Le sexe était comme une montagne russe, ou comme le courant d’une mer. Parfois, le courant était agité, formant d’énormes vagues qui semblaient alors se dresser comme des murs interminables. Et, parfois, elle était aussi calme et plate que l’électroencéphalogramme d’un cadavre. Le sexe avait ses propres raisons, ses propres arguments, son propre mode de vie. Il agissait comme il l’entendait, et tout le monde le savait. Tout le monde s’était un jour réveillé avec une érection matinale assez gênante, et le Russe n’y ferait pas exception. Cette femme le tentait, le hantait. Son corps magnifique, ses formes langoureuses... Oh oui, il était en adoration devant ce corps accompli, ces hanches fermes, ce dos parfait, cette chute de reins magnifique... Une terrifiante succube qui se dandinait lentement sur son corps, aventurant sa main le long de son sexe, le masturbant tendrement et fermement, tout en mordillant ses lèvres. Elle enfonça ses dents dans sa chair, tirant dessus, le faisant soupirer, lui rappelant que le sexe était une subtile alchimie, un mélange entre la douleur et le plaisir.
Elle le masturbait tendrement, et le Russe soupira lentement, aventurant ses mains sur le corps de la femme, glissant sur sa peau trempée, revenant fréquemment à hauteur de ses belles fesses, qu’il pressait tendrement, en glissant ses doigts depuis cette magnifique chute de reins. Elle l’invita à prendre soin de ce moment, en émettant l’hypothèse qu’elle ne serait plus là demain. Il soupira lentement, et n’eut pas le temps de répondre qu’elle se pressa contre lui, pour un long et langoureux baiser. Ses seins frottaient contre son torse, et il y répondit, alors que, sous l’effet des doigts d’Eyia, Arctos retrouvait sa vigueur habituelle, son membre se dressant fièrement, caressant le corps de la femme, formant cet appel silencieux qu’un homme ne pouvait décemment négliger.
Il adorait la manière dont elle l’embrassait. Plus généralement, il adorait tout de cette femme. Elle était typiquement conforme à cette femme fatale qu’un homme recherchait perpétuellement, surtout un homme fort et affirmé, car elle était comme un appel à la liberté, à se surpasser, à se prouver que, malgré toute sa puissance, un homme était encore fondamentalement inférieur à une femme. Arctos avait toujours eu bien du mal à dédaigner le sexe féminin, car, de son point de vue, c’était la femme qui portait la vie. Il en avait toujours résulté, chez lui, une espèce de forte considération du beau sexe. Elle le masturbait plus fort, et il soupira lentement, rouvrant les yeux quand ses lèvres s’écartèrent des siennes. Elle lui conseilla de profiter, d’une voix sensuelle qui vibra dans ses oreilles comme une délicieuse fumée sensuelle.
« Rassure-toi, j’y compte bien... »
Quitte à ne profiter d’elle qu’une journée, autant y aller à fond. Inconsciemment, le Russe savait qu’il ne la reverrait plus quand elle récupérait ses joyaux. Il avait, sur ce point, une prémonition, un pressentiment fort, de nature superstitieuse. Elle était trop belle pour s’enticher de quelqu’un, même s’il avait la conception qu’il aurait pu y avoir quelque chose entre eux. Mais pouvait-on vraiment faire croire à une femme vieille de plusieurs milliards d’années, si tant est que cette histoire soit vraie, que l’amour méritait les sacrifices ? Et pouvait-on faire croire à un mafieux, une impitoyable machine à tuer, que l’amour était une bonne chose ? Oh, il n’aurait pas fallu se leurrer. Leur amour n’aurait pas été de cet amour mielleux qu’on trouve dans les films hollywoodiens, ça aurait été une relation dure, sexuelle, et intense, une relation de tous les instants. Et il ne pouvait pas se mentir... Revoir cette femme le tentait. Peut-être, après tout, invitait-il toutes ces filles chez lui par une sorte de recherche solitaire et inconsciente d’une femme capable de vivre avec lui ?
Il aventura ses mains sur le corps d’Eyia, afin de déplacer son bassin. Elle était aussi solide qu’une poupée, et, tandis qu’il la manœuvrait pour pouvoir faire en sorte que son sexe se perde en elle encore (mais le sexe, après tout, était une forme de répétition), son esprit réfléchissait. Et une question revenait en tête, trottant dans sa mémoire : pourquoi. Pourquoi, en effet, lui indiquer qu’elle allait partir, sortir de sa vie, alors qu’elle était précisément venue le voir dans l’optique de récupérer ses diamants, et de ne plus jamais le revoir ? Pourquoi tenir à ce point à lui préciser ce qu’il savait déjà ? Pourquoi ? Et, sous l’effet de ce plaisir grandissant qui naissait entre ses jambes, Arctos ne voyait pas énormément d’explications. Tandis que son membre allait se perdre en elle, et qu’il décalait ses mains sur ses hanches, il se mit à lentement soupirer, et, sous l’effet décrispant du sexe, se permit de poser une question, qui constituait le prolongement de ce qu’il pensait :
« Au... Aurais-tu peur... Hum... De t’attacher, Eyia ? »