Bon gré mal gré, Erika avait dû se faire à l'idée de faire redescendre ses hormones en furie et de patienter un peu avant de pouvoir l'ouvrir à nouveau. La charette pleine avait cahoté pendant la majeure partie du reste du jour, et Kyst les avait fait descendre plusieurs lieues plus loin, remerciant le bonhomme pour son service et reprenant la route avec sa passagère/prisonnière, usant de la laisse pour s'épargner toute prise au corps et pour répondre aux grognements qu'elle émettait de derrière son baillon par des tirées douloureuses sur le lien. Car ils devaient encore marcher un moment, hors des sentiers battus. Erika regretterait peut-être de s'être mise entièrement nue : ils allaient à travers bois et prairies le long d'un large cours d'eau, les caillous et les touffes sèches à terre coupant les pieds découverts et laissant de la terre et de la sève dans les plaies à vif. Avec ça, le trajet sembla bien long ; mais ils finirent par arriver à leur but.
Comme le soleil déclinait et qu'ils longeaient toujours l'eau à travers un bosquet, Lamnard se figea d'un coup. Erika n'avait rien entendu d'exceptionnel, mais en tant que combattante elle devinait qu'un signal discret venait d'être émis à son attention. Les militaires avaient toujours des codes plus ou moins élaborés pour s'assurer que tout allait bien. Pour sûr, celui qui avait émis la question codée connaissait Lamnard, son propre chef, mais était-il pris ou suivi ? Il ramassa trois cailloux à terre, en lança deux dans l'eau et un dans les fourrés. Il souriait, satisfait. Récemment, la négligence de son second sur la question du guet avait bien failli coûter la vie à tout le monde. Il avait bien retenu la leçon.
Ils marchèrent encore un petit moment, passant une courte zone dégagée avant de s'enfoncer dans un bosquet touffu. Les traces du passage d'autres personnes étaient détectables, mais très furtives. Il aurait fallu chercher et être bien formé pour les voir. Et, comme Erika devait maintenant s'y attendre, une fois le bouclier de feuillage passé, ils tombèrent sur une plage fluviale où s'affairaient plusieurs dizaines de personnes. Tiré au sec, un grand navire à fond plat et à proue draconique attendait d'accueillir les vivres chargés dans son ventre évasé pour reprendre les flots, direction l'amont cette fois. Lamnard brisa le silence qui devenait un peu pesant.
" Voici mon navire, Erika. Tu y passeras les prochains jours ; prisonnière, puisque tel était ton souhait. "
Sur ces quelques paroles, il grimpa une échelle de corde jusqu'au pont, se faisant suivre avec peine par la femme toujours entravée. A peine le pont touché, plusieurs personnes vinrent à sa rencontre. Ils parlèrent dans un langage obscur pour Erika, mais, aux regards noirs adressés envers elle, elle devinait de quoi il était question.
" Tu aurais aussi bien pu la tuer. C'est ce qu'on fait normalement, non ? " demanda un nain à l'allure sage mais pince-sans-rire en langue commune, pour qu'elle puisse bien comprendre ses paroles elle aussi.
" C'est ma décision, Olgiar. D'ailleurs, tu n'es peut-être pas le premier intéressé, mais je sais que certains trouvent le temps long depuis le dernier raid. "
Un autre fit une remarque sûrement scabreuse dans leur langue, et ils rirent ensemble avant qu'Erika soit emportée en laisse par un matelot, qui se rendit dans la cabine du capitaine, d'après la richesse peu usuelle des lieux, pour l'y attacher et la laisser, là, seule pendant un certain temps. Durant les heures qui passèrent, elle put entendre la terre gratter la coque et sentir le navire être à nouveau porté par les eaux. Il y eut du bruit, de la musique et beaucoup de discussions, qui résonnaient sourdement à travers le bois. Puis Lamnard regagna sa cabine, souriant et émêché, suivi par plusieurs individus masculins. Des humains, mais d'autres aussi. Dans la pénombre, elle avait du mal à les détailler malgré sa vue évoluée. Mais elle savait qu'ils la regardaient tous et qu'ils avaient tous bu et mangé en pensant à une seule chose.
" Le chef vient en dernier. Je vous laisse commencer. "
Et sur ces mots s'avança un homme athlétique, un barbu aux cheveux noirs et aux yeux verts qui, torse nu, révélait des origines plus nobles que celles de Lamnard tant par ses manières, que par ses mains agiles et la rareté des cicatrices sur son corps. Il avait l'air plus innocent que son chef, mais elle savait qu'il ne fallait pas s'y laisser berner. Elle reconnaissait le style de ce type, le genre de soudard sorti des rues autant grâce à son charme que par sa capacité à briser des bras et percer littéralement les coeurs des soupirants lésés. S'ils avaient été du même monde, ils auraient peut-être eu un passé très similaire elle et lui, et elle reconnaissait sans le voir le feu brûlant derrière ses yeux trop tranquilles.
Il ne lui donna pas tort. Il la gifla d'entrée de jeu, arrachant des rires à ses compagnons, et l'attrapa par les cheveux comme il sortait son sexe telle une lance pour la lui fourrer en bouche, enfonçant bien profond dans un ricanement sadique.
" La salope aime la souffrance ? Voyons si elle tient ses promesses alors. "
Derrière lui, les autres défaisaient leurs vêtements en fixant la scène. Elle en voyait peu à peu plus sur eux. Il y avait un noir de taille moyenne mais au sexe épais et long, qui longeait sa cuisse comme un serpent. Un autre humain encore, grand et de loin plus barraqué que les trois autres, était plus à craindre par la puissance de son corps que par la taille de son membre. Le nain était là, aussi, hésitant mais bien présent. A ses côtés, un terranide sauvage, mi-panthère, qui tenait plus de l'animal que de l'humanoïde et sortait un sexe rose et luisant de lubrifiant, secondé par un orc, peut-être le plus intimidant de tous sous toutes les coutures, qui se léchait les lèvres en anticipation.