Le revers de la médaille ? [ Pv Quetz]

   Etre un Dieu est probablement l'une des choses les plus difficiles au monde. Faut se lever, aller en cours, écouter les remontrances de mortels à qui l'on pourrait ôter la vie en un claquement de doigts, attendre l'heure du déjeuner avec impatience pour pouvoir suivre le cours de ses entreprises et téléphoner à son comptable, devoir ensuite aller à l'entrainement et contenir sa violence céleste pour  ne pas être repéré... S'en était grandement fatigant, mais il s'en incommodait car parfois certaines choses de pire se ramenait sur ce qu'il estimait être son territoire. Ce soir là semblait en être le parfait exemple.

   Allez savoir pourquoi, parfois certaines Lémures qui n'avaient trouvé aucune bénédiction aux yeux de différents dieux, s'en venaient le voir lorsqu'elles ne voulaient pas rester éternellement dans ce monde à troubler la tranquillité des vivants. Prêtent à tout pour passer dans l'au-delà, elles imploraient le Dieu de la réussite des plus belles conneries de leurs venir en aide pour être ainsi libérée. Depuis son arrivée au Japon, Musica avait eu à faire avec beaucoup d'anciens samouraïs ou gardes personnels d'anciennes personnalités qui lui révélaient la place d'anciens trésors ou choses de valeurs pour venir en aide à leurs descendants. Cette fois, il s'était retrouvé face à face avec un ancien prête shintoïste qui lui demandait d'aller à la recherche d'un clou qui avait été volé par un kappa et qui, si il n'était pas retrouvé affaiblirait une défense installé dans ce monde contre un démon, un truc de ce genre. Le dieu romain n'en avait que faire à vrai dire, mais il vit une occasion d'augmenter la dette de Kouni-no-toko-tatchi-no-kami, probablement l'un des rares dieux à avoir croisé sa route et à ne pas vouloir qu'il ne soit jamais né. Enfin c'est ce que Musica répondit à l'âme errante. Qu'avait elle fait de son vivant pour ne pas pouvoir rejoindre le monde des Morts ? IL n'en avait cure...
Et encore plus à cet instant. Trouver le kappa fut un jeu d'enfant pour lui. Lui reprendre le clou aussi, mais là où les choses ont commencé à se compliquer , ce fut... En fait, jamais. La créature voulut s'enfuir par un portail dans le parc vers Terra, mais le dieu le rattrapa et lui cala un jolie coup de tête sur le haut du crâne pour le laisser faire un petit dodo alors que lui se dirigeait vers le temple shintoïste. D'ailleurs , ça lui faisait tellement plaisir d'y aller qu'il décida de s'arrêter en chemin pour pouvoir se poser tranquillement sous un arbre et dormir.  Oui, il était tellement confiant, qu'il ne craignait pas que le kappa le retrouve et lui vole le clou à son tour, où bien que son temps ne soit compté et qu'il arrivait bientôt à la fin du compte à rebours. Un démon ultra puissant arrivera sur Terre ? Pas grave, il lui trancherait la gorge en un rien de temps, se disait il. Puis tout cela le fatiguait,car il devait dormir un peu pour être en forme et aller en cours non ? Une priorité que de simples Mortels ne pouvaient comprendre.
Il s'installa donc sous un arbre en toute simplicité, ferma les yeux et attendit de s'endormir pour pouvoir récupérer des émotions de la journée, tout en caressant ce derniers bijoux et souvenir de ses jours d'insouciances : son collier marqué du signe des Gémeaux.

Voilà bien longtemps que Quetz n’avait pas mis le pied sur Terre. Durant plusieurs mois, elle s’était réfugiée sur Terra. Après la rencontre avec Vlad et Shikyotsume, elle souhaitait reprendre son destin en mains. Si elle n’avait pas pu réussir à sauver les peuples mésoaméricains à l’arrivée des Conquistadors, il existait encore de nombreux peuples qui avaient besoin de l’aide d’une divinité. Certes, il était difficile de croire que Quetzalcóatl était une déesse, avec son impuissance et son manque de pouvoir. Néanmoins, il y avait des personnes qui croyaient en elle, et c’était suffisant. Les premiers temps, elle avait réussi à trouver un peuple prêt à croire en elle, sa bienveillance et son bonté. L’effet suivi fut qu’elle retrouva un peu de pouvoir lié à la nature. Mais vraiment pas beaucoup. Il était loin encore le temps du grand Serpent à Plumes.

Après bien des périples, elle se décida à prendre un des portails qui menait sur Terre, plus précisément dans les sous-bois de Seikusu. Seikusu était une ville nippone, comment dire…assez particulière. On pouvait trouver autant de créatures sous forme humaine. La Terre et Terra se ressemblaient par tellement de choses décidemment…

Arrivée dans les bois sous forme divine, elle avançait doucement tout en changeant de forme. Sa chevelure de plumes couleur espoir diminua de volume, laissant place petit à petit à une magnifique crinière de feu ondulée. Son duvet si soyeux qui recouvrait son corps devient une simple peau, douce comme celle d’une pêche blanche. Elle d’habitude si grande, rapetissa, sur un pas…Deux pas…Trois pas…Pour finalement n’atteindre qu’un mètre quatre-vingt. Oui, c’est vrai. Cela restait assez grand pour une demoiselle au Japon, et d’une vingtaine d’années. Ainsi sous sa forme humaine, elle ne portait qu’une simple robe d’été…De quoi faire bien tâche par cette nuit un peu fraîche !

Elle savait où elle allait, pour une fois. Elle connaissait une auberge dans le quartier de la Toussaint et elle savait qu’elle trouverait refuge là-bas pour cette nuit, une nuit tranquille. Mais pour cela, il fallait traverser une partie de la ville, et assez rapidement. Comment faire plus court ? Par le parc, bien sûr ! Oui, mais par là non plus, ce n’était pas un coin fréquentable sous le ciel sombre. Alors, la rouquine accéléra le pas. On ne traîne pas dans le parc de Seikusu. Il y a des gens bizarres : alcooliques et j’en passe ! D’ailleurs…C’est quoi cette masse près de l’arbre là-bas ? Quetz plissa des yeux. Comme si cela aidait à voir mieux tiens…Méfiante, elle s’approcha de la masse lentement et, plus elle avançait, plus elle se rendit compte qu’il ne s’agissait là que d’un jeune homme, apparemment assoupi. Mais ce n’est pas un lieu où dormir ! (et c’est elle qui dit ça, oui oui…). Accroupie devant ce garçon, elle remarqua un détail qui la troubla un instant : un pendentif, représentant les Gémeaux. Bizarrement, cela lui rappelait quelque chose mais elle ne savait quoi. Bref…D’une main sur l’épaule, elle vint secouer le jeune homme pour qu’il se réveille.

- Jeune homme…Allez…Réveillez-vous. Ce n’est pas un endroit où s’endormir…

Jeune homme…Allez…Réveillez-vous. Ce n’est pas un endroit où s’endormir…

Elle n'eut pas à le secouer des masses, car la seconde qui suivit ses paroles, la déesse put sentir une poigne ferme se saisir de son avant bras et la tirer avec une étrange violence vers le sol alors que Musica bondit de façon à intervertir les rôles, c'est à dire, lui se trouvant en position de dominance , maintenant l'avant bras de la demoiselle dans son dos alors qu'il l'avait forcé à se retrouver à genoux. Ajoutez à cela qu'elle peut sentir la pointe de la lance du dieu lui chatouiller la nuque, vu qu'il avait déjà transformé son bijou en arme céleste et vous obtenez une belle rencontre entre Quetzacoàlt et Musica. Malgré le ton un peu léger du narrateur, la tension était très facilement palpable.
Le ténébreux n'oubliait pas qu'il était en mission et quoiqu'on en dise, il n'avait aucunement l'intention de laisser qui que se soit se dresser sur sa route, quitte à en devenir parano et...violent. Oui, il la ressentait. Elle était là et frappait aux parois de son torse. Cette pulsion qui était encrée en lui ne demandait qu'à fendre le crâne de l'impétueuse, avant de chercher à savoir pourquoi elle était là. Mais qu'était il en train de faire ? A quoi tout cela rimait ? Strictement à rien. C'est d'ailleurs pour cela qu'il finit par relâcher le bras de la captive, tout en relevant la lame de son arme pour que celle-ci reprenne sa forme inoffensive.
Les  fines lèvres de l'être divin s'écartèrent très légèrement, mais il ne la regardait aucunement. Son visage était tourné sur sa droite, de façon à ne pas avoir à être confronté à celui de la déesse. Non pas qu'il craignait de se faire engueuler ou même de se faire attaquer, bien au contraire, mais un sentiment de culpabilité l'envahissait. Il n'avait pas sut rester maitre de ses émotions et cela le contrariait grandement. Mais bon, pas le temps de chipoter. Un simple regard à la STOOOOOPPPPP !! Oui, il s'apprêtait à quitter les lieux pour se diriger enfin vers le temple, mais en prenant le temps d'observer la personne qui lui faisait face, il était clair dans son esprit qu'il ne pouvait pas partir sans essayer d'alpaguer la donzelle. Il aurait très bien put lui sortir une de ses phrases bateaux dont il avait le secret mais le cadre... En fait si, il s'y prêtait totalement à vrai dire. De nouveau ses lèvres qui laissent une petite ouverture, mais avant que le moindre son n'en sorte encore une fois, il leva le nez vers le ciel et plus particulièrement vers la Lune.

«  Il semblerait que je n'ai pas plus de temps à t'accorder... »

Elle qui était une déesse avait sans aucun doute , tout comme lui, ressentit cette sorte de variation dans l'atmosphère. Enfin , le jeune dieu prenait sa mission au sérieux. D'ailleurs c'était sans attendre la moindre réaction de celle qui lui faisait face qu'il commençait déjà à s'éloigner à grandes enjambées tout en marmonnant entre ses dents, en latin.

Quetz, désormais, était au sol, à genoux, un bras dans le dos, souffrant un peu de cette prise. Il s’était passé quoi là ? Le Serpent à Plumes était tombé sur un jeune homme assoupi au pied d’un arbre du parc de Seikusu. Elle s’était approchée de lui pour le réveiller et elle eut à peine le temps de le secouer ne serait-ce qu’un peu, que le jeune homme avait attrapé la main de la rouquine fermement. Retournant son bras dans son dos, ce garçon avait réussi à inverser les rôles : lui au-dessus de la demoiselle, l’agrippant fortement pour qu’elle ne bouge pas. La jeune femme pouvait même sentir une pointe dans son cou. Une arme blanche ? Mais même avec cela, Quetzalcóatl essayait de se débattre pour se défaire de l’étreinte. Elle était tombée sur un dingue ou quoi ? Et il allait la passer à tabac ? Ca doit être la période en ce moment, dites donc…C’est bien sa veine…

- Mais lâchez-moi ! Aïe…Vous m’faites mal !

Puis, finalement, le jeune homme lâcha le bras de la déesse. Elle se frotta son poignet rougis par la prise d’il y a encore quelques secondes. Se relevant doucement, elle vit tout de même cette arme qu’elle avait dans le cou disparaître pour redevenir sous la forme du pendentif des Gémeaux. Bizarre…Cela intriguait davantage la demoiselle. Elle était persuadée d’avoir vu ce bijou, mais où ? Et quand ? Alors qu’elle se triturait les méninges pour se le rappeler, le jeune homme ne faisait que regarder le ciel et finit par quitter Quetz, laissant la jeune femme seule dans le parc, la nuit…

« Il semblerait que je n’ai plus de temps à t’accorder… »

Et il disparaissait petit à petit, loin de la demoiselle, par grandes enjambées. Non, mais non ! Elle n’allait pas le laisser partir comme cela ! Elle se mit à courir pour le rattraper, agrippant sa main droite, comme lui l’avait fait pour la maîtriser. Son visage était un peu rougi par sa course, et elle respirait plus fortement que d’habitude.

- Attends un peu ! Tu pourrais au moins t’excuser. Je ne t’ai rien fait et tu t’es senti agressé…

Raaaah…Mais tout de même, tout cela l’intriguait trop. Ce bijou…Elle se secoua la tête pour se remettre les idées en place. Elle en avait vu des choses dans sa vie d’immortelle et elle est sûre d’avoir vu cela un jour. Peut-être avait-elle déjà rencontré le jeune homme aussi ? Mémoire de poisson rouge en cet instant apparemment…

- Et c’est quoi ce pendentif ? Je suis persuadée de l’avoir déjà vu…

    C'était à son tour d'être retenu, sauf que lui se trouvait assaillit de questions... Face auxquelles il resta parfaitement silencieux, car la première n'avait aucunement lieu d'être à ses yeux alors que la seconde confirmait bien ce qu'il pensait de la jeune femme. Elle était une déesse, mais pourtant elle ne semblait pas percevoir la gravité de la situation dans laquelle ils étaient là. AH la première phrase n'était pas une question ? Peu importait...
Petit cours d'histoire. Les Di Indigetes étaient des dieux romains bien plus anciens que Junon, Jupiter et consort. Si la déesse était capable de dire qu'elle avait déjà vu ce pendentif, c'est qu'elle même devait remonter à des temps immémoriaux. L'air de rien , Musica ressentit une sorte de petit pincement au coeur, car cela le ramenait tellement loin en arrière. Mais bon, il ne devait pas s'attarder là-dessus pour l'instant car il avait bien plus important à faire.

«  Ecoute, tu me sembles une déesse bien sexy mais là pour l'instant je n'ai vraiment pas le temps ! »

Et hop, le revoila partit en direction du temple à grandes enjambées mais cette fois-ci il s'était saisit de Quetz par le poignet pour l'entrainer à sa suite. Sa prise n'était pas très forte mais assez sur pour être bien maintenue. Oui, il ne lui laissait pas trop le choix de savoir si elle voulait le suivre ou pas du tout. Pour lui il était hors de question de laisser disparaître une aussi belle femme sans avoir tenté de jouer de ses charmes, mais ils avaient apparemment beaucoup de choses à se dire, vu que quelque chose chez lui intéressait la divinité.
C'est fou de voir comment un endroit agréable, dans lequel on aime bien flaner et que l'on trouve trop petit en temps normal peut sembler interminable et vraiment spacieux lorsque le temps semble jouer contre soi. Eh bien, c'était clairement ce que Musica était en train de ressentir alors qu'il cherchait toujours ne serait ce que l'entrée de ce temple. Mais sa persévérance et sa patiente finirent par payer, car les voilà qui arrivaient sur le domaine shintoïste... Apparemment, ils étaient très attendu car des moines étaient déjà en train de faire une cérémonie et récitaient des textes anciens pour pouvoir ralentir l'arrivé du « petit problème ». Musica sortit le clou de sa poche et l'envoya au premier type qui lui fit face, comme si il ne s'agissait que d'un vulgaire objet sans valeur, puis il repartit plus tranquillement. Remarquons qu'il n'avait toujours pas lâché la déesse, jusqu'à cet instant car il alla ensuite se poser sous un arbre de nouveau . Un léger soupire s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'il fermait les yeux, comme si il allait s'endormir, mais il lâcha :

«  Je suis un Di Indegetes... 'fin, je suis le dernier il me semble. Et ceci est le signe des gémeaux selon nous. Ce qui m'amène à penser que si tu crois avoir déjà vu ce pendentif, que tu as du connaître Virtu ou un de ses prêtres, et qui n'est autre que mon père. Next question ? »

Oui, autant expédier tout ce qui lui semblait chiant au plus haut point en premier.

Des centaines de questions se bousculaient dans l’esprit de Quetzalcóatl, quelques unes étaient parvenues à sortir d’entre ses lèvres, mais aucune n’eût de réponse. Alors qu’elle les attendait patiemment, le jeune homme l’attrapa par le poignet, assez fort pour l’emmener dans sa course. Il avait compris qu’elle était une déesse ? Vlad aussi avait reconnu le statut de Quetz dans un simple bar. Il lui avait appris que c’était grâce à l’aura qui entourait les divinités. Sauf que cette aura, le Serpent à Plumes était trop faible pour la sentir. Alors ce garçon était-il lui aussi une divinité ? Possible, fortement plausible.

Néanmoins, il restait muet durant la course et la jeune femme faisait de même. Il était apparemment trop occupé et pressait davantage le pas. Le drôle de couple arriva finalement devant un temple shintoïste comme l’on pouvait en trouver partout au Japon. Mais à l’entrée du temple, des moines s’étaient partagés différentes tâches. Certains semblaient prier. Mais pour quelle raison ? Le jeune homme s’arrêta devant l’un d’eux, cherchant quelque chose dans sa poche et la lui lança sans aucune délicatesse. Et finalement, il fit demi-tour, laissant les moines à leurs prières, emmenant toujours Quetz derrière lui. Il retourna un peu plus dans le fond du parc, lâcha la main de la déesse et se réinstalla au pied d’un arbre, prêt à se rendormir.

Il avait déjà commencé à fermer les yeux mais il répondit enfin aux questions que s’était posée l’émeraude divine. Il était donc bien un dieu, bien jeune d’apparence. Pourtant, c’était un Di Indegetes…La rouquine posa fesses au sol, juste devant le jeune homme, jambes croisées et se mit à regarder le ciel étoilé.

- Moi qui pensait qu’ils avaient tous disparu…Quel est ton nom ?

Virtu…Ce nom sonnait aussi aux oreilles de la déesse mais aucun souvenir ne lui revint en mémoire. Le temps lui jouerait-il des tours ? Pourtant, Quetzalcóatl n’était pas du genre à oublier un nom et un visage. Surtout un visage. Ici, c’était plutôt le bijou des Gémeaux qu’elle n’avait pas oublié.

- Qu’étais-tu venu faire ici ?

Curiosité, quand tu nous tiens. Cela ne la regardait pas. Mais après tout, il l’avait traînée durant plusieurs minutes et ce qu’il avait fait semblait assez important.

    Elle pensait qu'ils avaient tous disparut... Comment faire vibrer la corde sensible de Musica en une phrase ? Bien entendu que ce qu'elle venait de dire le frustrait. Il était un dieu qui n'a même pas été reconnu en tant que tel par ces pitoyables Mortels, au point que ceux qui devaient le vénérer ne connaissaient même pas son existence. Mais bon qu'y pouvait il ? Si ça se trouve, en imaginant qu'il soit resté auprès des siens, il ne serait peut être plus de son monde comme tout les autres . Pour la première fois depuis longtemps il se posa la question de savoir ce qui leurs étaient arrivés.
Son nom ? Pourquoi faire ? Qu'est ce que cette déesse en manque de puissance, vu ce qu'il pouvait sentir, en avait à faire de lui ? Surtout qu'elle n'arrêtait pas de piailler comme ces moins que rien d'humains et que ça l'agaçait un brin au final. Pourtant lorsque la seconde question fusa, son œil droit s'ouvrit subitement et sans aucune raison apparente un large sourire apparut sur son visage.

«  Tu ne ressens donc vraiment rien , et ce malgré ton statut ? »

Oui, même lui avait à ressentir ces choses là, donc ça lui semblait totalement dingues qu'elle ne puisse pas. C'est donc à la suite d'un effort hors norme pour se redresser qu'il tendit la main vers elle comme pour pouvoir tâter de celle-ci l'aura de la déesse. Il resta un instant concentré avant de se mettre accroupi pour lui faire face. Ainsi , étant plus près d'elle et estimant qu'ils étaient à une bonne distance l'un de l'autre, il plongea son regard dans le sien avant d'approcher son visage plus que le savoir vivre ne le permettrait, sans pour autant établir le moindre contact physique entre les deux parties, pour enfin murmurer :

  «  Es tu si faible que ça , pour ne pas savoir ce qui se passe là ? »

Pitié ? Bien sur que non. Il s'agissait plutôt d'une incompréhension totale vis à vis de la situation . A un tel stade de faiblesse divine, il pensait que les dieux disparaissaient et pourtant la rouquine lui faisait bien face. D'ailleurs, il en profita pour pouvoir la scruter une nouvelle fois de la tête aux pieds un court instant, ne laissant son esprit s'enfuir vers un monde imaginaire et de fantasme que très peu avant de revenir à la réalité. Réalité qui s'affichait de jour en jour comme un cauchemars qui ne pouvait durer éternellement. Le nombre de dieux qu'il avait vu disparaître ne cessait d'augmenter. Les derniers restants lui semblaient bien loin de leurs grandes époques et ne provoquaient plus la crainte mais bien les rires des Mortels. Son air désinvolte céda la place à son sérieux alors qu'il se décidait à reprendre la parole :

  «  Je me nomme Musica , Nouveau roi Di Indegetes. Et toi, belle déesse, quel est ton nom ? »

Cela pouvait sembler assez impétueux de sa part, surtout qu'il était le dernier des siens, mais c'était justement à cause de cela qu'il se considérait comme le roi. Il se devait de recréer un ordre Di Indegetes pour qu'ils puissent perdurer tout comme l'ont fait ses maudits olympiens...Et il savait qu'il n'aurait droit qu'à une seule et unique chance... Mais pour cela, il devait régler certaines choses avant...

Le jeune Di Indegetes semblait surpris quand Quetz lui demanda ce qu’il était venu faire à ce temple. Il semblait si pressé, cela devait être important. Mais la question avait réveillé l’adolescent, rouvrant un œil interrogateur. Il s’était même levé, pour finalement s’accroupir juste devant la déesse. Il la regardait de près et intensément. Un poil trop près d’ailleurs. Par petit réflexe, le Serpent à Plumes ravala bruyamment sa salive puis recula son visage légèrement. Il la troublait à l’observer ainsi, de cette manière. Ses joues rougirent un peu, se remarquant bien par rapport à sa peau de glace.

Mais elle ne resta pas longtemps ainsi. Son teint se fit pâle quand le dieu lui demanda pourquoi elle ne ressentait rien, malgré son statut. Mais quel statut ? Celui de divinité ? Cela fait bien longtemps qu’elle ne se considère plus comme telle. Elle n’est que l’ombre de ce qu’elle était il y a cela des siècles. Elle avait perdu de sa grandeur, de sa puissance, de son être en fin de compte…Honteuse de ce qu’elle était, plausiblement plus faible que ce dernier Di Indegetes, elle détourna son visage sur le côté, répondant toutefois au jeune homme.

- Apparemment, plus faible que toi. Car oui, je n’ai rien senti.

Cela lui faisait du mal de l’avouer. De se l’avouer plutôt. Un cauchemar éveillé. Non, tout simplement la réalité. Elle ne sera plus jamais ce qu’elle était. Elle en était persuadée, un jour, elle disparaîtrait, sans manquer à personne. Le jeune homme se présenta sous le nom de Musica. Mais ce n’est pas cela qui « tiqua » la rouquine. Se retournant vers lui, elle le regarda dans les yeux, sincère.

- Nouveau roi car les tiens ne sont plus, n’est-ce pas ? Tu comptes remonter un royaume Di Indegetes ?

Oh, elle ne comptait pas le blesser. Elle ne le souhaitait pas, mais elle savait que lui faire remémorer certains souvenirs ne lui ferait pas de grand bien. Quetz savait que trop bien ce que c’était de perdre des proches. Bien sûr, elle avait encore Tezcatlipoca. Mais le reste du panthéon aztèque ? Il n’y avait plus qu’eux deux, à sa connaissance. Et Musica, qui était le dernier des siens, devait bien se sentir seul…

- Je suis le Serpent à Plumes, Quetzalcóatl. Mais appelles-moi Quetz, plus simple.

Ouais, pas très convaincante. Serpent à Plumes alors qu’elle se présentait à lui sous sa forme humaine…Délicate, elle enferma la main gauche du dieu entre les siennes. Pourquoi ? Elle ne savait pas vraiment. Baissant son regard sur cette petite prison de chair, elle se mit à sourire tristement.

- Tu vois. Même ainsi, je ne ressens rien. Si tu ne m’avais rien dit, pour moi, tu ne serais qu’un humain comme les autres…Pathétique, n’est-ce pas ?

   Quetzacòalt , le Serpent à Plume... Lors de son petit trip à Nazca, il avait entendu parler de la belle. Sauf qu'à ce moment là , à vrai dire, il l'imaginait un peu plus masculin , avec des plumes au cul , du poil sur les jambes, une barbe de trois jours et du maquillage comme si il avait plongé le visage dans le pot de peinture directement. Mais là, elle ressemblait à une vraie femme. Et plutôt bien foutu qui plus est. Mais bon, Musica ne resta pas à fantasmer bien longtemps.
Pathétique ? En effet, ça l'était selon lui, mais il n'allait certainement pas le dire de façon à blesser la demoiselle qui semblait déjà bien gènée de son état.

«  En effet, ''pathétique'' est le mot adéquate à ta situation... Mais tel un sauveur, le destin m'a mit sur ton chemin pour te proposer de te joindre à moi pour former le nouvel ordre Di Indegetes , Quetz ! »

Etait-il seulement possible de pouvoir faire plus direct comme proposition ? Elle n'allait pas s'en offusquer non plus ! Ce n'était pas comme si il lui avait proposé un plan cul direct. Quoique ça, ça viendrait sans doute plus tard mais il y avait quand même un ordre de priorité à respecter.
Il ne voulait pas faire un ordre comme l'ancien qu'il avait connu mais bien créer un nouvel ordres.

«  Nous sommes des dieux, Quetz. Toi, comme moi ne pouvons accepter d'être faible ainsi. Ensemble nous serons plus fort et pourrons apporter un nouvel espoir aux dieux emprisonnés dans leurs solitudes. Nous pourrons construire un havre dans lequel nous serions enfin tous à notre place de nouveau et pourrons devenir de puissantes entités . »

Il parlait clairement de devenir une entité puissante, car il ne connaissait pas cette sensation, mais ce n'était pas son but premier. Devenir le roi d'un havre de paix... C'était probablement un but pourri pour beaucoup , mais il s'en contre fichait.
Le dieu s'étira un brin  en baillant , puis il fixa la déesse droit dans les yeux.

«  Je te préviens, je suis le roi mais faut pas venir m'emmerder avec des conneries , hein ? On trouve du monde puis on fait notre truc.T'as des objections ? »

Il était clair qu'il ne lui laissait pas trop le choix. Elle pouvait toujours dire non si ça lui disait, mais pour le jeune dieu, il était inimaginable qu'elle puisse refuser de se joindre à lui pour pouvoir aller de l'avant. Car oui, à ses yeux c'était aller de l'avant que de poursuivre son but. Etre éternel, respecter et adorer par les Mortels, mais aussi avoir enfin son lieu de quiétude. Son chez lui, avec les siens.

Quetzalcóatl, le célèbre Serpent à Plumes. Les légendes le disent homme puissant, dont on craignait certaines colères. Pourtant, il en était tout autrement. Étant le Tezcatlipoca blanc, elle était douce et gentille avec les siens. Et par-dessus tout, c’était une femme. Alors qu’elle se présentait comme étant ce grand dieu aztèque, pauvre rouquine qu’elle était devant les yeux du jeune homme, elle comprit au regard de Musica qu’il s’attendait à autre chose.

- Oui oui, c’est bien moi. Le Serpent à Plumes est une femme.

Pathétique. C’est le mot qui décrivait parfaitement la situation du Serpent à Plumes. D’ailleurs, le Di Indegetes approuva les paroles de la jeune femme. Bim, coup dans le cœur ! Argh. Impuissante ! Faiblarde ! Mais lui aussi l’était. C’est pourquoi il proposa à la rousse de former un nouvel ordre divin, plutôt un nouvel ordre Di Indegetes. Dans ses paroles, Quetz sentait bien que Musica était bien mal d’être lui aussi tombé si bas alors qu’il était immortel. Mais quelque chose ne plaisait pas à la déesse. Il donnait l’impression de ne chercher QUE de la puissance, et ainsi garantir son pouvoir et son immortalité. Encore une fois, il se prétendait roi, replaçant la demoiselle à « sa » place. Quetz se mit à froncer des sourcils, s’approcha encore du jeune dieu, son visage à quelques centimètres du sien. Elle le fixait, cherchant quelque chose qui clochait. Elle s’approcha encore un peu, leurs nez se touchant presque.

- Je comprends que tu veuilles reconstruire un nouvel ordre divin mais…Pourquoi cette recherche de puissance. Qu’est-ce qui t’y pousse autant ?

Bien évidemment, la divinité mésoaméricaine ne connaissait rien de l’histoire de Musica, et pas grand-chose en général des Di Indegetes. Pourtant, l’intuition de la déesse lui disait qu’il s’était sûrement passé autre chose que la disparition des autres dieux comme Musica, pour que celui-ci veuille reconstruire un royaume divin avec autant de conviction. Elle se retira un peu du visage du jeune homme, le fixant toujours, et se mit à sourire doucement.

- Tu te prends déjà pour le nouveau Zeus ? Il te faudra d’autres dieux pour créer ce que tu souhaites. Et si tu penses qu’ils vont t’accepter, comme cela, comme étant leur roi, tu te trompes mon petit…Leur soif de grandeur, du moins de la retrouver…Ils vont se bouffer entre eux et chercheront à être chacun, le plus puissant.

Autre chose tiqua la belle. D’accord, être puissant, y’a du bon. Mais pour quoi dans ce cas-ci ? Pour lui-même ? Euuuuh…

- Et les fidèles dans tout ça ? Tu en fais quoi ? Tu comptes t’en abstenir ? Non, ce n’est qu’une simple question, car en fait, tu donnes l’impression de t’en foutre.

Bah oui, pour l’instant, il n’en avait pas du tout parlé. Mais un dieu qui n’a pas de fidèle disparaît forcément. Alors ?

     «  Qu'est ce qui me pousse à rechercher cette puissance ? Quetz, nous sommes des dieux. Des êtres de puissances par nature. Nous sommes l'Alpha et l'Omega. Nous rétablissons l'équilibre dans le monde lorsque celui-ci en a besoin. Nous n'avons pas le droit d'accepter d'être faible. Imagine un monde dans lequel où tout les dieux auraient baissés les bras, et surtout l'état dans lequel il serait. J'ai vécu parmi les Mortels assez longtemps pour savoir qu'ils auront toujours besoin de nous, qu'il le veuille ou non. »

Il savait qu'il ne répondait pas totalement à la première question de la demoiselle. Mais il savait qu'il devait encore garder certains arguments sous le coude au cas ou cela ne suffirait pas à décider la déesse. Et comme il s'en doutait , elle avait d'autres interrogations. Par contre, il ne s'attendit pas à ce que cette dernière se tienne si près de lui. Il fallait déjà passé à la partie physique de leurs rencontre ? C'était loin de poser un problème au petit Musica, mais il comprit très vite qu'elle faisait quelque chose qui ne lui était aucunement étranger : elle le sondait. Stratégie qu'il appliquait bien souvent lui aussi d'ailleurs. Il ne se déroba pas mais il ne se livra pas non plus. C'était pour cette raison qu'il lui donna une réponse comme il venait de le faire.
Par contre lorsqu'elle se mit à rire en lui demandant si il se prenait pour Zeus, elle serait restée aussi près de lui que précédemment, elle aurait put voir une étincelle naitre dans son regard. Mais pas de réaction de sa part, car la suite de ce qu'elle dit lui semblait parfaitement logique.

«  Tout d'abord...commença-t-il avec calme, Je ne me prends pas pour Zeus. Je ne porte pas les Olympiens dans mon cœur, par pur jalousie de leurs réussites, mais je n'ai aucunement l'intention de les imiter. Ensuite... Pour tenir tout ce petit monde être le plus fort n'est pas forcément une solution. Je me dois de devenir plus puissant pourtant. Et j'y parviendrais. Il faudra bien quelqu'un pour vous protéger des menaces non ?»

Un fin sourire apparut sur le minois du gamin. Il parlait bien entendu de protéger ceux de son ordre, mais aussi leurs fidèles. Et oui, même dans son havre de paix, Musica savait très bien que le danger serait omniprésent autour d'eux et qu'il se devait d'être capable de se dresser face à quiconque s'en viendrait pour les menacer.
Allez hop, on passe les mimines derrière la tête puis on s'allonge comme une grosse larve au sol pour pouvoir admirer le ciel étoilé qui s'offre à son regard tout simplement. Ce relâchement était dût au fait que les moines avaient réussit leurs part du boulot. Le dieu ne sentait plus la défense contre le démon faiblir. La Lémure était libre de reposer en paix et d'aller raconter aux autres âmes errantes  de l'au-delà les nouvelles prouesses du Grand Dieu Musica. Là, son oeil droit s'ouvrit pour permettre à son orbe de se poser sur la Déesse à écailles et plumeaux.

«  Qu'attendrais tu de moi ?  Je parle bien entendu à part être un amant des plus délicieux et être l'ami qui forcerait le plus ton admiration. Quelles seraient tes attentes vis à vis de ton leader ? »

Et oui, même si cela ne se voyait pas beaucoup au premier contact, le ténébreux était pertinemment conscient qu'il devait prendre en compte les attentes de la rouquine. D'ailleurs, était elle vraiment rousse ? Et voilà de nouveau son attention qui partait dans tout les sens à essayer d'imaginer Quetzacòalt avec des cheveux de couleurs des plus abracadabrantes.

«  Au fait, tu es dans ta vrai forme là ou c'est ta forme primaire ? Car moi, je te préviens, je suis certes très attrayant sous cette forme, mais elle n'est pas ma forme définitive... Enfin j'espère. »

Oui, il ne se cachait pas. Il préférait annoncer la couleurs dés maintenant à son homologue. Il était faible mais il n'avait pas l'intention d'attendre que le destin lui fasse croiser une âme charitable qui voudrait de lui et le protéger. Il avait décidé de prendre son destin en main et ce depuis bien longtemps malgré le fait qu'il n'ai jamais atteint sa forme libéré.

Quetz savait pertinemment que Musica avait raison dans ses paroles. Les dieux, êtres puissants depuis toujours, sont l’équilibre de ce monde, et de Terra également. Ils apportent une aide non négligeable chez les terriens. Enfin, cela était valable autrefois. Sur Terre, à l’heure actuelle, les Hommes n’ont plus vraiment besoin d’eux. Et puis, qui croirait en d’anciennes déités comme le Serpent à Plumes ou le Di Indegetes ? Personne. Ils se moqueraient même. Et certaines légendes qui n’aident pas non plus au retour du culte…

La rouquine avait fait référence à Zeus, pour définir Musica, voulant devenir le roi divin de son nouvel ordre. Ce n’était qu’une référence, un exemple, rien d’autre. Pas une boutade en tout cas. Mais cela n’eût pas l’air de faire très plaisir au jeune homme.

- En aucun cas, je ne te compare réellement à Zeus. Il est juste le roi des Olympiens. C’est en ça que j’ai pris son exemple. Même si en réalité, il n’en est pas un. Je ne porte pas tous les Olympiens dans mon cœur, si cela peut te rassurer.

Le Di Indegetes se mit à sourire doucement. Il souhaitait devenir puissant pour défendre tout le monde. Alors, il comptait tout de même ne pas oublier les fidèles. Ils sont source de vie pour les divinités, et il fallait prendre soin d’eux. Et Musica comptait bien le faire. Et aussi protéger les déités. Sauf que, même s’il atteint une certaine puissance, il ne pourrait faire les choses seul.

- C’est bien de vouloir devenir puissant pour protéger les siens, mais à vouloir tout porter sur tes propres épaules, tu n’arriveras à rien. Tu devras être capable d’accepter l’aide des autres dieux pour repousser l’ennemi, pour tout autre aide d’ailleurs. Sinon, ton ordre divin ne servirait strictement à rien. À quoi cela servirait de t’extirper de ta solitude actuelle, si c’est pour finalement, te retrouver seul à surveiller ton Olympe ?

Pour certains, être puissant, demandant de l’aide pour n’importe quelle chose, c’est prouver qu’en fait, on est faible. C’est faux. Pour faire face à tout, c’est d’autant plus dur quand on est seul. Bref. Musica s’allongea dans l’herbe, observant le ciel. Levant elle aussi le nez, toujours assise, le regard de Quetz s’illuminait de mille feux, voyant ce tapis sombre, en même temps pailleté d’étoiles. Ses yeux se posèrent, surpris, sur le jeune homme. Les paroles qu’il eût la firent tout d’abord sourire, puis elle commença à rire sincèrement. Lui, son amant ? Ami d’accord, mais…

- Amant des plus délicieux ? C’est toi qui te définis ainsi. Je n’ai jamais vu la bête ! …Ce que j’attends de toi ? À vrai dire, je ne sais pas trop exactement. Juste que tes chevilles ne gonflent pas trop, ou que tu ne prennes pas la grosse tête. Cela ne serait pas digne d’un leader. D’ailleurs, je ne te considérerai jamais comme un roi. Pour moi, tu resteras Musica. Au fond, c’est plutôt à moi de te demander ce que tu attends de moi…

Si à l’heure actuelle, le Serpent à Plumes était plus faible que le Di Indegetes, à quoi pouvait-elle bien lui servir ? Elle était déjà bien préoccupée à s’occuper à se retrouver des fidèles. Ca, c’était sur la bonne voie, mais tout de même…Cela restait un travail assez long. L’aider à trouver d’autres divinités « finies » ? Pourquoi pas. Mais cela aussi risquerait d’être un long et fastidieux travail.

La curiosité frappa le jeune homme, se demandant si le Serpent à Plumes était réellement une rousse ? Les Aztèques étaient plutôt réputés pour avoir la peau hâlée et les cheveux d’un noir profond. Tout le contraire de la Quetz en humaine, ou bien même en déesse. Rouquine, la peau très claire comme le nacre. Il y avait de quoi se poser des questions. Alors, regardant à gauche, puis à droite, renouvelant l’action plusieurs fois, elle ne vit personne autour d’eux. Personne pour les regarder.

- Tu vas voir…

Le champ était libre pour faire sa transformation. D’une belle rouquine à la peau claire, elle devint une sublime femme, aux formes plantureuses, d’un bon 2m35. Son corps se couvrit d’un léger duvet soyeux. Le plus impressionnant devait être sa longue chevelure verte, toute faite de plumes. Niveau vestimentaire ? Un bijou recouvrait sa poitrine imposante, et son intimité était couverte par un pagne luxueux. Son bras était enserré d’un bracelet en forme de serpent mordant sa queue. Moult bracelets ornaient ses poignets, et des chevillières emplies de pierres précieuse ornaient ses pieds. Toujours assise, son regard se posa sur le jeune homme.

- Satisfait ?

Dans le discours de Musica, Quetz avait remarqué quelque chose. « […] elle n’est pas ma forme définitive…Enfin, j’espère ! ». S’asseyant à côté du dieu, sous sa forme d’émeraude divine, elle s’allongea comme lui l’avait fait auparavant, les mains sous la tête en guise d’oreiller, regardant le ciel.

- C’est là ton souci, n’est-ce pas ? Ce truc qui te pourrit, qui t’énerve le plus, c’est que tu n’as pas atteint la « maturité divine », mh ?

   Il l'avait dit que la puissance n'était pas tout. Il préférait clairement la stratégie à la force pure, tout en gardant à l'esprit que la force brute pouvait être sacrément utile dans une bonne stratégie. Mais il n'avait aucunement l'envie de revenir sur ce point. Les actes ont plus de valeurs que les paroles.
Et d'ailleurs, en parlant de « paroles », la déesse venait d'en tenir d'étranges. Ne pas prendre la grosse tête ? Pourtant il s'agissait de son passe temps favoris. C'était comme si on lui retirait ce qu'il avait de plus cher, dans toute sa vie ! Comment ? On le lui avait déjà retiré ? Ah... Quoi qu'il en soit, elle lui avait clairement dit qu'elle ne le considèrerait pas comme son roi. Là encore , il fut un brin embêté. Mais bon, après tout, si elle le suivait et le considérait déjà comme un leader , cela lui serait  entièrement suffisant. Il comprenait tout à fait qu'une déesse refuse de se soumettre à un nouveau roi, surtout après autant de siècle de liberté. Pourtant elle aurait aimé connaître le rôle qu'il lui proposait dans tout ça.

  « Ce que j'attends de toi est très simple. Faire de mon rêve, ton objectif. M'aider à bâtir notre monde. Ni plus ni moins. De part la contribution que tu estimeras être la meilleure. Ni plus, ni moins, dans un premier temps. La suite ? On verra en temps voulu... »

Il ne cherchait pas forcément à faire son type mystérieux ou truc bidon de ce genre à cet instant. Il voulait juste procéder par étape, car chaque choses en son temps. Et puis il devait avoir certaines confirmations avant d'entrer plus dans les détails. Il se ontenta donc de regarder la transformation de la rouquine en une sorte de ...piaf vert mal rasé vue le duvet, mais aux formes plus que généreuse. Le dieu approcha une main de Quetz , une fois sa transformation terminé mais il s'arréta en plein élan. Le duvet... Petit moment d'hésitation à cause du nombre de sotises qui lui traversaient l'esprit en cet instant, puis il finit par caresser une jambe de la belle. Il recommença une nouvelle fois, comme un enfant qui caressait pour la première fois un animal qui lui semblait étrange, puis il parcourut la créature du regard jusqu'à tomber dans le sien.

  «  Pardonne moi ce que je vais dire mais... tu es de ce genre de dessert qui marque les esprits et qui , tant qu'on n'y a pas gouté, peuvent s'avérer obsédant. »

Obsédé ? Bien sur qu'il l'était. Et il ne s'en cachait aucunement, comme pour beaucoup de choses le concernant. Là encore, il aurait très bien put tenté d'en profiter pour sauter sur la demoiselle mais sa ''faiblesse'' fut de nouveau mise sur le tapis. D'un hochement de la tête il donna sa réponse à la belle avant de lui adresser un petit sourire sournois.

«  Ne pas avoir atteint cette maturité m'aura permis de grandir sur d'autres points... Mais maintenant que j'ai décidé de mettre mon rêve en place, il me faut pouvoir surpasser ce premier petit obstacle. Mais en attendant... M'accompagneras tu dans mon but ? »

Oui, il voulait une réponse immédiatement. A son sens, elle ne devrait pas avoir à réfléchir mais bon, il savait que son impatience était un de ses plus grands défauts.

La transformation de Quetzalcóatl semblait avoir perturbé le jeune Di Indegetes. Quoi de plus normal quand on voit une belle rousse devenir une géante verte, ornée d’un duvet soyeux et d’une chevelure de plumes. Se rapprochant de la déesse, Musica avança sa main, d’abord hésitante, sur une des jambes d’amazone de l’émeraude divine. Toucher pour mieux y croire. Apparemment, il était intrigué par cette forme, en plus de l’apprécier, car ses yeux dévalaient sur tout le corps de Quetz. Un sourire amusé fit son apparition sur les lèvres de la divinité. Le jeune homme venait de la comparer à un dessert, assez appétissant pour en devenir obsédant. Restée allongée, elle se mit à rire doucement. Elle savait parfaitement qu’elle était attirante, même si elle ne s’en vantait très rarement. Quelle déesse ne l’était pas ?

- Merci…

Une autre parole de Quetz avait touché Musica. Le fait qu’il n’avait pas atteint sa maturité divine, et donc, qu’il n’était pas très puissant. Enfin, tout cela est relatif. Suffit de voir que par rapport au Serpent à Plumes, là maintenant, il était bien plus fort qu’elle. Bref. Mais cela piqua la curiosité de la déesse.

- C’est étrange pour un dieu comme toi, âgé de bien des siècles, de ne pas avoir cette maturité. Physique du moins…Oui, étrange.

Elle ne cherchait pas la petite bête, mais juste qu’il lui explique un peu. Et qui sait, peut-être qu’elle pourrait  l’aider sur ce point s’il en avait besoin. Désormais, le Di Indegetes attendait une réponse de la part de l’émeraude divine. Le suivre ou non ? D’ailleurs, il semblait impatient face à la divinité aztèque. Souriant de plus belle, Quetzalcóatl se releva doucement, maintenant assise près de Musica. C’est en fermant doucement les yeux et soupirant profondément qu’elle lui répondit enfin.

- Je ne pense pas que ta quête m’empêche d’accomplir mes autres devoirs. C’est pourquoi, j’accepte de te suivre. Je ne sais pas vraiment comment t’aider, mais cela viendra en temps voulu.

Par autre devoir, elle voulait parler tout d’abord de celui envers ses fidèles. Ne pas les négliger au dépend du nouvel « Olympe », toujours garder un œil sur eux, les écouter, leur venir en aide…Mais Quetz n’oubliait pas non plus sa promesse qu’elle avait faite à Vlad. Le dieu des jeux vidéos rêvait d’un monde où les dieux et les mortels s’aideraient, travailleraient ensemble. Oui, Quetz rêvait de cette utopie aussi. Mais elle n’en fit pas part à Musica. Ce n’était pas vraiment son souci à lui, ni son « idéal ».

L’émeraude divine observa une nouvelle fois aux alentours, si personne ne venait, histoire qu’ils ne se fassent pas remarquer par sa forme de déité. Puis finalement, elle se rallongea, bras derrière la tête.

- Tu as déjà une petite idée des dieux qui pourraient se joindre à toi ? Enfin, à nous ?

    Quetzacoalt la grande, acceptait de se joindre au jeune dieu dans ce qui sembait être une quête perdue. Il était content, surtout de compter une aussi ravissante déesse à ses côtés. Pourtant il n'exulta pas sa joie et se contenta de simplement sourire. La tache qu'il voulait s'adjuger venait, par quelques mots, seulement de commencer.
Vu que la déesse s'était allongée à ses côtés de nouveau, il en profita pour doucement venir poser sa mains sur le ventre de cette dernière. Les yeux clos, il se concentra pour mémoriser l'aura qui émanait d'elle. Une façon de pouvoir toujours avoir un peu d'elle à ses côtés et d'avoir une sorte d'alarme/GPS le jour où elle aurait besoin de lui. C'était un peu comme si il était en train de voler un peu d'elle et qu'il remplaçait ce qu'il avait prit par un peu de lui. Lorsque le transfert fut terminé, il releva sa mimine pour la mettre face à son visage et l'observer un instant avant de refermer son poing de façon déterminé.

«  Je n'ai pas la moindre idée de qui pourrait se joindre à nous... Nous verrons bien. »

Il serait peut être courtois d'expliquer à la belle ce qu'il venait de faire , non ? Visiblement, il n'en voyait pas l'utilité vu qu'il s'était contenté de répondre à la dernière question de celle-ci. De toute manière, elle devait sentir au moins quelque chose... Enfin c'est ce qu'il se disait.
D'un bond, Musica se redressa. L'arrogant avait cédé la place au responsable. Cela se ressentait part son attitude, car au lieu de se redresser en un coup et de bomber le torse il préféra se lever doucement et offrir un regard chaleureux et protecteur à la déesse verte.

«  Non pas que ta tenue me dérange, loin de là, mais tu ferais mieux de reprendre ta forme humaine... On ne sait jamais ce qui peut surgir de derrière chaque arbres, ici. »

Vu les évènements, elle avait put voir qu'être en compagnie du DI Indegetes n'était en aucun cas un gage d'assurance tranquillité. Un petit clin d'oeil , auquel s'en suivit un petit signe de la main pour dire à la demoiselle de suivre le mouvement , et le voilà déjà qui se remettait à marcher à travers le parc. Une direction ? Aucune en particulière. Il se contentait de marcher en profitant de la lumière que les siens envoyaient sur lui pour pouvoir le guider dans sa quête.
Comme si il se doutait qu'elle viendrait, il n'avait pas avancé trop vite, pour qu'elle puisse se joindre à lui mais surtout pour qu'elle puisse déjà l'entendre puisqu'il se remit à parler.

  «  Alors que je n'étais qu'un enfant, les dieux se réunirent. Nous, apprenti, n'étions pas convié mais je réussis à me faufiler pour les écouter. Il était question d'une guerre, de désolation, et de notre fin. Alors que Janus parlait , Virtu, mon père, se dressa et lui dit ainsi qu'aux autres que leur heure allait probablement venir un jour ou l'autre mais que l'espoir brillerait toujours tant que l'un de nous bénirait le monde de notre présence et respecterait la voie dans laquelle nous avons sut atteindre notre apogée.
Moi, Musica, ne sera jamais aussi sage que Virtu le fut, mais j'aimerais transmettre cet espoir. Peu importe notre lien. Qu'il soit de sang, d'esprit ou d'âme, la lumière doit continuer de briller ... »

Un brin de mélancolie dans la voie ? Pas le moindre du monde. Cet espoir dont il parlait était en train de se montrer clairement à la déesse. Cet espoir qu'il cachait sous une tonne de vanité et d'orgueil étincelait de milles feux à travers son regard.