« Va t’faire foutre. Je préfère être à poil pour pas être gênée quand je buterais ces salopards. Donc on y part »
Suivant cette phrase, Norah leur montra ses fesses, et partit. Nika la regarda, puis haussa les épaules. Rozalia lui conseilla de rester prudente, et Killer Boom se contenta de lui faire un clin d’œil, puis la suivit lentement. Les explosions sur le toit avaient gravement endommagé la structure de l’imposant yacht, et Nika, suivant de près Norah, grimpa à sa suite dans des corridors détruits, des trous sinistres, s’agrippant à des morceaux de tuyaux. De l’eau filait ici et là, et la structure tremblait parfois dangereusement. Le yacht avait indéniablement souffert. Les explosions l’avaient gravement endommagé, se répercutant dans tout le yacht, et il y avait de nombreux cadavres. Cette tuerie glaçait le sang de Nika. Qui avait donc pu organiser ça ? Cette question taraudait son esprit. Il avait fallu aller contacter des raiders, ce qui, mine de rien, n’était pas facile. Et il avait fallu en plus réussir à les convaincre. Il y avait décidément quelque chose qui lui échappait dans cette histoire.
Agile, Norah grimpait rapidement, Nika peinant un peu plus à la suivre. Il y avait des décombres un peu partout, et elles arrivèrent dans un endroit méconnaissable. Nika regarda autour d’elle, s‘extirpant du trou. En hauteur, on pouvait voir le ciel.
« Putain on est où là ? » lâcha Norah.
Nika la regarda brièvement, avant de lâcher, en souriant :
« Dans un yacht qui risque d’être en réparation technique pour de nombreuses années, darling. »
La femme sortit l’une de ses armes. Elle avait récupéré sur les raiders un autre pistolet, ainsi que des chargeurs, et s’aventura à travers des débris, atteignant assez rapidement l’ancien centre urbain du yacht, soit cette partie du yacht qui ressemblait à une petite ville, avec une aire de jeux, un petit square, et des terrasses. Là où, il y a quelques heures, Zephirya les avait lâché en s’énervant. Il y avait des cadavres, des débris, mais aussi des hommes armés. Nika fit signe à Norah de ne rien faire et de se taire en posant un doigt sur ses lèvres. Il y avait une dizaine d’agents armés, qui ressemblaient à des espèces de commandos, et qui étaient en train de s’affairer. A quoi, Nika l’ignorait, mais, plus le temps passait, et plus son imagination commençait à élaborer des idées sur ce qui avait lieu.
« Charges posées, glissa l’un des hommes dans un appareil de communication.
- Vous avez réglé le détonateur ? répondit une voix.
- La charge explosera dans trente minutes. »
Nika fronça les sourcils. Le commando qui lui parlait avait du activer le haut-parleur, permettant ainsi à l’assistance de l’entendre. Les commandos se relevèrent, et commencèrent à marcher.
« Rejoignez les points d’extraction. Central, terminé. »
Les commandos s’avancèrent alors, s’éloignant lentement. Ils avaient placé des charges explosives un peu partout, et elles émettaient des lueurs rouges, clignotant légèrement..
« Ils vont faire sauter le navire... »
Elle grommela. Nika avait perdu, dans la chute, son communicateur. Impossible d’informer Rozalia, et elle ne se voyait pas rebrousser chemin. Elle préféra regarder Norah, et lui donna quelques explications :
« On les suit. Avec un peu de chance, ils nous amèneront près du pont de commandement. De là, on pourra alerter les civils que le yacht va bientôt péter. »
Se redressant, Killer Boom s’avança le long du pont. Cette partie du bateau avait été un peu moins endommagée, et les commandos s’avancèrent dans un couloir, guère prudents, avançant assez lentement. En longeant ce grand hall par l’un des ponts en hauteur, Nika rejoignit d’autres cabines, et avança lentement, poing sur le pistolet, essayant de les repérer, de trouver des cages d’escaliers.
« Grâce à l’argent de cette opération, je vais enfin pouvoir quitter Tekhos... disait l’un des tueurs.
- Pour faire quoi ?
- Aller sur Terre, ou vendre mes services àAshnard...
- Tsssk... Je compte m’acheter une neko. »
Nika descendit lentement l’escalier, attentive à ne pas faire le moindre bruit, et vit les commandos passer. Elle resta ainsi derrière eux, s’abritant derrière des portes et divers obstacles pour qu’on ne la repère pas. C’était une véritable séance d’infiltration, mais qui se termina quand les mercenaires entendirent des pleurs. Surpris, ces derniers s’arrêtèrent, se regardant entre eux, puis se dirigèrent vers les pleurs. La consigne était de ne laisser aucun survivant.
« Madame ? Madame ? Où êtes-vous, Madame ? Nous sommes ici pour vous protéger. »
De fieffés mensonges, mais on ne sait jamais, il se pouvait que ça fonctionne... Les pleurs émanaient d’une cabine avec, à l’entrée un petit vestibule. Les commandos s’avancèrent, Nika les suivant désormais plus rapidement, prête à intervenir. Laisser une civile se faire tuer ne faisait pas partie de ses plans. Les commandos, de leur côté, étaient au centre de la petite cabine, mais ne voyaient personne. L’un d’eux alla vers la salle de bains.
« C’est quoi, ces conneries ?
- Où est cette pute ?
- Ici, connard ! »
La voix émanait d’en haut, et les commandos, surpris, levèrent la tête. Nika en profita pour intervenir, pointant ses deux flingues, et fit feu dans le vestibule. Une balle atteignit l’un des commandos à la gorge, tandis qu’une femme jaillissait du plafond, où elle s’était agrippée au lustre, pour filer, les pieds en avant, sur le torse d’un commando, l’envoyant s’écraser contre le mur. Un autre sortit un couteau pour tenter de la planter, mais elle le para avec l’un de ses avant-bras, et envoya son coude dans la gorge de l’homme, avantde le frapper d’un coup de pied retourné. Son autre pied alla ensuite se loger dans la tête d’un autre commando. Nika, de son côté, venait de pénétrer dans la pièce, et profita de la diversion opérée par la femme pour ouvrir le feu.
En moins d’une minute, toute l’escouade avait été abattue. Sans surprise, Nika reconnut sa sœur, Ryouka, et les deux sœurs s’enlacèrent brièvement.
« Tu voulais leur tendre un piège ?
- Sur le coup, je me suis dit que c’était une bonne idée...
- C’était complètement idiot répliqua Nika.
- Je me suis inspirée de tes méthodes de résolution des situations conflictuelles, répliqua-t-elle en croisant les bras.
- Tu as encore beaucoup à apprendre, petit scarabée, répondit Nika avec un sourire, en lui tapotant du doigt le bout de son nez.
- Alors ça, ma chère, c’est ton point de vue ! Je m’en serais très bien sortie toute seule ! »
Nika sourit lentement, avant de se rappeler la présence de Norah. Ryouka fronça des sourcils en la voyant, lorgnant au passage sur ses seins.
« Joli balcon ! commenta-t-elle.
- Tu pourrais pas penser à autre chose ? la sermonna Nika, s’abstenant de lui faire remarquer qu’elle avait eu la même pensée en la voyant.
- Une amie à toi, je suppose ?
- Je suis une femme très sociable, se justifia Nika. Mais passons, il faut qu’on parle, et le temps joue contre nous... »
Nika expliqua à sa sœur qu’il y avait des bombes partout dans les lieux. Tout allait exploser d’ici une demi-heure, et il fallait, soit désarmer les bombes, soit évacuer. Rozalia était dans l’opéra, mais Killer Boom n’avait pas encore retrouvé Chameleon.
« Il faut se rendre au pont de commandement. Je sais où c’est. »
Ryouka, de son côté, expliqua à Nika qu’elle avait trouvé la fille d’une sénatrice, qu’elle l’avait protégé, et que, selon elle, toute cette histoire dépassait largement une simple attaque de raiders. Sur ce point, Nika rejoignait son avis. Les trois femmes se rapprochèrent entre-temps du pont de pilotage, grimpant pour cela une série d’escaliers qui les amenèrent à côté du couloir menant à la cabine.
« Allez, Messieurs, il faut se dépêcher ! s’exclamait quelqu’un, le Commandant Pershing. Les oiseaux nous attendent sur le pont pour filer de là avant le grand feu d’artifice. »
Nika grogna, observant d’un regard bref la scène. Il y avait l’air d’avoir plusieurs gardes.
« Je recommande de foncer dans le tas » lâcha-t-elle simplement.