Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

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Tadeus Severus Palathéus

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    Vétéran de guerre anobli par l'Empereur.
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Re : I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

Réponse 15 lundi 24 août 2020, 08:34:55

Elle approchait. Elle osait. L'homme dans la cage n'en était pas un. Le seul fait qu'Anéa s'avance vers lui, il le prenait comme un défi. La colère et l'indignation bouillaient en lui et faisait vibrer l'air autour d'eux au moment où l'hybride se plantait de l'autre côté des barreaux.

"Qui es-tu?"

Une petite question pour une si grande réponse. Il était bien plus qu'humain et bien moins qu'homme. L'ombre d'une gloire que tous avaient oublié. Le reliquat d'un souvenir. Un Dieu devenu esclave. S'il était Teutatès, ceux qui ne croyaient ou ne voulaient pas croire son histoire -comme Tadeus- se contentaient de l'appeler "le Gaulois". C'était plus que réducteur, mais il avait fini par s'y faire.
Il ne daigna pas répondre à cette question stupide. Pas une fois encore. Pas à une créature pareille. Surtout pas à une créature pareille.

"Tu me fais penser à moi, l'autre jour, à devoir attendre qu'on m'expose pour me battre. Je ne tenais pas en place."

Son sang ne fit qu'un tour, mais il prit sur lui de le cacher. En était-il si diminué que même quelqu'un comme elle ne pût savoir à qui elle s'adressait? Ses sourcils s'arquèrent, perplexes. Il lui répondit avec une voix grave et rauque, parce qu'il ne parlait pas souvent:

"Tu veux dire qu'on se ressemble, toi et moi? Tu trouves qu'on a l'air faits du même bois?"

Depuis un recoin, Creedo suivait la scène avec attention. Habituellement, les nouveaux évitaient d'instinct de s'approcher de la cage du fond. Il arrivait qu'ils le fixent avec curiosité, mais ils étaient souvent trop intimidés ou trop soumis pour approcher celui qu'on avait préféré isoler au fond de la grotte. Il n'arrivait cependant pas à capter leur conversation par delà la rumeur ambiante des gladiateurs qui discutaillaient avant d'aller dormir. Mais c'était bien une conversation. Car Teutatès, à sa grande surprise, ne l'avait pas ignorée.

En un clin d’œil, la main du gaulois avait filé à travers les barreaux pour attraper Anéa à la gorge. L'instant d'avant, pourtant, elle semblait toujours hors de portée. Le colosse était plus vif qu'un serpent bondissant des hautes herbes. Les conversations en arrière-plan se turent petit à petit. Mais au lieu d'intervenir, Creedo se contenta de se diriger vers la porte d'entrée, et de marmonner quelque chose au serviteur qui venait de se poster de garde dans l'antichambre.
Teutatès était dans une colère noire. Le froid dans ses yeux semblait s'enfoncer lentement dans le crâne d'Anéa comme une pointe gelée. C'était un modèle de férocité sauvage.

"Toi, tu n'appartiens ni au Ciel ni aux Enfers. Tu es une aberration abjecte. Tu n'as ta place nulle part, pas même derrière ces barreaux, petite trainée, ne me compare pas à toi!"

L'étau de ses doigts se refermaient avec une lenteur inéluctable sur sa trachée. Il tenait son existence dans la paume de sa main. Réduite à néant en un instant. Passé, présent, avenir. Parce que cette même existence n'avait pas lieu d'être. En fermant le poing, il ferait sans doute sauter sa tête. Son premier acte en tant que Dieu depuis bien des années.
Mais il n'était plus un Dieu. Il était un esclave. Il appartenait à Tadeus, à présent. Et elle aussi. Il la lâcha en poussant un juron.

Creedo avait traversé la pièce à son insu, comme le chasseur-né qu'il était. Le Gaulois réalisa seulement à ce moment que le Champion ne l'aurait pas laissé faire. Malgré le sourire qu'il leur adressa, il aurait sauvé Anéa quitte à lui arracher le bras dans l'instant. Il ne comprenait pas. Il ne pouvait pas comprendre.
Mais il continuait de les regarder en souriant. Un sourire victorieux. Et moqueur. Il frappa dans ses mains.

"Bonne nouvelle, Gaulois, tu participeras à l'entraînement de demain. Je viens d'obtenir de Perditia que tu puisses prendre l'air!"

Son regard passa sur Anéa, et Teutatès, et ce dernier comprit rapidement où il voulait en venir. Le Gaulois ne prenait jamais part aux entraînements. Parce qu'il s'y ennuyait, parce qu'il était tout simplement trop fort. Tadeus et Creedo s'en étaient chargé pendant un temps, mais l'ancien Dieu n'avait rien à apprendre, et n'avait pas besoin d'entretenir ses compétences guerrières. En outre, sa défiance inquiétait Alera et elle préférait le savoir loin de son époux. Alors, oui, tout cela ne pouvait signifier qu'une seule chose.

"Tu travailleras en binôme avec Anéa. Tu lui apprendras à se battre en gladiatrice. Et tu te contrôleras, même si personne ne te demande d'être tendre avec. Oh, j'ai hâte de vous voir vous entraîner ensemble!"

Il s'en alla vers sa couche sous une bordée d'injures. Teutatès était enragé, mais il ne pouvait rien y faire. Son statut actuel ne lui permettait pas de se mesurer à Tadeus -et puis, ce n'était pas une décision très sage, même s'il l'emportait- et lever la main sur ce salopard de Creedo, comme sur n'importe qui d'autre en dehors de l'arène ou de l'entraînement, lui attirerait les foudres de Perditia.
Et s'il y avait une chose que l'ancien Dieu craignait plus que tout désormais, c'était de voir Perditia furieuse.

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Anéa

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Re : I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

Réponse 16 lundi 30 novembre 2020, 02:58:50

Le monstre avait osé approcher la bête en cage. Ce lion semblait perturber par sa venue. Personne ne rôdait dans le fond de la pièce. Aucun gladiateur ne semblait vouloir se tenir proche de cet homme. Peut-être que cela n'en était pas un ? Combien de monstres comme Anéa se cachaient sous des traits agréables tout comme elle ? Beaucoup trop à son goût. Mais il avait ce quelque chose chez cette bête de...d’étonnamment fort. L'ancien archange ne pouvait l'identifier mais elle ressentait une aura de danger, de puissance suprême, bien supérieure à la sienne, tout en ayant cette petite chose d'indescriptible. C'était un peu comme une petite flamme vacillante sur le sommet d'une bougie, idéale pour voir dans le noir, mais prête à disparaître au moindre souffle. Cette aura de force était là, tout en ne l'étant pas. C'était peut-être pour cela qu'il était à l'écart des autres.


La curiosité de l'ange déchue était piquée à vif et rien ne pouvait l'arrêter sur le chemin pour atteindre la cage et la fameuse bête qu'elle renferme. Quand bien même cela pouvait lui attirer des ennuis, sur le moment, son regard ne portait que derrière ces barreaux. Dans son allure, on aurait presque dit un sans-abri que l'on pouvait croiser sur Terre : un air crasseux, triste, impuissant...La colère se lisait sur son visage, davantage lorsqu'Anéa daigna lui parler. La jeune femme ressentit une ombre menaçante derrière cet homme. Un fin sourire orna son visage lorsque la semi-démone le compara à elle, pour toutes les fois où elle s'était prise d'une envie folle de tuer, d'une rage qui lui tiraillait l'estomac.



- Non, pas du même bois, non...Je parlais juste de la situation.


Anéa eut à peine le temps de hausser les épaules, suite à ses paroles, qu'elle fut attirer de force près des barreaux. Des doigts se crispèrent contre la chair de son cou, d'une poigne surpuissante, que l'ancien archange ne pouvait s'en défaire...Mais surtout, surtout...Il a été d'une telle rapidité qu'elle ne put l'esquiver. Un ESP.er ? Un surhumain ? Non, impossible, cet homme, ou plutôt cette chose, respirait un parfum presque familier et tout aussi lointain à la fois. Agrippant les doigts qui la coupent de toute possibilité de respirer correctement, la déchue se débattit avec force. Mais tout en même temps, ses lèvres charnues s'élargirent en un sourire des plus malsains. C'était tout sauf un être humain ou tout ce dont elle avait pensé. Cette aura, cette petite chose endormie lui titillait les narines : un Immortel...Était-il éteint ? Ce serait fort possible, pour qu'il ne soit qu'un pauvre gladiateur coincé derrière des barreaux.


Bien qu'amusée par la situation, la jeune femme ne se remua pas plus pour se défaire de cette étreinte amicale. Un sifflement de narines transperça l'air un instant, le sourire de la semi-démone ne quittant guère son joli minois, celui-ci rougissant à vu d’œil. Pourtant, la peur ne prenait pas les entrailles de l'ancien archange. Elle savait pertinemment que s'il s'amusait à tuer la nouvelle recrue de Tadeus, cet homme aurait bien des soucis avec le maître des lieux. Il lui enlèverait une possible gladiatrice pour quelques temps, mais surtout son bon pour aller laver l'affront que lui avait fait Berzyl dans le Colisée.


L'inconnu se mit à vomir ses mots, alors la folie qui animait les tréfonds de l'âme d'Anéa se réveilla lentement. Autant en extase qu'en colère, ses paroles la touchèrent plus qu'elle ne voulait le montrer. Plus vraiment un ange, sans être un démon non plus, la jeune femme avait le cul entre deux chaises. Rejetée du Paradis, pas tout à fait acceptée aux Enfers, au fond, Anéa n'avait sa place nulle part. Cela l'agaçait tout autant qu'elle s'en fichait. Ce qui lui importait le plus, c'était de décimer les démons, ces chiures de l'Enfer, même si elle était sous les ordres de l'un d'entre eux. Son devoir, ainsi que sa vengeance, d'une certaine manière, étaient tout ce qui lui restait.


Sa vie aurait pu finir ainsi, comme le signifiait le terrible tambourinement qui frappait son crâne et faisait siffler ses tympans, mais Creedo en décida autrement. Intervenant de loin avant de finalement se rapprocher de ce drôle de couple, le fauve retira ses doigts de la gorge d'Anéa, celle-ci tombant à genoux devant les barreaux. Le souffle court, la poitrine se soulevant difficilement, la voix rauque et sifflante, elle répondit toutefois à son agresseur, piquante à souhait.



-  En effet...Je n'ai...ma place nulle part, tout...Tout comme toi, au fond...Mais c'est vrai...Je ne dois pas...Pas me comparer à toi. Moi...Moi, j'ai encore...un véritable rôle dans ce monde...


Munie d'un nouveau collier, formé des traces des puissants doigts du Gaulois, comme l'avait appelé Creedo, l'ancien archange se tût pour mieux reprendre sa respiration et faire en sorte que sa gorge ne la tiraille plus. Son ancien adversaire sembla féliciter ce Gaulois pour un futur entraînement qui aura lieu demain, entre lui et Anéa. Mh...Assez rapidement, la semi-démone se redressa, la main sur son cou pour se le masser un peu. Pour sûr, elle aura encore des marques sur plusieurs jours. Son regard de glace se posa sur le gladiateur à ses côtés, son sourire amusé disparaissant de ses lèvres pulpeuses, reprenant une apparence des plus froides...ou indifférentes.

Cet entraînement ne lui apparut que prometteur. Bien que le Gaulois soit dangereux, au fond, il ne s'agissait là que d'un adversaire qui pouvait en finir avec la vie misérable de la déchue. Ressentir ce frisson de danger ne faisait que l'exciter grandement. S'il n'était pas aussi dégoûtée de sa forme, Anéa aurait pu partager sa couche et s'adonnait à des ébats des plus fougueux. L'idéal avant de se mettre sur le coin de la figure. Mais il en était tout autrement. Avant de se quitter, la jeune femme à la chevelure de jais fit une révérence vers le prisonnier, un fin sourire ornant son visage rougi.



- J'imagine que j'aurais énormément de choses à apprendre de toi, l'Immortel...


Finalement, la jeune femme délaissa le prisonnier, lui laissant le loisir de bougonner un peu plus dans son coin. De son regard presque blanc, elle prit le temps de regarder autour d'elle afin de se trouver une couchette. L'une d'elles, encastrée dans la pierre, située au dessus d'un gladiateur déjà en train de rendre des comptes à Morphée, semblait confortable. Ni plus ni moins que les autres couchettes de ce lieu. Y grimpant sans mal, l'archange s'y installa, sur le dos, les bras croisés sous sa tête pour y apporter un peu de moelleux, ne serait-ce que pour cette nuit. La fatigue l'attrapa assez brusquement, sûrement un contre-coup de l'étranglement qu'elle avait subi. Aucun songe ne vint la perturber. Même dans son subconscient, Anéa n'y trouvait guère sa place, entourée d'obscurité, de néant...



-En souvenir du bon vieux temps-

Tadeus Severus Palathéus

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Re : I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

Réponse 17 dimanche 15 janvier 2023, 12:42:29

Le sommeil n'était d'aucun remède pour l'affliction qui frappait Teutatès. Il était constamment, fatigué, affable... Non, abruti. Sa condition actuelle était comparable à celle d'un comateux en phase de réveil, une constante léthargie, un état de faiblesse et de torpeur permanent. Le souterrain sombre, les barreaux épais, la chaîne autour de son cou. Ce n'étaient que des bagatelles compte tenu de l'état lamentable dans lequel son corps et son esprit étaient. Un reliquat d'immortalité, une braise qui s'étouffait.
Mais elle refusait obstinément de s'éteindre.

Dans ses rêves, il retrouvait parfois des bribes de sa gloire passée, des souvenirs si anciens que même lui n'était plus sûr de leur véracité. Mais cette nuit-là, tout était si... Limpide. Précis. Nostalgique. Ce combat lui revint en mémoire dans le moindre détail. Leur combat. L'affrontement le plus grisant de son existence.
Il goûtait son propre sang dans ses gencives, humait l'odeur de l'acier et des cendres, et son adversaire était l'être le plus puissant et formidable qu'il n'avait jamais affronté. Ses soldats l'appelaient Mars. Chacune de ses fentes étaient adressées avec une force et une précision admirables; son jeu de jambes était parfait, il maniait la lance et le bouclier comme nul autre avant ou après lui. Deux Dieux de la Guerre, s'affrontant pour le destin de leurs deux mondes, un affrontement au sommet dans l'ombre de l'Humanité. Et pourtant, chaque fois que sa hache s'abattait sur le bouclier, le tonnerre hurlait. A chaque fois que la lance le chassait, le vent balayait la lande et faisait tourbillonner la fumée âcre et noire qui assombrissait le Ciel. Au-dessus d'eux, Taranis et Jupiter le zébraient d'éclairs. Il n'était pas seul, ce jour-là. Ses frères d'armes étaient là pour l'épauler. Belisama et Minerve croisaient aussi le fer non loin de là.
Un combat dantesque, que l'Histoire oublia. La défaite leur fit perdre jusqu'à leur nom. Rome conquit la Gaule.

Pourtant, malgré la perte et l'amertume, ce fut le meilleur moment de sa si longue vie. Un champ de bataille, le sang, le feu, l'odeur de la Mort. Mais ce souvenir fut troublé par quelque chose qui n'y avait pas sa place. Le vent charriait un murmure, d'une voix qui l'insupportait déjà. Il disait:

"Je n'ai ma place nulle part... Tout comme toi, au fond..."

Rage. Hargne. Encore un assaut contre Mars. Il se souvenait de cette passe. Il se souvenait la gerbe de sang qui éclaboussa son visage extatique. Il se souvint son rire, et la reconnaissance froide dans les yeux du Romain. Rien à foutre des enjeux. Rien à foutre des Hommes. Ce jour-là, l'avait-il vraiment crié ?

"C'EST ÇA ! C'EST LÀ MA PLACE !"

La terre sous ses pieds se fit sable. Des gradins s'élevèrent tout autour d'eux. Des citoyens romains scandaient le nom de Mars et ce son résonnait tout autour d'eux. Le combat reprit de plus belle, mais leur échange se fit moins familier. La nostalgie était partie. Cette guerre, ce combat-là, il n'était pas encore fini. Sans même qu'il s'en aperçut, les spectateurs n'étaient plus des Romains. Ils ne criaient plus "Mars", mais "Arès". Était-ce ainsi qu'on le nommait à présent ?

Impossible de se souvenir de l'issue du combat quand il ouvrit les yeux. Peut-être cet affrontement n'était pas encore terminé.
La routine mit ces réflexions au second plan. Même réveil, même file, même tambouille. Mais à sa grande surprise, il ne sortit pas dans la cour avec les autres. Anéa non plus. Perditia leur avait dit de rester dans l'antichambre et d'attendre, avec la tendresse d'une lanière de cuir. Le Gaulois était resté ainsi, immobile, à retenir ses pulsions qui lui hurlaient de profiter de cette fenêtre. D'annihiler l'aberration à côté de lui. Mais tout comme lui, cette vilénie de l'existence appartenait à Tadeus.
     À sa grande surprise, ce fut le Maître en personne qui vint les chercher. Il était vêtu de son armure de combat, et déjà en grande forme. Il avait dû se lever avec le soleil, une heure avant qu'on les fasse réveiller. Son seul œil ouvert lui évoqua celui de Mars durant un instant fugace. Sa voix forte tonnait dans la petite pièce:

"Perditia m'a tout dit. Et puisque vous êtes incapables de vous tenir, je me chargerai de vous personnellement, ce matin. Maître Netio nous laisse gracieusement utiliser son arène. Toi, la nouvelle, tu portes."

Tadeus jeta avec une négligence non feinte une caisse de bois allongée reliée à ses extrémités par une simple corde de chanvre. La boîte était lourde et fit un bruit métallique: elle était pleine d'armes. Sans doute émoussées, mais bel et bien en acier solide.
L'arène de ce "Maître Netio" était très modeste, mais éloignée de la cité. Ne se tenaient là-bas que des combats sans grand intérêt, où les participants étaient surtout des villageois de la région qui souhaitaient régler des querelles de manière définitive. La simple idée que des gladiateurs de la maison Palathéus croisent le fer chez lui, ne fut-ce que pour un entraînement, lui avait collé une demi-dure. Bien qu'il ne fut qu'un humain, du sang de Démon coulait dans ses veines, par filiation, bien dilué, mais bien là. Du moins si le flair de Creedo ne s'était pas trompé. Le vétéran Ashnardien avait sauté sur l'occasion à dessein. En fait, Netio n'était pas un mauvais bougre, et Tadeus en avait même une bonne estime.

"Au pas de course ! Mon pied au cul à celui que je vois marcher !"

Le Dieu obéit dans l'instant, et le maître de maison ferma la marche. Si lourdement vêtu qu'il était, il n'avait fait apprêter aucun cheval.

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Anéa

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Re : I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

Réponse 18 vendredi 03 mars 2023, 01:47:53

L'obscurité...Qui aurait pu croire qu'elle serait la partenaire d'exception d'un ange ? Il faut dire qu'elle l'était déjà, en particulier lorsqu'elle arpentait les champs de bataille. Cette grande amie, douce et silencieuse, pernicieuse compagne, qui aime tourmenter...Quand ce nuisible pointait le bout de son nez dans les songes de la belle, il était difficile de s'en défaire. Souvent, ce parasite y préparait son nid et y logeait pendant des jours, pour ne pas dire des semaines ou des mois. À quand remontait la dernière fois où Anéa avait rêvé ? Longtemps...Et la dernière fois où ses songes étaient doux ? Une éternité...

C'est cette amie qui vint chatouiller le corps d'Anéa. À moins que... ? Papillonnant des yeux, l'ancienne archange se rendit compte qu'elle était bien en cage. Berzyl, Tadeus, cet immortel...Tout lui revenait à l'esprit. Réveillée par la routine des autres gladiateurs présents, la jeune femme suivit le rythme, sans se plaindre de quoique ce soit, avant d'être arrêtée par Perditia. Cette tortionnaire avait eu vent de ce qu'il s'était passé entre l'ange et l'éternel, et avait pris soin de séparer les deux perturbateurs du reste du groupe. Installés tous les deux dans l'antichambre, la demi-démone croisa les bras sous sa poitrine, restant debout et sans un bruit. Il lui arrivait parfois de poser son regard de glace sur l'immortel, cherchant à dénicher qui il pouvait vraiment être, et pourquoi il restait dans cet état finalement. Il était puissant encore, ça, elle n'en avait aucun doute. Il aurait pu se débarrasser de la femme à la chevelure de jais assez facilement. Anéa était sûre qu'il en bouillonnait d'envie. Après tout, il l'avait qualifiée d'aberration abjecte, en plus de traînée, mais ça, c'est tout autre chose. L'entraînement allait être compliqué. Sa colère, sa haine même, il allait la rediriger lors des combats prochains. Anéa s'en amusait. Un fin sourire se dessina sur son visage satisfait.

Une voix forte la fit sortir de ses pensées, relevant légèrement le menton vers l'origine du son. Le maître était là. Enfin, « maître ». Pas celui d'Anéa, on se comprend. La jeune femme resta silencieuse. Après tout, on ne lui avait pas donné la permission de parler. Elle avait appris il y a bien longtemps, les rudiments d'une vie militaire. La jeune femme avait beau avoir été un archange, les conditions d'entraînement, de combat étaient, à peu de chose près, semblables à celles d'une armée humaine, qu'elle provienne de la terre ou de Terra d'ailleurs. Ne parlons pas de la hiérarchie à respecter à la lettre, au risque de se faire sermonner ou pire encore...

Un bruit sourd de métal tinta dans la pièce. Tadeus, tout d'armure vêtu, venait de jeter au sol une caisse en bois, seulement reliée à une corde, remplie d'armes. Anéa aurait voulu grogner, lui dire que ses armes suffisaient. Mais l'ange déchue garda son sang-froid et rien ne transparut sur son visage, ni même sur son corps. Une fois que le maître eut fini, elle se baissa pour attraper la corde, fit en sorte de caler la caisse sur son dos. Il se fit comme des bretelles avec la corde, faisant comme si elle portait un cartable d'écolier sur le dos. La caisse faisait son poids, mais ce n'était presque rien pour l'être abjecte qu'était Anéa.

L'immortel ouvrit la voie, l'archange avec sa caisse sur le dos le suivant, et Tadeus ferma la course. Interdiction de marcher au risque de se prendre des coups. Les pieds claquaient le sol, soulevant la poussière orangée. Le tintamarre des armes secouées dans la caisse l'assourdissait un peu, tout comme il la rendait nostalgique. Cette course...Ils n'étaient que trois mais on aurait dit une armée allant au front. Un frisson parcourut l'échine d'Anéa. C'était plaisant. Un sourire orna son visage légèrement rougi par l'effort. Elle allait combattre, s'entraîner...Tout ça, ce n'était qu'une étape à passer ayant pour but final la décapitation de Berzyl. Certes, cela devait passer par la victoire de la jeune femme lors du prochain combat dans l'arène du démon. L'honneur du Prior Sanguinem devait être lavé également. Autant faire d'une pierre deux coups...

Cette sensation, ce passé lointain qui lui revenait à l'esprit, la tourmentait aussi bien qu'il lui apportait un sentiment de bonheur. Se remémorer son ancienne vie, celle d'archange, foulant les terres pour se débarrasser de la masse d'immondices infernales...Ces mêmes êtres dont elle faisait désormais partie, qu'à moitié mais...Le bonheur, tout comme la rage, lui donnait la gorge sèche. Ou bien était-ce la poussière que le petit troupeau soulevait ? Cette dualité, ces puissants contraires...Un jour, ils la tueraient. En attendant, c'était une arène qui se dessinait au loin. Ce serait le refuge des trois joyeux lurons pour les prochaines heures, à se taper dessus sous le soleil brûlant.



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Tadeus Severus Palathéus

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Re : I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

Réponse 19 mardi 07 mars 2023, 22:30:29

Situé à une bonne quinzaine de kilomètres de la cité, le terrain de Nétio se composait d'une petite maison de campagne, et d'un terrain de terre battue. Une partie de la bâtisse lui servait de pied-à-terre, tandis que les trois quarts restant faisaient office de coulisses et de vestiaires pour les combats.
Contrairement à la plupart des colisées Ashnardiens, l'arène était rectangulaire, entourée de simple murets, eux-mêmes cernés par des gradins de bois. Si les combats étaient bien entendu l'attraction principale, le lieu était parfois réapproprié à des choses plus triviales, comme divers concours et festivités locales. Ce n'était pas un endroit qui intéressait les grands de ce monde, pas un endroit où l'on s'attendrait à trouver la fine fleur de la noblesse de l'Empire. Fort heureusement, la jeune maison Palathéus ne rentrait pas tout à fait dans cette catégorie.

Maître Nétio leur fit accueil en personne. Outre ses yeux à la teinte anormalement dorée, ce gaillard d'une trentaine d'années passées avait l'air tout ce qu'il y a de plus humain. Habitué des affaires rurales sans vraiment en faire partie, sa tenue était élégante mais réhaussée de bottes terreuses. Respectant les convenances, il s'était peigné, parfumé et rasé de près, même s'il savait que le laniste n'était pas homme à lui en tenir rigueur.
Malgré la sueur à la racine de ses cheveux le quasi-quadragénaire que Tadeus était tenait la part belle à Teutatès et Anéa, et était arrivé au même rythme de course qu'il était parti. S'ensuivirent les salutations et autres convivialités, que le vétéran essaya d'écourter sans se montrer discourtois. Leur hôte, par souci de bien faire, et parce que le Prior Sanguinem n'était pas un titre à prendre à la légère, réussit à le convaincre de prendre une collation au bord de l'arène, abrités sous une ombrelle.

Un esclave, terranide chat comme il en existait des milliers, était à leur disposition pour remplir les coupes et faire le réassort de leur table. Il portait à la taille un petit éventail qu'il leur agitait près de la tête à la seconde où l'un d'eux tirait ne serait-ce que vaguement sur son col. Les gradins étaient entretenus par deux jeunes gens du coin, des hommes libres que Nétio embauchait à l'occasion pour quelques piécettes. Nétio ne roulait pas sur l'or et possédait très peu d'esclaves; même les combattants de son arène étaient souvent des hommes libres. Tadeus ordonna à Anéa de poser la caisse contre l'un des murs de l'arène, et l'entraînement débuta par un face à face à mains nues.

"Bien, Anéa ! Tu as fait montre de capacités martiales convenables l'autre jour, mais tu vas devoir apprendre la différence entre un gladiateur et un guerrier, si tu dois combattre en mon nom."

En la regardant, Tadeus avait encore en tête la prestation sanglante que l'hybride avait livrée sous le titre pompeux de Championne. Il y avait du potentiel, certes, pour qu'elle puisse mériter ce titre, mais il faudrait travailler dur. Teutatès, ironiquement, lui ferait office de partenaire idéal: il était lui aussi doté d'une puissance surhumaine, et serait particulièrement impitoyable. De ce que le Dominus en savait, leur premier échange avait été électrique, mais la seule idée que le barbare ait daigné interagir avec la nouvelle venue piquait sa curiosité.

"Pour commencer, tu dois garder le contrôle en toutes circonstances. Ne laisse pas la soif de sang ou le frisson du danger te pousser à l'inconsidéré. Ce n'est pas à la chance de décider de ton sort."

Il se sentait un peu hypocrite de donner ce genre de conseils, lui qui était connu pour foncer tête baissée dans les troupes ennemies sans penser à sa propre survie. Bah, autres lieux, autres mœurs ! A l'époque, il se battait pour des enjeux qui le dépassaient. Dans une arène, la survie du combattant représentait l'enjeu lui-même. Il aurait sans doute fait un piètre gladiateur dans ses jeunes années, mais il était devenu un soldat exceptionnel. Et un excellent laniste.

"Donc, la première leçon: le contrôle de soi. Gaulois, démolis-la."

Teutatès réagit au quart de tour à un ordre qu'il avait espéré entendre depuis leur arrivée. Grisé et empli de bonne volonté, il franchit la distance qui les séparait comme s'il n'avait fait qu'un pas, enfonçant son poing dans le diaphragme de la furie. Le bruit de l'impact fut si puissant et soudain qu'il fit bondir Nétio sur son siège, et l'ancien Dieu ne s'arrêta pas là. Il lui saisit les cheveux et propulsa son genou directement dans son nez avant de la laisser s'étaler de tout son long. Résultat de la mise en bouche: souffle coupé, nez cassé. Teutatès écarta les bras en guise de défi.

"Enrage, enrage contre le Tonnerre !"

Il fallait bien l'admettre, et ce malgré son habituelle insolence, Teutatès était un gladiateur émérite. Pour Anéa, il serait à la fois un terrible mentor, et l'adversaire parfait.

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Anéa

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Re : I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

Réponse 20 vendredi 04 août 2023, 01:23:09

Le vent chaud brûlait le visage de la déchue. Il balayait les quelques mèches humides de transpiration de sa chevelure de jais. L'astre brillant à son zénith cherchait à tanner la peau nacrée de la nouvelle gladiatrice, sans succès. Ses jambes, elles, brunissaient doucement, fouettées par le sable et la poussière ocre. Cela faisait partie de l'entraînement, elle le savait pertinemment. Sa formation pour faire d'elle une véritable gladiatrice était continue. Cela avait commencé à l'instant où le laniste avait décidé de la prendre sous son aile, même si ce n'était pas prévu dans ses plans, à la base. Anéa se devait d'être impeccable, du lever jusqu'au coucher, et même durant son sommeil. Chacun de ses mouvements, de ses faits, de ses dires, était surveillé. Bien sûr, elle s'était déjà faite remarquer malgré sa bonne tenue et son mutisme, par la maîtresse de maison, qui ne semblait pas du tout l'apprécier et s'en méfier grandement. Aussi, elle ne s'était pas faite des plus discrètes lors de la soirée précédente, en compagnie de l'Immortel et à lui titiller les nerfs sans vraiment le vouloir. Ce n'était pas très futé de sa part mais bon, la jeune femme allait se rattraper. Il le fallait. C'était le seul moyen d'anéantir Berzyl désormais, et rien que pour cela, elle donnerait tout son corps, ainsi que son âme, pour cette tâche.

Un soupir lui arracha la gorge, lorsqu'Anéa vit se dessiner l'arène devant ses yeux de glace. Elle ne payait pas vraiment de mine, mais cela ferait l'affaire. Elle devait sûrement servir aux petits combats quelconques, tout comme aux règlements de compte banalisés. Ses gradins en bois ne devaient accueillir que les paysans du coin et les marchands de passage, en quête d'un peu de divertissement. L'archange n'allait pas s'en plaindre. Elle avait combattu sur des terrains en plus piteux état que celui-là, et parfois, c'était de son fait...

Une fois arrivés dans l'enceinte de l'arène, Tadeus fut accueilli par le propriétaire, les deux hommes semblant bien se connaître visiblement. Le laniste ordonna à sa nouvelle recrue de déposer les armes, Anéa s'effectuant immédiatement, suivant les ordres de son maître intérimaire. Transporter la caisse aux pas de course n'avait pas particulièrement été compliqué, mais cela n'empêchait pas à la demi-démone de porter les traces du sévice sur son corps. Ses épaules étaient rougies des marques du cordage qui soutenait la caisse. Il avait aussi fallu supporter le bruit incessant des armes claquant entre elles et contre le bois du coffre. Cela aurait pu servir de torture physique et psychologique, mais l'archange déchue avait subi bien plus d'atrocités que celle-ci.

Droite comme un piquet, les mains croisées derrière son dos, Anéa écoutait le moindre mot de Tadeus. Bien sûr qu'elle connaissait la différence entre ce qu'elle était et un gladiateur. Ce dernier se battait pour faire le spectacle, se faire aimer de la foule, gagner et être la fierté de son maître. À côté de ça, l'ancienne ange guerrière ne se battait que pour défendre ou pour détruire. En général, elle avait tué pour que la vermine démoniaque ne vienne plus jamais fouler les terres humaines. C'était son devoir depuis des temps immémoriaux, et malgré la dualité de son âme, elle travaillait toujours à cette finalité.

Aujourd'hui, elle apprendrait à ne pas se jeter à corps perdu dans le combat. Elle devait apprendre à prendre soin de son corps, chérir sa vie, et ne pas prendre de risque inconsidéré. Sa vie devait prendre de la valeur. Garder son sang-froid était impératif pour parvenir à leurs fins. Oui, leurs fins : celle de se venger de l'affront qu'a osé faire Berzyl envers le noble vétéran laniste, mais aussi d'éliminer à jamais un puissant démon parasitant la noblesse de Terra.

Garder son sang-froid était l'une des spécialités d'Anéa lorsqu'elle n'était encore qu'un archange. Il en fallait pour faire face aux armées lucifériennes et ne pas perdre pied. La tentation était l'ennemie de tous les moments, et il était si simple d'y succomber. Les créatures démoniaques redoublaient de malice pour faire tomber les soldats divins...

Cependant, la nouvelle dualité d'Anéa n'arrangeait pas la chose. Elle pouvait tout à fait se montrer comme elle l'avait toujours été, plutôt froide et a caché ses émotions, alors que l'instant d'après, un tout autre type de sourire pouvait déformer les traits de son visage. Le sang, sa vue, son odeur, tout cet or rougeâtre pouvait exciter les sens de la demi-démone et faire son esprit dans les abysses du chaos. Sa folie pouvait être des plus légères à complètement inarrêtable. Des rumeurs au sein des rangs sataniques racontent qu'une guerrière qui cherchent à les éliminer, le ferait d'une terrible façon. On la surnommerait même « la mante-religieuse ». Je ne vous en dirais pas plus. À vous de décider s'il ne s'agit là que de racontars ou bien de la simple vérité. Sa dualité ne lui permettait pas d'avoir un contrôle total sur cette soif de sang qui lui faisait perdre l'esprit, se lançant dans ces moments-là dans des combats pouvant lui être mortels. Pourtant, ce genre de moments étaient des plus grisants pour la jeune femme, un peu comme si elle transcendait l'espace et le temps lors de ces moments.

L'ordre donné par le laniste à Teutatès fit sortir Anéa de ses pensées. Pas assez vite visiblement. La belle brune avait beau être une créature céleste, la vitesse dont fit preuve l'immortel était exceptionnellement incroyable. L'ancienne archange ne vit rien venir. Ses coups auraient possiblement pu être arrêtés si la jeune femme avait fait plus attention dès le départ, et surtout, si elle n'avait pas sous-estimé son adversaire. Non pas qu'elle ne se doutait pas de sa force surnaturelle, mais elle le pensait plus fair-play. En plus de cela, l'ancienne archange avait l'habitude de se battre avec ses armes et non à mains nues. Alors tout cela réuni faisait qu'elle ne s'était pas protégée correctement...

Pas assez rapide. Un coup, puis un deuxième...Un grognement de douleur s'échappa des lèvres d'Anéa, suivi d'une quinte de toux douloureuse. Quel sombre connard. Il s'était fait plaisir à faire souffrir la jeune femme parce qu'elle avait osé s'approcher la veille ?


- Putain...

Des râles de réelle souffrance faisaient ronronner sa gorge. Quel salaud. Un sourire carnassier et à la fois amusé étira les lèvres rougies de sang de la belle. Quoiqu'avec son tout nouveau nez cassé, elle sera peut-être moins belle désormais. Reprenant difficilement son souffle, alors que sa gorge lui brûle et que chaque inspiration lui donnait la sensation de se noyer, elle tenta de se redresser à quatre pattes. Il avait beau hurler pour la défier, la demi-démone comptait bien lui rendre la pareille.

Se mettant sur les genoux, elle se racla la gorge puis cracha le sang qui lui coulait dans la gorge depuis son nez. Le sable de cette arène avait dû s'assombrir plus d'une fois depuis sa création et ce n'est pas aujourd'hui que cela changerait, même pour un entraînement. Elle tenta de remuer un peu son nez mais celui-ci devait déjà commencer à bleuir et ça lui faisait un mal de chien. Son nez était sûrement foutu mais tant pis, elle s'en remettra.

Se redressant le plus rapidement qu'elle pouvait, la toute nouvelle gladiatrice inspira un grand coup malgré son nez cassé. Anéa serra les poings, grimaçant à la douleur parcourant tout son torse. Elle prit soin d'enfoncer chaque pied dans le sable de l'arène. Appuyant sur ses deux jambes, la blessée s'élança en un éclair vers l'immortel, faisant fi de sa propre souffrance. Arrivée devant lui, elle se baissa comme si elle allait lui donner un croche-pieds, mais infligea un coup de sa paume gauche dans le flanc de la cuisse gauche de Teutatès, visant juste un peu au dessus de son genou. Le but était clairement de le déstabiliser, le faire tomber pour prendre le dessus. Si elle réussissait son coup, elle pourrait lui rendre la monnaie de sa pièce et le matraquait de coups bien placés.

La demoiselle à la chevelure de jais le savait différent sans connaître l'étendue de ses pouvoirs et de sa force, mais elle aussi, elle userait de tous ses efforts et sa puissance, mais aussi sa ruse. Elle savait pertinemment qu'elle ne gagnerait pas ce combat. Anéa en prendrait sûrement plein la gueule contre ce gladiateur aguerri, mais le but de la manœuvre était qu'elle reste calme, pas qu'elle gagne contre Teutatès...Pour l'instant, tout allait bien...Pour l'instant.



-En souvenir du bon vieux temps-

Tadeus Severus Palathéus

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    Vétéran de guerre anobli par l'Empereur.
    Maître du domaine Palathéus, fournissant les meilleurs des gladiateurs.

Re : I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

Réponse 21 mardi 03 octobre 2023, 03:43:44

C'est un bon début, remarquait Tadeus, alors qu'Anéa reniflait du sang par son nez éclaté. Commencer un combat avec une blessure au visage était un sacré désavantage, tant physique que psychologique. Mais l'hybride ne se laissait pas déstabiliser si facilement et continuait d'agir de manière réfléchie: des feintes, des coups aux jambes pour déstabiliser Teutatès. Même s'il ne croyait pas une seconde avoir mis un quelconque dieu hérétique en laisse, le laniste se fiait à ce qu'il voyait: son Gaulois était un véritable guerrier. Plus fort, plus rapide qu'il ne l'était lui-même dans ses meilleures années. Et son instinct était au moins aussi affûté que le sien. Il y avait de bonnes raisons pour lesquelles Teutatès était tenu à part, lui qui se moquait bien des titres, lui qui était si puissant. Quelque part, Tadeus savait que ce monstre ne resterait esclave que tant que cela lui siérait.

Quant à lui, Teutatès voyait clair dans la manœuvre d'Anéa, et il contenait patiemment l'avalanche de coups qui déferlait sur lui. En réalité, c'était plutôt lui qui peinait à garder son calme. Une horreur hybride le frappait, lui, assez fort pour l'obliger à rester sur la défensive. Elle se moquait bien de frapper un dieu -Un Dieu !-, avec une impertinence qui allait de pair avec l'injure qu'était son existence honnie. Il s'en trouvait forcé à une garde basse, à devoir réajuster ses appuis en permanence. Il devait reculer, et se baisser, tout ça parce qu'il n'était plus qu'un vestige de ce qu'il était ! Son regard se perdit une demi-seconde vers leur Maître, qui les surveillait derrière une expression figée. Le salopard. C'est mon contrôle, qu'il met à l'épreuve.
Cet instant infime d'inattention suffit à Anéa pour le cueillir d'un coup de pied sauté en pleine joue. Le dieu se mit à chanceler, et Anéa y vit une ouverture dans laquelle s'enfoncer. Pourtant, les ordres avaient été clairs, pas vrai ? "Démolis-la", avait-il dit. Bien sûr qu'il pouvait faire ça. Mais il n'avait fait que délivrer une piètre démonstration de force. Cette créature, aussi agaçante et répugnante soit-elle, était un adversaire de taille. Il était temps pour lui de dérouiller ses vieux muscles.

Alors que la moitié d'ange s'élançait sur lui pour le mettre à terre, il n'essaya pas de se rétablir. Au lieu de ça, il se jeta en avant, prit appui sur ses mains, et se propulsa directement vers Anéa. Précipiter ainsi sa chute allait à l'encontre de tous les réflexes d'un combattant aguerri, mais Teutatès était bien au-delà de ça. Il baignait dans le sang de ses ennemis depuis des temps immémoriaux.
Avec cette manœuvre, il venait de renverser la situation et se retrouvait à califourchon sur l'hybride, à la rouer d'une bonne vieille salade de phalanges. Peu lui importait qu'elle bloque ses coups ou qu'elle se débatte. Ses poings tombaient comme un orage, déterminés à fracasser tout ce qu'ils rencontreraient. Dans leur lutte, il finit par se redresser d'un coup de hanche, juste le temps de pouvoir écraser son genou contre le ventre de la furie. Elle allait goûter l'impuissance, et, acculée, elle exploserait de rage.

"Hé bien, pour être tout à fait honnête, je ne m'attendais pas à ce qu'un combat d'entrainement soit aussi... Brutal."

Nétio grimaça lorsqu'un crochet envoyé comme une massue ouvrit la lèvre supérieure d'Anéa et fit voler une petite gerbe de sang. Celle-ci, il n'aurait pas aimé la prendre. Sans détourner le regard un seul instant, ses doigts allèrent piocher dans le bol de cacahuètes, puis, en bon professionnel qu'il était, il ordonna à son serviteur de faire chercher le doctore, la bouche à moitié pleine. Tadeus lui fit un sourire, qui fut malheureusement plus inquiétant que rassurant. Le pauvre n'était pas très doué pour ce genre de subtilités:

"Ce n'est qu'un début, mais ne vous en faites pas. Je prends sur moi de vous rembourser les frais en cas de dégâts."
"... De dégâts ?"

C'est à ce moment précis que le maître des lieux compris une chose importante: Tadeus n'avait pas demandé à venir par souci de confidentialité, vis-à-vis de sa nouvelle recrue ou d'une quelconque méthode secrète d'entraînement. Il avait simplement éloigné ces deux monstres de la ville pour éviter les dommages collatéraux. Teutatès et Anéa n'étaient pas des gladiateurs comme les autres, c'étaient de véritables monstres. Il jeta un œil sur sa modeste arène, sur ses gradins de bois, comme s'il les regardait pour la dernière fois.

Non sibi sed patriae


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Tags : ange demon gladiateur combat