Prenant des notes dans mon calepin, avec un stylo à billes, d’encre noire, j’écoutai la jeune femme sans lever les yeux sur elle, gardant toujours mes deux globes oculaires fixés sur la pointe de mon stylo. Ça devenait de plus en plus compliqué, surtout l’histoire du meurtre, qui semblait être plus un règlement de compte envers les deux associés, se débarrasser d’un et faire incriminer l’autre, s’était du déjà vu, j’avais même fait ce genre de coup. Levant les yeux vers la jeune femme, qui avait une attitude décontractée, ainsi qu’une expression faciale neutre, je me permis de faire un léger sourire en coin.
Lorsque vous direz la version des faits, que nous aurons préalablement remodelé, ayez cette expression sur votre visage, aucun remord quel qu’il soit, ça pourrait aider à votre innocence
Je me levai alors, fis le tour de la table pour me poster derrière Lady, puis je me penchai, amenant ma bouche à la hauteur de son oreille, comme si ce que j’allais dire devait rester entre nous plus que tout ce qui avait ou allait être dit, ce qui était le cas.
Ce que vous venez de me dire, ça sent le coup monté pour pouvoir vous rayer, vous et votre associé, définitivement de la carte. Je ne suis pas seulement avocat, les personnes qui vous ont référé à moi vous en ont probablement parlé… Pour un supplément, je peux retrouver cette enflure, lui faire avouer, et le tuer, ou seulement le tuer, ou l’inverse. C’est votre choix, j’ai déjà un plan pour vous faire sortir de cet endroit, et vous empêcher de passer les deux prochains mois en prison
J’eus à peine le temps de retourner m’asseoir qu’on frappa à la porte. Les deux mêmes officiers que lors de mon arrivée étaient dans l’embrasure, disant que le juge souhaitait me rencontrer en privé. Hochant légèrement la tête en direction de la jeune femme, je me levai et sorti de la pièce, laissant la jeune femme seule avec les policiers.
Pour pouvoir aller dans son bureau, je devais marcher jusqu’à l’autre bout du bâtiment, avant de prendre un ascenseur. C’était un sacré moment à marcher! Surtout que le palais de justice, qui était jumelé avec les cellules de détention provisoires, faisait environ le trois quart d’un terrain de football américain… Pour une petite ville comme Seikusu, c’est un très grand bâtiment!
Ce fût plus long marcher jusqu’à son bureau que de m’entretenir avec lui. Un chèque de quelques centaines de milliers de Yens, et son idée était déjà fait; Lady Shiny n’était pas dangereuse pour la société, et la séance ne serait qu’une pure mascarade.
Revenant dans la cellule, je fis signe à la jeune femme de se lever et me suivre. En général, jamais une audience n’aurait eut lieu aussi tard après les heures d’ouverture du palais de justice, mais le juge ferait ce que j’avais décidé. Dans la cour, on pouvait constater que le procureur, qui devait être sur le point de se mettre à table avec sa petite famille alors qu’on l’avait appelé pour se rendre d’urgence dans ce bâtiment, qui trônait au centre-ville. Il avait beuglé presque tout le long de la séance qu’il n’avait pas eut le temps de travailler sur le dossier, et que c’était une véritable machinerie contre l’impartialité. Bref, ce fût un massacre sanglant, surtout que le juge semblait être vraiment de mon avis concernant le coup monté, d’ailleurs je l’avais payé pour qu’il ait l’air convainquant.
En à peine une demi-heure, nous descendions les escaliers de ciment devant l’entrée, j’affichais un petit sourire, bien content d’avoir pu régler ça le plus vite possible. Voilà ce qui est bien avec les gens; peu importe leur rang dans la société, ils sont tous corruptible, et pour les rares qui ne le sont pas, une balle suffit.
J’espère que vous avez été satisfaite de mes premiers services. Cependant le pire reste à venir… Je vous ramène chez vous?
Attrapant les clefs de ma Nissan GT-R, je déverrouillai les portières de la voiture blanche, garée en parallèle, juste en face du palais de justice. Il fallait de toute façon que je lui parle concernant mes activités extra professionnelle, et si elle voulait prendre cette version « améliorée » de ma défense.