[HRP]C’est un peu ton nouveau feuilleton préféré, alors
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Et la danse put commencer. Oh, il n’avait aucune honte à la laisser faire. Il l’aimait bien. Elle était si belle, si envoûtante, si angélique. Oui, comment ne pas l’aimer ? Comment ne pas la désirer ? C’était impossible. Arctos la voulait, il voulait la voir sur lui, il voulait la voir danser. Allez, Eyia, montre-lui, remue, montre ta puissance, montre ce talent dans lequel aucun homme n’arrivera à jamais à vous surclasser, vous, les femmes. Elles qui portaient la vie, qui êtes
prédestinées à la part la plus importante du sexe, il allait de soi qu’elles se devaient de dominer. Arctos l’avait toujours pensé, et voilà que, devant ses yeux ravis, cette femme se présentait. Belle, pure, il la dévorait des yeux, l’observer. Sa main retourna agripper ses cheveux. Elle avait compris ses faiblesses, elle savait où frapper pour l’exciter. Maudite garce. Dieu avait voulu que le Russe naisse avec la puissance de dix hommes, mais avec la fragilité d’un poète s’extasiant sur le fleuve Amour. Elle dansait devant lui, et lui savourait chaque instant, chaque seconde. Son sexe se perdait en elle, fermement assoiffée, excité comme jamais. C’était terrifiant,
délicieusement terrifiant. Les sensations affluaient. Était-ce une vulgaire partie de plaisir ? Un jeu ? Une tentative voluptueuse de corruption ? Une déclaration d’amour ? Un mélange des quatre ? Non. Plus les choses évoluaient, et plus elle savait qu’ils n’étaient pas deux amants se contentant d’avancer respectueusement leurs flammes.
Ils étaient deux fauves se disputant la même proie : l’extase, le plaisir. Deux prédateurs qui ne lâchaient rien, qui n’avaient pas pour habitude de fléchir le genou devant le plus puissant, deux têtus, qui dansaient la plus ancienne des danses : pas celle de l’amour, mais celle du pouvoir. Qui domine l’autre. Voilà leur jeu, un jeu auquel le Russe jouait avec plaisir, espérant peut-être qu’elle parviendrait à le surprendre, se disant que son frêle corps dissimulait une volonté inébranlable, lui donnant la conviction qu’elle semblait
effectivement capable de le dompter. Comment réagirait-il devant une telle situation ? Il l’ignorait, et ça l’excitait.
Elle était façonnée du même bois qu’elle, et ne s’avouerait pas vaincue. Elle lui montrait son sublime dos, et se tourna sur elle-même, laissant le pieu planté en elle, arrachant des soupirs et des frissons au corps du Grizzly. Arctos ferma les yeux, soupirant longuement, sans rien dire, sans rien ajouter. Il n’y avait rien à dire, il se contentait de savourer, de la dévorer physiquement. Elle était une ennemie, il le
sentait. Une telle femme ne pouvait venir à lui en ayant de bonnes intentions, en voulant simplement travailler avec lui. Il serait déçu qu’elle ne cherche pas à l’amadouer, ou qu’elle ne cherche pas tout simplement à se satisfaire. Elle avait l’air d’être le genre de femmes qui aimaient faire ce qui lui passait par la tête, se fâchant quand on refusait d’exaucer ses souhaits. Le genre de femmes que le Russe aimait, tout simplement.
Eyia, louée soit son nom, se blottit à nouveau contre lui, son sexe se tordant en la suivant, le faisant soupirer. Elle lui mordilla le cou, son corps de poupée se blottissant contre le sien. Oui, cette idée lui revenait sans cesse en tête, mais ils formaient vraiment une image atypique. Le colosse et la poupée. Diable, on aurait presque dit le nom de ces comédies romantiques occidentales qui avaient le don de l’ennuyer encore plus qu’un rendez-vous avec un contrôleur fiscal ! Mais ce qu’ils faisaient rien n’avait rien de comique, ni de romantique. Quoique... Elle glissait qu’il était à elle, et, en l’état, vu la hauteur de son membre, il aurait été malavisé de la contredire.
À elle. Cette idée intolérable trouvait un confortable écho dans son corps, une douce réplique, et ne manquait pas de logique. C’était le bassin d’Eyia qui rythmait la scène, c’était ses hanches qui le domptaient, c’était son corps qui jouait en osmose avec le sien, c’était elle qui décidait du rythme, c’était elle qui remuait. Il aurait pu la renverser rapidement, et retourner la prendre, et il savait qu’elle aurait aimé ça. Mais il y avait en elle un petit quelque chose de
majestueux qui l’en dissuadait. Par sa sauvagerie et sa bestialité, elle atteignait une sorte de grâce magique. Il n’aurait pas su l’expliquer logiquement, mais il n’y avait rien de fondamentalement logique dans le sexe. Tout fonctionnait sur l’instinct, la passion, l’immédiateté du moment. Comment réussissait-elle cette danse ? Comment parvenait-elle, tout en se collant à lui, à remuer son bassin, à continuer à s’empaler sur lui ?
*
Par la Sainte Russie, cette petite est douée... Si j’étais plus superstitieux, je jurerais que tu es une sorcière, Eyia... Et je ne pense pas que je serais si éloigné de la vérité.*
Elle lui caressa les cheveux, s’y crispant, provoquant un frisson électrique dans son corps. Comme Proust avalant sa madeleine, il revit le passé... Seule sa mère avait pu glisser ainsi ses doigts dans ses mèches de cheveux sans trembler, avec une spontanéité qui l’avait touché. Toutes les autres femmes avaient toujours eu peur d’énerver Arctos. Mais pas elle. Elle, elle s’en moquait, persuadée que tout ce qu’elle ferait lui ferait plaisir... Et elle n’avait pas tort. Son don était unique, et elle le sentait venir, elle sentait son sexe se tendre, assoiffé, elle sentait que la marée allait exploser entre ses cuisses. L’ivresse s’emparait de lui, ses mains caressaient son dos, s’y crispant, retournant se frotter à ses cheveux. Ils s’embrassaient avec passion, leurs langues se caressant entre elles, dansant avec joie et avec bonne humeur, sans hésitation. Il raclait les belles dents de cette femme, et continuait à caresser sa nuque, tandis que son autre main glissa le long de sa colonne vertébrale, frôlant sa belle peau pour atteindre sa croupe. Il appuya sur l’une de ses fesses, tandis qu’elle lui parlait de Sergeï.
Ce brave Sergeï...
«
Il... Hum... Oh, ma belle, c’est si bon, hum... Sergeï... Il n’a pas l’âme qui sied à un chef, mais... Il s’y connaît. C’est mon homme de confiance, hum... Toutefois... Je ne peux m’empêcher de me demander... »
Il croisa son regard avec celui d’Eyia, posant sa main sur ses cheveux, et frotta son nez contre le sien, posant ensuite sa question sur un ton un peu plus bas :
«
Est-ce lui qui t’a trouvé... Ou toi qui le cherchais ? »
Même excité comme il l’était, Arctos ne désespérait pas d’en savoir plus sur cette femme, aussi magnifique soit-elle. Elle aurait presque pu dire qu’elle était venue pour le tuer, ça ne l’aurait pas empêché de continuer à lui faire l’amour. C’était tout simplement trop bon pour qu’il s’arrête maintenant.