« Ils ont abattu un hélicoptère !!
- Bordel, on vous a dit de faire gaffe ! La cavalerie est en route ! »
Ce fut la chute de l’hélicoptère qui éveilla les soupçons de Laura. Elle n’était pas aussi habile que Barbara à réfléchir, mais elle ne s’en sortait tout de même pas si mal. Et elle nota que, parmi les hélicoptères flottant dans le ciel, les Profanateurs ne s’attaquaient pas vraiment à ceux des journalistes. Oh, bien sûr, ils avaient tiré dessus, mais rien de bien méchant, alors qu’ils avaient descendu un hélicoptère de police qui était plus éloignée que les médias. C’était d’ailleurs ce qui avait induit les forces spéciales en erreur, les amenant à croire que, tant qu’ils étaient plus éloignés que des cibles plus proches, ils n’avaient rien à craindre des tueurs en armure. Ils avaient mal jugé.
*Soit c’est une stratégie grossière, soit c’est délibéré... A quoi rimer ce déchaînement de violence, les gars ?*
Se contentant d’esquiver, Laura dansait, s’abritant derrière des débris, tout en réfléchissant rapidement. Ils étaient en train de faire passer un message, car c’était bien à cela que les journalistes servaient. Un message de terreur et de panique à travers une violence brutale, sanglante, impersonnelle. Mais la même question revenait : pourquoi ? Laura était convaincue d’avoir une piste, quelque chose à exploiter, mais il fallait déjà commencer par se débarrasser de ces gus. Ils étaient mieux armés qu’elle, mais leur protection compliquait leurs mouvements, ce qui était un avantage. Ils avaient des armures futuristes, bardés d’électronique. Il y avait sûrement quelque chose à en tirer pour les neutraliser.
*Oh ! Mais bien sûr! J’aurais du y songer plus tôt...*
Laura avait une arme qui serait de taille contre leurs armures : les pointes de ses avant-bras. Ils avaient été trempés dans un matériau résistant, et étaient en diamant. Le genre très coupant. Elle se focalisa sur l’un des Profanateurs, tandis qu’un autre, profitant de la fumée, pointait son arme vers Laura. Cette dernière ne le vit que trop tard, et fut sauvée par l’intervention d’une policière. Tournant rapidement la tête, Laura eut le temps de voir la femme, qui se mit à lui hurler quelque chose qu’elle eut du mal à entendre dans le chaos ambiant :
« ...’TEZ... CA’... ‘DEL ! »
Déconcentrée, Laura se replongea sur son objectif, et fila vers l’un des Profanateurs. Ce dernier tenta de la frapper avec son bras, mais elle évita habilement. Elle avait plongé vers lui, se retrouvant accroupie près de ses pattes, et se dressa, le poing du terroriste frôlant sa cape. Elle en profita alors pour se glisser dans son dos, faisant voltiger sa longue cape, et le frappa avec ses espèces de pointes en diamant au niveau du cou. Elle fit mouche. Entre le casque et le reste de l’armure, l’armure était moins solide, car il y avait tout un ensemble de vis et de câbles nécessaires pour maintenir les deux. Elle entendit des grésillements, et le Profanateur porta la main à sa tempe, en se courbant légèrement. Sa visière se mettait à clignoter de panneaux d’avertissements et de diagnostics d’erreurs, alors que des fils électriques se mirent à pendouiller. Laura n’eut toutefois pas spécialement le temps d’y penser, car un autre terroriste en profita pour l’attaquer, ouvrant le feu sur elle.
Utilisant un débris, elle bondit dans les airs, atterrit sur le robot du combat, puis bondit à nouveau, filant au milieu de la fumée, et atterrit derrière le Profanateur. Dans son dos, le troisième larron visait Batgirl, mais elle fut plus rapide. Utilisant encore ses pointes en diamant, elle les planta dans le dos de l’armure, pile entre ses espèces de réacteurs, et les planta profondément. Elle ne fit aucun dommage, mais, de cette manière, et en utilisant sa force, elle parvint à faire pivoter l’homme, utilisant pour cela la gravité en se penchant en arrière, et en poussant. Le Profanateur servit ainsi de bouclier, et se reçut dans le plastron et dans la tête une salve du minigun. Une partie de sa tête explosa dans une myriade d’étincelles, et elle récupéra ses avant-bras.
« Il semblerait qu’une mystérieuse femme soit en train de se battre contre les terroristes, lâchait pendant ce temps une journaliste. Il est difficile de voir quoi que ce soit à travers cet écran de fumée, mais... Elle semble avoir une cape... »
La femme en question prenait littéralement son pied. Elle se demandait si c’tait comme ça pour tous les super-héros. Qu’est-ce que Spider-Man ressentait en sautant dans une tour en feu pour sauver des otages capturés par le Vautour ? Qu’est-ce que Superman ressentait en affrontant Darkseid dans une base spatiale située sur une météorite allant s’écraser sur la Terre ? De la peur ? Laura se refusait à y croire, car, si la peur était bien présente, elle se sentait avant tout... Incroyablement libre. Se battre, a fortiori pour la bonne cause, c’était un véritable exutoire. Cette situation lui rappelait ce roman terrien qu’elle avait lu, de Palahnuik, sur le caractère libérateur de la violence. C’était plus ou moins ça.
Ayant tué à coup sûr l’un des Profanateurs, Laura sortit rapidement l’un de ses gadgets, à savoir son Bat-grappin, et agit rapidement. Elle envoya un Batarang sur la gâchette du minigun, perturbant le terroriste, et en profita pour courir vers lui, et fila entre ses pattes, glissant sur le sol, puis se servit rapidement de son solide filin pour le glisser autour des jambes de l’homme, autour de la jambe gauche, puis rapidement autour de la droite. Elle s’écarta alors rapidement, évitant de peu un coup de poing, et fila sous les pattes du robot, encore une fois à l’aide d’une glissade. Sa peau frottait douloureusement sur le sol, mis elle tâchait de ne pas trop y penser, que ce soit aux ecchymoses ou aux coupures possibles. En s’écartant, le mou du filin finit par se réduire, et elle tira son Bat-grappin au hasard. Les obscures lois de la physique entrèrent en action, et le Profanateur tomba sur le sol, s’écrasant lourdement. Entre-temps, un fourgon blindé arrivait rapidement le long du boulevard, remontant ce dernier, ayant sur le toit une tourelle de combat. Un canon lourd balançait des espèces de petits obus explosifs qui pulvérisèrent le Profanateur que Laura avait sonné. Les balles étaient surpuissantes, et les explosions rugirent sur le corps du terroriste. Laura entendait des explosions tout autour d’elle, et récupéra son grappin, tout en bondissant sur la cible. Elle réfléchit rapidement, puis planta ses pointes en diamant dans son dos, faisant une petite brèche dans laquelle elle glissa un petit explosif IEM. Elle l’enclencha, puis bondit en l’air. L’explosion se déclencha rapidement, et l’armure du Profanateur se tordit sur le sol, ses systèmes électroniques se coupant instantanément.
Malheureusement, la machine de combat était toujours active, et, tandis que les forces spéciales en hélicoptère se posaient sur le toit, et préparaient leur lance-missiles, le robot visa le fourgon, et cracha un laser. Toute la partie droite de la cabine explosa, crevant un pneu. Le fourgon heurta ensuite un débris, dérapa, et glissa sur le sol, fonçant droit vers la flic qui avait aidé Laura.
*Merde !*
Priorité numéro un : sauver les civils ! Laura bondit sur le sol, roula par terre, se redressa et courut vers les deux femmes, avant d’utiliser son Bat-grappin, l’envoyant se planter dans un mur. Le temps était manqué, et elle utilisa le Bat-grappin pour atteindre plus rapidement la flic et une autre flic, puis relâcha le Bat-grappin, ouvrant les ailes pour gagner de la vitesse, et attrapa les deux flics, une dans chaque bras. Dix secondes plus tard, le fourgon renversait violemment la voiture derrière laquelle les deux femmes s’éta ient abritées, provoquant un appel d’air qui perturba Laura. Elle poussa un petit cri de surprise, relâchant la policière blessée, et tournoya dans les airs, pour finalement atterrir dans un restaurant dont les vitres avaient été soufflées par le combat. Laura tomba par terre, brisa une table, roula sur le sol... Et se retrouva allongée sur le corps de la femme. Au même instant, un missile atteignit l’arrière du robot de combat, provoquant une violente explosion dans ses systèmes de refroidissement. L’enquête ultérieure établirait qu’il s’agit d’un robot de combat militaire obsolète, mais dont les plans de fabrication étaient confidentiels. Une enquête approfondie démontrerait également plusieurs erreurs dans la conception du robot, et un rapport en conclurait au fait que ce robot n’était pas ici des usines militaires, mais d’une usine artisanale.
Pour le moment, Laura se retrouvait sur le corps d’une policière, et put réaliser qu’elle avait une poitrine assez confortable... Et que sa bouche était très près de la sienne... Elle sentait le souffle de l’agente sur ses lèvres. Était-ce lié au fait qu’elle avait de belles lèvres ? Au fait que Laura était toute excitée de ce combat ? De son premier réel combat en tant que Batgirl sur Tekhos ? Qu’elle portait un costume ? C’était sans doute l’ensemble de ses raisons qui l’amena à embrasser les lèvres offertes de la policière. Un bref baiser, qui ne dura pas plus de quelques secondes, mais qui n’en fut pas moins réel et sincère. Laura avait peu de doutes sur l’orientation sexuelle de la femme : à Tekhos, être lesbienne était la normalité acceptable. Elle retira sa bouche avec un léger sourire, et chercha quelque chose d’intelligent à dire.
« Merci pour votre aide », fut tout ce qui traversa ses lèvres.
Dehors, il ne restait plus qu’un seul terroriste, qui comprit qu’il était foutu. Se rendre, toutefois, ne faisait pas partie de ses priorités. Il regarda brièvement les journalistes. La mission était un succès, et ce malgré l’apparition de cette énigmatique femme. Le message était passé, et il put, sans aucune hésitation, enclencher son autodestruction. Son armure se mit à trembler dangereusement, de la vapeur blanche s’en échappant, et l’armure explosa. Une formidable explosion, qui déclencha une espèce de boule orangée. La déflagration renversa Laura, qui avait entrepris de se renverser. Elle heurta un comptoir, et pensa brièvement qu’elle allait devoir récupérer un grappin. Le sien avait été perdu quand elle avait tenté de sauver les deux agentes.
Sonnée, Laura se redressa rapidement, et, sans attendre qu’on ne vienne la chercher, elle se retourna. Sa cape était trouée par endroits, et elle avait mal à peu près partout. Elle fila par l’arrière, dans les cuisines, où elle vit des cuisinières apeurées, puis passa ensuite dans un couloir qui la conduisit dans une ruelle remplie de poubelles, à l’arrière. Elle ignorait si la femme la suivait. Sa moto ne devait pas être bien loin, maintenant. Elle s’avança à la sortie de la ruelle, titubant à moitié, l’adrénaline redescendant. Elle dut même s’appuyer contre le mur, et grinça des dents en tenant l’une de ses cotes.
*Ça m’apprendra à vouloir épater la galerie, tiens !*
Secouant la tête, Laura vit sa moto approcher d’une ruelle, et s’arrêter à proximité. Elle s’y rapprocha, prête à partir.