Attachée, Alice ne pouvait qu’observer le combat, se sentant terriblement impuissante. Il lui était impossible d’agir, de faire quoi que ce soit. Son impuissance se mélangeait à un sentiment de panique croissant à l’idée que Lyra puisse avoir été tuée. C’était impossible ! La Princesse était intimement convaincue qu’elle devait être attachée quelque part, mais elle devait aussi admettre l’évidence. Si les malfrats l’avaient capturé, pourquoi l’aurait-il épargné ? Il ne voulait qu’Alice, et, s’ils connaissaient la réputation des Commandeurs, ils auraient probablement du la tuer depuis longtemps. Mais Alice ne pouvait se résoudre à l’accepter, non seulement parce que, pour elle, un Commandeur ne pouvait pas vraiment mourir, mais aussi parce que, si Lyra était morte, qui viendrait la sauver ? Elle ne connaissait pas ce Lucius, mais elle n’était pas spécialement convaincue qu’il était une âme chevaleresque venue « par hasard » la secourir. Princesse, commençant à comprendre le fonctionnement du monde dans lequel elle vivait, la Princesse restait relativement sceptique à l’égard du hasard et des rencontres fortuites. C’était aussi une conséquence de son éducation religieuse, qui l’amenait à considérer que ce qu’on appelait « hasard » n’était qu’une métaphore grotesque pour désigner la volonté divine, incompréhensible aux yeux des mortels.
*Dans tous les cas, c’est pas ça qui va m’aider à me détacher… Suis-je vraiment aussi empotée que ça ?*
Elle tira à nouveau sur les liens qui l’immobilisaient. La frustration continua à croître dans son corps, tandis que le combat se mit à exploser devant ses yeux, entre Lucius et les hommes de « Jackhammer ». Ayant perdu son fusil à canon scié, ce dernier s’était prudemment reculé, tandis que les détonations résonnèrent. Lucius se battait plutôt bien, et utilisa une espèce de magie pour repousser d’autres adversaires. Elle était fascinée par ce combat, à tel point qu’elle négligeait d’essayer de se libérer.
« Tenez princesse ! Servez vous en pour vous détacher ça coupera l'acier » lâcha subitement Lucius.
Il lança vers elle une dague, qui alla se planter dans le pilier, à côté d’une de ses mains. Elle leva la tête, se demandant si cette lame n’était pas en verredragon. De l’acier simple ne pouvait pas trancher de l’acier, après tout, mais elle savait que les lames qu’on forgeait à Sylvandell, faites en verredragon, à partir de l’obsidienne, présentaient cet avantage d’être particulièrement tranchants. Utilisant ses doigts, elle parvint à attraper le pommeau, tandis que Lucius affrontait les deux adversaires dans une danse de lames.
*Seul le fou n’a pas peur, songeait-elle dans sa tête, s’appropriant les paroles de Ciri’ quand elle avait commencé à la former au combat. La bravoure, c’est utiliser la peur comme moteur pour se battre… Allez, allez, courage, ma petite Alice !*
La Princesse réussit à attraper la dague, et commença à l’appliquer. La lame frotta contre l’acier, mais, vu l’angle dans lequel elle frappait, la Princesse ne réussissait qu’à caresser la chaîne. Elle poussa un soupir de frustration, tandis que Lucius parvenait à triompher de ses ennemis, et avançait vers « Jackhammer ». Débarrassé de ses hommes, Wilfried s’était rapproché d’Alice, et avait dégainé une autre arme.
« Tu tiens à savoir pourquoi on m’appelle ‘‘Jackhammer’’, Lucius ? le railla-t-il. J’vais t’faire une petite démonstration… »
Joignant le geste à la parole, « Jackhammer » visa le sol avec son pistolet, et son autre main se mit à luire, avant de toucher la carrosserie de l’arme. Les yeux de Wilfried se vrillèrent, son tatouage se mit à s’enflammer, et il tira sur le sol… Concentrant son pouvoir magique, la balle rencontra le sol, et provoqua une violente secousse, une puissante vibration. Le plafond en trembla, certaines colonnes se fissurèrent, et « Jackhammer » tira une seconde balle vers le plafond, au-dessus de Lucius, provoquant l’effondrement d’une partie de ce dernier. La poussière volait dans tous les sens.
« Voilà pour toi, ENFOIRÉ ! Hahahahaha ! Sale con ! » jubilait Wilfried.
La pièce tremblait nerveusement, et « Jackhammer » s’avança en tremblant nerveusement vers Alice. Il la libéra promptement, et la tira par les cheveux.
« Lâchez-moi ! piailla-t-elle.
- Ta gueule, salope ; avance ! » grogna Wilfried.
Il balança Alice sur le sol, et cette dernière rampa vers la porte, le plafond se fissurant de toute part. Elle remarqua alors que l’œil de « Jackhammer », celui qui était entouré par un tatouage, était injecté de sang. Une ligne écarlate glissait de sa pupille. Des larmes de sang… Visiblement, son pouvoir d’ESPer avait quelques effets secondaires regrettables. Ils sortirent de la salle en poussière, tandis qu’Alice entendait d’autres bruits de pas. Depuis la droite, soit le chemin ramenant vers l’auberge, plusieurs autres truands surgirent.
*Mais ils sont toute une bande !*
La Princesse essaya de se libérer de la poigne de Wilfried.
« Surveillez cette pièce ! Je ne pense pas que cet enfoiré soit mort aussi facilement ! »
Ayant dit cela, « Jackhammer » avança vers un escalier, le montant rapidement.
« Tout ça pour une foutue gamine… Cesse de te débattre ! »
Il la jeta contre le mur à un croisement de l’escalier, et elle essaya de s’enfuir. Elle courut rapidement vers l’escalier, et Wilfried l’attrapa par les cheveux. Elle se retourna vers lui, la dague de Lucius pointée en avant, et l’envoya vers sa poitrine. La lame fila vers sa peau, et Wilfried l’évita en bondissant en arrière, relâchant les cheveux d’Alice. Il loupa une marche, et bascula en arrière, roulant le long des marches de l’escalier. La Princesse courut rapidement sur l’escalier, filant vers le haut.
« Reviens là ! » entendit-elle.
La Princesse ouvrit une porte, filant dans un couloir. La peur donne des ailes, affirmait-on. Elle ouvrit une autre porte, et atterrit dans l’un des couloirs latéraux d’un des multiples salons de l’auberge. Alice continua à courir jusqu’à arriver dans le salon… Où elle aperçut des hommes en train de boire avec l’aubergiste.
« J’pense que Jackie a du flinguer le vieil Allistair… commenta sobrement l’un d’eux.
- Y a des chances, oui… Mais c’est pas franchement plus mal ; Allistair était trop proche du pouvoir, trop… Trop fillette ! »
Alice se mordilla les lèvres, et les regards se portèrent alors naturellement vers elle.
« Madame en a assez des caves ? rigola l’un d’eux.
- On t’abîmera pas trop… »
Les hommes s’avancèrent lentement vers elle. Alice regarda à droite et à gauche, et courut rapidement vers les toilettes. La Princesse ouvrit la porte rapidement, et se demanda par où s’enfuir.
*Pourquoi est-ce que je me suis planquée dans des toilettes ?!*
Alice trembla, résistant à l’envie de pleurer, cherchant une issue. Elle entendit alors des cris de douleur. Surprise, Alice se retourna. Pourquoi personne ne venait ? Elle entendait des coups sourds, des cris.
« Hey ! Veux-tu… ?! Oh… Noooonnn… »
Quelque chose heurta violemment le mur. Alice entendit une explosion.
« Arrête de… ! Oh, oh, toi, toi, toooiiii !! »
Soupirant, Alice s’approcha de la porte, et l’ouvrit légèrement… Pour voir le cadavre dégoulinant de sang d’un des tueurs, une longue traînée de sang filant d’une table brisée vers le mur. Son corps avait été balancé contre le mur. Elle sentit son cœur manquer quelques battements en voyant l’individu responsable de tout ça. Ou la femme, plutôt. Évitant la longue lame d’un des tueurs, Lyra s’empara de son arme, et le descendit. La femme lui cracha dessus, avant de se retourner vers Alice.
« Lyra ! Je savais que tu n’étais pas morte ! »
La femme s’avança en souriant quand l’une des portes d’entrée de l’auberge s’ouvrit dans un fracas. Des soldats nexusiens jaillirent, et avisèrent le carnage.
« Va-t-en, Alice, ordonna Lyra.
- Mais… intervint celle-ci.
- On fout le camp ! »
Les soldats leur ordonnèrent de s’arrêter, et Lyra la prit par la main, filant par un couloir. Sortant également des armes à feu, parallèlement à des arbalètes, les soldats tirèrent, mais loupèrent leurs cibles. Lyra courut le long d’un couloir… Jusqu’à ce qu’un mur explose brutalement, la renversant. Elle eut à peine le temps de se redresser qu’une main la souleva de terre. Une tête violente s’écrasa contre son front, et elle se reçut un coup de crosse, l’envoyant s’écraser sur le sol.
« Salopes, grogna Wilfried. Ce qu’il faut pas faire pour une foutue blondasse… »
Les soldats jaillirent alors, et « Jackhammer » les regarda.
« Putain, vous avez mis le temps !
- Reculez ! Rendez-vous ! ordonna l’un des soldats.
- J’organisais une réunion dans l’auberge quand cette folle m’est tombée dessus ! ‘Me dis pas ce que j’ai à faire, sale con, et dépêche-toi de l’arrêter !
- Reculez ! »
Wilfried se recula en soupirant, tandis que des gardes s’approchèrent de Lyra. Cette dernière bondit alors comme un félin, levant une jambe pour atteindre un homme dans le ventre. Elle se retourna rapidement, et utilisa ses deux mains plaquées sur le sol pour bondir en avant, heurtant un autre garde. Se trouvant au milieu des soldats, elle se dégagea en attrapant une épée d’un soldat de Nexus, et la planta dans le ventre d’un autre.
« Fous le camp, Alice ! »
Obtempérant pour de bon, cette dernière sentit son corps se délier, et courut. Grognant, Wilfried s’élança à sa poursuite. Alice s’élança dans un couloir rouge, et renversa une petite armoire derrière elle. Wilfried s’esquiva habilement, heurtant le mur de gauche, et reprit sa course. Alice vit vaguement une porte s’ouvrir, et, se baissant, fila sous le bras d’un homme.
« Mais que… ?! Aaaah ! »
L’interrogation de l’homme se mua en un cri de surprise quand “Jackhammer” s’écrasa sur lui, le renversant, l’envoyant s’écraser sur le sol. Débarquant dans une partie des cuisines, Alice courut au milieu des fourneaux, tandis que « Jackhammer » lui tirait dessus., les balles explosant autour du corps de la Princesse. La pauvre avait mal partout, était épuisée, mais ne s’arrêtait pas pour autant de courir. La vision embuée par les larmes, elle finit toutefois par trébucher, et s’écrasa sur le sol, roulant, s’arrêtant près d’un fourneau. Elle vit un cuisinier s’approcher d’elle, avant qu’une solide main ne l’attrape par l’épaule, renversant le malheureux sur le sol. La Princesse tremblait tellement de peur qu’elle était incapable de formuler le moindre mot, alors qu’elle voyait le canon d’une arme pointée sur son visage.
« Rien à foutre de la prime ! J’vais te crever, salope !
- Arrêtez ça ! »
Une poële frappe violemment Wilfried au visage, émanant de la part d’un cuisinier. Sonné, Wilfried chancela, s’appuyant sur une table, toute une partie de son visage en sang. Secoué, il tenta de reprendre ses esprits. Le jeune cuisinier, visiblement un peu trop porté sur les romans de chevalerie, se prépara à récidiver, mais se reçut soudain avec le canon de l’arme entre ses deux yeux. Wilfried appuya sur la gâchette sans se poser plus de questions. Avec une partie de son visage en sang, le truand était méconnaissable, et saisit Alice par son corset, l’approchant près du fourneau.
« Là d’où tu viens, y paraît que les dragons, c’est ton trip ! aboya-t-il, crachant du sang depuis ses lèvres sur le visage d’Alice. Va donc te faire cramer le cul ! »
Il la gifla violemment, l’anesthésiant presque. Alice vit les flammes danser, les flammes hypnotiques, ce rideau de feu émanant du fourneau, et « Jackhammer » la poussa vers le mur de feu, se mettant à rire bruyamment et nerveusement.