Une douce nuit pour la chasse. [Liliza]

La nuit était toujours le meilleur moment pour tenter ce genre de choses.

Elle courait, à travers les arbres, sous une belle nuit. En chasse. Voilà dans quel état d'esprit elle était. Même lorsqu'elle était encore en vie, elle aimait sentir ce frisson, être après une proie qui vous fuit. La mort n'arrivera jamais à lui lever ce plaisir, et personne d'autre d'ailleurs. On ne peut lui retirer une des seules choses qui lui reste. Et surtout, avec cette apparence hideuse, vomitive, N°2 était encore plus belle pour faire fuir ses ennemis. Comme quoi, la mort a du bon, parfois. Enfin. Aaron l'avait envoyé chassé une créature de Terra, pour ses expériences. Il était à court d'animaux "vierges" de toute modifications génétiques. N°2 était parfait pour ce job, N°1 étant entrain de s'occuper de son arme, et N°3 entrain de vider le frigo.

Secouant les herbes tombées sur le sol, la jeune ex super-héros avait vu une proie. Déjà que lorsqu'elle ne bouge pas, elle était moche, mais en mouvement... Sa peau, d'une teinte presque aussi blanche qu'un cachet d'aspirine, l'immense cicatrice allant du cou au bassin et fermé par des cercles d'acier, sans oublier les os presque visible, à ras la peau, son sourire sans lèvres, son regard d'un rouge diabolique... Qui aurait crût qu'avant, cette jeune femme était normale, et belle ? Peu de personnes, c'est sûr. La plupart hurlerait plutôt au démon, et tenterait de la pourchasser pour la tuer. Si ces gens savaient ce que n°2 a endurer avant de devenir cette chose...

Bref, elle continuait sa recherche. Néanmoins, elle perdit finalement la trace de la créature, et décida de rentrer, sa venue ayant fait fuir quasiment toute les créatures susceptible de plaire à Aaron. Marchant d'un pas lent, étrange après une si rapide course, elle fini par arriver dans une petite clairière. S'étirant, elle ne remarqua pas qu'à ce moment, quelqu'un était présent. Mais pas un animal, non. Quelqu'un qui l'observait. Mais elle ne remarqua pas, et commença à fouiller l'air de ses "griffes". Après quelques minutes, elle étira un sourire qui ne se voulait, à la base, pas machiavélique mais qui le devint à cause de l'aspect de la créature. L'air semblait se retourner sur lui-même, et c'était visible à l'oeil nu. Elle fini alors par prendre le portail qui l'amena sur Terre.

Dans le vrai monde, Aaron était dans un parc, tranquillement assis sur un banc. La lune était monté à son apogée il y a de cela dix petites minutes, et l'homme regardait le vide, une cigarette au bec, comme à son habitude. Il espérait que n°2 revienne vite, car lui n'avait pas envie de rester ici à ne rien faire. Il avait préféré l'accompagner, comme il fait avec n°3, car à contrario de N°1, il n'a pas pût leurs faire garder une apparence complètement humaine, et au cas où préférait ne pas les laisser seuls. N°1, encore, ça allait, et n°2 peut-être avec de bons habits, mais voilà. Bref, s'étirant et osant bailler, Aaron s'ennuyait terriblement.

Finalement, après toute cette attente, la jeune femme mort-vivante sortit du portail. Aaron releva un peu la tête pour la regarder, et elle n'avait rien. L'ex-super-héros poussa simplement un long soupir de frustration, n°2 arriva doucement auprès de lui, et malgré son apparence et son visage, elle semblait elle même déçue de ses performances.Aaron se leva, avant de lui ébouriffer les cheveux

• « Bon, c'est pas grave. On continuera les recherches demain. Rentrons. »
  
  

Certaines personnes trouveraient ça étrange de parler de la sorte à une mort-vivante, mais elle n'était pas un simple zombie, et gardait une parcelle de ses capacités mentales. N°1 en était la preuve, n'ayant du mort-vivant qu'une partie de l'apparence, mais parlant normalement, réfléchissant, établissant des stratégies... Ce ne fut pas le cas pour n°2. Mais peut-être qu'un jour.

Au moment où Aaron se tourna pour prendre la route vers son labo, il entendit le bruit caractéristique. Quelqu'un allait prendre le portail.

Maintenant.

Comme beaucoup de soir, Liliza s'était mise en chasse. Mais, cette nuit, étrangement, ce n'était pas la faim qui la guidait. Non, elle s'était bien repue, la veille, d'une lycéenne qui aurait du écouter sa mère quand elle lui disait de ne pas trainer, seule, dans les ruelles du quartier de la Toussaint. Car c'était à cet endroit que la demi-démone avait élue domicile. On y trouvait quelques appartements abandonnés, parce qu'hantés par des créatures infernales, selon des légendes plus ou moins saugrenues. La petite s'était chargée de leur cas, s'accaparant par la même occasion un appartement qu'elle trouvait ravissant. Même si elle était toujours en cavale, l'idée d'avoir un petit chez soi la rassurait. Et puis, habiter juste derrière une chapelle l'amusait pas mal. C'était paradoxal, cruel, tout ce qu'elle aimait ici-bas.

Donc, elle s'était mise en chasse. Une pulsion, comme ça, qu'elle n'avait pas cherchée à contrôler. Pendant qu'elle fumait, tranquillement, à la fenêtre de ce qui lui servait de salon, elle avait vu une créature. Là, dehors. Une créature qu'elle apparenta immédiatement à un démon. Au point qu'elle ne se posa aucune question, et sauta de sa fenêtre. Elle habitait au 6e étage, et rencontra le sol sans difficultés, soulevant un nuage de poussière au passage. La jeune fille s'épousseta les mains, tout en continuant à tirer sur sa cigarette. Parfaite prédatrice, Liliza pouvait entendre, sentir, deviner où était cette chose étrange, qu'elle prenait innocemment pour un démon. Après tout, ils gambadaient souvent sur Terre, et elle avait bien envie d'en mutiler un. Atrocement, sans aucune pitié, histoire de montrer au peuple des Enfers que Liliza ne s'était pas calmée.

Alors, la petite suivit la chose. Prête à sortir ses griffes, ou même ses crocs, elle la chassait sans se poser de questions. Aucun gramme de terreur, dans ses veines, mais un soupçon d'adrénaline qui faisait palpiter son petit coeur. Et, sans même s'en rendre compte, elle se retrouva dans le parc.

Ainsi, ce que Aaron put voir apparaitre dans ce parc, c'était une adolescente parfaitement innocente. Petites boucles blondes, joues rosies sur peau diaphane, yeux d'un bleu intense, tenue soignée, et une moue adorable. Si, si, Liliza sait imiter la gamine toute gentille, qui ressemblant aux premières années, que l'on croise à la sortie d'un lycée. Sauf que cette gamine à l'allure presque touchante tenait une cigarette entre ses dents, et que ses pupilles étaient anormalement dilatée. Ah, l'adrénaline ... Son regard oscilla entre cet homme qui fumait, et la créature qu'elle prenait pour un démon. Elle fut d'ailleurs étonnée de ne pas sentir d'aura plus puissante émanant d'elle. Sa vue aiguisée lui permit de deviner ses traits. Pendant ce temps là, elle ne ressemblait guère qu'à une gamine qui observe, intriguée, prenant appui sur un pied, puis l'autre. Elle se trouvait bien à cinq mètres d'eux, sans s'approcher davantage.

- ... Ce n'est pas vrai.

Liliza tapa du pied sur le sol, croisant les bras, prenant son air d'enfant déçue. Un démon ne trainerait pas avec un humain. Et le démon en question l'aurait reconnu immédiatement, elle, la renégate, l'exilée. Elle s'était trompée, se laissant emporter par sa haine sans nom envers les créatures infernales. Bordel.

Pour marquer le coup, elle tira une bouffée de tabac sur sa cigarette. Enfin, elle essaya. Elle était éteinte, après cette course folle.

- Bon ... Vous auriez du feu ?

Demanda t'elle d'un ton parfaitement innocent, comme lorsqu'on demande si on peut manger un deuxième gâteau, ou si l'on peut jouer avec le chat du voisin. Ce genre de trucs normaux, qu'elle n'avait pas fait, et qu'elle n'avait pas envie de faire. Pour Liliza, les enfants humains devaient s'ennuyer à mourir, à force de colorier des clowns stupides et de regarder des émissions toutes aussi idiotes.

Finalement, après quelques secondes d'attente, le portail arrêta de réagir. Pourquoi ? Nul ne le sait. En tout cas, la seule chose sure, c'était que quelqu'un s'était approché. Aaron haussa simplement les épaules, heureux qu'un humain ne sorte pas de Terra. Il n'avait pas réellement envie de faire couler le sang, sa présence n'était dût qu'à la mission de N°2, pour voir si elle faisait réellement du bon travail. Son ancienne co-équipière n'était pas vivante à proprement parlé, et n'avait qu'un semblant de réelle activité cérébrale, comprenant néanmoins ce qui ce passe, au moins. C'était déjà un bon début.

Et bon, il était là pour vérifier si elle pouvait chopper une créature qui serait surement le sujet d'une de ses prochaines expérimentations, et non pour faire couler le sang d'un autre humain. C'était peut-être ces anciennes habitudes de super qui le dérangeaient, quand on passe des années à protéger ce genre de choses, on a toujours une légère hésitation, un pincement au coeur, malgré le fait que maintenant, on n'aime plus cette chose qu'on chouchoutait il y a quelque temps. C'est une barrière psychologique, surement, et Aaron ne l'avait pas encore brisé. Et qui sait si cette barrière ne bloquerait plus rien, un jour. Pour le moment ça ne le gênait pas, si un humain commençait à lui casser les roustons, il n'aurait aucun problème à le réduire en charpie.

Finalement, il poussa un soupir en marchant aux côtés de la créature. Mais à peine quelque pas terminés, il sentit un léger frisson, ce sixième sens qu'on possède tous le prévenant que quelque chose se trouvait derrière lui. Ce sentiment naissant souvent d'une certaine paranoïa, ou d'un abus de film d'horreur, qui vous murmure "Attention !". On connait tous ce sentiment, et c'est celui qu'avait Aaron à ce moment. Tournant légèrement la tête, la cigarette au bec, il prit une profonde bouffée de tabac en voyant une jeune femme qui se trouvait derrière lui. Elle semblait jeune, et sage. Enfin presque, à part la cigarette présente dans sa bouche - Comme lui ! Fondez un club de fumeurs ! -, et ses yeux incroyablement dilatés. C'était étrange pour une fille qui semblait être de bonne famille et particulièrement cucul d'avoir de tels yeux, sauf si cette cigarette ne contenait pas que du Tabac, qui sait.

« Tiens... » Murmura t-il pour lui même, intéressé et curieux par cette rencontre.

Il fini par se tourner, faisant face à la jeune fille qui tapa du pied, prenant un air déçu. Pourquoi l'était-elle ? Pensait-elle trouver quelqu'un d'autre ? Qui sait, il allait peut-être bientôt le savoir. Il fronça légèrement les sourcils, histoire de mieux la distinguer, le lieu n'étant éclairé que par un lampadaire qui se trouvait entre eux, près du banc où était assis Aaron il y a à peine quelque minutes. Levant légèrement la tête, elle lui demanda simplement du feu. Il étira un mince sourire, attrapant la cigarette entre ces doigts et faisant tomber les cendres sur le sol, en donnant une légère tape de l'index.

• « Cette jolie jeune fille demande du feu. Tu sais quoi faire. » Dit-il, en penchant la tête vers n°2.
  
  

La créature baissa légèrement la tête, remarquant l'objet qui se trouvait entre les lèvres de la petite. Son cerveau marchait, lentement mais surement, faisant le rapprochement entre sa cigarette qui ressemblait à celle de son maître. Comprenant alors ce qu'il lui avait demandé, elle s'approcha de quelque pas, la tête légèrement baissé, le visage caché par ses cheveux noirs en bataille. Tendant une de ses griffes, qui n'était qu'une lame de métal attaché à deux doigts qui étaient eux-même attaché par des fils, elle fit gicler littéralement un léger trait de feu d'un noir sombre, qui pouvait presque être camouflée par la nuit. Le trait s'arrêta alors sur la cigarette, brûlant le bout, l'allumant d'une manière quand même classe.

Prenant une nouvelle bouffée, Aaron porta à nouveau son attention vers la jeune femme, devinant qu'elle n'était surement pas humaine. Pourquoi ? Tout simplement car malgré ses compétences en télépathie, il n'arrivait pas à lire dans ses pensées de manière passive. Il en est capable quand la personne en face est un simple humain, bien que ça ne fonctionne pas contre certains qui possèdent une trop grande volonté, mais là non. Donc soit elle possédait cette énorme volonté, soit elle ne réfléchissait tout bonnement pas, ou bien elle n'était pas humaine. Et vu la tête de la petite, il penchait bizarrement pour la troisième option. Surtout qu'elle ne semblait pas effrayée par n°2.

• « Que fait une jeune fille comme toi dehors, à cette heure ? Tu ne devrais pas être chez toi, dans un lit douillet ? »
  
  

Bien-sûr, il jouait simplement. C'était même visible à la façon dont il dit ses mots, insistant légèrement, ce moquant presque de l'apparence infantile de la personne qui se trouvait en face de lui. Et autant commencer cette discussion par une petite moquerie, cela fait toujours plaisir. Oh, surement pas pour elle si elle possède une certaine fierté, mais en tout cas, ça l'amusait bien, et c'était montré par le léger sourire qu'il avait, éclairé par la faible lumière du lampadaire.

D'ordinaire, elle ne laissait aucune créature l'approcher. C'était une régle d'or, qui la maintenait en vie. Un trop grand nombre de démons s'étaient approchés avec aisance d'elle, en se camouflant. Et bien, souvent, cela lui avait porté préjudice. Mais là, cette créature qu'elle ne parvenait même pas à analyser ne semblait pas sortir tout droit des Enfers. La raison ? Un démon est indépendant. Or, cette femme était aux ordres du jeune homme qui se tenait face à elle. CQFD. Liliza la remercia d'un sourire, inclinant même la tête. C'était gracieux, enfantin, certes ... Mais venant d'elle, c'était surtout inquiétant. Quelque chose de malsain stagnait dans son regard, sans qu'elle puisse y remédier. Toute sa chair trahissait son appartenance aux Enfers. Une bouffée de tabac, et elle eut l'étrange sensation qu'elle respirait mieux. Un souffle chaud, compact, comme de la brume remplaçait sa fine respiration. Et elle adorait cela. Car, oui, la jeune démone avait peut-être le corps d'une enfant, mais son âge se comptait en centaine d'années.

C'est sans doute pour cette raison que la seconde réplique de cet inconnu l'offusqua. Liliza serra un de ses poings, lui jetant un regard noir. Son visage si fin se tordit en une grimace enfantine, et ... elle prit une nouvelle bouffée de tabac. Ne t'emporte pas. Vu l'intonation de sa voix, il se jouait d'elle. Ce type devait connaitre au moins une partie de son identité, surtout le fait qu'elle ne soit pas une humaine. Enfin, elle l'espèrait.

-  Non, non ... Je suis la petite fille qui éviscére les monstres qui sont cachés sous les lits des enfants.

Le ton était innocent, et la voix était celle d'une enfant. Oui, bon, elle se jouait un peu de lui, du coup. Et puis, à bien y regarder, sa déclaration était loin d'etre vide de sens. Liliza assassinait effectivement toute sorte de démons, même si ce n'était en aucun cas par altruisme. Juste par pur esprit de vengeance. Du tabac, encore, ses lèvres se raccrochant à sa cigarette, tandis qu'elle avançait d'un pas lent. Vers lui. Elle voulait mieux voir son visage.

Elle s'arrêta à un mètre de lui, discernant ses traits. Liliza possédait une bonne vue dans l'obscurité, comme toutes les créatures infernales. Une fois qu'elle l'eut analysée, cherchant s'il était dangereux, elle parla encore.

- C'est ta créature ?

Demanda t'elle en la montrant du doigt. Liliza avait entendu parler des thaumaturges, au point d'en rechercher un ou une. La démone cherchait à tout prix une manière de quitter ce corps de môme, au point de s'adresser à beaucoup de mages et alchimistes. Qui, bien souvent, refusaient, dés qu'il comprennait sa nature démoniaque. Et, donc, elle les tuait méchamment par la suite. Un échange de bon procédés. Tu refuses, je te tues. Dés qu'elle sortait ses crocs, la plupart ne mouftaient pas, je peux vous l'assurer.