Quand on affrontait un dragon, il y avait une règle d’or à respecter, que Ciri’ ne connaissait que trop bien : seul un fou affronterait un dragon qui volait. Tant que le dragon était en l’air, il était virtuellement invulnérable. La priorité était donc de le faire descendre, afin de pouvoir l’attaquer, et toute la difficulté, quand on affrontait un dragon, consistait justement à le faire descendre. C’était la première étape, et il ne fallait pas croire que le combat était terminé. Au sol, un dragon conservait toujours son agressivité. Et celui-là avait l’air d’être particulièrement agressif. Ils n’étaient pas des créatures légendaires pour rien. Cirillia se rapprochait rapidement, remontant en sens inverse les arcades pleines de monde. Les gens se pressaient, hurlaient, les gardes tentant vaguement de maintenir à l’ensemble un semblant d’ordre. C’était le chaos, et Ciri’ vit des enfants paniqués, appelant leurs mamans. De brefs souvenirs d’enfance... Elle les chassa aussitôt, et continua sa descente, allant au centre de la ville.
« Remontez avec les autres, Madame ! hurla un garde en s’interposant devant elle.
- Dégage, manant !
- Vous ne pouvez pas aller là-bas, laissez faire la garde, nous contrôlons la sit... »
Il y eut une série d’hurlements abominables émanant de l’une des tours. Le garde et Ciri’ levèrent simultanément la tête. Les hurlements étaient déchirants. Agglutinés autour d’une baliste, des arbalétriers avaient fait feu sur el dragon, parvenant, plus par miracle qu’autre chose, à planter des carreaux sur son corps. La bête n’avait pas apprécié, et avait fondu sur le toit, crachant son feu. La baliste en bois brûlait, ainsi que les servants de l’arme, et les soldats. Ils ressemblaient à des espèces de torchères enflammées, et, dans leur agonie, plusieurs soldats glissèrent entre les meurtrières, tombant dans le vide en poussant des hurlements frénétiques, pour s’écraser sur des chaumières.
« Vous contrôlez la situation ?! le nargua Cirillia.
- Je... Et bien... »
Le soldat bredouillait, ne sachant plus quoi dire. Il était terrorisé, et il secoua la tête.
« Retourner en ville, c’est du suicide !
- J’ai déjà tué un dragon, abruti. Retournez à la cathédrale, et remuez vos fesses ! »
Le soldat hésita à nouveau, mais un autre rugissement du dragon le décida à cesser de jouer au héros. Soupirant devant cette perte de temps, Ciri’ courut un peu plus vite, descendant une rue pavée. Plusieurs pâtés de maisons brûlaient, et il y avait de nombreux blessés. Elle avait sorti sa seule arme réellement utile en lka circonstance : son arbalète. Tout en avançant, Ciri’ vit quatre arbalétriers au sol, devant elle, tirant des carreaux sur le dragon, quid écrivait une boucle, fondant sur eux, se situant derrière Ciri’. Gueule grande ouverte, sa gorge se mit à briller, et Cirillia, en pestant, se jeta sur le sol, évitant le massif dragon qui passa juste au-dessus d’elle. Il rasa le sol, souffla sur les arbalétriers, et s’éleva sans difficulté, tandis que le ssoldats poussaient des hurlements de douleur.
*Son souffle est puissant...*
Rien à voir avec le dragon qu’elle avait jadis réussi à tuer ; celui-là était bien plus dangereux. Il décolla à nouveau dans le ciel, fièrement, et Ciri’ le poursuivit. Elle arriva ainsi à la place d’entrée, et vit le dragon se poser violemment sur le sol. Sa queue fendit l’air, et balança plusieurs soldats, les démembrant, avant de claquer sur le sol. Il rugit, et souffla sur les étals et les chariots abandonnés, enflammant une partie des soldats. Se rapprochant lentement, Cirillia pointa son arme sur lui, mais, pile au même moment, le dragon déploya ses ailes. Elle remarqua alors une autre femme en armure, qui l’avait frappé à la jambe. Un coup judicieux, mais un peu inutile, selon Cirillia ; un dragon avait une carapace particulièrement épaisse, avec quelques rares faiblesses. Ses pattes n’en faisaient toutefois pas partie, et le dragon se retourna, fondant sur la femme.
Une autre morte à déplorer... Du moins, c’est ce que la guerrière pensait, mais elle fut surprise de voir la jeune femme échapper à son attaque. Les griffes du dragon claquèrent juste au-dessus d’elle, et il fila comme une flèche en l’air, avant de se retourner, et de fondre sur la femme, répandant son souffle. Cirillia se dépêcha de trouver une position surélevée, et courut vers une petite tourelle le long du mur. Il s’agissait d’un escalier, qu’elle se servit pour rejoindre le mur. Elle se dépêchait, et se mit en position. Il y avait d’autres archers, qui tiraient sur la bête.
« Ne visez pas ses ailes ! Vous ne les atteindrez pas !
- Vous êtes qui ?!
- Votre seule chance de survie ! »
Ciri’ pesta, et les archers ne discutèrent pas trop.
« Faut-il viser sa tête ?
- C’est la partie la plus résistance de sa carapace, concentrez le tir le long de sa moelle épinière ! »
Là où les pointes ressortaient, la carapace était la moins résistante. Les archers obtempérèrent, et commencèrent à faire feu, Ciri’ les aidant. Le dragon se déplaçait rapidement, mais elle réussit à loger deux ou trois carreaux au milieu de son dos. Le dragon en fut perturbé dans ses déplacements, poussa un hurlement, et trébucha. Il heurta le toit d’une maison, puis se retourna vers les archers du mur, et fondit sur eux. Il répandit son souffle droit sur les archers, et ces derniers hurlèrent. Cirillia bondit en l’air, évitant le souffle enflammé de justesse, et s’agrippa à la jambe du dragon. Ce dernier grogna, en sentant cette passagère clandestine. Elle avait eu le temps de ramener son arbalète dans son dos, et son dos heurta le mur, tandis que le dragon rugit une nouvelle fois. Il retourna sur la place, et Cirillia heurta un étal. La douleur jaillit dans son corps, et elle lâcha la patte du dragon. Elle roula sur le sol sur plusieurs mètres, et heurta involontairement la femme qui avait blessé le dragon à la patte.
Ciri’ se releva rapidement, secouée, tandis que le dragon rugit à nouveau, et revenait sur les femmes. Elle regarda la femme, sachant qu’elle était rapide.
« Votre épée ne servira à rien tant qu’il est en l’air ! Il faut atteindre son dos pour le faire descendre. Essayez d’attirer son attention pour que je le blesse suffisamment avant qu’il se pose sur le sol !! »
‘Pas le temps d’en dire plus, le dragon revenait à la charge !