Un simple rencard… [Le Cercle]

Tout commença avec une fille . Make l’avait d’abord vu en cours de Math, puis ensuite en Sciences et puis encore une fois en Histoire. Il fallait dire que Make n’écoutait pas vraiment pendant les cours, alors ça lui laissait amplement le temps pour observer ses camarades de classes. S’il n’écoutait pas ce n’était pas parce qu’il trouvait la matière trop compliqué ou inutile, au contraire, il n’écoutait pas car il trouvait tout cela trop basique pour que ce soit digne de son attention. Par contre il jugeait la jolie jeune fille assise à quelques places de lui tout à fait digne de son attention.

Elle était belle, incroyablement belle. La jeune fille avait de longs cheveux soyeux qui lui descendaient sur tout le corps, des traits fins et de magnifiques yeux. Make, contrairement à beaucoup, était un homme capable de voir au-delà de des détails comme la poitrine et le derrière d’une femme, mais dire que le corps séduisant de la jeune fille ne l’affectait pas aurait été un grave mensonge. Elle avait également un certain côté aguicheuse, sa jupe était plutôt courte et son chandail un peu trop serré mettait en valeur ses formes avantageuses. Il y avait aussi son regard, à la fois profond et envoûtant.

Make l’avait déjà remarqué à l’école mais il n’avait jamais vraiment eu la chance de lui parler. Simplement en la regardant il regrettait de ne jamais avoir fait plus ample connaissance. Make ne se considérait pas vraiment comme un séducteur, il répugnait l’idée de coucher avec une femme puis tout de suite passer à une autre, mais pourtant, aucune de ses aventures n’avait débouché sur quelque chose de stable. Ce n’était pas faute de vouloir s’engager, il semblait simplement attirer les femmes de se genre. Ça le décourageait souvent, mais cette fille qu’il avait vue lui avait redonné l’envie de tenter sa chance. 

Le jeune homme avait un certain charme et puis ses relations avec les Yakuza lui donnaient un air de mauvais garçon, ce qu’il n’était pas vraiment, à moins que l’on compte ses nombreuses bagarres et son goût un peu trop fort pour l’alcool. Make voulait qu’une fille l’aime pour ce qu’il était, et non ce qu’il dégageait. Les gens qui connaissaient Make pouvaient être séparés en deux catégories, ceux qui l’aimaient, et ceux qui le détestaient. Si la jeune fille avait entendu parler de lui, il espérait qu’elle ait reçu de bons commentaires.

C’est ainsi que Make prit la décision d’inviter la jeune fille à diner un soir, peut-être même aller au cinéma. À la fin des cours, Make alla se promener aux casiers en espérant trouver celle qu’il avait vue plus tôt. Il sourit en la voyant seule un peu plus loin, voilà sa chance. Avant de pouvoir l’atteindre, il se fit intercepter par Urusai et sa bande. Urusai était un jeune homme beau, sportif et populaire. Malgré cela, il était jaloux de la polémique que causait Make au lycée. À chaque fois qu’il croisait Make, il s’efforçait d’être le plus désagréable possible et d’insulter le jeune Yakuza. Une fois, ils en étaient venus au poing, Make étant un combattant depuis son plus jeune âge l’avait mis au tapis en l’espace de quelques secondes. Depuis Urusai se méfie un peu de lui, mais il n’était pas moins chiant pour autant.

-   Les gars, regardez qui se pointe par ici. Un vrai dur!

-   Un vrai de vrai, ajouta l’un des amis d’Urusai en gloussant

-    Qu’est-ce que tu faits ici Akuma? Tu n’es pas sensé de rendre à une fête ou je ne sais pas quoi? Attends, j’oubliais, il n’y a que les gens comme nous qui sont invités.

Les amis d’Urusai se mirent à rire grassement. Derrière, d’autres élèves s’étaient approchés, ils espéraient peut-être voir Make sonner à nouveau Urusai. Le Yakuza n’était pas le seul à le trouver exaspérant après tout. Make n’avait pas le temps pour ça, il souhaitait simplement revoir la fille. Il roula alors légèrement ses manches pour laisser entrevoir se tatouages de Yakuza. Il espérait intimider la bande d’Urusai en leur montrant qu’il était un dur à cuir.

-   As-tu déjà tué quelqu’un, Urusai?

-   Quoi?, s’exclama-t-il un peu surpris de la question

-   Je te demande si tu as déjà regardé un homme dans les yeux, si tu as vu l’expression dans son visage alors que la vie quittait son corps. Si tu as déjà eu le sang de quelqu’un d’autre sur les mains et qu’après tu te les sois simplement lavé?

-   Je… non!

Make s’approcha d’Urusai et l’attrapa par le collet, leurs visages n’étaient plus qu’à quelques pouces l’un de l’autre.

-   Et bien voilà une autre chose que nous n’avons pas en commun. C’est également ce qui différencie les gens comme toi, des gens comme moi.

Make le repoussa et continua son chemin. Derrière lui Urusai reparti en regardant Make d’un air méprisant, il n’aimait pas se faire humilier publiquement. Le jeune homme se remit à marcher en direction de la jeune fille, d’une certaine façon il espérait qu’elle ait assistée à la scène. Make ne voulait pas qu’elle croit qu’il était méchant, mais les filles avaient toujours eu un faible pour les mauvais garçons, ça il le savait. Le jeune homme avait sorti son sourire le plus tendre et il la regardait d’un regard tout à fait charmant. Il arriva à proximité de la fille et avant de se mettre à parler, il laissa échapper un petit rire nerveux. Il avait beau savoir comment s’y prendre, il n’était pas nécessairement alaise. Pourtant sa voix était suave et pleine d’assurance.

-   Salut.

Il la regarda un moment avant de poursuivre, son sourire en coin n’avait pas quitté son visage.

-   Moi c’est Make. Je sais qu’on ne se connait pas vraiment et que ça peut te paraitre étrange, mais j’aimerais vraiment mieux te connaitre. Quand je t’ai aperçue pour la première fois, j’ai cru rêver. Crois-moi, tu es vraiment ravissante. Tu sais, je connais un bon petit resto pas loin d’ici, si tu ne fait rien se soir, on pourrait aller y manger. Je t’invite, faits moi confiance le saumon y est vraiment délicieux.    

Le Yakuza la regarda et essaya de comprendre sa réaction. Il ne souhaitait rien d’autre qu’elle accepte son invitation.

-   En fait, je ne crois même pas connaitre ton nom. Tu t’appelle...?

Make la regarda et attendit qu’elle lui réponde. Tant de choses pouvaient aller mal, elle n’était peut-être pas intéressée? Peut-être qu’elle avait déjà un copain ou qu’elle ne trouvait pas Make de son goût. Le Yakuza sentit son rythme cardiaque s’accélérer mais il chassa ses idées de sa tête et il se calma. De proche, elle était encore plus belle. Make n’en croyait tout simplement pas ses yeux.

-et c'est là que mon rêve devient bizarre. Je me met soudainement à genoux devant toi, et...
Riya regarda un peu de chaque coté, pour s'assurer que personne ne l'entendrait, puis  et reprit en se rapprochant de son amie:
- et j'ai léché ta culotte.
 
Shihomi  eut un sourire amusé. Sa meilleure amie interpréta celui-ci comme un signe d'incrédulité, et s'écria:

-je te jure!  Puis elle reprit en chuchotant: Et après, il y a un blanc, je crois, parce que soudainement je suis en train de chevaucher un homme. il avait l'air d'avoir trente ans, et... enfin tu vois!

Là, Shihomi  éclata de rire. Elle lui fit:
-il faut vraiment que tu te trouve un nouveau petit ami, parce que le sexe te manque trop, là! À moins que ça soit moi qui doit m'occuper de sexe avec toi!
Cette fois-ci, les deux amies éclatèrent de rire.
-si tu continue les blagues comme ca, répondit Riya après avoir reprit son souffle, je te jure que tu dormiras sur le paillasson cette nuit, pour plus de sécurité.
-oh! T'inquiète pas, même sur le paillasson, je t'aurais! tu ne m'échapperas pas. Répondit Shihomi  en singeant de manière bouffonne une voix diabolique.

  Et elles éclatèrent à nouveau toutes les deux de rire. Riya ayant particulièrement le fou rire, Shihomi  eut un regard sur elle. Sa colocataire ne comprenait pas que ces rêves étaient en fait d'ultimes fragment de la nuit précédente, mais chaque fois elle avait plus de souvenir que la dernière. C'était surement lié au nombre de fois que Riya avait eut de rapports avec le Cercle. Et ca, c'était la faute de son amie.

 Celle-ci, membre du Cercle, se sentait coupable de cacher ce gros morceaux de sa vie à celle avec qui elle partageait tout, mais le règlement du Cercle était catégorique, et à tout prendre ça se comprenait.  Riya avait même, bien qu'elle ne s'en souvienne pas, passé l'examen pour entrer au Cercle. Mais n'avait pas marché.
Alors, Shihomi  s'arrangeait pour sa copine ait au moins quelques bons moments.  Mais la fréquence de ces moments devenait un problème, et il faudrait bientôt trouver autre chose.

Son amie venait de partir rejoindre son cours, et Shihomi  réfléchissait à son problème, lorsqu'elle entendit l'altercation entre Make et la bande d'Urusai. Elle reconnut ce dernier comme l'un des plus pathétique tocard qu'elle eut jamais vu, d'autant plus qu'il se la jouait chef de gang ou quelque chose comme ça.  Elle ne voyait pas vraiment l'autre avec l'attroupement, mais elle entendit par bouche à oreille qu'il s'appelait Make, et qu'il était dans les Yakusa.

 Lorsque les deux  hommes se  séparèrent, Shihomi eut la surprise de voir le dénommé Make s'approcher d'elle, et, comprenant qu'il allait lui adresser la parole, elle pencha la tête sur le coté comme ca lui arrivait souvent quand sa curiosité était attisée.

-   Salut. fit le jeune homme. De plus près, elle réalisa à quel point il était impressionnant, grand, musclé, les traits aigus mais pas sans une certaine harmonie. Shihomi songea que même si il n'était pas forcément un Yakusa, étant donné son origine clairement occidentale, il n'y avait aucune surprise à ce qu'on aille souvent l'imaginer dans un gang. En fait, il devait effrayer tout les profs du lycée avec son air, plus que racaille, limite guerrier.
- bonjour. répondit Shihomi,essayant de ne pas paraitre trop scrutatrice.
Elle se demandait ce qu'il allait dire, quoique avec son sourire, l'air détaché qu'il se forçait un peu à garder, et le rire nerveux qui lui avait échappé, elle avait déjà une ou deux théories sur ses intentions.

-   Moi c’est Make. Je sais qu’on ne se connait pas vraiment et que ça peut te paraitre étrange, mais j’aimerais vraiment mieux te connaitre. Quand je t’ai aperçue pour la première fois, j’ai cru rêver. Crois-moi, tu es vraiment ravissante.
Shihomi  sourit, et ajouta :-merci!
 Elle se doutait bien que le plus probable restait qu'il avait un penchant pour elle, mais était-ce un penchant romantique, ou plutot sexuel? Tout serait dans la suite: proposition de rencard, ou quelque chose de plus direct et moins conventionnel? 
-   Tu sais, je connais un bon petit resto pas loin d’ici, si tu ne fait rien se soir, on pourrait aller y manger. Je t’invite, faits moi confiance le saumon y est vraiment délicieux.    
donc il s'agissait d'un rencard. Le plus logique bien sûr, mais dans ce lycée, il vaut mieux être prêt à d'autres comportements que le plus logique.
-   En fait, je ne crois même pas connaitre ton nom. Tu t’appelle...?

- appelle-moi Shihomi. Quand à ta proposition...

 Elle recula de quelques pas pour avoir une meilleure vue sur le jeune homme. Pendant qu'elle  l'inspectait, elle réfléchissait à la soirée quelques membres du Cercle avaient prévu et au fait qu'elle pensait y emmener sa colocataire. Elle songea à y piéger Make, mais l'image de son amie lui fit penser qu'elles avaient toutes les deux mérités une soirée plus calme.

- ...il faudrait que je décommande un truc, mais tu as l'air de pouvoir en valoir la peine, donc disons qu'on se revoie devant le lycée vers 19h-19h30, Fini-t-elle après ces quelques réflexions. Au fait, quel genre de resto est-ce?

La jeune femme que Make venait d’aborder se présenta, Shihomi. Make lui sourit, mais elle n’avait pas encore acceptée sa proposition.  Elle recula, un peu comme pour mieux observer Make. Les quelques secondes qu’elle hésita furent les plus longues secondes que Make n’avait jamais vécus de sa courte vie.  Même en la regardant, Make ne pouvait s’empêcher de penser à quel point elle était belle. Même sa voix était mélodieuse, et sa façon de le regarder rendait Make fou. Elle finit par se décider, Make avait envie qu’elle accepte, mais la petite hésitation qu’elle avait eue rendait Make un peu nerveux, bien qu’il ne le laisse pas paraitre.

-    …il faudrait que je décommande un truc, mais tu as l'air de pouvoir en valoir la peine, donc disons qu'on se revoie devant le lycée vers 19h-19h30

Qu’elle décommande un truc? C’était doc ça qui l’avait fait hésiter. Make se sentit flatté lorsqu’elle lui annonça qu’il avait l’air d’en valoir la peine.  L’heure convenait parfaitement à Make, il n’avait pas grand-chose à faire.

-   J’y serais.

-   Au fait, quel genre de resto est-ce?

-   Ça s’appel le Dragon de Seikusu. Le restaurent comme tel à un certain style, rien de trop classe, mais c’est bien. Je connais le propriétaire, c’est un bon bonhomme et un excellent cuisinier. Il sert un peu de tout même s’il a une certaine préférence pour les sushis et le poisson. Donc on se voit dans quelques heures

Make la regarda en souriant avant de s’en aller et de retourner chez lui. Il vivait près du lycée et faisait le trajet à pieds. En arrivant chez lui, il reconnu l’auto de Dansu stationnée devant son appartement. Dansu était en quelques sortes le mentor de Make. Les parents de Make s’étaient faits tuer lors d’un voyage d’affaire à Seikusu, Make lui-même avait failli perdre la vie. L’histoire de Make était venue aux oreilles du Daimyo, le chef du clan Akuma. Il avait prit pitié du jeune garçon et l’avait recueilli au sein du clan. Il avait ensuite chargé Dansu, l’un de ses lieutenants de s’assurer qu’il ne manque de rien. Dansu était donc devenu un peu comme un second père et le Daimyo, une sorte de grand-père.

D’autres lieutenants avaient étés importants dans la vie de Make comme Dorobo et Satsu, mais Dansu l’avait nourrit et apprit la plupart des choses qu’il savait. Dansu avait une clé de l’appartement de Make, et au grand dam du jeune Akuma, n’hésitait pas à s’en servir. Make retrouva son mentor en train de se servir dans son frigidaire. Quand Dansu réalisa qu’il était observé il se retourna et ne pu rien faire d’autre qu’afficher un sourire coupable sur son visage. Ça ne dérangeait pas vraiment Make et les deux rirent de bon cœur, après tout, il fallait avouer que la situation était plutôt drôle. Après quelques instants, les rires s’estompèrent. 

-   Désolé Make, c’est juste que je t’attendais pour savoir si tu faisait quelque chose après l’école, mais tu n’arrivait pas. Au fait, qu’est-ce qui t’a pris autant de temps.

Il arrivait fréquemment que Dansu et Make aillent ensembles manger un morceau quelque part ou voir les nouveau films au cinéma. Ils s’entendaient très bien ensembles.

-   Et bien… j’ai un rencard. C’est ce qui m’a pris autant de temps

Dansu faillit s’étouffer en entendant le mot rencard

-   Un rencard? Toi? Ça fait au moins un siècle que tu n’es pas sortit avec une fille! Il faut que j’appel le Daimyo. Il va surement croire que je plaisante.

-   N’en mets pas trop, je te signale que ça ne faits pas si longtemps que ça.

-   Ça va te faire du bien, toutes ses soirées passées seules doivent t’avoir données faim, si tu vois ce que je veux dire…

Make détestait quand Dansu se montrait suggestif

-   Ma vie est mieux que tu le penses! D’ailleurs, je ne me souviens même pas t’avoir déjà vu avec une femme. Alors tu connais mieux que moi ces ''soirées de solitaire''

Les deux se regardèrent en silence avant d’éclater de rire à nouveau. Il y avait beau avoir une assez grande différence d’âge entre Dansu et Make, les deux étaient vraiment complices.

-   Laisses-moi au moins t’aider à ne pas complètement foirer ton rendez-vous.

-   Je vais prendre mes chances tout seul

-   Comme tu veux. Juste pour que tu le saches, une fois ton rencard terminé, tu me dois des détails sur ta soirée, compris?

-   Tu t’es entendu? On croirait que c’est toi l’adolescent.

Dansu sourit avant de quitter l’appartement.  Make commença alors à se préparer. Il sauta dans la douche et se brossa les dents. Il prit même la peine de se parfumer. Make choisit de porter des jeans noir avec un chandail gris à manches longues qui était serré au niveau du torse et des bras, cela lui donnait un air encore plus musclé. Il se peigna comme d’habitude, en ramenant ses cheveux par en arrière à l’aide de gel et enfila ses souliers Converse. Il se regarda dans le miroir et fut satisfait de son look. Il avait un look rockeur et combattant, mais il conservait quand même une certaine classe. C’était parfait.

Avant de partir, Make écouta un peu de musique, question de se détendre un peu.  Il écoutait du Guns N’Roses, l’un de ses groupes préférés. Lorsqu’il serait nerveux, il n’aurait qu’à se remémorer l’une de leurs chansons et il se sentirait alors plus calme. Une fois l’heure de partir, Make vérifia s’il n’oubliait rien et repartit en direction de l’école. Shihomi n’était pas encore là, alors Make du attendre un peu. Il fut tenté d’aller s’assoir plus loin mais il préféra rester debout. Le jeune Akuma attendait avec impatience l’arrivé de la jolie Shihomi, la soirée s’annonçait effectivement très agréable. 
 

"-le dragon de Seikusu? Ah, oui! Je vois à peu près où c'est! j'ai jamais essayé."

après avoir quitté Make, sur le chemin vers son appartement, Shihomi téléphona à une de ses amies.
"-allo? Motoe? Tu est seule?"
La question, anodine, était un garant de la sécurité du Cercle, qui avait aussi l'avantage de séparer la vie de Cercliste et la vie quotidienne. Quand un membre sortait cette phrase au téléphone, son interlocutrice savait immédiatement quel sera le sujet de la conversation, et pouvait donc s'isoler pour la continuer.
"-oui, il n'y a que des copines."
"-d'accord. C'est à propos de ce soir. Vous êtes déjà sur place?" Demanda Shihomi.
"-oui, pourquoi?"
Shihomi soupira. Elle ne voulait pas que le Cercle soit de sa soirée. Pas avant de mieux connaître le personnage. Elle n'avait pas été dans une relation sérieuse depuis des années, elle voulait savoir si elle avait une chance avec celui-là. Si les filles avaient pu annuler leur soirée pour interrompre son diner, elles s'y seraient précipitées. Mais si elles étaient déjà sur place, l'annulation de leur soirée allait être plus dure.

"-je ne vais pas pouvoir venir. J'ai un rendez-vous."
"-Oooooh!" Fit Motoe. "On devait aller chez toi avec nos captures."
"-ouais, je sais. Désolé."
"-Mais alors, où est-ce qu'on va?"
Shihomi réflechit quelque instant à la géographie de la ville. Si sa mémoire était bonne, le restaurant devait être dans les quartiers suds de la ville...
-vous n'avez qu'à aller voir Hisako. Miss Ine est en séminaire pour la semaine, Elle doit s'ennuyer.
 Si Shihomi ne s'était pas trompée, l'appartement d'Hisako sera juste assez loin pour qu'on ne la voie  pas dans le restaurant en y allant, mais assez près pour y aller pimenter la soirée en cas de besoin. il semblait qu'on discutait la proposition de l'autre coté de la ligne.
"-... d'accord. Passe une bonne soirée alors!" Puis Motoe ajouta, presque impulsivement:
"-c'est quiii?"
"-huum-hum!" Fit Shihomi de manière mysterieuse.
"-hé! Tu n'est pas en train de te réserver un mec pour coucher à deux, au moins?"
Shihomi eut un sourire. Elle repensait aux regards que Make lui avait jeté.
"-non, non. C'est pas au programme. Bon, je te laisse, j'arrive devant mon immeuble."
"-booooon! D'accord! mais tu me raconteras tout demain!hein?"
"-bien!bien! Si tu veux!"

Une fois le portable raccroché, elle tapa le code d'entrée de son immeuble et monta à son appartement.
Elle vit Riya, sur le divan de l'appart', qui montrait sa curiosité à sa colocataire.

"-ok, qu'est-ce qui se passe?" Demanda Shihomi, un poil d'irritation dans la voix.
Riya feignit ironiquement l'indifférence:
-oh! Rien, rien. C'est juste que j'avais une heure de cours de plus que toi. Comment j'arrive ici avant toi?   
Shihomi esquissa un demi sourire amusé.
-tss...curieuse! On croirait un mari jaloux.
Par jeu, Riya prit un ton plus ferme:
-et si tu me répondait au lieu de changer de sujet?
Shihomi répondit d'un faux air offusqué.
-ho! Puisque tu le prend comme ça, je j'avoue: oui je vois un autre homme!
elle s'attendait à entendre Riya rire, mais elle se redressa, soudain intéressée.
-ha? Vraiment? C'est qui?
-ho! T'emballe pas, c'est juste un rencard, pour le moment. C'est ce soir par compte.
-oui, mais qui?
-il s'appelle Make. Il est venu me voir un peu après que tu sois partie.
Riya était allé au frigo, pour voir son contenu.
-c'est dommage pour notre soirée, fit Riya. Tu vas dans un resto? Donc un seul plateau-repas pour ce soir.
 Elle avait encore le nez dans le frigo lorsqu'elle sortit, par plaisanterie:
-faut voir les bons coté, ceci dit. Je pense que si je te vois moins ce soir, je ne ferait pas de rêves sur notre relation. Hahaha...ça va pas? Tu as pâlit.   
Shihomi avait  entendu la vérité ignorée(du moins elle l'espérait) de cette plaisanterie. Ça lui avait fait un choc et le malaise qu'elle ressentait lui fit peur.
Mais il fallait garder bonne figure. Elle profita donc de l'occasion pour une autre idée qu'elle avait eu en venant:
-non, c'est rien. C'est juste que j'ai failli t'oublier. J'avais prévu un truc pour que tu t 'ennuie pas trop. Ça aurait été dommage que ça soit resté dans ma poche. Tiens.
 Riya regarda le ticket que lui tendait sa colocataire. Elle sourit.
-un ticket de cinéma?
-pour le film que tu voulais voir depuis si longtemps. Si tu veux pas, il est échangeable.
-attends, je vais chercher mon porte-monnaie.
-ha,non! Tu ne me rembourse pas.
-mais...
-c'est mon mea culpa pour t'avoir fait faux-bond à la dernière minute. Et avant que tu m'objecte quoi que ce soit, je vais me changer parce que je vais être en retard. Bonne soirée!
Et elle lui fit une bise au front.


 Elle étai arrivée à son rendez-vous à 19h25. Elle voulait le faire attendre un peu, mais avait peur qu'il croie qu'elle lui avait posé un lapin. N'étant pas sûre de ce qu'elle devait porter, elle opta pour un costume en équilibre entre la tenue de soirée et les vêtements séducteurs. Elle portait une jupe noire plissée descendant aux genoux, une chemise blanche qu'elle avait choisit assez épaisse au cas où il ferait froid. Elle avait aussi pris, pour la même raison, une veste bleu marine. Elle gardait le vêtement ouvert, parce que finalement, il ne faisait pas si froid. Elle s'était fait un maquillage discret, de peur d'en faire trop, et songeant qu'elle n'était tellement maquillée non plus lorsqu'il était venu la voir.

Elle le vit. Il semblait  avoir attendu longtemps, le pauvre devait être là depuis les 19h.
« -hé! Fit-elle à quelques mètres de l'homme. Je suis là. Je ne t'ai pas trop fait attendre? »
il était en pull gris et jean noir.  Elle fut un peu surprise, même si ai final ce vêtement lui allait bien elle s'était attendu à plus habillé. Elle eut peur d'en avoir fait trop et de le complexer. pour éviter ça elle joua, ou plutôt réveilla sa simplicité: elle tourna sur elle-même pour lui faire admirer ses habits, et lui demanda:
« t'en penses quoi? »

Le temps filait rapidement, et Make commençait à craindre qu’elle ne vienne pas. Il regarda sa montre, 19h20. Il restait encore dix minutes, Make n’avait pas à s’inquiéter. Il se trouva un peu stupide d’avoir été si paranoïaque, mais il n’avait pas eu de rancard depuis longtemps, sa confiance en lui en était naturellement diminué. Par contre, un de ses talents venait l’aider, il était un excellent joueur de poker doublé d’un Yakuza, en d’autres termes, un maitre dans l’art de cacher ses émotions. Make sentit son cellulaire dans sa poche vibrer, il avait reçu un texto. Il regarda de plus près et vit qu’il venait de Dansu, surement pour le narguer ou se moquer de lui. En le lisant il sut qu’il avait raison.

« Make, je te parie 800 yen qu’elle ne viendra pas. Si jamais elle vient, souviens-toi de cela. Je sais que tu es un fan de Star Wars, mais évite d’en parler, à moins que tu ne veuilles finir la soirée en temps que ''Hand Solo''»

Make dut reconnaitre que la plaisanterie était bonne, mais ce n’était pas ça qu’il avait besoin de se faire dire à ce moment. Il craignait que Shihomi lui pose un lapin et voilà que Dansu le narguait au téléphone. Il reçut un autre texto de la part de son ami.

« Sans blague, j’ai confiance en toi. Fait honneur au clan Akuma! »

Make rangea son cellulaire, Dansu se montrait plus gentil mais le jeune Akuma ne voulait pas s’engager dans un grand débat par texto avec son mentor, il était déjà assez préoccupé comme cela. Quelques minutes plus tard, il vit Shihomi arriver. Ce fut comme si on lui enlevait un énorme poids de sur les épaules. Maintenant, la soirée allait pouvoir commencer. Sa confiance en lui lui revint tout d’un coup.

-   Hé! Je suis là. Je ne t'ai pas trop fait attendre?

Make la regarda en souriant et en haussant l’un des sourcils. Ce sourire avait fait fondre le cœur de plus d’une demoiselle.

-          Non, ça va.

Shihomi était réellement bien habillé, elle avait de la classe. Make savait qu’il aurait du prendre quelque chose de plus propre. Il avait décidé de s’habiller simplement puisqu’il avait l’habitude d’intimider en quelques sortes avec se habits haute gamme. Pour une fois qu’il rencontrait une fille qui aurait pu apprécier son style, raffiné, il optait pour la simplicité, quel idiot. Il avait chez lui au moins trois complets qu’il avait été chercher en compagnie du Daimyo à Londres. Il avait même insisté pour que le tailleur n’utilise plus le même tissu avec le même arrangement de couleurs. Make était l’héritier le plus probable de l’un des clans Yakuza le plus puissant du Japon, ses habits allaient en conséquence.  Il regarda son accoutrement et se dit que ce n’était pas si mal, après tout, ils n’allaient pas à un restaurent très haute gamme. Plutôt classe, mais sans plus.

-   T'en pense quoi?

-   J’aurais du me mettre quelque chose de plus propre, tu es resplendissante.

Shihomi ne semblait pas trop s’en faire, Make fut soulagé à nouveau. Elle n’était pas du genre prétentieuse et c’était pour lui plaire. Make était lui aussi quelqu’un de relativement simple même s’il aimait avoir une certaine prestance. Le jeune Akuma regarda Shihomi toujours en souriant, elle était vraiment belle, Make ne pouvait s’empêcher de le remarquer. Que ce soit par son corps ou simplement par ses traits harmonieux, elle ne cessait de l’impressionner.

-   Suis-moi, le restaurent n’est pas très loin. 

Le Dragon de Seikusu n’était qu’à quelques pas de là.

-   C’est un restaurent que je fréquente depuis un bon bout de temps, le propriétaire est un gars très sympathique.  Tu vas t’y plaire, crois-moi.

Make se retourna pour regarder la jeune fille.

-   Je suis heureux que tu aies accepté de venir avec moi.  Ça fait des siècles que je ne suis pas sorti et je dois t’avouer que j’étais un peu nerveux. Je suis heureux de pouvoir passer la soirée en si agréable compagnie.

Le jeune Akuma se retourna à nouveau pour lui sourire. Il espérait que ses compliments arriveraient à la toucher. Il était un charmeur et un gentleman dans l’âme mais il n’avait pas beaucoup d’expérience «pratique».  Ils arrivèrent devant le restaurent. Un petit établissement, c’était propre et classe, mais il régnait surtout une ambiance familiale. Comme la plupart des établissements que fréquentent les Akuma, le Dragon de Seikusu était bien décoré d’œuvre d’arts rappelant l’époque des samouraïs.  Le Dragon appartenait à Togo Minimata, un bon ami du clan Akuma. L’homme avait environ soixante ans, il était bedonnant et son visage rond et souriant pouvait remonter le moral à n’importe qui.

Togo était un blagueur et un bon vivant, mais il était surtout un excellent cuistot. Tout ce qu’il cuisinait, il le cuisinait sur un grill dans le fond du restaurent à la vue de tous. Ses talents impressionnaient toutes les critiques culinaires. Son restaurant aurait facilement pu devenir une chaine de renommée, mais il avait préféré garder son établissement petit, il ne gardait avec lui que deux ou trois autres cuisiniers. Il était la simplicité même, et rien ne pouvait le séparer du plaisir qu’il éprouvait pour cuisiner.  Le restaurent était presque vide à cette heure-ci, en voyant le jeune Akuma entrer, le visage de Togo s’éclaircit et ses assistants cuisiniers le saluèrent de la main.

-   Make! Make Akuma!

Le cuistot alla à la rencontre de Make et le serra dans ses bras. Les deux hommes s’appréciaient beaucoup, et Togo était quelqu’un de très démonstratif.  Togo était en quelques sortes devenu l’oncle de Make avec le temps.

-   Ça fait longtemps! Heureux de te revoir!

-   Moi aussi je suis content de te revoir.

Cela ne faisait pourtant pas si longtemps que les hommes s’étaient vus, deux semaines tout au plus.

-   Je vois que tu nous as apporté de la compagnie! Elle est vraiment belle en plus.

Togo s’approcha de Shihomi et lui donna un baiser sur la main.

-   Tu es vraiment un homme chanceux Make. Ça va te faire du bien de passer du temps en compagnie d’une femme, je ne me rappel même pas la dernière fois que tu en as amené une sous mon toit! Écoute, ce soir, pour vous c’est gratuit!

-   Non, laisses-moi payer Togo, je…

-   Non, non, non! J’insiste. Les affaires vont bien et ce n’est pas tout les jours que j’ai la chance de te voir accompagné. Allez, laissez-moi  vous amener à votre table, je passerais prendre vos commandes plus tard.

Togo leur donna une table près d’une fenêtre. Make, en grand gentleman, tira la chaise de Shihomi pour qu’elle puisse s’assoir avant d’aller lui-même s’assoir.  Il espérait que  le côté convivial de Togo lui avait plu. Il la regarda avec un sourire complice, Togo était vraiment un personnage.

-   Si tu me parlais un peu de toi. À mon plus grand regret, je ne te connais pas vraiment bien. Tu es vraiment sympathique et j’adorerais faire plus ample connaissance.

- Hé! Je suis là. Je ne t'ai pas trop fait attendre?
  Il se donna des airs de crooneur, du genre ''pour toi baybay, j'attendrai toute la nuit.'', mais Shihomi côtoyait des dragueurs depuis quelque années déjà, elle n'eut aucun mal à repérer son soulagement. De plus, elle ne put s'empêcher de penser que le sourire de bourreau des cœurs marchait moins bien quand on le précède d'une demande comme celle qu'il avait formulé quelques heures plus tôt à peine.

-  Non, ça va.
 fit-il, feignant l'assurance.

Shihomi pouvait bien rire des petites combines de Make pour paraitre plus sur de soi, elle n'usait pas moins de ses propre astuces pour désamorcer toute frustration ou malaise qui aurait put résulter de la différence de vêtements.
- T'en pense quoi?
- J’aurais du me mettre quelque chose de plus propre, tu es resplendissante.
- merci! Mais t'inquiètes pas pour toi, c'est un look qui te va parfaitement! Bon, le contraste avec mes vêtements est un peu curieux, mais c'est moi qui suis à blâmer ici. j'ai voulu trop en faire.

Make sembla là aussi plus à l'aise. de toute évidence, la différence de style vestimentaire ne lui posait  plus de souci si elle n'y accordait pas d'importance.

  Shihomi se permit même une plaisanterie, en prenant avec un petit rire le bras de son compagnon pour qu'il l'amène au restaurant:
- bon, par contre la prochaine fois, on se met d'accord sur ce qu'on porte, parce sinon à force, ça va faire désordre!

 Sur le court chemin les séparant du Dragon,elle prit la peine de l'observer plus à loisir. Il était plutôt bel homme, très sculpté, représentant parfait ce que certains appellent le style ''bad boy''. Pourtant, alors même qu'il avait la réputation d'être Yakusa, son attitude donnait l'impression qu'il ne voulait pas intimider. Ou peut-être était-ce juste avec elle?

- Je suis heureux que tu aies accepté de venir avec moi.  Ça fait des siècles que je ne suis pas sorti et je dois t’avouer que j’étais un peu nerveux. Je suis heureux de pouvoir passer la soirée en si agréable compagnie.
- tu sais, ce n'est pas non plus une faveur de reine. Moi non plus j'ai rien eu de sérieux depuis une éternité! Juste des flirts sans lendemains. Ça me fera du bien de changer d'air, surtout avec Elvis Presley. hihihi.

 En entrant elle se demanda un peu pourquoi ce jeune homme qui pouvait facilement séduire n'importe quelle fille en faisant le bad-boy, semblait plus miser sur l'honnêteté. voire peut-être même le rabaissement de cet aspect?
  De son coté du moins, elle n'avait pas menti. À quelques exceptions près, ce qui se passait avec le Cercle n'avait aucun intérêt sentimental ni pour les membres ni pour les victimes, et elle n'avait pas pensé à s'engager dans une relation sérieuse depuis son entrée dans le Cercle.

 Le restaurant était sympa. C'était le genre d'endroit qui cherche à être discret pour assurer une qualité de service à ses clients fidèles . Shihomi pensa à Mr Satterthwaite, un personnage d'Agatha Christie qui l'avait toujours fasciné. Le vieil anglais  avait deux grandes passions: la gastronomie et les histoires humaines. Il voyageait durant l'année entre quelques lieux qui avaient sa préférence, ayant ses habitudes dans des restaurants méconnus mais finement choisis et se fondant dans le décors pour observer la vie des autres. Mais son implication dans ces vies était, sauf quand Mr Quinn apparaissait, toujours celle du spectateur silencieux et attentif. Cette capacité à la passive bienveillance était pour elle un objet d'admiration, elle qui n'avait jamais pu être une simple observatrice, elle qui devait toujours agir dans ce qui se passait autour d'elle.
 Depuis que Shihomi avait lu le recueil pour lequel il avait été créé, Le Mystérieux Mr Quinn, elle se demandait pour chaque restaurant si il s'y rendrait, où il s'assiérait, qui attirerait son attention et pourquoi.
  Et ce jour-ci, dans ce restaurant plus dans nul autre, elle sentait le regard du vieil homme la suivre depuis un coin de la salle. Pour peu qu'il ait eu le goût de la cuisine japonaise, il aurait certainement apprécié le Dragon.

  Cependant, comme dans le conte de Dickens, le fantôme des cuisines passées de l'Angleterre ''Christienne'' dut laisser la place au fantôme des cuisines présentes, ici joué avec vivacité par le jovial Togo qui, connaissant manifestement Make,  il se dirigea vers lui avec un enthousiasme en béton et un débordement verbal grandissant.  Shihomi fit un petit salut discret de peur d'interrompre de si chaleureuses retrouvailles, mais le chef porta son attention sur elle .

- Je vois que tu nous as apporté de la compagnie! Elle est vraiment belle en plus.

  cette remarque aurait pu être de la galanterie simpliste, mais cela ressemblait à un constat enjoué, comme si il voyait sa couleur préféré sur la robe de Shihomi et n'avait pu garder cette bonne surprise pour lui. De même le baisemain, pour lequel elle se laissa faire avec un sourire, donnait l'impression d'un geste lui était venu naturellement. 

Lorsqu'il reparti, non sans les avoir installé et leur avoir offert le diner, elle eut un petit rire.  Make, lui, avait un sourire qu'elle traduisit mentalement par ''il est pas mal celui-la dans genre, hein?''. Elle risqua un petit commentaire:
- C'est un sacré personnage! Il a l'air gentil.
 elle prit le menu posé devant sa place et commença à le lire en poursuivant:
 - Il est toujours aussi... démonstratif? Il en dit un peu trop, quelque part. Il pouvait par exemple pas savoir que tu m'avais déjà signalé la rareté de tes sorties. Il aurait pu avoir fait une gaffe en disant ça. 
elle se rendit compte qu'elle s'empêtrait dans ses explications et que Make pouvait tout à fait mal prendre ses commentaires. Confuse, elle se reprit:
 - ne comprend pas de travers. Je le trouve vraiment gentil. Tout ce que je veux dire c'est pas avec lui qu'on garde sa part de mystère. C'est important, ça, non?

puis vint la question qui devait tomber, comme à chaque sortie de ce genre, et à laquelle personne ne trouvait de réponse qui la satisfaisait. ''parle-moi un peu de toi!''. Shihomi tenta de dédramatiser cette question en piquant un peu le jeune homme
  - j'en sais pas beaucoup plus  sur ton compte! En plus c'est toi qui m'a demandé de venir ici, c'est à toi de faire la conversation. Mais si tu veux que je commence... voyons...  
  Évidement, la première chose qu'on trouve à dire à ces moment est presque la plus stupide possible. En l'occurrence, ça aurait donné un truc du genre ''je suis membre d'un groupe de lycéennes qui pratiquent le sexe de manière quotidienne et en changeant de partenaire à chaque fois.''. L'avantage avec ce genre de remarque c'est qu'il est difficile d'imaginer sujet d'étonnement plus efficace. Mais non. Il ne faut pas trahir le groupe par goût de la surprise.
- je suis né à Seikusu, où j'ai passé la plus grande partie de ma vie, à part mes vacances que je passe chez grands-parents au Nord. Depuis deux ans, je vis dan un appart avec ma meilleure amie, parce que ça me donne plus de liberté et de temps libre que d'aller chez mes parents, qui sont plus en banlieue.
 Sinon, voyons...ah! Oui!  j'aime faire du vélo. Surtout dans le village de mes grands-parents parce que c'est très montagneux, donc quand tu descend, Wouahou! C'est un peu comme... comme une montagne russe, mieux même! Tu as un tel sentiment de puissance, c'est... grand.
  comprenant qu'elle s'était laissé un poil emportée par son sujet, et qu'elle avait failli dire plus qu'elle ne le devait, elle eut un sourire gêné. Elle demanda:
- Tu comprends ce genre de sensation? 
  puis elle cacha son visage derrière le menu.

 Après un instant sans plus trop oser parler, elle détourna la conversation vers le menu:
- ce menu est très complet dis donc! J'ai un peu peur de me perdre dans tout ces plats! T'as une suggestion? 

Tout semblait se passer à merveille pour Make. Shihomi semblait être une fille plutôt enjouée, c’était bien. Make, étant un Yakuza, voyait souvent les bas-fonds de la société humaine. Il avait eu depuis longtemps des centaines de raison pour perdre sa foie en l’humanité, mais quand il voyait des gens comme Shihomi, qui malgré tout ce qui se passait dans le monde parvenaient à garder le sourire, lui aussi n’avait plus le goût d’être triste. Seulement d’être heureux. Make en faisait peut-être un peu trop. C’est vrai qu’il avait vu des choses pas très agréables, mais en vérité, il passait le plus clair de son temps de Yakuza dans des soirées mondaines en compagnie des dirigeants de son clan. Sa vie était bien plus agréable que celle de la plupart des gens.

En marchant jusqu’au restaurant, Shihomi lui tenait le bras. Make trouva ça agréable. Tout au long du trajet, ils discutèrent un peu. Shihomi lui avoua ne pas avoir eu de rencard depuis longtemps elle aussi. Make trouvait ça difficile à croire, une fille aussi jolie qu’elle devait avoir des dizaines de prétendants. Pourtant, il ne dit rien. Il ne savait pas comment formuler sa pensée de façon à ce que ça sonne bien, alors il préféra ne rien dire. De retour au restaurant, Make discutait avec Shihomi. Tout ce qu’elle lui disait était pour lui très intéressant.  Était-il en train de tomber amoureux d’elle aussi rapidement? Ce connaissant bien, Make trouvait cela possible après tout.

-   C'est un sacré personnage! Il a l'air gentil.

-   Ça il l’est. Avec le temps, il est devenu comme de la famille pour moi.

Make souriait toujours à Shihomi, il savait que Togo était un peu particulier. Attachant, mais particulier.  Elle essayait de dire quelque chose sur le cuistot sans paraitre méchante, Make comprenait ce qu’elle voulait dire, mais il trouvait drôle sa façon à elle de s’expliquer.

-   Ne comprend pas de travers. Je le trouve vraiment gentil. Tout ce que je veux dire c'est pas avec lui qu'on garde sa part de mystère. C'est important, ça, non?

-   Je comprends ce que tu veux dire. Togo est quelqu’un d’honnête, c’est bon d’être entouré de gens comme lui. Je m’efforce d’être le plus honnête avec lui en retour, je ne suis pas quelqu’un qui a beaucoup de secrets non plus, alors…

Make regarda Shihomi puis reprit en riant

-   Mais tu a raison sur un point, ce que Togo sait, tout le monde le sait.

Make demanda alors à Shihomi de lui parler un peu d’elle.

-   J'en sais pas beaucoup plus sur ton compte! En plus c'est toi qui m'a demandé de venir ici, c'est à toi de faire la conversation. Mais si tu veux que je commence... voyons...

Pour plaisanter, Make prit une voix distinguée puis dit

-   Et bien, je suis un gentleman et il est impoli pour un gentleman de parler de lui-même.

Shihomi commença alors à lui raconter son histoire. Elle était une fille tout à fait normale après tout. Elle disait qu’elle aimait le vélo, Make n’était pas très fan de la bicyclette, il n’en possédait même pas une, mais il pouvait apprendre à apprécier cette activité sans problème.  Shihomi lui raconta sa vie, mais Make avait la drôle d’impression qu’elle omettait de parler de quelque chose. C’était surement rien, Make devait s’imaginer des choses.  Pourtant, elle avait l’air drôlement passionnée par le vélo, c’était étrange.  Mais Make trouva son enthousiasme charmant.

-   Tu comprends ce genre de sensation?

-   Un peu, oui.

Make lui sourit. Shihomi semblait être un peu gênée de s’être enthousiasmée ainsi, mais il n’y avait aucun gène à avoir.

-    Ce menu est très complet dis donc! J'ai un peu peur de me perdre dans tout ces plats! T'as une suggestion?

-   Les sushis sont excellents, sinon le saumon de Togo reste un grand classique. Je crois même que je vais me laisser tenter par ça.

Pour mettre Shihomi plus à l’aise, Make décida qu’il allait parler de lui un peu. Il n’aimait pas vraiment parler de lui. Son histoire n’était pas vraiment agréable à entendre, plutôt triste même. Ses parents s’étaient fait tuer à Seikusu alors les Akuma l’avaient pris sous leurs ails. Comme le Daimyo, le chef du clan, n’avait pas de descendant et qu’il avait élevé Make comme un fils, ce serait probablement lui l’héritier du clan. Personne ne voulait entendre ça. De plus, il ne voulait pas que Shihomi pense qu’il se donnait un look Bad boy en disant qu’il est Yakuza.

Make aurait pu facilement se faire passer pour un Bad boy. Il en avait le look, mais ce n’était pas lui. Il n’était pas réellement un méchant garçon. En fait, il était un type bien, un gentleman. Il avait beau être Yakuza et être plutôt bagarreur, il n’était pas un Bad boy. Les Bad boy enchainaient les conquêtes romantiques les unes après les autres tandis que lui cherchait éperdument le grand amour. Il était également un intellectuel et il était aussi un peu «nerd».  Il n’aimait pas les Bad boys. Il était Make, quelqu’un de différent. Il décida de raconter son histoire à Shihomi sans mentionner les parties tristes et ennuyante. Il ne voulait pas avoir l’air de quelqu’un qui se morfondait sur son sort non plus.

-   Et bien quant à moi… je suis né en Amérique. Au Canada, plus précisément. Je suis arrivé ici quand j’avais à peu près dix ans. Moi aussi j’ai emménagé en appart l’année dernière, sauf que je vis seul. C’est vrai que c’est plus pratique, moi c’était ça ou le pensionnat de l'école. Comme je n’aime pas les pensionnats, je suis aux anges.  

Make regarda Shihomi en souriant. Il appréciait vraiment sa compagnie. Make aimait se battre et il passait beaucoup de temps à se bagarrer dans des ruelles contre d’autres Yakuza rivaux, pourtant il préféra ne pas le mentionner. Il ne voulait pas lui faire peur. Il décida donc de raconter quelque chose qui ressemblait à la vérité. Après tout, il pratiquait les arts martiaux assez souvent dans un cadre plus légal.

-   Sinon… J’aime beaucoup les sports de combats, quand il y a du contact. Surtout les arts martiaux. Mais en vérité, je suis un intellectuel, ou un geek si tu préfères. C’est pas quelque chose que je raconte à tout le monde, mais je veux bien faire une exception pour toi, plaisanta Make, J’aime beaucoup lire, c’est vrai et je suis aussi un fan de jeux vidéos.

Make décida de s’arrêter là, se rappelant du conseil que Dansu lui avait donné un peu plus tôt.

-   Et bien, voilà qui résume à peu près les grandes lignes de ma vie.

Make n’eut pas le temps d’enchainer avec autre chose, Togo arriva avec des verres d’eau et les posa devant Make et Shihomi.

-   Bon, êtes-vous prêts à commander? Make?

-   Pour moi, ce sera ton saumon.

-   D’accord, si tu veux je t’apporterais du vin tout à l’heure, j’air reçu quelques bonnes bouteilles, encore une fois un cadeau.

Togo lui fit un petit clin d’œil complice. Les deux jeunes n’avaient probablement pas tout à fait dix-huit ans, mais il leur servirait du vin de toute façon. À leur âge, il en buvait déjà et il savait que Make savait boire. Ce ne serait pas un problème.

-   Et pour la jolie demoiselle, qu’est-ce que ca sera?