Le paiement d'un génocide [Pv: Katria Umiso]

Un nouveau village venait tout juste de s’implanter dans les petites forêts dénudés qu’était la végétation « luxuriante » des alentours de Nexus, un village elfique. Les elfes ayant une excellente valeur de revente, j’avais décidé de décimer leur petite population avec mes hommes, et réduire tout ce qui était toujours en vie à l’esclavage.

Un poing fissura la table en bois, où était un plan détaillé des environs.

COMMENT EN SOMMES-NOUS RENDUS LÀ?

Monsieur, ils sont plus forts que nous, malgré leur nombre ridicule de guerrier.

Ce ne sont qu’une poignée d’hommes et de femmes qui mettent mon armée en déroute? On dirait bien qu’il va falloir que je prenne les choses en main. Si une centaine d’hommes ne changent rien, peut-être qu’un millier va faire une différence…

Deux semaines plus tard

Je me tenais debout, accoté à l’hôtel de la chapelle sombre, l’endroit où les disciples avaient pris l’habitude de venir se réfugier après avoir commis un meurtre, ou un sacrifice comme ils appelaient leurs méfaits, au nom du Dieu de la mort. Vraiment, mon ultime offrande pour Charon devait lui plaire, j’avais initié plusieurs personne à la mort, certains se la donnant eux même pour montrer leur dévotion devant la grande faucheuse.

Aujourd’hui, en plus des disciples, il y avait une femme, la seule qui avait été assez fourbe pour accepter mon argent, en échange de combattre sous mes ordres. C’était la seule à avoir répondu à l’appel que j’avais lancé, à l’aide de la royauté. C’était vraiment dommage devoir que les Nexusiens de toute sorte deviennent de plus en plus comme les terriens, trop accaparés par leur responsabilité et trop peureux pour ressentir une nouvelle fois la grisante bataille.

Je ne vous expliquerai pas pourquoi vous êtes tous ici. Vous savez très bien. Maintenant, chacun se prépare et viens me rejoindre à la porte Nord.

Ce n’était pas compliqué; tuer tout ce qui bougeait. C’était ça que j’attendais de mes disciples et de la femme aux cheveux verts et des hommes habillés en toge noire, dont une capuche recouvrait le visage. Ils étaient mon escadron de la mort personnel, des assassins qui ne me coûtent rien. J’étais simplement curieux de savoir ce que la femme, elle, me coûterais. [/i]

La jeune pirate venait d'arriver en ville et déjà, les ennuis commençaient, on lui avait dérobé sa bourse et elle avait frôlé la mort de peu. Quelle aventure... Alors qu'elle errait sans but réel dans les rues de Nexus, baladant son regard sur tout mouvement susceptibles d'attirer son attention. Cette dernière alla finalement vers un murmure, une rumeur.

On parlait d'argent facilement gagné mais aussi assez... salement gagné. Peu importe, il lui fallait gagner de quoi s'acheter un nouveau navire et le respect d'un autre équipage, qu'elle puisse reprendre sa vraie vie en naviguant entre les flots plutôt qu'entre les rues sales et dangereuses de ce trou à rats.

C'est ainsi que la jeune pirate se dirigea au lieu de rendez-vous, au jour et à l'heure prévue, un large sourire aux lèvres, toujours vêtue de sa tenue de corsaire qui contrastait énormément avec les sombres silhouettes qui l'entouraient et la dévisageaient probablement, elle n'en avait cure, son éternel sourire dessiné sur ses lèvres, elle attendait qu'on lui dise ce qu'elle avait à faire.

Soudain, elle vit ce qui semblait être son employeur qui la regardait de loin. Ce qui n'avait pas pour effet de lui faire perdre son assurance, bien au contraire, le fixant de loin, elle souriait, laissant échapper parfois un doux rire.

"Je ne vous expliquerai pas pourquoi vous êtes tous ici. Vous savez très bien. Maintenant, chacun se prépare et viens me rejoindre à la porte Nord."

La voix de l'homme résonnant dans un presque silence.

Bon, tuer des gens... Ca devrait être dans mes capacités... après tout, c'est comme d'habitude, l'eau et le rhum en moins...

Elle soupira l'espace d'un instant avant de regagner son éternel sourire, une main sur la garde de son sabre, elle se contenta de suivre la foule jusqu'au point de rendez-vous, baladant son regard paresseusement un peu partout autour d'elle.

La jeune femme aux cheveux de mer faisait tache avec son habit, en comparaison aux disciples, qui portaient simplement leur tunique noire. J’étais absolument certain qu’elle était nouvelle dans le coin, une femme comme elle se démarque de la population, surtout de par ses vêtements et ses cheveux. On aurait pu aisément croire qu’elle venait des lointaines contrées, là où la terre bordait la mer.

Les regardant tous, j’hochai légèrement la tête, un tic que je faisais lorsque je commençais à être impatient, puis croisai les bras. Pour l’instant, rien ne servait à parler, car je n’avais pas encore toutes les informations requises pour ce travail, j’attendais un disciple qui avait commencé comme éclaireur. C’était ça le gros avantage d’avoir fait construire la chapelle, les disciples travaillent pour moi, tant que mes ordres plaise au dieu de la mort, et un génocide, ça ne peut que lui plaire, non?

Il faisait soir, les torches de la ville commençaient à s’allumer peu à peu, laissant la clarté des feux illuminer les bâtiments en cette fraîche nuit d’août. Soudain, comme une ombre, silencieuse, mortelle, une femme en toge noire arriva derrière moi, glissa quelques mots à mon oreille et vint rejoindre les rangs de ses comparses.

La garde va être changée dans quelques heures, le temps que nous nous mettions en place. Vous infiltrez le village en silence, envahissez chaque maison, et tuez homme, femme et enfant, personne ne fait de prisonnier. Vous vous diviserez par groupe de dix.

Une dizaine de groupe sillonnant un village, le travail serait terminé bien avant l’aube. Je pointai la jeune femme du doigt.

Toi! Quel est ton nom? Tu seras avec moi pendant l’attaque.  

La jeune femme avançait parmi les disciples vêtus de noirs, arborant fièrement son chapeau pirate et caressant son sabre d'une main, pas vraiment à l'aise. Non pas qu'elle était apeurée par cet étrange rassemblement ou encore par les atrocités qui l'attendaient, non. Ce n'était juste pas vraiment son élément et bien que cette expérience nouvelle avait le don de l'exciter et ne lui faisait pas perdre son beau sourire, au fond d'elle, elle ne se sentait pas pleinement à l'aise.

Finalement, son regard se posa sur celui qui semblait être l'homme responsable de tout cela, il avait l'air impatient et du genre qu'on a pas envie de faire perdre patience. Katria ne put qu'agrandir son sourire en le dévisageant alors que ce dernier aussi, parfois, posait son regard sur elle. Après tout... elle semblait être la seule à ne pas faire partie de... cette étrange secte. Finalement, le groupe arriva aux bordures de la ville où la jeune pirate put entendre ce qui semblait être le plan : Frapper durant le changement de gardes.

"Malin, lâche... mais malin."

Elle se mit alors à pouffer de rire, cette mission ne semblait pas vraiment difficile, ça allait être rapide et sale, un vrai massacre... mais c'était ainsi, certains meurent pour que d'autres puissent chanter et boire. La jeune chatte remarqua au passage l'habilité du messager qui s'était glissé derrière son chef sans le moindre bruit, une ombre meurtrière, elle en frissonna légèrement : Le genre d'ombre qu'on ne veut pas avoir dans le dos... ou à dos, plutôt. Elle gloussa à cette réflexion, fière de son propre trait d'esprit.

Alors qu'elle était perdue dans sa propre satisfaction, une voix résonna et la ramena à la réalité.

"Toi ! Quel est ton nom? Tu seras avec moi pendant l’attaque."

Le ton n'était pas dur, ni fort mais la fit se remettre droite, presque au garde à vous alors qu'elle relevait son regard vers l'homme en question, ne sachant pas vraiment comment lui adresser la parole, elle se dota de son plus beau sourire angélique.

"Katria Usimo, Sire. Et... ce sera un honneur, j'imagine."

Elle exécuta une petite courbette en gloussant à peine, amusée de jouer à être polie, pour une fois, inclinant la tête assez bas en signe de respect. Puis finalement, le groupe se mit en route, se séparant en dix sous-groupes différents qui allaient assiéger le village de toute part pour ne laisser aucune chance ni aucun survivant dans ce dernier.



Le village elfique se situait à plusieurs longues minutes de marche de Nexus, mais rapidement Katria put en distinguer les légers remparts de bois qui ne pourraient empêcher les habiles meurtriers de rentrer, pire encore, ils empêcheraient les elfes de fuir dans tous les sens... les pauvres. La jeune pirate elle, rentrerait par la porte principale, alors que la confusion et la surprise auront déjà paralysé les pauvres elfes. C'était un vrai taudis, fait de feuilles et de bois, le feu aurait pu venir à bout de ce dernier assez rapidement mais pas assurer la mort de tous les habitants alors qu'un massacre, lui, serait impitoyable.

Après quelques longs instants d'attente durant lesquels la jeune pirate se contenta de fixer les limites du village en caressant son sabre, sourire aux lèvres, oubliant sa pitié et ses scrupules. Et puis... avec ou sans elle, ils mourront cette nuit, alors qu'importe que ses mains soient encore propres ou non à l'aube.

L'heure sonna, suivie par le signal, une sorte de légère lueur, probablement seulement visible par ceux qui l'attendaient. Alors les ombres assassines se glissèrent au dessus des remparts, au moment opportun, celui où les gardes se relayaient, où ils discutaient rapidement avant de prendre leur poste. Traits empoisonnés et dagues volèrent dans les airs, faisant tomber les sentinelles comme de vulgaires insectes, sans même un cri. C'est une véritable nuée d'ombres qui s'élança alors dans le village, rentrant dans chaque petite maison pour y faire couler le sang de la façon la plus rapide possible, exterminant sans même une once d'hésitation, un essaim meurtrier.

Katria, de son côté, se chargeait de rester aux côtés de son employeur alors qu'ils entraient par la grande porte, les quatre gardes de cette dernière jonchaient déjà le sol, inertes et refroidissant lentement. Katria regarda un instant les elfes morts, clignant des yeux, son sourire s'allongeant lentement. Cela l'excitait, ce danger, cette sensation enivrante qui coulait dans ses veines, elle dégaine son sabre sans plus attendre, se ruant à l'intérieur du village, son regard parcourant ce dernier à la recherche d'elfe qu'elle passerait au fil de son épée, impitoyable. Malgré cela, la jeune femme ne semblait s'élancer que sur des mâles armés, laissant passer à côté d'elle, femmes et enfants affolés et fuyants.

Au loin, sortant d'une maison, arc bandé, l'un des guerriers elfiques se mit à pointer ce dernier sur l'employeur de la jeune pirate qui, ne souhaitant pas perdre la récompense promis, dégaina son arme à feu et, dans un bruit sourd, le plomb fonça vers le pauvre homme qui mourut dans un cri d'agonie pendant que Katria se contenta de lever son sabre pour empêcher à la flèche de venir déranger Hiro qui n'eut même pas besoin de bouger pour éviter le trait.

"Un plaisir, Sire !"

Elle se contenta de sourire en se retournant vers lui avant de rentrer dans l'une des maisons.

Il n’y avait même pas eut de cris lors du commencement, les sentinelles étaient rapidement, froidement éliminés, avant que mes ombres se mettent au travail plus sérieusement, retournant chaque maison sens dessus dessous pour trouver chaque être à éliminer.

C’était comme une maladie foudroyante qui se propageait dans ce petit village, les ombres se déplaçant sans bruit, rapidement, dans les rues à la recherche de cibles à exécuter. Puis, ce fût le tour à nous d’entrer dans l’endroit. Notre tâche, étant donné que les ombres n’étaient pas de grands combattant, était d’éliminer les hommes qui tentaient de se défendre, pour ne laisser que les femmes et les enfants à mes disciples.

Un homme était à genoux devant moi, et rendait les armes. Attrapant mon couteau, je lui plantai en plein sommet du crâne avant de le rejeter au sol. C’est à ce moment que j’entendis un grand coup de tonnerre, qui semblait venir derrière moi. Me retournant, je n’eus que la vision de la jeune femme, arrêtant une flèche, qui avait pour cible ma gorge, avec la lame de son sabre. Attrapant le projectile dévié vers le ciel, je pris quelques secondes à regarder le travail des elfes qui avaient conçus cette pièce d’art de la guerre… Mais on me ramena rapidement à la réalité.

"Un plaisir, Sire !"

Un petit sourire froid, puis j’entrai dans une pièce avec la pirate. Coups de hache par-ci, sang qui gicle par là, en voilà une de faite, en reste plus qu’une bonne dizaine.

Les six derniers elfes furent menés jusqu’à la place du marché, un endroit où seuls une vingtaine d’êtres humains, ou humanoïde, pouvaient se tenir ensemble, sans trop bouger. Je les exécutai les uns après les autres, récitant une prière à Charon pour chacun d’entre eux. Une fois le travail fait, j’ordonnai que tout le village disparaisse par le feu.

À environ une centaine de mètres du village flambant, nous regardions tous le feu lécher les maisons et les barricades, puis un homme, le plus jeune du groupe, lança, les yeux toujours rivés sur le feu.

Puisse Charon apprécier notre offrande…

Oh, je suis sûr qu’il l’apprécie.

Les permettant de se retrouver dans leur maison, j’agrippai la pirate par le bras en lui demandant, autoritairement, bien sûr, de me suivre jusqu’à ma demeure, où nous pourrions parler de son paiement.

Une fois à mon manoir, et dans mon bureau, je posai une poche d’or, de cinq milles pièces d’or sur le bureau.

Bon, voilà ton paiement. Cependant, si tu souhaites plus d’or et que tu aies apprécié travailler avec moi, j’aurais un nouveau travail pour toi…

Alors que la jeune femme entrait dans la maison, juste après avoir sauvé son employeur, l'attaque était déjà bientôt finie, la plupart des elfes gisaient à terre, refroidissant rapidement. Elle vida donc ladite maison avant d'en sortir tranquillement, essuyant son sabre sur un draps ramassé quelque part, un large sourire aux lèvres, elle contemplait le reste du macabre spectacle, des pauvres elfes fuyant un funestes destin... en vain... Elle ne perdait rien des combats, gloussant en voyant les derniers guerriers tomber.

Puis, lors du rassemblant sur la place du village, elle resta à l'écart, débouchant une flasque qu'elle sirote en regardant ailleurs, les exécutions ne semblant pas l'attirer plus que cela. Retrouvant son sourire, elle aida à mettre le feu au village avant de chantonner gaiement quelques paroles d'une ancienne chanson pirate à propos de choses qui brûlent et de cris d'agonie.

Soudain, elle sentit la main de son employeur se poser sur son bras et son ordre briser le rythme de sa chanson, elle se retourna vivement, lançant un regard froid à ce dernier, arrachant son bras de l'étreinte.

"Je vous suis, mais on ne touche pas le Capitaine Umiso."

Elle le suivit docilement jusqu'au manoir, regardant partout autour d'elle de son regard curieux, un large sourire aux lèvres, sourire qui s'élargit bien plus lorsque son paiement se retrouva face à elle et encore plus lorsqu'elle se mit à compter les pièces.

"Wah... Eh bien, la piraterie, ça paie moins... Travailler encore pour vous ? Je pense que... c'est bien possible."

Elle releva son regard vers l'homme, un large sourire ravi sur les lèvres.

Un petit sourire en coin en voyant l’air heureuse, voir ébahie, de la jeune femme alors qu’elle comptait le paiement que je venais tout juste de lui donner. Elle passa même une remarque sur le fait que les pirates, comme elle, n’étaient jamais aussi bien payé… Avec un peu de chance, peut-être reniera-t’elle sa ‘’vocation’’ de pirates, pour devenir une de mes mercenaires qui, soit dit en passant, sont mieux payés que n’importe quel soldat, ou encore employé de cette ville.

Me levant, alors qu’elle disait vouloir faire un nouveau travail pour moi, je me mis à faire les cent pas, prenant un air très sérieux. La mission que je voulais lui confier pourrait sembler illogique, voire inutile, mais sachez que je ne fais rien pour rien, que chacune de mes actions sont toutes planifiées d’avance.

Dérobez le Calice dans la chapelle noire, l’endroit où vous avez été convoqué avant l’attaque, et détruisez-le par le feu. Ne vous faites surtout pas prendre. Rien de plus simple quoi.

Voilà le problème, les disciples du Dieu Harès prennent trop d’importance dans les bas fonds, et je veux prendre le contrôle de ses pauvres, ils sont si malléables que ce sera du gâteau de les faire entrer dans la chapelle noire. Cependant, il me faut les éliminer pour pouvoir arriver à mes fins, et je ne peux utiliser les soldats Nexusiens pour une guerre de religion, et mes disciples voudront savoir pourquoi, je ne pourrais pas simplement dire; « Parce que c’est Charon qui le veut », ils ne seraient pas convaincus.

Une fois ce travail fait, tu reviens ici, et je te paie ce que je t’ai dit, soit cinq mille pièces d’or, comme pour cette attaque. Maintenant, file

Beaucoup de personnes qui m’ont côtoyé se demandent vraiment comment je fais pour croire qu’un génocide équivaut au même montant qu’un vol et destruction de bien matériel. Pourtant, c’est tout simple; le paiement que j’offre ne se base pas sur la difficulté du travail à accomplir, mais bien sur l’importance de la mission à être accomplie. Plus une mission est importante à mes yeux, plus elle vaut cher et, en quelque sorte, le geste que le Capitaine Umiso s’apprêtait à faire pour moi était aussi, voire peut-être plus, important que de prouver aux indigènes qu’il était mieux de se soumettre à ma volonté que de me résister par tous les moyens possibles.

Une fois la  femme sortie de mon manoir, je balançai ma tête vers l’arrière, prenant mon verre, que mes serviteurs avaient déposés là quelques instants avant que nous n’arrivâmes au bureau, puis m’en prit une gorgée avant de m’allumer un cigare, la seule chose que j’amenais de la Terre sur Terra, puis je fermai les yeux, ne faisant que penser à rien, avant que la jeune femme ne revienne pour me confirmer la réussite de la mission.

Peut-être ce vol serait-il plus important que ma vengeance finalement?

La jeune femme regardé son employeur se lever alors qu'elle prononçait sa phrase, un large sourire aux lèvres, elle amena ses deux mains devant sa poitrine applaudissant très légèrement pour montrer l'entrain qu'elle éprouvait à l'écoute du but de sa seconde mission et surtout face à cette deuxième et énorme récompense qu'elle allait pouvoir toucher.

A l'écoute de ses ordres, elle commença par écarquiller les yeux, surprise, non, autre chose, presque choquée. Elle fronça les sourcils, cligna des yeux. 

C'était étrange, bien trop facile et bien trop payé à son goût, surtout pour une tâche aussi simple. Et si cela cachait quelque chose, autre qu'une vulgaire piège... pourquoi demander ça à une inconnue... Ou alors... ou alors les gens qui habitent trop longtemps finissent par devenir stupides...

Elle gloussa à cette idée mais tacha de ne rien en montrer, plaçant une main devant sa bouche faisant mine de se gratter le menton en écoutant le reste des paroles de son employeur en hochant la tête.
Elle ravala ses questions, ce n'était pas vraiment prudent d'en parler ainsi, à vif et surtout avec un homme comme lui, sans merci, sans scrupule. Mais elle se jura de faire preuve de la plus grande prudence quand elle s'acquitterait de la mission.

"Tel en sera fait selon votre volonté, Sire..."

Puis elle s'inclina, ramassa son or et disparut sur le champs, une main sur son sabre, décidément de moins en moins à l'aise avec cet homme. Elle se dirigea aussitôt vers le lieu de sa mission, impatiente d'en finir, de toucher sa récompense mais aussi de mettre fin à ses doutes. Etait-il un allié ou essayait-il de se débarrasser d'elle pour une quelconque raison qui lui échappait encore ? Etrangement, elle gloussa, c'était à la fois dangereux et excitant... ou excitant car dangereux...

La chapelle était devant ses yeux, sombre et lugubre, comme toujours, son regard se baladant aux alentours. Elle ne pouvait rentrer ainsi, voler cette stupide babiole et repartir sans y perdre la vie... peut-être un déguisement... Il lui fallait l'un de ces hommes en noir... Elle soupira légèrement. Pas si simple que ça, finalement...
Elle serra la garde de son sabre, soupira longuement avant de retrouver son éternel sourire qu'elle voulut charmeur, pour l'occasion, bien plus adapté à la situation, selon elle. Elle se dirigea vers une sombre silhouette, seule, adossée à un mur dans l'ombre omniprésente de l'endroit.

"Boooonjour !"

-- Trois heures auparavant --

Puisse Charon apprécier notre offrande…

C’était la seule et dernière phrase qu’Akatsu avait dite lors de l’attaque sur le village. Il était très certainement le plus valeureux disciple, le plus loyal à Charon , ce qui ne voulait pas nécessairement dire qu’il m’était loyal. N’approuvant pas la manière dont j’utilisais la chapelle sombre comme ma forteresse et les disciples comme des hommes de mains lors de mes méfaits, il avait l’habitude de refuser de faire partie de mes quêtes, excepté celles où on pouvait faire des offrandes à Charon, comme cette dernière.

Son insubordination face à mes ordres lui a valu un rang inférieur, le simple garde de la chapelle sombre alors que, dans beaucoup d’autres églises, sa loyauté et sa foi en son Dieu lui aurait valu une place de choix parmi l’élite de cette religion, pouvant même célébrer les messes. Mais il restait quand même avec moi, persuadé qu’un jour il recevrait les mérites de sa vertu, et que je pourrirais avec les autres âmes perdues. Vous savez, le gentil prospérant, le méchant souffrant… Eh bien, lui, il croyait à ce genre de chose, vous voyez le genre.

Alors que les disciples se dispersaient dans les ruelles de Nexus, telles des ombres, Akatsu se dirigea vers la chapelle noire, passant dans les ombres et évitant avec soin toutes les zones de lumières, évitant ainsi de se faire repérer par les gardes de la ville, car oui, les disciples de Charon sont activement recherchés par les forces de l’ordre… Comme la seule personne qui sait que je suis leur chef étant le roy et qu’il m’estime assez pour m’éviter la prison ET la destruction de la chapelle sombre, j’évite tout problème en empêchant les gardes de passer la porte de cet endroit noir, avec des hommes et des femmes comme Akatsu.

Trois heures exactement s’écoulèrent, où Akatsu continuait à se demander comment il allait pouvoir faire joindre les autres à sa tentative de renversement contre moi, il en avait déjà convaincu une dizaine, et voulais convaincre la centaine d’autres à rejoindre ses rangs, il voulait le moins possible avoir du sang de ses frères et sœurs sur les mains, pour ne pas attiser la colère de Charon… Mais il se demandait surtout comment allait-il me tuer, car il m’avait déjà vu revenir à la vie et, encore plus troublant, me voir prendre les cadavres des hommes qui étaient près de moi, pour les ramener à la vie temporairement… Ses coquilles sans âmes ne demandaient qu’à tuer, manger, démembrer toute personne dans leur champ de vision, et, avec Charon, j’étais le seul qui était en mesure de les contrôler.

Tout était calme, comme à l’habitude. Le seul moment où il y avait eut un peu d’action, c’était quand un commando avait tenté de forcer la porte de la chapelle, comme environ à toutes les semaines. Akatsu qui, comme à son habitude, bien caché dans le noir et perché près de l’une des gargouilles sans visages, représentant notre Dieu en miniature, leur avait envoyé chacun une lame dans la gorge, puis les avait alignés devant la porte comme avertissement. Comme à l’habitude de cette ville, trois hommes étaient venus chercher les cadavres pour ne pas effaroucher les citadins qui restaient non loin. Citadins qui se demandaient comment une chose aussi affreuse, en parlant de la chapelle, et remplie de hors la loi, avait bien pu réussir à être construite, au vu et au su de tous, alors que le roy n’avait absolument rien fait pour l’en empêcher!

Alors qu’il faisait sa pause, histoire de manger un peu de viande séchée qu’il avait dérobé aux elfes, dans un coin où l’ombre avait dominé depuis longtemps la lumière, une voix se fit entendre.

Bonjour!

Ses yeux verts se tournèrent alors vers la femme qu’il crut alors reconnaître… C’était la mercenaire que ce satané Hiro avait engagé pour les aider, ce qui n’avait pas vraiment été utile d’ailleurs, les disciples étaient facilement venus à bout du village elfique sans son aide… Mais qu’est-ce qu’elle était venu faire ici?

Qu’est-ce que vous venez faire ici au juste? Éloignez vous de la chapelle, car la somme que… Maître vous a donné ne vous sera pas utile devant Charon!

Ca alors, déjà une réaction agressive, ça promettait. Elle ne perdit pourtant rien de son attitude charmeuse, elle s'approcha du mâle encagoulé pour placer son visage juste devant le sien, laissant échapper un doux ronronnement.

"Allons, allons... Nous avons risqué notre vie ensemble et j'ai servi Charon... à ma manière, n'est-ce pas ? Maintenant, votre dieu doit être servi en sang pour un petit moment au moins, que diriez-vous de le mettre de côté, le temps d'un petit moment plaisant, hein ?"

Elle se rapprocha plus encore du serviteur de cet obscur dieu, plaçant l'une de ses  mains sur la hanche de cette sombre silhouette, elle l'effleura à peine, ses doigts flattant le tissu de la longue toge noire qui revêt l'assassin.

Alors que son corps agissait, la jeune chatte pensait à mille façons différentes de mener à bien sa mission, elle savait qu'elle n'avait pas le droit à l'erreur, on ne plaisante pas avec ces gens-là. Autant avec cette ombre qu'avec son employeur.  Le plus facile était de le charmer puis de le tuer, ou peut-être... le tromper... Jouer sur sa faiblesse.

"Je t'ai vu, là-bas, au village des elfes. Une lame meurtrière, impitoyable, Charon doit être fier de toi... Peut-être pourrais-tu m'en dire plus sur ce qu'il est, hein ? Tu pourrais... m'initier à vos rituels, non ?"

Comme pour appuyer sa demande, elle approcha légèrement plus son visage de celui de son interlocuteur, son souffle chaud venant caresser le peu de peau visible que ce dernier laissait paraitre. Katria ne pouvait qu'espérer qu'il morde à l'appât, sinon elle n'aurait d'autre choix que de le tuer, d'ailleurs, l'une de ses mains s'était déjà glissée à l'arrière de sa jambe, prête à s'emparer de son arme à feu pour le descendre sur-le-champs en cas de comportement suspect. De toute façon, les meurtres devaient être assez courant ici pour que personne n'y prête attention, mais si elle pouvait l'éviter, elle le ferait, elle avait vu à l'heure ces tueurs et n'avait aucune envie de se mesurer à l'un d'entre eux, surtout celui-ci qui paraissait véritablement mortel.

Toujours méfiant, Akatsu la regarda s’approcher, sans fuir, ou se détourner d’elle, restant toujours de marbre à sa première phrase… Alors qu’elle s’approcha de lui, posant une main sur sa hanche, alors que l’autre glissait contre ses vêtements noirs.

Très près de la jeune femme, Akatsu sentit le sang commencer à affluer sur ses joues. Lui qui était habitué à tuer et qui était passé maître en connaissance des armes toutes sortes, les légales comme les proscrites, lui ne connaissait rien en matière féminine, en séduction non plus d’ailleurs, sa vie n’avait été que travail, étant forgeron de profession, avant de s’enrôler dans l’armée qu’était la secte dédiée à Charon. Malgré tout, il réussit à balbutier quelques mots.

Ch… Charon n’est jamais rassasié de mort… Il… Il en veut toujours plus… Concernant… ta demande… Je ne peux… te… t’initier aux célébrations, mais je peux quand… quand même t’expliquer les choses que tu voudrais savoir, dans la chapelle…

Sans même s’en rendre compte, Akatsu venait de tomber dans un piège qu’il ne doutait même pas l’existence. Malgré le fait qu’on lui avait toujours appris à se méfier des inconnus, quand on savait la grosse faiblesse de cet homme, à savoir sa naïveté, on faisait ce qu’on voulait de lui. Enfin, le seul moment où il est naïf, c’est qu’il croit que beaucoup gagneraient à connaître son Dieu, et qu’il croit sur parole toutes les personnes qui semblent démontrer un certain intérêt à en connaître les origines.

Une fois à l’intérieur des murs, l’ombre se retourna vers la jeune femme.

Excepté notre chef, votre employeur, personne n’a jamais vu Charon, même si nous savons qu’il existe. Cependant, Maître Atayoshi nous a dit que, avec notre uniforme, nous sommes à son image, des ombres sans visage, des ombres noires et meurtrières.

Se retournant,  l’ombre s’approcha de l’autel, où il caressa le marbre du bout des doigts, pour poser les deux mains sur le calice, objet sacré que Katria était censé dérober, puis ferma les yeux, marmonnant, dans un murmure silencieux, une prière qu’il adressa à son Dieu. Se retournant vers la jeune femme, il lança.

Bon, que veux tu savoir, maintenant?

Akatsu se sentait plus à l’aise maintenant, et pas simplement parce que maintenant il était dans un endroit qu’il connaissait. Si jamais elle tentait quoique ce soit, il était prêt à la combattre. Il faudrait qu’elle use de tact et intelligence si elle voulait tromper le gardien de la chapelle noire.

La gêne de l'homme pouvait se sentir et ça n'échappa pas à la jeune chatte qui se retint de ricaner de plaisir alors que le pauvre homme rougissait déjà par la proximité entre leurs corps. S'il était aussi timide, sa tâche devrait être bien plus simple que prévue, du moins, elle l'espérait.

"Dans la chapelle ? Eh bien, je te suis avec grand plaisir, mon beau..."

Elle lui servit un grand sourire charmeur, dénué de toute mauvaise attention, il allait la faire entrer, elle ne pourrait éveiller le moindre soupçon en sa compagnie, il semblait tenir plus que tout à ce Charon. Restait à savoir comment se débarrasser de lui une fois entrée...

C'était... peut-être une mauvaise idée, finalement, elle aurait dû le tuer et rentrer avec sa tenue... Elle pouffa légèrement de rire, amusée par sa propre bêtise, sans doute et par la situation qui devenait... amusante.

La chapelle était tout à l'image de ce qu'elle était. Sombre, glauque, Katria en frissonna même légèrement en entrant dans le lieu saint... mais pas vraiment sain. Elle se jura qu'après avoir accomplit sa mission, si elle ne mourrait pas ici, éventualité qu'elle s'était mis soudainement à envisager, elle ne remettrait plus jamais les pieds ici. L'ombre lui parla alors de son dieu et elle fit semblant de l'écouter en répondant quelques phrases banales et en hochant la tête alors que son regard parcourait l'endroit, cherchant toute sorte de détail, en particulier si les ombres étaient nombreuses en ce lieu. Mais l'endroit semblait désert. Semblait. Car avec les assassins fanatiques, l'on est jamais sûr de rien. A cette pensée, la jeune pirate sourit très légèrement bien que ses entrailles étaient nouées par une sorte de peur.

Ils arrivèrent finalement près de la relique que la demoiselle féline devait subtiliser pour ensuite la détruire par le feu. Elle était à quelques mètres d'elle et pourtant, encore bien loin d'être en sa possession.

Maudit !

Pourquoi avait-elle accepté une telle mission, c'était du suicide, quelle andouille ! Elle grimaça quelque peu aux gestes de son guide, il marmonnait, probablement une prière... Décidément, l'objet semblait avoir de la valeur. Et plus il en avait, moins sa tâche serait aisée.

"Bon, que veux tu savoir, maintenant? "

Ces quelques mots la sortirent d'une intense réflexion. Ce qu'elle voulait savoir ? Ah oui, à propos de cet étrange culte... Elle secoua très légèrement la tête pour sourire à nouveau à l'homme qui semblait plus détendu, cela se ressentait à sa façon de parler, forcément, il était chez lui, en quelque sorte.

"J'aimerais en apprendre plus sur ce Charon, comment le servir, qui est-il et... pourquoi le servez-vous ? Car si je ne saisis pas tout... Durant ce massacre, j'ai senti quelque chose. Ce n'était pas juste des meurtres, c'était bien plus. Peut-être était-ce... artistique, poétique, je ne sais pas. Mais j'en ai frissonné, et pas de dégoût, de désir, plutôt..."

Elle planta son regard dans celui de son interlocuteur, soutenu par un sourire des plus charmeurs, invitant n'importe quel mâle doué d'un quelconque instinct à saisir cette opportunité, bien qu'elle doutait que l'homme soit intéressé par un échange charnel ou même un simple baiser. Mais peut-être serait-il sensible devant une femme désirant vénérer son sanglant dieu. Elle n'avait d'autre choix que d'essayer toutes les façons possibles de le charmer, sur ses gardes, il était bien trop dangereux...

Akatsu regarda la jeune femme d’un air surpris. La question qu’elle lui avait posé, en fait la dernière de la série de questions, l’avait un peu fait tressaillir. Pourquoi avait-il choisi de suivre la voix de Charon, au lieu de travailler et devenir un bon petit citoyen. La réponse restait aussi vague que si on demandait à un cannibale pourquoi il mange de la chair humaine.

Il n’y a pas de bonnes réponses à cette question; C’est la foi, tout bonnement, on ne décide pas de devenir un disciple de Charon, on l’est, c’est tout. C’est inné. On naît pour le servir, et, une fois qu’on nous a montré la voix à suivre pour le servir correctement, les meurtres que nous commettons ne sont rien de plus que des offrandes, ce devait donc être cette différence que vous ressentiez.

Par contre, les autres questions étaient assez simples à répondre.

Charon, comme vous devez vous en douter, est le Dieu de la Mort, le gardien des âmes, il les empêche de venir dans notre monde. Le servir n’est rien de bien compliqué; Reste dans les ténèbres,  défend ses symboles contre tout ennemi, tue respectueusement.

Ce fût sur un ton monocorde, régulier, comme s’il avait récité ces trois points pendant toute sa vie, ce qui était pratiquement le cas, la religion qu’étais le culte de Charon était basée sur ces trois points, ils étaient les fondements même de mon organisation.

Akatsu, le pauvre, était facile à manipuler, on avait qu’à éveiller un certain intérêt pour Charon qu’il perdait toutes ses défenses, et il pourrait faire n’importe quoi pour la personne qui souhaite venir dans cette fraternité d’ombres meurtrières.

Y aurait-il quelque chose que je puisse faire? Je… je ne suis pas doué avec les femmes, comme vous avez dû remarquer, mais je sens que vous êtes sincère, et que vous voulez vraiment apprendre de cet endroit, auriez vous une demande en particulier à formuler?

Il s’était éloigné de l’autel, pour aller s’asseoir sur un des bancs qui étaient alignés d’une part et d’autres de la grande salle. Qu’allait-il arriver par la suite? Akatsu ne le savait pas, mais si il avait su, il y aurait longtemps que la mercenaire aurait eut la gorge tranchée.

Défendre les symboles, hein... Charmant, charmant... mais quel merdier ! Ca ne pouvait pas plus mal tomber et ce stupide assassin est bien trop entrainé pour qu'elle puisse simplement voler la reliques et détaler... Il faut... chercher...

Elle le suit du regard puis déglutit légèrement, tentant de retrouver son calme et un semblant de contrôle sur son propre corps qui se tend au fur et à mesure que l'entretien ne dure.

"J'ai une myriades de questions qui me vient à l'esprit, vraiment. Mais je ne sais par où commencer et je ne sais pas vraiment si je suis digne de servir votre sanglant dieu... Comment ressent-on si l'on est né pour lui ?"

La jeune féline s'approche alors de cette ombre bien plus bavarde qu'auparavant, tentant tant bien que mal de garder son regard profondément planté dans celui de son interlocuteur pour capter tout changement d'attitude de sa part, histoire de veiller à éviter un coup de lame mortel.

"Mais si vous tenez tant que ça à m'aider, alors peut-être pourriez-vous m'en apprendre un peu plus sur l'endroit, quelle est donc cette... relique, là-bas ?"

La jeune pirate se place finalement devant l'individu ombreux, pliant les jambes pour rester à sa hauteur alors que ce dernier s'installe sur un banc, elle continue de sourire bien que les battements de son coeur commencent à s'emballer, incontrôlable. D'ailleurs, ce n'est pas le seul signe de faiblesse de la part de la chatte qui n'a de cesse de remettre en place son chapeau ou de caresser fébrilement le manche de son sabre.

"Il faut bien commencer par quelque chose, après tout, non ?"

Katria lui sert l'un de ses sourires les plus étincelants, tentant de montrer le moins possible la tension qui l'habite et pour déstabiliser davantage l'homme afin qu'il ne se rende compte de rien, elle approche son visage du sien, son souffle s'écrasant contre ses lèvres, chaud et sucré. Et le coup de grâce : Un clin d'oeil.

L’assassin se faisait plus bavard, même trop. Il n’avait pas pris la précaution de connaître son interlocutrice avant de commencer à lui faire confiance. Il fallait dire qu’il était plus une lame qu’un penseur, alors il était évident qu’il était surtout envoyé pour des missions Recherche et Destruction; nettoyer un secteur de A à Z… Il ne trouva même pas étrange que la jeune pirate voulait en connaître sur le calice, alors qu’il était à peine plus gros que son poing, mais ne demanda rien sur les statues dix fois plus grandes qu’eux, servant de piliers et représentant le dieu de la mort en personne. Le jeune homme sourit avant d’acquiescer.


Ce calice, en soi, ne vaut rien. Mais c’est un point de ralliement pour tous nos membres, il a une valeur spirituelle. Avant chaque combat, chacun des membres impliqués va boire du vin à cette coupe. C’est un peu ce qui constitue notre force et notre unité, et c’est aussi pour ça que je suis ici, à le garder.


Soudain, elle se pencha pour se retrouver à sa hauteur, il pouvait même sentir le souffle de Katria sur son visage. Mais, qu’est-ce qu’elle comptait bien faire? Il n’eut pas le temps de demander qu’il eut la réponse; elle avait approché son visage, pour ensuite l’embrasser. Ce n’était pas la première fois que l’assassin embrassait, mais il n’y était pas habitué, et le fait qu’ils étaient dans un endroit où Charon pouvait les voir était d’autant plus nerveux. Retirant ses lèvres des siennes, la jeune femme le gratifia d’un clin d’œil.


Rouge comme une tomate, l’ombre abaissa son capuchon en y exerçant une pression vers le bas avec son pouce et son index. Il était dans une situation inconfortable, et il voulait à tout prix trouver un échappatoire. Sans rien dire, il repoussa la jeune femme d’un geste plus ou moins tendre avant de se mettre à courir jusqu’au fond de la pièce, où il ouvrit une porte avant de s’y enfermer.


Les toilettes, son seul endroit pour se réfugier? Si j’avais su ce qui venait tout juste de se produire, je l’aurais fait éliminer au plus tôt. Laissant l’eau couler dans le bol en marbre noir, il prit un peu du liquide avant de s’en lancer au visage, après avoir retiré sa capuche, laissant paraître un visage d’une vingtaine d’années, les cheveux noirs comme de l’encre et une belle cicatrice, passant de sous le nez, jusqu’au menton, s’arrêtant seulement pour laisser les lèvres intactes.


Ressaisi-toi! Tu peux tuer des enfants au nom de Charon, mais tu ne peux même pas embrasser une fille? T’as pathétique… Fais le au moins pour ton Dieu!