totem choisit, Jessica. Tu as été choisie avant même ta naissance, et, depuis lors, je n’ai eu de cesse de te rechercher. Je suis ton Guide, Jessica, celui qui est censé t’aider à accomplir ta destinée. À éliminer Géhenne, et à empêcher la Convergence. »

*
*  *

Dufy finissait sa cigarette en approchant de sa voiture, dans le parking souterrain du commissariat. Elle ne l’aurait jamais dit explicitement, mais elle le pensait fermement : c’était la merde. Le Chirurgien continuait à jouer avec elles, et les Caligulas refusaient de parler. Sa dernière victime était une adolescente, elle avait l’intime conviction qu’il ne s’arrêterait pas là. L’enfoiré prenait de l’assurance, et il y avait même eu un témoin. Une adolescente complètement effrayée, dont le témoignage était totalement inutile, si ce n’est de confirmer que le Chirurgien était bel et bien un homme. Dufy était sûre qu’il se dissimulait dans les Cali’. Elle ne voyait aucune autre explication. Il fallait interroger les caïds, ceux qui tenaient la rue, afin d’en savoir plus sr le Chirurgien, sur le véhicule qu’il utilisait. Elle n’aimait pas ça. Ces meurtres devenaient bien trop politiques à son goût. Il y avait des manifestations, et les journalistes se faisaient plaisir, à cibler l’incapacité de la police, tandis que des « sources internes » expliquaient aux journalistes qu’ils ne pouvaient rien faire, à cause des petites frappes des Caligulas, qui empêchaient la police de s’approcher.

Le peuple commençait à s’intéresser au Chirurgien, et à exiger des réponses, faisant des amalgames. Des pétitions circulaient pour que le gouvernement fasse le ménage dans le ghetto, mette fin au trafic, et abatte le Chirurgien dans le trou minable où ce vicieux se planquait. Dufy n’avançait pas. Elle avait été la première flic à enquêter sur le Chirurgien, et travaillait maintenant avec une vingtaine de collègues, sous la supervision de forces supérieures, des agents spéciaux. On épluchait tous les éléments qu’on avait à disposition, on contactait tous les spécialistes, les psychologues, les entreprises liées au refroidissement, on consultait sans arrêt les rapports des enquêtes de flagrance, on cherchait des liens dans cette toile obscure qui entourait le Chirurgien.

Dufy était convaincue qu’on ne trouverait rien. La réponse était entre les murs des Caligulas, et il faudrait aller la chercher. Elle se dirigeait vers sa voiture, afin de passer une soirée tranquille chez elle, en regardant des conneries sur les écrans, et en essayant d’oublier, au moins pour quelques heures, le Chirurgien. Elle se rapprochait de la portière quand elle s’arrêta sur place. Dufy se retourna subitement, en brandissant son arme de service, et vit un homme se rapprocher, l’air décontracté.

« Il paraît que vous me cherchiez, Inspectrice. »

Elle maintint le doigt sur la détente, en voyant les lumières éclairer le corps de l’homme. Un beau mec, avec des cheveux dressés en l’air.

« J’avais quelques questions à vous poser.
 -  J’ai du mal à bavarder quand j’ai un flingue pointé sur ma tempe, Inspectrice. »

Elle n’hésita guère longtemps, et rengaina son arme.

« Vous comptiez faire un tour ? »

Dufy rabaissa son arme. Elle pouvait le coffrer, car il était recherché par les autorités. Mais, d’un autre côté, elle était convaincue qu’il était l’informateur dont elle avait besoin pour avancer dans cette histoire, pour joindre les deux bouts, et retrouver le Chirurgien. Elle hocha donc la tête, et laissa l’homme rentrer à côté d’elle. Elle espérait le voir depuis des mois, et voilà qu’il se présentait à lui, comme un cadeau de Noël avant l’heure.

Ballas.


*
*  *

« Nous appartenons à une caste ancestrale, Jessica, une caste qui existait avant même que les civilisations n’émergent, avant que l’homme n’ait vraiment conscience qu’il était un animal distinct des autres animaux, avant que les villes n’existent, avant que la magie ne soit rationalisée, concentrée, et structurée. »

Sa voix était enchanteresse, et, tandis qu’il parlait, Jessica vit devant elle des images se former, montrant un passé lointain, un passé où il n’existait pas de saisons, où tout n’était que montagnes en construction, où la magie irradiait et pulsait partout.


Et, tandis que les images défilaient, il continuait à parler :

« Connais-tu la légende de Maerlyn et de l’Arc-En-Ciel, Jessica Drew ? Non, assurément. Pourtant, nous y sommes liés, toi et moi. Vois le chaos des premiers jours, vois le commencement du monde. »

Elle voyait le déchaînement des éléments, la terre s’ouvrir en deux pour révéler des flux gigantesques de magma incandescent. Les flammes brûlaient furieusement, formant des rivières éternelles et envoûtantes. Et le ciel… Le ciel semblait comme strié d’une infinité d’aurores boréales, de lueurs vives et éblouissantes, merveilleuses et magiques. Mais cette beauté était inquiétante. Les monts sinistres, couverts de cendres, étaient balayés par le vent, et les hommes, lentement, marchaient, priant le Ciel, priant pour leur survie.

« La magie est une force à part entière, une force chaotique. Non contrôlée, elle a ravagé des mondes, et rendu toute forme de civilisation impossible. Terra baigne dans la magie, et les civilisations ont pu émerger depuis l’arrivée de Maerlyn. Nous en sommes les descendants, les Gardiens de son savoir. »

Les images continuaient à danser devant elle, et une autre se forma, montrant un être ressemblant à un homme, entouré par une série de sphères en cristal lumineuses qui tournoyaient autour de lui, comme une espèce de système solaire :


Fascinée, Jessica observait les boules tournoyer, et l’homme continuait ses explications.

« Maerlyn était un mage exceptionnel. Il savait qu’il fallait canaliser la magie, la concentrer, la rationaliser, pour qu’elle ne détruise pas tout. La magie est chaos, Jessica, elle engendre l’instabilité, et génère le chaos. Maerlyn et ses disciples a concentré les éléments magiques dans douze sphères, douze sphères qui, mises ensemble, forment un arc-en-ciel. C’est l’Arc-En-Ciel, douze sphères qui, si jamais elles sont toutes brisées, libèreront la magie, et réveilleront le chaos originel, qui détruira l’Harmonie, et brisera l’Équilibre. »

Jessica l’écoutait. Curieusement, son délire lui rappelait un passé lointain… Un passé dont elle ne se souvenait pas, mais qu’elle n’avait jamais oublié. Jamais. Et ce passé revenait, au fur et à mesure que l’homme parlait.

« Et la treizième, me diras-tu ? La treizième est celle qui a perverti Maerlyn. Il est dit, en effet, que, après avoir façonné de ses mains les Douze Sphères, Maerlyn n’avait plus que de l’ombre entre ses mains, une ombre maléfique, malfaisante. Il l’enferma dans une treizième sphère, et la mit au centre des Sphères. La Sphère Noire, la Treizième, « Black 13 », est la plus grosse, la plus puissante, celle dont nous avions personnellement la garde. »

L’image varia à nouveau, et Jessica, toujours immobilisée, vit alors l’Arc-En-Ciel du Magicien se former sous ses yeux, ressemblant à une palette de couleurs, où treize points lumineux étaient positionnés :


« La Convergence, c’est ça, Jessica. L’union et la destruction des Treize Sphères. Ces Sphères sont le fléau nécessaire de l’humanité. Elles ne sont que vice et perfidie, surtout la Treizième. Quiconque reste en leur contact perd progressivement l’équilibre mental, car tout être, aussi insignifiant soit-il, est sensible à la magie. La protection des Sphères passe par la protection contre les Sphères. Maerlyn n’a jamais pu se séparer de ses Sphères. Elles l’ont contaminé, elles l’ont détruit, corrompu. Le pouvoir infini que chaque Sphère renferme rendrait fou n’importe qui en ce monde. C’est ce qui nous est arrivé. »

*
*  *

« Est-ce que tu le sens, Dufy ? »

Elle ne répondit pas sur le coup. Elle roulait le long d’une des longues autoroutes urbaines de Tekhos Metropolis, comprenant huit voies.

« Sentir quoi ? rétorqua-t-elle. Ton haleine moribonde ? »

Ballas se permit de sourire. Dufy avait du répondant, et le fait de discuter avec un mâle, un criminel notoire de surcroît, ne l’incitait pas à être respectueuse. Elle aurait théoriquement du le boucler, mais elle savait que ce ne serait pas aussi simple. Elle n’était pas assez naïve pour croire que Ballas, si tant est que ce soit son vrai nom, était venu sans couverture, sans gardes pour assurer ses arrières. Dans le rétroviseur, Dufy percevait ainsi, de temps en temps, une voiture qui les suivait.

Or, elle savait très bien qu’elle n’était pas encore complètement paranoïaque.

« Il y a comme une odeur de poudre, Dufy… Tu ne la sens pas ? Pourtant, vu que les Caligulas t’attirent tant, elle devrait te sauter au nez… »

L’inspectrice ne voyait rien à répondre. Elle ne voulait pas rentrer dans ce jeu.

« Dis-moi ce que tu sais sur le Chirurgien, c’est la seule chose qui m’intéresse. Tes analyses politiques sont sans intérêt. »

Il secoua encore la tête, un léger sourire amusé sur les lèvres, comme s’il trouvait cette réplique stupide, amusante.

« Tu devrais y prêter de plus amples considérations, Dufy. Toute cette histoire est politique. Elle l’a toujours été. »

Ses paroles semblaient ne pas avoir de sens. Dufy ne savait pas quoi en penser. Elle ne dit rien, se focalisant sur sa conduite, et son interlocuteur poursuivit :

« Le Chirurgien… Tu ne sais rien, Dufy. Toi et les flics, vous ne savez rien. Rien de ce qu’il est, et rien de ce qu’il représente.
 -  Je t’en prie, éclaire ma lanterne. »

Le ton était légèrement sarcastique. Que voulait-il lui apprendre ? Il s’écoula plusieurs secondes, pendant lesquelles Ballas réfléchissait, avant qu’il ne se mette à parler, lentement, réunissant ses idées et ses arguments :

« Ce que nous vivons est une injustice permanente. À tous les niveaux. Depuis maintenant vingt ans, il s’opère un contrôle des naissances. La science permet aux couples de modifier le sexe de leurs fœtus. Ce privilège autrefois réservé aux plus riches est maintenant un droit, que chaque couple peut utiliser librement, sans aucun réel frais supplémentaire. Les seuls hommes qui naissent sont des « accidents de parcours » dans plus de 90% des cas, les 10% restants étant des choix volontaires des mères. »

Ces statistiques étaient connues. Le gouvernement les affichait pour appuyer sa politique de santé.

« Les hommes sont des parias… On nous parque dans des quartiers insalubres, on nous cantonne dans des métiers insignifiants… Mais ça, Dufy, ce ne sont que des symptômes… Là où une fille sera condamnée à 100 crédits d’amende, un homme sera condamné à 5 ans d’emprisonnement… Un symptôme. Le pire, Dufy, c’est ce regard qu’on lit quand on sort de chez nous, ce regard qu’on perçoit chez elles. On nous méprise, on nous traite comme des animaux incapables, ne fonctionnant que sur la violence, en se reposant sur des élucubrations pseudo-scientifiques, le gène de la violence masculin, et toutes ces conneries mielleuses. »

Pour un mâle, il était cultivé… En soi, ce n’était pas impossible, mais c’était suffisamment remarquable pour perturber Dufy. Elle continuait à se concentrer sur sa route, essayant surtout de ne pas dépasser les limitations de vitesse.

« C’est un putain de génocide, Dufy. C’est ça qui se passe Selon vos lois, le Chirurgien est un tueur en série, un fou dangereux dont les atrocités innommables mériteraient la chaise électrique. Mais, selon les nôtres, le Chirurgien est un rebelle, un criminel juste.
 -  Cesse tes conneries, je…
 -  Quand la loi est injuste, où est l’injustice ? Quand la référence suprême n’est pas bonne, aucune ne l’est, Dufy. Votre monde néglige la complémentarité fondamentale des sexes, en écrasant l’un. Le Chirurgien rétablit l’équilibre. Tu le détestes, mais il ne fait que s’en prendre aux femmes, à ces mêmes femmes qui nous haïssent, et qui contribuent à nous exterminer. »

Ce discours ne signifiait rien pour elle. C’était un délire pur et simple, qu’elle niait en bloc. Il impliquait trop de choses, il induisait trop de conséquences.

« La loi n’est pas injuste, rétorqua-t-elle malgré tout. Et ça n’a rien à voir avec…
 -  Ça a tout à voir ! s’emporta l’homme. Tu veux des chiffres, Dufy ? Des statistiques ? Tu veux que je te parle de ces regards qu’on nous lance quand on prend le métro ? De toutes ces pubs dégradantes des Novaquiennes sur la capacité de changer de sexe par le biais des nanomachines ? Des différences de salaires ? De traitements judiciaires ? Merde, tout ce putain de système est corrompu jusque dans ses fondations ! »

Dufy ne dit rien, assurant un long virage qui les conduisit au milieu d’une forêt de gratte-ciel lumineux.

« Tu devrais raconter ton histoire à un journaliste, je suis sûre qu’il adorerait. »

Ballas se mit à rire, frottant ses doigts contre ses lèvres. Elle n’osait pas l’admettre, mais il la surprenait. Il n’avait rien à voir avec le petit chef de gang minable s’asseyant sur son fric. Ce qu’il disait n’était pas faux, et résonnait comme un écho aux pensées que Dufy, parfois, se laissait à avoir. L’idée qu’il y avait de la rouille dans le système, qu’il était grippé quelque part, et que cette grippe était comme une plaie béante. Si on ne la soignait pas, elle se répandait, elle s’infectait, et contaminait d’autres rouages.

« Tu peux pas stopper le Chirurgien. Il ne t’appartient pas, Dufy, et il n’appartient plus à personne. Ce qu’il fait est monstrueux, ouais, mais c’est pas spécialement pire que ce que vous autres nous faites. Il n’y a pas de déclaration d’intention, pas de plan concerté, mais, in fine, c’est un génocide sexuel qui s’opère. La violence, Dufy, c’est la seule chose qui nous reste… »

Il n’y avait rien à répondre. Les statistiques étaient formelles : deux hommes sur trois étaient des délinquants. On en déduisait, d’un point de vue logique discutable, que ceci était lié à leur sexe, qu’il y avait un gène criminel plus prononcé chez l’homme que chez la femme. Mais les études scientifiques prenaient-elles compte des circonstances des infractions ? De la personnalité des délinquants ? Envisageaient-elles l’état d’existence et les conditions de vie dans les ghettos ? Et, même au-delà de ça, les études envisageaient-elles aussi l’impact du regard ?

« Le Chirurgien, c’est un criminel… Mais c’est aussi un symbole de résistance, un symbole d’espoir. Les tiennes ne pourront jamais l’arrêter sans dommages, Dufy. Les Caligulas ne vous appartiennent pas. »

C’était, encore une fois, un argument vrai. Les fonds publics tekhans servaient surtout à financer l’armée, la lutte contre les Formiens, aussi bien sur le front que dans les villes, à la recherche des fanatiques formiens, des sectes, des bio-infestations en gestation. Le Sénat attribuait peu de crédits à la rénovation urbaine dans les Caligulas, et les fonds attribués servaient surtout à renforcer l’appareil policier. Les commissariats étaient des forteresses à la périphérie des Caligulas, et, quand des patrouilles avaient lieu, il y avait toujours beaucoup d’agents de police. Concrètement, les Caligulas constituait une zone de non-droit que la police essayait exclusivement de limiter à l’intérieur du ghetto.

« Et c’est pour me dire ça que tu es venu, Ballas ? »

L’homme tira une bouffée. La fumée filait rapidement par la ventilation de la voiture, les inhalateurs d’air servant à préserver l’habitacle.

« Non, Dufy… Je suis venu t’aider, et te dire ce que tu dois faire, pour éviter qu’une guerre n’éclate… Mais je suis réaliste, je sais comment les choses vont se passer. Il y aura d’autres meurtres, c’est évident. Le peuple voudra la tête des coupables, et le Sénat promulguera un décret d’urgence. Il y aura de nouvelles émeutes, mais elles ne se termineront pas comme les précédentes… Car les Caligulas sont armés, Dufy. Ce sera la guerre civile, je le sais, et tu le sais. »

Elle ne répondit pas. C’était un aveu.

« Le Chirurgien n’est qu’un symptôme, une illusion. Si tu veux le stopper, Dufy, tu dois arrêter celui qui l’a engendré.
 -  De quoi est-ce que tu parles ?
 -  Je te parle de Géhenne. »


*
*  *

« Chaque Sphère doit être éloignée l’une de l’autre. Autrement, elles s’influencent mutuellement, et perturbent d’autant l’équilibre psycho-magique des individus. Nous avons eu la mission de les éloigner. Nous sommes les descendants des disciples de Maerlyn, Jessica. Notre pouvoir découle des totems et des animaux. Tu le sens dans tes veines, tu le sens dans ta mémoire, dans ta signature profonde. Les Douze Pèlerinages… »

Le temps semblait s’être rompu. La ligne universelle n’était plus qu’une boucle ramenant Jessica dans son lointain passé, un passé où elle n’était pas. Elle voyait des hommes et des femmes s’avancer dans la poussière, au milieu du chaos originel, d’orages antédiluviens, de tempêtes cataclysmiques.

« Chacune des Sphères a été scellée auprès d’un Gardien. Les Douze Pèlerinages ont été effectués, et, pendant des millénaires, le secret des Sphères s’est enterré. Notre ordre veillait sur Black 13, la Treizième Noire. Nous ne l’avions pas scellé avec un Gardien, car nul Gardien ne peut sceller la Treizième. Elle était sous la direction de notre clan, à Sanctuary, notre refuge. »

Sanctuary… Une image se matérialisa, montrant une sorte de château sous les nuages, au milieu d’une vaste colline aride. Le château se composait de bras formant comme une étoile, avec, en son centre, une singulière structure magique, d’où une colonne blanche s’échappait : le Donjon de Sanctuary.

« Le Donjon abritait la Treizième, Jessica. Nous vivions en autarcie, nous, les Êtres-Animaux. Le plus fort d’entre nous était le Primarque, Celui-Qui-Veillait. Toi, tu aurais du être la Primarque, car tu descends de l’Araignée. »

Une nouvelle image apparut, montrant probablement l’intérieur de Sanctuary. Jessica y vit un bain d’araignées noires, de taille différente, avec un individu au milieu de la masse. Il semblait assis en position de dévot, priant silencieusement, comme méditant.

« Le Totem de l’Araignée n’avait pas brillé depuis des siècles. Le Rituel a été suivi. Toutes les araignées sont mortes, sauf une, l’Esprit du Totem. Elle a voyagé pendant longtemps. »

L’Esprit du Totem apparut alors, avançant le long des montagnes, des grottes. Elle avait atteint une forêt, où elle perdit la vie en enfonçant son dard dans le doigt d’une femme.

« Ta mère, précisa le Guide. Nous pensions alors qu’elle était l’Élue, mais ce n’était pas elle que le Totem avait désigné. C’était son ventre, son fœtus… Toi. »

Jessica accueillit cette révélation en fermant lentement les yeux. Était-ce l’origine de sa peur féroce pour les araignées ? Le fait qu’elle ait été la receveuse indirecte ? Était-elle vraiment une élue ? Et, dans ce cas, quel était son rôle ? Jessica avait le sentiment de discuter avec un fou… Mais avec un fou qui ne disait pas des choses stupides.

« Je... Je ne comprends pas...
 -  Bien sûr que tu comprends. Tu l’as toujours su. Je pensais que ta mère était l’Élue, mais c’était une erreur.  C’est toi que l’Araignée a choisi, et elle a du le faire avec précipitation. Tes pouvoirs n’ont jamais pu se développer à cause de ça, à cause de ce problème de temps. »

Des pouvoirs ? Jessica avait eu du mal à le comprendre.

« Ta peur des araignées et un réflexe inconscient, une réponse profonde de ton psyché face à l’éveil de tes pouvoirs. Comme une barrière tentant de contenir la montée des eaux. Mais le barrage doit céder, et ta vraie nature doit se révéler. Il ne peut en être autrement. »

Elle répondit après un long silence, conscient que c’était désormais à elle de parler. Elle avait une question à poser, une question qui lui semblait évidente, mais dont elle se doutait déjà de la réponse :

« Et... entama-t-elle, avant de ménager une pause, et de reprendre. Et si je ne veux pas ? »

Ce fut à son tour d’attendre un peu.

« Si tu ne voulais pas, tu ne m’aurais jamais vu. »

Et il avait raison.

*
*  *

La circulation était plutôt tranquille. Ceci permettait à Dufy de se concentrer plus sérieusement sur sa conversation avec Ballas.

« Géhenne ? répéta-t-elle. Un autre de tes comparses ? Un indic’ ? »

Ballas se mit à sourire, encore. Elle se promit que, s’il souriait encore plus de cinq fois, elle le balancerait dehors. Elle ne supportait pas son petit sourire arrogant, prétentieux, typiquement masculin.

« Géhenne n’est rien de tout de ça, Dufy, heureusement que non. Géhenne est... C’est... Ou c’était, au sens officiel du terme, un ancien centre de recherches scientifique classifié particulièrement intéressant. »

Voilà bien une réponse à laquelle elle ne s’attendait pas. Elle le regarda silencieusement, se demandant s’il se payait sa tête, mais Ballas avait l’air on ne peut plus sérieux. Il regarda à nouveau la fenêtre, et lui en dit un peu plus sur Géhenne. Il lui expliqua que ce centre avait existé il y a environ une vingtaine d’années, dans la banlieue de Tekhos Metropolis, avant d’être démantelée.

« Géhenne menait des expériences illégales en envoyant des équipes de nettoyage dans les rues. Des gamins désœuvrés, pour la plupart. Tant que les cobayes se limitaient uniquement à des hommes, ça ne choquait personne. Mais, quand les chercheurs ont commencé à s’intéresser aux filles... Là, les Tekhanes ont commencé à voir rouge.
 -  Je n’ai jamais entendu parler de ce centre...
 -  Évidemment ! Le Sénat a veillé à supprimer toutes les traces de Géhenne. Tous les procès-verbaux sur la disparition des enfants, sur les enquêtes des policiers, tous les ordres secrets d’intervention... Tout a été effacé, ou classifié dans des registres souterrains inaccessibles, derrière des tonnes et des tonnes de papiers et de cartons. Et tu sais pourquoi, Dufy, hum ? »

Elle s’en doutait bien, et ne répondit pas. Ballas parlerait, de toute façon. Il était du genre bavard.

« C’est le Sénat qui avait créé Géhenne. Et leur objectif était clair, simple, limpide. Géhenne devait être un centre génétique permettant de transformer tous les hommes en femmes. Tu sais, toutes ces conneries sur l’union du sexe, sur la primogénéité... Elles ont trouvé une application concrète à Géhenne.
 -  Non... Le Sénat ne ferait jamais...
 -  Dufy, pitié ! Les Sénatrices sont un ramassis d’idiotes sexistes consanguines. Évidemment qu’elles l’ont fait ! Géhenne était un centre esclavagiste secret, recueillant des orphelins, des vagabonds, des esclaves... On les traitait comme des animaux, on les tatouait, on les rasait, et on leur faisait subir des mutations génétiques afin de trouver un moyen de détruire le sexe masculin, de n’avoir que des femmes, d’inventer un putain de vaccin qu’on vaporiserait dans l’eau et dans l’air pour que, d’ici une à deux générations, Tekhos soit purifiée. Voilà ce que devait être Géhenne, Dufy ! Un centre monstrueux constitué d’aberrations technologiques à des fins terribles. Le mythe de Babel se réincarnant sous nos pieds. »

Elle ne voulait pas le croire, mais, en réalité, ce discours gênant ne la troublait pas. Dufy n’aimait pas particulièrement les hommes, mais elle savait qu’elle faisait figure de modérée. Combien de manifestations y avaient-ils contre les hommes ? Combien de théories pseudo-scientifiques étaient avancées lors de débats télévisés pour soutenir l’extinction de la « race » masculine ? Combien de thèses universitaires étaient publiées sur ce sujet ? À en croire le discours officiel, Tekhos connaissait deux sortes d’invasions parasitaires : les Formiens, et les hommes. Et il existait quantité de bunkers de recherche ultrasecrets sur les Formiens. Pourquoi n’y en aurait-il pas sr les hommes ?

« Vasectomie, drogues hallucinogènes, castration... Géhenne envisageait toutes les possibilités, et celle qui fut retenue, à court terme, fut l’application du Protocole 2 : créer un virus, un virus spécial, qui influerait uniquement sur les hommes, et entraînerait une ligature des trompes à la naissance de chaque fœtus masculin. Ainsi, sur une ou deux générations, les hommes seraient stériles. La reproduction ne se ferait plus qu’entre femmes, et, d’après les statistiques, deux femmes ont bien plus de chances d’accoucher d’une fille que d’un mâle. Bref, l’idée, sur le long terme, était de supprimer définitivement les hommes de la société tekhane, de la purifier. »

Dufy ne disait rien, laissant l’homme parler. Il connaissait son sujet. Ce ne pouvait être un mensonge. Dufy s’efforça de rester professionnelle, de se concentrer sur ce qui l’intéressait. Le Chirurgien. L’histoire de Ballas avait beau être passionnante, elle avait du mal à percevoir le rapport entre cette histoire et les meurtres qui ensanglantaient la ville depuis quelques années.

« Où veux-tu en venir ?
 -  Patience, Dufy, l’histoire n’est pas encore finie. Géhenne, tu vois, avait une couverture... Une couverture indétectable : un hôpital public en plein cœur des Calis, comme un doigt d’honneur brandi au milieu de la main. Un bon moyen d’avoir des cobayes, de ne pas attirer l’attention... »

Il respira lourdement, regarda les immenses tours par la fenêtre, et reprit :

« Tout marchait comme sur des roulettes. Géhenne envoyait des rapports constants au Sénat, mais les sénatrices ont reçu d’autres rapports préoccupants, sur des disparitions de filles... Le Sénat a réalisé que Géhenne ne faisait plus que des expériences sur les hommes, mais qu’ils incluaient aussi des filles. J’aimerais bien te dire pourquoi, mais les restes des archives retrouvés dans l’hôpital et dans le laboratoire ne m’ont pas permis de le savoir... En revanche, ce que je sais, c’est que, parallèlement à ses rapports et à ses recherches génétiques, Géhenne se livrait à des expériences que les rapports de police ont assimilé à du trafic d’esclavage. Géhenne est devenu un centre d’esclavage illégal. »

Il ferma les yeux, inspira lourdement, et enfila une autre cigarette. Dufy en aurait également bien pris une, si elle n’était pas occupée à conduire.

« Le Sénat a appelé les Celkhanes, et elles se sont chargées de faire le ménage. Géhenne a été détruit, et il ne reste plus qu’un hôpital abandonné... Mais on ne peut pas vraiment éteindre un secret de cette importance. Les locaux parlent encore, les murs sont des aveux à eux tout seul.
 -  Cette histoire est passionnante, mais je ne vois vraiment pas en quoi elle peut m’être utile dans mon enquête...
 -  Parce que tout est lié ! Tu veux des pistes ? Tu veux des indices ? Tu veux que je fasse ton foutu boulot à ta place, pas vrai ? Alors, pour une fois dans ta vie, tu vas fermer ta grande gueule, et laisser un mâle parler ! »

Un renâclement accueillit cette tirade.

« Géhenne a été court-circuité par la volonté d’un homme... J’ignore qui est ce type, Dufy, et c’est lui qu’il faut que tu chopes. D’une manière ou d’une autre, le Chirurgien est lié à cet homme. »

Ballas s’interrompit, regardant à nouveau Dufy :

« Tu veux avancer dans ton enquête ? Tu poursuis le Chirurgien et son camion frigorifique comme un chien court après sa queue, sans voir ce qui devrait te sauter aux yeux, sans voir les évidences autour de cette affaire... Les disparitions n’ont jamais cessé après la fermeture de Géhenne, elles ont juste été... Plus discrètes. Le centre n’a pas été détruit, il a tout simplement été transféré par celui qui l’a court-circuité. Et toutes celles qui ont trempé dans cette expérience ne sont pas en prison, ou mortes. Fais parler les morts. Trouve les noms. Découvre ce qui est arrivé à Géhenne. Trouve le lien. »

Et, en disant ça, il tapotait la tempe de sa tête, faisant le signe de la réflexion.

« Dépose-moi à la sortie là-bas.
 -  Je pourrais aussi t’emmener au poste, et t’arrêter...
 -  Et je serais relâché dans l’heure, tu le sais aussi bien que moi. Je te l’ai dit, Dufy, je crois... Les Caligulas, ce n’est pas Tekhos. Vos lois ne s’appliquent pas chez nous. Tu me considères comme un criminel, mais moi, je me vois plutôt comme un putain de diplomate, de régulateur. Quand les tiennes débarqueront chez moi pour faire le ménage, et qu’il faudra négocier, on fera appel à moi autour de la table ronde... Si jamais on négocie. »

Tout ça lui semblait tellement délirant... Une émeute qui dégénérerait en guerre civile à cause des agissements d’un seul homme. C’était délirant, oui, mais était-ce invraisemblable ? L’Histoire raffolait de ce genre de choses. La peur avait toujours été le meilleur moteur des sociétés. Les gouvernements autoritaires l’utilisaient et l’instrumentalisaient, car elle était innée, dans chaque individu. Le Chirurgien était un fantôme, un visage dans la nuit, une silhouette indistincte et menaçante, une sorte de cauchemar qui, à chaque nouveau coup d’éclat, rappelait à la société les limites de cette institution autoritaire censée les surveiller. Dufy était convaincue que, s’il existait dix Chirurgiens, la société s’écroulerait sur elle-même. La paranoïa s’installerait auprès de chaque foyer, à chaque fois qu’on envoyait ses enfants à l’école. On lirait la suspicion constante dans le regard des autres, on chercherait à se venger par soi-même... Le Chirurgien réveillait toutes les hantises des Tekhanes, des craintes fantasmagoriques fondées sur la peur de l’autre, de la minorité, peu importe le point de vue.

À Tekhos, il y avait 20% d’hommes, contre 80% de femmes. Un sur cinq. Et les statistiques n’allaient pas pour une augmentation du nombre d’hommes. La minorité était là. Différente de la culture dominante. Forcément dangereuse, étrangère, craintive. On ferait l’amalgame. Quand le sang serait versé, les rouages de la machine s’alimenteront de ce dernier, et ce sera l’escalade.

« Il frappera encore, annonça l’homme. C’est ainsi. Il est de plus en plus audacieux. Son prochain coup d’éclat amènera le Sénat à réagir. Il n’y a rien que tu puisses faire contre ça. Il ne s’agit pas de justice, ici. Pendant des années, la justice a été bafouée, et, pendant des années, nous nous organisons. Vous avez pris toutes les parts du gâteau, et nous nous organisons avec les miettes. »

Dufy sortait de l’autoroute, se rapprochant d’un parking. Dehors, la pluie commençait à tomber. C’était inévitable.

« Retrouve Géhenne, Dufy. Retrouve ce qui est arrivé aux cobayes, retrouve où le centre a été transféré, et ce que les gens à l’intérieur cherchaient vraiment à faire... Il ne s’agissait pas d’un virus mâle... Ni de trafics d’organes, non... Ce que ces gens faisaient là, ce qu’ils cherchaient à briser, ce avec quoi ils jouaient, ce n’était pas les corps, ni les gènes... C’étaient les âmes, Dufy. »


*
*  *

« Le Primarque a tué beaucoup d’entre nous. Il a détruit bien des Totems, et a fragilisé notre ordre. Les survivants se sont regroupés, et ont juré de le retrouver. J’accomplis cette quête. Tu connais le Primarque. Tu as vu l’un de ses disciples. »

La toile tremblait. Jessica entendait des bruits, sentait des ombres se rapprocher... Et, devant ses yeux, elle revit cette fameuse scène. Le couloir, la discothèque, et l’homme avec les outils, et ces yeux froids et morts. Elle sentit la rage remplir son cœur, et se tortilla sur la toile.

« Il est temps pour toi d’accepter ta destinée, d’accepter ton héritage, Jessica Drew. »

Une araignée avançait vers elle. Énorme, massive, ses multiples yeux rouges fixaient dangereusement Jessica, qui l’observait, comme paralysée. Elle savait que cette araignée ne s’arrêterait pas, elle savait qu’elle irait au-dessus d’elle. Mais, dans sa tête, les mots de cet individu résonnaient. Géhenne, Sanctuary, les Totems... Tout ça ne lui disait pas grand-chose, mais elle comprenait la cohérence de l’ensemble. D’une manière ou d’une autre, elle était liée à cette histoire de fous. Et, si ça lui permettait d’obtenir des armes pour venger la mort de Beth, elle était prête à la saisir.

Quand l’araignée la rejoignit, elle était d’une taille ridicule, et glissait le long des doigts de Jessica.

Comment diable avait-elle pu être effrayée par des créatures aussi majestueuses ?
« Modifié: dimanche 07 décembre 2014, 02:35:11 par Spider-Woman »
DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Spider-Woman

E.S.P.er

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 2 dimanche 14 juillet 2013, 01:06:10

#007 : "AND NOTHING ELSE MATTERS..."


La pluie était tombée sur la ville. D’après les services météo, la tempête durerait encore plusieurs jours. Tekhos Metropolis était près de la mer, et subissait la venue d’un ouragan. Les autorités recommandaient d’être extrêmement prudentes en sortant, comme pour aller au travail, et déconseillaient de se rendre à la plage. Pour autant, les navires continuaient à tourner. La vie continuait son œuvre, les lumières continuaient à danser dans la ville. Il n’y avait qu’une espèce couche de gris au-dessus des tristes buildings en verre. L’ambiance était maussade, les gens se pressaient, portaient des capuches. On aurait presque cru que les Cieux eux-mêmes s’ouvraient à lui, lui annonçaient tout le caractère sacré de son œuvre, de sa destinée.

Aujourd’hui, la petite fille n’était pas venue. Il pleuvait. Il avait été perturbé. Troublé. Agressif. Comme si elle l’avait trompé. On était tellement ingrat, à cet âge. Et on l’était tellement, quand on était une femme. Elle s’était jouée de lui, comme toutes les autres. Il avait pleuré en regardant les photos qu’il avait prise d’elle. Toutes pareilles. Toutes coupables. Toutes méritaient son jugement. Toutes le traitaient comme un monstre, le regardaient avec suffisance. Il avait cru que Père se trompait en lui disant que la société ne voulait pas d’eux, qu’il exagérait les faits, mais, plus il côtoyait cette société, et plus il réalisait que Père avait raison. Cette société était mauvaise, nocive, dangereuse. Elles le méprisaient, et ils l’adulaient. N’était-ce pas un curieux paradoxe ? C’était la preuve qu’ils étaient tous déterminés dès la naissance, selon leur sexe. Eux l’appréciaient, et voyaient au-delà des gestes individuels. Ils voyaient l’action collective, dans toute sa globalité. Elles se contentaient de rester matérialistes, de n’avoir qu’une vision à court terme des choses, de se contenter de la solution de simplicité, d’estimer qu’il était un fou dangereux, sans rechercher toute la dimension politique de son Œuvre.

Elles étaient des salopes. Toutes, et ce dès le plus jeune âge. Chaque fois qu’il leur faisait confiance, elles le trahissaient. Mais plus pour longtemps. Oh oui, elles comprendraient, elles réaliseraient, elles découvriraient qu’on ne devait pas se moquer de lui. Elles apprendraient qu’il n’apprécie pas les plaisanteries à son égard. Il le savait. Des chuchoteuses : elles parlaient de lui dans son dos. Elles l’aveuglaient avec leurs magnifiques sourires, avec leurs gloussements, et, dans le dos, leurs beaux ongles manucurés se transformaient en griffes sanguinolentes qui le déchiquetaient.

Sunny n’était pas différente des autres. Derrière ses sourires enjoués, ses gloussements, ses vêtements de petite fille, elle était une salope en devenir. Une future traînée qui, comme tous les autres, se moquait de lui, pauvre petit bossu. Il l’imaginait déjà, là, en train de rire avec son téléphone, discutant avec ses copines du monsieur du parc, avec ce ton incisif et cruel si propre aux jeunes filles, à ces fausses Princesses. Comme il pouvait les haïr ! Il ne demandait pas l’impossible, pourtant. Rien d’autre que de l’amour, de l’amitié, rien d’autre qu’un lien honnête, rien d’autre que du respect. Mais elles lui daignaient ce droit, ce droit que tout être vivant, pourtant, devrait avoir comme acquis.

Elle était allongée sur son lit, dans un court pyjama rose avec des motifs d’ours en peluche. Son lit comprenait d’ailleurs plusieurs peluches. Il imaginait les noms qu’elle pouvait leur donner : Teddy, Wulfie... Elle parlait au téléphone, et lui l’observait, à l’aide de ses jumelles, dans l’obscurité de la nuit. Chacun de ses rires était comme un coup de couteau qu’on lui plantait dans le cœur, formant une plaie à vif, la lame tournant lentement sur elle-même pour empêcher la blessure de cicatriser. Ses rires étaient comme un appel, une provocation, une menace. Elle riait de lui ! Elles riaient toutes de lui ! Il sentit ses mains trembler le long des jumelles, et ferma les yeux, s’imposant de se calmer.

Le moment n’était pas venu. Pas encore. Il ne devait pas oublier le message, il ne devait pas oublier qu’il ne faisait pas ça uniquement pour lui, mais qu’il s’agissait de son Œuvre. Et une œuvre se devait d’être léguée au monde, pour la postérité. Il s’écarta de la fenêtre, s’avançant dans l’appartement. Il était plongé dans l’obscurité. Il se dirigea vers le couloir à l’entrée, évita les débris qu’il n’avait pas encore nettoyé du robot de maintenance et de sécurité. C’était la première chose qu’il avait détruite en entrant ici. Il avait du agir très rapidement, mais il savait y faire. Il l’avait court-circuité. Elles le sous-estimaient toujours. Il en avait profité.

Il pénétra dans la salle de bains, nerveux, sentant des tremblements le long de ses doigts, des frissons le long de son échine, ainsi que cette insupportable douleur entre les jambes.

Bientôt... Il fallait qu’il attende. Qu’il soit patient. Le calendrier se rapprochait, et il voulait que ce soit son chef-d’œuvre. Un coup d’éclat qui ne pourrait pas les lisser indifférents. Il ne se contenterait pas de simplement la tuer, de manière discrète, comme il l’avait fait avec les deux femmes vivant ici. Non, Sunny méritait un sort spécial, un sort qui ferait d’elle une martyre. Sans lui, elle ne serait rien. Rien d’autre qu’une petite citoyenne minable qui ferait un boulot minable, et disparaîtrait dans la masse. Il allait faire ce que tous les artistes avaient fait à travers leurs modèles : il allait l’immortaliser, la sacraliser, et sa mémoire survivrait à travers les âges. C’était le plus beau cadeau qu’il pouvait lui donner.

Et c’était bien pour ça qu’il fallait attendre son anniversaire.


*
*  *

Dufy ne trouva naturellement rien concernant Géhenne. La base de données du serveur central de la police ne renvoyait à aucun dossier, aucun procès-verbal, aucun acte de procédure. C’était comme si Géhenne n’avait jamais existé, ce qui, à vrai dire, paraissait probable. Tout le délire de Ballas avait semblé pour Dufy sans aucune cohérence. Une sorte de théorie conspirationniste très en vogue ces dernières années.

« ...Les dernières manifestations ont été dispersées par la police. Des casseur sont vandalisé des arrêts de bus, ainsi que des magasins. Ceci a conduit le Ministère public à soulever une plainte contre l’association responsable de ces manifestations, en considérant que lesdites manifestations constituaient un trouble à l’ordre public qui... »

Dufy regarda l’écran de la télévision dans son bureau. Dehors, il faisait nuit. Elle aurait pu rentrer chez elle, mais il n’y avait rien qui l’attendait. Il fallait qu’elle avance. Les évènements se précipitaient. La tension était palpable entre les deux communautés. Elle avait du mal à l’admettre, mais Dufy ne pouvait pas se voiler face. Il y avait, à l’intérieur de Tekhos, des minorités qui ne se sentaient pas du tout proches du pouvoir, et qui multipliaient les manifestations. La dernière en date avait eu lieu à Grand Street Avenue, un long boulevard très animé. Ces manifestations comprenaient essentiellement des hommes, sous la houlette de la FMT, la Fédération des Mâles Tekhans. La FMT était régulièrement décriée, mais constituait, au sein des associations tekhanes, l’association non gouvernementale la plus active, comprenant des femmes, et militant pour les droits de la minorité masculine.

Elle buvait du café en se replongeant dans ses notes. L’enquête sur le Chirurgien n’avançait plus, et, pourtant, le temps pressait. Les médias parlaient moins du Chirurgien, mais elle savait qu’il frapperait encore. Ce n’était qu’une question de temps. Malheureusement, les investigations n’avançaient pas, toujours pour les mêmes raisons. Les Caligulas refusaient d’ouvrir ses portes, et les manifestations étaient le résultat des investigations de plus en plus fortes nombreuses par la police, actions qui entraînaient leurs lots de bavures et de brutalités policières. Dufy avait donc commencé à se renseigner sur Géhenne, et n’avait, dans un premier temps, rien trouvé. Ceci dit, Dufy était une inspectrice rusée, qui travaillait depuis dix ans. Elle avait ses contacts, ses réseaux, et avait réussi à obtenir des enquêtes sur des disparitions survenues dans les Caligulas, et dans les quartiers alentour.

Certaines policières s’étaient livrées à des analyses, des enquêtes et des statistiques. Il s’agissait généralement de jeunes agents, désireux de résoudre des mystères, des stagiaires à qui on confiait, sans grand espoir, des dossiers « archivés », ces fameux dossiers où rien n’avançait. Elle avait ainsi pu constater, parmi les rapports, que la plupart des disparitions survenaient le long du canal de Poséidon, un canal qui séparait les Caligulas du reste de la ville. Tout la ramenait aux Caligulas, et elle avait poursuivi ses recherches.

Elle avait ainsi découvert qu’il y avait eu un projet public, il y a vingt ans, en fouillant dans les archives, de créer un hôpital public, au cœur du ghetto. Cet hôpital s’inscrivait dans un programme de réaménagement du quartier, mais il n’avait pas abouti. L’hôpital avait été fermé il y a quelques années. En soi, rien de bien curieux, car ce n’était pas le seul programme municipal que la ville finançait pour relancer les quartiers défavorisés. Cependant, Dufy avait poursuivi ses recherches, et avait réussi à obtenir une fiche du personnel. Elle s’était rapidement désintéressée du petit personnel, comme les vigiles ou les infirmières, préférant se concentrer sur les médecins et les responsables administratifs.

De tous les noms qui étaient ressortis, elle en avait trouvé un qui lui semblait être un début de piste : Amanda Witters.

Est-ce que ça la mènerait quelque part ? Elle l’ignorait, mais c’était tout ce qu’elle avait à faire... En espérant que, d’une manière, ça la rapprocherait du Chirurgien.

« ...La porte-paroles de la FMT, Mme Sinclair, a fermement condamné les activités des casseurs, et affirme ne pas comprendre la décision de l’État de poursuivre l’association en justice. Elle regrette ce choix, en expliquant que l’amalgame entre des manifestants simplement désireux de se voir appliquer l’égalité de traitements soient assimilés à des vandales et à des casseurs. Elle a rajouté que les casseurs n’étaient pas tous des hommes, et comprenaient aussi des femmes... »


*
*  *

Il avait ses rituels. Il avait ses principes. Sans principe, un homme n’était pas un homme. C’était, tout au plus, une bête sauvage guidée par ses pulsions. Il avait sa routine, ses règles. C’était fermement inscrit dans sa chair. Le réveil sonna à 7h00. Comme à chaque fois. Il attendit cinq secondes avant d’ouvrir les yeux, puis trois secondes de plus avant de l’éteindre. Il souffla ensuite, brièvement, discrètement, écarta la couette, puis se redressa. Jamais le contraire. On écarte d’abord la couette, et on se relève. L’inverse revenait à briser la routine, à détruire les règles. Et, sans règle, un homme n’est pas un homme. Cette leçon, il l’avait fermement inculqué à ses enfants, et il devait encore continuer à le faire. L’être humain n’évoluerait jamais, car il ne comprenait pas les règles les plus simples. Il ne comprenait pas que la liberté était une illusion, un synonyme de l’anarchie, du chaos, de l’instabilité destructrice, et que l’évolution reposait dans la norme, dans la loi, au sens le plus absolu d terme. Pas la loi générale, car elle était impersonnelle, mais sa propre loi, celle du for, celle qu’on s’appliquait tous les jours, sa rigueur morale, plus forte que n’importe quel acte dressé par ces gens qui, soit étaient inaptes à envisager les problèmes dans toute leur ampleur, soit étaient corrompus.

Comme à chaque fois, en se réveillant, il se rendit dans la salle de bains de sa chambre. Il attendit d’entendre le gazouillement des oiseaux pour franchir la porte, et s’observa pendant trente-trois secondes dans la glace du miroir. Il compta précieusement les secondes, en observant son visage. Le long de la nuit, de nouveaux poils avaient poussé sur son visage parsemé de cheveux gris. Malgré le poids des âges, il était toujours bien portant. Ce n’était pas étonnant : il suivait sa discipline, afin de s’entretenir. Comme à chaque fois, il passa vingt minutes dans la salle de bains, puis cinq autres de plus à s’habiller proprement, et sortit.

Il faisait bon, dehors. L’air frais était un luxe de plus en plus rare en ce monde. Il était pur, noble, élégant. Un léger vent faisait remuer les arbres, et il s’avançait, sachant très bien ce qu’il fallait faire. Nourrir le troupeau. Abreuver les bêtes. Comme à chaque fois. Il les entendait taper contre les boxes, quémandant, grognant et geignant. Des animaux... Ils manquaient de discipline, uniquement guidés par leurs bas instincts.

Son fils était là, près du tracteur. Mains dans les poches, il portait sa chemise en tweed.

« Où est ton frère ? s’enquit-il.
 -  Il est resté là-bas... » répondit le jeune homme, évasif.

Il siffla, mécontent. Il ne respectait pas le planning. C’était grave. Son second fils avait toujours été une déception. Une malformation. Une erreur de la nature.

« Tu dois t’assurer qu’il ne fera rien de stupide. Je suis prêt d’y parvenir.  Il est hors-de-question que ton frère fasse tout échouer.
 -  Je n’arrive pas à le raisonner, il...
 -  Je ne veux pas d’excuses ! siffla l’homme sur un ton menaçant. C’est toi qui es censé veiller sur lui ! Pas le contraire ! »

Son fils ne répondit pas, serrant les dents.

« Je n’aime pas cette ville... Je n’aime pas ces gens... »

Il soupira. Lui n’était pas une déception. Mais il avait du mal à comprendre la discipline. C’était problématique, mais compréhensible. Lui aussi avait mis du temps, beaucoup trop de temps, avant de comprendre qu’un homme n’était vraiment qu’un homme que quand il se restreignait à de sévères règles. Ce n’était pas une question de droiture morale, de justesse, d’affinité morale, et toutes ces conneries new age qu’on trouvait sur les canaux télévisés... Non, c’était une question d‘honnêteté intellectuelle, de grandeur d’âme, et de noblesse d’esprit.

« Ces gens ne t’atteindront pas... Leurs problèmes et leurs querelles ne seront jamais tes problèmes et tes querelles. Garde-toi de ne jamais l’oublier.
 -  Là n’est pas le problème, répliqua-t-il. C’est cet air... Cette atmosphère... Elle est nocive. Je regrette qu’il ne le comprenne pas, mais son cœur est toujours empreint de colère... Et de ressentiment. »

Il était un faible. Un naïf et un jeune idéaliste, qui avait besoin qu’on l’aime. Il avait raté l’éducation de son second enfant, et ne se reprochait rien. Le problème venait de lui. Il était une erreur de la nature. Il avait inutilement craint qu’avec l’âge, il s’assagirait, mais l’âge n’avait rien arrangé. Sa plus grave erreur avait été de le conduire dans l’école publique du village d’à côté. Il voulait que ce soit une expérience, qu’il réalise à quel point le monde extérieur était dangereux, étranger, hostile... Mais il avait surtout retenu que ce monde l’attirait.

« La Convergence se rapproche, mon fils. Le Nouvel Âge est imminent. Je le sens... Il nous faut continuer, mais on ne peut pas se permettre que ton frère fasse n’importe quoi. »

Son fils cligna des yeux, surpris, étonné.

« La... La Convergence ? Tu en es sûr ?
 -  J’étudie les signes depuis des années, et ils sont limpides. Le moment approche. Tu comprends pourquoi il nous faut agir de manière réfléchie, maintenant ?
 -  Oui... Mais... Si tel est le cas, alors, ils...
 -  Ils sont là, oui... C’est pour ça qu’il nous faut redoubler de prudence. Tu dois y retourner, et t’assurer que ton frère ne fera pas de bêtise.
 -  Il a changé, Père, je n’arriverais pas à le résonner... »

Il se permit alors de sourire, et posa une main sur son épaule. Une main réconfortante.

« Je connais mon fils mieux que personne. Et je sais que tu feras ce qu’il convient de faire.
 -  Me demandes-tu de... ?
 -  Je te demande d’agir au nom de ta famille ! le coupa l’homme. Au nom de nos sacrifices, pour que la Convergence s’accomplisse ! »

Son fils baissa les yeux.

« Va, maintenant... Elles ont soif... »

Il obtempéra silencieusement, et lui se dirigea vers le puits. Il attrapa la lance à eau qui en sortait, puis rejoignit l’un des hangars. Il l’ouvrit dans un grincement, et entendit les soupirs et les gémissements. Il était énervé, car la conversation l’avait mis un peu en retard. Il rejoignit le premier box, et aspergea le contenu d’une eau fraîche et bienvenue. Il s’avança ainsi, le long des rangées, en répandant l’eau, voyant leurs petites mains sombres se tendre en haut, leurs yeux quémandeurs se remplir de joie. Des animaux. L’être humain n’était qu’un animal, et ne pouvait s’arracher à cette condition qu’avec une discipline de fer. C’était une leçon qu’il avait clairement comprise.

Il n’avait rien à voir avec ces créatures geignardes, sales et poisseuses. Il continua à les abreuver pendant une vingtaine de minutes, et s’arrêta. L’heure du repas viendrait après. Il devait suivre son planning. L’homme arrêta la lance à eau, puis retourna vers le puits, et la remit dedans. Il marcha ensuite le long de la ferme, ses pieds résonnant sr le gravier, et passa les silos à grain, rejoignant la serre artificielle. Il l’ouvrit, et des lumières diurnes en vrombissant. Il s’arrêta près des fleurs, observant les pétales des roses. Elles poussaient bien. Il était satisfait. Il continua à s’avancer, jusqu’à rejoindre le centre de son jardin.

Un jardin composé de roses noires, aussi noires que l’encre. Contrairement à ce qu’on trouvait dans les boutiques de fleuristes, elles n’avaient pas subi un coloris particulier, ni de modifications génétiques pour avoir cette couleur. Ça venait de leurs racines... Et, au centre du jardin, elle trônait là... Reliée par des tubes, dans son caisson, elle attendait, yeux clos. Il l’observa, au milieu des fleurs.

« Bientôt, ma belle... Bientôt, tu pourras sortir... Mes fils sont prometteurs, mais ce sont des incapables... L’un est un faible, et l’autre est un lâche. C’est à croire que la Nature a décidé de ne leur attribuer aucune de mes qualités. Mais toi... Toi, Charlotte, tu es ce que j’ai toujours voulu. »

Bientôt... Bientôt, elle sortirait... Et tout irait pour le mieux.


*
*  *

« Non... Non, Maman, je... Écoute, j’ai plus dix ans, quoi ! Ouais... Ouais, non, okay, okay... »

Elle soupira, l’oreille rivée sur son téléphone portable, et passa une main sur son front. Kelly pouvait être impossible, parfois, surtout quand elle y mettait du sien. Le métro continuait à filer rapidement, et Jessica avait déjà pu remarquer qu’au moins trois femmes avaient maté ses fesses en chemin. Qu’elles en profitent, après tout. Par la fenêtre crasseuse, Jessica regardait les bâtiments défiler. Le soleil commençait à se coucher sur Tekhos Metropolis, mais elle sentait bien qu’elle n’allait pas dormir très tôt. Il lui faudrait encore faire des rondes, rester fidèle à ce qu’elle était, à ce qu’elle représentait.

« Oui... Bien sûr, ‘Man... Évidemment que je serais là, c’est ma mère !... Oui, j’ai un cadeau, oui... Mais oui, t’en fais pas ! »

Le regard de Jessica fut soudain happé par des gyrophares en contrebas. Le métro filait le long d’un boulevard, et plusieurs voitures de police avançaient rapidement. Elle n’écoutait plus ce que Kelly disait dans le combiné, voyant le défilé de voitures. Il était temps pour elle d’intervenir.

« Je... J’te rappelle, okay ? Bisoux ! »

Et elle raccrocha au nez de Kelly. Sa mère la lui reprocherait sûrement, mais Jessica était mâture, désormais. Le métro se rapprochait de la station, et elle se maudit, espérant que le train irait plus vite. Les portes s’ouvrirent, et elle sortit. Jessica grimpa un escalier menant à une terrasse en hauteur, et s’assura qu’il n’y avait personne, avant de se déshabiller rapidement. Elle ôta son blouson de cuir, abritant le haut de son costume, puis enfila le masque, les gants, et rejoignit le haut avec le bas, l’ensemble formant comme une combinaison unique.

Jessica Drew s’envola dans les airs, avec ce costume rouge et jaune. Elle se devait bien d’en porter un pour agir discrètement, sans qu’on ne la repère, et qu’elle ait des problèmes avec sa famille. Depuis qu’elle avait rencontré le Guide, Jessica était devenue très différente. Elle disposait de capacités spéciales qui la rendaient bien plus talentueuse, et, partant de là, elle avait décidé de se rendre utile au service de la collectivité. Jessica agissait surtout aux Caligulas, où elle cherchait la trace du Chirurgien. Elle avait une piste, une seule : le dernier homme qui avait vu Beth, Stan. D’une manière ou d’une autre, elle le retrouverait.

Mais, pour l’heure, elle avait une urgence à accomplir.



GLOSSAIRE

Ce glossaire servira de récapitulatif global, autant pour la fiche ci-dessus, que pour l’évolution du personnage à travers les RP. Il y recense toutes les intrigues et tous les personnages liés à Jessica Drew, l’ensemble étant résumé de manière synthétique.

PERSONNAGES


JESSICA DREW. Fille de Carol et de Kelly, âgée de 21 ans, Jessica Drew a toujours été une jeune fille sans particularité. Au lycée, elle traînait avec une bande de jeunes, menée par Beth, une femme intrépide qui n’a pas hésité à l’amener aux Caligulas, un ghetto masculin mal famé. La destinée de Jessica a brutalement changé quand la route de Beth a croisé celle d’un tueur en série sévissant depuis des années dans la ville, le Chirurgien. Depuis lors, Jessica a décidé de venger Beth en traquant le Chirurgien. Cette traque est facilitée par le fait qu’elle dispose de superpouvoirs, qu’un mystérieux individu, le Guide, a aidé à révéler à cette dernière. Portant un costume pour dissimuler son identité, Jessica Drew dispose des pouvoirs suivants :
  • Elle peut voler dans les airs ;
  • Elle dispose de capacités surhumaines développées. Sa force est loin d‘égaler celle de Superman, mais elle est quand même très poussée ;
  • Elle peut, pour se battre, générer avec ses mains des décharges explosives magiques électriques ;
  • Elle peut adhérer à n’importe quelle surface, faisant fi des lois de la gravité.

  • FAMILLE



CAROL. Carol est la mère qui a mis au monde Jessica, l’ayant porté dans son ventre. C’est une femme aimante et stricte, qui, dans le ménage, s’occupe de rapporter de l’argent grâce à son métier. Travaillant comme femme d’affaires au sein d’une société pharmaceutique, elle n’a pas eu autant de temps qu’elle voulait pour s’occuper de Jessica, et s’occupait surtout de l’autorité, ce qui a donné lieu à quelques tensions entre elle et sa fille. Carol ne comprend notamment pas l’intérêt que Jessica manifeste à l’égard des Caligulas, ou à l’égard de certaines de ses fréquentations.

KELLY. La seconde mère de Jessica, Kelly, est une belle femme qui est mère au foyer. Elle s’est toujours solidement occupée de Jessica, qu’elle aime de manière totalement dévouée. Adorant sa fille, elle a entretenu avec elle un lien assez fort. Manquant d’autorité et de confiance en soi, Kelly était toujours celle qui accordait à Jessica ses caprices, essayant tant bien que mal de s’opposer à Carol. Depuis des vacances à Novac, Kelly s’est fait greffer des nanomachines lui permettant de supprimer ses rides, conservant ainsi un corps très attirant, malgré un âge assez avancé.

  • AMIS



MILITY. Mility est une vieille amie de Jessica, qu’elle connaît depuis le lycée, où elle traînait avec Beth. C’est une femme qui adore les boîtes de nuit explosives, avec des musiques tonitruantes. Ne vivant presque que pour les soirées étudiantes, elle est assez appréciée de Jessica, même si elle est extrêmement immature. Comme on peut s’en douter, elle a déjà eu des relations sexuelles avec Jessica.

MARCO. Marco, ce qui n’est probablement pas son vrai nom, est assez proche de Jessica, puisqu’il lui a ôté sa virginité. Habitant des Caligulas, ce quartier chaud rempli essentiellement d’hommes, Marco est un jeune homme assez intelligent, très bien bâti, et extrêmement débrouillard. Assez mystérieux sur lui-même et ses origines, il est très apprécié de Jessica, et lui a montré que les hommes n’étaient pas que des violeurs patentés uniquement intéressés par le sexe. Lucide et réaliste, il est critique à l’égard du système gouvernemental, et craint la police.

  • ALLIÉS



LE GUIDE. Énigmatique personnage, le Guide est une sorte de magicien qui s’est présenté à Jessica. Il lui a expliqué qu’elle avait hérité des pouvoirs magiques ancestraux d’une araignée. Lui-même a expliqué venir d’une sorte de caste magique particulièrement vieille, les Hommes-Animaux, qui a pour mission de surveiller les Treize Sphères de l’Arc-En-Ciel, et qui tire son pouvoir d’étranges rituels magiques liés à des animaux et à des totems. Jessica ne sait pas grand-chose du Guide, si ce n’est qu’il l’a aidé à bénéficier de ses pouvoirs. Il lui a indiqué qu’elle serait la seule à pouvoir empêcher un phénomène nommé la Convergence, consistant en la réunion des Treize Sphères, et qu’elle devrait, pour cela, neutraliser un certain Géhenne.

DUFY. Inspectrice à la police de Tekhos Metropolis, Dufy a un style vestimentaire très old school qui fat qu’on la repère assez vite. Ayant toujours entre les lèvres une cigarette, elle porte un long manteau avec un chapeau-melon. Ce flic assez hors normes reste un agent très compétent, qui enquête depuis maintenant des années sur la trace du Chirurgien. Dufy est intimement convaincue que le Chirurgien provient des Caligulas, et que les habitants savent comment il s’appelle. Récemment, elle a fait la rencontre avec un chef de gang des Calis’, Ballas, qui lui a expliqué qu’elle faisait fausse route, et devait orienter son enquête sur un ancien centre de recherche gouvernemental illégal tekhan, Géhenne. N’avançant pas dans la piste directe du Chirurgien, Dufy a décidé de s’intéresser à cette piste, en espérant trouver un lien entre Géhenne et le Chirurgien.

  • ENNEMIS



CHIRURGIEN. Le Chirurgien est le surnom donné par la presse à un tueur en série sévissant à Tekhos Metropolis depuis des années. Son mode opératoire consiste à tuer ses victimes en leur prélevant des organes à l’aide d’instruments chirurgicaux. Il abandonne ensuite ses victimes dans les Caligulas, les transportant dans un camion frigorifique. L’enquête de la police n’a jamais vraiment pu avancer, et le Chirurgien continue à sévir, se faisant de plus en plus audacieux. Il n’a pas commis le moindre meurtre depuis des mois, mais tous les spécialistes s’accordent à dire qu’il prépare un nouveau coup d’éclat. Il ne viole pas ses victimes, trouvant répugnant de pénétrer une femme. Détestant le sexe féminin, il appartient à une curieuse famille logeant dans une femme, et est considéré comme l’un des ennemis publics les plus dangereux de tout Tekhos. Ses actions ont un retentissement politique de plus en plus fort, en ce qu’elles stigmatisent et cristallisent les tensions fortes entre les femmes et les hommes de Tekhos.

GÉHENNE (personnage). Géhenne serait, d’après le Guide, un ancien Primarque de Sanctuary. Devenu fou à force de surveiller la Treizième Noire, Géhenne se serait mis en tête de précipiter la Convergence, en réunissant les Treize Sphères. Très peu d’informations circulent sur Géhenne. Ce serait un terrifiant magicien, et l’ennemi suprême de Jessica. Il s’abrite à Tekhos dans une mystérieuse ferme, où il dirige d’une main de fer sa famille, ainsi que son « bétail ».

BALLAS. Ballas est le surnom donné à l’un des chefs de gangs des Caligulas. Impliqué dans de nombreux trafics, Ballas est l’une des âmes vivantes des Caligulas, et proclame être l’un des « représentants des Caligulas », voyant ce territoire comme une sorte de micro-État détaché de Tekhos Metropolis. Il voit le Chirurgien, non pas comme un simple criminel, mais comme un messager politique, une sorte de nouveau Christ, dont le sacrifice conduira les masses à se révolter contre le massacre silencieux qu’ils sont en train de subir. Croyant, Ballas déteste Tekhos, qu’il voit comme la nouvelle Gomorrhe, le Chirurgien étant celui qui apportera le « feu de Dieu ». Ballas reste pour autant assez lucide, et a aidé Dufy à mettre la main sur celui qui, selon lui, constitue la véritable menace des Caligulas : l’homme qui aurait perverti le programme de recherches Géhenne.

  • DIVERS



AMANDA WITTERS. Amanda Witters était une scientifique ayant travaillé au sein du centre de recherches Géhenne. Elle est aujourd’hui toujours une scientifique, qui travaille au sein d’un laboratoire de recherches pharmaceutique. Très douée, Amanda Witters a un passé assez obscur, et certaines rumeurs affirment qu’elle aurait jadis eu une fille, ce qu’elle a toujours nié. Les recherches de Dufy sur Géhenne l’ont amené à vouloir s’intéresser d’assez près à la mystérieuse madame Witters, une femme extrêmement froide, semblant uniquement dévouée à son boulot.

STAN. Beau parleur, et joli garçon, Stan est un habitant des Caligulas qui, outre vendre de la drogue, fait aussi partie d’un groupe de musique underground. Aimant bien tagguer, il se conçoit comme un artiste des rues adorant courtiser les femmes. Stan, à première vue, ne serait qu’un simple garçon charmeur vivant ici et là, se préoccupant uniquement de ses lyrics et de ses accords de guitare électrique. Il réalise des chansons qui sont des pamphlets antigouvernementaux primaires et volontiers caricaturaux, y réclamant son amour pour les Formiens. Stan est la dernière personne à avoir vu Beth en vie, avant que le Chirurgien ne la tue. Ceci semble faire de lui une personne très importante, qui a l’air d’en savoir plus que ce qu’on pourrait croire. Stan est cependant introuvable depuis plusieurs mois.

SUNNY. Sunny est une jeune fille qui fait ses études dans un collège, a ses amies, et passe souvent la fin de ses journées à des jeux publics, afin de se défouler. Il n’y a rien de particulièrement spécial la concernant, si ce n’est que, à ses yeux, sa fête d’anniversaire s’approche. Elle compte réunir à cette occasion toutes ses amies, afin d’organiser une grosse fête dans sa maison.

LIEUX


CALIGULAS. Les Caligulas désignent l’un des quartiers exclusivement masculins de Tekhos Metropolis. Ce grand quartier est, depuis des années, en forte ghettoïsation. Les emplois s’y raréfient, les dégradations matérielles explosent, les infrastructures publiques, faute de moyens, continuent à fermer, et la police est de plus en plus répressive à l’égard des Caligulas. Les Caligulas, depuis quelques années, font régulièrement le devant de l’actualité, en raison des meurtres du Chirurgien, les crimes étant toujours retrouvés ici. Les Cali’ fonctionnent sur une économie différente de Tekhos Metropolis. Les trafics sont présents partout, et la police n’a qu’un contrôle virtuel sur ce quartier. On accède aux Caligulas par des ponts, ou par des tunnels de maintenance, ce qui fait des Cali’ une sorte de presqu’île séparé du reste de la ville, au milieu des immenses gratte-ciel, et du mépris constant des Tekhanes.

GÉHENNE (centre). En plein milieu des Caligulas, il existe un ancien hôpital public, ouvert il y a environ une vingtaine d’années, dans le cadre d’un programme municipal d’urbanisation du quartier. Officieusement, cet hôpital serait en fait le centre de recherches d’un programme tekhan visant à manipuler les gènes pour détruire le sexe masculin, Géhenne. Géhenne aurait enlevé de nombreuses personnes afin de mener ses recherches, avant d’être fermé par un assaut celkhan autorisé par Tekhos. Il semblerait en effet que Géhenne ait échappé, pour des raisons encore méconnues, à ses créatrices, menant des recherches illégales. Aujourd’hui, l’ancien centre de Géhenne est un ancien bâtiment délabré, un repaire de squatteurs et de toxicos’, où, d’après Ballas, on trouverait encore des traces des anciennes expérimentations ayant eu lieu ici... En cherchant profondément.

SANCTUARY. Ce temple situé dans les profondeurs éloignées de Terra abriterait le refuge d’un ancien culte, les Hommes-Animaux, des individus utilisant des Totems pour acquérir des pouvoirs magiques ressemblant à des attributs animaux. Sanctuary serait leur repaire, abritant les Totems, ainsi qu’un cristal magique, Black 13, la Treizième Noire. Cette sphère magique maléfique est la raison d’être de Sanctuary, et est sous la surveillance constante du culte, ainsi que de leur chef, le Primarque. Le dernier Primarque a toutefois succombé aux charmes de la Treizième, et a massacré la majeure partie des Hommes-Animaux. Sanctuary reste un mystérieux temple, dont il n’est sans doute pas très recommandé de trop s’approcher.

INTRIGUES


LA TRAQUE DU CHIRURGIEN. Il y a des années, on a relevé les premières victimes du Chirurgien : des femmes abandonnées dans des terrains vagues, ou dans des appartements minables des Caligulas, avec des organes en moins. La presse a surnommé cet insaisissable tueur en série le Chirurgien, un dangereux criminel. Après des années de recherche, la police ne sait qu’une chose : le Chirurgien se promène avec un camion frigorifique, et ses meurtres ont une importance de plus en plus grande, ainsi qu’une connotation politique. En effet, ils ont lieu dans un quartier exclusivement masculin, les Caligulas. Ceci donne lieu à des tensions particulièrement fortes entre les résidents des Caligulas, accusés de soutenir et de protéger le Chirurgien, et le reste de la société.

LES ÉMEUTES URBAINES. La tension sous-jacente entre les Caligulas et Tekhos Metropolis se manifeste par le biais de manifestations qui sont strictement encadrées, et sont organisées par la FMT (Fédération des Mâles Tekhans). Cependant, les manifestations dégénèrent souvent par le fait de provocateurs et de casseurs, discréditant le mouvement pacifiste mené par la FMT, qui fait l’objet de poursuites judiciaires pour trouble à l’ordre public et incitation à la rébellion. Les meurtres menées par le Chirurgien accroissent la tension entre les Tekhanes et les Tekhans des Caligulas, les premières voulant qu’on en finisse avec ce qu’elles perçoivent comme une gangrène à ciel ouvert dans la ville.

LES RECHERCHES GÉNÉTIQUES DE GÉHENNE. Géhenne aurait été un programme de recherches du gouvernement tekhan visant à supprimer le sexe masculin à l’aide de manipulations génétiques, permettant, sur plusieurs générations, de s’assurer que les bébés soient tous de sexe féminins. Plusieurs programmes étaient menés pour essayer de purifier la société tekhane, mais tous ont fini par avorter. Géhenne a en effet détourné de son objectif initial, et le centre a été fermé... Mais les disparitions se sont poursuivies. Géhenne a-t-il été fermé ? Ou s’est-il simplement déplacé ailleurs ?

LE CULTE DES HOMMES-ANIMAUX. Descendants de Maerlyn, les Hommes-Animaux sont un mystérieux culte, qui a pour centre Sanctuary, un temple regroupant les Totems, des espèces de catalyseurs magiques permettant d’obtenir à certains élus des pouvoirs magiques spéciaux. Jessica Drew a ainsi été désignée par le Totem de l’Araignée, et a hérité de pouvoirs importants. Le dirigeant du Culte est un homme s’appelant le Primarque, qui a pour mission essentielle de surveiller la Black 13. Depuis quelques années, le Culte est toutefois ébranlé parla trahison du précédent Primarque, qui a volé la Treizième Sphère.

LES TREIZE SPHÈRES DU MAGICIEN. Les Treize Sphères sont une légende fortement méconnue. À l’origine du monde, pour lutter contre le chaos magique, un puissant mage, Maerlyn, aurait concentré douze éléments magiques dans douze Sphères. Il ne restait ensuite plus que le néant, le Mal pur, qu’il enferma dans la Treizième Sphère, la plus redoutable de toutes, la Black 13. Les Treize Sphères sont des sphères magiques extrêmement puissantes, influant sur l’esprit de toutes les personnes s’en rapprochant, les corrompant. Sous l’influence directe des Treize Sphères, Maerlyn a sombré dans la folie, et ses disciples ont décidé de séparer les Douze Sphères, les enfermant dans des endroits particulièrement reculés et enfermés de Terra. Des colosses magiques ont été érigé pour protéger les Sphères. La Treizième Sphère, la plus dangereuse, est restée auprès des descendants de Maerlyn, le Culte des Hommes-Animaux. Il est dit qu’un homme, Géhenne, cherchera un jour à regrouper les Treize Sphères, et à les unifier. C’est ce qu’on appelle la Convergence, et qui aboutira à un chaos magique universel.



RPs

1°) Key To The Divine [Embryo] [EN COURS]
2°) Secret d'État [Lithium] [TERMINÉ]
3°) Black Out [Laraïna Rhenis] [EN COURS]
4°) "I Need A Hero !" [Projet Eternity] [EN COURS]
5°) En mode groupie... [Aemiliane Ganis] [TERMINÉ]
6°) Tandem de choc [Aemiliane Ganis] [EN COURS]
« Modifié: dimanche 17 janvier 2016, 23:45:50 par Spider-Woman »
DC d’Alice Korvander.

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Tengoku Megumi

Humain(e)

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 3 dimanche 14 juillet 2013, 01:07:20

Re-Bienvenue ^^

Suki Tetsuhiko

Humain(e)

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 4 dimanche 14 juillet 2013, 01:19:46

vu la taille de la fiche, on pense tous savoir qui se cache derrière ce compte  ::)
Quoi qu'il en soit, un gros REBIENVENUE juste parce que tu as choisi une de mes héroïnes préférer des Marvel :3

Spider-Woman

E.S.P.er

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 5 dimanche 14 juillet 2013, 01:24:39

Merci, Megumi.

Merci, Suki  :) J'ai surtout flashé sur l'image de Raffaele Marinetti, et, à partir de là, l'inspiration est venue... Le monde est bien fait, puisque je parle des Celkhanes dans ma fiche  ;D
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Saikai & Iinari Kuzaka

Terranide

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    Description
    A l'origine deux esprits dans un même corps, les "jumelles" ont été séparée l'une de l'autre par le dieu Neko. Si Saikai est sage comme une image, Iinari en revanche, est une perverse en puissance. Ce sont toutes les deux les amoureuses de Sya ♥

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 6 dimanche 14 juillet 2013, 01:40:00

Re31x Bienvenue ^^

Moi, y'a pas que la taille de la fiche qui m'a aidée, mais aussi la police rose, qui n'est utilisée que par les DC de Alice ou ma doublette Sakura :P

J'en profite pour dire que ma fiche subit une énorme mise à jour... vu qu'elle n'est plus du tout d'actualité ;D

Spider-Woman

E.S.P.er

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 7 dimanche 14 juillet 2013, 01:44:22

Le "31" n'est pas vraiment très exact, entre mon compte abandonné, et ceux que j'ai repris pour qu'ils ne disparaissent pas dans les méandres du forum.

Quoiqu'il en soit, merci :)
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Azazel Ängelsson

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Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 8 dimanche 14 juillet 2013, 02:32:21

Rebienvenue, héhé. ^^




Fiche de personnage // Demandes de RP

Dooaio Serafim Lelahel od wik Belioclya z ipuran ils...

Spider-Woman

E.S.P.er

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 9 dimanche 14 juillet 2013, 10:54:37

Merci =)
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Silence

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Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 10 dimanche 14 juillet 2013, 11:17:43

Rebienvenue :3 et maintenant, tu dois t'embêter à remettre tous les liens dans ta signature xD



Spider-Woman

E.S.P.er

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 11 dimanche 14 juillet 2013, 11:40:08

Merci ^^

Ce ne serait que dans une seule signature, ça irait, c'est un bête "Copier-Coller" !
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Suki Tetsuhiko

Humain(e)

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 12 dimanche 14 juillet 2013, 11:56:23

En fait, l'est où mon câlin? *^*

Spider-Woman

E.S.P.er

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 13 dimanche 14 juillet 2013, 11:57:27

*La prend dans ses bras, et s'envole dans les airs pour lui faire un câlin au milieu des nuages*

:D
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Darthestar

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    Darthestar est un être d'un bon mètre 95, et il s'agit surement de l'exemple typique de l'homme torturé par sa nature.
    
    Devenu vampire par le biais d'une bien compliquée histoire, il essayes tant bien que mal de dominer son instincts, mais son combat avec lui même le rend parfois instable et maladroit.
    
    Homme contemplatif, il est avant tout un voyageur et n'use de sa puissance que dans les cas les plus extrêmes, y préférant une certaine forme de sagesse.

Re : Welcome To The Jungle !

Réponse 14 dimanche 14 juillet 2013, 12:12:53

Re-bienvenue compte numéro X



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