Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

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Anéa

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I know you want me...[Tadeus, gladiateurs et cie]

mardi 05 février 2013, 23:40:11

Anéa. Mi-ange, mi-démon. Peu de personnes le savent d’ailleurs. Mais cela ne saurait tarder. Ce tatouage, répandu sur le haut de son corps, l’avait complètement transformée, aussi bien physiquement que moralement. Ses pensées et actions mêlaient le bien et le mal. Rester un ange malgré cette conscience démoniaque, ou devenir démone avec une conscience angélique ? Anéa était devenue tout cela à la fois. Vous savez, comme dans ce genre de dessins-animés, où certains personnages font appel à leur conscience, et une personnification de cette conscience en ange et en démon apparaît sur l’épaule du personnage ? Et bien, c’était à peu près la même chose pour la jeune femme. Son esprit était tourmenté. Il lui arrivait d’avoir des périodes de calme, comme elle l’était autrefois, et des périodes de folie meurtrière, où elle dévastait tout sur son passage. Même son corps avait changé, légèrement du moins. Ses yeux, naturellement d’un bleu doux, étaient devenus glace, presque blancs même. Sa peau était d’autant plus pâle qu’elle ne l’était avant. Partant de son dos, le fameux tatouage, dans une teinte rouge sang, remontait le long de son bras droit, épaule droite, et une partie de son visage. Sa lèvre inférieure était piercée, la rendant d’autant plus pulpeuse. Aussi, on y trouvait des sortes de petites capsules, au nombre de cinq, dont quatre seules sur son bras droit. Une ultime capsule ornait son front. Incrustées dans la peau, elle représentait le mal, la force démoniaque qu’elle possédait maintenant. Le mal était en elle, ses cheveux ne pouvaient dire le contraire. Il y a encore quelques temps, il était d’un noir lissé. Maintenant, devenus fort longs, ils ondulent, s’ébouriffent également. Tout cela n’est que représentation de la débauche, de la luxure, de la vanité, de la possession démoniaque. Du mal incarné quoi.

Malgré sa transformation, elle continuait sa quête de toujours : éliminer les démons. Enfin, cette fois-ci, elle le faisait pour le compte d’un autre démon. Alala, c’est trop facile de se débarrasser de personnes qui nous font de l’ombre en faisant appel à des larbins. Anéa n’aimait pas qu’on la prenne pour l’homme à tout faire, mais en fait, elle l’avait toujours été, aussi bien avec les Hauts-Anges, qu’aujourd’hui au service d’autres démons. Mais du moment qu’elle pouvait passer ses envies sur des êtres démoniaques, y’a pas de mal pour elle. Son travail actuel consistait à éliminer un démon puissant, membre d’un grand parti démoniaque et qui pourrait faire trop d’ombre à son client. Anéa avait reçu plusieurs informations sur celui-ci, notamment qu’il se trouvait sur Terra, plus précisément les contrées du Chaos, et s’amusait à regarder gladiateurs combattre au Colisée. Bien. La tâche risquait d’être ardue, au nombre de personnes qu’il allait y avoir. Cet homme, ou plutôt ce démon, n’allait pas être facile à abattre. Il devait sûrement y avoir plusieurs gardes pour assurer sa protection. Mais désormais, Anéa ne faisait plus en finesse, ni en discrétion. Un démon en moins restait tout de même un démon en moins en ce monde.

Il faisait chaud, le soleil tapait ardemment sur le sol. Le pire, c’était peut-être les cris provenant du Colisée. Dans leur puissance, on pouvait sentir le sol vibrer sous des acclamations incessantes. C’est avec aisance qu’Anéa entra dans le bâtiment, ses propres armes dissimulées sous une longue et épaisse jupe cendrée. Ce qu’elle portait en haut ? Ce n’était guère très discret. Elle avait conservé une partie des bandelettes d’antan, pour lui maintenir le ventre et le dos. Mais désormais, sa poitrine n’était que peu recouverte. De simples bouts de tissu, guère plus gros qu’une main, cachaient à peine ses tétons de la vue de tous. Cela importait Anéa. Son but n’était pas de se faire belle, ou autre chose, mais juste de passer l’entrée du Colisée, et trouver dans les tribunes le démon en question.

Les yeux glace d’Anéa se perdent dans la foule présente. Le spectacle, elle ne le regarde même pas. Ce qu’elle cherche, c’est un endroit un peu à part, et plutôt bien gardé. Et cet endroit, c’est proche de la tribune d’honneur. L’ange déchue y reconnaît sa cible…Mais compte également les neuf brutes qui l’accompagnent. Bof, ce n’est pas grave. Ce doit être tous des démons. Et puis désormais, la jeune femme ne faisait plus attention. Si quelqu’un se mettait en travers de sa route, il le payera de sa vie. Son sabre, son katana ou ses dagues, qu’importe mais il périra de sa lame. Alors neuf de plus sur sa liste, ce n’est rien. Le principal était le démon. Démon, démon…Ce mot ne faisait que résonner dans la tête d’Anéa. Elle était en partie une maintenant…À cette réalité, elle en fit une grimace, écœurée d’un côté, et de l’autre, cela lui « convenait ». Bien plus puissante, elle pourrait éliminer plus facilement ses proies.

Le spectacle battait son plein, et la jeune femme utilisa un mouvement de foule et de joie pour s’approcher de sa future victime. Un éclat pouvait se lire dans les yeux de la demoiselle. Cette envie de tuer lui prenait un sourire. Folle dîtes-vous ? Bah, à moitié démone, ça ne rigole plus. Enfin, si pardon. Ca prend son pied à tuer. D’un côté, cela faisait presque peur à la demoiselle de penser et réagir ainsi…Anéa se secoua la tête, effaçant toute pensée négative. Un seul but : tuer le démon. Elle s’avança encore près de la tribune, jusqu’à être proche d’un des gardes. Tous regardaient le centre du Colisée, là où deux gladiateurs se donnaient en spectacle en s’entretuant. L’un d’eux était au sol et finit par recevoir un coup de lame fatal. Un cri général de la foule acclama le vainqueur, faisant trembler le bâtiment même…

C’est le moment. Anéa dégaina son sabre arabe de sous sa jupe cendrée, prit par surprise le garde proche d’elle, le décapitant, avant de s’attaquer aux autres gardes. Un, deux, trois, quatre tombèrent, avec leur tête. Elle était proche du but, mais elle avait malheureusement ramené toute l’attention sur elle. Les autres gardes fondirent sur elle, comme une meute de loups affamés se jetant sur le premier bout de viande venu. Les spectateurs et le gladiateur étaient rivés sur cette autre bataille, qui les inquiétait autant qu’elle les émoustillait. La lame d’Anéa effleura le corps du démon en question, mais elle n’eût le temps de faire autre chose. Les cinq gardes restant réussirent à l’immobiliser et lancèrent l’arme de la jeune femme dans le sable du Colisée. Cette fois-ci, la foule acclama les gardes, et elle réclama un sort pour l’ange déchue. Le démon présent sourit, ordonnant à ses gardes de jeter la jeune femme dans le sable, et de la laisser au gladiateur vainqueur.


- Elle est toute à toi, champion ! Fais-en ce que tu veux !, cria le démon.
- En faire c’que j’veux ? Oh, ma poulette…, dit le champion.

Encore allongée au sol, Anéa cracha pour se défaire du sable qu’elle venait de manger. Se relevant, elle eût la surprise d’une main oppressante sur l’un de ses seins. C’était le gladiateur, qui était dans son dos, qui commençait à se délecter de son « cadeau ». Le sang de la demoiselle se mit à bouillir alors que tout le monde autour semblait se réjouir de cette scène. D’un geste de l’épaule, elle se défait de cette petite étreinte mammaire, et donna un coup de coude dans l’estomac du champion. Celui-ci s’abaissa sur le coup, très surpris qu’une femme l’agresse. Et Anéa en profita pour réunir toute sa rage dans son poing, un bon gauche dans la figure, l’envoyant valdinguer à plusieurs dizaines de mètres. Il ne faut jamais énerver une femme qui l’est déjà !

Un silence pesant se diffusait dans le Colisée. La foule était stupéfaite par ce qu’elle venait de voir. Le champion qui venait de se défaire simplement de son adversaire, se faisait mettre au tapis par une femme. Pas un bruit autour d’elle, Anéa foulait le sable de l’arène pour récupérer son sabre arabe, juste auparavant jeté par les gardes du démon. Elle se baissa pour le ramasser et essuya la lame sur sa jupe, pour en retirer le maximum de sang et de sable. Au loin, on pouvait voir le gladiateur se relever difficilement, cracha une petite rivière de sang. Fou de colère et se sentant humilié, il prit son arme à deux mains, croyant régler son compte à cette chienne qui avait osé lui mettre la main dessus.

Les hurlements reprirent dans le Colisée. Une deuxième bataille allait avoir lieu, et ce, gratuitement ! Il ne fallait pas grand-chose à ce peuple pour se réjouir. Du sable, de la bagarre et du sang. Anéa dégaina son katana également. Sabre, katana, rien de tel pour un combat. Elle avait un drôle de sourire aux lèvres, comme…Machiavélique. Brrrr, à en donner des frissons dans le dos. Le gladiateur vint la charger, engageant le premier coup vers elle, chose qu’elle esquiva facilement. Ce genre d’hommes, bourrés de muscles, avaient l’habitude d’une bataille à armes à deux mains, souvent puissantes et dévastatrices, mais également lourdes et lentes à manier. C’était là l’avantage de l’ange déchue. Elle était rapide, agile et forte à la fois. Elle ne pouvait que gagner. Avec une certaine rage au ventre, ses pulsions meurtrières n’étaient que plus fortes aussi. Alors, elle ne le laisserait pas gagner et ne prendrait pas de gants.

Pour l’instant, Anéa ne donne pas de coup. Elle ne fait qu’esquiver ou contrer, les bruits des armes résonnant, faisant croire à son adversaire qu’elle n’est pas capable de le battre, même à armes égales. J’ai bien dit « faire croire ». Aussi, il s’épuiserait aussi. Déjà, il devait l’être un peu de son précédent combat, et là, la jeune femme en profitait pour le fatiguer davantage. Elle fit même exprès de se faire toucher par la lame, blessant son épaule gauche. Le sang y coulait assez bien, mais cela était prévu. Il la penserait affaiblie et c’est ce qu’elle voulait. Jouant la comédie, elle feignit d’être essoufflée et abattue par sa blessure et la chaleur ambiante. Elle voulait qu’il s’approche, encore et encore, avec son arme. Elle savait qu’il prendrait du temps à lever son arme, et c’est là qu’elle devait taper. Ce qu’elle fit. Assez proche, le gladiateur souleva son arme pour porter un coup fatal à la jeune femme. Sauf que ce qu’il ne savait pas, c’est que c’est lui qui recevrait le dernier coup. D’un simple jeu de jambes rapides, Anéa se retrouva derrière le champion et transperça le cœur de l’homme avec son katana. Une nouvelle fois, un silence dans la Colisée. La jeune femme retira sa lame soudainement, la faisant un peu rouler sur elle-même en la retirant. Elle se déplaça pour faire face à ce gladiateur, bientôt mort. Il tomba à genoux, son arme clinquant au sol, lui, transpercé des deux côtés, le sang s’écoulant de la blessure mortelle et de sa bouche. Dans un sourire malsain, Anéa s’approcha de lui, lui susurra quelques mots à son oreille.


- Un dernier mot avant de mourir ?

Le pauvre commençait à s’étouffer dans son propre sang. Pitoyable. Avec son sabre et son katana, elle croisa ses armes au niveau de sa gorge. Elle n’attendit pas qu’il réponde à sa question. Un geste, rapide et simple, et la tête du gladiateur roula au sol. Son corps tomba raide sur le côté. Cette décapitation avait éclaboussé le visage d’Anéa de sang, mais cela ne la fit que plus sourire. Cela devenait malsain. Le peuple, jusqu’alors muet, se mit à hurler cette inconnue, à l’acclamer comme une championne. Un combat n’est qu’un spectacle pour eux, alors jouons jusqu’au bout. La jeune femme s’abaissa pour ramasser la tête encore dégoulinante de l’ancien champion, et avec force, elle l’envoya vers le public, plus précisément, vers ce démon qu’elle devait éliminer. Lui, prit d’un certain dégoût, fit rouler la tête sur le côté, à l’aide de son pied, pour ne pas avoir à la toucher directement. D’un geste de la tête, il fit signe à des gardes d’aller chercher la nouvelle championne et de l’emprisonner à l’intérieur du Colisée.

Entourée de gardes, Anéa se laissa bizarrement faire. Emmenée jusque dans les coulisses de l’arène, on la jeta dans une cellule, seule avec ses armes. S’écroulant au sol, sur les fesses, elle soupira longuement. Elle était énervée contre elle-même. Elle n’avait pas accompli son contrat, pourtant, elle devait le faire. Tapant dans les barreaux de sa cage, elle appela des gardes pour demander certaines choses.


- Gardes ! De l’eau et une pierre à aiguiser, c’possible ?

Elle pensait avoir cela ? Elle pouvait toujours se mettre le doigt dans l’œil. Un autre soupir s’extirpa d’entre ses lèvres. Elle déchira la moitié de sa jupe, montrant ainsi ses jambes aux mollets musclés. Le bout de tissu déchiré, elle cracha dessus et prit son sabre pour en nettoyer la lame. Cela suffisait pour enlever le maximum de sang et de sable. Après le sabre, le katana. Anéa prenait grand soin de ses armes. C’est grâce à elles, qu’elle est encore en vie. Elle ne se servit même pas du tissu pour s’essuyer le sang, maintenant presque séché, sur son visage. Une autre sorte de tatouage de guerre, en fait. Et à défaut d’une pierre à aiguiser, elle affuta la lame de ses armes contre les barreaux de sa cage. Elle ne faisait même pas attention à son bras gauche, dont une entaille avait été marquée durant le combat.

- Faut tout faire soi-même…

Son séjour au Colisée était loin d’être terminé…
« Modifié: samedi 04 avril 2020, 15:29:30 par Anéa »





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Tadeus Severus Palathéus

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Re : I know you want me...

Réponse 1 lundi 05 août 2013, 17:02:18

Le surlendemain, un messager s'en venait cogner à la porte du domaine. Il avait un message à délivrer à Tadeus, de la part d'un dénommé Berzyl. Et on ne connaissait aucun Berzyl. Ce fut Lexa qui fit parvenir la lettre à Alera, laquelle l'avait décachetée et lue: une invitation. Ledit Berzyl s'était trouvé un nouveau champion, une femme qu'il avait condamnée ad gladium après qu'elle ait essayé de le tuer. Il souhaitait la mesurer aux fameux hommes de Palathéus.
Il devait être un excentrique. Faire d'une assassin une championne, et la mesurer à de puissants gladiateurs après quelques jours seulement, c'était ridicule. D'autant que cette soi-disant championne n'avait sans doute pas été dressée ni entrainée, un spectacle inintéressant qui ne valait pas le déplacement, selon elle.

Néanmoins, elle fit part de l'invitation à Tadeus, ne serait-ce que pour l'en informer. Son mari s'entraînait avec Creedo à l'aide d'épées en bois, sous la chaleur pesante du soleil. Le maître de maison fut bien plus enthousiaste, cependant. Montrer la supériorité écrasante de ses hommes à un provincial était bon pour l'image de marque. Et que risquaient-ils? Perdre un gladiateur? Non. Tadeus comptait envoyer son propre Champion. Il irait avec Creedo.

C'est donc le lendemain soir qu'ils arrivaient au Colisée et rencontraient le maître des lieux. Tadeus était vêtu d'une noble toge, et tenait Creedo au bout d'une chaîne. Ce n'était pas nécessaire, mais ça rassurait la populace, et donnait au Champion des airs de bête féroce bien soumise. Derrière eux, un gladiateur novice portait leurs affaires. Tadeus présenta son homme aux invités, et vanta ses mérites et son impressionnant palmarès. Creedo ne connaissait qu'une personne capable de le vaincre, et c'était l'homme à qui il avait offert sa vie. Au terme de la soirée, alors qu'ils étaient dans les appartements qu'on leur offrait pour le séjour, Tadeus et Creedo conversaient.

"Ce Berzyl, tu lui fais confiance?"
"Je n'ai pas à lui faire confiance, juste à lui montrer ta force."
"Il empeste le démon, c'est tout ce que je peux dire."
"Il a loué nos services, il aura nos services. S'il y a des complications, je joindrai ma lame à la tienne. Et puis, tu es loin d'être un Saint."
"Le combat est pour demain, en fin de matinée, c'est bien ça?"
"C'est exact. Évite d'en faire trop, tu pourrais effrayer ses hommes plus que nécessaire."
"C'est une femme que j'affronterai. J'aimerais ne pas la voir souffrir."


Les masseurs entraient, et les petits divertissements aussi. Mais comme avant chaque combat, Creedo devait s'abstenir de boire. Le lendemain matin, les jeux commençaient. Les gladiateurs se préparaient tous, mais Berzyl avait pris soin de garder sa Championne à l'écart. Tadeus n'aurait sû dire s'il voulait ménager une surprise, ou tout simplement s'il n'arrivait pas à la tenir en public. Son homme de main avait capté son expression pensive:

"Une femme dans les coulisses des arènes. Imagine un peu ce qu'elle a dû subir."

Tadeus ne partageait pas cette idée. S'il s'agissait vraiment de la furie qui était décrite dans la lettre, alors sans doute que peu s'étaient risqués à l'approcher de trop près. Le maître répéta l'ordre qu'il donnait avant chaque combat: "Pars vigoureux et revient victorieux". Creedo acquiesça silencieusement, en se parant d'une rondache et d'un bident. Il n'y avait pas de place pour la compassion sur le sable de l'arène.

Les grilles s'ouvraient.
« Modifié: lundi 19 août 2013, 15:38:51 par Tadeus Severus Palathéus »

Non sibi sed patriae

Anéa

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Re : I know you want me...

Réponse 2 vendredi 16 août 2013, 00:47:08

Personne n’osait approcher la jeune femme. Anéa avait fait son petit effet sur le sable du Colisée mais elle n’en restait pas moins dangereuse. L’ancien archange avait attenté à la vie du démon, un dénommé Berzyl, le grand manitou de l’arène. Plongée dans une cage sans qu’elle n’y montre une quelconque opposition, la demoiselle ronchonnait presque comme une enfant qui aurait été punie. Sa mission n’était pas terminée, elle pouvait toujours avoir ce démon qui la narguait, mais malheureusement, elle avait failli à sa tâche, alors qu’habituellement, il ne suffisait que d’une tentative pour que celle-ci soit concluante et qu’elle puisse partir sur une autre chasse. D’un coup sec, elle tapa avec rage dans les barreaux de sa cellule. Putain…Il lui fallait trouver une solution pour sortir de ce trou qui regorge de rats, et enfin éliminer ce démon.

Et tiens, quand on parle du loup, on en voit le bout de la queue. Le soleil était maintenant bien bas dans le ciel, lui donnant des magnifiques teintes orangées. Berzyl était de passage, histoire de rendre visite à cette jeune femme qui avait essayé de lui faire passer l’arme à gauche. Son air hautain ne plaisait pas à Anéa. Il la regardait avec méfiance cependant. On ne sait jamais, si elle retentait la chose ou quoi…Il restait un homme prudent, s’entourant de quelques gardes. Après tout, on avait jeté la jeune femme dans une cage avec ses armes, alors il valait mieux pour lui qu’il garde ses distances pour ne pas subir la colère de la mi-démone. Il prenait cet air supérieur, comme si la belle brune n’était qu’une sous-merde, effet accentué par le fait que la jeune femme soit toujours assise par terre. Elle le regardait d’un air mutin, se demandant ce qu’il lui voulait. Admirer sa prise ? Se moquer d’elle ? Elle allait bientôt le savoir.


- Quel est ton nom ?

- …Teuh. Ca te ferait une belle jambe de le savoir, n’est-ce pas ?

- En effet. Je veux connaître le nom de mon nouveau Champion.

- Pardon ?

Anéa avait bien entendu ? Ses yeux azurés s’ouvrirent bien grand, étonnée de la chose, avant qu’ils ne se plissent pour le fixer, méfiante. Elle serait le nouveau champion du Colisée pour le compte de ce démon ? Non, il en était hors de question !

- Tu as parfaitement compris. Tu combattras sur le sable du Colisée désormais. Tu combattras pour moi. Alors ton nom ?

C’était soit combattre pour ce démon, soit périr dans cette cage. Il ne lui avait clairement dit, mais son discours était trop en suspens et présageait tout ceci. Pas besoin d’être une lumière pour comprendre quel sort pouvait tomber sur les épaules de la jeune femme si elle se refusait à l’être démoniaque. Mais d’un autre côté, tant mieux. Plus elle s’attirera les bonnes grâces de Berzyl et moins il se méfiera d’elle…Un sourire sadique et malsain se dessina sur les lèvres pulpeuses de la mi-démone. Brusquement, elle se leva d’un bon, agrippant les barreaux de sa cellule des deux mains, rapprochant au maximum son visage si…fou.

- Avec grand plaisir…C’est Anéa.

Berzyl semblait ravi. Pour une fois, le noble démon n’avait pas eu affaire aux marchands d’esclaves pour trouver de nouveaux gladiateurs, et encore moins à des lanistes pour découvrir son nouveau champion. Celui qu’il avait devant les yeux lui plaisait réellement. Il n’était pas commun de voir une jeune femme combattre dans l’arène et, surtout, s’en sortir indemne et victorieuse. Anéa allait faire sensation dans le Colisée, encore plus qu’aujourd’hui. Le démon le promettait. Dans quelques jours, le puissant noble offrirait un joli spectacle à son public, grâce à la jeune femme et d’autres gladiateurs qu’il aura appelé pour l’occasion. Oui, ça sera grandiose.

En attendant, la belle brune devait rester bien tranquillement dans sa cellule. Attendre jusqu’au fameux jour. Et seule surtout. Les rares passages près de sa cage étaient pour lui apporter de l’eau et de la nourriture, comme à une pauvre bête. Anéa était comme un lion en cage, à retourner et ratatourner dans sa petite prison. L’archange déchu faisait les cents pas, et même plus, comme si elle cherchait à en user le sol. Manger, boire, dormir sur le peu de paille de sa couche, faire ses besoins dans un coin de la cage, entretenir le tranchant de ses lames grâce à une pierre à aiguiser que lui avait fait parvenir Berzyl. À part ce dernier point, la jeune femme pouvait être comparée à une véritable bête. Et c’est ce qu’elle sera dans l’arène. Le sang coulera, c’est certain. Après, dire que ce soit celui des gladiateurs, mh, pas que. Elle tenterait peut-être une nouvelle fois sa chance pour accomplir sa mission.


*****

- Enfile ça ! Et nettoie un peu ton corps !

- Rêve !

- C’est un ordre de Berzyl !

- J’en ai rien à faire !

- Tss…Prépare-toi tout de même. Le moment approche…

Après deux jours retirés de tous, il était vrai que la demoiselle n’était pas très propre. Ses habits en lambeaux accentuaient cette saleté qui la recouvrait. Mais Anéa n’en avait que faire. L’archange déchu n’avait pris le soin que de passer de l’eau sur l’entaille sur son bras gauche, pour qu’elle puisse cicatriser correctement et ne s’infecte pas. Son visage était toujours couvert du sang, maintenant séché, de l’homme qu’elle avait décapité quelques jours avant. On pourrait croire à des tatouages de guerre, et la belle voulait garder ça. Cela pourrait servir à impressionner les autres gladiateurs…

Se redressant doucement, la mi-démone décrocha sa jupe déchirée avant de la rattacher correctement. Berzyl, par l’intermédiaire d’un garde, avait donné à la jeune femme de nouveaux habits, une armure légère, ainsi que de nouvelles armes. Mais que nenni. Anéa combattra avec ses propres armes et comme elle était il y a plusieurs lunes. Elle ne changerait pas pour les beaux yeux du démon. Qu’il crève pour ça. Avec délicatesse, elle découvrit son buste, son ventre et son dos, en retirant les bandelettes salies. Mais tout ceci n’était que pour mieux les remettre et serrer un peu sa poitrine opulente, gênante parfois pour les combats. Les bandes de tissu descendaient jusqu’au-dessus du nombril et pas plus. Elle en avait arraché un morceau pour enrouler ses pieds pour les protéger du sable brûlant. Un autre bout de bandelette servit à attacher sa longue chevelure de jais en une haute queue de cheval. Cela lui sera plus pratique pour se battre.

C’est l’heure. Dehors, on pouvait entendre les cris des spectateurs résonner dans l’arène. Les gladiateurs foulaient déjà le sable apparemment, sûrement pour se rendre devant Berzyl qui présidait le Colisée. Anéa, elle, était à part. Le démon avait prévu son foutu coup, sans en parler à l’archange déchu. Bien évidemment, elle se présenterait à lui comme tout gladiateur, mais non pas comme si elle se promenait impunément. Un garde vint ouvrir la petite prison de la jeune femme, mais avant de la faire sortir d’entre ses barreaux, il lui attacha une menotte à son bras gauche, le blessé, se terminant par une longue et lourde chaîne. Ainsi, il rendrait la tâche bien plus compliquée que ce qu’elle pensait. Bien. Ce n’est pas grave…Il voulait du spectacle, et il en aura.

Traînée hors de sa cage par deux gardes, un qui tenait la chaîne, l’autre bien armé, la belle mi-démone fut conduite vers une grande porte. De l’autre côté, sûrement, l’arène. Au-dessus d’elle, Anéa pouvait entendre le bruissement des spectateurs qui exaltaient leur joie en tapant du pied. Un véritable tintamarre assourdissant. Mais cela ne faisait que sourire la belle. Puis soudain, les portes s’ouvrirent, bien grande. L’archange du clore ses paupières, la lumière du jour lui brûlant les yeux, les rouvrant légèrement avec une larme à chaque coin d’œil. Bon dieu qu’il faisait déjà chaud. La jeune femme sentait les rayons du soleil taper fortement sur sa peau de nacre, ainsi que le sable chauffait sa voûte plantaire, même à travers les bandages. La foule hurlait, acclamait, sifflait parfois lors de son entrée dans l’arène. Devant la tribune où s’était installé Berzyl, les valeureux guerriers du jour s’étaient rangés, parfaitement alignés. Que des cons, pensait la demoiselle. Enfin, elle pouvait se taire pour dire ça, car la voilà elle aussi devant le démon, roi du Colisée. Les autres présentèrent leurs armes et boucliers, mais pas la jeune brune. Elle ne décocha que son sabre arabe, plantant sa pointe légèrement dans le sable, tout en fermant les yeux. Elle restait muette tandis que les autres guerriers, tous des hommes, faisaient le salut face à la tribune de Berzyl. Non, c’est bon quoi. Il la tenait déjà comme une bête, avec une chaîne, alors pour qu’elle le salue, qu’il aille se faire voir…

Les paupières closes, Anéa essayait de se concentrer, mais le vacarme abrutissant de la foule en délire la distrayait de trop. Bordel. Pas moyen de mettre au point une stratégie pour tuer le noble démon. Trop de monde présent, trop de guerriers encore, et aussi trop de gardes dans la tribune. Cet enfoiré avait pris ses précautions. Double précaution d’ailleurs, quand la jeune femme sentit son bras menotté tirer en arrière. Les hommes qui l’avaient accompagnée venaient d’accrocher le bout de la chaîne au mur de l’arène. Putain. Cela réduisait le champ de combat de l’archange ! À peine le temps d’y penser que les jeux ont déjà commencé…

« Modifié: samedi 04 avril 2020, 15:24:30 par Anéa »





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Tadeus Severus Palathéus

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Re : I know you want me...

Réponse 3 lundi 19 août 2013, 15:22:42

Les gladiateurs foulaient enfin le sable de l'arène, sous les acclamations de la foule. Creedo était sorti en tête, brandissant son arme en criant le nom de la maison Palathéus, qu'il représentait en ces lieux. Si bien des gens du bas peuple considéraient que la gloire de ce ludus provenait en grande partie de son Champion, tous les gens du milieu savaient que le mentor derrière tout ça n'était autre que le laniste exceptionnel qu'était Tadeus. Ce dernier rejoignait en ce moment même la tribune d'honneur de Berzyl, arpentant les couloirs de l'arène avec un sourire confiant. A entendre les clameurs de la foule, certains connaissaient bien Creedo. Mais ce n'était pas le cas de leur hôte. Il ignorait sans doute qu'il avait mis sa furie entre les griffes d'une bête enragée.

Dehors, tous s'étaient alignés devant Berzyl. La Championne entrait enfin en scène, et Creedo tournait le regard vers elle. Elle n'était pas très impressionnante, au fond, elle faisait même un peu peine à voir. Comme lui, elle ne portait pas les vêtements conventionnels aux gladiateurs. Creedo portait ses vêtements habituels, et elle semblait vêtue uniquement de bandages grossiers et d'une jupe tout ce qu'il y a de plus simpliste. Elle ne se pliait pas aux coutumes, et était sale, qui plus est. Pas de lever de bouclier, pas de salut. Et voilà qu'on l'attachait à un mur de l'arène, à présent. La mâchoire crispée, le Champion leva les yeux vers son maître. Oui, Tadeus allait réagir. Il n'y avait là aucun défi si Creedo devait affronter une femme enchaînée avec l'aide d'autres combattants. Le laniste se leva, et s'adressa à la foule: aujourd'hui, il avait un énorme avantage. Il était là en tant qu'invité, et il pouvait changer les règles à son gré.

"Mesdames mesdemoiselles messieurs! Veuillez excuser mon hôte, il semble ne pas savoir quel monstre foule actuellement les sables de son Colisée. De ce fait, j'apporte une modification au combat avant son commencement. Les deux Champions, Creedo et cette... Anéa?... N'auront aucun allié et devront se battre pour leur propre survie. Le sort en est jeté."

Un sourire amusé se dessinait sur son visage, alors qu'il se tournait vers Berzyl. Tu ne sais pas à qui tu as affaire, on dirait. Nous sommes concurrents, si tu opposes une Championne à ma maison. L'hôte dut se contenter d'un signe de main, laissant son invité faire à loisir. Il était inconvenant de refuser ceci au Prior Sanguinem de l'Empire. Tadeus ajouta une dernière chose, à l'intention de Creedo:

"La restriction est levée pour eux."


Puis il abaissa son poing, faisant signe aux gladiateurs de commencer. Ils s'étaient divisés en deux groupes de cinq, pour chaque Champion. En les voyant arriver dans sa direction, le vétéran se mit à sourire, et lâcha son arme et son bouclier. Oh oui, la restriction est levée! Ce n'était pas tous les jours qu'il y était autorisé. Visiblement, son maître voulait commencer le combat par un coup d'éclat. Son visage se figea soudain en un air sec, et on crut entendre des centaines de loups hurler à l'unisson à l'extérieur du stade, si bien que le public, tout en haut des gradins, essaya de voir à l'extérieur de l'arène. Et lorsque leurs yeux se posèrent à nouveau sur le combat, ils y virent Creedo massacrer ses opposants de ses mains nues, déchirant la chair et les armures de ses seuls doigts. Il semblait comme possédé.

"Mon cher Berzyl, savez-vous pourquoi Creedo est devenu mon esclave alors qu'il fut jadis mon opposant? Voyez-vous, cet homme, une fois que je l'eus désarmé, a décimé mon unité de quinze hommes et brisé mon épée de ses mains nues en l'espace d'une vingtaine de secondes. J'ai dû l'affronter avec une demie épée lourde."

Creedo faisait autrefois partie d'une famille de chasseur de loups-garous, qui avaient un rite bien particulier: à l'âge de quatorze ans, les enfants de cette famille partaient chasser seul, et rentraient avec la créature sur les épaules, ou les pieds devant. Il y avait ensuite une cérémonie, à partir de laquelle on capturait l'âme du loup, et l'intégrait à celle de l'enfant. Creedo était une bête enragée et assoiffée de sang, domptée et cachée dans le corps d'un homme.


Et il se tenait droit, maculé de sang, au milieu de cinq cadavres déchiquetés en un tour de main. Reprenant son calme, il ramassa son arme et son bouclier, et marcha dans la direction de la Championne, qui luttait encore face à ses opposants. Dans les gradins, la foule scandait son nom, alors que Tadeus applaudissait. Derrière lui, le démon n'affichait qu'une grimace irritée et dégoutée, devant le massacre auquel il venait d'assister. Il se demandait s'il allait regretter d'avoir convié le grand Champion de la maison Palathéus. L'ambiance dans le Colisée se réchauffait, un grand spectacle se préparait.

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Anéa

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Re : I know you want me...

Réponse 4 vendredi 06 septembre 2013, 19:03:32

Tu parles de jeux. Berzyl s’était bien joué de l’archange déchue. Pour le combat, il l’encombrait d’une chaîne à son bras gauche blessé, qui plus est, qui réduisait réellement son champ d’action pour la suite des évènements. Voulait-il vraiment la garder comme Championne, ou en profitait-il juste pour l’amener à une exécution publique ? Merde. Si c’était ça, l’ange déchue s’était bien fait avoir. Mais qu’il en soit ainsi. Anéa trouvera bien un moyen de l’éliminer, lui aussi. Néanmoins, malgré tout cela, le visage de la jeune femme s’était orné d’un sourire joueur. Le laniste présent dans la tribune d’honneur aux côtés du démon était sûrement son invité. Et sur le combat, il avait tous les droits. Ainsi, pendant que la belle brune se faisait enchaînée aux murs de l’arène, cet homme changea les règles. Oh…Il y avait donc un autre Champion ? Intéressant…Il était simple de voir de qui il s’agissait. Il n’était clairement vêtu comme les autres gladiateurs. Un peu comme Anéa, dans le fond. Les deux champions allaient donc combattre les autres gladiateurs avant de se mettre sur le coin de la tronche. Bien. Qu’il en soit ainsi…

Après l’ordre de ce laniste, les autres combattants formèrent deux groupes de cinq, un groupe pour chaque champion. Mais, avant même que le groupe de guerriers ne s’approchent de la jeune femme, des hurlements de loups se firent entendre, donnant l’impression que le Colisée était encerclé par ses bêtes sauvages. Dans le public et sur le sable, tout le monde en détourna les yeux du combat pour voir d’où venaient ses cris. Mais pas Anéa. Ce ne sont pas les hurlements qui captèrent son attention, mais cette tension dans l’air. Elle était foutrement pesante. Une aura puissante se dégageait d’un des combattants de l’arène. En relevant les yeux, elle voyait cet autre champion, ce Creedo massacrer ses adversaires les uns après les autres, à mains nues. Alors, c’était lui, cette aura meurtrière. La foule semblait transporter. L’archange déchue n’eut qu’un sourire plus franc face à ce spectacle. Ca promettait bien des choses, et ça plaisait à la jeune femme.

À son tour de faire le show, ne serait-ce qu’un peu. Profitant que l’attention soit portée sur cette bête humaine, la belle brune dégaina son sabre arabe et son katana. La seconde d’après, un homme se retrouva le cœur transpercé et la gorge tranchée, à la limite de la décapitation. Et d’un en moins. Retirant ses lames avec force, le corps en sang finit par tomber sur le sable chaud de l’arène. Les gémissements du gladiateur meurtri ramenèrent les autres combattants à la raison, scotchés quelques instants avant sur l’hécatombe effectuée par Creedo. Anéa avait beau être une femme, la seule sur le sable du Colisée, cependant, elle n’en restait pas moins dangereuse. Cette odeur de sang frais l’excitait au plus au point, faisant ressortir son côté démoniaque. Folle, possédée, elle était prise d’une pulsion meurtrière, à moindre mesure toutefois. Si elle goûtait à du liquide de vie d’un démon, là, il en serait autrement. Incontrôlable…

Un des hommes se rapprocha de trop près de la mi-démone, qui enchaîna les coups sur lui. Deux grosses entailles sur le torse et le visage lui firent perdre beaucoup de son sang, avant qu’Anéa n’abrège ses souffrances en lui tranchant également la gorge. Le liquide carmin gicla tellement fort qu’il vint tâcher les bandelettes couvrant la poitrine de la brune, ainsi qu’une partie de son visage. Et de deux. Plus que trois. La jeune femme se mit à courir vers ses autres adversaires, mais une douleur la ramena à la réalité brutalement. La chaîne la maintenait à une certaine distance et ne lui permettait pas vraiment d’avoir un grand champ d’action. Merde. Sa main gauche, l’enchaînée, empoigna le lien qui la retenait à moitié captive, et commença à tirer avec force. Ce fichu truc était bien ancré dans le mur du cirque. Elle en oublia presque les gladiateurs restants. Un bruit de pas lourds dans le sable, mêlé aux cris d’attaques de brutes qui foncent dans le tas, ramena la demoiselle à faire attention à ceux qu’elle avait devant les yeux. Deux pauvres idiots se jetaient sur Anéa alors qu’elle reculait d’un pas pour pouvoir bouger correctement son bras prisonnier. Attendez, que deux ? Où était le dernier ? Brusquement, la belle brune se sentit attirée en arrière. Putain. L’autre connard s’était déporté dans le dos de la mi-démone pour tirer sur cette chaîne et la déstabiliser, créant ainsi un avantage pour les deux autres. Fais chier.

À force qu’elle avançait pour face aux gladiateurs, l’autre derrière tirait sur la chaîne. Parfois, Anéa en perdait son équilibre et devait esquiver les coups des guerriers. Et plus le solitaire ramenait le lien en fer vers lui, et plus les nerfs de la mi-démone en pâtissaient. Cela l’énervait, la gonflait vraiment. Bon, elle allait devoir faire quelque chose. Une idée venait de lui traverser l’esprit. De nouveau, elle se mit à s’élancer vers ses assaillants, mais avant que l’autre ne lui tire sur sa chaîne, d’un bond, elle se retourna vers lui. Surpris, il ne vit rien venir. L’archange déchue enroula le lien en fer autour du cou du gladiateur, emprisonnant également sa main entre les chaînons. Elle se redirigea vers les deux autres balourds, tirant sur son avant-bras gauche blessé. Elle n’avait qu’une main de libre mais ce n’est pas grave. Bientôt, elle pourrait combattre un peu plus librement…Le pauvre gladiateur prisonnier commençait à étouffer, essayant de se débattre en tirant sur sa main, mais celle-ci se retrouvait compressée sous le métal. Des marques rouges, telles des hématomes se formaient sur la peau tendre du guerrier. Pauvre de lui, mais Anéa s’en fichait et continuait à tirer avec de plus en plus de force. De son autre main, elle parvint déjà à se défaire d’un adversaire, le blessant à la cuisse pour qu’il s’abaisse, lui permettant de lui transpercer le cœur à lui aussi. La jeune femme esquiva un coup du dernier lui faisant face, relâchant un instant la chaîne, avant de tirer davantage dessus.

Deux. Il n’en restait que deux. L’autre devant elle finit comme les autres, sans gloire. La gorge tranchée, s’éteignant dans un dernier râle, étouffé, noyé dans son propre sang. Le dernier, mh ? Plusieurs fois, la belle brune au visage tatoué de sang séché par le soleil de midi, tira vivement sur la chaîne. Le gladiateur l’implorait du regard pour qu’elle arrête. Un sourire sadique se dessina sur ses lèvres, avant qu’elle ne tire sèchement sur son lien en métal. Crac. Crac. Crac…Il était déjà mort, la nuque brisée, mais ce n’était pas suffisant pour la mi-démone. Ramenant la chaîne vers elle d’un coup brusque, elle vint le décapiter. Plus de tête, ni de main d’ailleurs, du moins celle qui était coincée dans la chaîne, tout contre son cou. Celle-ci roula au sol, mélangeant le sang au sable.

Du sang. Il lui fallait toujours plus de sang. Mais ce n’était pas celui des gladiateurs qu’elle souhaitait. Même s’il l’avait nommée Championne, c’était la tête de Berzyl qu’elle voulait. Un coup. Deux coups. Cette chaîne de merde, elle devait s’en défaire avant que l’autre Champion ne vienne à elle. Creedo était puissant. Son aura empestait la bête. Il suffisait de voir les cadavres qui jonchaient le sol autour de lui. Anéa n’était une toute tendre, mais là, elle doutait de sa victoire, bizarrement. Un autre coup, puis encore un. Le socle qui retenait la chaîne au mur de l’arène céda enfin, mais la demoiselle avait réussi à rouvrir la blessure sous son bracelet de fer. Elle supportait bien la douleur, malgré que son propre sang ruisselait sur le métal. Légèrement essoufflée, elle se redressa, parfaitement droite. Mais son regard ne se portait pas sur le dernier homme debout sur le sable. Non. L’archange déchue, fronçant les sourcils, ne portait de véritable attention que sur Berzyl. Son regard était comme une mise en garde. Attention, la tienne de tête tombera aussi…

« Modifié: dimanche 08 septembre 2013, 17:09:36 par Anéa »





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Re : I know you want me...

Réponse 5 samedi 14 décembre 2013, 05:37:11

Il prenait son temps. Il avait tout son temps. Sous ses yeux, une furie s'agitait, animée non pas par un désir de vivre mais bel et bien par une soif de sang tout à fait primale. Il demeurait d'un calme exemplaire et observait la scène alors qu'il s'en approchait peu à peu. Il avait calé son bident sur son épaule et examinait les manières de la Championne. Pour lui, ce n'était qu'un bien grand mot, un titre qu'on lui avait accordé à la va-vite. Elle n'avait pas su être consciente de tous ses adversaires, et elle se contentait d'agiter ses lames pour taillader la chair en bataillant avec sa chaîne. Elle aurait pu en faire un avantage depuis le départ. Au lieu de ça, elle avait dû s'en servir pour entraver un gêneur.
Néanmoins, Creedo reconnaissait sa technique à sa juste valeur: ses coups étaient précis et efficaces, et ne frappaient que des points essentiels. Mais ce n'était pas suffisant pour être un gladiateur. Ce n'était pas suffisant pour être un Champion.

Alors qu'elle venait d'occire son dernier opposant et de libérer la chaîne du mur -chose assez impressionnante en soi-, elle fit l'erreur d'égarer son attention vers la tribune. Cherchait-elle de la reconnaissance? Non. A ce moment précis, elle fixait Berzyl avec un regard fier et insolent, celui d'une esclave qui refuse obstinément ses chaines.

Creedo, lui, avait pris l'insulte personnellement.

Il avait incliné ses épaules très légèrement en avant, en levant simplement le pied droit pour le mettre sur la pointe. En une seule impulsion, sa démarche lente était devenue une course fluide, rapide et silencieuse comme le carreau d'une arbalète. Il était arrivé à hauteur d'Anéa en l'espace d'un instant, et aurait pu passer totalement inaperçu si les clameurs de la foule ne s'étaient pas soudainement faites entendre comme un encouragement à la mise à mort. Il lui adressa la parole, si près que son ton ressemblait à celui de la confidence:

"Où est-ce que tu regardes?"

Au moment précis où le regard de la femme revenait sur lui, à ce moment exact où ses réflexes auraient dû se déclencher, il était déjà trop tard. Le manche du bident s'écrasait contre la pommette de la semie-démonne, et la projetait avec violence sur le sable de l'arène. Creedo ne plaisantait pas. Il ne laisserait pas une femme qui ne prenait pas conscience de son environnement salir le nom de la maison Palathéus. Sa seule présence face à lui pouvait être considerée comme une insulte envers son maître.

"Sur le sable de l'arène ou même sur un champ de bataille, l'ignorance c'est la mort. Il semble bien que je n'aurais aucun mal à te tuer, cependant je n'ai aucune gloire à le faire si tu détournes le regard."

Il lui laissa une seconde, une longue seconde qui lui laisserait le temps d'accuser l'information: maintenant qu'il avait capté son attention, elle le regardait. Voyant qu'elle comprenait, il envoya la pointe de son bident vers sa cuisse, un coup si simple à éviter que la pointe de l'arme ne rencontra que le sable. Il continua:

"Je suis ton adversaire. Je suis la Mort. Je suis ce qui se dresse entre toi et la suite de ton existence. Si tu m'ignores, tu périras. Si tu refuses de m'affronter, tu trépasseras."

Dans la tribune, Tadeus arquait un sourcil contrarié. Cette tirade était devenue habituelle, Creedo la déclamait toujours lors de la première leçon des recrues. Mais ce n'était pas une recrue. Elle devait mourir. Quand bien même son Champion la considérait comme une néophyte, une inexperimentée vouée à son inéluctable fin.

"Pour l'honneur de la maison Palathéus, je refuse de perdre la vie face à une combattante aussi sotte que toi. Tu vas mourir."

C'était donc ça. Une provocation, envers elle et envers Berzyl. Ainsi, lorsqu'il prendrait sa vie, Berzyl en serait entaché à jamais. Le fou qui s'en était pris à la maison du plus grand laniste. L'homme qui avait cru élever une femme en haillons au rang de légende des arènes. Creedo avait bien compris à quel point elle haïssait son maître. Il lui offrait de détruire sa vie en perdant la sienne.

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Re : I know you want me...

Réponse 6 mercredi 29 janvier 2014, 23:59:50

Même si Anéa avait mis plus de temps à se défaire de ses adversaires que le grand Champion, mais au moins, il était tous à terre. La jeune femme en haillons n’avait rien d’un gladiateur ? Normal, elle n’en était pas une. La furie avait été « sacrée » Championne par Berzyl ? Un peu trop vite et pas pour les bonnes raisons, se disait la demi-démone. Ce n’était qu’un titre qui ne lui sied guère. Si le dernier combattant debout pensait la même chose, elle ne dira pas le contraire. L’archange déchue était arrivée par hasard sur le sable de ce Colisée, et aujourd’hui, comme au tout début, la seule chose qu’elle souhaitait, c’était la tête de ce noble démon qu’est Berzyl, piquée au bout de son sabre. Et elle le lui faisait clairement savoir. Ses yeux, orbes de glace, étaient emplis de rage et de folie. Ils ne fixèrent que la tribune. Droite, insolente. Et si elle devait mourir en ces lieux ? Bien, mais pas avant d’avoir eu la peau de cet être infernal.

Berzyl, perchée dans ses gradins privés, restait assis sur son pseudo trône, en compagnie du célèbre laniste. Il ne semblait pas très rassuré de la tournure des évènements. Non pas qu’il espérait que sa Championne se fasse écraser par de simples gladiateurs, mais il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elle lui fasse face ainsi. Tout n’était que provocation de la part de cette jeune furie, aussi bien par ce grain de folie sanguinaire qui se reflétait dans ses yeux, que par cet air malsain qui se dessinait sur son sourire. Alors que le visage du démon se fronçait au niveau des sourcils, il ne lui fallut qu’une seconde pour qu’il se décontracte et se mettre à sourire à son tour. Lui aussi mettait en garde la jeune femme…

Sourire. Acclamations. Inattention. Anéa se réveilla enfin, arquant un sourcil en voyant apparaître une masse d’ombre à côté d’elle. Sur le sable restait encore le véritable Champion et la belle brune ne pouvait en faire autrement. Si elle voulait la tête de Berzyl, elle devrait combattre contre cet homme. Ou plutôt contre cette bête emprisonnée dans un corps humain. Des paroles. Quelques mots. Un murmure, presque. Une seconde, et l’arme s’abattit dans la pommette de l’hybride. Même en l’ayant vu venir une microseconde avant, elle ne put éviter le coup. Mais pour l’amortir, qu’elle en ressente un mal moins important, son corps accompagna la suite du coup, projetant alors son corps en arrière. La demoiselle en haillons finit sa course dans le sable, paraissant alors à une poupée désarticulée gisant sur le sol brûlant du Colisée.

Un long silence s’étendit du sable, jusque dans les gradins, avant que le Champion ne prenne la parole. Rouvrant les yeux, Anéa se réjouissait de ses paroles. Ondulant légèrement du dos pour le décoller du sol, elle releva ses jambes, genoux pliés, et d’un geste rapide, les balança en avant telle une bascule, lui permettant de se remettre sur pieds. Le coup qui lui avait affublé Creedo était bien visible, sa pommette rougie. Sa chevelure de jais voletait au vent, laissant flotter les grains de sable doré qui s’étaient emmêlés dedans. Sur son visage ? Un sourire. Un énième sourire. Satisfait. Provocateur. Fou.

Anéa n’écouta qu’à moitié les paroles que débitait le dernier gladiateur présent dans l’arène. Ainsi, il ne tirerait aucune gloire à tuer la demoiselle si celle-ci détournait son regard de lui sans cesse ? Intéressant. La jeune femme allait tirer cette information à son avantage, pour sûr. Mais, avant même qu’elle ne puisse se remettre un peu du coup dans la pommette, Creedo lança son bident en direction de la folle en haillons. Elle n’eut aucun mal à l’esquiver. La pointe de l’arme s’enfonça dans le sable, juste à côté de la soi-disant championne de Berzyl. Pff. La demoiselle avait parfaitement compris que ce n’était qu’une mise en garde. La suite du discours du gladiateur fit ricaner Anéa. Son bras se leva légèrement, pliant au niveau du coude, et utilisant sa main telle une marionnette, qui parlerait à sa place durant quelques secondes.


- Et bla, bla, bla…

Se moquait-elle ouvertement de lui ? Mais oui, clairement ! Elle prenait un malin plaisir à le faire. Mais néanmoins, elle stoppa rapidement son petit jeu, reprenant un peu de sérieux.

- Toi, la Mort ? Teuh. Tu n’es qu’un pantin qui la répand de manière…J’aurais tendance à dire théâtrale. Piètre acteur. Ce n’est pas fade, comme existence, de se prendre pour un autre ? De te prétendre la Mort ? Mmph…

D’un geste brusque, l’archange déchue arracha le bident du sol simplement, le sourire aux lèvres. Elle observa l’arme, lentement, avant de fixer Creedo de son regard de glace. Elle lui renvoya son bident, le lançant dans sa direction mais sans avoir l’intention de le toucher. Juste qu’il est de nouveau son arme à proximité et que le gladiateur ne vienne pas de suite vers la furie en haillons. Son katana dans la main gauche, alourdie et blessée par la chaîne qu’elle avait arrachée. Son sabre dans la main droite. Les bras levés à l’horizontal, l’archange déchue prenait la pose. Provocatrice. Pas seulement pour cet adversaire présent dans l’arène, mais aussi pour Berzyl. Anéa prenait la pose du Christ, ennemi des démons. Double provocation.

- Viens ! Tue-moi ! Mais avant…

Qu’elle meure ici ou ailleurs, Anéa se disait que de toute façon, cela devait arriver un jour ou l’autre. Si c’était aujourd’hui, et bien tant pis. Cependant, la mi-démone se devait d’accomplir la mission qu’on lui avait donnée. À tout prix ! L’hybride avança alors lentement vers Creedo, mais ses yeux de glace se portaient plus loin derrière, vers la tribune. Vers Berzyl. Puis elle se mit à courir vers le Champion, les armes le long de son corps, comme en retard dans la course. Son regard se posa sur Creedo qu’une seconde, juste le temps de croiser le sien, avant de sourire. À deux mètres de lui, la belle prit une impulsion, avant de sauter haut, voulant passer au-dessus de Creedo, comme un oiseau prend son envol. C’est un ange après tout…Son but ? Esquiver le gladiateur pour toucher le démon…
« Modifié: samedi 04 avril 2020, 15:21:37 par Anéa »





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Re : I know you want me...

Réponse 7 vendredi 31 janvier 2014, 23:33:45

Un pantin? Et c'était supposé le rabaisser? Creedo pensa à sa rencontre avec Tadeus, puis à tout ce temps passé au ludus. Il se rappelait son ancienne vie, et sa vie de gladiateur. Puis il pensa à Titus, ce jeune garçon téméraire qui le considérait non pas comme un serviteur, mais comme un frère. Bien qu'il affichait un air impassible, il souriait intérieurement. Oh que non, il ne se prenait pas pour un autre. Il savait exactement qui il était, et où était sa place dans l'univers. Il savait aussi où irait sa loyauté, quoiqu'il arrive et quoiqu'il en coûte. Toutes les provocations d'Anéa ne sauraient l'atteindre, c'était comme jeter de la neige dans le cratère d'un volcan.

Elle s'avançait vers lui avec une froideur surjouée. Non, en fait, elle ne faisait que s'avancer dans sa direction. Derrière lui, il y avait la tribune d'honneur. Derrière-lui, il y avait Berzyl. Elle ne comptait pas démordre. Il avait lu ses intentions si facilement...
Il ne bougea aucun muscle lorsqu'elle accéléra, et ne cilla pas quand elle bondit. Quand bien même son saut eut été surhumain, il n'y avait aucune surprise sur le visage du Champion. Seul un sourire lui étira les lèvres, lorsqu'elle l'eut dépassé:

"J'accepte volontiers de danser au creux de la main d'un tel homme..."


Il fit volte-face tout en sautant. Ce n'était pas un bond aussi prodigieux que celui de la semi-démone, mais c'était amplement suffisant. Le bras tendu, il avait réussi à la saisir à la cheville, avant de reposer pied à terre. Aucun gibier n'échappe à un loup sur son territoire de chasse. Il rabattit la femme au sol avec force, comme un artisan battant le fer de son marteau. Il agrippa ensuite la jambe avec sa seconde main, et prit une impulsion en fléchissant un peu les jambes, pour l'envoyer en l'air et la rabattre à nouveau. Il se servait de son adversaire pour damer le sol, au sens propre. Il le fit une fois, deux fois, et pas davantage, pour être sûr qu'elle ne trouverait aucun moyen de se libérer. Puis il expira longuement et la lâcha, pour aller récupérer son arme. La foule réclamait le coup de grâce, le pouce baissé.

-----------------------------

Dans la tribune d'honneur, au moment où la guerrière avait bondit, Berzyl avait ressenti un frisson si désagréable que Tadeus avait pu l'apercevoir. On aurait pu parier que la stupeur l'avait paralysé l'espace d'un instant. Si le laniste n'avait pas eu autant confiance en son esclave, il aurait bondi lui-même dans l'arène pour intercepter la furie.
Les traits du démon se détendirent lorsque le Champion la rattrappa et entreprit de la battre contre le sable. La force de l'ancien chasseur de loups-garous était au demeurant spectaculaire pour ceux qui n'y étaient pas habitués, mais Tadeus restait soucieux: l'expression satisfaite de son hôte n'était pas celle d'un homme ridiculisé, et il semblait même ravi de voir sa Championne ainsi écrasée par l'un des plus grands gladiateurs de l'Empire.

En contrebas, Creedo brandissait son bident devant la foule, avant de s'en retourner vers Anéa, toujours sonnée et à terre. Le gladiateur demeurait méfiant, car il ne comptait plus le nombre de fois où un adversaire avait feint l'inconscience pour mieux le prendre par surprise. Il levait l'arme au-dessus de son épaule, pointe vers le bas, pour lui asséner le coup de grâce:

"CREEDO! CESSE!"

La voix puissante et grondante de Tadeus avait porté au-delà des clameurs de la foule. Très vite, un silence pesant s'abattait sur le stade. Son maître avait bondit de sa chaise, et semblait très contrarié. Il se tourna vers Berzyl:

"Berzyl... Vous cherchez à m'insulter? Vous n'avez pas organisé cette rencontre pour qu'un duel ait lieu. Vous avez organisé un massacre, et m'avez présenté cette Championne pour que j'accomplisse la basse besogne à votre place. Vous avez voulu m'utiliser pour faire ce que vous étiez incapable de faire, ou, dans le meilleur des cas, m'humilier. Vous y gagniez dans les deux cas. Il n'y a rien d'honorable dans un tel combat."

Le démon bredouillait comme un enfant pris en flagrant délit. Je devrais la laisser l'égorger. Tadeus sauta au bas de la tribune comme on enjamberait une rambarde, et se réceptionna sur un genou, salissant un peu sa toge au passage. Il entendait déjà Alera le réprimander pour ça... Il s'avançait vers les deux gladiateurs, et ne prononça qu'un mot:

"Armes."

Et Creedo de s'éxecuter sur le champ, en donnant des coups de pied dans les mains d'Anéa jusqu'à ce qu'elle ne lâche ses armes. Le Prior Sanguinem savait encaisser les blessures comme personne, et ne se sentait pas vraiment en danger, même désarmé, mais... Il craignait davantage pour l'état de ses vêtements si la furie se jetait sur lui. Il lui décocha un léger coup de pied dans l'épaule, et se pencha au-dessus d'elle:

"Hé, toi. Qu'est-ce qui te motives tant à prendre la tête de Berzyl, au point que tu en négligerais ta propre vie? Sa mort a-t-elle plus de sens à tes yeux que ta propre existence? Parle!"

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Re : I know you want me...

Réponse 8 mercredi 05 février 2014, 16:43:27

L’archange tentait bien de provoquer le gladiateur encore debout face à elle, mais elle se rendait bien compte que cela ne lui faisait rien. Aucun trait sur son visage ne trahissait de colère. Normal, il n’y en avait pas. Ni même de sourire d’ailleurs. Qu’importe. Pour Anéa, cela ne changeait rien. Son but était de profiter du combat, d’un soupçon d’agitation de la part de la foule, pour se rendre près de Berzyl et de lui arracher la tête. La mi-démone se dirigeait vers Creedo, néanmoins sans le regarder, ne serait-ce qu’une seconde. L’hybride n’avait nullement la prétention de cacher ses intentions. Elle l’avait déjà prouvé plusieurs fois durant le combat, que ce qu’elle cherchait, c’était la tête de Berzyl plantée au bout de son sabre. Ses yeux de glace fixaient sans cesse cette créature à l’allure humaine à côté du laniste. Un fin sourire s’était dessiné sur ses lèvres.

Elle s’était mise à courir en direction du gladiateur, mais ce n’était qu’un élan pour sauter et passer au-dessus de lui. Mais elle n’atteindra jamais son but. Du moins, pas maintenant. La furie n’en attendait pas moins de la part d’un Champion. Celui-ci lui agrippa la cheville, et avec une force certaine, la rabattit au sol, balancée par terre comme une vulgaire tapette à poussière pour les tapis. Ici, Anéa ne faisait que remuer le sol de l’arène, soulevant le sable en de petits nuages dorés. L’archange dans tout ça, n’avait qu’un sourire sadique sur le coin des lèvres. Elle essaya tant bien que mal à se défaire de l’étreinte sur sa jambe, mais la poigne de Creedo sur son membre inférieur était trop forte. Elle tourna légèrement sur elle-même pour amoindrir les coups qu’elle prenait, mais la belle se déboîta l’épaule droite au dernier coup du gladiateur.

Anéa git au sol, sonnée mais pas inconsciente. La belle en haillons arrivait à entendre les brouhahas du public. Ce qu’ils réclamaient ? La mise à mort de cette combattante que Berzyl avait osé gradé du rang de championne. Le soleil de midi tapait sur son visage. Avant qu’une ombre ne vienne l’en cacher et plonger la belle dans l’ombre elle aussi. L’archange ouvrit lentement ses yeux et haussa que très légèrement les sourcils de surprise. Ce qu’elle vit, elle s’y attendait. La brune fixait Creedo, lui qui se tenait debout devant elle avec son arme en main. Du sang coulait du nez de la jeune femme, alors qu’elle affichait un sourire. Il leva alors son bident pour lui donner le coup de grâce.

Cependant, une voix portante le stoppa net dans sa lancée. Son maître lui ordonna de cesser. Enfin, est-ce bien lui ? La demoiselle, encore dans les vapes, se demanda si elle avait rêvé. Mais non. Le gladiateur rabaissa alors son arme. Il ne fallut pas longtemps à Anéa pour voir qu’elle avait bien entendu le laniste. Un autre ordre de sa part et l’éphèbe usa de son pied pour donner des coups dans les mains de la mi-démone. La belle gémit alors, son bras gauche endommagé par son ancienne blessure et qui s’était réouverte à cause de la chaîne, et son bras droit démis, lui lançant au niveau de l’épaule. Creedo l’obligea ainsi à lâcher son katana et son sabre. Enfin désarmée et toujours au sol, Anéa attendait la suite avec impatience. Qu’est-ce qui avait pu arriver dans les tribunes d’honneur, pour que le laniste descende de lui-même jusque dans l’arène ?

Tadeus se rapprocha de la jeune femme qui gisait au sol, donnant un coup dans son épaule, ce qui lui arracha un autre petit gémissement de douleur. Alors comme ça, il voulait savoir pourquoi Anéa en voulait tellement à la vie de Berzyl jusqu’en négliger la sienne ? Intéressant. Est-ce que cet homme s’était rendu compte que le démon le menait en bateau pour faire le sale boulot à sa place ? Sûrement. L’hybride se mit à sourire fortement, montrant alors ses dents pourtant si blanches, rougies par son propre sang.


- Ce que je fais de ma vie ne te regarde nullement.

Son sourire ne disparut pas de son visage. Très lentement, elle se releva. Difficilement d’ailleurs, couinant encore de douleur. Elle ne releva que le haut de son corps, restant donc dans une position assise, et ne bougea pas plus. La demoiselle espérait ne pas avoir à recevoir un autre coup dans les bras juste parce qu’elle avait décidé de se lever un peu. La belle furie se mit alors à tousser fortement, ses sourcils se fronçant sous la douleur, avant de tourner le visage pour cracher plus loin. Du sang, encore. Elle respirait profondément, l’air roulant dans ses poumons qui souffrent des coups de Creedo. Elle s’adressa au Champion et à son maître.

- Vous ne le sentez pas ?

Les yeux de glace de l’hybride se posèrent sur la tribune, ou plus précisément, sur la seule personne qui y restait. Berzyl. Anéa était un être du Divin, pervertie par des créatures des Enfers, et en tant que telle, elle pouvait sentir que Berzyl n’avait rien d’humain. L’archange ne savait rien sur Tadeus, mais elle avait pu observer son gladiateur dans l’arène, et peut-être que celui-ci avait ressenti l’aspect infernal de cet hôte. Si Berzyl regardait en direction de sa championne, il pouvait y lire de la folie, aussi bien dans ses yeux presque blancs, que dans son sourire ensanglanté.
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Re : Re : I know you want me...

Réponse 9 dimanche 09 mars 2014, 11:26:52

"Chasseuse de Démons..."

La remarque de Creedo ne faisait que confirmer ses soupçons. Tadeus leva les yeux au ciel en soupirant, puis jeta un regard vers la tribune: oui, cela expliquait pourquoi il avait eu peur de l'approcher, et pourquoi il avait mis en scène tout ça. Le laniste se sentait très las. Tout ceci devenait absurde. Il s'accroupit à sa hauteur, et lui attrappa le menton de sa main puissante, pour l'obliger à le regarder. Si les yeux d'Anéa brillaient d'une lueur assassine, le visage figé de Tadeus reflétait le calme et la tempérance d'un soldat. Et la cicatrice de son nez, ainsi que son oeil fermé, renforçaient l'impression qu'il donnait, celle d'un vétéran experimenté et sans crainte. Et c'était ce qu'il était.

"Tu es dans l'Empire d'Ashnard ici, petite. Quoi d'étonnant à voir un Démon dans la noblesse?"

Il n'y avait nulle raillerie, nul jugement dans sa voix. Il l'avait réprimandée, comme une petite fille ayant commis une bourde après avoir pensé que ce qu'elle faisait été sensé. Il la lâcha, se redressa, et ne fit qu'ajouter sur un ton plat "on l'emmène". Un coup de pied ciblé au front de la part de Creedo la rabattit au sol, dans le but de lui faire perdre conscience. Plus tard, son maître lui fera remarquer qu'il n'y avait pas été de main morte.
Tadeus calma la soif de sang du public en un discours, leur annonçant la bonne nouvelle: il comptait ajouter la Championne aux membres prestigieux de la maison Palathéus. Une ovation lui confirma l'approbation de la masse, et une oeillade mauvaise vers Berzyl le découragea d'objecter. C'était la façon, pour Tadeus, de repartir vainqueur sans se plier de quelque façon à sa volonté. On ne joue pas aux cons avec un homme estimé par l'Empereur. Le Démon ne s'arrêterait pas là. Pas après avoir été tourné en ridicule. Et Tadeus était impatient de voir sa prochaine manoeuvre. Le numéro terminé, ils prirent congé sur le champ.

Ils arrivaient à Ashnard en début de soirée. Anéa se réveillait alors que le carosse cahotait sur les rues pavées, de lourds fers lui joignant les poignets, ses armes sur les genoux de Creedo. Pas un instant Tadeus ne l'avait imaginée figurer parmi ses Champions, mais elle lui serait utile. Elle haïssait Berzyl, et Berzyl le haïssait, lui. Nul n'avait prononcé mot depuis qu'elle avait repris conscience. Tadeus l'observait en fin connaisseur, et Creedo s'en méfiait. Là où le Démon n'avait pas menti, c'était bien sûr le fait qu'elle était une furie. Ce n'était pas parce qu'il l'avait vaincue qu'il ne la considérait pas comme dangereuse. Cependant, il n'avait pas son mot à dire et il le savait bien.
Le novice qui leur avait servi de bagagiste et de cocher brisa le silence en annonçant aux passagers leur arrivée imminente. Tadeus était descendu le premier, suivi de la nouvelle, que Creedo tenait par le bras droit d'une poigne écrasante. Perditia les accueillit dans la cour, et le maître lui confia Anéa, avec pour ordre de la faire laver et habiller, pour qu'il puisse la présenter au dîner. Lorsqu'il la mit au courant de son tempérament, le visage de l'esclave s'illumina d'une expression malsaine, mettant la semi-ange au défi de se rebeller. Tadeus rentra dans le domaine, et Creedo suivit Perditia et Anéa aux bains. Il n'y a pas de choses telles que la pudeur dans un ludus. Un gladiateur n'est sexué que lorsque son maître le lui ordonne.

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Anéa

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Re : I know you want me...

Réponse 10 mercredi 19 mars 2014, 13:26:32

Les yeux de glace de la jeune femme restaient figés vers la tribune du Colisée. En réalité, Anéa ne cessait de fixer la seule personne encore présente dans la tribune d’honneur. Berzyl, ce démon bien accepté dans la noblesse ashnardienne, ne quittait des yeux la femme qu’il avait élevée au rang de Championne. La furie était au sol. Le haut de son corps était relevé, se tenant sur les coudes. La furie souriait d’un air malsain, son propre sang venant tacher sa blanche dentition, ainsi que ses lèvres pulpeuses qui s’étiraient lentement. Son regard en disait long sur ce qu’elle attendait avec impatience. Le voir mort. Mais apparemment, cela ne sera pas pour tout de suite.

Ses orbes presque blancs furent détournés de leur sujet d’attention. Le laniste s’était interposé, installé devant elle. Entre ses doigts rugueux, il prit le menton de la jeune femme pour l’obliger à ne regarder que lui. Les paroles du grand homme la firent sourire. Il est vrai que sur Ashnard, il y avait de nombreux démons, certains dans la noblesse et peut-être même plus. Et ? Cela ne changeait rien dans la petite tête de l’archange déchue. Un démon restait un démon. De plus, il s’agissait là d’une mission qu’elle se devait d’accomplir. Alors qu’importe qu’on lui dise que sa quête était vaine, Anéa continuait ce qu’elle avait toujours fait, tout au long de sa vie : Tuer. Tuer. Et encore tuer. Que ses lames rougissent du sang de ses ennemis.

Le laniste défait sa poigne du menton de la femme en haillons, murmurant quelques mots à son Champion. Un fin sourire crispé orna les lèvres de la furie, ayant compris que le combat s’arrêtait là. L’homme-loup s’approcha de son adversaire encore au sol, et l’envoya dans les méandres de l’inconscience par un coup de pied dans le crâne. Il n’y avait pas été de mains mortes, mais tant pis. Anéa aurait pu l’esquiver, le voyant arriver, ou bien même essayer d’amoindrir le coup, mais n’avait pas cherché à en réchapper.

Black-out total. Anéa était plongée dans un trou noir dans lequel elle ne voyait rien, rien d’autre qu’une grande salle sombre, immense même. L’archange appelait pour voir si quelqu’un était là, mais elle n’entendit que son écho, et ce, même si elle ne faisait que murmurer. Toute seule dans ce gouffre obscur, la mi-démone ressentait une vive chaleur dans les alentours, l’entourant même, comme si elle était perdue dans un désert, ou prise au piège dans un four.

Un tintement insistant vient l’extirper de ce cauchemar. Les bruits des fers des chevaux résonnaient dans sa tête, la demoiselle encore engourdie par le coup qu’elle avait reçu. Une brûlure à ses yeux. Une intense lumière. Quelques larmes au coin de ses orbes de glace. Cette sensation de chaud ne venait que du soleil, dont les rayons cognaient sur la peau nacrée mais salie de la jeune femme. Son corps ballotait dans la charrette en bois. Le son qui l’avait préalablement réveillé n’était autre que les chaînes qui l’emprisonnaient. Malgré qu’elle remue ses mains juste pour se frotter les yeux, la mi-démone ne chercha pas à se défaire de ses liens métalliques. Anéa ne regarda même pas le laniste et son toutou, prenant soin d’observer les alentours, tout en essayant de reconnaître l’endroit.

Crépuscule. La nuit commençait à tomber sur Ashnard, lorsque le claquement des fers des chevaux cessa enfin. La charrette qui transportait les différentes personnes se stoppa. La belle releva un instant ses yeux alors que le laniste passa le premier pour poser pieds à terre, suivie ensuite de la furie et du l’autre gladiateur. Creedo s’approcha d’Anéa, enserrant le bras de la jeune femme d’une poigne ferme pour ne pas lui laisser la chance d’attaquer son maître ou même de s’échapper. L’hybride ne chouina même pas. Une demoiselle à la chevelure bleutée et haute sur ses jambes se dirigea vers le petit groupe revenant du Colisée, s’arrêtant devant eux. Anéa prit la peine de la saluer d’un hochement de tête, alors que cette femme écoutait son maître lui murmurer quelques mots. Son visage s’illumina alors d’une aura malsaine, mais qui ne fit que sourire intérieurement la mi-démone.

L’archange déchue se fit emmener par Creedo qui suivait l’autre jeune femme, alors que leur maître se rendait dans sa demeure. Le regard de la demoiselle se portait sur tout autour d’elle, curieuse, mais aussi peut-être parce que cela lui servira pour la suite, si elle devait fuir le domaine. Ils arrivèrent enfin dans une petite salle avec un tout petit bassin d’eau. La femme à la chevelure océan ordonna à Creedo de relâcher la furie et la défaire de ses chaînes. Le gladiateur retira les liens métalliques et Anéa ne vint pas masser ses poignets, comme chacun aurait pu le penser. On lui demande d’un ton ferme de plonger dans l’eau et de se nettoyer.


- Bien…

L’inconnue vint arracher les derniers haillons qui servaient d’habits pour la mi-démone. Mise à nue devant le couple, on pouvait voir sa peau de nacre tachée de sang, rougie aussi par le soleil et les frottements du sable sur son corps, mais aussi noircie par la poussière et les cachots dans lesquels elle avait été jetée. Faisant quelques pas, Anéa rentra dans le point d’eau, un peu froide d’ailleurs. Sûrement le bain des esclaves. Le visage impassible, elle se posa entièrement dans l’eau. Elle ne fit que s’enfoncer et se relever rapidement, et pourtant, la crasse était déjà présente en surface, avant de se répandre dans le bain. On lui offrit de quoi se frotter, la belle prenant soin de correctement laver ses plaies. La jeune femme aux cheveux bleus s’approcha pour nettoyer le dos, ainsi que les cheveux.

On put découvrir la peau blanche comme neige d’Anéa, ainsi que sa chevelure de jais, brillante bien qu’humide. Sortie du bain à l’eau trouble désormais, on lui apporta un linge pour s’essuyer. La grande perche s’échappa un instant, tandis que Creedo restait là pour veiller sur la furie qui était pourtant bien calme. Elle revint avec des vêtements dignes d’esclave, ainsi que des bandes de lin. Avec soin, elle enroula les plaies ouvertes de l’hybride qui ne rechigna pas à se laisser faire. Ensuite, elle tendit les habits et aida la nouvelle arrivée dans la demeure Tadeus à s’habiller. Cela ne la recouvrait pas vraiment, mais Anéa n’en avait que faire. La pudeur, elle ne connaissait pas vraiment, la preuve en était qu’elle s’était montrée nue devant Creedo. Une seule chose la gêna : le collier. Elle n’en avait pas l’habitude, et elle n’appréciait pas vraiment.

Ainsi prête, la demoiselle à la chevelure océan tira sur la chaîne qui faisait partie de la tenue d’Anéa, qui ne dit rien. On la traina alors à travers les couloirs froids et peu éclairés de la demeure, afin de se rendre auprès du laniste.
« Modifié: samedi 04 avril 2020, 15:19:29 par Anéa »





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Re : I know you want me...

Réponse 11 jeudi 20 décembre 2018, 02:51:25

Perditia arpentait les couloirs d'un pas vif, ses talons claquaient sur le dallage dans une mesure impitoyable. Elle imposait sa cadence de marche et n'hésitait pas à tirer d'un coup sec sur la chaîne si Anéa faisait mine de ralentir. C'était sa façon de repérer les tire-au-flanc et les forte têtes. Les esclaves devaient aller à son rythme. Elle avait beau être elle aussi une esclave, elle se tenait souvent à l'autre bout de la laisse, et c'était une information qu'il valait mieux comprendre vite. C'est seulement une fois arrivées devant les portes de la salle à manger qu'elle livra quelques instructions, d'un ton à la fois clair et autoritaire.

"Tu te places à trois pas de la tablée. Tiens-toi droite. Pas de salutations, tu te tais à moins qu'on te pose une question. Pas de geste brusque. Rappelle-toi que tu es mieux ici que dans le trou à merde d'où Dominus t'a tirée."

Sur ce, elle poussa l'un des battants de la porte et précéda la semi-ange, marchant avec une soudaine révérence, s'avançant pour rejoindre un point d'ancrage à même le sol auquel elle attacha l’extrémité de la chaîne. Elle fit un signe de la main pour indiquer à la nouvelle venue où se placer, alors qu'elle-même s'en allait se placer dos au mur sans jamais croiser le regard de qui que ce soit.
Anéa se retrouvait donc à trois pas de la table à laquelle siégeaient Tadeus, sa femme et son fils. Si Titus manifestait un certain enthousiasme, comme à chaque fois qu'on lui présentait un nouveau guerrier, Tadeus ne laissait transparaître aucune émotion. Après un bref regard, comme pour vérifier que ses consignes avaient été respectées, il reprit son dîner comme si de rien n'était, interrompant d'un geste de la main son fils qui l'assaillait déjà de questions à son propos.

Alera, quant à elle, jetait vers la championne de Berzyl un regard glacial et inquisiteur. Les traits tirés elle la fixait sans mot dire depuis déjà un petit moment lorsqu'elle leva deux doigts, faisant signe à Lexa, une autre esclave qui se tenait statique derrière elle. Elle glissa à sa suivante quelques mots à l'oreille, et cette dernière de s'exécuter sur le champ. Lexa contourna la table et se mit à inspecter Anéa sous tous les angles comme s'il s'agissait d'un colis piégé. Méfiante, elle gardait une main à proximité de sa dague, prête à dégainer au moindre geste suspect. Une fois son examen terminé, elle s'en revint auprès de la maîtresse de maison et lui murmura son verdict avant de s'en retourner dans le coin d'ombre d'où elle avait émergé. Le jugement d'Alera s'abattit enfin comme un couperet:

"Je ne l'approuve pas."

Cette sentence jeta un froid dans toute la pièce, et les esclaves mal à l'aise, s'ils n'étaient en mesure de réagir, ajustèrent discrètement leur posture pour sembler plus convenables. Tadeus interrompit son repas et posa ses couverts au bord de l'assiette. Il croisa ses bras noueux tout en s'adossant à son siège, mais conserva un air neutre et demeura parfaitement silencieux. Son regard se posait à nouveau sur la furie, mais son attention était toute à son épouse. L'attitude du maître de maison l'encouragea à poursuivre:

"Monseigneur, ce Berzyl était un imbécile. Ce n'est pas une gladiatrice que tu as amené, c'est une meurtrière. Je peux lire dans ses yeux qu'elle mourra bien avant de se soumettre."

A ces mots, le sourire enjoué de Titus s'évanouit, et il chercha à déchiffrer l'expression énigmatique de son père. Alera comprenait rapidement que son époux, loin d'être totalement idiot, s'était déjà rendu compte de ça. Et s'il avait persisté dans son idée d'en faire une gladiatrice, c'était qu'il avait probablement une idée en tête. Sous les regards de sa femme et son fils, le laniste finit par révéler un sourire amusé. Il finit par prendre la parole à son tour:

"Soyons clairs Anéa: je n'ai pas l'intention de te garder longtemps. Mais ça dépend de toi. Ta vie m'importe peu et je peux en dire autant de ta chasse au démon."

Il claqua des doigts et la désigna du doigt. Aussitôt un robuste gaillard disparut dans la pièce adjacente et revint avec une écuelle pleine d'un ragoût fumant qu'il tendit à la semi-ange. Le tout ressemblait à un gruau de viandes et de céréales assez laid, mais dégageait une odeur assez agréable, et restait meilleur que ce qu'on servait dans les réfectoires de l'armée ashnardienne. Une cuillère en bois était enfoncée vulgairement dans la ration.

"Tu veux ta liberté? C'est simple: Berzyl n'en restera pas là, et quand le moment viendra, tu me serviras d'atout. Quand bien même, je ne le laisserai pas cette vermine m'humilier impunément et je laverai l'affront fait à ma maison. En attendant, toi, tu dois te montrer digne des sables de l'arène. On va te remettre d'aplomb et tu combattras pour moi. Reste en vie, tâche à l'avenir d'être moins pitoyable. Mange."

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Re : I know you want me...

Réponse 12 lundi 08 avril 2019, 15:48:25

L'eau du bain était d'une teinte de terre désormais. Il faut dire qu'Anéa, dans les landes désolées de Terra, ne se souciait guère de patauger dans la boue. La demi-démone prenait un malin plaisir à garder le sang séché de ses victimes sur sa peau pâle, un peu comme certains gardent des bijoux ou même des têtes comme des trophées. Pour ces dernières, il est vrai que l'ange déchue s'amusait à les faire sauter, mais en aucun cas, elle les gardait pour les exhiber. Mais cela, c'est une autre histoire...

Ainsi propre, sa peau redevenue aussi claire que du nacre, débarrassée de ses haillons et vêtue comme une esclave, Anéa se tenait là, prête à suivre cette poupée à la chevelure bleutée, cette demoiselle qui paraissait telle une pauvre petite chose, mais qui n'en était clairement pas une. Plongée dans le plus grand mutisme, elle observa la demoiselle qui s'occupait d'elle, ou plutôt, qui tire la chaîne pour l'emmener auprès de son maître. Elle se pressait quand la jeune femme entama un pas plus rapide, ou ralentissait quand celle-ci traînait le pied. Elle voyait bien qu'elle était en train de la tester, et la brune aux yeux de glace le comprenait parfaitement.

Déambulant dans les couloirs de la bâtisse, le duo s'arrêta enfin devant une grande porte menant, semble-t-il, à la salle à manger dédiée aux maîtres de la demeure. La belle écouta les « consignes » de Perdita. Elle ne comptait pas faire autrement que ce qu'on lui disait. C'était tout simple. La demi-démone savait parfaitement se tenir quand il le fallait, et surtout, et malgré le fait qu'elle pouvait avoir ses moments de folie, l'instinct de survie était le plus fort. Son devoir d'éliminer les démons n'était guère terminé et elle n'allait pas tout gâcher parce qu'elle devait se montrer docile.

Suivant Perdita dans la salle à manger, Anéa vint se poster à trois pas de la tablée de Tadeus et de sa famille, toujours sans qu'un seul mot ne dépasse la barrière de ses lèvres. Son regard de glace ne se porta pas sur les présents, regardant droit devant elle pour ne déranger personne pendant le repas. Le respiration douce, elle restait là, droite comme un « i », les bras dans son dos, ses mains tombant dans sa chute de reins. Impassible malgré l'inspection de cette esclave, Lexa, qui l'observait sous toutes les coutures, une main sur sa dague, prête à réagir. Impassible face au regard hostile de l'épouse de Tadeus.

Les mots de cette femme claquèrent dans la pièce comme de la dynamite sur un champ de bataille. Elle n'avait pas tort : l'ange déchue n'avait rien d'une gladiatrice. Ce n'était rien qu'une tueuse, depuis le tout début. Une chasseuse et tueuse de démons, ange et à la fois démon désormais. Cette remarque fit soulever le coin de lèvres d'Anéa, mais qu'un bref instant. C'était presque imperceptible, et pfiou, disparition ! Cependant, la belle brune n'en fit davantage, toujours à sa place, sans bouger ou fixer Alera, ne démontrant aucune provocation.

Tadeus, le regard porté sur la fausse gladiatrice, réagit enfin aux paroles de sa femme. Anéa le savait : le laniste était loin d'être stupide, et encore moins laxiste. Il savait parfaitement que la jeune femme pouvait se montrer sauvage et donc imprévisible, mais il pouvait lui donner ce qu'elle recherchait, c'est-à-dire, la tête de Berzyl. Quand il reprit la parole, la brune fixa ce quidam, pour ne pas lui faire d'affront. Et pour toute réponse, elle ne fit que hocher la tête. On lui avait interdit de prendre la parole, sauf sous ordre de Tadeus, chose qu'il n'avait pas permise, alors elle se tût.

Un autre esclave, qui s'était éclipser sans qu'Anéa ne fit grandement attention, revint dans la salle à manger, tendant une écuelle, accompagnée d'une cuillère en bois et de son repas à l'aspect...indescriptible. L'odeur sauvait tout, il faut le dire. Mange, dit-il. Et elle s'exécuta. Loin de se faire prier, elle se saisit de la cuillère en bois et se prit une première bouchée. Pas mauvais fut les seuls mots qui lui vinrent à l'esprit à ce moment-là, sans pour autant les prononcer. Une autre rejoint la première, lente, et plutôt délicate dans sa façon de manger. Elle se devait de bien se tenir. Après tout, elle était à la table de la famille du laniste, même si elle s'y tenait à trois pas et qu'elle mangeait debout.

Finissant sa dernière bouchée, elle garda l'écuelle vide de toute nourriture, ainsi que la cuillère de bois en mains. D'un geste respectueux de la tête, elle remercia Tadeus pour le repas. Rien de plus, rien de moins. Elle ne manifesterait que quand il le lui demandera.
« Modifié: samedi 04 avril 2020, 15:18:52 par Anéa »





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Re : Re : I know you want me...

Réponse 13 vendredi 28 juin 2019, 04:41:48

Le reste du repas se déroula avec une atmosphère plus légère. Quand bien même Alera s'était montrée défavorable, le maître de maison avait déjà arrêté sa décision. Cela fait, il se délia la langue et raconta les évènements de la journée, la vulgaire machination de Berzyl, et ce qui l'avait conduit à récupérer Anéa plutôt que de l'achever. Il voulut plaisanter en parlant d'acquisition gratuite, puisque cette dernière ne lui avait pas couté un sou, mais son épouse restait tendue. Elle n'en resterait pas là, il s'en doutait, et s'attendait à une conversation tumultueuse avant de dormir.

L'hybride dut ainsi attendre sans mot dire que ses nouveaux maîtres aient quitté la pièce -non sans que Titus ne la salue de la main, tout sourire- et que la tablée soit entièrement desservie pour que Perditia ne revienne la débarrasser de son bol et la décrocher du sol. La doctore était toujours méfiante, presque agressive, et c'était avec son ton sec habituel qu'elle décrocha un semblant de compliment:

"Au moins, tu as des manières, et tu sais obéir."

Elle avait espéré une erreur, une désobéissance, ne serait-ce qu'un regard défiant. Perditia aimait avoir à sévir et préférait affirmer sa position le plus tôt possible. Elle avait la certitude qu'Anéa finirait par se rebiffer, et préférait la mettre à genoux avant que cela n'arrive. Par chance, avoir l'air contrarié quoi qu'il se passe l'aidait à faire son job correctement.
La laisse en main, elle entraina à nouveau la nouvelle dans les couloirs et elles cheminèrent dans le sens inverse, aux alentours de la pièce où on l'avait laissée se toiletter. Un jeune homme leur coupa d'ailleurs la route en trimballant un baquet d'eau propre, arrachant un claquement de langue mécontent à Perditia. Il était en droit de passer, mais il aurait dû s'annoncer, ou au moins, s'excuser.
La promenade forcée les menèrent à un escalier près de la sortie côté cour, qu'elles descendirent en direction du sous-sol. Les marches, régulières mais exiguës, se terminaient à quelques pas d'une lourde porte de fer à double battants que Perditia déverrouilla avec une grande clé qui semblait avoir jailli d'entre ses doigts.

Le sous-sol était bel et bien une grotte souterraine, façonnée de mains d'hommes, ou d'humanoïdes. Les murs et le sol n'étaient pas parfaitement lisses mais les murs étaient verticaux. La grande porte s'ouvrait sur une sorte d'antichambre sommaire dans laquelle on trouvait un râtelier d'armes d'entrainement en bois, une lourde table entourée de quelques tabourets, et des crochets où pendaient des fers, des colliers et autres chaînes comme ceux que portaient Anéa. Au fond de la pièce, une porte grillée donnait sur le prolongement de la grotte, dans lequel on pouvait déjà voir quelques gladiateurs au regard curieux. Perditia sortit une nouvelle clé d'on ne sait où et délesta la semi-ange de son collier sans prévenir, la regardant droit dans les yeux avec un air de défi. Elle lui saisit ensuite le poignet et l'embarqua vers la porte du fond sans ménagement. Au moment où ses doigts s'étaient posés sur elle, Anéa avait pu sentir une raideur musculaire, aussi soudaine que douloureuse, remonter jusqu'à son coude. La doctore ne lui laisserait aucune opportunité.

Quand elle entreprit de déverrouiller la porte, les hommes qui se trouvaient au-delà se reculèrent à bonne distance comme des chats sauvages. Comparés aux deux femmes qui la franchirent, pourtant, la plupart étaient de vrais mastodontes.
Cette pièce constituait les quartiers des gladiateurs. Très spacieuse, et bien éclairée par des torches scellées dans les murs, il y régnait malgré les quelques puits d'aération une chaleur pesante que les odeurs mêlées de mâles ne rendaient pas plus supportable. Les murs étaient truffés de renfoncements qui servaient de couchettes à certains, alors que d'autres jouissaient du confort d'un lit militaire rudimentaire. On trouvait ça et là des pots de chambre en bois, mais globalement, l'organisation était inexistante et les couchages étaient placés de façon disparate. Dans le coin à droite de l'entrée, une couverture avait été fixée en hauteur à la manière d'un hamac. Il s'agissait de leur sanctuaire, leur lieu de vie, et ici on les laissait faire comme ils l'entendaient. Malgré les dizaines de regards qui s'étaient braqués sur elle, tous ceux qui se risquaient à examiner Anéa de haut en bas ne faisaient même pas mine de s'arrêter sur ses courbes. Et ça n'arriverait pas tant que Perditia n'aurait pas remonté l'escalier. Cette dernière fit avancer la nouvelle devant elle.

"Trouve-toi un couchage. Évite de te faire des ennemis. Et vous autres, rappelez-vous que vous n'avez pas besoin de votre queue pour tenir votre épée!"

Sur ces mots, elle sortit et referma derrière elle. Certains des hommes se détendirent et entamèrent les présentations, les autres retournèrent à leurs occupations. La tête d'Ignaël émergea du hamac avec des yeux plissés, comme si l'agitation l'avait reveillé.

"Oh, une femme. Elles restent pas longtemps, les femmes."

Et sa tête disparut à nouveau derrière le revers de la couverture.
Au fond, tout au fond, une petite partie de la pièce était aménagée en une sorte de cellule. A l'intérieur, un guerrier massif évoluait dans ce qui semblait être sa propre chambre. Son lit était plus grand, plus confortable, et il disposait d'un baquet pour faire sa toilette. On aurait pu croire à un traitement de faveur, si ce n'était qu'en plus de l'isolement, il portait une chevillère rattachée au mur du fond par une longue chaine qui lui permettrait, au grand maximum, de faire un pas au-dehors si on lui ouvrait la porte. Ce dernier, qui habituellement ignorait copieusement tout ce qui se passait à l'extérieur et ne parlait jamais à personne, faisait les cent pas derrière les barreaux comme un fauve en cage -ce qui était quasiment le cas- et fixait Anéa sans ciller.

Non sibi sed patriae

Anéa

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    Description
    Ancienne archange, devenue à moitié démone.
    Adore le sang et faire sauter des têtes.

Re : I know you want me...

Réponse 14 samedi 04 avril 2020, 15:16:27

Qui aurait pu croire que cette ancienne ange, ce nouveau démon, cette chose entre les deux, pouvait se montrer si docile face à quelqu'un d'autre que son véritable maître ? Qui aurait pu croire simplement qu'Anéa se laisse gentiment faire alors qu'elle avait souillé le sable de l'arène avec le sang de ses ennemis ? Elle qui se débrouille toujours toute seule, qui déteste qu'on lui apporte de l'aide, devait se résoudre à aller à l'encontre de ses habitudes. L'ange déchue se trouvait en terrain « hostile », inconnu, et dans ce genre de cas, il est préférable de se tenir à carreaux pour ne pas perdre sa tête, surtout quand son intention première était de faire sauter celle de cette saleté de Berzyl. Une colère et une frustration hantait l'esprit de la brune, grondait silencieusement dans le fond de sa gorge, dans ses tripes. Tout son corps se retenait de bouger d'un centimètre, de faire quoique ce soit. Pas même un froncement de sourcil n'était autorisé, celui-ci pouvant être mal interprété. Terribles auraient pu être les représailles. Mais Anéa n'est pas là pour jouer avec le feu. Et même si elle était une personne instable, la jeune femme savait quand il fallait se tenir.

C'était un de ces moments qu'elle détestait le plus : montrer sa servitude. Un temps, la brune aux yeux de glace l'était pour le compte du ciel et du Paradis, continuant à trancher des têtes pour eux malgré le fait qu'elle fut déchue par ses semblables. Un autre temps, c'était pour répondre aux ordres de celui qui a fait d'elle ce que la brune est aujourd'hui : une demie. Ce corps somptueux mais cet esprit perturbé par ses origines et ses motivations, ainsi que par ses pensées délirantes de voir le sang couler, qu'importe à qui il appartient. Comment savoir qu'un tel carnage, qu'une telle horreur pouvait se dérouler dans ce corps, alors que d'extérieur, rien ne transpirait le meurtre ?

Anéa était froide, peut-être, mais sage pour le coup. Elle ne faisait rien de travers, respectant les ordres que Perditia lui avait donné avant de rentrer dans la salle à manger du seigneur des lieux. Elle ne regardait ni lui, ni même sa femme et son enfant, quand bien même ce dernier salua la nouvelle gladiatrice. Elle ne voulait pas lui manquer de respect, mais la mi-démone devait se retenir de lui répondre, aux risques que sa mère explose de rage, ou plus en colère encore qu'elle ne l'est déjà. Jamais la brune ne chercha à croiser son regard, de peur que la maîtresse des lieux pense qu'elle la défie, ou autre. Les conséquences n'en seraient que désastreuses. Anéa n'avait que faire de sa propre vie. La seule chose qui l'intéressait, c'était de voir Berzyl réduit en cendres, ou d'apporter sa tête à son maître, prouvant que le travail était fait. Bien fait.

Aucun son ne dépassait la barrière de ses lèvres pulpeuses, même quand Perditia vint à lui parler. Il s'agissait là de compliments, lui semblait-elle, mais qu'importe. Pas un mot, pas un signe. Rien. Tout le monde avait quitté la pièce, et ce fut au tour de l'hybride et de sa gardienne de s'en aller et vagabonder à travers les couloirs. Toujours aussi docile, et bien que Perditia tire de temps à autre sur la chaîne pour qu'Anéa ne traîne pas, celle-ci tournait son regard glacé ici et là, observant les alentours pour se repérer ne serait-ce qu'un peu dans l'espace, et se donner une idée de la grandeur des bâtiments, du domaine même. Chaque petit coin, chaque détail, l'ange déchue cherchait à l'enregistrer dans son esprit, mais dans quel but ? S'enfuir ? Non, ce n'est pas ce qu'elle voulait. Tadeus voulait se venger de l'affront que lui avait fait Berzyl, et il souhaitait incorporer Anéa dans ses plans. Mais un « sait-on jamais » résonnait dans l'esprit de la belle brune. C'était juste par simple mesure de sécurité. Quand on ne connaît pas, on cherche à savoir pour comprendre.

Anéa observe tout. La sortie dans la cour, les sous-sols dans lesquelles les deux femmes voguent, cette porte monstrueuse et la clé que Perditia y insère afin de l'ouvrir. Vraiment tout. La curiosité tique aussi les sens de l'hybride. L'endroit est sombre, les yeux de l'ange plissent un instant pour s'y faire. Elle remarque néanmoins que le couloir a été creusé à la main, mais ça, elle s'en fichait. Gisait là aussi un râtelier d'armes en bois, rien de bien reluisant, mais elle savait où elle allait finir. Dans cette « pièce », ou plutôt dans cette autre galerie qui servait de chenil. La cage à hommes.

Perditia délesta la nouvelle de son collier et de sa chaîne, mais prit bien soin de lui tenir fortement le poignet avec une certaine force, et ce petit quelque chose qui fit tiquer Anéa. L'ange déchue ne dit rien, endura la chose même, sentant la pression des doigts de la tortionnaire sur sa peau de nacre. Elle ne cille pas. Son regard bleuté s'était porté sur le nombre d'hommes serviles enfermés dans cette petite prison fumante. La chaleur y était forte, mais quand on a connu l'Enfer, plus rien n'y est comparable. L'odeur l'était tout autant. Après, il n'y avait là que des hommes, dans une pièce sans lumière et aération directe. Mais cela ne valait pas le souffre qui vous brûle les poumons, dans la géhenne.

Une fois Perditia qu'eut quittée les lieux, Anéa prit plus de soin à observer ces hommes, détailler ces tas de muscles. Un fin rictus étira ses lèvres charnues en coin, avant que celui-ci ne disparaisse aussi vite qu'il n'est apparu. Certains captifs se retirent, pas plus intéressés par la jeune femme. D'autres se présentent à elle, et retracent ses courbes. Ses courbes parfaitement mises en avant avec sa tenue. Bien que ressemblant à une esclave qu'à une gladiatrice, on pouvait remarquer ses formes généreuses, notamment sa poitrine opulente, ainsi que ses larges hanches, bonnes à porter des enfants, dit-on. Et que dire de sa peau de nacre, lavée, au doux parfum de savon, recouvert ici et là de cicatrices, marques de ses combats, de tortures subies. Peut-être que ces hommes bavaient, intérieurement du moins. À ceux-ci, elle ne répondit que d'un bref mot.


- Anéa.

Ses yeux de glace se perdirent un peu plus haut, lorsqu'un blondinet sortit de la toile servant de hamac. Un autre sourire amusé déforma le visage de l'hybride. Les femmes ne restaient donc pas ? Pourquoi cela ne l'étonnait pas ? La plupart doivent servir à la bonne tenue du domaine, ou aux services des maîtres de maison. Ou, dans le pire des cas, peut-être servaient-elles de sacs à foutre pour les gladiateurs détenus ici. Oui, c'était peut-être bien pire que de mourir.

- Cela ne m'étonne pas...

On a déjà fait plus bavarde. Et zut, elle qui avait remarqué le hamac en arrivant, et qui pensait pouvoir y dormir, le voilà occupé. Tant pis. Une fois les présentations faites, des yeux, Anéa se mit à chercher une couche convenable, ou même un coin de sol où s'installait si jamais il n'y avait plus d'endroit pour s'allonger. Haussant un sourcil, elle ne remarqua qu'ensuite une autre pièce dans le fond du dortoir. Une autre prison, une cage dans une cage. Pour un seul homme. Lui, comme un lion enchaîné à la cheville et enfermé comme dans un cirque. D'un ton trop bas, elle questionna les gladiateurs qui étaient proches d'elle.

- Qui est-il ?

La jeune femme n'attendit guère qu'on lui réponde. Sa curiosité était piquée par ce fauve qui ne tenait pas en place, et par ce bruit continuel de chaîne qui frotte au sol. Cela sentait fortement la frustration derrière ces barreaux. Ou peut-être la colère ? La folie ? De ses pieds nus, elle s'approcha de la cage, suivant du regard les allers et venus de l'homme-bête. Il l'intriguait, c'est certain.

- Qui es-tu ?

Croisant les bras sous sa poitrine, ne le quittant pas des yeux, elle se mit à sourire. Pas le genre de sourire moqueur, mais on pourrait se tromper.

- Tu me fais penser à moi, l'autre jour, à devoir attendre qu'on m'expose pour me battre. Je ne tenais pas en place.

Devait-elle avoir peur de lui ? Étrangement, Anéa n'éprouvait aucune crainte. Rien ne lui faisait peur, en soi, et encore moins un « humain » en cage, enchaîné comme un vulgaire fauve. Au contraire, de le voir ainsi éveillait en elle une excitation certaine. Ce ne sera qu'après en avoir appris plus sur lui, qu'elle ira probablement dormir, ou autre chose, qui sait...
« Modifié: samedi 04 avril 2020, 15:27:08 par Anéa »





-En souvenir du bon vieux temps-


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