Nulle supplique, même geinte, ne suffisait à écorner la volonté d’une sorcière. Quand bien même celle-ci ne l’était pas. Marguerite était femme toutefois et, dès lors, il n’en fallut guère davantage pour qu’elle exerça sur son invité quelques délicieux maléfices dont la nature l’avait pourvue. Ni pieuse ni sainte, d’ailleurs peu disposée à le devenir en cette heure, l’hôtesse s’était cependant astreinte à un sacerdoce. Ce mal qui la travaillait à présent littéralement, au point qu’elle eut effectivement le diable au corps, elle l’exorciserait de ses onctions, celles-ci perlant par là où s’était engouffré le malin. Elle voulut, par ses prières qu’elle adjura les jambes serrées, le faire jouir pour qu’il trouva le repos ; un repos dont elle était avide de trop en avoir été privée.
Habile et sournoise, bien qu’apparemment complaisante si on s’arrêta à l’accueil qu’elle lui fit, Marguerite chercha à le perdre au plus tôt, que le sommeil lui vint ainsi plus promptement. Aussi, car elle connaissait l’esprit des hommes après qu’elle eut si bien éprouvé leurs chairs, la fougueuse fermière n’ignora pas que des encouragements suaves, lorsque les mots furent bien choisis et susurrés avec délicatesse, n’invitaient que mieux un amant à céder ; à se laisser dorloter sans coup férir afin que l’allégresse lui échappa plus volontiers des attributs. Quelques gémissements alanguis, quand ils s’éparpillaient modestement d’une bouche soupirante, ne rythmaient alors que mieux l’incantation suave qu’elle lui adressait.
Car c’en était une, d’incantation. En tout cas Eugene, dans ses déboires de perspicacité tordue, interpréta les délicates exhortations qu’on lui adressa comme des sortilèges. Qu’il sentit sa vigueur plus ardente chaque fois qu’elle lui suggéra quoi que ce soit à l’oreille, là encore, ne confirmait que mieux l’idée qu’il se fit d’elle, la tenant plus résolument pour sorcière.
N’eut-il pas eu cette lubie à l’esprit que, déjà, l’enchanteresse lui aurait facilement ravi le fond des bourses, émoustillé qu’il se trouva déjà de la connaître en ces recoins.
S’il la pénétrait après qu’elle l’eut égaré auprès de ses broussailles, c’était pourtant elle qui s’était infusée dans son corps et son esprit, peut-être même dans son âme, tant le partage de l’instant présent le troublait après qu’il fut en proie au joug d’une excitation légitime. Tandis que le sexe chaud qui l’accueillait se liquéfiait affectueusement afin de mieux accommoder sa venue, le désir qu’éprouva Eugene à la connaître si intimement lui échauffait davantage le bas ventre. Il n’aurait su mettre les mots sur cette sensation, car rien d’aussi grandiose ne trouvait de superlatif à sa mesure. Bien qu’il sentit son organe bien présent et vivace dans le corps chaud qui l’enveloppait, il sembla à Eugene qu’il se dissolvait presque dans les sucs doucereux au milieu desquels il baignait son vit. La sorcière lui dévorait l’esprit maintenant qu’elle le tenait captif contre elle.
En dépit de l’agrément que constitua son maléfice, Eugene, parmi les rares bribes de raison qu’il parvint à rassembler en cet instant de plaisir, crut qu’il devait à tout prix s’extraire de ce pot de miel bouillant. Pot de miel dont leurs corps mutuels ne contribuaient qu’à mieux enthousiasmer les délices qu’on y expérimentait à deux. Aussi prit-il le parti de se soustraire à l’étreinte des cuisses si solidement nouées autour de lui.
Ses mains en appui sur le matelas, campé sur elle et cherchant la force de lui échapper, Eugene effectua un ample et soudain mouvement de bassin afin de se retirer. L’effort lui arracha un souffle profond, un souffle plaintif précédant le râle lourd qui suivit lorsque, tenu par les gambettes, celui-ci en revînt brusquement à son point de départ. Ce seul mouvement avait suffi à amplifier le bonheur malsain qu’il avait à être accueilli dans cette délectable hôtesse. Affaibli de se sentir si vulnérable alors qu’elle le comblait si bien dans son abîme de femme, l’invité de la paysanne chercha encore à lui fausser compagnie, poussant sur ses mains et levant de nouveau ses fesses afin de ne plus être ceinturé de cette paire de douces et jolies cuisses.
Soucieuse sans doute qu’il ne put échapper à la jouissance qu’elle voulut désespérément lui arracher, Marguerite avait su le maintenir contre elle en dépit de ses tentatives de fuite. Elle tenait bon, en ravisseuse bien agrippée à lui par cet enlacement voluptueux. Son invité, alors qu’elle persistait à le convier de force, resta alors bien au chaud de l’avaloir mouillé.
Son convive ne démérita cependant pas dans ses efforts, jouant de ses reins et se démenant à la puissance de ses hanches afin de mieux se retirer d’elle, chaque fois ramené au bercail chaleureux duquel elle ne souhaita pas qu’il s’évade. À terme, après une dizaine de tentatives infructueuses, ces élans désespérés, à force qu’ils furent si souvent réitérés, mutèrent malgré eux en un coït franc, son épieu limant à présent le fourreau que la paysanne lui avait attribué. Eugene avait cherché à triompher d’elle par la force, la seule dont il fut permis de faire usage en ces circonstances. Mais à force de s’extraire pour la retrouver tout aussitôt, quelque chose en lui, sa nature de mâle sans doute, l’avait encouragé à perpétuer ces amples mouvements de bascule en usant du fessier comme le sommet à son pilon.
Dans un rythme plus ou moins soutenu, il la percutait à présent en usant de son ascendant sur elle. Les cuisses et la vulve dont il était l’heureux détenu se contractaient chaque fois qu’il lui retombait dans la fosse, celle-ci suintant davantage de si bien faire sa connaissance. Déjà, après une minute d’échecs réitérés à lui échapper, Eugene, perdu au milieu de ses sens désormais qu’ils lui animaient tant le corps, ne reculait plus le bassin à présent que pour le plaisir de la retrouver immédiatement. C’était à croire qu’il se laissait apprivoiser à mesure qu’il se familiarisait avec le coït plus ou moins énergique qui naissait ainsi entre eux.
- Tu… tu vas voir MmmPpf sorcière. Je… je me lai… haaa… laisserai pas faire. Jurait-il honteux, à présent qu’il lui labourait le sillon avec robustesse.
S’il ne put accéder à l’indignité d’une retraite, Eugene combattrait alors jusqu’à triompher d’elle, cherchant à lui arracher les cris venus lui signifier la délicate agonie de l’ensorceleuse. Face à la sorcière, il ne rendrait pas les armes. D’autant moins à présent qu’il prit autant de plaisir à l’affronter en ces termes.