Mélinda était sûre que sa proposition ferait mouche. Elle avait plus ou moins cerné le comportement des Karistal, en se reposant sur ce vieil adage, selon lequel les apparences étaient parfois trompeuses. Les Karistal avaient de magnifiques petites têtes d’anges, les adorables fillettes qu’on voyait très bien jouer à la poupée... Il allait donc de soi que cette image était factice. Les jumelles étaient deux belles coquines qui exposèrent à Mélinda un souhait peu banal : une neko dominante ! Il fallait bien admettre que ça ne courait pas les rues, les nekos étant plutôt d’un naturel soumis. Mélinda avait-elle en réserve une petite neko dominatrice ? Une question importante, à laquelle elle se devait de répondre par l’affirmative. Oui, elle devait bien avoir en stock un petit quelque chose qui ne pourra que faire plaisir aux deux jumelles... Du moins, si elle les avait bien cernés, ce dont elle ne doutait nullement en cet instant.
Les Karistal lui posèrent à nouveau d’autres questions. Avant d’y réponde, Mélinda fit signe à Syzie de se rapprocher, et lui demanda d’aller chercher plusieurs nekos, puis de les envoyer dans une chambre bien précise. Syzie hocha la tête, et fila rapidement, heureuse d’avoir reçu un ordre de la part de sa Maîtresse. Mélinda la laissa filer, puis regarda encore les jumelles. Elles étaient toujours dans ce couloir, auprès de plusieurs belles femmes fermement ligotées contre le mur, qui gémissaient faiblement... Un endroit exquis, vraiment.
«
Et bien, je dirais que oui, pour plus de simplicité, mais nous verrons les questions mercantiles plus tard. »
La question de Yuka était un peu avancée pour l’heure. Les jumelles et Mélinda avaient un accord de principe. Les pourparlers et la négociation conventionnelle surviendront plus tard. Il y avait effectivement quantité de clauses à engager dans ce contrat : l’objet, la durée, l’étendue, les garanties conventionnelles pour les deux parties, les contreprestations, les éventuelles clauses d’exclusivité et de non-concurrence, etc... On pouvait aisément comprendre que Mélinda n’avait pas envie de se plonger immédiatement dans la rédaction de la convention, et de solliciter l’expertise d’un avocat pour s’assurer que leur convention ne comportait aucune erreur. Pour elle, le plus simple était tout simplement de voir ça après... Et encore, si elle voyait tout cet enfer administratif. La connaissant, il était possible qu’elle demande à son avocat habituel de lui rédiger l’acte juridique, cette dernière n’ayant qu’à le lire pour s’assurer que les mentions essentielles y figuraient, avant de donner un coup de signature.
Yuko vint alors à lui poser une autre question, qui concernait, encore une fois, le dressage. Elle voulait savoir si la vampire offrait à certains de ses esclaves des privilèges.
«
Je pars du principe que mes filles sont toutes du même niveau, commença-t-elle, décidée à en dévoiler un peu plus sur ses techniques, en signe de bonne foi.
Il faut voir ce harem comme une sorte d’entreprise, où la rémunération des salariés n’est pas un salaire, mais des récompenses en nature. »
C’était une comparaison qu’on pouvait faire, car, avec les prestations fournies, l’argent récolté permettait d’offrir aux filles de Mélinda (ce terme générique incluait aussi, de manière exagérée, les quelques hommes travaillant au sein de l’établissement) un toit, des lits confortables, une nourriture riche, et de beaux vêtements soyeux.
«
Comme dans chaque entreprise, il existe des sortes de primes liées à l’ancienneté, ou aux performances du travailleur. Tout ça figure dans le règlement interne, mais, par exemple, si une fille commence à acquérir une certaine notoriété auprès de la clientèle, elle peut quitter le dortoir commun, et avoir sa propre chambre. »
C’était une offre que, parfois, ses filles refusaient, mais, au moment d’accomplir leur prestation, cette chambre assignée était la leur. Cette politique expliquait aussi pourquoi, progressivement, le nombre de places se réduisait, au point d’atteindre la saturation. Dans l’ensemble, Mélinda essayait de conserver une certaine égalité de traitement entre ses filles, pour qu’elles ne soient pas jalouses entre elles. Dresser ses esclaves sur un lien d’amour, c’était une très bonne chose, mais ce n’était pas non plus la perfection... Car ce lien d’amour devenait parfois extrêmement fusionnel, donnant lieu à des scènes de jalousie, que Mélinda n’appréciait que rarement, vu qu’elles avaient toujours tendance à dégénérer.
«
Bon... Il est temps d’aller vous montrer ce que vous m’avez demandé... »
Elle s’avança, quittant le couloir, et descendit encore de plusieurs étages. On put croiser d’autres filles, toutes belles et magnifiques, portant un délicieux parfum, et des vêtements affriolants. Mélinda avança le long d’un couloir, jusqu’à se rapprocher d’une belle porte en bois, puis ouvrit cette dernière.
La neko dominante tourna sa tête vers elles.
«
Elle s’appelle Katarina, expliqua Mélinda aux Karistal.
Et c’est la fille d’une neko et d’un démon. »
Katarina était une créature en soi assez rare, dont la rareté faisait d’ailleurs tout le succès. Elle portait une espèce de chapeau en laine recouvrant ses oreilles pointues, une tenue noire, une peau grise sombre, et des yeux rouges. Un style très vampirique, du point de vue de Mélinda. Katarina était sur ses deux pattes, et sourit légèrement à sa Maîtresse, tenant dans sa main un fouet noirâtre recourbé. Devant elle, il y avait une autre neko, la soumise, qui était dans une curieuse tenue rose et bleue.
«
Miki est la victime habituelle de Katarina » continua à expliquer Mélinda.
Miki était aussi une neko particulière, car elle aimait bien porter des sortes de combinaisons moulantes recouvrant son corps. Ses bras et ses jambes étaient chacun attachées par des chaînes en fer reliées aux murs, et elle tourna la tête, essayant de voir sa Maîtresse... Quand le fouet de Katarina claqua sèchement contre son beau petit cul, faisant couiner Miki. Mélinda sourit, puis se retourna vers les Karistal, et entreprit alors, en les tenant par les hanches, de les embrasser à tour de rôle sur les lèvres.
«
Je vous laisse les regarder... Ou vous amuser avec elles. Nous nous reverrons ensuite... »
Inutile de mettre une trop forte pression sur les épaules des nekos. Mélinda sortit ainsi de la chambre, laissant ensemble les quatre femmes.