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Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

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Ludowic

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Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

dimanche 06 janvier 2013, 03:18:51

Il faisait chaud, pensa Ludowic, la langue tirée, beaucoup trop chaud. Lui qui n'avait jamais guère connu que le château de sa mère, au milieu d'une contrée froide, très mal isolé, empli de courants d'air, sa fourrure lui avait toujours paru être une bénédiction. Elle avait été une protection presque infaillible contre la fraîcheur. Mais aujourd'hui, sous le soleil de Nexus, elle était devenue pire qu'inutile, elle était devenue handicapante, et il était encore heureux que son seul habit fut en toile brune, assez légère. Poisseuse, et malgré l'ombre, sa toison noire l'étouffait. De plus, elle n'avait pas été soignée, nettoyée ou même peignée depuis des jours, avait perdu tout son lustre, et surtout, elle avait prit au fil du temps une odeur nauséabonde, de poussière, de crasse, de sueur, d'urine, d'immondices. Une véritable torture pour le semi-vampire, à l'odorat surdeveloppé, qui ne pouvait que constater, impuissant, sa propre saleté. Il sentait l'adolescent obscène, le fauve.

Et c'était d'ailleurs un peu près ainsi qu'on l'avait traité. Après qu'il se soit libéré, en brisant les barreaux en bois d'une cellule rustique, on lui avait trouvé une prison plus solide. Le problème, qui n'en était pas un pour ses geôliers, était qu'elle n'était pas prévue pour transporter un humain, ni même un humanoïde. La cage, intégralement de métal, ne présentant qu'une seule face ouverte, grillagée, plus longue que haute, était davantage pensée pour contenir un fauve. Ludowic était obligé d'y demeurer allongé, ou au mieux assis, et ses mouvements étaient très restreints. Il souffrait de tellement de courbatures qu'il n'y faisait même plus attention. On l'avait nourri, comme on l'aurait fait pour un animal carnivore, avec quelques carcasses de poulet crues, ce qui, malgré la médiocre qualité de la viande, ne lui déplut pas vraiment. Il n'avait par contre pas d'autres endroit où faire ses besoins, et ses déjections n'étaient évacuées qu'une seule fois par jour, à heure irrégulière, ce qui le laissait parfois patauger dans sa fange pendant de longues périodes.

Plus que tout, en ce moment, il avait soif. Les quantités d'eau qu'on lui donnait étaient insuffisantes, ceux qui l'avaient transportés avaient vraisemblablement abusé de son endurance qui réduisaient largement les chances qu'il décède des mauvais traitements. L'homme, le marchand à qui il avait été ensuite cédé n'avait pas paru très satisfait de son état, mais il n'avait rien tenté. C'était un revendeur, pas un combattant, et il n'avait aucune envie de prendre des risques à nettoyer une bête dangereuse, certainement capable de l'égorger. Et embaucher un homme de main pour le faire aurait été trop coûteux. De ce qu'il savait, ce n'était de toute façon pas l'intérêt de sa marchandise. L'objet dont il se servait pour détecter la magie, sans y connaître grand-chose par ailleurs, lui avait indiqué un taux exceptionnellement haut, et il avait négocié le prix sur celui-ci.

Ludowic ignorait ce qu'était l'endroit où on avait transporté sa cage. Il voyait une foule, qui passait, légèrement en contrebas : il devait être sur une sorte de petite estrade. Terré en avant, passant les doigts, puis le museau à travers le grillage, il allait réclamer à boire, lorsque la voix du marchand retentit avec force derrière lui. Celui-ci s'écriait des phrases courtes, dans le but d'amener le plus d'intéressés possible, avant de lancer les enchères.

« Créature magique de grand pouvoir ! Jeune vampire Terranide ! Source de magie ! D'une Force exceptionnelle ! D'une vigueur à toute épreuve ! Pièce extrêmement rare, peut-être unique ! Directement arrivé d'une noire forteresse des terres sauvages ! Neuf et en bonne santé ! » Puis il se baissa pour répondre plus confidentiellement à quelques clients potentiels. « Non madame, il n'est pas dressé. Oui, sa fourrure et sa peau sont bien noires, c'est sa couleur d'origine, pas uniquement la poussière, héhé. Non, ses yeux sont rouges mais il n'est pas aveugle, regardez, il vous voit. »

Le jeune terranide lançait un regard mi-courroucée, mi-curieux, à l'homme au crâne tatoué qui avait posé la question, mais se détourna aussitôt qu'il entendit la remarque. Il ne comprenait pas ce qui se passait autour de lui, n'ayant aucune notion d'achat et de vente. Sa mère, souveraine incontestée, n'avait jamais monnayé quoi que ce soit avec ses sujets. Quant à Ludowic lui-même, son service était obligatoire, et il avait toujours pris ce que bon lui semblait, sans se soucier d'un quelconque prix, ou même que l'objet appartienne à quiconque. Les seules fois où il avait vu autant de monde autour de lui, c'était lors de grandes cérémonies où on le présentait au peuple. Mais il n'était pas assez stupide pour croire à un nouvel événement de ce genre. Avalant comme il le pouvait sa salive, qui vint disparaître dans sa gorge sèche et douloureuse, il cherchait à comprendre.

« Bon, on va commencer les enchères, il va être temps » pensa à voix haute l'esclavagiste, tapotant avec une certaine satisfaction sur le haut de la cage.
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Mélinda Warren

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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 1 mercredi 09 janvier 2013, 00:50:22


Claire Dehaene

Mélinda était Ashnardienne, ce qui revenait à dire que les affaires ayant lieu sur Nexus, par principe, ne l’intéressaient pas. La guerre entre États n’était jamais bonne pour les affaires entre ces derniers. L’Empire considérant Nexus comme un État-voyou, toutes les conventions qui avaient lieu là-bas n’avaient aucune valeur juridique à Ashnard. Pourtant, il existait quelques juteuses affaires, quelques exceptions, qui expliquaient pourquoi Mélinda avait, sur place, des hommes de mains, des contacts, qui consultaient régulièrement les différentes affaires, envoyant ensuite des messages à l’intéressée. C’est ainsi que Mélinda avait appris que le fils de cette vieille pie acariâtre, Ludowic, était en vente. Le château de cette dernière était tombée. La mère de Ludowic était une vieille connaissance de Mélinda, et aussi l’une de ses lointaines ennemies. Une vieille histoire qui remontait à plusieurs siècles, mais Mélinda n’était pas spécialement du genre à passer facilement l’éponge quand on lui faisait des affronts, et qu’on critiquait ouvertement ses compétences et ses modes de gestion. Elle avait espéré, à l’époque, bénéficier du soutien financier de la mère de Ludowic, mais cette dernière avait refusé, en se montrant particulièrement odieuse.

Concrètement, Mélinda n’avait pas grand intérêt à récupérer Ludowic. C’était le fils d’un tyran, il serait rebelle et difficile à soumettre. Mais, d’un autre côté, il était le fils de cette garce, et l’avoir comme esclave serait, pour Mélinda, une bonne manière d’assouvir sa vengeance. Elle ne s’attendait pas à récupérer les biens de sa mère, que l’Ordre ou Nexus avaient déjà du se partager. Ludowic était à elle. Elle s’était rendue rapidement à Nexus, et, comme à chaque fois qu’elle y faisait un achat, elle avait bu une potion de mandragore, qui lui avait permis de se transformer. Exit, la petite vampire esclavagiste ashnardienne aux beaux yeux verts. Faites place à Claire Dehaene, la discrète noble venant d’un trou perdu de Nexus, qui venait renflouer son stock d’esclaves. Pour se créer une double identité, Mélinda avait du chercher dans la basse-noblesse nexusienne, jusqu’à apprendre l’existence des Dehaene. La loyauté étant, à Nexus, aussi volatile qu’un billet porté par le vent, elle avait réussi à pouvoir usurper l’identité des Dehaene de temps en temps, moyennant une petite somme à chaque achat qu’elle faisait. Un pot-de-vin, en conclusion. Ce n’était pas vraiment de la trahison pour les Dehaene, Mélinda ne faisait que prendre des esclaves.

Sur la grande place publique, Mélinda assistait à la vente aux enchères. L’esclavagiste était sur l’estrade, mais elle voyait un commissaire-priseur, ainsi que des gardes, et plusieurs huissiers, afin d’authentifier la scène. Avant de passer à Ludowic, il y avait eu plusieurs lots, mais Claire n’avait rien d’acheté. On vendait surtout des Terranides, à moitié à poil, les fesses à l’air. Beaucoup pleuraient, ou avaient été battus. Les Nexusiens n’étaient pas forcément plus délicats que les Ashnardiens. Mélinda ne se laissait pas influencer par ces images. On finit par apporter une cage, et il y eut un mouvement de répulsion. Quel genre d’animal sauvage se dissimulait à l’intérieur ? La clientèle ici comprenait surtout des nobles, qui voulaient des esclaves pour, soit réchauffer leurs lits, soit servir de domestiques. Un esclave qu’on enfermait dans une cage en acier totalement close n’avait pas grand-intérêt. Mélinda sentit qu’il devait s’agir du petit Ludowic. Il avait l’air aussi sauvage que sa défunte mère, et elle se mit à légèrement sourire. La présentation de l’esclavagiste le confirmait : un « jeune vampire terranide », qui venait d’une « noire forteresse ». Il n’hésitait pas à employer les superlatifs pour appâter les clients, mais l’emballage suffisait à parler. Les seuls rivaux potentiels de Mélinda pourraient être les magiciens, mais ces derniers n’étaient pas aussi riches que les nobles.

« La mise de départ est fixée à... 500 pièces d’ors ! »

C’était la somme minimaliste pour un vampire, selon les critères publics. Les organisateurs savaient que personne ne voudrait l’acheter pour une somme trop élevée, soit 3 000 pièces d’ors, si on avait considéré qu’il était surtout un Terranide. Un vampire n’était pas un très bon esclave, car il avait des besoins sanguins permanents. Si Ludowic avait été une belle minette bien dressée, la mise de départ aurait été de 3 000 pièces d’ors. Terra fonctionnait ainsi. Les capacités magiques de Ludowic ne risquaient pas d’intéresser les puissantes lignées de nobles, qui cherchaient surtout à avoir des esclaves sexuels, et à avoir l’esclave déjà formé. Qui aurait voulu d’un animal sauvage susceptible de vous sucer le sang ? Il y eut quelques enchères, qui fixèrent la somme de l’enchère à 620 pièces d’ors, avant que Mélinda, sous les traits de Claire Dehaene, ne propose une somme qui mettrait tout le monde d’accord.

« 800 pièces d’ors. »

Il y eut quelques regards interloqués. Elle pouvait avancer plus, mais ce serait franchement suspect. Personne ne surenchérit.

« Adjugé vendu ! » annonça l’esclavagiste.

Mélinda s’avança vers l’estrade, et s’entretint avec un huissier, qui lui remit une série de papiers qu’elle signa, récupérant ainsi son titre de propriété.

« Des hommes peuvent déposer votre lot chez vous, si vous souhaitez continuer à enchérir, proposa l’huissier.
 -  Ce ne sera pas la peine. Ouvrez cette cage.
 -  Euh... D’accord. »

Cette perspective, visiblement, rassurait peu l’huissier, qui fit signe à plusieurs hommes de venir. Une grosse clef fut enfoncée dans la serrure, et la porte s’ouvrit. Claire se tenait devant, attendant que le Terranide sorte, sentant d’ici le sang de ce dernier. C’était bel et bien un vampire, et, si on lui avait appris à se servir de son sens vampirique, il devrait normalement sentir que Mélinda aussi était une vampire.

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Ludowic

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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 2 mercredi 09 janvier 2013, 02:51:10

Les nombres, pour sûr, Ludowic connaissait bien les nombres, et il en était fier. Il avait reçu une bonne éducation, après tout, et il comptait beaucoup plus vite que n'importe lequel de ses domestiques ; il savait également lire, ce qu'y n'était généralement pas le cas des serviteurs qui l'avaient accompagnés pendant ses quinze ans de vie. Aussi le jeune terranide se sentit-il suprêmement intelligent lorsque grâce à son savoir arithmétique, il parvint à se représenter mentalement chacun des prix successifs qu'on lui donnait. Bien sûr, il n'en saisissait pas encore les subtilités, mais les relances explicites de l'huissier lui firent comprendre que celui qui dirait le plus grand numéro aurait le droit de l'emporter. Les candidats n'étaient visiblement pas très bons, lui aurait pu inventer des nombres beaucoup plus grands, s'il avait pu jouer. Mais même lui se rendait compte qu'il n'était pas invité à participer.

L'étrange rituel continua, et le fait d'en être exclu commençait à sérieusement l'agacer, quand il entendit une voix féminine avancer une valeur qui se détachait des autres, quoiqu'elle lui paraisse encore modeste. Plus personne ne la contesta, et la sentence « adjugé » confirma sa domination. Puis s'en suivit un silence relatif, pendant lequel Ludowic s'interrogeait : elle avait probablement gagné, et maintenant ? Il s'attendait à ce qu'on déplace sa cage, il ne savait trop vers où, ni pourquoi, mais la plupart des humains avaient peur de lui, préféraient le garder enfermer. C'était principalement ce qu'il avait retenu de son voyage. Enfin, à sa grande surprise, la voix qui l'avait emporté parvint une nouvelle fois à ses oreilles roses -l'une des deux seules zones externes de son corps où sa peau avait cette couleur- et rondes. Et finalement, le grillage se souleva.

Le jeune terranide glissa vite la tête au dehors, et plissa aussitôt les yeux : il n'avait jamais vu un tel soleil ! Cela le dérangeait un peu, il n'aimait pas vraiment cette grosse boule de feu qui lui avait toujours paru agressive. Mais paradoxalement, il faisait un peu moins chaud au dehors, et surtout, cela ne sentait meilleur. Surmontant son appréhension, il ne se fit pas prier et se résolu rapidement à sortir complètement de sa prison. Il se hissa sur ses deux jambes avec un petit gémissement de douleur, ses jambes engourdies par la posture qu'il avait du adopter pendant plusieurs jours. Il n'avait pas fière allure, sa fourrure, embrouillée, collée à sa peau par la sudation, sa réelle maigreur apparaissait. La tunique de toile brune qu'il portait était elle aussi trempée, et semblait ainsi bien plus sombre qu'elle ne l'était vraiment, sans manche, elle couvrait son buste, et s'arrêtait un peu au-dessus du genou, visiblement trop grande. Son seul autre habit était un sous-vêtement en lin. L'adolescent sentait suffisamment la charogne pour que déjà une mouche intéressée s'approche, détournant un instant son attention de ce qui se trouvait immédiatement devant lui. Le petit demi-vampire lui lança un regard noir, et d'un geste vif, l'écrasa dans sa paume.

Simultanément, passant comme par miracle au-delà de sa propre puanteur, ses narines perçurent une odeur familière. Elle était légèrement différente de ce celle à  laquelle il était habituée, mais il n'avait aucun doute, elle ne pouvait appartenir qu'à une seule personne :

« Maman ! » s'exclama-t-il, retournant brusquement la tête, les yeux pleins d'espoir.

Sa déception fut grande, et son expression ravie se décomposa lorsqu'il se rendit compte que la femme qu'il contemplait n'avait rien à voir avec sa mère. Sa peau était claire et glabre, ses oreilles semblaient minuscules, elle n'avait pas de truffe, mais une odieuse protubérance plus ou moins pointue. Elle appartenait aux humains, ces affreux humains qui l'avaient emmené si loin de sa chambre, tout en haut du donjon. Et pire que tout, elle essayait de se faire passer pour sa génitrice. Quand cette dernière la retrouverait, elle la ferait disparaître dans une oubliette. Ludowic hésitait à l'agresser sans autre forme de procès. Si sa colère bouillait, il était déstabilisé par cet environnement nouveau, et à ces gens qui le regardaient, avec dans leurs yeux une lueur d'appréhension. Puis il repensa à ce que sa mère lui aurait conseillé. La fermeté. Ces gens l'avaient contrarié, et il allait leur faire comprendre. La rage et la détermination l'envahirent, aussi brûlantes que les assauts du soleil sur son corps encore endolori. D'un bond d'une puissance prodigieuse, il sauta à la gorge de l'usurpatrice, ses dents et ses griffes acérées sorties.

« T'es pas ma mère, alors qui ? » rugit-il, furieux.
« Modifié: mercredi 09 janvier 2013, 03:04:16 par Ludowic »
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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 3 jeudi 10 janvier 2013, 17:27:14

« Maman ! »

Il était aussi sombre que sa mère. La même lueur rouge dans les yeux. C’était bien le fils de cette vieille harpie, et Mélinda (Claire) se régalait déjà à l’idée d’en faire son esclave personnel. Elle voulait qu’il lui lèche les pieds, tout simplement. Elle voulait s’en servir comme carpette, poser ses pieds sur son ventre, et l’entendre gémir de plaisir, un petit soumis parfait. Cependant, s’il était aussi têtu et sauvage que sa mère, il se pouvait que ce soit légèrement compliqué. Mélinda ne désespérait cependant pas de réussir. Ce serait sa vengeance ultime par rapport à cette mégère : briser son héritier, sa descendance, en faire un esclave. Si les esprits existaient, si les morts savaient ce que les vivants faisaient, nulle doute que l’arrogante mère de cet insolent serait en train de piquer l’une de ces crises de colère légendaire.

Elle sentit le désarroi du petit Terranide. Il n’avait jamais du rencontrer d’autres vampires que sa mère, d’où son erreur. Mélinda pouvait, douce jouissance, voir dans les yeux de l’homme sa surprise, voire même sa tristesse. Où était donc sa petite Maman ? Elle imaginait mal cette vieille mégère dorloter son fils, lui raconter des contes le soir, l’endormant en l’embrassant sur le front, mais on pouvait toujours l’espérer. Mélinda restait à proximité, et n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que le sauvageon se mit à l’attaquer.

« T'es pas ma mère, alors qui ? » s’exclama-t-il, en bondissant vers sa gorge.

Mélinda ne pouvait pas se démasquer, pas devant les Nexusiens, et, fine simulatrice, poussa un petit cri de stupeur :

« Îîîh ! »

Elle n’eut toutefois pas trop à attendre, car l’un des gardes à proximité saisit Ludowic par le col, et le jeta au sol, avant de le frapper à l’aide d’une matraque en bois. Il se reçut ensuite un coup de pied dans l’estomac. Mélinda ravala un sourire de satisfaction, et leva une main.

« Messieurs, du calme ! Notre petite peluche est perturbée, c’est normal... Ce petit Terranide vampirique s’attendait sûrement à ce que sa mère vienne le sauver de ses problèmes. Les nobles sont ainsi, voyez-vous, surtout leurs descendances : ils attendent perpétuellement que leurs parents viennent les soutenir. »

Mélinda était une femme qui avait une bonne mémoire, ce qui était terrible quand on était rancunière... Et rancunière, elle l’était. Elle n’oubliait jamais les affronts qu’elle subissait, et, de manière générale, méprisait toute cette noblesse qui était née avec une cuiller en argent dans la bouche. Ce n’était pas son cas. Elle était née dans une famille de riches, mais son père était un malade mental qui l’avait lourdement torturé. Rien à voir avec le petit Ludowic.

Fléchissant les genoux, Mélinda s’assura d’avoir toute l’attention du jeune homme. Elle prenait son temps, car elle avait envie de le voir souffrir. C’était méchant et cruel, mais, si elle n’avait pas une certaine affinité avec la cruauté, Mélinda ne serait pas une Ashnardienne.

« Le château de ta mère a été attaqué par un ordre religieux relevant du diocèse de Nexus. Tous tes biens ont été pillés par les chevaliers de l’Ordre et les soldats nexusiens, répartis ensuite entre les nobles et l’Ordre. Le fort de ta chère maman a été pris par l’Ordre, et purifié à la manière de l’Ordre. Tu n’es plus rien, petit Ludowic. Plus rien, martela-t-elle lentement, détachant chaque syllabe. Ces abrutis d’esclavagistes t’ont rapidement vendu. S’ils avaient relevé avec sérieux tes capacités magiques, tu aurais sans aucun doute finie entre les mains d’un magicien, qui t’aurait utilisé comme cobaye pour ses expériences. Moi, je serais bien plus gentille avec toi, tant que tu admets quelques vérités simples. »

Mélinda se racla lentement la gorge, ménageant une pause, essayant de ne pas trop monter l’excitation, qui vibrait doucement dans sa voix, et pétillait dans ses yeux.

« Ta mère s’est valeureusement battue, mais elle est morte. Elle ne viendra plus jamais t’aider, petit Ludowic. Elle est morte, elle bouffe les pissenlits par la racine. Maintenant, ta maîtresse, c’est moi. Tu étais en haut de l’échelle sociale, un fier petit noble, et, par la force des choses, te voilà à une place à laquelle tu n’échapperas jamais : tout en bas de l’échelle, là où on ne peut qu’espérer grimper, sans jamais y arriver. »

Avec un sourire sardonique, Mélinda termina :

« Tu es mon esclave. »

DC d’Alice Korvander.

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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 4 vendredi 11 janvier 2013, 00:49:40

Le bond était puissant et Ludowic lui aussi était puissant ; en forme, il aurait même pu porter un homme en armure à bout de bras. Toutefois, il avait sauté sans réfléchir, sans même envisager une seconde qu'on aurait pu l'empêcher de tailler en pièce l'usurpatrice. Il n'avait toujours engendré que la crainte, au pire le respect, et seule sa mère c'était quelques fois opposée à ses caprices. Il poussa un couinement de surprise lorsqu'il se sentit attrapé par l'arrière de son habit, dans une position où sa force lui était inutile. Sa fine tunique, sous le choc, lui enserra la gorge, coupant sa respiration, avant de partiellement céder au niveau du col. Il bascula en arrière, sur le dos, stupéfait. Le petit semi-vampire n'eut pas le temps de se remettre de sa chute que le garde le frappa de coups de bâtons, puis d'un coup de pied. L'incompréhension fit place à la douleur. Il n'avait eu aussi mal qu'une seule fois, lorsqu'il était tombé du deuxième étage pendant une escalade malchanceuse. Il avait écopé de plusieurs fractures, cependant, être surnaturel, il avait récupéré sa mobilité en quelques jours. Mais il n'avait pas alors pu accuser personne.

« ...arrêtez... ma mère va... vous tuer... elle... va vous... tuer... » objecta-t-il péniblement, sa menace entrecoupée de hoquets, le souffle court.

Quand les heurts cessèrent sous l'ordre de l'humaine, l'adolescent se recroquevilla sur le côté et tenta de reprendre sa respiration. Il en avait marre. Si c'était un mauvais rêve, il voulait se réveiller. Sa colère grondait encore, alors que le goût métallique de son propre sang lui arrivait à la bouche. Isolée, la saveur n'était étonnement pas si désagréable, et elle lui redonna un peu de courage, voire un peu de force, contribuant à augmenter son agitation. Maintenu au sol, il hésitait à se relever de force, de peur d'être frappé de nouveau. La voix de l'usurpatrice, charismatique, capta suffisamment son attention pour le dissuader, un moment, de trop remuer. Il plongea son regard rouge, haineux, presque animal, dans les yeux bleus clair de son interlocutrice, satisfaite et condescendante.

« Tu mens sale humaine. Ma mère est immortelle et les humains comme toi sont faibles. » lui cracha-t-il avec force, tentant de s'en convaincre lui-même.

Sa génitrice lui avait toujours promis qu'elle serait là pour l'éternité, avec lui, pour lui, et il ne pouvait pas en douter. Pourtant, il était obligé de se demander ce qu'elle faisait, où elle était, et pourquoi ne le protégeait-elle pas ? Il avait beau chercher, il ne trouvait pas d'explication, elle ne l'avait jamais, de toute sa vie, laissé ainsi. Le jeune terranide se sentait abandonné, terriblement seul. Il était entouré de gens hostiles, qui voulaient tous le blesser, le traîner dans la poussière. Il se demandait s'il n'était pas coupable de quelque-chose, peut-être aurait-il du être plus attentif, mieux se servir de la magie. Il n'avait jamais réussi à soulever des pierres plus grosses que son poing, sa mère avait-elle été déçue de sa performance, était-ce là sa faute ? Les paroles implacables de l'usurpatrice transformèrent peu à peu sa fureur en chagrin, en culpabilité. Présentant qu'il allait se mettre à pleurer, honteux, il détourna le visage et l'enfoui dans la fourrure nauséabonde de ses bras.

« Non, tu mens, tu mens, tu mens, tu mens... » gémit-il, sa voix se décomposant davantage à chaque occurrence.

Des larmes commencèrent à couler sur son visage. Le mot esclave ne lui était pas familier, mais la phrase de l'humaine était assez explicite pour lui faire comprendre de quoi il en relevait. Il allait se trouver dans la même situation que ses domestiques, on allait lui donner des ordres. Il était sûr que ce n'était pas sa place, il était le fils de la plus puissante reine, il était née pour être servi, pas l'inverse.

« Je ne veux pas travailler pour toi, c'est injuste. » parvint à articuler le semi-vampire, entre deux sanglots.
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Mélinda Warren

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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 5 vendredi 11 janvier 2013, 12:41:18

« Non, tu mens, tu mens, tu mens, tu mens... »

Le petit Terranide était bouleversé, ce qui était compréhensible. Mélinda lui avait balancé à la face que toute sa vie était brisée, et qu’il était son esclave. Comment réagir autrement, qu’en s’enfonçant dans le déni ? Elle n’eut même pas besoin de préciser certains termes. Ravalant un sourire de plaisir, elle voyait le Terranide s’effondrer sur place, commençant à réaliser l’étendue de sa situation. Il se mit même à... A pleurer ?

*Oh, par tous les vampires !*

Éprouvait-elle du remords ? Il allait de soi que non. Bien au contraire, Mélinda se sentait assez excitée. Sa vengeance était accomplie ! Cet être était tout ce qu’il restait de cette mégère. Dans ses veines, coulait le sang de cette garce. Il pleurait silencieusement, sans que personne ne se propose à son aide. C’était comme ça qu’il fallait agir avec les nobles qui devenaient esclaves. Ils avaient toujours un mal de fou à admettre leur situation, mais, une fois qu’ils l’avaient pleinement compris, ça filait tout seul. On ne leur avait pas appris à souffrir, à résister, à se battre. Mélinda, elle, avait éduqué comme une Ashnardienne pure, dans la douleur et la frustration. Comme dans une espèce de tragédie ashnardienne, elle avait provoqué la mort de toute sa famille. Mais Ludowic, indéniablement, adorait sa petite Maman, qui avait du veiller sur lui comme sur la prunelle de ses yeux.

L’état de grâce était terminé. Bienvenue dans le monde réel !

« Je ne veux pas travailler pour toi, c'est injuste » marmonna-t-il.

Les gardes nexusiens qui le surveillaient se mirent à ricaner :

« C’est justement tout le principe de l’esclavage, petit merdeux.
 -  Je vous prierai de ne pas insulter mon esclave sans ma permission, sac à merde » rétorqua rapidement Claire, d’un ton placide.

Elle regarda ensuite Ludowic, et ajouta rapidement :

« Mettez-lui son collier, et laissez-nous. »

Irrités, les gardes obtempérèrent malgré tout, et Claire attrapa Ludowic par la laisse, et s’écarta, le forçant à la suivre. Ils rejoignirent rapidement l’auberge dans laquelle Claire avait fait escale, qui se trouvait sur la place du marché. Elle monta dans ses appartements, traînant avec elle Ludowic, sans rien lui dire, sans tenir compte de ses hypothétiques jérémiades, et referma la porte à clef.

« Bien... Pour commencer, je vais reprendre mon apparence normale. »

Cette phrase devait paraître bien mystérieuse pour Ludowic, mais Mélinda ne tenait pas éternellement à rester sous les traits de Claire Dehaene. Maintenant qu’elle avait son esclave, elle pouvait reprendre ses traits normaux. Elle commença par attacher la laisse contre le mur. S’approchant ensuite d’une commode, elle en sortit une autre fiole, et se mit à la boire. Les effets ne tardèrent pas à se faire ressentir dans son corps, et Mélinda se crispa contre la commode, poussant de petits grognements de douleur en sentant son corps se modifier, se transformer, rapetisser. La transformation physique ne dura qu’une poignée de secondes, avant qu’elle ne finisse dans une longue robe trop grande pour elle. Mélinda s’en débarrassa, finissant toute nue. Elle se retourna vers Ludowic, et lui fit un léger sourire.

« Je suis Mélinda. Mélinda Warren, précisa-t-elle en se dirigeant vers une penderie pour s’habiller. Et, à vrai dire, si j’ai pris le soin de prendre ce petit subterfuge en changeant d’apparence, c’est parce que, en réalité, je suis une Ashnardienne, et que je ne peux pas acheter d’esclaves à Nexus sous ma réelle identité, en raison de la guerre entre les deux nations. »

Elle s’habilla sous les yeux de Ludowic, enfilant une culotte noire, un soutien-gorge, puis sa robe habituelle, une longue robe dorée au rebord vert, et qui s’attachait par un lacet autour des seins. Une robe qui, mine de rien, valait une petite fortune, mais dans laquelle elle se sentait infiniment bien.

« Du reste, me traiter d’humaine n’est pas très intelligent, petit Ludowic. Je suis une vampire, comme ta mère. C’est d’ailleurs à cause d’elle que je t’ai acheté. Ces abrutis de Nexusiens, s’ils avaient su qui tu étais vraiment, t’auraient acheté à une valeur bien plus élevée. »

La petite vampire alla s’asseoir sur un fauteuil, et se mit à croiser les jambes.

« Ta mère t’a-t-elle déjà parlé de moi ? » demanda-t-elle alors.

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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 6 vendredi 11 janvier 2013, 15:03:43

Affaibli et mortifié, Ludowic n'en était pas pour autant tout-à-fait abattu. Il lui restait toujours un peu de force, un peu de volonté pour se battre contre l'infamie qui lui était imposée. Il ne se laissa pas faire, se débattit comme il le put, mais ce fut en vain : ceux qui lui voulaient du mal étaient trop nombreux, et réussirent à lui passer un collier, autour de son cou qui avait déjà bien souffert. Puis les gardes donnèrent la laisse à l'humaine qui avait prétendue être sa maîtresse. Le petit vampire ne doutait pas d'être plus puissant que cette faible femme. Dès qu'elle l'aurait éloigné de la bande de brutes, il pourrait s'enfuir, se dit-il finalement, trouvant encore l'énergie d'établir ce plan simpliste. Malheureusement, quand il commença à tirer sur son lien, à se débattre, il se rendit vite compte qu'elle ne cédait pas aussi facilement qu'elle l'aurait cru. La laisse et l'usurpatrice tenaient bon. La scène rappelait une mère traînant son enfant turbulent et capricieux vers la sortie d'un supermarché après lui avoir refusé de lui acheter un paquet de bonbons.

« Tu me fais mal, arrête... Lâche-moi ! Où est-ce qu'on va ? Lâche-moi ! Aidez-moi ! Au secours ! » scandait-il, d'abord à l'attention de l'humaine, et constatant que c'était sans effet, à celle des individus qu'il croisait.

Hélas, aucun ne se porta à son secours. L'adolescent ne récolta que de l'indifférence, du dégoût, voire, dans certains yeux, de l'amusement. Cela le terrifia, quel était donc cet enfer où personne ne songeait à le défendre, où on riait de son malheur ? Seul une terranide aux oreilles de chat, de passage avec un panier lui adressa brièvement un regard désolé, et l'expression de résignation que Ludowic y lut ne fit que l'affoler davantage. Dans l'auberge même, personne ne fit grand cas de son combat contre la poigne implacable de son auto-proclamée maîtresse. Il ne savait où cette dernière le menait, mais il sentait que la destination était proche.

« Ne me laissez pas avec elle... »

Impitoyable, la porte se referma, et fut vite verrouillée. La pièce ressemblait à une chambre, comme il en connaissait. Cette familiarité le calma un peu. Le semi-vampire avait déjà été puni, et consigné, quelques rares -trop rares sans doute- fois, lorsqu'il avait fait de trop grosses bêtises. Cependant, il savait à chaque fois exactement pourquoi il était enfermé, pour combien de temps, généralement des durées courtes, et surtout par qui. Il n'avait ici aucun de ces trois éléments, et angoissait. Et s'il on ne le laissait plus jamais sortir d'ici ? Comme si ce n'était pas suffisant, l'humaine prit soin d'attacher son lien au mur : même lui ne pouvait pas espérer l'arracher. Pourtant, il s'essaya dans un premier temps à prendre la laisse entre ses dents, tentant avec acharnement de la sectionner, ne prêtant qu'une oreille distraite aux dires de la femme.

Jusqu'à ce que celle-ci se transforme devant lui. Une nouvelle fois, Ludowic espéra une fraction de seconde que la métamorphose révèle un déguisement de sa mère, sans commettre à nouveau l'erreur d'exprimer trop vivement son espoir, un espoir qui fut encore déçu. Il ne connaissait pas plus cette forme là que l'autre, elle paraissait simplement plus jeune, plus menue, ses cheveux étaient plus clairs et son regard plus intense. L'adolescent ne broncha pas lorsqu'elle se déshabilla, mais baissa quand même les yeux, ne sachant trop quel comportement adopter. Quand il était jeune, comme c'était le cas pour la plupart des enfants, la nudité ne le gênait pas du tout, mais depuis qu'il avait grandi, il ne supportait plus vraiment que ses domestiques le voient sans aucun vêtements. Inconsciemment, il en déduisit qu'il pourrait en être de même pour l'humaine, et respecta sa pudeur. Dépité et impuissant à le sectionner, il cracha son lien pour répondre :

« Je connais Nexus. C'est le nom de cet endroit stupide où on est. » maugréa-il avec une certaine suffisance, pour cacher le fait que le terme ashnardien ne lui disait rien.

Ludowic ne put néanmoins s'empêcher de relever furtivement le regard, lorsque l'attention de sa prétendue maîtresse était distraite par la tâche de saisir un élément de sa garde-robe. Ce qu'il vit le mit mal-à-l'aise. Il la trouvait à la fois attirante, jolie, d'une certaine manière, il ne savait trop pourquoi, mais ne l'aurait jamais avoué, et surtout étrange. Toute cette étendue de peau rose pour si peu de poils, les humains ressemblaient tous à des terranides malades. Ce devait être une race maudite, pour avoir maltraité des gens comme lui, se dit-il, hargneux. Toutefois, les paroles de la femme virent contredire ses théories.

« Je ne savais pas... qu'il y en avait d'autres... » ne put s'empêcher d'avouer l'adolescent, s'excusant dans le même temps à mi-mot.

Il fronça les sourcils, pensif. Si son interlocutrice était comme sa mère, alors pourquoi était-elle si méchante ? La robe qu'elle enfilait, elle lui rappelait dans un autre genre celles que mettaient sa génitrice, elle était au moins aussi précieuse. Le semi-vampire gratta la fourrure de son cou qui le démangeait, autant du fait de sa nervosité, que du fait qu'il avait été traîné par une laisse, que de son état de saleté extrême.

« Ma mère m'a dit de me méfier des humains qui paraissaient... bizarres. Comme ces Nexusiens abrutis. » Ludowic apprenait assez vite. « Ce que tu leur à dit, c'était une blague, hein ? Tu vas me ramener chez-moi ? »

L'espoir du jeune terranide était sincère, il n'avait de toute façon plus rien d'autre à quoi se raccrocher.
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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 7 dimanche 13 janvier 2013, 11:52:51

« Ma mère m'a dit de me méfier des humains qui paraissaient... bizarres. Comme ces Nexusiens abrutis. »

Rien d’étonnant en soi. Pour être méfiant, Ludowic l’était, en effet. Une véritable teigne. Jambes croisées, Mélinda l’écouta silencieusement. Il avait vainement tenté de se rebeller quand elle l’avait emmené ici, mais c’était un fils de noble, trop habitué à la douceur de son foyer. Il ne savait pas comment se servir de sa force, étant plus habitué à brailler qu’à se battre. Que la mère de Ludowic n’aime pas Nexus n’était pas une grande nouveauté pour Mélinda, qui pencha lentement la tête sur le côté, attendant que le petit Terranide continue. Elle le vit se gratter la nuque. Ses poils étaient probablement gênés par le collier qu’il avait autour du cou. Il fallait faire attention quand on mettait cet instrument sur une fourrure, on pouvait maladroitement coincer quelques poils. Mélinda le savait par expérience, mais il ne fallait pas spécialement s’attendre des gardes qu’ils fassent preuve de tact et de finesse.

Il allait également falloir le nettoyer. Mélinda se fit cette réflexion. On l’avait enfermé dans une caisse, et elle avait plus ou moins du le traîner à même le sol. Il y avait sûrement de la crasse dans ses poils. Ludowic ne tarda pas à enchaîner, continuant à tutoyer Mélinda. L’insolent n’avait probablement pas compris qu’un esclave ne tutoyait pas, mais vouvoyait. C’était dans les convenances sociales, tout simplement.

« Ce que tu leur à dit, c'était une blague, hein ? Tu vas me ramener chez-moi ? »

Un sourire innocent éclaira le visage de Mélinda.

« Bien sûr, petit Ludowic, je ne vais pas te laisser ici. Je t’ai acheté, tu te rappelles ? Tu es à moi, ce qui revient à faire quelques petites précisions... »

Mélinda s’empara d’un petit vase traînant à proximité.

« Tu vois cet objet ? Ce vase ? Il est à moi. Juridiquement parlant, tu as autant de droits que ce vase. Tu es un esclave, un bien. Tu as autant de droits que je souhaite t’en donner. Aux yeux de la loi, et de toutes les conventions qui protègent les individus, tu n’es rien. Juridiquement, n’importe quel esclave a une irresponsabilité totale, dans tous les domaines, ou presque. »

La seule exception, en réalité, concernait la responsabilité pénale des esclaves, de manière à éviter qu’un esclavagiste ne subisse une peine qui, en temps normal, aurait du revenir à son esclave.

« Tu es à moi, tout simplement. Tu peux trouver ça choquant, révoltant, blessant, humiliant, mais c’est ainsi. Si je décide de te tuer, personne ne viendra me le reprocher. A dire vrai, en ce moment, je suis à la fois ton pire cauchemar... Et aussi ta meilleure amie. Plutôt paradoxal, je sais... »

Mélinda remua un peu son corps, reposant le vase. Elle leva alors un doigt, comme pour imposer le silence.

« Je prends soin de mes affaires, Ludowic, mais j’exige qu’on me respecte. C’est aussi simple que ça. Je suis ta supérieure, et ce respect se montre en commençant par me vouvoyer. »

Elle pencha ensuite légèrement la tête.

« Du reste, nous rentrerons bientôt chez nous. Mais, comme je me sens de nature généreuse, je suis disposée à faire un petit détour pour t’emmener voir ton ancienne demeure. Ainsi, petit vampire arrogant, tu pourras constater par toi-même que je n’ai pas menti, et qu’il ne te reste plus rien d’autre que moi. »

Dit comme ça, la situation semblait plutôt morose pour Ludowic, mais il ne fallait pas oublier que, pour Mélinda, être son esclave était un grand honneur. Un privilège, même ! Ludowic aurait très bien pu être racheté par des tisserands, qui l’auraient épluché comme une peau de banane pour se servir de sa fourrure, afin de faire une belle petite doudoune pour ces dames qui se pavanaient avec dans les quartiers riches de Nexus. Il s’en sortait plutôt bien.

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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 8 lundi 14 janvier 2013, 02:01:54

Ludowic regarda le vase avec sévérité. Il avait comprit à la seconde où Mélinda avait fait la comparaison qu'elle ne serait pas agréable pour lui. Il fronça la truffe, affichant son dégoût vis-à-vis de la figure de style. Il avait brisé tellement de vases précieux, pendant son enfance, qu'il n'avait guère envie d'y être semblable, surtout si cela impliquait que l'es enfants de sa prétendue maîtresse disposaient du droit de le casser à l'occasion d'une maladresse. La promesse de la vampire de bien s'occuper de lui au cas où il se comportait bien ne le rassura pas beaucoup : elle avait quand même clairement dit qu'elle pouvait disposer de sa vie, et c'était surtout cela qu'il retenait. Le jeune terranide s'était toujours considéré comme une personne aux libertés inaliénables. Un tel sort était pour lui absurde... Si Mélinda lui faisait peur, maintenant qu'il pensait comprendre un peu mieux la situation, il se sentait parfaitement capable de reprendre son attitude supérieure. Il était incontestablement plus intelligent que son interlocutrice, et comprit de suite la faille dans son raisonnement.

« À part que ton vase, il a pas de jambes, alors avec moi ça marche pas. Tu ne vas pas m'attacher tout le temps. Je ne suis pas un objet. Je sais courir, et je peux parler comme je veux. » fit-il, suffisant, un air proche du défi dans les yeux.

Une famille, même laxiste, n'aurait pu qualifier le semi-vampire de très bien élevé. De fait, on ne lui avait jamais appris à ne pas répondre. S'il respectait sa mère, c'était simplement parce qu'elle était la personne la plus gentille avec lui qu'il avait jamais rencontré, et son interlocutrice était loin de cette définition. Le principe de l'insolence lui était assez étranger. Tout comme le vouvoiement, qu'il n'avait jamais utilisé en ce sens, mais dont il devina une partie du fonctionnement, sans en saisir l'usage.

« Et puis je vois pas pourquoi je te dirais vous. T'es toute seule. » le ton était assez condescendant pour que le second degré, ou l'absence de celui-ci, soit presque impossible à déterminer à cette simple phrase.

Il réfléchit une seconde à la proposition qui lui était faite. Ludowic déglutit péniblement, et serra ses dents pointues. Si la vampire lui la faisait, c'était qu'elle était certaine de la véracité de ses propos. De toute évidence, elle ne mentait donc pas. La mâchoire de l'adolescent était lourde, et semblait s’alourdir encore, alors que ses oreilles s'affaissaient sur les côtés, signe qu'il était de nouveau sur le point de fondre en larmes. Secouant la tête pour refréner son chagrin, il tenta tant bien que mal de repousser l'impitoyable raisonnement. Il cacha ses yeux humides et son expression affligée en fixant le sol, de telle manière à ce que ses cheveux, assez longs à l'avant, projettent une ombre sur son regard. L'odeur de sa chevelure, il s'en rendit compte, l'indisposait autant que celle de sa fourrure : elle n'était pas coiffée en mèches bien définies, comme sa domestique l'ordonnait chaque jour depuis des années, mais en paquets emmêlés qui tombaient sans ordre sur son visage. Toutefois, la question de savoir s'il serait capable de s'en occuper seul était très, très éloignée de ses préoccupations du moment.

« Je veux bien. » murmura-t-il finalement dans un souffle, à peine audible.

Au moins, il serait fixé, et puis, cet endroit, au moins, il ne connaissait. S'il devait s'enfuir, il préférait encore partir de là. La simple idée de revoir sa maison, fut-elle vide, le réconforta un peu.
« Modifié: lundi 14 janvier 2013, 02:15:45 par Ludowic »
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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 9 mardi 15 janvier 2013, 20:45:12

L’éduquer, le dresser, comme elle s’y attendait, ne serait pas facile. La vampire n’aimait pas ça, mais elle allait sans doute devoir faire parler la violence. Si les nobles ne faisaient pas de bons esclaves, ce n’était pas sans raison. Ils avaient grandi en ayant des foules de domestiques à leurs pieds, en voyant tous leurs caprices se faire exaucer. Changer du jour au lendemain était difficile, et il fallait parfois faire preuve de fermeté. La violence n’était pas quelque chose que Mélinda prodiguait généreusement, mais, sous certaines conditions, elle n’avait tout simplement pas le choix. Elle préférait obtenir le respect de ses esclaves par l’amour, l’attachement, mais, si l’amour ne marchait pas, on pouvait toujours l’obtenir par peur... Au début, du moins.

« Et puis je vois pas pourquoi je te dirais vous. T'es toute seule »lui balança-t-elle.

Un frisson d’irritation parcourut le corps de la vampire, se reflétant dans ses yeux. Quel petit insolent ! Elle sentait l’envie de le fesser se faire de plus en plus pressante. Il ne comprenait donc toujours pas quelle était sa situation. Aussi insupportable que sa défunte mère. Mélinda enfonçait délicatement ses griffes dans l’accoudoir. Elle le sentait troublé, nerveux. Il était mignon, certes, mais il faudrait l’éduquer avant de l’utiliser comme une grosse peluche qu’elle câlinerait amoureusement pendant des heures.

« Je veux bien. »

Mélinda eut un sourire sarcastique, et se redressa, se levant.

« C’est bien... Mais nous y aurions quand même été, petit insolent, même si tu étais contre. En attendant, je vais devoir t’apprendre quelques leçons sur toi, ainsi que sur moi. »

Il fallait qu’il comprenne rapidement que se mettre Mélinda à dos était signer son arrêt de mort. La vampire marcha lentement vers lui, se rappelant que le Terranide vampire était sauvage et dangereux. En soi, un Terranide, avec ses griffes et ses crocs, pouvait faire très mal, alors, quand on rajoutait à ça les instincts d’un vampire, on avait affaire à quelqu’un qu’il ne fallait pas sous-estimer. Mais ce n’était pas une raison pour qu’il ne comprenne pas quelle était son autorité. Mélinda s’éclaircit la gorge.

« Pour l’heure, je vais être très simple. Tutoie-moi encore une fois, ma petite peluche, et je serais forcée de te donner la fessée. »

La vampire ponctua cette affirmation en caressant lentement ses mains, écartant les doigts. Elle croisa ensuite les bras, observant le petit Terranide, toujours attaché à sa laisse.

« Je suis sure que tu avais des serviteurs chez toi… Est-ce que tu les vouvoyais ? Est-ce que ta mère les vouvoyait, petit insolent ? Si c’est le cas, alors il me semble que je vais devoir t’apprendre les convenances sociales. Dans le cas contraire, sache que tu es le serviteur, et moi la souveraine. Je ne saurais donc tolérer qu’une petite peluche comme toi me tutoie. »

Mélinda termina donc :

« Et je n’ai pas pour habitude de me répéter. Est-ce que tu as compris ce que ta Maîtresse t’a dit ? »

Elle était suffisamment proche pour que Ludowic lui saute dessus. Mélinda le savait, et prenait le risque.

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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 10 mercredi 16 janvier 2013, 03:08:42

Un peu las de cette conversation où on lui répondait toujours avec de nouvelles menaces, Ludowic appuya son dos contre le mur pour alléger sa position debout. Les paroles de son interlocutrice étaient de plus en plus dures et directes, et le regard du jeune terranide gagna autant en gravité. Les sourcils froncés, il ressemblait à un enfant boudeur et agacé, grondé pour une bêtise dont il ne s'estimait pas coupable. C'était maintenant clair, à ses yeux, la vampire se moquait de lui, ne cherchait qu'à lui faire du mal, à l'humilier. À la longue, il réussissait à prendre un léger recul sur la situation  : le but de la femme était de se faire obéir, de le placer dans le même état de servitude qu'un domestique. Impossible, pour le semi-vampire, dont le mot fesser, quoiqu'il en comprenne le sens par déduction, ne faisait pas partie du vocabulaire.

« J'ai pas peur... et je suis pas une peluche... » marmonna très faiblement Ludowic, comme s'il avait voulu malgré tout que sa pique n'arrive pas aux oreilles de son interlocutrice.

Du moins, essayait-il de se persuader que la douleur ne l'effrayait pas. En réalité, il en était beaucoup moins sûr, mais répondre favorablement aux ordres de cette femme cruelle lui semblait être une insulte à sa vague conception de l'honneur. Elle n'était pas gentille, il ne l'aimait pas. Il ne la servirait pas. Il ne ferait rien pour elle, il ne rangerait pas ses affaires, ne nettoierait pas ses vêtements, ne coifferait pas ses cheveux ni ne lui préparerait à manger. Penser à cette dernière activité lui rappela qu'il avait terriblement soif, une sensation à laquelle la faim vint s'ajouter. Alors que sa gorge sèche lui faisait mal, son ventre vint à gargouiller. On ne nourrissait pas éternellement un grand chasseur comme lui avec de maigres cadavres de poulets. Il avait besoin de quelque-chose de plus consistant. Il aurait été chez-lui qu'il aurait vite appelé n'importe lequel de ses domestiques, qui lui auraient apporté sur le champ un succulent encan pour le combler. Devait-il le demander à Mélinda ? Non, conclut-il. Elle poserait encore des conditions, l'abaisserait, le menacerait.

Ludowic en avait réellement marre de cette femme, de cette conversation, de cet endroit, de sentir la sueur et l'urine, et d'avoir faim et soif. Son sang ne fit qu'un tour : il trouva une solution qui éliminait d'un coup presque tous ses éléments de frustration. Toujours renfrogné, il estima la longueur de sa laisse en tirant dessus, comme il n'avait jamais cessé de le faire depuis qu'il était arrivé. Le petit vampire lança un regard empli de colère et de détermination à son interlocutrice. Il allait la déchiqueter. Elle était peut-être presque aussi forte que lui, mais elle n'avait pas ses griffes et ses crocs, et surtout, il n'y avait plus d'hommes en armure pour la défendre. Elle ferait beaucoup moins la fière quand plus une parcelle de sa peau ne porterait plus de trace de lacération. Oui, il allait la découper, l'entendre crier, puis la dévorer sa viande et boire son sang. Cette dernière idée, il ignorait pourquoi, l'excitait particulièrement. Comme un besoin primaire, animal, répondant au manque de nutriments auquel son corps devait faire face.

La perspective était envoûtante, tellement difficile à repousser. Et même s'il avait pu la refréner, pourquoi l'aurait-il fait ? Sa lucidité vacilla, faisant place à une rage sanguinaire.

« T'es pas ma maîtresse ! » hurla-t-il, d'une voix transformée par la frénésie.

Son visage se déforma : si lors de sa première tentative, en sortant de sa cage, sa fougue aurait pu intimider, il y avait maintenant de la folie dans son expression. Une folie qui n'avait rien d'humaine, ni même de terranide. Ne contrôlant même plus vraiment ses mouvements, il constata, presque de l'extérieur, les pourtant insignifiants muscles de ses jambes concentrer leur formidable force, avant de soudainement bondir sur Mélinda. Les griffes noires au bout de ses doigts semblaient s'être allongées d'un ou deux centimètres, alors que ses dents étaient saillantes, prêtes à arracher dès l'impact de grands morceaux de la chair blanche de la vampire. Il n'avait plus rien d'une adorable peluche, c'était un tueur.
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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 11 samedi 19 janvier 2013, 10:57:07

Elle sentit le sang du Terranide se tendre, et comprit qu’elle allait devoir passer aux manières fortes. Elle avait aussi entendu son ventre se gargouiller, et avait trouvé comment le punir. Finalement, elle n’allait pas le battre... Il existait des souffrances bien plus douloureuses, et bien plus efficaces, que se faire battre. Il avait faim, et elle s’attendait à ce qu’il l’attaque. Ludowic banda ses muscles, mais était en manque de sang. Il bondit vers Mélinda, toutes griffes dehors. Mélinda l’évita en filant sur la gauche, et les griffes de Ludowic claquèrent dans le vide, avant que quelqu’un ne s’approche d’une autre salle, et n’attrapa Ludowic à la gorge, le plaquant sur le sol. Torse nu, c’était son frère, Bran. L’homme accompagnait toujours Mélinda, et se tenait dans la chambre, à l’abri. Aucun air d’agressivité ne traversa son visage, mais il immobilisait Ludowic sur le sol, son genou sur sa gorge. Même si on le griffait, il ne bronchait pas. Bran avait été anesthésié à la douleur, à force d’être torturé par sa sœur. Mélinda, en souriant, s’avança lentement de l’homme, de sa petite peluche rebelle qui se tortillait sur le sol, s’agenouilla à côté de lui.

« Que tu es nerveux, mon petit Ludowic. Je te présente Bran, mon grand-frère et protecteur. »

Mélinda se releva alors, et fit signe à Bran d’attacher Ludowic. Ce dernier obtempéra, utilisant des menottes et des chaînes un peu plus lourdes, et qui restreignaient beaucoup la liberté de déplacement. Il ne pouvait désormais plus sauter sur Mélinda, et Bran le souleva.

« Ma petite peluche est énergique... Mais je connais des moyens de te maîtriser. »

Elle lui sourit, et alla chercher un objet. C’était une bouteille rouge, contenant un sang délicieux, et elle décapsula la bouteille, respirant cette odeur, avant de la poser sur une table basse, à quelques mètres de Ludowic, laissant l’odeur remplir la pièce. Un sourire sur les lèvres, Mélinda croisa à nouveau les jambes, s’asseyant sur son fauteuil. Le sang avait toujours été le moyen le plus efficace de faire flancher un vampire, surtout un petit vampire nobliau comme Ludowic, qui n’avait jamais du connaître ce manque d’hémoglobine. La vampire ne dit rien, se contentant d’observer ses longs ongles.

« Je pense que, contrairement à moi, ta soif de sang ne doit pas être rassasiée... Et, vu l’état dans lequel est ton estomac, cette soif doit être forte... Tu sens cette odeur, hum ? C’est un délicieux sang. »

Mélinda le prouva en prenant la bouteille, et but quelques gorgées, avant de passer sa langue sur ses lèvres couvertes de sang. Bran était dans le dos de Ludowic, attentif, vigilant. La vampire, quant à elle, reposa la bouteille de sang sur la table basse, et se contenta d’attendre que la soif devienne forte.

« Si tu veux boire, mon petit Ludowic, je veux que tu me reconnaisses comme étant ta légitime Maîtresse, et que tu jures de me servir. Autrement, cette soif qui s’empare de toi ira en s’aggravant, et te fera douloureusement souffrir. Si les vampires se revendent à un prix si faible chez les esclavagistes, ce n’est pas non plus sans raison. »

Le besoin de sang chez les vampires était en effet primordial, une véritable drogue, comme Ludowic allait bientôt le réaliser.

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Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 12 lundi 21 janvier 2013, 00:22:56

Un voile rouge devant les yeux, Ludowic n'était plus réellement maître de lui-même. C'était certes un prédateur d'une dangerosité extrême, mais, de ses quinze ans d'âge, il n'en manquait pas moins d'expérience comparé à la centenaire à laquelle il s'attaquait. Ses assauts esquivés sans mal, sa laisse l'empêchant de bondir une seconde fois sur sa proie, il entendit au dernier moment un autre individu entrer dans la pièce. Il eut à peine le temps de tourner la tête qu'il fut plaqué au sol, l'homme musculeux, et plus fort encore que lui, lui appuyant la tête sur le plancher. Le jeune terranide tenta de se débattre, alors qu'on l'attachait avec des chaînes, ne passant pas une seconde sans s'efforcer d'éventrer son gardien de ses griffes. Il parvint à lui entailler légèrement l'avant-bras alors qu'il lui passa les menottes, hélas, la plaie ne sembla pas l'handicaper une seconde et il n'y fit même pas attention. Lié, résigné, le semi-vampire ne parvenait pas pour autant à faire cesser sa rage. Il haïssait cette femme comme il n'avait jamais haït quiconque.

« T'es qu'une sale lâche. T'as toujours un sale chien pour te protéger ! »

Il baissa la tête. Son cœur palpitait, ses lourds échos frappant douloureusement son crâne : ses sens de vampire étaient en pleine activité. Il percevait la blessure très superficielle de Bran, et surtout, cette bouteille remplie de sang, laissée volontairement ouverte. Même en fermant les yeux, ses paupières ne suffisaient pas à lui cacher sa position exacte, et il la voyait avec autant de précision que si elle avait été juste devant son nez.

« Je préfère encore mourir de soif. » articula-t-il très lentement, chaque mot lui demandant un effort. « Je suis pas un primitif. Je sais me retenir. »

Il serra les poings et le bout de ses griffes, toujours longues et pointues, lui incisèrent les paumes. Ludowic gémit, la tentation de se soumettre de plus en plus forte. Céder à ce chantage lui paraissait cependant hors de question. Elle pourrait le frapper autant qu'elle le voudrait, il garderait son honneur. Il avait d'autres ressources, des ressources que Mélinda ne soupçonnait sans doute même pas, pensa-t-il. Il était détenteur d'une grande puissance magique, et surtout, il n'était qu'en partie une créature de la nuit. Son propre sang, ainsi, s'il n'était pas pour lui aussi nourrissant que celui d'un autre individu, pouvait le faire survivre. Du moins, il pourrait calmer sa soif un instant. Suffisamment longtemps pour faire enrager son interlocutrice.

Toutefois, alors qu'il approchait sa langue de l'intérieur scarifié de sa main, un sentiment de répulsion intervint. Boire le liquide qui coulait sans ses veines lui sembla tout à coup malpropre, et indigne. Peut-être plus dégradant encore que d'obéir : son instinct s'y opposait en bloc. La perspective, une fois qu'il y fut confronté de si près, alors qu'elle lui avait parut être une solution simple, le dégouttait à présent réellement. Puis vint une question qui corrompit sa raison et sa détermination, à quoi bon ? Il avait cette bouteille pleine d'un breuvage bien meilleur. Il n'avait rien à perdre à se soumettre. Si cette femme méprisable voulait tant se faire respecter, il pouvait faire comme si c'était le cas. Garder sa colère pour lui. Rien qu'un instant. Juste le temps de boire. Boire, vite. Il se redressa très rapidement et capitula aussi prestement.

« D'accord. Oui, d'accord. Je veux bien t... vous servir. Donne, donne. » lança Ludowic avec précipitation, pas encore très habitué au vouvoiement.
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    Petite vampire qui aime mordre des fesses <3

Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 13 mercredi 23 janvier 2013, 08:27:40

Pourquoi les vampires ne pouvaient-ils pas conserver un secret ? Pourquoi n’étaient-ils pas des bons espions ? Ce n’était pas lié à la nature retorse et solitaire des vampires, mais tout simplement à leur besoin de sang. Torturer un vampire était en ce sens particulièrement facile, ce qui n’en faisait pas de bons espions. S’ils étaient capturés, il était facile de les faire parler. Confortablement assise, Mélinda attendait donc que le petit Ludowic se calme, et finisse par craquer. Ça risquait de prendre son temps, mais elle n’était pas pressée. Le fils de cette sale vampire était particulièrement teigneux, comme elle. Elle avait les bras croisés, tandis que Bran s’écartait de Ludowic, restant dans le coin. La vampire observait la bouteille de sang, un léger fantôme de sourire sur les lèvres, comme elle savait si bien les faire. Elle se caressait lentement les cheveux, glissant ses doigts dans ses boucles. Elle sentit dans les yeux de Ludowic sa résistance s’affaiblir, avant qu’il ne commence à se rendre :

« D'accord. Oui, d'accord. Je veux bien t... vous servir. Donne, donne. »

Mélinda ferma lentement les yeux, légèrement agacée, et les rouvrit, avant de lui répondre, donnant quelques éclaircissements :

« Tu te crois au troc, petit Ludowic ? Tu ignores donc ce qu’est un serment ? Toi, un noble ? »

Elle le raillait délibérément, et se releva lentement, tenant dans la main la bouteille, puis alla la boire, et la vida de tout son contenu. Un sourire pervers sur les lèvres, elle balança alors la bouteille devant Ludowic.

« Voilà pour ton outrecuidance. Maintenant, tu vas me faire un vrai serment, comme ta mère a du te montrer. »

Un serment, pour Mélinda, ne se résumait pas qu’à un « Je veux bien vous servir ». C’était tout, sauf un serment. Un serment était solennel, et devait comprendre quelques formules lourdes et pompeuses, mais qui sonnaient toujours bien aux oreilles. Mélinda s’avança un peu.

« Nous verrons ça plus tard. En attendant, nous allons aller voir le château de ta mère... En chemin, si tu es suffisamment sage, je t’offrirai le plus précieux sang qui sera à tes yeux : le mien. »

Il était en effet temps de quitter Nexus, une ville que la vampire n’appréciait que peu. Il leur faudrait faire un détour avec le chariot pour rejoindre l’ancien château de Ludowic, afin qu’il y voit les bannières de l’Ordre, mais aussi la tombe de sa mère. Ludowic n’accepterait jamais de se soumettre s’il était persuadé que sa mère était encore en vie. Quand il y avait un passif dans l’esclavage, il fallait commencer par nettoyer le passé, par enterrer définitivement les squelettes. Ensuite, Mélinda le torturerait sûrement, pour se défouler. Elle planterait ses griffes dans son corps, et s’amuserait de l’entendre couiner de douleur, le temps qu’il soit maîtrisé.

Mélinda demanda à Bran d’aller préparer l’attelage du chariot. Ce dernier sortit, et Mélinda croisa ensuite les bras, une légère lueur malicieuse brillant dans ses yeux.

« Prêt à faire un petit voyage ? »

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

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Ludowic

Créature

Re : Non madame, il n'est pas dressé (Mélinda Warren)

Réponse 14 mardi 29 janvier 2013, 22:55:06

Les griffes de Ludowic se mirent à entailler le sol, alors qu'il ne parvenait plus à contenir son envie de sang. Ses yeux étaient exorbités, sa bouche sèche, pendait puis révélait ses dents, alternativement, sans savoir quelle attitude à avoir pour calmer son besoin. Il n'avait jamais eu aussi soif de sa vie. Les paroles de Mélinda lui paraissaient tellement lointaines, il y prêtait à présent à peine attention. Seule la bouteille concentrait tout son intérêt. Si rouge, si odorante, si désirable : sa vision, tout autour d'elle, était floue, il n'y avait qu'elle qui restait nette. Le jeune terranide poussait de petits râles de convoitise, tirant sur ses chaînes de plus en plus violemment, jusqu'à s'abîmer les poignets et les chevilles. Avant de comprendre qu'il ne pourrait pas se repaître du liquide tant désiré. Quand la femme vida le flacon de son contenu, son expression vira à l’horreur. Enfin, la tension retomba. Il n'eut qu'une seule plainte, rauque, désolée.

« Pourquoi ?... Je vais mourir de soif... »

Il ne fut pas très difficile, dans les heures qui suivirent, de le soumettre. Ludowic était toujours abattu, l'épreuve, mais surtout son très faible état physique, ayant temporairement aliéné sa volonté. Les conditions du voyage ne l'améliorèrent pas. Ce fut, et de loin, la plus longue période de jeûne qu'il ait connu. Il ne pouvait plus faire de mouvements, chaque déglutition était douloureuse, enflammant sa gorge. Bientôt, il fut même incapable de déglutir. Les chaînes devinrent absolument superflues. Il passait le temps les yeux fermés, respirant à peine, totalement déshydraté, sans énergie. Pour ne rien arranger, son odeur avait encore empirée, et il avait tout simplement cessé de se soucier de son hygiène : la fourrure de son arrière-train était totalement souillée de déjections. Pourtant, la mort qui aurait fauché depuis longtemps n'importe quel humain ne vint pas. Sa partie vivante dépérissait, cependant, paradoxalement, elle était maintenue en vie par celle morte, insensible à tous ces manques. Il ne remarqua même pas lorsque les tours du château de sa mère apparurent à l'horizon.

De loin, on pouvait à peine faire la différence : rien dans la structure du bâtiment, ou presque, n'avait changé depuis la mort de la maîtresse des lieux. C'était toujours un grand castel en pierre sombre, entouré d'une muraille. La plus haute des tours était la demeure de la vampire, mais comprenait aussi la chambre de Ludowic, au sommet. Tout avait été fait pour assurer la sécurité de son seul enfant. Dès qu'on s'approchait néanmoins, l'abandon du lieu devenait plus évident. D'abord, sur le chemin, les nombreuses cabanes terranides, de petites huttes en bois assez sommaires, n'étaient plus habitées. Il devait rester quelques individus qui n'étaient pas retournés à une vie plus sauvage, mais ils se faisaient plus discrets, maintenant sans protection face aux éventuels esclavagistes. Dans la cour du château lui-même, où on pouvait pénétrer facilement par la grande porte laissé ouverte, il ne restait plus qu'une personne.

Elle était , à balayer la place, comme tous les jours depuis qu'elle avait été en âge de tenir un balais. Elle se nommait Flo, mais la plupart des autres serviteurs la méprisaient trop pour l'appeler par son prénom. Elle n'était pas comme les autres : les autres étaient partis, elle n'avait pas compris -elle ne comprenait jamais rien- alors elle était restée. Elle n'aimait pas le changement, il lui faisait peur. Jeune, pourtant, elle était aux yeux de beaucoup déjà sénile. Elle n'était jamais vraiment là, sa raison toujours absente, tenir une conversation intéressant avec elle tenait de l'impossible. Elle ne connaissait que quelques phrases, durement acquises. Et elle était capable de balayer. C'était l'idiote du village, une distraction sans fin pour les autres terranides qui ne se lassaient pas de lui jouer des tours. Ils n'avaient en revanche eu aucun scrupule à la laisser là, errante. Dans quelques semaines, elle mourrait probablement de faim, seule ; elle était déjà maigre, ses longs cheveux blonds paille tombant sur ses épaules menues, à peine gonflée par sa fourrure brun-rousse. Ses yeux bleus, distants, comme déconnectés de la réalité, perçurent que quelqu'un approchait. Elle savait ce qu'il fallait dire dans ce cas précis. On le lui avait appris. Alors elle attendit qu'ils arrivent près d'elle, et elle lança une simple phrase, monotone, sans intonation.

« La Reine s'est absentée. Vous devez attendre en dehors de l'enceinte en attendant qu'elle revienne. »
TelkaArchieVianOzvelloOzalee
MP


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