Blue-jean et tee-shirt, c’était un peu léger en haute altitude, là où le vent était de glace, là où l’oxygène se raréfiait. Jonas ne se souvenait pas avoir eu aussi froid qu’à présent. Il grelottait et claquait des dents convulsivement. A chaque respiration, ses poumons le brûlaient, protestant face à cette température insupportable. Sa tête lui tournait, autant par le début d’asphyxie que par les jeux du dragon.
Ce dernier s’était enfin arrêter de monter. Un instant, le renardeau avait presque cru qu’ils allaient sortir dans l’espace, délire née de sa terreur maintenant presque totale. Il était foutu, c’était sûr, il était foutu ! C’était à peu près la seule idée construite qui tourbillonnait encore dans son cerveau. Malgré tout, bravache, il trouva encore la force de répondre au monstre avant d’être lâché.
« Va chier ! »
Il aurait voulu que ce soit un rugissement, ce ne fut guère plus qu’un murmure. Mais bon, c’était l’intention qui comptait, n’est-ce pas ? Et après, oui, en chute libre, il cria, cria et cria encore, de sa voix qui commençait à peine à muer et que la peur faisait ressembler à celle d’une fille. L’air lui hurlait aux oreilles. Il voyait une grande partie de l’île, voilée par quelques nuages. Il passa au travers de ceux-ci. L’île, toujours plus proche, devint plus précise. De là-haut, la forêt semblait n’être qu’un tapis vert. Ici et là, des incendies dont l’origine était évidente. Un peu plus loin, la montagne avec ses blanches cimes. Jonas distinguait maintenant les arbres, comme sur une maquette. Il criait toujours, sa voix était enrouée. Depuis combien de temps tombait-il ? Dans quelques dizaines de secondes, ce serait terminé. Cette pensée le fit s’évanouir...
Il ne remarqua rien du flash de lumière. Il ne réalisa pas que sa vitesse, contre toutes logiques, se mit à diminuer. Il ne vit pas, sous lui, dans la clairière, Gauthier qui le fixait, mains brandit.
Le souriceau, quand à lui, n’avait rien su de ce qui s’était passé dans les cieux. Il imaginait que c’était son propre sortilège qui avait expédié le renard si haut. Mais peu importait puisque, par chance, arrivant dans cette clairière, entendant les cris, il avait vu à temps son ami tomber. Autre coup de chance, sa magie ne lui fit point défaut et voilà bientôt le malheureux, tout de givre couvert, allongé dans l’herbe, sain et sauf.
« Jonas ! Jonas ! Réveilles-toi ! C’est terminé, t’as rien ! »
Jonas ouvrit les yeux, cligna et découvrit, penché sur lui, le visage de Gauthier quelque peu inquiet. Il resta une seconde passif, remettant ses idées en place. Puis, d’un coup, de nouveau tremblant, ayant toujours très froid, il attrapa son ami par le col de son tee-shirt et le secoua. Il aurait voulu se lever mais ses jambes étaient en coton. De sa voix cassée, il baragouina :
« Vite Gauthier ! Faut partir d’ici ! Tout de suite ! »