Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Anachronique | PV |

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Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 15 vendredi 23 mai 2014, 02:08:10

Tandis que Scydia était en train de s’habiller, Elena retourna au niveau inférieur de la pièce, en compagnie d’Adamante et de Nyzaël. Les deux magiciennes discutaient entre elles, et Elena apprit rapidement que Nyzaël avait placé des artefacts magiques dans ce sanctuaire.

« Seule une puissante magie peut ainsi réincarner une âme en lui redonnant exactement la même apparence qu’elle avait auparavant... Ainsi que ses souvenirs. Ce n’est pas naturel. »

Nyzaël était catégorique sur ce point. Il se passait quelque chose d’anormal, et elle n’arrivait pas à comprendre ce qui s’était passé. C’était pour ça qu’elle avait placé des artefacts magiques. Elle espérait qu’ils l’aideraient à comprendre ce qui avait eu lieu là-bas. D’autres choses la perturbaient toutefois... Comme cette confiance innée que la Reine semblait avoir en cette femme. Adamante lui avoua également être surprise. La Mélisaine ne pensait pas non plus que Scydia était une menace, mais, aller jusqu’à congédier Ronald comme ça... Ce n’était pas dans les habitudes de la Reine, ce qu’Elena savait. Malheureusement, si elle n’avait aucune information à dire à Scydia, elle n’en avait non plus aucune à fournir aux deux femmes. C’étaient elles les magiciennes, après tout, non ? C’était à elles de savoir lire dans les esprits, de découvrir ce qui n’allait pas chez elle !

La Haute-Elfe continuait à observer Elena, silencieuse, sourcils froncés, tandis qu’Adamante réfléchissait à la suite des évènements. Que faire d’une femme ayant plus de dix mille ans ? La mettre dans un musée ? L’envoyer à un hôpital ? Elle n’était pas malade, et elle était encore suffisamment valide pour savoir se battre. L’envoyer à l’académie ? Il était fort probable qu’elle trouve les amphithéâtres rébarbatifs. Adamante s’y était toujours ennuyée, même si elle avait été fastidieuse et assidue.

« Il faut organiser un voyage vers le Bosquet, trancha alors Nyzaël. Je ne suis sûre de rien, mais je pense que ce réveil doit être lié à... »

Nyzaël se tut quand Scydia se rapprocha. Les trois femmes tournèrent leurs têtes vers elle,  la voyant descendre le long de l’escalier en tirant sur son corset. Adamante hocha lentement la tête, comprenant où était le problème.

« Peut-être un peu court au niveau de la poitrine... »

Scydia se débattit avec le corset, avant de l’abandonner, restant avec une vue assez attirante sur son corset. C’était à se demander si Adamante ne l’avait pas fait exprès. Elle avait toujours été plus espiègle que la Reine, désespérément sérieuse. Scydia et elle semblaient faites pour s’entendre. En tout cas, cette tenue lui allait plutôt bien, mais Scydia avoua rapidement qu’il lui manquait quelque chose : une arme. Elle demanda alors, surprenant effectivement Adamante, une épée. Face à n’importe qui, Elena aurait refusé... Mais, si elle avait été normale, elle aurait, de base, laissé Ronald Langley mener son enquête.

Elena ne réfléchit pas trop longtemps, et hocha lentement la tête :

« Je suis malheureusement peu adroite dans l’art de porter des épées... Peut-être voudriez-vous choisir par vous-même ? Laissez-moi vous mener à la salle d’armes. »

Celle-là, même Adamante ne s’attendait pas à la voir venir.Sa bouche s’entrouvrit sous l’effet de la surprise, mais, alors qu’elle allait dire quelque chose, elle sentit quelque chose dans sa tête...Comme si des pensées intrusives venaient de s’immiscer dans sa boîte crânienne. Nyzaël lui envoyait un message télépathique.

*[MT] Laissez-là faire. [/MT]*

Adamante n’avait jamais remis en doute le jugement des Hauts-Elfes. Le peuple elfique avait toujours été extrêmement proche de la magie, et il suffisait, pour s’en convaincre, de voir, dans le tableau des honneurs de l’académie magique de Nexus, le nombre de dignitaires elfes qui avaient été félicités par l’université pour leurs apports à la magie.

« Je... Euh...
 -  Il n’est pas nécessaire de m’accompagner, Adamante. Si Scydia voulait me tuer, elle aurait pu me balancer du haut de cette terrasse, n’est-ce pas ? »

L’avait-on ensorcelé ? Adamante n’osait y croire, car elle surveillait continuellement la Reine, mais... Nyzaël hocha sèchement la tête, mettant fin à la conversation, et Adamante regarda Elena ouvrir la porte, puis inviter Scydia à la suivre. Elle laissa ainsi Adamante et Nyzaël seules, et Adamante planta alors son regard acéré dans celui de Nyzaël.

« Ne me dites pas que...
 -  Oh, vous avez compris ? Pour une espèce qui nous rabâche sans cesse sa réactivité, vous êtes plutôt lente à la détente, Adamante, la nargua Nyzaël.
 -  Épargnez-moi vos sarcasmes, c’est juste que... Tout ça est tellement incongrue.
 -  Et vous comprenez mieux maintenant pourquoi je souhaite revoir le Judicateur Althuis.
 -  Oui... Oui, effectivement. »

Il n’y avait effectivement aucune autre option possible.



Elena conduisit Scydia, non pas dans l’armurerie du fort (Scydia n’étant pas membre de la Garde Royale, elle n’aurait pas le droit de s’emparer des armes présentes), mais dans une autre pièce : la salle d’armes du Palais d’ivoire. Il s’agissait plus d’une sorte de galerie avec une collection impressionnante de pièces d’armes.

« Nexus est un peuple de marchands et de voyageurs. Ce sont mes ancêtres qui ont aidé à la diffusion de l’Ordre Immaculé sur la majorité du monde... Même si cette religion ne doit rien vous dire. Peu importe, nous aurons le temps de nous occuper de ça plus tard... Je pense que vous devriez trouver votre bonheur ici, mon père, d’après ce qu’on m’en a dit, avait personnellement répertorié cette collection, et en avait conclu qu’elle était... Grande. »

C’était une grande galerie avec un escalier à gauche et à droite, menant à des couloirs latéraux en surplomb, où on pouvait voir d’autres armes et armures. Elles étaient entreposées dans des armures, et certaines armes exposées dataient de nombreux millénaires.

« Chacune de ces pièces est restaurée intégralement. Cette collection privée vaut une petite fortune, et appartient exclusivement au patrimoine des Ivory. Cadeaux diplomatiques, achats personnels, reliques trouvées dans des forts... Nous les entreposons ici, et faisons appel aux meilleurs forgerons et enchanteurs de la ville pour les restaurer, les nettoyer, et veiller à ce que les enchantements ornant certains armes ne disparaissent pas. »

Le grand couloir était éclairé au fond par une immense fenêtre. Le couloir était haut de plafond, avec un énorme lustre à son sommet. Bien que toutes les vitrines fussent fermées, Elena disposait avec elle d’un passe permettant d’ouvrir toutes les serrures du Palais d’Ivoire... Y compris les vitres de cette galerie.

Elena espérait que Scydia trouverait quelque chose qui lui ferait plaisir, mais elle n’avait pas trop de doute là-dessus. Pour un guerrier, cet endroit devait être un véritable trésor.
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 16 vendredi 23 mai 2014, 11:00:07

- Je suis malheureusement peu adroite dans l’art de porter des épées... Peut-être voudriez-vous choisir par vous-même ? Laissez-moi vous mener à la salle d’armes.

- Je te suis, dans ce cas.


Scydia adressa à la jeune femme un sourire aimable, avant de regarder les deux autres protagonistes. Adamante semblait toujours aussi circonspecte, tandis que Nyzaël était plus détachée, moins sur la défensive. La craignait-on encore ? La guerrière eut la sensation que faire accepter sa présence par les proches d'Elena serait compliqué, quand bien même des dizaines de sages descendants Al'huïns assureraient qu'elle était qui elle prétendait, en plus de n'être en aucun cas un danger pour Nexus et sa souveraine. Mais, si Elena était aussi menacée qu'elle le prétendait, devait-elle se vexer qu'on soit aussi attentif aux nouveaux personnages qui entraient dans la sphère sociale de la dernière des Ivory ? La syrra'elheìn conclut bien évidemment que non et décida de montrer patte blanche afin d'aider à son intégration, si légère devait-elle être.

Elena congédia un peu sèchement Adamante alors qu'elle tentait visiblement de les accompagner et Scydia s'en trouva quelque peu gênée. La magicienne était assurément une personne très proche de la reine et la guerrière eut un instant l'impression d'être échangée avec une autre, comme un nouveau jouet dont on voudrait profiter pour s'assurer de sa qualité par rapport à l'ancien. Elle mordilla légèrement sa lèvre inférieure et leva vers Adamante un regard navré, hésitant même à s'excuser. Elena ne lui en laissa pas le temps et les deux nouvelles comparses se retrouvèrent bien vite dans les couloirs du palais, la couronnée ouvrant la marche.

L'improbable duo se retrouva donc à déambuler dans les artères du palais d'Ivoire, Scydia devant se fait régulièrement violence pour ne pas s'arrêter à l'une des fenêtres ou au détour d'une des galeries traversées pour s'émerveiller et poser nombre de questions. Elle resta silencieuse et tranquille tout au long de leurs pas, mais les servants et autres gardes qui croisaient la route des femmes devait trouver une source d'amusement dans le comportement de l'inconnue qui escortait la reine, inconnue qui ne cessait de donner des coups de tête ici et là en réprimant l'émerveillement et la curiosité qui se lisaient tant dans ses yeux que sur ses traits. C'était là un palais bien différent du seul qu'elle n'ait jamais connu, celui de Medhaar de la Vigne-d'Or, mais bien plus somptueux et plus grand. Tout lui semblait incroyablement nouveau et inédit. Si un seul endroit pouvait être aussi spectaculaire après 10 000 ans, que pouvait-il en être du reste du monde ? A quoi ressemblaient les hautes-plaines de Kadarch, les montagnes des Monts Immaculés ? Qu'était devenu Gyly'aldyn, la cité marchande que ses compagnons avaient tant appréciée ?
Ses questions furent interrompues par Elena, qui ouvrit une porte au terme de leur petite traversée, dévoilant à Scydia une nouvelle salle.

- Tu sais, j'ai vu plusieurs salles d'armes elfiques très complète et il en faudra beaucoup pour me sur... oh...

Ses yeux bleus embrassèrent difficilement tout l'ensemble de l'endroit tant son regard accrochait facilement un point d'intêret, peu important là où il se posait. Ici, un bouclier de superbe facture, là une côte de maille forgée dans un métal noire. Là encore une jolie dague étincelante et ici un gantelet magique ! Il y en avait absolument partout, la très complète collection s'étalant sur les murs et autres présentoirs et râteliers que comptait la galerie, qui s'élevait sur des petites mezzanines. Comme une enfant lâchée dans une échoppe de sucreries, la blondinette abandonna purement et simplement Elena pour aller s'exclamer devant la qualité de telle épée ou de telle masse d'arme, commentant et complimentant presque plus pour elle-même que pour Elena. Après un long moment passé ainsi, coupée du monde, Scydia s'arrêta devant une vitrine bien particulière, ses doigts graciles glissant sur le verre qui la séparait de l'ensemble de métal blanc qui semblait dormir paisiblement.

- Je portais une armure semblable lors de ma quête et de ma mo... de mon dernier combat. Aussi solide que de l'acier, mais presque aussi légère que du cuir. C'est du pur ouvrage al'huïn, forgé et ensorcelé pour des guerriers vifs et agiles.

Elena pouvait lire sur elle une nostalgie toute sentimentale, comme si Scydia avait évoqué une amie bien charnelle. L'armure qu'elle avait porté à son époque était devenue une seconde peau, une sorte de refuge protecteur. Voir cet ouvrage de combat derrière une vitre lui faisait comprendre, bien que ce n'était plus nécéssaire, que son temps était effectivement révolu. Devait-on elle aussi la placer dans une vitrine pour que les gens puissent la contempler comme une relique ?
La guerrière se détacha de sa contemplation et abandonna l'armure pour une autre vitrine, qu'elle désigna à Elena dans un sourire.

- Pourrai-je essayer celle-çi, s'il te plait ?

La guerre qu'elle avait livrée ne se prêtait pas à l'utilisation d'une épée à la lame aussi fine, eut égard à la violence des combats et à l'épaisseur des peaux et armures qu'il lui avait fallut traverser. Néanmoins, la légèreté des rapières était des plus adaptées à sa façon de combattre et à la sagacité de ses mouvements. Elle regarda un instant l'oeuvre meutrière puis, espiègle, elle alla vers le côté opposé de la pièce pour montrer une seconde arme derrière sa protection de verre et de bois poli.

- Si tu voulais bien sortir également cette arme là... Si tu n'es pas armée, je ne pourrais pas t'entraîner, pas vrai ? Elle adressa un large sourire à Elena. Toute souveraine et protégée que tu puisses être, tu es à la merci de la première lame pointée vers toi. Je compte bien faire en sorte que cela change ! C'est le seul cadeau que je puisse te faire en remerciement de ta confiance envers moi.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 17 vendredi 23 mai 2014, 21:52:13

Comme elle s’y attendait, Scydia fila le long de la galerie, et Elena la laissa faire. Elle la regardait faire, bras croisés, n’étant guère surprise. Cette galerie était très impressionnante, et les différents experts qui l’avaient analysé avaient déterminé qu’il y avait ici une véritable fortune. Certaines pièces, comme l’armure blanche que Scydia regarda, valaient plusieurs milliers de pièces d’or. Elle lui expliqua qu’elle avait porté une armure semblable, ce qui ne surprit pas beaucoup Elena. Les elfes avaient toujours su faire de belles armures, élégantes et compactes. Au niveau de leur performance, elles n’égalaient pas les armures naines, qui étaient résistantes, forgées dans le feu des volcans, mais elles présentaient un meilleur design, et étaient plus légères. Elena connaissait les différences. Comme tant d’autres choses, elle avait du se renseigner sur les armes et les armures en revenant à Nexus. La cité-État était en guerre, et la souveraine de la cité ne pouvait se permettre d’être une totale ignorante là-dedans. Elle se rappelait des soirées entières à passer dans son bureau, en lisant des manuscrits et des manuels proscrits par Sire Langley sur les armes.

Suivant Scydia, Elena la vit ensuite montrer une rapière, désirant la prendre. Hochant la tête, Elena s’avança, et ouvrit la vitrine avec sa clef. Elle lui indiqua de la prendre, et s’écarta prudemment. Elena s’attendait à la voir faire quelques moulinets, mais, au lieu de ça, elle sentit une lueur traverser son regard, et fronça les sourcils. Que lui préparait-elle ? Elle eut très rapidement la réponse à cette question quand elle traversa la pièce, désignant une autre rapière. Elena comprit où elle voulait en venir, et Scydia lui annonça donc qu’elle désirait l’entraîner.

« Oh... Messire Langley s’étranglerait s’il avait entendu cette proposition », sourit légèrement Elena.

Elle s’avança alors, et déverrouilla la vitre, puis attrapa délicatement la rapière. C’était une arme légère, ce qui lui convenait très bien. La Reine n’avait pas de gros muscles, et était incapable de porter de lourdes épées, comme les claymores. La rapière était plus souple, et elle s’écarta un peu de Scydia, afin de ne pas la blesser malencontreusement, et s’exerça, faisant quelques moulinets, coupant l’air en deux avec sa lame. Elle regarda Scydia, lame brandie vers le haut, en souriant.

« Messire Langley m’entraîne parfois… Quand nous avons un peu de temps. Malheureusement, nous n’avons pas de tenues pour nous battre. »

La Reine aurait pu s’en arrêter là, mais l’idée la tentait plutôt bien. Elle savait que ceci ferait aussi plaisir à Scydia, mais elle ne pouvait tout de même pas s’entraîner dans sa robe ! Fort heureusement, la jeune femme avait une idée.

« Voyez au fond de cette pièce... Il y a une porte qui file sur la gauche, et mène à une pièce qui est plus indiquée pour ce genre d’exercices.. Vous n’avez qu’à enfiler cette armure elfique, et j’enfilerais la mienne... »

Scydia pouvait se battre ainsi, mais Elena voulait lui faire ce cadeau... Lui rappeler qu’une pièce de musée n’était pas condamnée à rester derrière une vitrine. Comme elle l’avait dit, ces armes étaient entretenues, rafistolées, réparées, et nettoyées. Elena ne pourrait jamais enfiler une telle armure. Il lui faudrait prendre du muscle pour ça. Elle s’écroulerait sous le port d’une armure intégrale, mais elle avait sa propre armure... Plus fine, plus légère.

« Je vous retrouve là-bas... »

Scydia prendrait plus de temps qu’elle à enfiler l’armure elfique. Elena s’avança alors, sortant de son champ de vision, et passa par la porte. Elle donnait sur une salle d’escrime, avec des fenêtres dans un coin, donnant sur une cour intérieure. Elle posa la rapière sur une table, puis se défit de sa robe et de son corset, les entreposant dans un placard prévu à cet effet, et enfila ensuite son armure. Elle comprenait des gants blancs en cuir renforcés, une pièce de métal recouvrant son torse, des jambières, une épaulière... La première fois, il lui avait fallu un temps fou pour réussir à l’enfiler. Elle se fixa silencieusement dans un miroir.

« Hum... Ça me va plutôt bien... »

Elle avait aussi un casque, mais, dans l’absolu, elle préférait ne pas le mettre. Elle s’était déjà écorchée les oreilles, et, de fait, elle crevait de chaud sous ce scaphandre. Débarrassée de sa robe (ainsi que de son corset), elle se sentait un peu plus libre, différente. L’armure la collait, mais elle était légère. Elle récupéra la rapière, la contemplant, et s’entraîna à nouveau, tout en se rappelant les instructions de Langley. Il fallait faire attention à la position de ses jambes. Elena était loin d’être une guerrière aguerrie, et Ronald l’avait toujours battu sans jamais se forcer... Mais elle savait par quel bout tenir une épée. Elle savait parer, reculer, et attaquer... En somme, elle connaissait les grandes bases.

Son cœur était rempli d’allégresse. Pourquoi se sentait-elle si bien avec Scydia ? Encore une fois, cette question revenait la hanter. Il y avait définitivement quelque chose d’anormal là-dessous... Mais son petit doigt lui disait qu’Adamante et Nyzaël en savaient plus qu’elles n’osaient le dire. C’était des magiciennes, après tout, et si Nyzaël s’était sautée sur cette histoire sans attendre, c’est qu’elle devait avoir des pressentiments. En tout état de cause, Elena préférait laisser les spécialistes parler entre elles, et avoir leur rapport ensuite.

Elle, elle avait du pain sur la planche.
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 18 vendredi 23 mai 2014, 23:40:46

- Parce que tu penses que tu as toujours la possibilité de te changer avant un combat ? Peu importe ce qui te vêts : lorsque le temps est venu de défendre ta vie, rien n'a plus d'importance que la façon dont tu vas la préserver.

D'un élégant mouvement de poignet presque délicat, Scydia ponctua sa phrase en faisant jouer l'arme qu'elle commençait à peine à s'approprier. Ce simple geste témoignait d'une maîtrise presque fusionnelle avec la rapière que se main semblait avoir instinctivement épousée. Les arabesques que la pointe de l'épée décrivait dans l'air tandis que le poignet de la guerrière bougeait avec la fluidité de l'eau étaient incroyablement gracieuses, comme issues d'une danse des milliers de fois répétée. Scydia n'avait qu'un talent martial, celui de manier l'acier et de le sublimer dans son utilisation. Elle s'était affûtée au possible pour que la seule corde de son arc ne puisse jamais lui faire défaut. Et si sa technique devait un jour être surpassée, la syrra'elheìn n'en éprouverait que de la joie : elle se trouverait un nouveau cap à franchir, parfait prétexte pour s'adonner à un entraînement toujours plus draconien. Ce charmant anachronisme était une combattante dans l'âme, dont la sagesse passait par une voie martiale dont elle n'aurait jamais vraiment su dévier.

Malgré sa remarque précédente, elle acquièsa à la proposition de la souveraine et la laissa disparaître tandis qu'elle restait seule face à l'armure. Elle fit tomber ses vêtements comme un serpent l'aurait fait d'une simple mue encombrante et ne garda que le tissu nécessaire au port de l'ensemble de plaques d'acier. Avec la dextérité que l'habitude lui avait conférée, Scydia enfila l'armure elfique et se sentit enfin elle-même. Si renaissance il y avait bien, c'était en fait à l'instant où la dernière sangle fut harnachée qu'elle s'accomplit et la blonde se fit l'effet du phénix s'extirpant majestueusement de ses propres cendres. Attrapant la rapière et délaissant le casque qui complétait sa tenue de guerre, elle allat rejoindre Elena dans la salle.

Elle resta un moment silencieuse à regarder la jeune femme enchaîner les mouvements d'échauffement avant de se décider à se manifester, ses pas métalliques résonnant presque agréablement sur le bois poli. Tout en avançant vers Elena, la combattante fit elle aussi jouer l'arme qui complétait son bras et acheva lorsqu'elle se trouva à une distance raisonnable de la reine, c'est à dire à environ trois pas.
Du bout de son épée, elle pointa le ventre d'Elena.

- Ton si grand royaume manquerait-il  à ce point de métal pour que l'armure de la reine soit si découverte ? C'est très joli, c'est un fait. Mais il y a tant de failles dans cette prétendue carapace que je n'en vois pas l'utilité. De sa main libre, elle désigna sa propre plaque. La mienne comporte également des failles, comme n'importe quelle armure. Ne serait-ce qu'aux articulations. Mais elle est plus complète que la tienne et m'expose bien moins. Retiens bien cette leçon, Elena ! Même si tu ne pourras pas toujours porter une armure quand il te faudra saisir ton arme, fais en sorte que celle que tu enfileras te protégera. A la guerre, cela fera toujours la différence.

Un sourire amusé vint ponctuer la leçon de morale, tandis qu'elle adoptait une posture des plus simples. Droite comme un i, Scydia gardait ses jambes l'une contre l'autre et passa sa main libre derrière son dos. La rapière, elle, se retrouva la garde au niveau du visage de la syrra'elheìn avant de s'abaisser lentement pour se tendre en direction d'Elena.

- Je dois avouer que tu es moins novice que je ne le pensais. Ronald Langley doit être un bon précepteur ! Bien. Comme il est de coutume pour les disciples d'un Ylhim-far ald'huïn, tu vas devoir te livrer au Fala'aldore.

Il s'agissait là d'un vieux rite qu'elle avait elle-même dut passer lorsque Lothor avait choisi de lui enseigner la voie des armes. Le Fala'aldore était issu d'une croyance ald'huïn qui laissait entendre que le premier combat à l'épée d'un novice devait être le plus intense, le plus violent et le plus animal possible. Alors que la philosophie martiale ald'huïn était basée sur un self-control presque extrême qui devait permettre de garder en toutes circonstances le contrôle de soi, de la situation et du combat, le Fala'aldore était tout à l'opposé. Ce relâchement absolu du pratiquant devait lui permettre de libérer d'un coup toute sa frustration et sa colère pour la relâcher et ne plus jamais avoir à l'exprimer. C'était une libération, mais aussi un test pour le maître d'armes, l'Ylhim-far, qui devait être capable d'endurer les assauts sans fléchir.
Après avoir soupiré devant sa propre bêtise, Scydia se mit en devoir d'expliquer les mots qu'elle venait d'employer. Elle doutait qu'Elena puisse comprendre l'ald'huïn, qui était plus compliqué à maîtriser encore que le Haut-elfique dont il était la racine la plus profonde.

- Pardon... "Fala'aldore" signifie, approximativement, Abandon à la bête. Et Ylhim-far désigne le mentor, le maître-enseignant. C'est ainsi qu'un élève se présente à son professeur, si tu préfères. La chose est des plus simples, en vérité. Tu vas m'attaquer avec tout ce que tu as, absolument tout. Ta colère, ta peur, ton envie, ta frustration... Tout ce qui te pèse doit s'exprimer contre mon épée, jusqu'à ce que ton corps ne puisse plus te porter. Tu ne dois laisser t'entraver ni ta morale, ni ton respect, ni ton amour, ni même ton doute. Tu DOIS m'attaquer avec l'intention de me réduire en lambeaux. Et moi, je dois t'en empêcher. Je ne contre-attaquerais jamais, je ne ferais que me défendre jusqu'à ce que tu n'ai plus la force de lever ton épée. C'est la règle.

C'était peut-être une véritable épreuve pour Elena. Qu'allait elle penser de ce rite, des plus sacrés pour Scydia ? Dans l'esprit de l'Anachronisme, le Fala'aldore était pourtant un honneur pour elles deux. Pour Elena qui avait la possibilité de se faire former par un Ylhim-Far et pour Scydia qui voyait son talent considéré par un pair comme assez digne pour qu'il veuille qu'elle lui transmette. C'était, pour la combattante qu'elle était, un moment important. Mais ses mœurs n'étaient assurément pas celles de l'Ivory, qui semblait bien plus douce qu'elle. Alors, comme elle put, Scydia chercha à la motiver tout en la rassurant.

- Dis toi que le monde, autour de nous, ne tourne plus. Tu n'es plus reine, tu n'es qu'une petite fille aux parents assassinés et aux ennemis plus volatiles que de la brume mais plus meurtriers que la Peste. Les chaînes de la souveraineté et de la moralité ont volé en éclats. Si tu ne me fais pas face aujourd'hui, tu passeras tout le reste de ta vie à fuir. C'est ce que tu veux ?Elle pointa sa rapière entre les deux seins d'Elena, la repoussant légèrement en arrière en guise de provocation. Alors attaque moi, Elena Ivory ! Elle la poussa en arrière une nouvelle fois, un peu plus agressivement. Montre moi ce que la dernière des Ivory a dans le ventre ! Une nouvelle pulsion, encore. ATTAQUE  !

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 19 samedi 24 mai 2014, 12:00:50

En définitive, Elena finit par trouver un lien entre Scydia et Ronald : les deux étaient aussi rasoirs l’un que l’autre quand il s’agissait de parler d’armes. Scydia se moqua de son armure, mais ce n’était pas de sa faute. Elena savait très bien que cette armure légère avait des failles. Elle était censée protéger la plus grande partie de son corps contre des flèches ou des carreaux d’arbalètes. Sur un champ de bataille, il n’était nullement prévu qu’Elena se retrouve en première ligne. Si elle l’avait pu, elle aurait porter les lourdes armures de plates des chevaliers nexusiens, mais il lui fallait prendre de la masse musculaire. Cependant, Elena disposait également d’autres protections, qu’elle n’avait pas sorties pour l’entraînement. Elle disposait notamment d’un précieux gilet en mithril, une matière reconnue pour être l’une des plus résistantes du monde. Néanmoins, elle ne dit rien à Scydia. Elle se contentait de froncer les sourcils, tandis que cette dernière se mit à employer un jargon technique. Elena connaissait quelques rudiments de la langue elfique, mais ces mots lui étaient totalement inconnus, ce que son expression faciale dut très certainement traduire, car Scydia s’empressa de lui faire une traduction.

L’objectif de cet entraînement était de l’aider à réveiller sa colère, sa peur, son envie, sa frustration... Plus simplement, tout ce qui lui pesait sur le cœur. Elena restait silencieuse, peu convaincue du bien-fondé de cette technique. Il lui avait fallu des années pour éviter de sombrer dans une profonde dépression, mais Scydia semblait convaincue de sa méthode. Repenser à ses parents, cependant, n’était sans doute pas la meilleure chose à faire... D’autant plus qu’elle ne se souvenait pas d’eux, seulement de ce que les livres d’histoire en disaient, et de ce qu’on lui en avait dit. Scydia se mit à la repousser avec la pointe de sa rapière, avant de se mettre à l’insulter. Une « petite fille aux parents assassinés »... Dans le cœur d’Elena, il y eut comme un remous. Pas que ses parents... Son entière famille était morte. Du moins, c’est ce qu’elle aurait souhaité, car les membres survivants de sa famille ne méritaient pas de vivre. Le ton de Scydia montait, comme pour essayer de déclencher sa rage, et Elena reculait à chaque fois. Ses doigts tremblaient sur sa rapière, et les paroles de Scydia rebondirent dans l’esprit d’Elena, formant comme des échos. Adamante la serrant dans la nuit... Ronald entrechoquant son épée avec la sienne, renversant la Reine sous sa puissance... Elle s’ouvrant le genou lors d’une promenade côtière au monastère... Ses rêves, ses cauchemars, la colère dans les yeux de ses sujets, les affiches la décrivant comme une traînée de bas-étage en train de vendre l’héritage de ses parents, de le détruire, et de les trahir... Il n faisait pas bon de diriger un pays en des temps de crise. Tout vous retombait sur le dos. C’était injuste, mais c’était comme ça. Le monde aurait toujours besoin d’un bouc-émissaire pour faire porter le chapeau des échecs, une victime idéale. Elle entendait Ronald lui parler à nouveau, lui disant qu’elle était la fille de Liam Ivory, la fille du Lion de Nexus, celui qui avait réussi à repousser les Ashnardiens, celui qui avait défendu Altenberg en se tenant sur les remparts, son épée pourfendant les Ashnardiens, redonnant du baume au cœur des Nexusiens. Un homme qui n’avait jamais été là pour elle.

Sa main sur la poigne de sa rapière s’endurcit. Triste pour ses parents, une nation endeuillée par la perte de leur Roi bien-aimé, de leur Reine chérie. Un couple qui avait essayé d’abolir l’esclavage, de moderniser Nexus en supprimant les pratiques barbares qui gangrénaient la ville. Et maintenant ? Le corps de son père nourrissait les poissons et les algues, et elle ? Elle, qui s’en souciait ? Qui se souciait de la souffrance d’un bébé ayant perdu ses parents ? On ne cessait de la comparer à eux, pour que leur grandeur influe sur elle, mais, plus on lui en parlait, et plus Elena se sentait rapetissée. Qu’avait-elle fait, elle, à part des cauchemars à répétition et s’ouvrir un genou ? Aucun prêtre ne pleurait pour les survivants. Au contraire, on remerciait le Ciel qu’elle soit en vie, on louait le fait que son cœur continue à battre, que le sang continue à circuler dans ses veines. La mort de la dernière des Ivory... La dernière Survivante, l’héritière d’un trône déchu. Personne n’avait jamais été là pour elle.

*Où étaient-ils, quand j’ai eu besoin d’eux ?*

La dernière des Ivory leva sa rapière, et frappa celle de Scydia, en sentant des frissons la traverser. Toute sa vie n’avait été qu’une épreuve, une longue souffrance. Comme si un Dieu malveillant l’avait marqué de sa mauvaise étoile. Combien d’autres Elena potentiels avaient été tués avant qu’elle ne vienne au monde ? Combien de fœtus Nöly avait-elle perdu avant de finalement réussir à en avoir un qui ne soit pas empoisonnée ? La lignée des Ivory était maudite, et Elena était la dernière... À charge pour elle de reconstruire toute une dynastie, sans aucun mouchoir pour la soutenir.

*C’est INJUSTE !! Je n’ai jamais voulu ça, JAMAIS !!*

Elle frappait la lame de Scydia avec toute sa force, mais même la plus grande des rages ne pouvait augmenter la densité musculaire. Elle frappait fort, mais il n’y avait rien qui puisse ébranler Scydia. Ses joues rougissaient, ses yeux commençaient à s’imbiber. Les larmes pointaient. Au-delà de la rage, au-delà de la colère et de la frustration, Elena n’était rien de plus qu’une jeune femme qui avait perdu ses parents, qui leur en voulait de l’avoir abandonné, et qui n’était rien de plus qu’une petite fille désolée. Même Adamante... Ronald s’intéresserait-il autant à sa sécurité si elle n’était pas une Ivory ? Adamante la broderait-elle dans son lit si elle n’était pas une tête couronnée ?

La rapière glissa contre la lame de Scydia, les coups de la Reine faiblissant, perdant en intensité. Toute sa rage ne suffisait à masquer le vide béant dans son cœur, l’indicible souffrance qui la traversait, et qui affluait en elle.

« Je suis seule, marmonna-t-elle. Seule, seule, et entourée de prophéties... »

Elle tourna la tête, essayant de se retenir, mais on pouvait l’entendre sangloter. Elle secoua la tête, yeux baissés, fixant ses pieds, avant de regarder Scydia.

« Tu ignores dans quoi tu mets les pieds, Scydia... Si j’avais un tant soit peu de bon sens, j’abandonnerais cette couronne maudite, et je laisserais une âme damnée essayer de ressusciter un cadavre. Les gens comme moi et toi n’ont pas leur place dans ce monde. Seuls les individus cruels et retors remportent la partie, et je suis incapable de l’un comme de l’autre. »

Elle considéra silencieusement sa rapière.

« Pourquoi m’entraîner ? Mon père était l’un des plus grands guerriers qui soit... Et toute sa bravoure et son talent ne lui ont servis à rien... »

La Reine secoua à nouveau la tête, et pointa sa rapière vers Scydia.

« Qui voudrait de cet héritage ? Une couronne souillée par le sang et rongée par la corruption... Ce n’est pas de colère dont ce monde a besoin, Scydia, mais de cruauté... Et je suis incapable de te haïr, Scydia. Toute ma haine est déjà réservée pour ceux qui ont volé ma vie, qui ont essayé de me tuer avant même que je ne naisse. »

Elle pointait sa rapière devant la femme, et on pouvait lire une franche détermination dans son regard. Ceux qui lui avaient fait du mal, tôt ou tard, le paieraient chèrement. Au centuple.
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 20 samedi 24 mai 2014, 19:01:14

Elle hésitait, refusant de se laisser aller. Au départ du moins. La réserve qu'elle avait sûrement l'habitude de conserver était un vernis difficile à briser mais Scydia ne doutait pas d'y parvenir en la provoquant, en cherchant à la pousser à bout. Pauvre Elena... Ses traits se déformaient au fil de ses pensées et son visage témoignait des errements de ses sentiments. Que pouvait-il bien se passer dans l'esprit de cette jeune femme ? Scydia était bien incapable de lire ses pensées et ne connaissait d'elle que ce qu'elle avait apprit depuis leur rencontre, quelques heures seulement auparavant. Toutefois, elle savait reconnaître une âme chagrinée et un esprit tourmenté. Elena n'était pas compliquée à énerver un peu, si on l'observait au fil de la discussion.
Et finalement, elle parvint à la faire s'enflammer. La souveraine délivra le premier coup, aisément paré par la guerrière qui ne la quittait pas du regard. Ainsi préparée, Scydia leva sa garde et acceuillit les assauts de son apprentie plus ou moins consentante avec facilité. Les chocs métalliques gagnaient en hargne à mesure que le visage de la reine se fermait.

Elena n'était pas vraiment redoutable. Scydia n'en fut pas étonnée, bien qu'elle ne jugea nullement la dernière des Ivory. Leurs rapières s'embrassaient sèchement et les yeux de Scydia ne pouvaient que voir le chagrin qui chargeait à chaque seconde passée le regard d'Elena. Son esprit travaillait, son corps réagissait et exprimait par le biais de son épée le fouillis des pensées qui fusaient sous la tête brune de la jolie petite couronnée. Pourtant, l'espace d'un court moment, les attaques d'Ivory se montrèrent plus insistantes et hargneuses, poussant Scydia à se montrée plus disciplinée quant à ses propres mouvements. Mais cela ne dura pas et ce pic d'agressivité perdit en intensité jusqu'à ce qu'ils ne finissent par cesser, laissant une Elena sanglotante baisser les bras devant la syrra'elheìn qui persistait dans son mutisme. Voilà qu'elle s'apitoyait sur son sort, maugréant et arguant que, grosso-modo, elle était d'ors et déjà vaincue.

Elle la laissa parler sans rien dire, l'observant de son regard d'aigle. Cette enfant était pleine de colère, à n'en pas douter. C'est un magma qui bouillonnait en elle sans jamais arriver à exploser pour de bon, se contentant parfois de couler à l'extérieur par le biais de petites failles bien vite refermées. Juste ce qui pouvait suffir à réduire la pression pour éviter le pire. Mais le pire n'aurait-il pas été en fait le mieux ? Scydia était intimement persuadée que c'était ce dont Elena avait besoin. D'après le Sabre Véloce, la souveraine était dans l'erreur et empruntait une voie qui pourrait bien la conduire à un échec des plus cuisants.

- Tu te trompes, petite fille. Ceux qui remportent la partie sont ceux qui savent endurer, résister. Encaisser. Se relever jusqu'à ce qu'enfin, ils puissent embrasser la déesse de la victoire. Je pense qu'être parvenue à passer outre la perte de ta famille est une preuve de la force de ta volonté. La mort, c'est toujours plus dur pour ceux qui restent. Tu peux me croire.

Scydia n'oubliait rien. Comme si c'était hier, elle revoyait chacun de ses compagnons tomber sous les coups du Fléau, se forçant à ne pas s'arrêter pour les pleurer ou foncer à leur chevet. Le combat et l'impérative victoire avaient dut être ses seuls points de focalisation. Ils étaient morts et quand le glas avait retenti pour elle, la syrra'elheìn n'en avait éprouvé que du soulagement. Sa résurrection récente lui avait fait aussi réaliser qu'à présent, elle avait le temps de pleurer tout ce qu'elle avait perdu, tout ce qu'elle avait raté et qui jamais ne reviendrait. La jeune femme se sentait proche d'Elena pour cette raison et croyait sincèrement que la nexusienne avait une très puissante force de caractère. Ce qu'elle avait dut vivre jusque là n'avait certainement pas été aisé à surmonter et en cela, elle respectait la souveraine.

- Pourquoi te comparer à ton père ? Tu ne dois pas avoir un modèle à imiter, Elena. Tu dois avoir un modèle à dépasser. Aussi grands qu'aient put être les rois et reines t'ayant précédée, tu te dois d'être meilleure qu'eux. Voilà ce dont ton ère à besoin, petite fille : d'une souveraine qui rayonnerait au-dessus des ténèbres. Aussi irréalisable que cela puisse te sembler, oui.

Elle lui souri avec une douceur palpable et le rayon de lumière qui caressa sa silhouette cintrée d'argent lui donna, l'espace d'un infime instant, l'apparence d'une madone. L'image s'évanouit aussi rapidement qu'elle s'était formée et sa lame de sa rapière alla rencontrer celle d'Elena, les corps métalliques glissant lentement l'un contre l'autre tandis que Scydia se rapprochait de sa partenaire jusqu'à lui faire face d'un souffle, séparées l'une de l'autre par les aciers croisés.

- Tu as raison. Je ne voudrais pas d'une telle couronne. Néanmoins, si j'étais reine, je prendrais la chose autrement. Si mon héritage était sali et usé, je m'en débarrasserai. Mais je ferais en sorte que celui que je laisserai derrière moi soit, lui, resplendissant. Ce n'est pas tant le passé que l'on doit chérir, Elena. C'est le futur qu'on doit préparer. Quand tu ne seras plus que cendres, il ne restera que ton nom et tes actes. Fais en sorte qu'ils puissent résonner dans l'éternité.

Écartant légèrement les lames, Scydia approcha la tête de celle d'Elena. D'un petit coup sec, elle cogna son front contre le sien en un signe de complicité quasi-fraternelle. Elle offrit à la nexusienne un sourire espiègle avant de s'écarter d'elle d'un pas souple.

- Et, pour ta gouverne, le plus grand des guerriers qui soit se tient devant toi ! Enfin, par respect pour ton père, disons que je suis simplement la plus rapide. D'un mouvement de menton, elle désigna l'arme d'Elena. Ne t'en fais pas pour ça, petite fille. Dès que tes ennemis se montreront, tu n'auras qu'à dégainer le Sabre Véloce.

Pourquoi pas ? Lui proposer sa lame lui semblait une chose des plus naturelles. Elena avait besoin de soutien et Scydia la trouvait assez digne pour qu'elle accepte de lui apporter le sien. Peut-être qu'Elena n'avait pas besoin d'une énième guerrière, elle qui commandait les troupes militaires de Nexus. Un conseiller aurait possiblement été un choix plus cohérent, ou quelqu'un qui aurait sut porter haut la jeune reine égarée. Toutefois, Elena pourrait compter sur la syrra'elheìn. Scydia était d'une fidélité extrême en amitié et son devoir était une chose sacrée. Jamais elle ne la trahirait, jamais elle ne la laisserait tomber. La chute, qu'elle fut symbolique ou littérale, Scydia ferait à présent tout ce qui serait en son pouvoir pour l'éviter.
Au-delà de ça, pourtant, la combattante sentait poindre une affection sincère pour la dirigeante politique. Comme si quelque chose la poussait à la protéger, à rester auprès d'elle. Ceci expliquait peut-être le fait qu'elle se sente l'envie de la soutenir, de lui prêter le bras aussi naturellement.

- Nous devrions peut-être rejoindre messire Langley ou tes deux conseillères. On va s'inquiéter pour toi... A moins que tu ne veuilles pratiquer encore un peu ?

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 21 dimanche 25 mai 2014, 02:14:44

Dépasser son père...Scydia se rendait-elle seulement compte de toute la difficulté qu’il y avait à faire ça ? Tous les historiens s’accordaient déjà pour dire que Liam Ivory avait été l’un des plus grands Rois dans la longue dynastie des Ivory. Un Roi guerrier, qui avait su protéger efficacement Nexus des Ashnardiens. Un Roi diplomate, qui avait su renforcer ses alliances avec les Îles Mélisi, par le biais de sa femme, Nöly, ainsi que divers alliances économiques, notamment avec Tekhos, dans le but d’isoler Ashnard de l’échiquier politique. Un Roi qui avait tenté de réformer en profondeur la société de Nexus, et qui avait contribué à accroître l’influence de la justice royale, du droit nexusien. Il avait confirmé le rôle pionnier et très avancé de Nexus dans le monde du droit, qui faisait de Nexus un arbitre fréquemment utilisé pour résoudre les litiges internationaux qui opposaient États et sociétés multinationales. L’Ordre Immaculé aurait même envisagé de le canoniser si son corps avait été retrouvé ! Et elle devait dépasser ça ?! Son héritage était trop lourd à porter pour ses maigres épaules.

Leurs lames se croisèrent à nouveau, Scydia se rapprochant à nouveau d’elle, jusqu’à ce que leurs fronts ne disent rien. Cette fois, c’était au tour d’Elena d’écouter. Si quelqu’un d’autre lui aurait fait de tels conseils, elle les aurait repoussés en vrac, en pensant avoir affaire à une personne qui, soit ne comprenait pas dans quelle situation la Reine se trouvait, soit se permettait de faire preuve de conseils de bonnes intentions, mais creux et peu pratiques. Le cœur d’Elena s’était endurci sous les critiques et les injures dont elle faisait l’objet, les quolibets et les sarcasmes de la part de ses paysans. Venant de Scydia, tout était différent. Sona vis lui importait, et, en un sens, Elena pensait s’assimiler à elle. Elles étaient deux naufragées, n’ayant pas réellement de famille. La première s’était perdue dans les couloirs du temps. La seconde était perdue dans une ville qui ne voulait pas d’elle, et la voyait comme un mal nécessaire. La révolte grondait dans la glorieuse Nexus, et les deux femmes, en cet instant, alors que leurs fronts se touchaient et que leurs regards se croisaient, restaient sur la même longueur d’onde : deux femmes perdues, conscientes qu’elles devaient agir dans un monde qu’elles ne comprenaient pas, dans un monde où les règles avaient évolué. Dans ce nouveau monde, la frontière n’était plus facilement identifiable, et l’ennemi ne se résumait plus à une entité politique bien déterminée. Il outrepassait les frontières, il était partout, et nulle part à la fois. Il était un visage protéiforme, il avait des facettes multiples, des silhouettes variées, et il était invisible. N’était-ce pas là ce qu’on disait du Diable ? Sa plus grande force, son plus grand exploit, c’était de faire croire qu’il n’existait pas. Il en allait de même pour ceux qui avaient massacré sa famille, pour ceux qui agissaient dans l’ombre. Leur plus grande force était de faire croire qu’ils n’existaient pas, mais Elena, elle, savait qu’ils existaient... Et qu’ils étaient puissants.

Scydia termina de la réconforter en lui assurant qu’elle serait désormais un bon garde du corps. Elena sourit, et réalisa alors une chose étonnante... Curieusement, elle n’avait jamais envisagé les choses sous un autre angle. Instinctivement, elle sentait que Scydia serait restée prêt d’elle. Tout simplement, elle ne la voyait pas ailleurs ! Cette perspective la frappa alors que Scydia lui annonça vouloir la servir, et les yeux d’Elena s’écarquillèrent brièvement, sous l’effet de la surprise, lorsqu’elle prit conscience de ce fait. Qui que ce soit réellement cette femme, elle faisait maintenant partie de son destin. Elena ne savait plus quoi dire, et, comme si Scydia prenait conscience du silence qui s’installait, elle proposa alors de retourner voir les autres membres du Palais. Elena hocha lentement la tête, papillonnant des yeux, en retrouvant peu à peu ses marques.

« Je... Oui, Scydia, tu... Tu as raison. »

Elena retourna dans la salle d’armes, et remit les rapières.

« Il va falloir ranger nos armures respectives... Je pourrais te donner celle que tu portes, Scydia, je pense qu’elle ira mieux sur toi que dans une pièce de musée. C’est ce que mon père voulait. Sire Langley me disait qu’il aimait à se dire que les armes et les armures rouillaient principalement quand on les entreposait ainsi. Il aurait aimé que cette armure soit portée par une femme talentueuse, et je pense qu’elle est faite pour vous. »

La Reine le pensait sincèrement, mais elle préférait éviter que les autres revoient Scydia avec une armure. En revanche, si elle rangea sa rapière, elle laissa à Scydia l’autre. Elle se souvenait qu’elles étaient venues pour ça, initialement. La Reine retourna ensuite s’habiller, défaisant son armure, remettant sa robe. Elle n’avait pas envie de voir spécialement Langley, et préféra donc retourner dans le salon où se trouvaient Adamante et Nyzaël.

En chemin, elle s’adressa à nouveau à Scydia, sur un ton légèrement humoristique.

« Sache que je prendrais ma revanche, Scydia... Si tu veux être proche de moi, il va falloir que je te renseigne sur l’actuelle Terra. En dix mille ans, le monde a tout de même évolué. »

Elles retournèrent ensuite dans le salon... Et Elena constata qu’il n’y avait plus qu’Adamante. La magicienne les salua, et nota les traces de sueur sur le visage d’Elena.

« Hum... Vous avez mis le temps pour trouver une épée. »

Son ton légèrement suspicieux s’accompagna d’une lueur amusée dans les yeux. Elena haussa les épaules.

« Où est Nyzaël ?
 -  Elle est partie se renseigner sur ce sanctuaire… Ainsi que sur l’hypothèse d’un voyage vers le Bosquet des Hauts-Elfes. »

Elena hocha lentement la tête... Dans le fond, ça ne la surprenait pas.

« Avez-vous déjà eu l’occasion de voir le Bosquet, Scydia ? L’arbre-cœur des elfes existe depuis de nombreux millénaires... Depuis la formation du monde, même, d’après ce qu’ils en disent. »
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 22 dimanche 25 mai 2014, 18:12:04

- Je n'ai pas envie de porter d'armure. Pas pour le moment, du moins. Cette époque n'est pas en guerre, laisse moi en profiter !

Gardant la rapière en main sous l'autorisation tacite d'Elena de le faire, Scydia l'abandonna et retourna vers la galerie après un clin d'oeil affiché à la souveraine pour aller abandonner l'armure pour la reposer sur son portant pièce après pièce, ré-enfilant ses vêtements de tissu et de cuir avant de refermer la vitrine sur la peau de métal argenté, la regardant un moment avec une légère pointe de nostalgie. D'un côté, la guerrière était des plus heureuses de ne pas être une des pièces de ce petit musée, une arme qu'on serait venu briquer de temps à autre pour lui éviter la poussière tout en oubliant quelle avait put être sa vie passée. Personne -à part peut-être cette Nyzaël, et encore- ne semblait savoir qui elle était ou ce qu'elle avait fait, mais Scydia ne s'en sentait pas frustrée. Son traitement aurait été sûrement bien différent si la grande Histoire avait retenu chaque ligne de son existence alors que là, on la considérait d'une façon plus naturelle, d'une façon qui lui convenait diablement plus. Elle qui ne voyait en Elena que la jeune femme et non pas la souveraine était vue pour l'être humain qu'elle était et non pas comme la légende qu'elle aurait dût être. C'était parfait pour ce personnage simple, qui avait conscience que son nom ou ses actions ne comptaient plus pour le monde depuis de très nombreux éons.

Après être parvenue à mettre la main sur un ceinturon armé et un fourreau pour la rapière en fouillant un peu, la syrra'elheìn allat retrouver Elena qui avait elle aussi terminé de s'habiller et qui lui assura qu'elle prendrait sa revanche. Le Sabre Véloce s'en amusa d'un léger rire.

- Oh, vraiment ? Alors la prochaine fois, je n'oublierais pas de contre-attaquer, pour que tu ne remportes pas trop facilement la victoire ! Elle lui appuya sur la joue du bout du doigt. Tu me diras ce qu'il y a à savoir, je découvrirais le reste.

Leurs pas les menèrent au salon qu'elles avaient précédémment quitté et Adamante s'avéra présente. Scydia lui rendit son salut mais occulta toute réponse au sous-entendu quant au temps écoulé... Pour la bonne et simple raison qu'elle ne fut pas certaine d'en saisir le sens caché. La guerrière était toujours assez malhabile sur certaines questions et avait prit pour habitude de ne pas relever ce qui lui semblait un peu tendancieux. Tekha, seule autre femme de son groupe et accessoirement demoiselle assez libertine, avait bien entreprit de former Scydia à certains arts mais la blonde ne s'était montrée que peu réceptive. Elle n'avait cédé aux avances de Tekha qu'une seule et unique fois et n'en retirait pas vraiment une passion. Le sexe et son univers étaient obscurs pour la combattante et sa vivacité d'esprit ne couvrait pas les légèretés sensuelles et sexuelles. Qui sait si ça ne finirait pas par venir un jour ?

Elle n'intervint que lorsque Adamante s'adressa directement à elle à propos d'un Bosque déjà évoqué, que la magicienne désigna comme étant l'Arbre-Coeur. Scydia réfléchit un instant, avant de penser à traduire l'expression en al'huïn. Lorsque cela fut fait, elle hocha la tête.

- Oui, bien sûr. J'imagine que vous parlez de ce que nous appellions le Syl'himgaard ? Je n'y ai jamais été personnellement, cela devait se faire après notre hypothétique victoire durant la guerre des âges. C'était le point névralgique de la culture et la civilisation al'huïn, pour ce que j'en sais.

Lothor, quand il avait prit en main son apprentissage, lui avait souvent parlé du Bosquet. Il n'en était nullement natif mais l'avait visité quelque fois en compagnie de ses parents puis du prince auquel il était entré au service. Si le maître d'arme avait voulu y mener celle qu'il considérait comme sa fille, cela n'avait jamais été motivé que par l'envie très personnelle de lui faire découvrir un haut lieu de la culture de son peuple, que Scydia aimait tant. Mais la guerrière avait eu, à une époque, une visite un peu plus protocolaire de programmée, comme elle allait le révéler à Adamante.

- Je devais m'y rendre pour que le clergé solaire puisse statuer sur mon sort. Certains sages estimaient que je ne pouvais pas être une véritable syrra'elheìn, parce que purement humaine. Ils remettaient en cause le jugement de la prêtresse du soleil qui avait jugé que j'étais bel et bien une élue de la Déesse. Elle soupira. Mon départ pour la guerre a reporté ce voyage. De façon plus intime, l'un des rêves de mon mentor était de me faire découvrir ce qu'il considérait être le joyau elfique de Terra.

Le Clergé Solaire. Un mauvais souvenir pour Scydia, bien qu'elle n'ait jamais affaire à lui qu'indirectement. Cette assemblée religieuse était formée des personnages considérés comme étant les plus proches de l'astre du jour qui symbolisait la Déesse-mère au centre des cultes al'huïn. Très influent dans le monde d'alors, le Clergé avait décrété que la foi plus que la guerre du roi Medhaar sauverait Terra du Fléau. De ce que la guerrière avait apprit, les sages avaient fustigé Medhaar de l'avoir acceptée en tant que syrra'elheìn, tout aussi pétrie de culture elfique que Scydia pouvait l'être. Elle en vint à se demander ce qui avait été établi sur son compte après sa victoire sur le Fléau, mais se douta bien que ni Elena ni Adamante ne pourraient lui apporter un élément de réponse. Plutôt que de s’appesantir sur le sujet, la guerrière choisi un autre angle.

- Soit vous doutez encore de mon identité, soit vous avez une autre raison en rapport avec moi de vouloir partir pour Syl'himgaard. Puis-je savoir de quoi il retourne, je vous prie ?

Son ton n'avait été ni impératif ni menaçant. Elle était juste curieuse mais ne semblait pas perturbée par l'idée d'aller vers le Bosquet. Ca n'était jamais qu'un rêve d'enfant qui se réaliserait si on l'emmenait vers l'Arbre-Coeur, quand bien même cela aurait été pour la conspuer.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 23 lundi 26 mai 2014, 02:25:17

Syl’himgaard... Elena, maintenant qu’elle y repensait, avait peut-être du entendre Nyzaël appeler le Bosquet ainsi deux ou trois fois. Même les elfes avaient pris l’habitude de désigner leur arbre légendaire par cette appellation. On disait que le Bosquet était vieux comme le monde, un héritage des temps anciens, où on trouvait de tels arbres gigantesques. Il avait survécu à l’évolution du temps, à l’écoulement des millénaires, et se dressait fièrement, nourrissant le monde par ses branches, et étant lui-même nourri du monde par ses racines. Il était ainsi l’idéal elfique absolu, leur symbole de communion et d’harmonie avec la Nature. C’était le refuge des Hauts-Elfes depuis des millénaires. À chaque guerre que les Hauts-Elfes avaient connus, à chaque fois que els Drows les avaient affronté, en envoyant sur eux des cohortes de Trolls et d’Orcs, le Bosquet avait été tenu. Il avait été assiégé une fois par une armada de pirates, et la bataille avait fait rage sur le lac, mais le Bosquet avait tenu. On l’appelait ainsi, non pas en référence à l’immense arbre, mais à l’incroyable diversité écologique qui y régnait, tant du point de vue de sa faune ou de sa flore. C’était un endroit magique, féérique, que tout touriste venant à Nexus rêvait de voir un jour. Même Tekhos et toute sa technologie n’avaient pu égaler la beauté transcendante de l’Arbre-Cœur. Scydia en avait entendu parler, de la part de son père, ainsi que de la part du Clergé Solaire.

Les elfes, naturellement, avaient leur propre religion, et vénéraient plusieurs Dieux, le principal étant une femme, la Déesse-mère, assimilable, de ce qu’Elena en avait compris, à une sorte de Gaïa elfique. Le Judicateur lui en avait parlé, en disant qu’Elena était l’élue de cette Déesse. Si ce que Scydia était vrai, si elle était aussi l’élue de cette Déesse, alors... Non, c’était ridicule. Elena avait bien du mal à croire aux prophéties, mais, pourtant... Les Judicateurs n’étaient pas n’importe qui. Ils étaient de hauts-mages, réputés et craints dans le monde entier, en communion avec la nature. On disait que le Bosquet tenait sa puissance d’une réserve très importante de gisements magiques sous le lac, ses racines s’enfonçant directement dans ce mana cristallisé. Les Judicateurs prétendaient ainsi être en connexion avec l’esprit de la Nature, être en lien direct avec l’Harmonie et la Déesse-mère, ce qui offrait une base se voulant cohérente à certaines de leurs prédictions. Quand ils disaient que Terra pleurait, c’est qu’elle pleurait. Elle avait pleuré quand la Fourmilière s’était écrasée sur son sol, car les Formiens grignotaient Terra, se nourrissant de son énergie pour se nourrir eux-mêmes. Scydia leur avoua n’avoir jamais encore eu l’occasion de voir le Bosquet.

Quoiqu’il en soit, les deux femmes auraient grand tort de prendre Scydia pour une idiote. Le Bosquet n’était pas non plus la porte à côté. Pour le rejoindre, il fallait remonter un fleuve en amont de Nexus. C’était un voyage qui durait bien une bonne semaine, et, même s’il n’était pas dangereux, puisque les navires n’avaient pas à s’éloigner des côtes, et restaient donc sous la vigilance et la surveillance des forts maritimes, il était tout de même assez long.

« Soit vous doutez encore de mon identité, soit vous avez une autre raison en rapport avec moi de vouloir partir pour Syl'himgaard. Puis-je savoir de quoi il retourne, je vous prie ? » s’enquit Scydia.

Adamante regarda brièvement Elena, et cette dernière hocha lentement la tête.

« C’est... C’est une longue histoire, Scydia. Il y a plusieurs raisons nécessitant ce voyage. La plus simple à comprendre, c’est que Nyzaël souhaite se renseigner sur vous auprès des archives de l’Arbre, afin de savoir si votre résurrection avait été prédit ou non...
 -  L’autre raison, et qui est la corollaire de la précédente, poursuivit Elena, c’est que nous pensons que la sympathie naturelle que je semble vous porter n’est pas le fruit d’un hasard, mais pourrait signifier qu’il existe entre nous un lien. »

Elena s’était légèrement déplacée, pour se placer à côté de Scydia.

« Le terme humain que nous utilisons pour désigner vos magiciens est ‘‘Judicateur’’. Je vous ai dit, tout à l’heure, qu’on voulait me tuer avant même que je ne naisse au monde, n’est-ce pas ? Ce n’était pas une image, ou une métaphore. »

Le ton de la Reine, tout comme son regard, s’étaient légèrement durcis. Elle n’avait raconté l’intégralité de cette histoire qu’à quelques personnes, incluant Jamiël et Sire Ronald Langley, même si elle avait hésité pour le second.

« Un personnel proche de mes parents empoisonnait sciemment ma mère à chaque fois qu’elle était enceinte pour tuer les fœtus. C’était un poison efficace, et seule l’expertise des Judicateurs en la matière a permis de le déceler. Ce poison incluait de nombreux éléments alchimiques variés, mais la base du poison, son cœur, était une goutte de sang... Une goutte appartenant à une créature terrifiante, qui fut un jour Empereur d’Ashnard... Même si ce nom ne doit pas vous dire grand-chose. On l’appelle le Roi Cramoisi, et, d’après les Hauts-Elfes, cette créature serait derrière la mort de mes parents, et derrière bien d’autres choses tout aussi sinistres. Il aurait voulu me supprimer, car j’aurais le pouvoir de le supprimer pour de bon... En réunissant des personnes. C’est mon don, Scydia. Nyzaël est là pour m’entraîner, pour que je perfectionne ce don, afin de repérer des personnes qui m’aideraient dans cette quête. Il y en aurait treize, et Adamante serait la première des treize...
 -  Et nous pensons que vous en êtes une autre », acheva Adamante.

Dit comme ça, Elena avait l’impression qu’elles devaient ressembler à deux espèces d’illuminées racontant une histoire à dormir debout.
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 24 lundi 26 mai 2014, 13:45:52

- Ma résurrection était prévue depuis ma mort. Le Fléau m'avait avertie en me tuant et je ne suis pas assez stupide au point de penser qu'il n'est pour rien là-dedans. Je suis revenue à la vie sous l'impulsion d'une force profondément maléfique.

L'aveu -l'évidence, à son sens- avait manqué de lui écorcher les lèvres et l'intérieur de la bouche en se faisant jour. Devoir son retour au Fléau des Ages était un crève-coeur pour le Sabre Véloce, qui ne voulait plus rien avoir à faire avec cette entité de cauchemar. Elena, Adamante et Nyzaël n'avaient à aucun moment évoqué l'adversaire du monde libre que Scydia avait envoyé à la tombe. Le Fléau, que la guerrière savait être immortel mais pas inarrêtable, ne semblait pas exister à cette époque. Peut-être que quelqu'un après elle avait remporté une autre victoire sur lui, définitive celle-là ? Néanmoins, le retour de la syrra'elheìn avait éveillé bien légitimement la suspicion de ceux qui l'avaient constatée. Scydia, à son grand regret, n'avait certainement pas été tirée de la mort par la Déesse-Mère mais par son adversaire et pouvait ainsi légitimement être considérée comme une menace potentielle.
Ce qu'Elena exposa à la suite la surprit, néanmoins. Un lien entre elles ? Au-delà de la seule sympathie qu'elles semblaient mutuellement s'inspirer ? Scydia observa la reine, haussant un sourcil tout en gardant le silence, l'invitant ainsi à continuer sur sa lancée.

La souveraine lui raconta tout, ou du moins tout ce qu'elle avait poliment occulté auparavant. L'empoisonnement lent et minutieux de sa mère par un poison issu du sang d'un être nommé le Roi Cramoisi, l'étrange don d'Elena qui consistait à réunir une sorte de "garde spéciale" autour d'elle afin de parvenir à ce but ultime qu'était la mort de cet énigmatique personnage dont Elena dépeignait un portrait bien sinistre. Et d'après Adamante, le Sabre Véloce pourrait être un de ces Immortels, l'affection des deux femmes se justifiant par ce statut que Scydia ne comprenait pas réellement. En silence, elle passa son regard sur Adamante et Elena.

- Empêcher ta venue au monde aurait été plus simple en tuant directement tes parents, non ? Pourquoi ce long empoisonnement alors que l'ont peut tuer un souverain d'un simple mouvement ?

Ce qui se passa ne fut nullement perceptible pour Elena ou pour Adamante. Alors que Scydia n'avait semblé se mouvoir à absolument aucun moment et qu'elle avait gardé obstinément les bras croisés tout au long du petit exposé, la pointe de sa rapière s'était retrouvée posée à l'emplacement du coeur de la brune. Comme un film dont le montage aurait été particulièrement mauvais, les images qui auraient dut concerner son changement de position, son dégainage de lame et la mise en place de celle-çi avaient tout bonnement été absentes de la scène. La vitesse de Scydia avait parlé une nouvelle fois et rien n'aurait put la trahir alors qu'elle ponctuait son questionnement de cette action menaçante. Ce fut en revanche à une vitesse parfaitement ordinaire qu'elle baissa son arme avant de la remettre au fourreau.

- Je ne comprends pas les enjeux de tout ça, confia t'elle. Hormis ta survie, bien évidemment... Qui est ce Roi Cramoisi qui, d'après toi, ne peut être battu que par une poignée de personnes bien précises ? En quoi est-il si nécessaire de le battre ? Il menace directement votre époque ?

Faisant quelques pas dans la pièce, elle se décala d'Adamante et d'Elena pour aller faire reposer ses fesses sur le bureau, croisant les jambes et les bras en regardant les deux femmes qui lui faisaient face.

- Je pense que vous faites erreur. Que l'histoire s'en souvienne ou pas, il était pratiquement impossible que je puisse survivre à mon combat contre le Fléau et je n'ai gagné de justesse qu'en y perdant la vie. Je vous l'ai dis, je pense que c'est le Fléau qui m'a ressucité aujourd'hui. Pourquoi ? Je ne sais pas trop. Mais je doute qu'il ait fait cela pour aider à compléter une quête qui n'avait à notre époque aucun lieu d'être.

Elle passa une main dans ses cheveux courts, les ramenant en arrière dans un petit soupir. Scydia se sentait un peu lasse, un peu délaissée dans l'histoire. On l'avait poussée à combattre et combattre encore, faisant de sa vie une simple quête. Et alors qu'elle était revenue à l'existence des hommes et qu'elle avait un peu caressé l'idée d'en jouir le plus simplement possible, on lui prophétisait une nouvelle destinée. Pis encore, si cela se vérifiait, sa proximité avec Elena ne s'avérerait basée que sur un lien "artificiel". Cette vexation lui étreignit le coeur, bien qu'elle s'arrangea pour ne rien en laisser paraître.

- Enfin, je n'ai rien contre le fait d'aller au Bosquet, au contraire. Nous serons ainsi toutes fixées sur la raison de mon retour et, à fortiori, de mon utilité auprès de vous. Elle se concentra sur Elena. Quel que soit le verdict, ma lame sera toujours tienne. Et mon amitié, née de ta sympathie à mon égard, ne changera en rien, Immortelle ou pas.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 25 mercredi 28 mai 2014, 02:03:48

Les questions de Scydia étaient censées, mais Elena n’eut pas l’occasion d’y répondre car elle vit le bout de la rapière de Scydia heurter son torse. Adamante esquissa un mouvement de recul, mais la Reine se contentait de regarder Scydia. Encore une fois, Elena fut intimement convaincue qu’il ne pouvait rien lui arriver, que Scydia suspendrait son geste, et qu’elle ne lui ferait jamais de mal. Un lien de confiance régnait entre les deux, et la Reine ne pouvait se l’expliquer. Pour autant, elle sentait bien, dans les mots de Scydia, tout ce scepticisme, cette trace d’humanité en elle, cette humanité qui l’amenait à douter des prophéties, exactement comme Elena. Le Roi Cramoisi était-il vraiment si dangereux que ça ? Cette prophétie était-elle vraiment fondée ? Elena la laissa poser ses questions, ne voulant pas l’interrompre.

Scydia lui assura, en s’asseyant sur le bureau, qu’elle continuerait à l’aider, mais Elena esquissa un léger sourire. Elle n’était pas dupe. Ce qu’elle disait ressemblait à des excuses anticipées pour un éventuel refus, une manière de lui dire que, bien qu’elle resterait fidèle à la Reine au nom de leur amitié, elle ne tenait pas à s’embarquer dans une quête folle. Ce fut Adamante qui répondit à la place d’Elena.

« On ne tue pas si facilement le Roi de Nexus... Ou la Reine. Liam Ivory avait participé à maints conflits, et survécu à maintes blessures, et sa femme était toujours étroitement surveillée. »

C’était une réponse imparfaite, il n’était même pas besoin de le dire pour que la Reine s’en rende compte. On avait dit que la Reine avait été empoisonnée, et, partant de là, il était donc tout à fait possible de se contenter de la tuer.

« J’étais la cible de ces ennemis. Moi, pas mes parents.  Vous êtes suffisamment proche des elfes, Scydia, pour savoir que ceux-ci croient fermement en la résurrection des âmes. Le Roi Cramoisi avait repéré que l’enfant de mes parents serait celui qui parviendrait à mettre fin à son existence. S’il avait tué mes parents, il aurait perdu cet avantage, car je serais née ailleurs, auprès d’autres parents. Si je n’avais pas attrapé un rhume sur le navire de croisière de mes parents, je ne serais plus de ce monde. »

Il avait fallu d’un élément totalement imprévisible, presque insignifiant, pour ébranler les projets de cet ennemi, un élément aussi imprévisible et incalculable qu’une bourrasque de vent un peu trop fort qui avait agité les sinusites d’un petit bébé qui s’émerveillait alors de voir des jongleurs cracher du feu avec leur bouche. Adamante se décolla à son tour d’Elena, et retourna s’asseoir sur un fauteuil, Elena restant ainsi la seule femme debout du trio.

Y avait-il un lien entre le Fléau des Ages et le Roi Cramoisi ? Sion partait du principe que Scydia était ressuscitée pour accompagner Elena, alors l’inverse devait sûrement être vrai aussi.

« Je partage ce scepticisme, Scydia... J’ai du mal à croire que je sois au cœur d’une prophétie ancestrale, mais les elfes en sont persuadés. Quant au Roi Cramoisi... »

La Reine soupira légèrement, avant de commencer à divulguer ses informations. Elle parla de l’Empire d’Ashnard, le décrivant comme un immense Empire territorial s’étalant sur des milliers de kilomètres. C’était un Empire qui était né d’une alliance entre des humains et des démons, les premiers ayant invoqué les seconds lors d’une cérémonie magique dans un désert lointain. Les humains ayant fondé Ashnard étaient des réfugiés venant d’autres nations, comme Nexus ou Tekhos, qui rêvaient de créer un havre de paix. C’était en tout cas ce que disait l’Histoire officielle.

« La création de cet Empire remonte à quelques millénaires, compléta Adamante, mais, d’après le Judicateur Suprême, différents mages qui faisaient partie de cette assemblée avaient pour but d’amener une créature tout à fait particulière parmi ces démons. Un être que les légendes elfiques appellent le Premier Né. »

Selon cette légende, comme l’expliqua Elena en reprenant la parole, le Premier Né aurait été la première création de la Déesse-mère des elfes. Un être parfait et absolu, ni homme, ni femme, n’appartenant à aucune race. Il aurait du être le premier d’une race qui servirait la Déesse-mère, mais cette dernière avait constaté que, en étant parfait, le Premier Né refusait son autorité, et voulait la supplanter. Il ne supportait nulle forme d’imperfection, et voulait améliorer la Nature, la transcender en corrigeant ses défauts. La Déesse-mère avait alors constaté que sa création était dangereuse, et, n’ayant pas pu se résoudre à le tuer, soit parce qu’elle ne le voulait pas, soit parce qu’elle n’en avait pas la force, elle avait banni le Premier Né, et avait ensuite divisé sa création en deux êtres de part égale : l’homme et la femme. Les forces universelles étaient devenues duales. Ce conte s’interprétait de bien des manières. Au sens métaphorique, il était une manière de dire que les deux sexes se complétaient mutuellement, et devaient être traités sur un pied d’égalité.

« Le Roi Cramoisi est une relique du Premier Né. Les mages qui l’ont invoqué lors de cette cérémonie ont profité que les lignes magiques scindant l’univers étaient alignées pour réussir un sort complexe qui devait directement libérer ce monstre.
 -  Ils ont partiellement échoué... Ou, du moins, ils auraient partiellement échoué. Dans leur calcul, ils avaient négligé l’existence d’un artefact magique, qui a absorbé une partie de ce qu’ils ont invoqué. La Tour Sombre » précisa-t-elle.

Adamante expliqua alors à Scydia que la Tour Sombre était une tour magique conçue avant même que Scydia ne soit au monde, afin de réguler l’activité magique sur Terra. Scydia en avait peut-être entendu parler dans certains contes, car on disait que la Tour Sombre abritait le plus grand des pouvoirs : le pouvoir absolu. Celui qui siégerait à son sommet pourrait en effet contrôler toute la magie dans sa main, et être libre de déclencher un cataclysme magique. La Tour Sombre avait été bâti par un mage, Maerlyn, pour éviter de nouvelles tempêtes magiques dévastatrices.

« La magie est une force naturelle universelle, plus ou moins forte selon les planètes où nous nous trouvons. Sur Terra, elle a toujours été très forte, et on trouve parfois, dans la roche, des gisements de mana et de magie cristallisées... Il existe même un État qui recherche des gisements de ce genre, mais c’est un autre débat.
 -  En ce qui nous concerne, nous pensons que, quand les mages noirs ont réalisé ce rituel, ils voulaient invoquer le Premier Né, mais que la Tour Sombre a faussé leur stratégie en exilant une partie de l’âme du Roi à l’intérieur. Depuis lors, ce dernier cherche à l’ouvrir. Il est comme fracturé en deux, et, plus il s’éloigne de la Tour, et plus son esprit se disloque. Voilà ma tâche, selon le Judicateur : l’empêcher d’ouvrir la Tour, et de conquérir le monde. »

Ayant beaucoup parlé, Elena ménagea une pause de quelques secondes. Elle n’était pas convaincue d’avoir été très claire, car, même pour elle, cette histoire était très confuse, et avait parfois tendance à ressembler à un mauvais scénario de roman fantastique nexusien.

« Toute la question, ensuite, est de savoir si on adhère ou pas à ces histoires... C’est pour ça qu’Adamante et Nyzaël veulent retourner au Bosquet, afin de voir s’il n’y pas des liens entre cet individu et ce Fléau. »
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 26 mercredi 28 mai 2014, 16:25:11

Adamante était soit un peu trop sûre d'elle soit trop peu réaliste. Les rois comme les reines pouvaient tout à fait mourir. N'était-ce pas stupide de dire cela devant Elena, qui était orpheline de ses deux parents ? Qu'aurait pensé pouvoir faire la magicienne si Scydia, lorsqu'elle avait attaqué en guise de démonstration, avait finalement transpercé de sa rapière le coeur de la dernière des Ivory ? Avoir la foi était une chose, la pousser jusqu'à la naïveté en était une autre. Scydia arqua un sourcil désabusé et interrogateur à l'attention de la protectrice royale et ne fut empêchée de lui répondre que par l'intervention d'Elena, qui poussa la syrra'elheìn à passer à autre chose. La réponse quant à l'empoisonnement de ses parents et non pas leur massacre pur et simple parut à la guerrière des plus convaincantes. Le Roi Cramoisi avait fait preuve d'une certaine sagesse dans son raisonnement mais avait ce faisant -et bien malgré lui, probablement- offert à sa Némésis les moyens financiers et militaires qu'on pouvait prêter à une reine comme celle de Nexus. Il avait, d'une certaine façon, donné des crocs à un petit chiot. Et Scydia se doutait qu'Elena devait miser sur la puissance conférée par sa couronne pour mettre un terme au règne du Malin. En réunissant ces fameux immortels ou une armée, par exemple.

Intéressée, elle écouta le récit concernant cet empire qu'était Ashnard, dressée après un rituel absurdes aux relents de soufre et de pacte avec le démon. Scydia, dès lors, ne douta pas que cet empire là faisait d'ors et déjà partie de ses ennemis. Adamante surenchérit alors après le petit exposé d'Elena pour évoquer le Premier Né, créature des plus mythologiques qui n'était pas inconnue à Scydia, fervente croyante de la Déesse-Mère et des légendes qui gravitaient autour d'elle. Ce que la souveraine pensa lui révéler n'était que le mythe tel qu'on le racontait déjà à son époque et dont elle connaissait par ailleurs une ramification.

- Je sais ce qu'est le Premier Né. La caste des Syrra'elheìn dont je suis issue est sensée descendre directement de l'apparition de l'enfant de la Déesse, car elle fut créée comme une sorte d'alternative à la première création. Nous sommes le lien entre la Déesse et les hommes, héritant en partie du statut particulier du Premier Né et destinés à empêcher ce dernier de nuire aux créations qui le suivirent. Ce sont les enseignements du Clergé, du moins.

Tout aussi pieuse qu'elle fut, Scydia refusait un peu cet aspect de sa nature. C'était très grandiloquent, très légendaire et finalement loin de ce qu'elle estimait être. Elle ne pouvait pas nier cet aspect non plus, considérant que le Clergé Solaire avait lui-même reconnu aux élus de la déesse ce statut des plus particuliers. Elle se voyait simplement comme une humaine chanceuse, qui se devait de mettre sa force au service de ceux qui ne pouvaient y prétendre. Bien qu'elle n'accordait au Premier Né qu'un aspect onirique, Scydia se voyait mal devoir combattre un jour une entité si puissante que la Déesse n'avait sut la retourner à la terre. Les syrra'elheìn était d'après elle une caste bien plus terre-à-terre, plus "réaliste". A la suite de son petit discours, elle afficha un air dubitatif exprimant clairement qu'elle ne prenait pas ce qu'elle venait de dire au sérieux.

La Tour Sombre fut alors évoquée, dûement expliquée par Adamante. Une chose pareille pouvait elle vraiment exister ? Elena et la magicienne en parlait avec le sérieux qui caractérisait les gens absolument sûrs de leur fait. Pourquoi pas. La situation était pourtant critique : le Roi Cramoisi devait ouvrir la Tour, ce qui lui donnerait un pouvoir incommensurable. Cette histoire était familière à Scydia, ce qui lui fit plisser les yeux. Quand Elena évoqua une possible connexion entre le Roi et le Fléau, la guerrière laissa passer un temps avant de prendre la parole.

- Le Fléau avait déclenché la Guerre des Ages pour avoir le temps de lever les très puissants sortilèges qui protégeaient une partie de l'île originale des Al'huïn. Tout n'avait été qu'une course de rapidité... Nous devions réunir un artefact assez puissant pour l'abattre avant qu'il ne parvienne lui-même à abattre les barrières qui le séparaient de son but ultime.

Elle se releva, laissant les deux femmes méditer sur ses paroles. Le fond de ce qu'elle voulait leur révéler venait ensuite et Scydia gageait d'avance que cela intéresserait grandement les deux nexusiennes.

- Ce que le Fléau cherchait à atteindre était connu, à mon époque, comme étant le Point de Convergence. Soit le pivot de toutes les énergies de ce monde, l'endroit exact où elles se retrouvaient pour se fondre. Les Al'huïn en avaient eu originellement la garde... Je suppose que cette histoire vous rappelle celle que vous venez juste de me raconter, non ?

Ces similitudes étaient des plus évidentes, mais l'histoire de Scydia pourrait très certainement être démontrée comme étant juste une fois qu'elles seraient au Bosquet. Si on pouvait légitimement penser que les anciens al'huïn s'étaient bien garder d'évoquer dans les documents qu'on avait put retrouver depuis l'époque de Scydia pour ne pas susciter de nouvelles convoitises maléfiques concernant le Point, leurs descendants devaient certainement avoir de quoi corroborer ces informations. Ce qui apporterait en outre une nouvelle preuve de l'identité de Scydia : si l'existence du Point de Convergence s'avérait être un secret aussi bien gardé, comment aurait-elle put en être informée sans être contemporaine de la dernière évocation du Point ?

- Je ne suis pas experte de ces questions de magie et j'ignore ce qui a put se passer depuis ma mort, mais je doute que ces histoires se ressemblent autant juste par un fait du hasard. Et si le Point de Convergence et la Tour Sombre se confondent, je peux vous en donner la localisation.

L'emplacement de la Tour Sombre était il déjà connu ? La Tour et le Point étaient-ils seulement la même chose, comme Scydia semblait le penser à mesure qu'elle exposait ses idées ? Rien n'était sûr. La guerrière n'aurait rien put affirmer sans connaissance du monde actuel ou des événements en rapport avec le Point qui avaient put se dérouler après sa mort, bien que l'ensemble lui paraissait plausible.
Une chose la chiffonait tout de même assez pour qu'elle la partage ouvertement avec Elena et sa conseillère.

- J'espère que si ma théorie se vérifie, le Roi et le Fléau se confondront aussi. Car si votre Roi est bien issu du Premier Né, il doit être doté d'une formidable puissance et le Fléau était déjà lui-même particulièrement redoutable. Vous pouvez me croire sur parole. Si ils ne sont en fait qu'une seule et même personne, cela augmentera nos chances de succès puisque je l'ai déjà vaincu une fois. Dans le cas contraire... Je n'ose pas imaginer ce que nous aurons à affronter.

Sa voix exprimait la gravité de la situation. Ce qu'elle dépeignait était le pire tableau possible, auquel il fallait bien songer. Tout ce que souhaitais Scydia à cet instant, c'était de faire erreur.
« Modifié: mercredi 28 mai 2014, 16:28:44 par Sentinel Prime »

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 27 jeudi 29 mai 2014, 02:00:38

Répondant aux informations des deux femmes, Scydia donna les siennes. Elle leur parla du Point de Convergence, une sorte de lieu qui regrouperait toute la magie, un point de concentration. Adamante en avait déjà entendu parler à l’académie. Effectivement, le lien entre la Tour Sombre et ce Point de Convergence coulait de source, et Adamante soupçonnait que ces deux notions désignaient un seul et même endroit. Elle leur parla également du Fléau, et se demanda si le Roi Cramoisi ne serait pas une réincarnation de cette créature. Adamante manquait d’informations sur ce Fléau. L’histoire était trop vieille pour les archives. Elle leur expliqua que ce Fléau avait cherché à atteindre l’île originale des Al’huïn. Ceci rappelait à Adamante la distinction que certains elfes opéraient entre les Aen Elle et les Aen Seidhe. Le premier terme faisait référence aux elfes qui étaient restés dans leurs terres, ce qu’on appelait maintenant Hauts-Elfes, tandis que le second terme désignait les elfes qui étaient partis explorer le monde, et y avaient vécu, s’y installant, fondant des villes, des familles... Les Bas-Elfes, ou elfes tout court. Adamante savait que les elfes se revendiquaient d’une origine commune, une sorte d’île fantasmagorique, une Avalon légendaire, et bien des légendes elfiques parlaient de cette terre comme un sanctuaire suprême, le lieu où ils reviendraient. Pour vaincre le Fléau, Scydia avait du réunir un puissant artefact magique.

Les deux femmes, silencieusement, écoutaient. Le plan du Fléau avait été d’atteindre ce Point de Convergence afin, visiblement, d’acquérir la puissance nécessaire pour détruire les barrières magiques protégeant l’île des elfes. Scydia connaissait l’emplacement du Point de Convergence, mais, pour le coup, elle avait un train de retard.

« Hum... Le fait est que nous savons où se trouve la Tour Sombre.Y accéder, en revanche, c’est une autre paire de manches. »

Le mieux était de le montrer sur une carte, et il n’y en avait pas dans cette pièce. Elena demanda donc à Scydia de la suivre, et elles filèrent dans un bureau, jusqu’à trouver une grande carte murale de Terra. On voyait, sur le principal continent, immense, Nexus à gauche. Elena désigna ensuite un immense territoire, sur la droite. L’Empire d’Ashnard.

« D’après ce que nous savons, le Roi Cramoisi était autrefois un puissant seigneur ashnardien, qui avait ses terres ici, aux limites orientales de l’Empire. Il s’agit de toute cette zone... Ici. »

Du doigt, Elena dessina un cercle approximatif à côté de l’Empire, près d’un épais massif montagneux.

« Un peu plus au sud de ce point, il y a le Mont Olympe. C’est l’un des endroits lesplus dangereux du monde, et, fréquemment, des paladins et des aventuriers remontent cette route... La Route de l’Olympe. Elle commence à Nexus, traverse le cœur du continent – qu’on appelle Contrées du Chaos, puis passe par Ashnard, et rejoint ensuite la chaîne de montagne entourant l’Olympe. Je te le dis pour information, bien sûr. L’Olympe, c’est le Palais des Dieux. Un peu plus au nord de l’Olympe, donc, il y a les terres du Roi Cramoisi... On les appelle les Malterres de la Discorde. »

L’endroit n’était pas désigné sur la carte, car c’était une région petite, et peu connue. Adamante résuma alors sommairement à Scydia la Guerre Civile qui avait déchiré l’Empire il y a quelques siècles. Elle lui expliqua que, à cette période, le Roi Cramoisi était devenu l’Empereur d’Ashnard, et que, sous son règne, l’Empire avait sombré dans une profonde démence. La capitale ashnardienne était devenue un immense mouroir jonché de milliers de cadavres. Certains Ashnardiens, en voyant que leur Empire était en train de s’écrouler sous la démence de l’Empereur, s’étaient révoltés, et avaient réussi à chasser le Roi. Il était retourné dans ses terres, et ces dernières avaient ensuite été coupées de l’Empire.

« Les Ashnardiens ont essayé d’aller tuer cet ennemi, mais on dit que les troupes qui ont essayé de l’envahir n’en sont jamais revenues.
 -  On dit aussi que, derrière l’Olympe et le massif montagneux, il y aurait une sorte d’endroit paradisiaque... Peut-être cette île elfique que vous mentionnez tantôt, Scydia. Ce dont je suis sûre, c’est que la Tour Sombre est là. Elle est proche de l’Olympe, mais, comme vous le voyez, y accéder n’est pas simple... D’autant plus que nos deux nations sont en guerre depuis plus d’un siècle, maintenant. »

Un léger soupir s’échappa des lèvres d’Elena, qui secoua la tête. Elle reprit ensuite, tout en se détachant de la carte, croisant les bras.

« J’ignore si ce Fléau est une ancienne incarnation du Roi Cramoisi... Ce n’est pas impossible. Ce que vous me dites me laisse penser qu’ils doivent certainement, d’une manière ou d’une autre, être liés... Et je pense que votre résurrection doit également avoir un lien avec ça. »

Adamante reprit alors, en revenant sur d’autres éléments du récit de Scydia :

« Quel était cet artefact, exactement ? Celui que vous avez utilisé contre le Fléau ? Est-ce qu’il a marché ? Et... Pardonnez-moi de ma naïveté, mais... Vu que le Fléau vous a... Euh... Tué... Est-ce que cet artefact a été efficace ? »

Il y avait encore, pour Adamante, des zones d’ombre dans le récit de Scydia, et elle cherchait à les démêler. S’il existait un artefact capable de vaincre le Fléau, alors peut-être que cet artefact permettrait aussi de vaincre le Roi Cramoisi.
DC d’Alice Korvander.

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Scydia

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 28 jeudi 29 mai 2014, 22:09:22

En y repensant, il n'était guère étonnant que l'emplacement de l'île des al'huïns soit connu d'Elena et d'Adamante. Scydia s'en étonna un court instant avant de réaliser que ce qui était mythique à son époque semblait certainement un peu désuet aux contemporains de cette ère, comme l'étaient la reine et sa conseillère. Les légendes se perdaient avec les âges qui passaient au gré du temps, quand on ne parvenait pas à établir la vérité sur elles. La localisation géographique de l'île en son temps n'était connue que d'une poignée de dignitaire, qui avaient eu bien du mal à y faire venir les troupes coalisées pour affronter l'Armée de la Nuit. Mais aujourd'hui, l'endroit ne devait plus avoir grand'chose de secret. La guerrière se résigna donc une fois encore à admettre que bien du temps avait passé entre sa mort et son retour parmi les vivants, chassant son amertume en s'intéressant de plus près à la carte qu'Elena lui commentait.

La souveraine lui parla des terres originales du Roi Cramoisi, avant d'évoquer l'Olympe et la route qui y menait directement depuis la cité d'ivoire, traversant des terres certainement tout aussi inhospitalières que leur nom le suggérait. Scydia n'en perdit pas une miette, attentive à tout l'exposé que la reine lui offrait. Elle utilisait ses propres connaissances cartographiques et géographiques pour se situer sur le plan, bien plus détaillé que ceux qu'elle avait eu la possibilité d'étudier de son temps. La topographie n'était heureusement pas très différente et le Sabre Véloce arriva de plus en plus à situer les régions et divers endroits désignés par Elena.
Scydia écouta parler les femmes avec patience. De la géographie à l'histoire, elle prêta oreille à tout ce qu'on daignait lui apprendre et hochait simplement la tête d'un air concentré quand on lui glissait une information supplémentaire. Élève studieuse, la syrra'leheìn laissa ses doigts courir sur la carte à partir de Nexus. Elle murmurait en vieil elfique au gré de ses calculs sommaires, désignant plusieurs points au fil de ses pensées.

- L’île est effectivement dans la région à laquelle tu penses, Elena, dit-elle en tapotant un point de la carte, derrière l'Olympe et les montagnes. Au moins, nous parlons du même endroit.

Au vu de la situation politique, il était effectivement impensable qu'une délégation nexusienne rejoigne l'île. Un voyage par la mer au départ de Nexus aurait été extrêmement long et dangereux : l'océan bordait davantage Ashnard à cet endroit. Très logiquement, l'empire en aurait le contrôle.
On en revint au Fléau et sa propre résurrection, Scydia hochant négligemment le menton pour signifier que la jeune reine avait probablement raison. Un lien avec le Fléau des Ages n'était pas une chose à laquelle le Sabre Véloce voulait penser. L'envisager manquait déjà de lui donner la nausée.
La question d'Adamante arriva alors, pleine de sens. Le bâton... Pour un peu, la jeune femme l'aurait oublié.

- L'artefact dont mes quatre compagnons et moi avons récupéré les morceaux était connu sous le nom de Main de Galaantyr. Le magicien de notre groupe disait de la Main que c'était l'un des plus puissants objets magiques de Terra, à tel point que ses créateurs avaient décidé de le séparer en trois parties distinctes pour éviter qu'on ne puisse en faire usage. L'emplacement des composants fut soigneusement effacé des registres et il fallut plusieurs siècles aux al'huïns pour en retrouver une trace approximative. Et une fois sur place, déterminer l'endroit exact fut presque aussi compliqué que de s'emparer de l'objet.

Scydia s'accapara la carte, remontant d'abord vers les terres qui faisaient face à Nexus par delà l'océan qui léchait les pieds de la cité tentaculaire. Elle désigna une ville restée assez importante aujoud'hui, grâce à son commerce avec le monde. Néanmoins, elle n'avait plus rien de la capitale elfique d'antan telle que la blonde l'avait connue l'avait connue. De la cité, elle remonta un peu vers le nord, vers un endroit qui n'avait lui nullement changé.

- Les marécages de Bry. Bien avant mon époque, les syrra'elheìn avaient érigé là une ville toute entière, ainsi qu'un ordre guerrier. Ils ont été trahis par un vendu à la solde du Fléau et c'est dans les ruines englouties par la boue que nous avons trouvé le sommet du bâton.

Son index glissa sur le parchemin, quittant les marais pour se diriger vers l'Est. Elle épargna le récit des détours et des assauts de brigands de grands chemins pour montrer l'emplacement des Bois des Murmures. Toujours considérés comme hantés et hautement dangereux aujourd'hui, une énorme partie de la forêt avait été emportée par un gigantesque incendie qui avait été déclenché suite à une bataille entre un avant-poste de mineurs de l'Empire de Vapeur et une légion ashnardienne qui rentrait d'un obscur conflit. Les vaporéens n'avaient pas hésité à brûler une portion des bois pour sortir victorieux.

- Nous avons récupéré la partie centrale ici, au plus profond des Bois des Murmures.

Elle ne s'attarda pas sur les nuées d'araignées géantes qu'il avait fallu affronter pour arracher la hampe au gardien, pas plus des créatures immondes qui avaient tenté de les empêcher de se rendre à leur but. Il n'y avait rien de particulièrement remarquable à cet endroit et la syrra'elheìn s'attarda plus à continuer le résumé de son périple géographique en revenant vers Nexus -bien qu'elle passa loin au large- pour traverser ce qui constituait à l'heure actuelle le plus gros des territoires de Mordret jusqu'à arriver près d'un désert qui séparait Ashnard et Tekhos. La guerrière désigna une petite chaïne montagneuse sur la carte, où apparaissait en outre la désignation d'un royaume qui n'existait nullement de son temps. Incapable de lire le nom de Sylvandell qui s'affichait sous ses yeux, elle expliqua simplement que les seules populations qui se trouvaient là étaient encore moins avancées que les sauvageons et qu'ils se confondaient énormément avec les terranides auxquels ils se mêlaient. Finalement, elle souligna le haut des montagnes.

- Le reste se trouvait là, sur un plateau rocheux et gardé par un immense dragon d'or. J'ai d'ailleurs un combat à terminer avec lui. Elle sourit pour elle-même, la saveur du défi promis titillant ses instincts guerriers. Enfin, peu importe. A ce moment là, nous avions l'artefact le plus puissant du monde en main mais aussi des problèmes de taille qu'il fallut se résoudre à contourner.

Elle leur expliqua comment Tywin le mage avait été contraint, pour les faire échapper des griffes du dragon, d'utiliser la magie de la Main de Galaantyr pour les téléporter vers l'île du Fléau après les voir protégés du feu magmatique derrière un puissant bouclier. Cela avait assuré leur survie en leur faisant gagner un temps fou mais avait eu le catastrophique effet de vider de plus de moitié la magie présente dans le bâton.
Scydia soupira, secouant la tête en se remémorant le moment où il avait fallut annoncer cela à Medhaar, qui attendait leur retour comme la venue d'un messie providentiel. Sa déception avait été grande mais sa volonté guerrière n'avait en rien été entamée. Un grand roi que Medhaar Vigne-d'Or, dont Scydia espérait qu'il ait put laisser son empreinte dans l'histoire de façon durable.

- Nous nous sommes faufilés dans la Citadelle pour livrer bataille et Tywin parvint à tirer assez d'énergie du bâton en y déversant sa propre mana, si bien qu'il en mourut. Néanmoins, l'attaque porta. Elle ne tua pas le Fléau mais l'affaiblit grandement. Nous fûmes quatre à l'affronter ensuite... Et quatre à en mourir. Soyons clairs : nous aurions été balayés sans la puissance du bâton et du sort lancé. Nos coups ne portaient que peu sur le Fléau, qui rivalisait en outre sans peine avec ma vitesse poussée à l'extrême. Et que vous puissiez y croire ou pas, je suis infiniment plus rapide que vous ne pouvez l'imaginer.

Scydia ne l'avait pas réalisé, mais le souvenir du combat lui avait fait serré si fort les poings que ses ongles s'étaient enfoncés dans sa paume, un mince filet de sang perlant d'entre ses phalanges. La force du Fléau des Ages était immense, sûrement au-delà de ce qu'on pouvait trouver sur Terra. La victoire du Sabre Véloce n'avait été possible que grâce à la chance et au sacrifice, non pas parce que les éléments en place leur avaient été stratégiquement favorables.

- Quant au bâton, il fut détruit après l'incantation. Tywin nous racontait parfois une histoire comme quoi la Main de Galaantyr s'associait à un autre objet magique tout aussi puissant, tout en précisant qu'il ne s'agissait probablement là que de fables. Elle releva les yeux vers Elena et Adamante. J'espère que les Treize seront, eux, quelque chose de plus concret.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : Anachronique | PV |

Réponse 29 samedi 31 mai 2014, 01:47:18

Le cerveau d’Adamante carburait en voyant la position indiquée par Scydia. Terra était un monde fait de légendes et de contes de fées, et, tandis que le Sabre Véloce prenait la carte, et s’y familiarisait, elle-même conta une légende mélisaine. Les Îles Mélisi étaient un archipel de marins et de navigateurs, encore plus maritime que Nexus, et, depuis des siècles, les Mélisains parcouraient les mers. Ils étaient un atout indispensable dans la stratégie maritime nexusienne, notamment pour contrôler et surveiller les mers et les routes commerciales, que ce soit contre les monstres aquatiques, les Sahuagins, les pirates, ou les corsaires ashnardiens. Leurs cartes de navigation étaient extrêmement précises, et les Mélisains abritaient bon nombre de navigateurs d’exception, des gens dont les récits de leurs voyages épiques avaient traversé les siècles, défiant maelströms et cyclones tropicaux en parvenant par un miracle incroyable à survivre.

« Cette île fait l’objet de contes chez moi, où elle est décrite comme la Félicité, un lieu de profusion et de bonheur perpétuel... Pendant un temps, certains Mélisains y croyaient suffisamment pour organiser des voyages et des expéditions maritimes vers cet endroit. Malheureusement, en s’en rapprochant, lamer devient complètement folle. Des maelströms immenses, des tempêtes infernales, des récifs escarpés, sans parler des monstres marins qui brisent les navires sans difficulté. Megalodons, Krakens... La légende persiste, mais les voyages ont cessé depuis longtemps. Néanmoins, je peux vous assurer que cette partie de lamer est très dangereuse. »

Le seul moyen de rejoindre cette île était, toujours selon la légende mélisaine, de disposer d’un navigateur elfique, et de cartes nautiques très précises, que seuls les Hauts-Elfes abritaient. Adamante n’avait pas fait le rapprochement de suite, car, pour elle, ces légendes autour de cette île s’apparentaient plus à un genre de chasse aux trésors enfantin, et sans conséquence. Comme quoi, il fallait croire que chaque légende abritait une part de vérité. Scydia leur parla ensuite de son voyage, et Adamante tiqua quand elle parla de la Main de Galaantyr. Ça, elle en avait entendu parler. Ainsi donc, cette légende aussi serait vraie ? Elena, en revanche, n’avait pas entendu parler de ce bâton, mais, à travers le récit de Scydia, elle comprit vite de quoi il s’agissait. Un puissant bâton magique qui avait été fragmenté en plusieurs parties, et que Scydia et ses anciens camarades avaient cherché à reconstituer, afin de pouvoir venir à bout du Fléau.

Son voyage l’avait amené jusqu’à l’actuelle Sylvandell, où elle avait défié l’un des dragons dorés peuplant cette région. Elena hocha lentement la tête, impressionnée. Elle avait fait un impressionnant voyage, un long périple, et, même si ses informations étaient datées, notamment sur Sylvandell, elle avait une bonne mémoire. Elle leur avait aussi parlé du Bois des Murmures, mais ce nom, pas plus que cette forêt, n’évoquait rien de plus à Elena que le théâtre d’un ancien affrontement entre Ashnard et Vapeur. Les Vaporéens avaient du incendier une bonne partie de cette très ancienne forêt pour repousser les Ashnardiens, et protéger leurs mineurs de colons ashnardiens voulant s’emparer de leurs gisements miniers. Elle leur expliqua ensuite qu’elle s’était retrouvée devant la Citadelle du Fléau, face à cet ennemi, et que, sans le bâton, ils n’auraient jamais gagné. Leur mage, Tywin, avait réussi à faire fonctionner le bâton magique pour vaincre le Fléau, en parvenant à l’affaiblir... Scydia leur expliqua qu’ils avaient été comme des enfants face au Fléau, et n’avaient pu gagner que grâce à la Main de Galaantyr. Adamante hocha lentement la tête, tandis qu’Elena en frissonna. Elle ne remettait nullement en cause les capacités de combat de Scydia. Ce Fléau devait vraiment être terrible, ce qui semblait la conforter dans l’idée que lui et le Roi Cramoisi pouvaient bien n’être qu’une seule et même personne. Scydia leur parla ensuite de la possibilité que la Main puisse s’emboîter avec un autre artefact, mais semblait elle-même assez sceptique là-dessus.

Adamante choisit ce moment pour intervenir :

« La Main de Galaantyr est un artefact légendaire, expliqua-t-elle. Sa valeur est inestimable, et je sais que l’Académie de Nexus a elle-même financé, dans le passé, des expéditions archéologiques pour en retrouver les différents composants. On dit que Galaantyr était l’un des disciples de Maerlyn, l’un des premiers mages elfiques de ce monde, et qu’il concentra dans ce bâton toute sa force. D’autres versions de la légende affirment que chacun des disciples de Maerlyn avait confectionné son propre artefact, et que tous ces artefacts s’emboîtaient en un artefact suprême, qui doterait alors celui qui ‘lavait du pouvoir de Maerlyn.
 -  Nous baignons dans les légendes et les prophéties, résuma Elena. Alors, que s’est-il passé ensuite ? Vous avez perdu la vie en terrassant le Fléau ? Mais... Et vos amis ? Que... Que leur est-il arrivé ? »

Pour Elena, il était difficile d’adopter un ton de circonstance, car Scydia lui parlait d’évènements lointains... Mais, pour le Sabre Véloce, ces évènements devaient presque remonter à la veille. Pour autant, la Reine comprenait tout à fait son chagrin, car elle-même était une spécialiste des deuils.

« Par ailleurs, nota alros Adamante, c’est en partie pour savoir si cette quête des Treize Immortels est véridique ou non que nous voulons retourner au Bosquet. Si on en croit le Judicateur, je suis une Immortelle, mais, faute d’avoir un autre Immortel sous la main, il était difficile de trouver ce qui me singularisait par rapport aux autres... Pour ainsi dire. »
DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

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