Le palais d'ivoire / Re : Anachronique | PV |
« le: jeudi 23 juin 2016, 03:09:04 »Scydia savait qu'Elena lui avait assuré sa foi en elle pour la rassurer, la réconforter et lui faire comprendre qu'elle avait une considération certaine pour la relation qu'elles tissaient patiemment. De cela, la bretteuse ne doutait étrangement pas : la souveraine de Nexus était particulièrement honnête dans sa démarche envers elle. Il ne s'agissait pas d'une méthode insidieuse pour s'approprier sa force (à vrai dire, personne à part Ronald ne s'était intéressé à ses capacités martiales jusque là) ni d'une façon perverse de lui faire avouer le vrai en prêchant le faux. La petite reine était une personne en qui Scydia croyait, mais avait du mal à le lui signifier correctement. Elle craignait d'être perçue comme une arriviste voulant se rapprocher du pouvoir, comme elle redoutait que les proches d'Elena ne perçoivent sa proximité avec cette dernière comme une menace. Ainsi l'Anachronique oeuvrait-elle à observer depuis le début -et à contre-coeur- un léger détachement envers la dirigeante de Nexus. Et parfois, comme maintenant, ce vernis qu'elle s'imposait craquelait sous l'affection et l'envie -même si la blonde assumait mal cette notion, relativement nouvelle pour elle qui était si prude.
Elle sentit qu'Elena avait besoin d'une démonstration un peu plus personnelle d'attention et que sa réponse, toujours un peu évasive, pourrait blesser son interlocutrice. La bretteuse s'accorda un instant pour chercher ses mots, espérant qu'elle arriverait à trouver un équilibre.
- Je ne cherche pas ma place dans ce monde, Elena, puisque je l'ai déjà trouvée.
Levant une main délicate en caressant le dos de celle de la souveraine qui tenait toujours la sienne, Scydia sourit et apposa doucement un doigt au niveau du vallon qui séparait les deux monts de la poitrine d'Elena, désignant son coeur. Le geste remonta comme une caresse légère, frôlant la royale mâchoire puis la joue, avant de se poser en douceur contre sa tempe.
- Ne suis-je pas ici, et là ? Ce sont deux beaux écrins pour y passer une vie, je trouve. Elle hésita, puis déposa un baiser sur son front. Je suis venue jusque ici pour toi, pour rassurer les tiens à mon sujet et en apprendre plus quant aux intentions du Fléau à qui je dois cette résurrection. Ma place, celle que tu m'a offert dès le premier jour, n'est pour moi plus un sujet de doute.
D'un pas, Scydia se recula. Elle embrassa le dos de la main d'Elena et la lui rendit avant de lui ouvrir le chemin d'un mouvement de bras. Mieux valait que la souveraine ne reste pas trop en retrait du reste du navire ; il ne fallait pas laisser jaser quiconque alors que la position de la reine était déjà pour certains très discutable. Pour ce qui était de la sécurité, Scydia estimait que ce n'était pas un problème puisqu'elle était à ses côtés et que ce bon vieux Scar avait sûrement truffé le navire de différents dispositifs de sécurité.
- Retournons nous montrer sur le pont, ô ma reine. Sinon Ronald risque de faire une syncope. Et nous allons rater le repas, alors que Jarald m'a promis une salade de fruits noyée de jus !
Jarald le cuisinier était conquis par Scydia, dont la gourmandise la poussait à réclamer de nouveaux plats chaque jour, ce qui faisait le plus grand bonheur du marmiton qui trouvait là un prétexte parfait pour aller piocher dans les belles réserves que comptaient le navire. Ces deux là s'entendaient comme des larrons en foire et Scydia ne ratait aucun repas : on ne plaisantait pas avec la gastronomie, chez les ressuscitées plusieurs fois millénaires !