Mais que s'était il passé durant tout ce temps... Où avait donc pu disparaître ce mercenaire qui, écumait les ruelles de chaque ville et village autour du nexus ces dernières années, errait sans trouver le moindre indice aux alentours des terres sauvages, s'égarant même du territoire d'Ashnard ? Mu par une obsession, celle de venger sa famille, une obsession qui l'aura poussé alors loin, trrrès loin d'ici ces derniers temps, quatre ans plus exactement, même si c'était impossible à voir sur les traits immuables du corps et du visage de notre "bâtard", condamné à l'immortalité par le mélange bien explosif des deux "malédictions" léguées par ses parents, ah ça, ça lui en faisait donc du temps à tuer.
Ses investigations, l'avaient poussés loin, par delà les mers, par chance, de sa longue vie et expérience, ce n'était pas la première fois qu'il prenait la mer, autrefois simple mousse de corvée, mercenaire engagé par interim, s'il on puis dire, pour une compagnie navale pillant les richesses et ressources acheminées par quelques gros navires a l'équipage bien plus officieux et pompeux qu'efficace, avec une certaine "classe" et bonté d'âme néanmoins, celle d'avoir rarement causé la mort d'un homme qui, ne s'était pas aventuré au delà du "code" que tout bon marin se devait de connaître.
Quatre ans, avec quelques escales sur la terre ferme, reprendre pied était toujours une bonne façon d'empêcher une mutinerie de l'équipage, ne pas rechigner à payer quelques verres, quelques tournées, mais malgré cela, ce qui devait arriver arriva, les recherches infructueuses de leur "capitaine" notre bon tigranthrope au sang mêlé avec celui de Byakko, un démon pour certains, un dieu oublié pour d'autres, la vérité est plus nuancée que ça, puisqu'autrefois un dieu, ayant si peu d'apôtres et de croyants, qu'il est simplement devenu, au fil des siècles, l'équivalent d'un jinchuriki en gestation, n'ayant pas encore tout à fait quitté son status de dieu, n'étant pas encore totalement déchu non plus au point d'être totalement un démon, un foutu paradoxe dont Khaléo lui même n'en devinait pas les conséquences ni , à long terme, les évolutions de cette "instabilité" génomique dont il était issu, encore une fois, merci enfoiré d'père pour la tigranthropie, et irresponsable de mère, pour tout le reste, quitte à blâmer quelqu'un, oh , ouep, j'vous vois venir, c'est pas bien beau d's'en prendre aux défunts, après tout, il avait déjà assez de culpabilité sur le dos, pour ne pas en plus s'ajouter celle de sa "différence" uniquement sur ses propres épaules, a un moment, ça suffit quoi.
Bon, c'est bien beau les explications sans queue ni tête, mais aujourd'hui, hé hé, notre capitaine était pratiquement sans la ferraille sonnante et trébuchante dans sa poche, y tintait peut être encore de quoi s'acheter... Deux... où une seule bouteille de rhum... Non, il n'était même pas revenu riche de ses péripéties !
Ha ha ! Non ! Il n'avait rien trouvé là dehors, si ce ne sont que des ennuis, des problèmes, des emmerdes... et encore... plus d'ennuis, krakens, poulpes et bernard l'ermite géants sautant sur le pont du navire temples engloutis au fond d'éternels cyclones d'eau au beau millieu des océans, bateaux fantômes remplis de squelettes riards et gueulards, capture par des indigènes furieusement cannibales à qui il a bien failli céder son tricorne, bataille navales ayant troué son beau navire à plus d'une reprise, non, non rien, son obstination avait même fini par subtilement et progressivement irriter les membres de son équipage au point, où la mutinerie eut finalement lieu, bizarrement il ne l'avait pas senti venir, lui qui, avait du flair et de l'oreille pour les messes basses ayant cour sur son bateau. c'est en mettant le cap sur les limites de ce monde, aux abords d'un précipice maelstromesque gigantesque, que c'en fut fini, saleté d'équipage humain et mortel ! Craignant pour leurs foutues courtes vies, comme si la terre était plate ! Ignares ! La solution était là, elle... elle était en bas !
Ils le prirent pour un fou, et ce n'est pas la première fois qu'il poussait l'équipage à effectuer des manoeuvres insensées, mais cette fois c'en était trop, la mer plongeait dans les ténèbres a l'horizon, et personne ne voulait disparaître dans le néant.
Ligoté par une trentaine de marins dans son sommeil, et puis après une semaine de route nous ramenant sur la terre ferme, il fut balancé dans l'un des rares canot de sauvetage que comportait son navire, et laissé là, à la dérive mais, toutefois à quelques kilomètres des côtes visibles, ne restait plus qu'a ramer...
Une fois le pied posé à terre, il essaya bien entendu de se remettre à "flots" tentative de vol de navire, séduction de donzelle de la garde du port en leur racontant, de façon romanesque et théâtrale ses aventures en eaux "troubles" il avait toujours eu un goût prononcé pour... l'exagération et le soutient de ses paroles par d'exquis gestes grâcieux que seule la grâce féline lissant son corps permettait, un peu trop maniéré pour le "pirate" qu'il était, qu'elle ne fut pas sa surprise, de parfois tomber dans le lit d'une femelle possédant un cigare entre les jambes, le piégeur piégé, ça commençait à devenir un peu trop "courant" ces derniers temps, et lorsque cela lui arrivait, il prétextait une envie soudaine d'aller aux toilettes pour se faire la belle avec quelques piécettes dérobées, mettant ces dernières dans une fureur telle qu'il ferait bien mieux de ne jamais recroiser leur route.
Pfff... Pas de quoi fouetter un tigre, l'argent amassé ne servirait même pas à lui payer la moitié du chassis d'un petit navire, autant... retourner à sa tanière un temps, oui, retournons aux bases, retournons chez nous, après tout, il pourrait peut être trouver un contrat de mercenariat juteux, ils avaient du s'amasser durant sa longue absence, mais mettre à nouveau les mains dans des viscères de troll et la bouse de goblin, lui tirait une moue de dégout pour une fois sur son duvet autrefois blanc, pourquoi dis-je autrefois blanc ?
Ces dernières années il avait vogué sur les mers sous un soleil de plomb, et comme monsieur avait autrefois l'habitude de planquer son visage sous l'ombre d'une capuche, celui ci n'avait jamais eu l'opportunité de prendre la moindre couleur, là, il avait donc un teint de "peau" soyeux et doré, le fin sel de la mer semblait également avoir quelque peu affiné son visage, où était ce parce qu'il avait mal mangé et donc maigri ?
Soit, notre capitaine, pas encore totalement revenu de ses aventures en mer, taille la jungle du bout d'une grande cimeterre, il devra annoncer à la sépulture de sa femme et sa fille, qu'il n'a pas encore trouvé le coupable, avant de leur promettre de continuer, les feuilles tombent, se tranchent, le pas est rapide et, la chansonnette facile, air de piraterie paillarde quasi chantée à haute voix pour se donner du courage sous ce climat quasi tropical.
"-Que diable..."
S'exclames t'il, aperçevant une distorsion, un vortex, lui rappellent étrangement une situation qu'il avait vécue il y a quelques années, il avait fait l'erreur de franchir ce portail pour, se retrouver dans un monde impossible, fait de charettes en métal vrombissantes et hurlantes, crachant du feu et crissant des pneus, il s'était d'ailleurs fait renverser, un terrible choc suivi d'une incarcération dans les caves d'une demoiselle, cette fois là il dut aussi faire preuve d'ingéniosité, et d'une certaine ruse pour s'en sortir, mais revenons en au vortex voulez vous ?
Quelque chose, en sortit, notre flibustier s'en écarta d'un pas rapide, presque "dansé", levant un sourcil tout en abaissant l'opposé, l'oeil clignotant et les tresses de sa petite barbichette mêlée dans ses doigts, l'air indubitablement perplexe, et méfiant.
"Aïe ... Aïe ... Aïe ..."
Khaléo brandit un sabre, pointe dirigée vers la créature.
"-Aaah, ha ha ! Ca oui... Ca fait toujours mal, la première fois... N'est ce pas ? On s'en rappelle..."
Se plait il à plaisanter, un instant il eut l'air également de s'adresser à un ami imaginaire, qui n'est autre que la "bête" régalienne qui, d'habitude git dans les limbes de sa conscience, le démon et le tigranthrope qu'il à appris à "apprivoiser" ces dernières années en mer, et qui se sont mélangées à son esprit, faute d'aconit et de belladonne, ça s'trouve pas en pleine mer vous voyez ? Donc, en gardant tout de même ses distances, comme il est de dos, il se déplace à pas mesurés, en penchant nonchalament le corps et la tête, dans quelques effets de style semi circulaires, jouant des sourcils comme s'il essayait de déchiffrer ce qu'il avait devant lui.
"-Un nom ? Un grade ? Un matricule ?"
Il s'arrêta sur cette question, mais en effet, quelque chose rôdait dans les fourrés autour de nous, un ... un gros "truc" qui semblait attendre le bon moment pour nous tomber dessus.