Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]

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Enora

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Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]

Réponse 30 lundi 05 août 2013, 16:02:01

C'est avec un crachat monumental de sang que la belle au toit dormant remercia son prince charmant à son réveil. Suffocante encore du flot de sang s'étant répandu dans les organes inappropriés et par les mauvaises voies, le corps d'Enora était secoué de saut de cabri et de toux violents alors même qu'elle était toujours dans les vapes.
Après ce brusque remue-ménage il n'y eut plus rien, si ce n'est le son de sa respiration sifflante. Si le Dieu avait bel et bien soigné la plaie béante dans le torse de la jeune femme, il n'avait pu effacer si facilement les séquelles moindres (enfin, façon de parler) qui parcouraient l'ensemble de son organisme. Au bout de quelques longues minutes, la conscience de la mercenaire lui revint. Les yeux toujours clos, des flash lumineux défilaient dans son esprit endolori, présentant les scènes de combat précédentes, les murs explosant, les gardes anéantis par une gamine à l'apparence vaguement humaine puis l'envolée sur le toit... Les événements défilaient dans son subconscient à une allure folle, comme si son esprit tentait de refiler le court du temps pour comprendre comment elle avait pu arriver là.
Puis ce fut le pique de douleur. Intense, insupportable, incroyable. Ouvrant brusquement les yeux, la douleur fut telle que la ESP.er fut incapable de crier pour dégager un peu de cette peine, le hurlement était coincé dans la gorge, comme paralysé par la trop vive sensation. Son corps était tendu de tout son long et chaque muscle vibrait de cette douleur. Chacun de ses putains de muscles ressentait cette douleur : aucun moyen de s'y soustraire, aucun moyen de la fuir, et son cœur battait comme un diable pour la ramener, la conserver ici, son cœur battait et se battait pour la garder en vie après que Kyô l'eut sauvée.
Le cri muet s'étrangla dans un râle alors que gémissante elle se détendait petit à petit. La lumière lui brûlait la rétine, l'épuisait davantage. Il lui fallut encore quelques minutes pour reprendre conscience des événements, de là où elle se trouvait. Papillonnant des yeux, les dernières paroles du Dieu résonnaient dans son esprit et elle réalisa soudain qu'elle lui devait la vie. Tournant péniblement la tête vers lui, elle lui prit difficilement la main, qu'elle serra en signe de remerciement, incapable d'articuler un mot pour le moment.
Refermant les yeux, elle tenta de résumer la situation dans son esprit. Les gardes devaient encore être occupés avec les derniers détenus. Certainement ceux qu'elle avait pu libérer avaient à leur tour libéré d'autres prisonniers, peut-être même ceux derrière leurs champs magnétiques, les sorciers, ceux aux pouvoirs magiques divers. Ce devait être un sacré bordel. Ils avaient encore un peu de temps, mais pas indéfiniment, il faudrait bientôt trouver une solution pour s'enfuir pour de bon, sachant qu'en redescendant du toit les attendraient encore les miradors, les clôtures électrifiées, les barbelés... Sortir puis trouver une planque, se reposer. Mais avant tout, il lui fallait ses armes. Tournant la tête à l'opposée de son sauveur, suivant des yeux la traînée de sang qu'elle avait laissé derrière elle en rampant vers lui, elle vit, au bout, son cher sabre. Tâtonnant à sa ceinture d'une main maladroite, elle y sentit son pistolet. Soupir de soulagement. Elle ne se souvenait plus de comment elle les avait récupéré, sûrement dans la cohue... ou bien un coup de Kyô, peut-être ?
Incapable de bouger plus que ça pour le moment, son corps trop en manque de sang encore, elle tendit le bras en direction de son katana en gémissant doucement, pour attirer l'attention de la déité et pour qu'il la lui ramène...
Ronchonnant comme il savait si bien le faire, il s'exécuta pourtant. Au fond, il avait dû s'attacher à cette emmerdeuse de mercenaire, comme elle s'était attachée à lui. Lorsqu'il revint, jetant négligemment le katana près du flanc de sa propriétaire, elle lui saisit la cheville en gémissant encore, tentant de se relever, sans succès.
Ils devaient fuir et elle était au plus bas, une vraie loque, une encombrante, pourtant il ne la laisserait pas là, n'est-ce pas... ?
Des yeux à la fois rageurs d'être si faible et pleins de panique s'étaient levés vers Kyô, yeux qui semblaient dire « et maintenant, tu vas faire quoi de moi... ? »

Itami no Kyô

Dieu

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Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]

Réponse 31 lundi 12 août 2013, 21:57:12

Un sourire victorieux irradiait sur le visage du divin au cœur noir. Il posait son regard sur Enora, ce pauvre petit corps Mortel qui s'accrochait à la vie. On est dehors, t'es toujours là. Le plus gros est fait. Et elle, elle levait les yeux vers lui. Oh, elle avait l'air déterminée, malgré ce qui les attendaient encore. Elle n'était qu'une étincelle de vie à peine consciente, mais quelle étincelle! De celles qui font de grandes lueurs au cœur même des ténèbres. Mais quelle que fut sa volonté, elle était un être inférieur. Elle ne pouvait pas tenir par la seule force de son énergie magique. Elle ne se rétablirait pas si facilement que lui. Il leva le pied et le remua pour qu'elle le lâche, comme pour se débarrasser d'un chien trop affectueux. L'image l'amusait, oui. Et puis, de la pointe du pied, il la retourna sur le dos comme il l'aurait fait avec un cadavre. Clébard moribond ou mortelle à demi-morte? Il lui laissait à penser qu'elle était un peu des deux. Avant de lui rappeler qu'elle valait mieux que ça.
Il passa une main sous son dos, l'autre derrière ses genoux, et la souleva délicatement, la serrant contre lui. Et puis il eut un nouveau ricanement moqueur:

"Tu verrais ta gueule, ça fait peur!"

La sortie était en vue, mais le comité d'accueil aussi. En bas du bâtiment, c'était une véritable petite armée qui les attendait. Et encore, une bonne partie devait être à l'intérieur, en train de mettre fin aux émeutes. Ça règlerait pour un moment le problème de surpopulation dans les prisons. Les enceintes étaient protégées par des tireurs, des barbelés, des fils électrifiés, et un champ de force avait été mis en place au-dessus d'eux, pour éviter la fuite aérienne. Et de ce qu'il avait vu en arrivant, il y avait des douves toutes neuves remplies de solution électrolytique, ce qui expliquait l'option "démolir un mur pour sortir". Plus que la porte. Et il avait les mains prises. Manquait plus que les requins mutants, les hélicoptères avec mitrailleuse à plasma, une armée de slimes d'acide, et pourquoi pas Gaïa juste sur le seuil de la porte. Il avait le sentiment que c'était pas le meilleur endroit pour un pique-nique en amoureux. Il se contenta de hausser les épaules.

"Je tiens le pari. Sans les mains, et sans même une égratignure de plus pour ta part."


De toute façon, il n'avait pas de mains à utiliser. De toute façon, il devait traverser. De toute façon, il était un Dieu. Et il n'aimait pas perdre un pari. Il avait bien rétamé une Déesse d'une seule main, il pouvait bien s'en passer pour quelques mortels, aussi organisés fussent-ils. Il prit son élan et sauta au bas du toit, accélérant sa chute pour atterrir sur le crâne d'un gardien, distribuant acrobatiquement quelques coups de pied à ses collègues alentours, les envoyant valser.Il se mouvait de façon à mettre Enora hors de portée de chaque coup, tout en évitant au maximum de la secouer. Ses mouvements étaient surhumains, ses postures, elles, frisaient le ridicule. Ils venaient s'écraser sur lui, vague après vague, et lui les accueillait avec un rire puissant et un jeu de jambe rapide et agile. Des mâchoires éclataient sur ses genoux puissants, mais ils revenaient, toujours plus nombreux.

"Bon, je crois que j'ai pas d'alternative..."

Des chaînes sortant du sol balayèrent les ennemis alentours, alors que Kyô rejetait la mercenaire par-dessus son épaule, le temps de nouer ses cheveux en une longue queue de cheval, à l'aide d'une petite chaînette noire. A ce moment-là, il aurait pû utiliser sa main libre. Mais un pari est un pari, non?
L'atmosphère devint glacée. A nouveau la terreur s'installait dans les alentours, et les yeux du Dieu devenaient une source de malaise général. Des dizaines de chaines sortaient de ses omoplates et se tressaient pour prendre la forme d'ailes gigantesques, et une autre, plus épaisse, au bas de son dos, s'agitait comme la queue d'un fauve. Au bout de celle-ci apparut Suffering, prête à répandre le sang. Kyô ressemblait à un Ange de la mort fou de guerre, à un véritable Dieu démon. Les ailes se repliaient pour protéger ses flancs, le laissant face à l'objectif: la sortie était droit devant. Il s'avançait au pas, son épée se chargeant de lui dérouler un tapis rouge fait de sang et de cadavres. Qu'y avait-il pour l'arrêter, désormais?
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Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]

Réponse 32 dimanche 16 mars 2014, 14:43:22

La douceur n'était décidément la qualité première de ce petit Dieu. Sans ménagement, il l'avait soulevé du sol – enfin du toit s'il faut être précis – et avait sauté à bas de leur perchoir. Malgré les précautions qu'il pouvait prendre, Enora grimaçait à chacun des mouvements de Kyô qui déclenchaient dans son corps des sortes de vibrations et micro-mouvements de son propre corps toujours aussi endolori. La douleur, les chocs, la fatigue et tout ce qu'elle avait enduré la rendait parfaitement cotonneuse et elle peinait véritablement à cerner le déroulement de la situation. Tout ce qu'elle percevait était les paroles de la déité mais était incapable de comprendre – et même de chercher à comprendre – ce qu'il pouvait bien baragouiner, elle entendait les entre-chocs, les casques se heurter aux pieds du dieu, les mâchoires, coudes, genoux, et autres membres indistincts craquer impitoyablement sous les coups de son insolite protecteur.

Avouez tout de même que la situation était grotesque, surréaliste et... et elle était à court d'adjectifs.
Sérieusement, elle qui haïssait tant les dieux se retrouvait sous la protection de l'un d'eux et quand bien même il n'aimait pas, lui non plus, ses compatriotes, il n'en restait pas moins que la situation était.... grand-guignolesque. Que voilà un adjectif parfait !

Kyô tournoyait sur lui-même, prenant garde à prémunir la jeune femme des coups distribués, tandis qu'il semblait danser un étrange tango avec leurs ennemis... Kyô voulait donc juste une dernière danse.
Si elle n'avait pas mal partout, elle aurait très certainement pouffer de rire de sa propre plaisanterie, mais le simple fait de respirer lui donnait l'impression qu'on lui enfonçait des milliards d'épingles un peu partout dans l'être. Oui, c'était douloureux, désagréable, tout ce que vous pouvez imaginer. A vrai dire, elle aurait sans doute préféré accoucher d'une vingtaine de trolls géants en même temps que de subir ça. Histoire de donner une échelle de comparaison, quoi.

Un cliquetis sinistre attira son attention : des chaînes sortant de nulles part fauchaient avec élégance les pelotons d'adversaires les envoyant valser avec une délicatesse toute relative vers les clôtures électrifiées.
Elle grimaça en entendant le choc de ces soldats contre les grilles, ne pouvant s'empêcher d'imaginer la violence de l'impact, multiplié par le grésillement électrique. Ca aussi, ça devait picoter.
Un contact froid la fit simultanément sursauter et frissonner, et alors qu'elle tournait la tête, une ombre étrange se dessina sur elle : d'énormes et imposantes ailes d'acier, faites de chaînes entremêlées se dressaient dans le dos de la déité. Clignant des yeux, incrédule, elle ne put s'empêcher de penser que, bon, Kyô avait beau être agaçant, trop fier, et absolument têtu comme une bourrique, ce coup-là était quand même bien badass, comme on dit.
Les ailes se rétractèrent sur le corps de leur maître et, par extension, sur l'ESP.er qui avait été nonchalamment balancé sur l'épaule du dieu. Cette position, passablement plus inconfortable que la précédente, empêchait qui plus est la jeune femme de contempler la scène, ce qui la frustra. Et quand on est physiquement blessée comme elle, les petites attentions sont importantes, or, il en manquait sévèrement et elle se promit d'être de nouveau insupportable dès qu'elle serait en mesure d'articuler autre chose que de vagues voyelles.

Et maintenant, quelle était la suite du plan génial de ce dieu... ? Et que feraient-ils une fois sortis ? Il convenait tout de même d'y penser et il y avait peu de chances qu'une fois dehors il l'abandonne à son sort en pleine forêt, sinon il ne se serait certainement pas donné la peine de la sauver jusque là. Elle se retrouvait donc encore à sa merci et cela la débectait. Un bon coup de pied au derrière, voilà ce qu'il fallait à ce foutu garnement et, en même temps, il lui avait sauvé la vie... Entre reconnaissance et fierté, c'est pas toujours facile de s'y retrouver, croyez-moi.

Itami no Kyô

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Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]

Réponse 33 dimanche 06 avril 2014, 01:07:02

S'il lui avait dit qu'elle ne se ferait pas blesser davantage, ce n'était pas le cas de Kyô: une entaille à la tempe, le flanc droit écorché, il commençait à être à bout de souffle. Après cette escapade, la bataille se trouvait être très éreintante, et il sentait déjà que sa limite arrivait. Il avait beau être fort, il restait un Dieu mineur, et il venait d'affronter sa propre soeur. Et malgré tous ses efforts, les ennemis arrivaient toujours en nombre, et Enora se trouvait ballotée en tous sens. Quand bien même on l'attraperait de nouveau, il voulait la sauver, elle. Non pas qu'il ait ressenti de l'affection pour ce poids mort qui n'avait cessé de lui rappeler toute la journée à quel point il était insupportable, non. Mais avec toutes les conneries qu'il faisait, il pouvait bien réaliser une bonne action de temps en temps. Ca fait toujours bien sur le CV.

"Hé... Tu te dis que si on en est là, c'est juste parce que tu m'as cassé les couilles pour une histoire de clopes?"

Il rejetait la faute sur elle, alors qu'elle était aux frontières mêmes de la conscience, et que son esprit pataugeait entre la vie et la mort. Si elle pouvait s'énerver, oui, si elle avait fait attention à ses paroles, peut-être sa combativité l'aiderait à tenir davantage. Mais Kyô ne comptait plus trainer. Il allait la sortir d'ici, maintenant, coûte que coûte. Immature, irresponsable, et insupportable, il demeurait être un Dieu. Dieu des lapins, certes, mais un Dieu quand même.
Et face à cette horde de gardes armés, entre ces murailles énormes, il souriait, comme un gosse.

"On fait comme ça, alors? Je te dois une clope, et tu me dois la vie."

C'était fou comme les deux choses lui paraissaient insignifiantes. Et pourtant, dans l'instant, elles étaient importantes. Ses ailes et son étrange queue disparurent, et Suffering tomba à terre, tout simplement. Il déplaça le corps d'Enora comme un rien, et la serra contre lui, une main dans les cheveux pour lui tenir la tête. On aurait dit deux amants se faisant des adieux au milieu d'un champ de bataille. La seule chose qui manquait à ce tableau, c'était des sentiments.
Tout autour d'eux, des milliers de chaînes étaient sorties du sol, frappant chaque ennemi, les envoyant tous valser dans le même temps. Une ligne droite s'aménagea entre eux et les porte fermées Et c'était le moment de tout donner. Alors il donnerait absolument tout. Il s'inclina en avant, laissant donc la mercenaire basculer en arrière, exécutant le célèbre pas de danse du tango pathétique avec un cadavre n°9. Puis leurs pieds décollèrent du sol. Et ils foncèrent droit sur la porte, comme un missile. Il n'avait plus aucune main libre, et plus assez d'énergie pour créer d'autres chaines. Et bien tant pis. Il allait enfoncer la porte. Avec sa propre tête. Et nul ne saurait dire si c'était le fait d'un miracle, de sa constitution hors normes ou bien du fait que le divin était complètement timbré, mais la porte céda, malgré son épaisseur et ses verrous. Et le Dieu n'avait même pas prêté attention au fait qu'il avait senti un crac en haut de son crâne, ni même le fait que sa nuque lui faisait maintenant atrocement mal. Une fois les portes passées, il prit de la hauteur, de la vitesse, et partit loin, très loin.

Il ne sut combien de temps de vol passa, mais il finit par perdre de l'altitude, et il se crashèrent en pleine forêt, à cinq mètres d'une petite rivière d'eau claire. Il avait su pivoter pour se retrouver en dessous d'elle au moment de leur rencontre avec l'herbe humide, et il avait fait ainsi une bonne trentaine de mètres en glissant sur le dos, s'enfonçant peu à peu dans le sol, jusqu'à se nicher entre les racines d'un arbre énorme. Il ne voyait plus rien, percevait des sons inconnus qui venaient de partout et nulle part, et ne sentait plus son dos que par le biais d'un caillou anguleux qui s'était niché en dessous de lui. et il transmit le peu d'énergie qu'il lui restait au corps immobile dans ses bras.
Se montrer gentil, ça fait vraiment chier...

Le noir complet.
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Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]

Réponse 34 dimanche 08 mars 2015, 15:05:44

La suite des événements ne parvint qu'indistinctement à la jeune femme. Une sensation de vide, puis un choc brutal, de nouveau le vide puis un nouveau choc, plus long. Du moins lui semblait-il. Après ? Plus rien.

Ce qui réveilla Enora en premier, ce fut l'odeur : un mélange écœurant de sang, de fer, de sueur, et tout un tas d'autres choses indescriptibles. Ce qui vint immédiatement après, fut la douleur. Une douleur incommensurable, aussi indescriptible que la puanteur qui régnait autour d'elle.
Elle peina à ouvrir les yeux, et ne put retenir une grimace qui accentua encore sa souffrance.
Au-dessus d'elle se déployait un important réseau de branches épaisses et entremêlées, sur lesquelles naissaient de belles et grasses feuilles vertes. Elle voulut bouger, mais la prise que Kyô avait sur elle l'en empêchait. Péniblement, elle tourna la tête vers son bras gauche, emprisonné, et constata qu'il ne s'agissait pas du dieu, mais d'une énorme racine qui la bloquait juste au niveau du coude. Retenant un juron à la perspective de devoir faire des efforts supplémentaires pour se dégager, elle prit une grande inspiration avant de se décider à remuer le bras. La douleur jaillit dans son épaule tel un éclair et elle ne put retenir un hurlement. Un regard vers cette dernière lui fit rapidement comprendre qu'elle était démise : on pouvait voir l'os luire en dehors de son logement, sous la peau. Formidable. Elle était donc coincée sous une racine de la taille d'un troll sans la possibilité de s'en défaire. Levant les yeux vers les feuilles, elle resta un instant immobile à réfléchir aux possibilités qui s'offraient à elle. Elle manquait de force, et elle ne pouvait se défaire de cette emprise par le biais de ses pouvoirs sans risquer sa vie ou celle de Kyô qui avait sûrement besoin de soins lui aussi. Elle n'aimait certes pas les dieux, mais en tuer un qui lui avait sauvé la vie lui semblait pour le coup quelque peu malhonnête.
Puisqu'aucun bruit alentour ne laissait présager de l'arrivée de soldats, de troupes ou peu importe quoi encore, elle prit encore quelques minutes afin de remettre ses idées en place, puis, lorsqu'elle eut réussi à penser à autre chose que la douleur, elle se décida à tenter de se dégager. De sa main droite, elle se saisit du haut de son épaule invalide, et, serrant les dents, elle tira de toutes ses maigres forces afin de se défaire de cette emprise.
L'épaule dégagée, elle n'avait plus qu'à ramper, ce qu'elle fit, avant de se retourner vers l'endroit où elle se tenait étendue quelques instants plus tôt. Ce n'est que là qu'elle réalisa qu'elle avait été couché tout ce temps sur le corps inerte de son compagnon d'infortune, coincé lui aussi entre, et sous plusieurs racines épaisses de l'arbre gigantesque. Leur deux corps entremêlés s'étaient enfoncés de plusieurs dizaines de centimètres dans la terre meuble. Le souffle coupé en prenant conscience de la violence du choc qu'ils avaient dû subir, elle réalisa du même coup les incroyables et innombrables blessures qui saillaient le corps de Kyô.
Au même moment, son cerveau finit enfin par réaliser que, non loin, courait un ruisseau dont on percevait le clapotis apaisant et rassurant. Jetant un œil à son épaule démise, au dieu agonisant – voire sans doute déjà mort – elle ne put retenir un profond soupir de dépit qui lui tira immédiatement une grimace de douleur. Elle n'avait pourtant pas le temps de s'en soucier davantage car si elle voulait avoir une chance de s'en sortir, et de tenter de sauver l'autre branquignolle, elle n'avait guère le choix : tendant son bras valide vers le haut, elle parvint à trouver une racine à laquelle s'agripper. Serrant une nouvelle fois les dents afin de se préparer à l'effort auquel elle allait se soumettre, elle tira de toutes ses forces afin de se hisser. La terre roulait sous son poids, se dérobait sous ses pieds, mais elle refusait de lâcher prise. De l'autre côté il y avait de l'eau, de l'autre côté il y avait la promesse de la vie, de sa survie, et peut-être celle du dieu. Il n'y avait par ailleurs aucun doute sur le fait que, quoi qu'il ne soit pas très apprécié de ses pairs – de ce qu'elle avait pu voir – elle aurait sans doute des soucis si elle ne le tirait pas d'affaire, et elle ne tenait pas particulièrement à se retrouver avec une armée de dieux aux fesses.
Son pied droit butta contre quelque chose de dur et, de la pointe de sa botte, elle dégagea la prise et finit de se hisser jusqu'à la racine émergeant. S'y cramponnant plus que jamais, maintenue par miracle sur sa petite plate-forme, elle en profita pour reprendre brièvement son souffle avant de lancer de nouveau sa main vers le haut du talus qu'ils avaient créé dans leur chute. Cette fois ce fut une touffe d'herbe qu'elle saisit et quoi qu'elle s'y accrocha de toute son âme, elle ne pouvait empêcher les brins de glisser entre ses doigts, d'abandonner la terre, ne lui promettant aucune prise ferme et sûre. De rage, elle planta ses ongles dans la terre qui, humide, s'agglomérait en de gros amas qui n'offraient, une nouvelle fois, aucune prise. Elle ne s'avouait pourtant pas vaincue et enfonça avec toute la force et l'élan dont elle était capable dans la terre, en profondeur, là où elle n'avait pas encore labouré la terre. Avec les dernières forces qu'il lui restait, elle parvint à se hisser hors du trou que leur atterrissage forcé avait causé. Là, elle resta un long moment immobile, à écouter sa respiration rapide et sifflante, tandis que la douleur sourde battait ses tympans.
La gorge sèche, elle trouva la force de tourner la tête vers l'origine du murmure de l'eau. Le ruisseau s'étendait là, à un ou deux pas de l'endroit où elle gisait comme une poupée de chiffon. Deux tout petits pas, insignifiants, qu'elle était incapable d'accomplir. Et pourtant il le fallait.

Une chose à la fois, se dit-elle avec sérénité.

Ne trouvant pas la force de faire autre chose, elle décida de rouler sur elle-même jusqu'aux abords de l'eau. Elle y percuta de petites pierres aux bouts pointus qui s'enfoncèrent avec application dans ses plaies. La moitié droite de son corps reposait dans l'eau. Sa fraîcheur lui mordit la chair avec passion, mais elle s'interdit de frissonner, de peur de déclencher de nouvelles douleurs dans ses côtes, ses jambes, et son bras inerte. Oubliant toute idée de courage, elle se contenta d'entrouvrir les lèvres et de laisser un mince filet d'eau y entrer. Elle se désaltéra tout son saoul. La fraîcheur de l'eau, si elle était désagréable pour sa peau, l'était bien plus pour le feu de ses organes qui semblaient oublier toute douleur sur son passage.
Elle resta près de deux heures sans bouger, aspirée dans un autre temps, un autre espace, là où l'enfer duquel elle avait réchappé n'existait pas. Elle flottait dans les airs, ne sentant même plus le contact de l'eau contre elle, et dans sa bouche. Les yeux clos, il lui semblait pourtant voir défiler des myriades d'oiseaux, toutes sortes de bêtes sauvages, des paysages magnifiques...
Son esprit l'emportait loin, loin de ses préoccupations physiques, il l'enfermait avec douceur dans un monde de beauté et de pureté. Elle ne sentait plus rien. Et plus rien n'avait d'importance. Jusqu'à ce que par hasard, la queue d'un petit poisson lui heurte le visage. Ce petit malin nageait à contre courant. Et les yeux de la ESP.er ne tardèrent pas à le détailler de pied en cape. Il devait peser 100grammes à tout casser mais, elle le savait, elle ne pouvait se passer de l'apport énergétique qu'il lui prodiguerait. Il ne semblait pas effrayé par la présence de la jolie brune, et qui l'en aurait blâmé.. ? Que peut-on craindre encore d'un cadavre ? Elle ne remua pas pour ne pas le détromper, elle ne battit pas même des cils. Elle projeta simplement son esprit et son pouvoir impressionnant vers le petit être frétillant. Elle battit des cils, et le petit poisson cessa simplement de nager. Elle retira doucement son pouvoir, grimaçant de dépit en constatant qu'un simple arrêt cardiaque sur une aussi petite chose l'avait encore affaiblie. Achevant de s'étaler dans le ruisseau afin de dégager sa main droite du poids de son corps, elle se saisit de l'animal inerte. Prenant une grande inspiration et fermant les yeux, elle ne put s'empêcher qu'elle le ferait payer à Kyô, d'une façon ou d'une autre, et elle mordit à pleines dents dans la chair visqueuse.

Les écailles se fichaient dans ses gencives comme autant de cure-dents acérés mais elle se faisait violence pour ne pas y penser. Le goût infect de la bête n'était par ailleurs rien comparé à la texture spongieuse de cette chair crue. Mais elle n'avait pas le choix et, tandis qu'elle avalait cette pitance, elle s'obstina à penser à des choses plus réjouissantes, comme... comme... massacrer des soûlards dans une taverne, par exemple. Oui, voilà. Penser aux os qui craquent sous ses poings, au contact étrangement doux et dur d'une joue heurtée en plein vol. Voilà. C'était tout ce qu'il lui fallait.
Déglutir était horrible. Elle avait beau mâcher, il lui semblait qu'on lui enfonçait un sac de nœud gorgé d'eau et de sang dans le gosier et elle devait se faire violence pour ne pas rendre sur place.
Enfin, elle en vint au bout et se permit même le luxe d'arracher les écailles fichées dans ses gencives et entre ses dents.
Et son immobilité reprit.

Le soleil était haut dans le ciel. Il devait être midi, quatorze heure, peut-être, au plus tard. Elle avait encore faim. Même si déguster un nouveau petit poisson cru ne la réjouissait pas, il faut en convenir. Il fallait qu'elle mange, de toutes façons. Qui sait depuis quand son sauveur et elle étaient là, et combien de temps cela lui avait pris, à elle, de se sortir de là. Et Kyô ne s'était toujours pas réveillé, il fallait donc qu'elle prenne toutes les forces qu'elles pourraient trouver. Elle ne savait tout simplement pas par quoi commencer : les contusions de ses jambes ? Ses côtes ? Son épaule ? Ses muscles froissés voire déchirés ? Elle n'arrivait pas à voir ce qui pouvait primer sur le reste : son épaule et son bras lui seraient pratiques pour pêcher plus vite, plus facilement, et en plus grande quantité ainsi que pour soigner l'autre tantouze, mais ses côtes la freineraient considérablement, surtout qu'elle n'était pas sûre que l'une d'elles n'ait pas transpercé un de ses poumons et qu'elle n'osait pas y projeter son esprit, de peur d'épuiser les maigres forces qu'elle avait récupéré. Quant aux contusions de ses jambes, elles l'empêchaient de marcher, voire de courir, ce qui signifiait de continuer à se traîner sur le sol telle une mendiante, et ne pas pouvoir être très très utile au dieu si besoin était. Bref, c'était la méga merde.

_Kyô j'te jure que si t'es réveillé ce serait bien d'le faire savoir parce que j'en ai un peu marre, là ! Merde !

Elle s'étrangla à s'être époumonée de la sorte et tenta maladroitement de calmer la toux qui la secouait comme une vieille cancéreuse en phase terminale.

Le fait était que l'autre guignol refusait toujours d'émerger de son sommeil/coma/trauma/mort et qu'Enora n'avait donc plus guère le temps de tergiverser, il lui fallait prendre une décision, et rapidement. Elle ne traîna pas et, projetant son pouvoir, d'un grand CLAC, elle remit son épaule dans son logement. La douleur lui tira un nouveau hurlement. Les yeux brouillés d'étoiles et de larmes, elle tâta de son autre main l'articulation, afin de vérifier que tout était en ordre, bien remis à sa juste place. Tout avait l'air bien, mais elle souffrait comme une diablesse. Maintenant il fallait prier pour trouver un nouveau petit poisson à se mettre sous la dent, ramper jusqu'au dieu toujours silencieux, et voir ce qu'elle pouvait faire. Une journée somme toute normale, hein.


Une ou deux heures plus tard, Enora était de nouveau rendue près du trou dans lequel elle se trouvait auparavant et au fond duquel reposait toujours Kyô. Elle n'avait guère de forces pour y redescendre et s'occuper vraiment de son sauveur, mais elle ne pouvait pas rester là, à ne rien faire.
Elle avait réussi à trouver et avaler trois autres poissons et sentait que son organisme se réveillait petit à petit grâce à la nourriture, mais pas suffisamment pour accomplir les miracles qu'exigeait la guérison totale du dieu. Rouspétant entre ses dents serrées, elle se résolut à projeter son esprit vers le corps inerte. Les multiples et complexes blessures qu'elle y trouva lui coupèrent le souffle. Même en forme olympique (haha) elle n'aurait pu guérir tout ce bordel. Plus elle explorait et plus elle comprenait qui plus est que l'organisme même de la déité était complexe et qu'elle risquait de le tuer en cherchant à le soigner, car de nombreux fonctionnements lui échappaient. Il fallait qu'elle opère par étapes, et avec précaution afin de minimiser les risques. Cherchant ce qui était à sa portée – tant de compréhension de ce métabolisme divin que de ses forces amenuisées – elle repéra plusieurs fractures des côtés dont deux qui avaient partiellement perforé les poumons. Tout dieu qu'il était, elle ne doutait pas que Kyô eut besoin de ses poumons et d'oxygène pour survivre, aussi décida-t-elle de commencer par là : réparer sommairement ces côtes puis sortir son compagnon de son coma. Au moins était-il toujours en vie, c'était déjà ça, non... ?
Elle s'attela à la tâche sans trop tarder, et répara les côtes les plus amochées, les laissant fêlées la plupart du temps, afin de ne pas perdre d'énergie inutile. Elle referma les plaies internes du poumon, ne s'attardant pas à vider ces derniers du sang qu'ils pouvaient contenir – une quantité négligeable car elle ne menaçait pas directement la vie de la déité – elle aurait toujours le temps d'y revenir plus tard.
Elle sentait ses forces s'amenuiser, des étoiles naissaient sous ses paupières closes et il lui semblait que son esprit voulait se dérober à elle, mais non. Elle tenait bon. Dans un dernier sursaut, elle vint piquer l'esprit cotonneux de son hurluberlu avec une rage inédite, de quoi le sortir de sa torpeur, enfin ! Ceci fait, la ESP.er se laissa retomber, les bras pendant lamentablement dans le trou, la tête reposant dans une motte de terre. Elle respirait avec difficulté et comptait bien sur le réveil de son ami pour survivre.
S'ils devaient s'en sortir, c'était ensemble. Sinon ils crèveraient tous les deux. Tout simplement. Youpie.

Itami no Kyô

Dieu

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Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]

Réponse 35 lundi 09 mars 2015, 02:46:14

Un animal sauvage se précipitait vers eux à toute allure. Kyô se sentait balloté au milieu des ténèbres. Elles étaient familières, c'était une sensation qu'il avait déjà connu un bon nombre de fois auparavant. Souvent, et pendant des siècles. Il voyait son corps flotter dans l'obscurité, mais il n'avait plus aucune sensation. Aucune réponse à ses mouvements. Si cette incapacité de faire quoi que ce soit l'avait effrayé par le passé, elle ne lui faisait plus rien désormais. La bête au pelage noir se rapprochait, l’œil éclatant. Il fallait juste attendre. Attendre que ça passe. Ça finissait toujours par passer. Chacune de ses foulées était vive et énergique. Bientôt, la créature serait là.
En un instant, sa passivité disparut. Seul dans le noir, il avait ressenti une rage indescriptible. Il ne comprenait pas. C'était comme un appel. La voilà maintenant au bord du trou. Son regard oscille entre les deux corps inanimés. Elle observe. Il fallait revenir. Il fallait revenir, maintenant. Il fallait se réveiller.

Lumière du jour. Malgré les feuillages, elle est agressive. Mais très vite, elle devint le cadet de ses soucis. Il fut secoué d'une toux violente, laquelle le fit redresser légèrement la tête et contracter quelques muscles: la réaction fut immédiate. Toutes les douleurs musculaires reparurent, les os brisés de son cou ne semblaient pas avoir apprécié le redressement, et son rythme cardiaque qui s'était emballé par le retour de la douleur lui provoqua quelques tiraillements. Le bon côté, c'est que cela signifiait qu'il s'était régénéré. Le reste suivrait bientôt s'il se fiait au mana qui recommençait à le parcourir. Il manquait juste une chose. Une chose qui semblait n'être rien, mais qui lui était absolument nécessaire. Il tendit une main au ciel -ce qui fut assez difficile tant il lui semblait pesant et douloureux-, et articula d'une voix faible:

"v... Viande..."

L'animal qui observait depuis son arrivée se saisit de cette occasion. Guidé par son instinct, il sauta sur cette main tendue, plaquant son petit ventre duveteux sur la paume du Dieu. Kyô utilisa sa seconde main pour le manipuler, l'approchant de son visage, et le regarda droit dans les yeux. C'était un magnifique lièvre noir, au pelage soyeux , la musculature correcte, et en parfaite santé. Il ne tremblait pas. Il ne faisait que fixer le divin en remuant son petit nez. Il était venu lui donner sa vie comme si ce devoir était inscrit dans ses gênes. Kyô le regarda encore un peu, lui caressa la tête, et le remercia avant de lui rompre le cou. Il planta ensuite ses dents dans son flanc, et commença à dévorer l'animal qui lui avait fait don de sa vie. La viande crue avait ce gout fort et assez désagréable qu'ont les bêtes sauvages, mais c'était une chair nutritive et Kyô avala chair et organes sans broncher, par respect pour le sacrifice de la petite bête.
Pour clarifier son esprit, il passa en revue tout ce qu'il s'était passé depuis son incarcération. Et sa seule conclusion fut un rire. Perdre connaissance plusieurs fois, se retrouver couvert de blessures et le pousser à consumer jusqu'à la dernière parcelle d'énergie qu'il avait, seul les Dieux en avaient été capables, surtout ses combats fréquents avec Arès. La différence, c'est qu'aucun Dieu n'avait vraiment eu envie de le tuer. Les Mortels étaient capables de choses stupéfiantes.

En parlant de Mortel stupéfiant...

Il avait recouvré assez de force pour se redresser, et se préoccuper de l'E.S.Per inconsciente. Elle semblait toujours en vie, et cette simple idée le réconfortait. Au fond, sa ténacité l'impressionnait. Elle l'avait supporté, assisté et soigné au détriment de sa propre santé, et avait même affronté une Déesse à ses côtés. C'était pas une chose qu'aurait fait le premier abruti venu, même avec de la bonne volonté. L'idée lui vint d'utiliser son mana pour l'aider à guérir, mais il n'était pas très certain de la façon dont il pouvait faire ça. Et il avait l'impression qu'ils tomberaient dans un cercle vicieux.
Il se contenta de sortir du trou, et partit les jambes branlantes vers le couvert des arbres pour ramasser des branches, des brindilles et des feuilles sèches. Son égo en prit un sacré coup quant à la difficulté qu'il eut à briser en buches de fortunes le maigre tronc d'un arbre mort, mais il en récolta suffisamment de bois d'allumage et de buches pour faire tenir un feu. Il disposa le tout à un mètre d'Enora avant de se rendre compte que ses vêtements étaient en partie trempés. Attends, elle est sortie du trou, elle a été jusqu'au ruisseau et elle est revenue vers Moi? Il parvenait à se donner une idée approximative de ce qu'il s'était passé depuis le crash. Et il était... Oui, il était impressionné. Il fallait qu'elle vive, ne serait-ce que pour le surprendre davantage. Il aimait ça.
Il s'accroupit à ses côté et lui caressa la joue avec tendresse, puis fouilla la poche arrière de son pantalon pour lui reprendre son paquet de cigarettes. Putain, tu nous en auras causé des emmerdes, toi., avait-il pensé. Parce qu'il préférait se dire que c'était de la faute des clopes, pas la sienne. Il l'ouvrit et en sortit le briquet, qu'il utilisa pour démarrer son feu dans un premier temps. Puis il vola à nouveau une cigarette à Enora. Comme un connard.

La chaleur du feu leur ferait du bien et permettrait à l'organisme d'Enora de tenir un peu plus longtemps tout en tenant éloigné les prédateurs: Kyô ne se sentait pas en assez bon état pour affronter un ours brun affamé. Dans l'immédiat, un humain bien constitué aurait pu le mettre au tapis sans problème. Il se sentait frêle, et chétif.
Il profita de l'inconscience de la mercenaire pour s'occuper de son épaule déboitée. Il avait quelques notions en médecine comme toute autre chose, mais il n'avait pas d'outils et n'avait aucune envie d'aller se paumer en forêt pour trouver des herbes aux vertus curatives, encore moins s'il fallait en faire du baume ou les pilonner. Il ouvrit donc son kimono sans cérémonie et s'attela à nettoyer ses blessures à l'eau avec minutie, en faisant attention de ne pas trop appuyer sur un os cassé sous la peau, ne pas ouvrir une plaie plus qu'elle ne l'était déjà. Elle se soignerait elle-même plus tard. Elle se débrouillerait mieux que lui. Les longs soupirs sifflants le dérangeaient un peu, mais tant qu'elle respirait, ça restait un bon signe. Ils avaient tous deux besoin de repos. Il s'allongea à ses côtés et ferma les yeux. Pas question de dormir maintenant, mais il devait reprendre des forces.
Œil pour œil, dent pour dent.
Deuil pour deuil, sang pour sang.
Je purifie les maux par le feu,
je purifie le feu par les mots.

Your sorrow, your past, your path, your wrath. No justice, no prophets, no master, no regrets.



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