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Pour un petit pendentif vert [Hata Hidesawa]

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Aude Haern

Humain(e)

Pour un petit pendentif vert [Hata Hidesawa]

dimanche 13 septembre 2015, 01:48:55

Aux yeux du commun, sur cette Terre marquée, voire usée, par le passage des siècles, la magie semble absente. Seuls quelques éclats restent apparents. Le plus évident est celui de l'argent, ou plutôt, de la monnaie, la richesse. Il marque quasiment tous les flux de la planète. Jusqu'aux idées, au plaisir, le temps, la vie... Tout se monnaie. Que cet éclat disparaisse d'une région, et elle se fait désert, qu'une population perde ses richesses et elle se retrouve asservie. Car l'argent, de fruit du pouvoir aux temps anciens, est devenu le pouvoir lui-même.
Un autre éclat est celui de la technologie, de la science. Il illumine littéralement la Terre, apportant lumière dans les ténèbres, chaleur dans le froid de l'hiver, abolissant les distances. Par lui, les hommes sont connectés, bénéficient d'un confort inconnu des temps passés. Et doucement les frontières d'antan, physiques comme existentielle, s'estompent, à l'image de cette différence entre humain et création, machine, qui s'atténue. Telle est la puissance d'une hypothèse muée en vérité tant qu'elle n'est pas contredite.
Aux yeux du commun, ces éclats éclipsent bien aisément toute autre. Ainsi, les hommes se détournent des Dieux dont on disait qu'ils ont créé, puis foulé la Terre de leurs pieds. Mais les gens qui savent, qui cherchent, réalisent qu'il est d'autres éclats. Ils délaissent les lueurs les plus aveuglantes, celles qui suivent la foule, et cherchent ces cendres et ces étincelles inaperçues, pour les ranimer et en garder la lueur pour leur propre usage.

Un des éclats parmi les plus ternis est celui de la magie, du Mystère.
Quand ce monde, la Terre peinait à être défini, compris, il brillait d'un feu discret, alimenté par les travaux et les déclarations de quelques précurseurs. Parmi ces derniers, la figure réelle ou mythique d'Hermès Trimégiste, le trois fois très grand, dont l'héritage affecterait largement les études occultes pour les siècles à venir.
Si le personnage d'Hermès et ses écrits semblent se concentrer sur le savoir, la sagesse et l'élévation de l'âme, ceux qui suivirent semblèrent parfois tentés par des fins plus matérielles: produire de l'or à partir de matériaux vulgaires, obtenir l'oreille des puissants par la promesse de savoirs inédits, prolonger vie et jeunesse...
L'ouvrage le plus fameux d'Hermès est la Table d'Emeraude. Si le nom voire le texte sont bien connus, la Table en elle-même a disparu de l'Histoire. Et son origine est laissée ambigüe. Par après, des comparaisons se sont faites avec le Graal, un fragment de la couronne du Porteur de Lumière. Mais ces liens, vers des mythes construits après le Trimégiste, paraissent d'autant moins crédibles.
Certains "disciples" du Trimégiste, selon les dires, arboraient un médaillon de pierre verte, pris dans une monture de bronze. Sur la monture, et la pierre, quelques caractères indistincts d'une langue inconnue étaient gravés. Fragment de la table d'origine, ou relique partageant un secret commun? Pour qui trouverait et saurait reconnaître le médaillon, cela pourrait être le début d'une longue recherche. Encore faudrait-il le reconnaître.

Ainsi cette jeune femme, occidentale, qui parcourt les étals de cette boutique de Mont-de-Piété à la recherche de quelque aubaine bon marché. Elle ne devine pas la valeur de ce pendentif qui ballotte doucement contre sa poitrine. Ce n'est pour qu'elle qu'un bijou acheté au Caire, il y a longtemps presque, dans une boutique d'antiquité qui ne payait pas de mine. Il ne s'agit certainement pas d'une émeraude, au vu de la taille et du petit montant échangé avec le boutiquier d'alors, passée une discussion agréable sur le passé de la cité. Plutôt une de ces pierres semi-précieuse comme la malachite. Pourquoi vérifier, après tout?
Et ainsi la cliente va, inconsciente de son trésor comme des regards d'un autre client qui l'instant d'avant prospectait de même quelques vieux livres laissés en gage et abandonnés ensuite pour cause d'infortune. Repartant à son studio, un petit achat qui vaut surtout pour ne pas rentrer bredouille, elle ne remarque pas davantage celui qui la suit à quelques mètres d'intervalle. Que ce soit lorsqu'elle entre dans son immeuble, qu'elle relève son courrier, puisqu'elle en monte l'escalier. Sur la boite postale, en alphabet latin, une étiquette fraîchement collée est lisible "Aude Haern".


Hata Hidesawa

Humain(e)

Re : Pour un petit pendentif vert [Hata Hidesawa]

Réponse 1 dimanche 20 septembre 2015, 00:30:48

Au creux de sa main, un anneau aux aspects antiques flottait curieusement en effectuant de nombreuses rotations variables. Ce magot, parmi tant d'autres, était une amulette que le souverain du mannequinat se faisait une joie d'étudier sous toutes les coutures. Au sein de ses activités insolites, la chasse aux artefacts figurait dans le top trois de sa liste. Grâce à ses experts chevronnés et les liaisons professionnels qu'il agençait quotidiennement dans sa fonction, l'homme avait l'immense privilège d'être prématurément au courant lorsque les outils qu’il souhaitait entraient sur le marché. L'argent qu'il déployait rentablement au sein de son entreprise servait également à s'enrichir de ces fameuses technologies extraterrestres aux capacités souvent astrales. Si Hata ne croyait en aucun dieu autre que lui-même, il savait néanmoins que de tels diamants bruts pouvaient lui offrir de sérieuses prérogatives à l'avenir. Sa collection en était présentement à son accouchement. Il n'avait pour lui qu'en tout et pour tout exclusivement réussi à dégoter que trois artefacts. S'il en connaissait les facultés extraordinaires, il ne parvenait pas toujours à les faire fonctionner sans l'appui de grands savants dans le domaine. La sorcellerie qui résidait en chacun de ces ustensiles réfléchissait la personnalité de l'individu, perpétuellement à la reconnaissance de la perfection. Tous les joyaux qu'il avait réussi à obtenir s'étaient fait de multiples manières, allant parfois jusqu'à la violence extrême pour s'en emparer à tout prix. Le riche célibataire ne se fixait aucune limite, car à partir du moment où il exigeait fortement quelque chose, il mettait toujours la main dessus. Il déposait les reliques dans un endroit très clos et protégé dont lui seul détenait toutes les clés pour s’y introduire. Il s'agissait d'un agencement délicat que même Hulk aurait été incapable de débrider malgré sa puissance phénoménale. Là où le génie du prodige avait fait surface, c'est qu'il les scellait par une mécanique particulièrement habile qui se manipulait avec prudence. À l'instar de ses prouesses tout au long de sa vie, on pouvait comparer ça à l'une de ses plus belles œuvres.

Tandis qu'il se disposait à quitter son bureau dans l'idée de partir pour un rendez-vous capital pour les affaires, le téléphone portable qui était sagement aménagé dans sa poche de jean arrière se mit à vibrer tout en interprétant sa sonnerie d'appel. Hata décrocha au bout de la troisième sonnerie.

« Que voulez-vous Jerry ? »
« Votre Majesté, nous avons localisé ce que vous cherchiez depuis des années ! La pierre éternelle ! »
« La légendaire Kilàdra... Où se situe-t-elle ? Vite ! »
« Je vous envoie tout de suite sa position par GPS. »
« Très bien. Bon boulot. »           


Il raccrocha instantanément puis rangea son cellulaire. Le rendez-vous allait malheureusement devoir attendre encore un peu. Depuis le temps qu'il s'impatientait de trouver cette relique datant de l'Égypte ancienne, l'homme n'aurait pu se priver de cette chasse pour rien au monde. En guise de fusil, l'homme se satisfit de la seule arme qu'il ne quittait jamais; son intelligence. L'unique matériel dont il avait réellement besoin, c'est d'une petite tablette tactile qui lui indiquait avec une précision sans faille où se trouvait son futur bien. Aussitôt emparé du strict nécessaire, il se dirigea ensuite vers son garage privé où de nombreux véhicules en tous genres étaient garés et  conservés avec le plus grand soin. Pour cette aventure qui se qualifiait d’ores et déjà comme étant palpitante, le bellâtre opta pour une moto de course particulièrement impérieuse et complexe dans sa construction. Nul doute que cette dernière avait subi quelques transformations. Ni une ni deux, il enfourcha sa bécane et fit vrombir le moteur. D'un léger mouvement du poignet, il démarra le monstre qui s'engloutit sans plus attendre sur la route. Quelques minutes après son départ, l'identité de la possesseuse était connu; Aude Haern. En l'ayant prit en filature en toute discrétion, il se trouvait désormais devant sa porte. Il frappa à trois reprises.


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