(l'image est aléatoire et montre le bonhomme avec et sans son casque.)
La petite radio cracha quelques notes avant de s'éteindre. L'homme l’agrippa la fit tourner entre ses doigts, avant d'ouvrir le compartiment à batteries. Il jeta les piles mortes derrière son épaule, les remplaçant par des rutilantes, toutes neuves qu'il avait pioché dans l'une de ses sacoches. Il ré appuya sur le bouton et de nouveau la voix rauque de Johnny Cash s'éleva dans les airs. Assis sur le rebord d'un petit bâtiment, George observait l'effervescence sous ses pieds. Les grognements peinaient à couvrir la musique, dont le volume avait été mis à fond par le mercenaire qui observait d'un œil distrait les zombies qui s'amassait autour du petit immeuble. Il agita son majeur à l'adresse des créatures bavant plusieurs mètres sous ses pieds. Les plus malins (si cela était possible vu la bouillie qui remplaçait leur cerveau) se jetait avec force sur la façade, piétinant leurs camarades tombés au combat, déclenchant l'hilarité de l'homme.
«
Suzie Q à Daddy O'. Suzie Q à Daddy O' » grésilla le talkie-walkie. Il se saisit de l'atrocité, une bestiole tellement petite qu'il lui semblait que sa main était monstrueuse. Des autocollants de fleurs et des cœurs l'ornaient. Grace aux bidouillages de "Suzie Q", la chose avait plus de portée... mais à quel prix. Pas vraiment viril de se balader avec un truc pareil, au moins ça avait le mérite de tuer de rires les éventuels pillards qui s'attaquaient à lui... ça et un canon scié dans la gueule bien entendu. «
Je croyais qu'on avait changé les noms de code. Bon dieu, je suis pas aussi vieux. » s'étouffa-t-il. «
Et chuis pas ta secrétaire... t'as pas oublié que tu devais retrouver Frida j'espère. » grommela la gosse. Susan, une gamine maigrichonne à laquelle il avait tout de suite accrocher. C'était peu être un des échos de sa jumelle ou une débilité dans le genre que certains expliquaient par du surnaturel pur. Milena avait requis la petiote, lui avait offert un toit, la tirant de la rue et la plongeant dans les circuits, les vieux postes informatiques défoncés. Il ne lui avait jamais paru que sa sœurette avait la fibre maternelle.
Elle en aurait fait une parfaite pourtant, une mère. Malgré le fait qu'il avait vu le jour le premier, elle avait tout le temps paru être l’aînée du petit duo, le protégeant dans ses pires conneries, venant à sa rescousse alors qu'il se faisait tabasser dans la cours de récré. Par réflexe, sa main agrippa le collier qui pendait autour de son cou, le médaillon s'ouvrit dans un claquement et sa photo était là.
Milena, son étrange reflet lui renvoyant son regard depuis l'outre-tombe. A son opposée, une autre revenante, l'image décoloré de la femme qui leur avait donné la vie. Il soupira avant de se redresser.
Ses doigts se refermèrent sur le casque posé à côté de lui. Il prit une profonde inspiration et le glissa sur sa tête. Il épousait parfaitement les contours anguleux de son visage, le laissant plus rien percevoir de son anatomie comme le reste de l'armure. «
Reste au QG, Suzie Q, terminé. » marmonna-t-il dans son casque, ne faisant pas attention aux protestations de la jeune fille. L'avantage de celui-ci qui rendait obsolète le talkie-walkie. Bijou de technologie, l'armure n'était pas uniquement présente pour dissimuler son odeur aux zombies. Elle le protégeait des chocs, dans une certaine mesure, et lui offrait une agilité décuplée. Un parfait prototype qu'il avait emporter lors de sa fuite du laboratoire. A ce souvenir, il grimaça...
Saloperie. George n'avait rien demandé à quiconque. Gamin pas particulièrement brillant, plus par flemme que par manque d'intellect', il avait marché dans les traces de son père, à l'instar de sa jumelle, rejoignant l'armée après la fin de sa scolarité. Il avait fait la guerre, bien que le terme de
Veteran ne lui convenait pas plus que ça. Membre respecté par son unité, il grimpa les échelons, tireur d'élite renommé parmi ses camarades. Sa sœur lui fila quelques tuyaux,
medic dans son unité. Puis, quelques années auparavant, elle était morte. Le sort les avaient réunis sur une même opération, et comme il l'apprit plus tard... il n'y a jamais de hasard. Sous couvert d'un test suicide pour les unités envoyés, un nouveau type d'arme bactériologique, dérivé de la rage et autres maladies auxquelles il ne comprenait rien, qui avait retourné les soldats de leur propre camp avant de les faire périr dans une mort atroce. Comme le reste de ses camarades, il avait subit la contagion, tremblant, bavant, pris de spasmes atroces. Puis... le
black out.
Les mois qui avaient suivi étaient marqués par l'incompréhension. Quelques types en blouse blanche lui avaient balancés des mots alors qu'ils gisaient dans son lit d’hôpital. Sauf qu'il n'y était pas. Le bâtiment était un laboratoire de l'armée et la résistance au virus de George lui y avait valu son pass. A sa sœur aussi à vrai dire, mais celle-ci avait succombé quelques temps après aux blessures reçues dans la bataille. Il en avait été malade. Puis, alors le monde s'était barré en couilles : à cause de ces mecs, et à cause de
lui, de la maladie qu'il avait permis de perfectionner grâce à son immunité exceptionnelle. Alors que quelques scientifiques substituaient il s'était fait la belle non sans aide.
Le petit pug aboya joyeusement lorsqu'il vit George venir le chercher dans une ruelle derrière le petit immeuble. La masse de zombie avait sérieusement décru et il s'était frayé un chemin à grands renforts de coups de pieds, de flingues... oh et de grenades aussi. Le cabot avait le poil ébouriffé par la main ganté de son maître. Pauvre bête. Il l'avait tiré du même enfer que lui, cobaye de laboratoire comme il l'avait été. Le chien lui avait sauvé la mise en attaquant un des scientifiques survivants et depuis ils ne s'étaient plus quitté. L'avantage pour la petite bête c'est que, suite aux expériences dont il avait fait l'objet, il était indétectable par les zombies. Le parfait contraire de George en somme. Cette possibilité d'une durée de vie plus importante avait permis à l'ancien soldat de se faire suivre sans penser à la perte prochaine de son nouvel ami.
L'équipée avait été rejoint par Susan qu'il avait déniché dans une maison barricadée et... ah oui
elle aussi.
**
Leur duo était particulièrement improbable. Mais on aurait jugé une apocalypse zombifique totalement improbable par le passé donc l'impossibilité était devenue quelque chose d'assez abstrait dans ce nouveau monde. Même solitaire de nature, il ne lui avait pas fallu calculer longtemps ses chances de survie, avec et sans miss dompteuse de fauves en décomposition. A deux, ils étaient impossibles à stopper, il lui semblait qu'ils pouvaient presque mettre fin à l'apocalypse tant ils défonçaient des zombies à tour de bras. George avait sérieusement morflé lors de leur rencontre, elle aussi à vrai dire. Il avait eut le malheur de convoité ce qu'elle recherchait puis de pénétrer dans son domaine. Mais chacun avait compris que l'autre, en vie, avait bien plus de valeur.
De plus, la (charmante) dompteuse avait le mérite de couvrir son fumet si délicat qui attirait en masse les macchabées. La vue était pas si mal aussi, un des avantages du casque qui permettait de reluquer en toute description les damoiselles. Bien sur, ses taquineries se limitaient aux mots, il tenait à sa virilité et la violence surprenante de la jeune femme, lui laissait penser qu'elle pouvait tout à fait trancher la partie de son anatomie qui dépasserait un peu trop... Enfin, ça n'avait jamais arrêté ce bon vieux George par le passé.
Curious George qu'on le surnommait à l'école, une nouvelle idée de nom de code qu'il ne tardait pas de livrer à Susan.
Et maintenant, ils avaient mis la main sur la possibilité de trouver le confort d'un endroit qu'ils pourraient défendre et qui grouillaient encore de ressources. Un immense mall qui regorgeait de zombies... et apparemment de gens. Il acquiesça lors qu'elle le chargea des négociations. On avait même pas besoin de demander pourquoi.
«
On va enfin avoir notre petit nid douillet, ma belle. » minauda-t-il un peu faussement avant d'éclater de rire. «
Damn ! Quel spectacle ! » laissa-t-il échapper lorsque les cadavres en état avancés de putréfaction s'écrasaient devant eux. Il s'avança, écrasant sous sa botte le crâne tendre d'un des zombies qui s'agitaient encore sur le sol. «
Envie de s'amuser ou juste en manque ? » rigola-t-il en guise de réponse, ponctuée par un petit aboiement joyeux du pug qui trottinait derrière lui.